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Cover Front Matter Front Matter Table of Contents Page 1 Foreword Page 2 Page 3 Main Page 4 Page 5 Page 6 Page 7 Page 8 Page 9 Page 10 Page 11 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 19 Page 20 Page 21 Page 22 Page 23 Page 24 Page 25 Page 26 Page 27 Page 28 Page 29 Page 30 Page 31 Page 32 Page 33 Page 34 Page 35 Page 36 Page 37 Page 38 Page 39 Page 40 Page 41 Page 42 Page 43 Page 44 Page 45 Page 46 Page 47 Page 48 Page 49 Page 50 Page 51 Page 52 Page 53 Page 54 Page 55 Page 56 Page 57 Page 58 Page 59 Page 60 Page 61 Page 62 Page 63 Page 64 Page 65 Page 66 Page 67 Page 68 Page 69 Page 70 Page 71 Page 72 Page 73 Page 74 Page 75 Page 76 Page 77 Back Cover Back Cover |
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"-t-vi . o a, RDC: al fCP . Tai iP- I' SCarabes Pacifique) DOSSIER ."- Lpolitique europenne e- duelopplement,; r la)table .. : ;n -irH1! cI -C rn~ *5 wuCS~ir- t1I*cI~ .4 t ' s- 4 r r o Srk 7WsJ '~~RI "'k S- w'" 1s lu .-.' - LE COURIER s LE MAGAZINE DES RELATIONS ET COOPRATIONS L AFRIQUE CARABES PACIFIQUE ET UNION EUROPENNE Conseil Editorial Co-prsidents Sir John Kaputin, Secrtaire Gnral Secretariat du Groupe des Etats ACP www.acp.int M. Stefano Manservisi, Directeur Gnral DG Dveloppement Commission europenne ec.europa.eu/development/ Rdaction Directeur et Rdacteur en chef Hegel Goutier Collaborateurs Franois Misser (Assistant Rdacteur en chef), Aminata Niang, Debra Percival Assistant Editoriale et Production Sara Saleri Ont particip ce numro Marie-Martine Buckens, Leo Cendrowicz, Roger Mazanza Kindulu, Bernard Babb, Bob Kabamba Relations publiques et Coordination artistique Relations publiques Andrea Marchesini Reggiani (Responsable Relations publiques et rseaux ONG et experts) Joan Ruiz Valero (Responsable Networking avec les institutions UE et nationals) Coordination artistique Sandra Federici Concepteur Graphique, Maquette Orazio Metello Orsini Arketipa Gestionnaire de contract Claudia Rechten Tracey D'Afters ,' Couverture S Mine de Cobalt Ruashi, au Katanga. S Rpublique Dmocratique du Congo. S Photo Thierry Charlier. Quatrime de Couverture 1" FestivalACP (Afrique Carabes Pacifique) Credits photos, de gauche droite: Photos 1-2 : Sandra Van Rolleghem ; Photo 3 : Hegel Goutier Contact Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles Belgique (UE) info(acp-eucourier.info www.acp-eucourier.info Tel : +32 2 2374392 Fax :+32 2 2801406 Public tous les deux mois en franais, anglais, espagnol et portugais Pour toute information concernant l'abonnement, veuillez consulter notre site web www.acD-eucourier.info ou contacter info@ace-eucourier.info Editeur responsible Hegel Goutier Consortium GOPA-Cartermill Grand Angle Lai-momo Le Secretariat ACP et l'Union europenne, membres du Conseil Editorial de la revue, dclinent toute responsabilit quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier. Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles crits par les rdacteurs extrieurs l'quipe de rdaction et par tout rdacteur invit. LE LE MAGAZINE N I N.S.-JUILLET AOT 2007 ',bURRIER DES RELATIONS ET COOPRATIONS AFRIQUE CARABES PACIFIQUE ET UNION EUROPENNE Sommaire LE COURIER, N I NOUVELLE SRIE (N.S.) OUVERTURE Avant propos : deux voix EDITORIAL Le Courrier se re-prsente Afrique Carabes Pacifique / Union Europenne : Un modle de cooperation malgr tout TOUR D'HORIZON DOSSIER Les Journes europennes du Dveloppement. La politique europenne de dveloppement sur la table Grands dbats sur le dveloppement... avec bats La scurit des pays htes, l'arbre qui cache la fort ? De la NASA aux coles du Rwanda De bnficiaire donateur, un exercise riche d'enseignement Ouvrir de nouvelles voies avec les partenaires africains Bonne gouvemance et mdias : d'abord, respecter les journalists INTERACTIONS Fronde parlementaire ACP/UE contre une mondialisation inquitable Un sommet extra-ordinaire Les diamants de la guerre, encore menaants Agenda ZOOM Une journe dans la vie de Louise Assomo Ce n'est qu'un au revoir. Hommage Isabelle Bassong DE LA TERRE Un bol d'oxygne pour les nergies renouvelables Dchets toxiques : 20 ans aprs, un combat inachev REPORTAGE Congo RDC Les dfis de la reconstruction La rponse europenne La vision des autorits congolaises 8 Un gouvernement issu des lections 8 La nouvelle dcentralisation congolaise Culture en bullition Le Congo c'est aussi... COMMERCE 13 La feuille de route pour 15 un nouvel accord Pacifique-UE 18 DCOUVRIR L'EUROPE Region Bruxelles-Capitale 19 Bruxelles, capital de culture 20 L'alchimie bruxelloise Bruxelles, Mputuville, la capital des mondes 23 L'Europe, un quarter pour capital L'conomie bruxelloise : quand mme florissante 25 CRATIVIT 28 March des products de la culture : S Les pays ACP forcent la porte 3 Runion des Ministres ACP de la Culture et 1e Festival ACP Santo Domingo Quand toute la Carabe s'emballe S pour une petite balle Revue PAR L'IMAGE uverture fluant-Propos: Sir John Kaputin, Secrtaire Gnral ACP 1 existe un lien historique fort entire Le Courrier et le Groupe ACP. Le Courrier reprsente une vitrine cohrente de la cooperation ACP-UE, particulirement dans sa dimen- sion de cooperation. A cet gard, il constitute la rfrence premiere pour un lectorat plus tendu vis--vis du Groupe ACP. Il est donc essential que cet instrument soit relanc en raison de son utility et, bien entendu, de la visibility qu'il donne au Groupe. Nous esprons que Le Courrier reprsentera une caisse de rso- nance permettant d'tablir un dialogue interactif et des chan- ges structures avec nos lecteurs. Le magazine relaiera auprs des lecteurs les positions et activits des ACP sur divers projects. Idalement, Le Courrier devrait galement devenir l'outil inter- actif par excellence grce sa version online laquelle sera mise jour rgulirement et comprendra les reactions des lecteurs. Il est difficile d'en apprcier l'importance tant donn la dimension gographique du partenariat ACP-UE et de l'apparte- nance dans les deux camps. Mais pour un partenariat qui existe depuis plus de trois dcennies, il serait tout l'honneur de ce partenariat que du ct tant des ACP que de l'UE on tente de s'assurer que nos objectifs soient, plus que jamais, ports l'at- tention de nos Etats membres. Le magazine ne sera peut-tre pas la panace dans ce movement de sensibilisation, mais, tout le moins, on peut apprcier et comprendre le rle critique qu'il jouera. Dans cet esprit, Le Courrier est appel chapter un public plus tendu. Il est esprer que la circulation plus large du magazine sera renforce par le fait que, outre le franais et l'anglais, sa presentation sera galement assure en espagnol et portugais. Une des principles innovations de l'Accord de Cotonou est l'implication directed de la socit civil et du secteur priv, en particulier dans les Etats ACP. Lorsque les partenaires sociaux connaissent les spcificits des procedures du FED et maintien- nent de bonnes relations avec les Officiers charges des autorisa- tions nationals et les dlgations de la Commission euro- penne, ils peuvent participer plus activement aux efforts de dveloppement avec les Gouvernements des ACP. De manire global, tant les ACP que l'UE doivent maintenir l'esprit de l'Accord de Cotonou de manire en promouvoir conjointe- ment ses objectifs. Si le but ultime est la reduction de la pau- vret, il ne pourra tre atteint qu'au travers de la promotion de la croissance conomique, social et culturelle des pays ACP. Le group ACP est conscient des changements globaux qui ncessitent des configurations diffrentes que ce soit aux plans rgionaux ou concernant des intrts spcifiques politiques ou conomiques. Nous vivons dans un monde qui change rapide- ment. Des tendances telles que la globalisation et les questions de scurit sont invitables. Aussi, nous devons adapter et inno- ver les moyens afin de rester pertinent et indispensable. Si nous pensions suivant cette ligne, cela implique que le Groupe ACP soit ouvert au sujet des mandates des organizations et ce qu'elles reprsentent. En ralit, nous fonctionnons en tandem avec plusieurs organizations avec lesquelles nous avons tabli des relations d'intrts mutuels. Par ailleurs, le Groupe ACP croit en sa solidarity et est uni pour faire face aux dfis. La priority pour le Groupe ACP est la conclusion des ngocia- tions des APE pour la fin de l'anne 2007. Autre point inscrit l'agenda : le 10e FED, qui doit entrer en vigueur le ler janvier 2008, de mme que la programmation qui l'accompagne. Mais ceci ne sera ralis que si deux tiers des Etats ACP et l'ensem- ble des Etats membres de l'UE ratifient l'Accord rvis de Cotonou avant la fin de cette anne. Le Groupe ACP suit gale- ment de prs les dveloppements sur le front de l'OMC en rela- tion avec les Ngociations de Doha et certaines discussions relatives aux products de base o les ngociations 1'OMC ont un impact direct sur leurs status respectifs. D'autres questions essentielles sont galement suivies de prs par le Groupe ACP, y compris la ralisation des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement et le lien entire migration et dveloppement. Enfin, les changements dans l'ordre internatio- nal y compris l'UE, ont pouss le Groupe ACP entamer un examen en profondeur de son avenir et comment il peut se repo- sitionner au-del de 2020 -date de l'expiration de l'Accord de Cotonou. C(URRIER uverture Stefano Manservisi, Directeur Gnral Dveloppement, Commission europenne cooperation quotidienne entire les ACP et l'UE. C'est le seul magazine qui puisse atteindre tous les pays d'Afrique, des Carabes et du Pacifique pour les infor- mer du rle crucial de notre partenariat permettant d'appliquer une politique de dveloppement audacieuse, et sa contribution pour la promotion de la paix, de la bonne governance, de la stability et de la croissance. Le magazine expliquera notre approche du dveloppement, sou- lignera les projects particulirement russis et donnera le point de vue des autres acteurs sur les questions abordes. Cela nous aidera adapter notre approche dans un monde en mutation rapide, d'tre prts pour la tche qui nous attend. Le Courrier est un magazine part entire, un vritable forum permettant d'engendrer un dbat libre. Il n'est pas un instrument de propa- gande, pour nous ou pour d'autres. Je crains que l'opinion publique europenne ne soit pas pleine- ment consciente de ce partenariat et de ce qu'il reprsente. C'est pour cette raison que nous avons besoin d'outils comme Le Courrier. Ils peuvent permettre d'amliorer cette sensibilisa- tion. Le Courrier n'est qu'un outil parmi d'autres ; il n'est pas cens prendre en charge tout le travail de communication sur les politiques de dveloppement. La connaissance permet la croissance et des mdias libres sont une expression de la dmocratie. Il n'y a pas de lien scientifi- que entire une meilleure connaissance du partenariat ACP-UE et des progrs dans les domaines social et conomique. Mais le public peut prendre conscience de ce que nos gouvernements mettent en uvre pour construire un meilleur environnement social et conomique pour tous dans nos pays ; en ralit, pour construire un monde meilleur. Il n'y a aucun risque que le partenariat s'affaiblisse du fait que ses membres cherchent tisser des relations fortes avec d'au- tres entits. Le partenariat ACP-UE n'est pas rserv aux rela- tions entire l'Afrique, les Carabes, le Pacifique et l'Europe. Notre partenariat donne une valeur ajoute l'entiret de la politique de dveloppement ; une politique mettre en uvre avec l'accord d'autres institutions rgionales telles que l'Union africaine, une institution essentielle pour la promotion de la paix et de la stability sur le continent. La politique de dveloppement est une priority fondamentale de l'action externe de l'Europe car le dveloppement est synonyme de stability, de paix, de respect des droits humans, empchant le terrorism de prendre racine et promouvant la dmocratie. Le lancement du "Consensus europen pour le dveloppement", premier cadre commun pour une politique de dveloppement l'chelle de l'Europe, en est un example. Dans ce cadre, nos priorits essentielles sont : soutenir la bonne governance, car sans stability et justice aucune croissance durable n'est possible ; combattre la pauvret et les maladies associes (comme le VIH/Sida) ; amliorer l'accs aux services sociaux, la sant et l'ducation notamment, et moderniser les infrastructures de transport, d'nergie et de tlcommunication, ncessaires pour stimuler toute l'conomie. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 4% 1~ lik-S '" m~ 3. **'* . I F. f r. -~~;*.t -K J 1'" , '~.#V> art? s - marnla r'i~iyFT*L ' t* Sf', I a. * :9 M, - J>" Il ,-s j,. a I) N.> 1 E r~C ~ I "* ~~ b *~ q E la>~~~~~~ !~~. i ~:~i~I-i- IlIi ?r ~:ii i- ib~ii~ii- -i iii .i S .. ai 5*k' 4 4 ' 2- .. ' .. )J r r ir editorial es raisons pour expliquer la rapparition du Courrier sont multiples et chacun doit avoir la sienne, de l'ordre du sentiment ou de la rai- son. Mais s'il n'en fallait qu'une, elle pourrait provenir de cette ellipse. Le monde a change depuis la sortie du dernier numro du magazine, il y a 3 ans. Pas tant sur le plan politique, le grand cataclysme fut le 11 septembre, mais dans les explications des chan- gements. La perception relve plus du politique, l'ex- plication, de la communication. La "fin de l'histoire" tant proclame la chute du Mur de Berlin n'aura dur qu'une dizaine d'annes. Et encore La division du monde entire deux blocs par- tir de 1917 n'avait t qu'une parenthse de l'Histoire. La fin de la glaciation sovitique a fait, en grande parties, ressurgir les vieilles haines et les vieilles com- plicits, les attractions et les rpulsions anciennes entire groups, tribus, peuples, nations. Un space a paru passer le cap sans secousses en dpit de l'histoire ancienne de ses membres : l'Union europenne deve- nue une sorte de modle. Parce qu'il avait dvelopp une integration pousse mais surtout parce que du temps avait t accord au temps pour y arriver. Et parce que, contrairement aux empires du pass, inclus le sovitique, 'UE n'a jamais englob un Etat, ce sont les pays qui y ont adhr. Et aussi parce qu'elle offrait implicitement ses membres la garantie de ne pas disparatre. Au sens o Milan Kundera l'analyse dans Le Rideau. "Ce qui dis- tingue les petites nations des grandes, ce n'est pas le critre qt...ii'... i ,du nombre de leurs habitants ; c'est quelque chose de plus profound : leur existence n'est pas pour elles une certitude qui va de soi, mais tou- jours une question, un pari, un risque ; il. sont sur la ti. i.. i.' envers l'Histoire... Les Polonais sont aussi nombreux que les Espagnols. Mais i. '1 ".' ". est une vieille puissance qui n'a jamais t menace dans son existence, tandis que l'Histoire a appris aux Polonais ce que ne pas tre veut dire. Privs de leur Etat, ils ont vcu pendant plus d'un sicle dans le cou- loir de la mort. 'La Pologne n'a pas encore pri' est le premier vers pathtique de leur hymne national". La Pologne vient de se prmunir contre ce risque. L'exemple de l'Europe pourrait se transposer une autre chelle la cooperation international. L'ONU, malgr des progrs notoires, n'y est pas par- venue. Le processus Lom-Cotonou pourrait prfigu- rer pareil changement en continuant chercher ardem- ment l'adhsion profonde de chacun chacune de ses volutions. Le grand reportage de ce premier numro de la nouvelle srie du Courrier s'est fait au Congo RDC. Un grand pays sous l'angle gographique, dmographique et de ses richesses. Il vient de passer ct de ce grand risque de l'Histoire pour les petits pays. Et sa renaissance enta- me se fait avec un soutien massif de son partenaire principal, l'Union europenne. Mais ce soutien ne sera efficace que s'il est efficacement peru. Les nations, petites et grandes, peuvent vite s'enfermer dans les "provincialismes du petit ou du grand" pour parodier de nouveau Kundera et touffer leur avenir. Le deuxime grand changement survenu ces trois dernires annes rside dans la place prpondrante come source d'information de l'internet que le phi- losophe Alain Finkielkraut considre come le mlange le plus intriqu de vrits et de mensonges. D'o la ncessit d'explications sous-tendues par la confiance dans les sources. En voulant d'une publication quilibre quant la composition de sa rdaction et surtout indpendante et critique vis--vis de leurs propres actions, le Secrtariat ACP qui a voulu ce project et la Commission europenne qui l'a soutenu financire- ment ont pris leurs responsabilits pour privilgier les explications et ne pas laisser les rnes de leurs rela- tions aux seules perceptions. L'quipe de rdaction prendra les siennes vis--vis d'eux. Mais encore plus vis--vis du public qui lui manifesterait sa confiance. Hegel Goutier Rdacteur en chef N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 FRIQUE fRfRIBES BCIFIQUE Un mODELE DE COOPERRTIOn mflLGRE TOUT algr toutes les questions qui se posent parfois sur la per- sistance de la pauvret surtout en Afrique aprs des dcennies de cooperation avec des blocs riches, la rponse, en ce qui concern la cooperation entire les pays d'Afrique, Carabes, Pacifique et l'Union europenne est que globale- ment, c'est plus qu'un succs : un modle. La question peut toutefois tre mal pose si elle recle l'a prior qu'un pays peut offrir le dveloppement un autre. Un a prior illusoire sinon arrogant. On ne peut se dvelopper que soi-mme, autrui ne peut qu'aider le faire. L'autre question pourrait tre si une aide peut gner le dveloppement. La rponse peut tre oui ou non. Elle est non dans le cas des relations liant les deux blocs qui nous concernent. Tout le monde reconnat que si l'aide de l'Union europenne n'a pas dvelopp l'Afrique, elle a contribu for- tement empcher, dans de nombreux pays, le collapsus de secteurs vitaux comme l'ducation et la sant et elle a permis, avec la construction d'infrastructures importantes, de potentialiser les initiatives locales de dveloppement. Cette cooperation est original plus d'un titre. D'abord parce que son utilisation est dfinie par le receveur et non par le donneur. Celui-ci, LE COURIER l'Union europenne, ne dfinit que le montant de l'aide alloue pour une longue priode, gnralement cinq ans chaque pays ou chaque region ACP. Elle fait l'objet d'un contract de longue dure avec possibility de recours des parties. Elle met en place des institutions spcifiques conjoin- tes runissant des reprsentants de tous les pays de l'Union et des ACP. Ces institutions concernent les ministres (Conseil), les parlementaires (Assemble parlementaire paritaire), les ambassadeurs (Comit des ambassadeurs), etc. Et ces relations ne se dveloppent pas seulement entire officials mais aussi entire membres de la socit civil et d'autres acteurs non tatiques (Comit conomique et social de l'UE et reprsen- tants des organizations similaires de toutes les rgions ACP). Il s'agit ici d'une cooperation multilatrale. Qui diminue les risques de chantage, de donnant-donnant, par example d'une ancienne mtropole l'encontre d'un ancien pays colonis. Donc une aide moins lie que cel- les dcides dans des ngociations d'un pays isol face un faisceau de puissants donneurs comme dans le cadre des institutions financires internationales. Par rapport aux accords bilatraux entire un pays riche et un pays pauvre, c'est une aide plus transparent. Les socits impliques dans sa ralisa- ll'~ :'['l'll'll'rl:'l' _L. il, ,12,@ _i 'iF, t i: i" l.i- I _- ,:ii i I: -u plu: -: I iI ri-:-,:F iiisi- Pi~cl -il --n I :i.,.i:- I El Ii ,Iir *` .1 r,, ,I. i I':i~ Si,'',iii~.j il iii:;iii ic _iiV Jiii CniC :I Ii:LI. Ci I:liiii ~ :I ~iii ii iii: lpn~ -,LI Juli :;(~ lcI:c iTci- iiil yl :i:li~iici CF Fr~~I' cr ;i~r F I.:.iiiiii F I.ii Ji-y n iiiirlrFi r y n .Fi iij c r HL Hr. J 1-surr.-'l'ar: r ul'..,iii;i H COURIER editorial Hegel Goutier :~~i iiiiri~~ \'I iilri.j A.i cIi:i.l 1F1: 11 IC : l~ i i TiIn.: lJ J 1 . ':l I 7:l'l'iicr I':~ i i~cl. i:l l' ii :iii~. ni: ir.. i cirAir -\:' Vl editorial rniir Le Courrier rf* ,-. SU i 't. 1 LrahrM Ianhr theCourier le Courrier ,sej I" .- Une collection de couvertures de la premiere dition du Courrier ACP-EU. tion sont choisies sur appel d'offre indiffremment dans les pays euro- pens et dans les ACP et mme dans des pays tiers. Avec toutefois une lgre prfrence, quality gale, pour les consortia impliquant les ACP. L'aide est cense chapper ainsi au carcan des agendas nationaux. La cooperation fait l'objet d'une ngociation permanent sur le contenu de l'aide. Elle a volu depuis la 1re Convention de Yaound (1963) signe dans la foule du Trait de Rome et du grand flot d'indpendance de pays africains. On est pass de l'aide-projets l'aide-programmes. Et de plus en plus rcemment l'aide budgtaire, notamment aux pays don't la bonne governance est atteste, qui permet d'insuffler des resources directement dans un budget national dfini en total indpendance. Initialement centre sur le dveloppement rural et les infrastructures, la cooperation s'est tendue de plus en plus de domaines conomiques, politiques, culturels, scuritaires. Il n'y a plus de sujets tabous. La lutte contre la drogue, les armes de destruction massive, l'immigration illgale et l'inscurit sont non seulement des lments de dialogue politique mais font aussi l'objet de projects concrets. Du ct europen o l'institution la plus implique tait la Commission, s'est produite aussi une volution. Le Conseil s'implique de plus en plus directement, comme dans les lections au Congo RDC par exem- ple. Les parlementaires ont plus dire sur le budget et la mise en euvre de la cooperation. Commerce. L'extension du domaine de la cooperation la plus remarque ces derniers temps est la ngociation des Accords de Partenariat cono- mique qui lieront en principle partir de 2008 les Etats de l'UE aux dif- frentes rgions ACP. Ces accords entendent utiliser le commerce comme un instrument de dveloppement, tout en renforant l'intgration dans les rgions ACP et l'intgration des ACP dans le commerce mondial. Les avis sont parfois mitigs sur leur adquation mais les points de vue ACP et UE se sont fort rapprochs rcemment et il y a lieu de croire que les accords seront signs, les reserves principles ne portant plus que sur le dlai. Sur ce terrain du commerce, au sein de l'OMC, l'UE et les ACP, tout en tant parfois opposs, offrent en gnral l'image d'une alliance forte, unique entire des pays pauvres et des pays riches dans ce genre d'instances. Le long des annes, la cooperation entire l'Union europenne et les pays d'Afrique, Carabes, Pacifique, a aussi t original sous un angle parti- culier, celui de l'volution identitaire des peuples. Ne entire l'Europe des Six et les anciennes colonies franaises d'Afrique, la cooperation ACP- UE a incorpor d'anciennes mtropoles comme le Royaume-Uni et l'Espagne et, paralllement, les anciennes colonies africaines, cariben- nes et pacifiques de ces derniers. Et elle s'est largie des pays sans pass colonial avec les ACP. Le processus Lom -Cotonou a constitu un creu- set pour fondre et recycler l'histoire colonial et ddramatiser les rela- tions toujours quivoques entire anciens colonisateurs et anciens coloni- ss en un rapport plus quilibr et serein, voluant entire et avec d'autres. Analogie pourrait tre faite ici avec la revolution que constitute l'Union europenne qui a convert les vieilles haines sculaires de ses vieilles puissances qui l'avaient ensanglante et avec elle le reste du monde, en moteurs de dveloppement. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 i;ji F nomADES DEUERUS "SOLDATS SDEnRTIRES DE LA PROTECTIOn DE L'EnUIROnnEmEnET I ronie du sort, l'oasis mauritanienne de Tenadi, autrefois ensable, a repris vie grce une poigne de nomades contraints de se fixer suite l'avance inexorable du dsert. Ils sont present plus de 200 families vivre d'agriculture et d'levage autour de deux puits, protgs par 80 hectares de plantations, remparts contre la progression des dunes. Une entreprise difficile, lance voici 20 ans par quelques families emmenes par Sidi El Moctar Ould Waled et rcompen- e fin 2nn0 par le pri- Sn. a1"'. du r'! ,'. .li ,i.ll e N .iI [i iI iiiC iI, ,11! i_ i'u liii 1I-- ' .1,1!1 I i l l. JM 1ill i ill. i .'l t1.i - ! i L l.i!.i i i ii .l 'i I I i i I I C i 11111 0l i J i l ll. i l l. 1 i t l.' !I i ...ll l.c1 I .'t I.1 lltt1 l li C ii IC .'l llC i' C .'C l .Ii.ii 'i .I l tll Ji i .! .' llC .I'C 'C I I .'C u'.C I.'.ill C .' i ed .' 1 .l1, Le. ,,i!l."le .'C jle. u I', i, !ll.Id .' C.I transhumants originaires de Tenadi se regrou- pent en cooperative autour de l'oasis du mme nom, 5 km au nord de la route de l'Espoir aux portes du dsert. Les 200.000 dollars du prix permettront de consolider et d'tendre l'oasis de Tenadi pour accueillir de nouvelles families. Un nouveau puits devrait tre for de mme qu'un bassin de rtention d'eau. Quelque 100 hectares sup- plmentaires de dunes seront fixs par des nouvelles plantations et une ppinire de 2nn nnn planti mise en place dnnt une parties |12 1I.ll d l!!h! i d,:I 1I!"Il l lh E l!F!iH i. l lilll i Illi i luI. j t lul. C ".HIC CiI I -llul ! !! ! l .' l ll!. l! .' .' ,Cl i .. .j i. - lu .'! iu .' *. I !,, ilu.. il, l I '.Illlu.i 'llll !,,l! CI .iCIItICI liL,, lll..lu, l l'i l ..ul iu I .l i 1 1 ih i P lI-ll I Ii l i. Iii' ii i-il I Hi lll. P ll III[ I[lU ll I 1.1. 1 11 II I' I I Ii I IIl ii I l I Illll- l l lll I Il l il u llllI illl- ii[ 1 l-'l lll- I COURIER s-. Tour d'horizon LE PROTOCOL SUCRE " mEnncvl", ESTIMEnT LES minISTRES ACP A l'issue de leur ru- nion ministrielle qui s'est droule du 21 au 24 mai Bruxelles, les Etats ACP ont .: demand une revision conjointe du Protocole Sucre, estimant, selon Arvin Boolell, ministry des Pches de Mauritanie et porte-parole des ACP pour le sucre, que l'UE est en train "de jeter le bb avec l'eau du bain". Credit 2006 SASI Group Pour Arvin Boolell, le Protocole (Universit de Sheffield) et Mark Newman continue contribuer au dve- (Universit de Michigan). loppement conomique global www.worldmapper.org des pays ACP et reprsente "un example clatant du commerce Nord-Sud et un modle dupliquer" Le Protocole Sucre, inscrit successivement dans les Conventions de Lom et de Cotonou, prvoit des quotas d'exportation garantis sur le march europen pour les 18 pays ACP producteurs. La dernire offre faite par la Commission europenne dbut avril dans le cadre des APE prvoit grosso modo l'limination progressive de ces quantits et prix garantis partir de l'automne 2009 avec une ouver- ture progressive aux concurrents. Dans une resolution, les Ministres ACP estiment que cette offre qui- vaut "une rvocation unilatrale de cet instrument de dveloppe- ment et de commerce et est totalement unacceptable". Pour les producteurs de sucre ACP, cette offre reprsente un nouveau camouflet. Il y a un an, les Etats membres de l'UE se sont mis d'ac- cord sur une diminution de 36% des prix du sucre sur une priode de quatre ans, affectant galement les pays ACP. George Bullen, ambas- sadeur Bruxelles pour l'Organisation des Etats des Carabes Orientales et Prsident du Groupe consultatif ACP sur le sucre, esti- me que cette reduction s'ajoutera aux pertes potentielles encourues par les exportateurs ACP qui doivent par ailleurs faire face des frais croissants de transport et d'assurance. Pour attnuer cette reduction de prix, la Commission a propos une envelope de 1,24 milliard d'euros sur huit ans (2006-2013) qui per- mettrait aux producteurs ACP de sucre de mettre en place des strat- gies ad hoc. Treize pays sur 18 ont d'ores et dj ngoci avec la Commission des "Stratgies d'adaptation pluriannuelles". Ces derni- res prvoient une panoplie de measures, prvoyant d'une part une meil- leure comptitivit des industries nationals, notamment en amlio- rant l'infrastructure, le transport et l'irrigation, d'autre part en diversi- fiant l'offre, notamment par la production de biothanol, ou encore en offrant une aide ceux qui dcident de quitter le secteur. Les ministres ACP ont demand la CE d'allouer au moins 250 mil- lions d'euros par an leurs strategies. Arvin Boolell a soulign que *a^afi^-"'^^ ^ *1 l'UE tait dans l'obligation de tenir compete du statute lgal particulier du Protocole, ses contributions au dveloppement social, environne- mental et rural, ajoutant : "La situation des Etats ACP est cense s'amliorer et non empire, dans le cade des APE". e N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 r_ _I~e~L_ M Tour d'horizon D ialou poliiu : le engagment de Fidj uite ux cnsulttion enage la miavi dan lecded 'ril* 6d l'ccr deCtno nr Fidj et l'no uopenl govrnmn iniaiefd " et e ,snies incrt l'ril *()d 'codd Coonu etcntte*ut la prs*upuorprlsfr ce arsd* oteaia L'lfrique prime dences europennes auront pour principles priorits l'Afrique, une meilleure efficacit de l'aide, le soutien aux Etats vulnrables et le besoin d'insuffler un nouvel lan aux Accords de Partenariat co- nomique (APE) avec les rgions d'Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP). Le regroupement des objectifs de trois prsidences -l'Allemagne de janvier juin 2007 (www.eu2007.de), suivie par le Portugal, de juillet dcembre 2007 et la Slovnie, de janvier juin 2008 -doit amliorer les chances de promouvoir la conti- nuit des politiques. S'agissant de l'Afrique, les prsi- dences appellent "un largisse- ment, un approfondissement et un enforcement du dialogue politi- que avec les partenaires afri- cains", faisant progresser les stra- tgies communautaires en matire de gouverance, d'infrastructure et de gestion de l'eau. Les trois prsidences ont ainsi dcid de faire pression en vue d'un enforcement de l'Aide publique au Dveloppement (APD) travers l'UE. Un porte- parole de la prsidence allemande a annonc que l'objectif poursuivi tait que les 27 pays dcident d'affecter ensemble, d'ici 2010, 0,56% de leur produit national brut (PNB) l'APD, rparti come suit : un minimum de 0,5% pour les "anciens" Etats membres contre un engagement moyen de 0,17% pour les "nou- veaux", moins habitus partici- per l'aide au dveloppement. Certains Etats membres dpassent dj cet objectif, tandis que d'au- tres sont la trane (voir graphi- que de l'Organisation de Cooperation et de Dveloppement conomiques -OCDE). L'acclration de l'efficacit de l'aide, une rpartition plus effi- cace des tches dans l'UE, l'utili- sation accrue des nergies renou- velables, la gestion de l'impact du changement climatique sur les nations en dveloppement et une meilleure gestion des resources naturelles, sont galement les priorits pour les trois pays. L'Allemagne veut s'attaquer aux consequences dramatiques de la flambe des prix de l'nergie sur les pays en dveloppement, laquelle menace "les progrs dans le domaine de la transparence de l'aide au dveloppement de l'UE et la bonne governancee, ainsi qu'aux "aspects dveloppement des accords APE". Ds juillet 2007, lorsqu'il acc- dera la prsidence de l'Union europenne, le Portugal souhaite que l'accent soit mis sur de nou- velles approaches complmentai- res dans les Etats vulnrables. Les migrations et le dveloppement constituent un autre thme, qui recouvre la gestion global effi- cace des flux migratoires, y com- pris sa nature multidimension- nelle -internationale, rgionale et national -et la maximalisation des avantages potentiels de l'im- migration en terms de dvelop- pement. Lorsque la Slovnie accdera la prsidence de l'UE, au dbut 2008, elle souhaite voir l'UE se pencher plus attentivement sur l'impact du conflict arm sur les enfants et les femmes. a APD, objectifs. OCDE Paris 2006, Rapport sur la Cooperation au Dveloppement avec sta- tistiques mises jour le 19 janvier 2007. -Im ~s-M a pu liai. We #lm v kII t - # - % u - "" -r;i COURIER Tour d'horizon Des agencies euro-africaines pour l'emploi Pour freiner l'afflux de clandestins, la Commission europenne a dcid de finance en Afrique des agencies charges de guider les candidates l'immigra- tion en Europe. Le premier centre du genre s'est ouvert dbut 2007 au Mali. D'autres devraient voir le jour au Sngal, en Mauritanie et en Gambie. Franco Frattini, le Commissaire europen en charge de l'immigration a dclar que le centre serait "quelque chose de flexible, permettant de coordonner l'offre et la demand entire le Mali et l'UE". Il s'agit avant tout d'em- plois dure temporaire, dans des secteurs tels que l'agriculture, les travaux publics ou le tourism. a iiiMI tuit!~ iL jiA 'zI 't,.I t i k.. L 1..~1 r~i~if r El Loko, Illusion men, 2006, 300 x 400 x 200 cm, installation. Expo "Afrique Europe: rves croiss", 13/11 10/12/06, Bruxelles. Credit Commission europenne et artiste. Allgorie d'Africains dia- loguant avec les Europens en oubliant de se parler entire eux. Un sminaire pour la pche Comment les pays ACP peuvent-ils exploiter au mieux leurs pcheries pour pourvoir aux besoins du plus grand nombre, mettre fin la diminution des stocks de pche et accrotre la valeur de leurs exportations ? Le sminaire organis Bruxelles, du 22 au 24 janvier, au Secrtariat ACP tra- duit bien l'importance de ce capital pour ces regions. taient presents des reprsentants des gouverne- ments ACP, du Secrtariat du Commonwealth, d'agences d'aide humanitaire de I'UE, du secteur priv, d'organisations rgionales, d'ONG et des experts, qui se sont penchs sur les enjeux du secteur. Dans un deuxime temps, il s'agira d'examiner les questions suivantes des niveaux politiques sup- rieurs : le dveloppement durable de la pche dans les ACP, la protection du milieu marin, les opportuni- ts d'co-tiquetage des products, la scurit alimen- taire des pays ACP et la ncessit vitale de maximali- ser les bnfices des activits de pche petite chelle pour les communauts. ce propos, la ncessit de parvenir une definition des petitess pcheries et pcheries artisanales" a t mise en vi- dence. Il est galement urgent d'amender les "rgles d'origine" afin de rendre plus attrayants les investis- sements dans le traitement des poissons des ACP. Cet atelier a t organism avec l'aide du Secrtariat du Groupe des Etats d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique www.acpsec.org, du Commonwealth Secretariat www.commonwealth.org et de la Deutsche Gesellschaft Fur Technische Zusammenarbeit, www.gtz.de. a "II est ncessaire de parvenir une definition des petites pcheries et pcheries artisanales". Photo E. Barton, credit Europeaid. Consultation publique sur un nouueau partenariat frique-Europe A u lendemain de la conference de ses chefs d'Etat et de gouverne- ment, qui s'est tenue fin fvrier Addis Abeba en Ethiopie et a lu sa tte pour un an le president ghanen John Kufuor, l'Union africaine dcidait de lancer en partenariat avec l'Union euro- penne une consultation publique afin de dvelopper une stratgie commune. Cette stratgie devrait tre adopte lors du Sommet UE- Afrique de Lisbonne, prvu pour la fin 2007. Pour qu'elle reflte les besoins et aspirations des peuples de l'Afrique et de l'Europe, les deux parties ont dcid de lancer une consultation publique afin "d'engendrer des ides et suggestions" sur le contenu et la forme de ce nou- veau partenariat. a N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 ossier Jos Manuel Barroso, President de la Commission europenne et Amadou I .iI, III 1111, III II' I-1 -us ,- Ih- 1.h,-1 ,I 111 l i~i. ~ i,-,h i. ,lllU.i,,1 ,- "iii,,i,, ,-ii , j,, j.Y / , d'z r le E , riri:iiY Journes europennes du Dveloppement Dossier Hegel Goutier l GRARDS DEBTS SUR LE DEUELOPPEIIIEIIT... RUEC EBRTS Journes europennes du Dveloppement Certainement le plus grand raout politico-culturel sur sa cooperation avec les pays pauvres et plus principalement avec l'Afrique, jamais organis par la Commission europenne Bruxelles. Une semaine d'activits, du 13 au 17 novembre 2006, prcde de plusieurs jours de branle-bas mdia- tique sur sa politique de dveloppement. Avec le risque de la voir chahute par ses contempteurs invi- ts venir apporter la contradiction. Rsultat plutt positif. Mme les plus sceptiques ont apprci l'exercice de style et reconnu, comme Aminata Traor, que les dbats taient ouverts et fructueux. Pour les autres, c'tait un franc succs. d'exposition de la capital belge, ceux du Heysel, plus habitus aux salons de l'automobile et autres mga-shows commerciaux qu' la rflexion politique. Et, rares dans le programme de tels vnements gnralement austres, des dfils de mode avec des mannequins des plus agui- chants, des concerts, un festival de cinma africain, des expositions de bande dessine africaine et d'autres arts envahissant non seu- lement le Heysel mais des galleries, thtres et autres lieux prestigieux de culture. Une ambiance de fte captiver les "politico- phobes" les plus raidis. Le tout claironn par des affiches gantes sur les boulevards et dans les stations de mtro et par des dpliants et car- tes parpills dans tous les lieux branches o les jeunes font la bringue ; et un happening quotidien sur la "Campagne du Millnium" sur la Place de la Monnaie devant l'Opra en plein centre de la ville. Un symbol, le saint des saints, le Berlaymont, sige des commissaires europens, s'est orn d'une banderole gante cascadant sur les innombrables tages de sa faade. Un autre : la semaine a commenc par la remise des prix Dveloppement de la Jeunesse aux gagnants d'un concours d'art graphique des diffrents Etats de l'Union pour souligner la ncessit de susciter tt l'altruisme des enfants envers les pays moins pourvus. > Descendre les questions de dueloppement dans la rue Dveloppement (JED) www.eudevdays.eu, en s'adressant aux chalands. Un clin d'oeil rapide laissait dcouvrir sa source d'approvisionne- La visibility. Jusqu'aux sales de cinma com- ment : le prsentoir jouxtant son comptoir, o mercial, o, dans l'une d'elles, trangre l'annonce pour les JED accompagnait celles l'vnement, s'est vue une ouvreuse faisant de shows de tango, concerts de rock et autres nonchalamment tournoyer entire ses doigts une spectacles apprcis des jeunes. Autant dire affichette pour les Journes europennes du que les organisateurs n'ont pas lsin sur leurs N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Dossier Journes europennne du Dveloppement efforts pour faire descendre les questions de Dveloppement dans la rue. De fait, on pouvait croiser un public dbordant largement l'tiage habituel des officials, acti- vistes et autres fidles des grands-messes poli- tiques, flner et picorer de l'information entire les nombreux stands du "Village". S'informant qui, sur la nouvelle politique de dveloppe- ment de la Lettonie ou de Malte ou sur le trs vieil engagement dveloppementaliste de la Finlande, qui, sur les movements pacifistes come Nonviolent Peaceforce ou Pax Christi ou sur la participation de l'OCDE (Organisation de Coopration et de Dveloppement conomiques) l'African partnership Forum. Ceci pour se mettre l'eau la bouche. Les plats de resistance, c'est d'abord, la crmonie d'ouverture des JED par Guy Verhofstadt, l'epoque Premier Ministre belge, le Prsident de la Commission euro- penne, Jos Manuel Barroso et la prsidence tournante de l'Union europenne, la Finlande reprsente par son Secrtaire d'Etat au Dveloppement, Marjatta Rasi. Suivie d'un dbat sur le thme "Perspectives sur la gouver- nance" dans lequel, la militant altermondia- liste et ancienne Ministre de la Culture du Mali, Aminata Traor va questionner rude- ment la politique de dveloppement de l'Union europenne et des grandes institutions internationales. Les autres participants ce dbat taient Sad Djinnit (Commissaire pour la Paix et la Scurit de l'Union africaine), "Et, rares dans le programme de tels vnements gnralement austres, des dfils de mode avec des mannequins des plus aguichants, des concerts, un festival de cinma africain... Affiche du film "bamako" d'Abderrahmane Sissako. Credit Commission europenne. Mark Malloch Brown (Assistant Secrtaire gnral des Nations Unies), Paul Wolfowitz ( l'epoque Prsident de la Banque mondiale), Ellen Johnson Sirleaf, la nouvelle Prsidente du Libria, Donald Kaberuka (Prsident de la Banque africaine de Dveloppement) et le Commissaire europen au Dveloppement, Louis Michel. Paralllement se tenait quel- ques encablures, le Forum des Affaires UE- Afrique qui runissait une brochette de patrons d'entreprises installes dans des pays en dve- loppement. > L'inuite au questionnement Et puis, le Forum de la gouverance conclu par la Plnire des Chefs d'Etat africains. Le Forum de la gouverance tait le vrai "think tank" du programme o on pouvait longer, come le voulaient les organisateurs, dans une rflexion holistique et quasi sans tabou sur la problmatique du Dveloppement. C'tait l aussi une invite au questionnement de la part de la Commission. Entasss taient les curieux, frustrs seulement de ne pouvoir sui- vre plusieurs des tables rondes qui se drou- laient paralllement. Difficile de choisir un mme aprs-midi entire "construire une culture de la dmocratie", "acclrer la lutte contre la corruption", les "voies de la socit civil" ou rflchir sur les "ingalits et les groups vul- nrables" et sur "migration et dveloppe- ment" ! A la Plnire des Chefs d'Etat africains -plu- tt un dfil des grands du continent ont particip une vingtaine de presidents (Bnin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Rpublique Centrafricaine, Guine Bissau, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sierra Leone, Togo, Ouganda), de vice-prsident (Gambie), de premiers ministres (Ethiopie, Maurice, Swaziland) et une brochette d'an- ciens chefs d'Etat. C'tait l'occasion de s'in- former des progrs raliss par le continent en matire de bonne gouverance et surtout de se rendre compete que s'il subsiste en Afrique des pays problme, ce sont des situations rsi- duelles rares qui ne doivent pas tre l'arbre qui cache la fort. Dommage que les chefs d'Etat se soient gnralement contents de faire une plaidoirie pour justifier leur gestion plutt que de jeter sur la table des ides nouvelles et des propositions concrtes pour valuer et stimuler la bonne gouverance des pays riches et pau- vres, des entreprises et des grandes institutions internationales. La seule contradiction appor- te ces dclarations officielles tait une mini- manifestation de quelques opposants lors de l'intervention du Premier Ministre d'Ethiopie vite jugule par la scurit. A la crmonie de clture des JED, la popu- laire silhouette du Prix Nobel de la Paix d'Afrique du Sud, Mgr Desmond Tutu a par- tag les ovations du public avec Heidemarie Wieczorek-Zeul, Ministre fdrale allemande la Coopration conomique et au Dveloppement, Luis Amado, le Ministre des Affaires trangres de Portugal et le Commissaire Louis Michel. > Crativit, quality et beaut comme arguments de uente pour l'ffrique Ce sont les bats qui ont fait des JED un v- nement rare en promouvant la crativit cultu- relle des pays d'Afrique, et en orientant la rflexion vers les opportunits conomiques et de dveloppement de cette richesse. Ainsi du dfil de mode par des grands crateurs, come le dynamique Alphadi du Niger, loco- motive du stylisme africain, et la Sngalaise Claire Kane. Pour ne rester que sur le dfil de Alphadi, rarement homage aussi raffin et sensible n'a t rendu la beaut africaine : de ses clins d'eil sur les tenues prestigieuses traditionnelles des femmes berbres la sen- sualit paradoxale de ses bustiers mtalliss du plus avant-garde mais toujours du plus femme. Et aussi de toutes les autres activits culturel- les, l'exposition de bande dessine dans l'un des lieux prestigieux de Bruxelles, le Flagey, lieu qui a galement hberg, avec le gant Kinepolis, l'un des plus grands complexes de cinma d'Europe, sinon le plus grand, le Festival de cinma africain. Sans oublier l'ex- position d'art contemporain "Afrique, Europe, rves croiss" o se sont retrouvs des artistes parmi les plus imaginatifs et les plus connus de l'Afrique d'aujourd'hui. Toutes activits qui collent parfaitement au slogan "L'Afrique qui bouge" sous lequel les matres d'uvre des Journes europennes de Dveloppement, le Commissaire europen, Louis Michel et le Directeur gnral au Dveloppement de l'UE, Stefano Manservisi ont voulu placer cet vnement et faire oublier un peu les clichs misrabilistes du continent. Des arguments de vente donc pour l'Afrique pour changer l'image du continent auprs des investisseurs et autres partenaires. Pari apparemment gagn si l'on en juge non seulement par la frquentation de toutes les manifestations des Journes europennes de Dveloppement mais aussi par la rpercussion dans la grande press de ce grand show sur le continent africain. L'Afrique vaut bien un grand dbat... et quel- ques bats. a C(URRIER Journes europennes du Dveloppement Dossier LA SECURITY DES PHVS HOTES, L'fRBRE QUI CfCHE Lf FORGET ? Migration et bonne governance Plutt "la bonne governance du phnomne migratoire". Si l'on se rfre l'ensemble des interventions faites lors de ce colloque. Pour tous, la bonne governance don't il devrait s'agir ne doit pas concerned uniquement les pays d'origine des migrants mais tous les autres acteurs impliqus comme les territoires d'accueil et les organizations internationales. Avec le constat unanime que le phnomne migratoire s'est accru en parties cause de la globalisation et que, malgr tous ses travers, il contribute l'enrichissement des pays htes et la survive, sinon au dveloppement, des rgions d'origine des migrants. L o des dsaccords sont apparus entire les positions des uns et des autres au course d'un dbat enflamm, c'tait notamment sur l'ventuelle responsabilit des pays d'origine des migrants don't les instances officielles ou prives tire- raient profit de l'migration savage ; ou la suppose hypocrisie de pays d'accueil estom- pant les apports des migrants et n'arborant qu'une vision scuritaire outrancire au risque d'encourager la sgrgation. > Le chanon manquant Ainsi Ndioro Ndiaye, sous-directrice de l'OIM (Organisation international pour les Migrations, www.iom.int) relve que malgr tout le tohu-bohu sur la migration, la propor- tion de migrants dans le monde reste stable, 3% de la population mondiale don't la grande majority constitute de personnel en situation rgulire. Ce qui aurait boulevers les esprits en Europe, c'est la croissance mdiatise du nombre de migrants d'Afrique noire -2.700 Dossier Journes europennes du Dveloppement en 2005 et 120.000 en 2006 -vers une desti- nation devenue symbolique, les Iles Canaries. L'migration africaine inquiterait particuli- rement. Les pays d'Afrique d'abord. Car pro- voquant une "croissance" sans dveloppe- ment. En une seule anne, vingt mille profes- sionnels de la sant d'Afrique ont quitt le continent. Et Ndiaye de s'emporter : "Comment peut-on payer sept annes d'tu- des quelqu'un et lui offrir 200 dollars par mois, le forant ainsi partir ?" Cette ques- tion ne s'adressait apparemment pas seule- ment aux pays d'origine mais aussi aux bail- leurs de fonds internationaux ayant soutenu les dpenses d'ducation des pays concerns. Les projects de dveloppement devraient donc tenir compete de la valeur ajoute par les com- ptences des migrants, des adquations entire celles-ci et les entreprises locales, de la capa- cit d'innovation de la diaspora quant la governance des pays d'origine et des fonds qu'elle y transfer. Ces resources financires devraient tre utilises pour limiter la transhu- mance. Au lieu de profiter de ces opportuni- ts, les pays d'accueil enfermeraient les ques- tions de la migration, comme c'est le cas en France, dans les ministres des Affaires tran- gres, de l'Intrieur, de la Justice sans aucune intervention des instances en charge du Dveloppement. "C'est l, le chanon man- quant", diagnostique-t-elle. Quant l'Afrique, "elle n'est pas absoute". Elle devrait, selon Ndiaye, se donner les capa- cits de dialogue sur un pied d'galit avec l'Europe en s'appropriant des connaissances et des techniques dans diffrents domaines IngridMwangiRobertHutter, Neger, 1999, 4 min 15, vido. "Afrique Europe: rves croiss". Credit Commission europenne et artiste. Page 15 "Ce qui aurait boulevers les esprits en Europe, c'est la croissance mdiatise du nombre de migrants d'Afrique noire" Babacar Niang, Embouteillages urbains, 2005, installation variable. "Afrique Europe: rves croiss". Credit Commission europenne et artiste. comme la scurisation des documents ou des gares de dpart ou de transit. L'Afrique devrait donc, travers notamment ses univer- sits, se donner une masse critique d'experts. Le dlit d'ignorance ou d'incomptence, ainsi identifi serait tout aussi condamnable que celui de l'indiffrence ou de la dmagogie. > Le monde global, un deuxime systme colonial Rita Sussmuth de la CMMI (Commission mondiale sur les Migrations internationales, www.gcim.org), a d'abord soulign, en ce qui concern l'Europe, l'cart entire l'ouverture d'esprit de l'Union europenne, en particulier de la Commission, et les pays membres de l'UE renfrogns dans la defense de leurs int- rts respectifs divergents, hypothquant ainsi tout harmonisation de leur cooperation en la matire. Ils sont, dit-elle, trop occups dfendre leur pr-carr pour partager leur sou- verainet et rechercher une solution de gagnant-gagnant entire pays d'accueil et pays d'origine des migrants. Les migrants d'Afrique, don't cinquante pour cent grosso modo sont des femmes, reprsen- tent les moteurs principaux du dveloppement du continent. Ces femmes sont les cariatides de l'conomie de leurs nations. Le monde glo- bal deviendrait un deuxime systme colonial permettant le drainage des cerveaux en plus du pillage de resources matrielles. La bonne governance des institutions internationales ne devrait pas se confiner la gestion interne mais impliquer une obligation de vraie coop- ration l'intrieur du monde global. Rita Sussmuth fustige autant les pays afri- cains qui, selon elle, gagneraient de l'argent, sous diffrentes formes au dtriment de leurs migrants. > Un march de prdateurs Ce quoi, Aminata Traor, ex-Ministre de la Culture de son pays, le Mali, expert interna- tionale, figure de proue de l'alter-mondialisme rtorque en faisant le constat de l'chec de ce qui est magnifi par le colloque, savoir le dveloppement et en conjurant l'Europe de "reconnatre qu'il n'y a pas plus de problmes de mauvaise governance en Afrique qu'ail- leurs". Tout en soulignant que quand ce conti- nent est ainsi pingl, le propos concern gn- ralement l'Afrique noire. Pour elle, "le miroir de la corruption nous est tendu alors qu'en amount, il y a la primaut des rgles du march. Les passeurs font parties du systme". Le pro- C(URRIER Journes europennes du Dveloppement Dossier blme de l'Europe, considre la militant alter- mondialiste, est la culpabilit et le refus de reconnatre qu'elle s'est trompe dans sa poli- tique de dveloppement. Ainsi le diagnostic devrait se porter sur le dveloppement et non sur l'Afrique. La Chine ne devrait pas non plus tre le bouc missaire car "ce n'est pas elle qui avait commenc le pillage". Sur la mme envole, Aminata Traor a criti- qu la perversion des reductions de dettes du G8 qui "enferment les pays d'Afrique dans des compromise prjudiciables leur dveloppe- ment" et a assimil les sommes verses des dirigeants de pays d'migration pour juguler celle-ci de la corruption politique. Et de s'in- terroger sur la bonne gouvemance des pays dvelopps essayant de contrler la socit civil des pays pauvres. Mme Traor critique aussi les garanties qui seraient donnes aux multinationales par les organismes financiers multilatraux travers leurs programmes d'ap- pui aux pays en dveloppement. Le march international serait devenu "un march de pr- dateurs". En dernier lieu, fut mise en exergue la sur- mdiatisation de l'immigration africaine en Espagne, assimile du racism alors que le nombre de migrants africains dans ce pays est infime, compar ceux d'autres provenances comme l'Amrique latine ou l'Europe de l'Est. Richard Lokiden Wani, Double vlos, Exposition > La diaspora africaine, National. "AnotherWorld. Bamako 2005". Credit La Centrale Electrique et artiste. de loin le premier bailleur de fonds de l'ffrique Les rmittences : un jargon pour dfinir l'ap- port financier des migrants leurs pays d'ori- gine. Elles sont trs importantes. C'est Gibril Faal, Prsident du Conseil d'Administration de AFFORD (African Foundation for Development, www.afford-uk.org) qui s'est fait l'avocat de la "Remit Aid", le rembourse- ment de taxes sur l"'aide" envoye par les migrants leurs pays, analogue celle don't bnficient les donateurs des organizations caritatives. Cette remise constituerait un important stimulant aux "rmittences". Dans son intervention, Faal a rappel les chiffres de la Banque mondiale pour 2003 et 2005, res- pectivement, 200 et 250 milliards de dollars vers l'Afrique. Dans la cooperation au dveloppement de l'Afrique, la diaspora africaine reprsente donc de loin le premier bailleur de fonds. Pas n'importe lequel. Le plus gnreux, le moins exigeant et le plus rgulier. Avec des dons en perptuelle croissance, verss par months et par vaux, quand l'conomie va bien et dans les priodes de vaches maigres, sans aucune conditionnalit de bonne governance ou de contrepartie commercial, la diaspora envoie son cot l'Afrique. Une aide reprsentant selon le pays 2 4 fois l'ensemble de l'aide publique au dveloppement et 5 fois les inves- tissements trangers directs. En plus, une aide qui profit uniquement aux bnficiaires alors qu'une grosse parties de l'aide au dveloppement reste chez les dona- teurs Et ne ncessitant pas la mediation de gouvernements et d'autres intermdiaires qui la ponctionnent. Un example de bonne gou- vernance. Conclusion de Gibril Faal : cette forme d'aide mrite au moins autant d'attention que l'aide au dveloppement. Parmi les questions sans consensus au course des discussions houleuses qui ont cltur les presentations des intervenants, figurent notamment les restrictions la mobilit qui seraient plus strictes en Europe pour les origi- naires d'Afrique noire et la ncessit de met- tre temporairement ou long terme la dispo- sition des pays en voie de dveloppement l'expertise de leurs migrants, quite sollici- ter l'aide publique international pour ce faire. Non au droit la mobilit, d'aprs l'ani- mateur du dbat, Jonathan Faull de la Commission europenne selon lequel ce droit n'existe nulle part dans le monde, les fronti- res tant encore des ralits tangibles. Non aussi un procs l'Europe pour racism anti Afrique noire. Les interventions et les discussions ont trs peu port sur la scurit et sur le problme connexe souvent voqu de la dlinquance dans les communauts d'origine trangre. Non plus sur les tensions inluctables entire les populations "homognes" et allognes au-del d'un certain seuil d'immigration. Sur cette question, la scurit des pays htes n'a- t-elle donc t que l'arbre qui cache la fort ? H.G. M N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Dossier Journes europennne du Dveloppement Franois Misser DE LA nIASA RUX ECOLES DU RWUfDR Technologies de l'information A coup sr, le nouveau patron de Microsoft Afrique, Cheikh Diarra n'est pas ranger parmi ces intellectualss paresseux" que fustigeait le regrett president du Burkina Faso, Thomas Sankara. forum" organis lors des Journes europennes du Dveloppement en novembre dernier, cet ancien direc- teur du Programme d'Exploration de Mars de la NASA se dit convaincu du potential de dveloppement que reclent les nouvelles technologies de l'information, ayant l'esprit la situation des villages les plus reculs de son Mali natal. Les afrosceptiques pourront arguer qu'une telle profession de foi ne saurait tonner de la part de "l'ambassadeur en Afrique" de la mul- tinationale de Bill Gates. Il n'en demeure pas moins que Cheikh Diarra, par ailleurs prsi- dent de l'Universit virtuelle africaine, a une vision. Il cite en example le Rwanda. Qui aurait pens au lendemain du genocide tutsi que ce pays meurtri deviendrait le laboratoire de Microsoft en Afrique ? Or, aujourd'hui, le Rwanda est l'un des pays du continent o le "e-goverment" a atteint le niveau le plus avanc, tous les parlementaires ont leur laptop et le gouvernement travaille d'arrache-pied pour raliser son objectif d'interconnecter plus de 300 coles en 2007. En outre, le Kigali Institute of Science and Technology (KIST), compete dj une ppinire de 4.000 tudiants. > Les satellites, un potential inexploit Mais comment le faire au Mali, o des zones immense sont l'cart des rseaux de tl- phonie fixe et d'lectricit ? Des solutions existent, plaide Diarra qui prne un systme hybride, combinant les fibres optiques pour desservir les zones ctires et, dans les zones de l'intrieur, des systmes autonomes tels que les VSAT (Very Small Aperture Terminal). Paralllement, on pourrait aussi utiliser les satellites avec des bandes passantes qu'on pourrait segmenter pour servir ces communau- ts. Des opportunits existent qui ne sont pas exploites. L'UNESCO estime en effet que 30% de la capacity des satellites gostationnai- res au-dessus de l'Afrique, n'est pas utilise. Mais l'accs aux nouvelles technologies se heurte aussi au prix lev des ordinateurs et des licences des programmes vendus notam- ment par Microsoft. Diarra n'en disconvient pas. Mais il rtorque que sa compagnie cde ses licences aux coles africaines "pour des bagatelles de cinq dollars par an". En outre, Microsoft a cr en Namibie et au Kenya, des centres qui remettent en tat et reconditionnent des ordinateurs peine vieux de deux ans don't les banques ou les grandes companies du Nord ne veulent plus. Ces machines sont ensuite distributes dans les coles. > "Office" en zoulou Dsormais, il est possible de tlcharger gra- tuitement des interfaces proposant le systme d'exploitation "Windows" et le paquet "Office" en swahili, en zoulou et en afrikaans. Les versions ibo, haoussa, woloff, bambara et peulh vont suivre. Mais il faut aller plus loin, prconise Diarra. Il faudra dsormais recourir aussi aux graphiques et la voix, pour que quelqu'un qui ne sait pas lire, en mettant le curseur de la souris sur un mot, puisse enten- dre l'ordinateur le prononcer dans sa langue. C'est par de telles interactivits que l'on pourra petit petit amener la majority bn- ficier de ce potential pour amliorer ses condi- tions de vie. Les possibilits sont immense. M Cheikh Diarra, le nouveau patron de Microsoft Afrique. Credit Microsoft. Journes europennes du Dveloppement Dossier DE BEIEFICIfRIRE f DOnfTEUR, Un EXERCISE RICHE D'EnSEIGnEmEnT Aide au dveloppement D ifficile pour les nouveaux Etats membres de l'Union europen- ne, considrs encore aujour- d'hui comme les "pauvres" de l'UE et bnficiant ce titre d'une aide exceptionnelle de quelque 8,5 milliards d'euros du Fonds europen de coh- sion, de devenir du jour au len- demain membres part entire de l'UE, premier donateur mondial, totalisant plus de 50% de l'aide publique au dvelop- pement (APD). En adhrant le 1er mai 2004 l'UE, les dix nouveaux Etats membres -Lettonie, Estonie, Lituanie, Pologne, Rpublique tchque, Hongrie, Slovaquie, Slovnie, Malte et Chypre ont toutefois bnfici d'un rgime allg. Tout d'abord, ils ne devront contribuer au Fonds europen de dveloppement (FED) qu' partir de 2008, dbut du 10e FED. En outre, si les nouveaux Etats membres se sont engags en mai 2005 augmenter graduellement leur aide, ils ont obtenu que cela se fasse un rythme moins rapide que leurs par- tenaires. Alors que l'ONU a fix 0,7% le niveau de l'aide publique par rapport au PIB engager d'ici 2015, les dix nouveaux Etats se sont vus fixer l'objectif de 0,33%. Un dlai que tous ces pays mettent profit pour construire leur politique de cooperation et de dveloppement. Des jumelages sont mis en place pour renforcer les institutions ; c'est le fait surtout des Franais et Allemands, sui- vis par les Espagnols et les Britanniques. Les grands donateurs suivent, don't le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement Antnio Ole, Remote connection: fragments of a diary, Luanda -Jerusalem 1996. Photo Carlo Pereira Marques, credit artiste. (PNUD). Mais c'est surtout le Canada qui, ds 1989 et via son agence de dveloppement ACDI, jouera un rle cl dans le enforcement des capacits des pays de Visegrad (Pologne, Hongrie, Rpublique tchque et Slovaquie) et des trois pays baltes. Le but : finance et grer conjointement des projects d'aide dans les pays moins dvelopps. > Les uoisins d'abord Issus pour la plupart de l'ex-empire soviti- que, les nouveaux membres de l'UE ont pour premiere priority la stabili- a t de la region d'Europe centra- le et orientale, "une ncessit vitale" souligne-t-on au minist- Sre hongrois des affaires trang- res. Pas tonnant donc que les premiers bnficiaires de leur aide publique soient leurs voi- sins proches, savoir les pays des Balkans et certain pays d'Europe de l'Est. Et les pays ACP ? Jusqu'il y a peu, seule une poigne bnfi- ciait de l'aide des nouveaux pays donateurs de 1'UE. Et, bien que plusieurs pays aient dcid S,1 d'tendre leur cooperation bila- trale, la liste reste court et se "L limited, pour l'heure, au conti- .i, nent africain. Quatre pays arri- vent en tte de liste : l'Angola, le Kenya, la Zambie et le Soudan. > Bonne gouuernance et agriculture "Nous bnficions d'une exp- rience particulire, que nous ne partageons pas avec les dona- teurs traditionnels" indique un expert de la plateforme des ONG de dvelop- pement slovaques, "et qui prend ses racines dans le processus de transformation que nous avons vcu aprs la chute du mur de Berlin". Pas tonnant donc que l'aide la bonne gou- vernance et l'ouverture l'conomie de mar- ch constituent les secteurs prioritaires de l'aide apporte par les nouveaux Etats mem- bres. Du moins dans les pays qui leur sont proches. S'agissant de l'Afrique, l'aide se concentre sur des secteurs plus "tradition- nels" comme l'agriculture, le dveloppement industrial ou l'environnement. M N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Dossier Journes europennne du Dveloppement Debra Percival OUURIR DE nOUUELLES UOIES RUEC LES PfRTEnOIIRES FiRICIIInS L'mergence de nouveaux problmes complexes en matire de dveloppement, l'arri- ve de nouveaux interlocuteurs et la ncessit d'une coordination plus efficace entire donateurs sont quelques-uns des facteurs qui amnent les donateurs internationaux reformuler les "paradigmes" du dveloppement, bauches des politiques venir... L ors des Journes europennes du Dveloppement, les participants ont pu dbattre abondamment de la faon don't le commerce et les instruments d'assistance pouvaient apporter une solution aux grands problmes de dveloppement tels que la bonne governance, les changements climatiques, la migration, la scurit et la bio- diversit. Les participants considraient la Chine come une opportunity pour les exportateurs africains mais aussi come un concurrent sur les marchs d'outre-mer. Ses processes d'augmenter l'aide alloue au continent ont t la fois plbiscites et mises en doute en raison des questions inhrentes au respect des droits de l'Homme. Une chose est sre, a dclar Paul Wolfowitz, l'poque Prsident de la Banque mondiale : "les pays africains sont la trane en terms de croissance cono- mique et d'affaires. Il faut trois fois plus de temps un entrepreneur africain pour expor- ter sur une mme distance". L'accent plac sur la promotion de la bonne governance au sein des nations africaines lors de la conference a t reconnu par le Commissaire de l'Union africaine en charge de la Paix et de la Scurit, Sad Djinnit : "Le principal dfi rside dans la governancee. Il a en outre prcis que son institution tait favorable la mise sur pied d'une "charte africaine pour la dmocratie et la gouver- nance" base sur "le partage de valeurs com- munes". De nombreux participants la conference ont exhort les donateurs envisager tous les aspects de la bonne governance dans l'octroi de leurs aides. Pour le Prsident du Botswana Festus Mogae, ces critres incluaient "une constitution et des rgles de droit lgitimes, une vaste participation au mode de gouver- nance, des institutions publiques efficaces et l'galit entire homes et femmes". > La bonne gouuernance a besoin d'infrastructures Bon nombre d'intervenants se sont fait l'cho des opinions de Malloch Brown, Assistant Secrtaire gnral de l'Organisation des Nations Unies : "La dmocratie et la bonne governance ncessitent des routes, des hpi- taux, des emplois et la prosprit". Plusieurs leaders africains ont demand des aides bud- gtaires plus directed, de sorte que les fonds puissent tre injects rapidement l o on en a le plus besoin. Pour la Prsidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, don't le pays est devenu un example pour d'autres socits post-conflits, la bonne governance rsidait dans "la gestion efficace des resources naturelles du people, par le people, pour le people". "Le partage des richesses permet de prvenir les conflicts. En ce qui me concern, la pour- suite des exportations de matires premires relve d'une mauvaise governancee, a dclar le Prsident de l'Ouganda, Yoweri Museveni, la session plnire de clture qui regroupait 18 chefs d'Etat africains. Tout en sollicitant davantage d'investissements d'ou- tre-mer pour les industries ougandaises moyennes et grandes entiree 20 et 100 millions de dollars de chiffre d'affaires), Museveni a pos la question : "Comment peut-on mainte- COURIER Mustapha Dim, La petite danse, 1995, 241 x 117 cm, bois, fils de fer, mtal, clou. "Afrique Europe : rves croiss". Credit Commission europenne et artiste. L'Union africaine, favorable une "charte pour la dmocra- tie et la governance" base sur "le partage de valeurs communes". Journes europennes du Dveloppement Dossier nir un dveloppement durable pendant 45 ans sans transition ? La poursuite des exportations de matires premires quivaut une mau- vaise governancee. Quatrime plus gros pro- ducteur de caf au monde, l'Ouganda vend ses grains au Royaume-Uni un dollar le kilo seulement. Cette denre rapporte ensuite 15 dollars le kilo au R-U la socit europenne qui assure sa mouture et sa torrfaction. Pour Jean-Michel Sverino, Directeur gnral de l'Agence franaise de Dveloppement, trop d'acteurs faisaient la mme chose au mme endroit, d'o l'mergence de ce qu'il a appel un "Disneyland de l'aide". D'autres participants ont exprim leurs interrogations quant l'efficacit long terme des experts trangers parachuts momentanment au sein d'un pays afin d'y mener des projects. Koos Richelle, Directeur gnral de EuropeAid, l'organisme assurant la mise en euvre des projects d'aide de la Commission europenne, redoutait des doubles emplois excessifs dans l'aide de la communaut inter- nationale. "A lui seul, le secteur social de Tanzanie a totalis 400 projects de donateurs en 2006", a prcis Richelle, l'un des princi- paux orateurs de la conference l'atelier sur les "nouveaux paradigmes". Le Directeur gnral de la Coopration inter- nationale au Ministre polonais des Affaires trangres, Jerzy Pomianowski, a soulign la ncessit d'accrotre la visibility de l'aide. Il a dclar que son pays dplorait son manque de visibility au niveau de la cooperation interna- tionale et avait encore fort faire pour "du- quer notre socit en matire de dveloppe- ment". De nombreux participants ont relev les inco- hrences rcurrentes des politiques d'aide et de commerce de l'UE. Encourage par les pays importateurs intresss par une denre unique, la monoculture est en train de dtruire la biodiversit de l'Ouganda, a dclar Chebet Maikut, Prsident de l'Union national des Agriculteurs ougandais. Sally Nicholson, reprsentante du World S Wildlife Fund (WWF) Bruxelles, a dclar aux participants d'un "vnement parallle" la conference qu'il tait temps pour l'UE de concrtiser toutes ses dclarations relatives la preservation de la biodiversit dans les pays en voie de dveloppement. Pour l'Institut international du Dveloppement durable (IISD), bas Genve, la priority doit tre accorde des politiques d'aide et de com- merce "tenant compete des conflicts Oli Brown, gestionnaire de projects de l'IISD, a dclar, lors d'un autre "vnement paral- lle", que ceci implique que les exportateurs aillent "au-del du commerce d'un ou de deux N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 products imprvisibles", et vitent d'exporter des products lis aux conflicts. Il souhaite ga- lement que les entreprises actives dans des "Etats vulnrables" fassent preuve d'une meilleure prisee en compete des conflicts . Le Commissaire Michel a admis qu'au course de son demi-sicle de cooperation au dvelop- pement, l'UE s'tait montre "trop paterna- liste". "Cette runion vise tracer une nou- velle voie avec nos partenaires africains", avait prcis Louis Michel au dbut des vne- ments de la semaine. La runion de Bruxelles a permis de dgager des pistes pour de nou- veaux paradigmes. Elle a identifi les ques- tions prioritaires ainsi que leurs liens mutuels, les dmarches susceptibles ou non d'accrotre l'efficacit de l'aide, et la ncessit de resser- rer la cooperation entire les donateurs afin de regrouper les resources et d'viter tout double emploi. C'est le Ministre portugais des Affaires trangres, Luis Amado, don't le pays accueillera les prochaines Journes europen- nes du Dveloppement, prvues durant le second semestre de 2007 Lisbonne, qui pren- dra le relais de Bruxelles. a A gauche : Graffiti "Liberia pour tous", Monrovia, Liberia. A droite : LOuganda a besoin d'changes commerciaux plus consquents. Barbiers Kampala, Ouganda. Photos Debra Percival. Etablir une governance "ascendante" en Mauritanie ij our la premiere fois en S Mauritanie, la gestion d'un project n'est pas aux mains de l'administration", dclare Zakaria Ould Amar, directeur adjoint du Centre mauritanien d'expertise en matire de Gouvernance (ADAGE), don't une recherche et une publication ralises de concert avec le Centre europen de ges- tion des politiques de dveloppement (ECDPM), la cellule de rflexion bruxelloise en matire de dveloppement, ont pos les bases d'un programme multidimensionnel visant une construction "ascendante" de la socit civil. Etal sur trois ans et dot d'un budget de 4,5 millions EUR, le Programme d'Appui la Socit civil et la Bonne Gouvernance (PASOC) dmarre en fvrier 2007. Il confre un cadre lgal la socit civil, tablit des rseaux lis elle ainsi qu'un dialogue sur les politiques nationals. Il per- met la socit civil de crer une culture de la citoyennet assortie d'un dbat sur les droits de l'Homme, et contribute renforcer l'expertise de la governance locale, de sorte qu'elle puisse aider les donateurs grer leurs projects l'chelon local. Dans une phase de "prprojet", I'ECDPM et l'ADAGE ont travaill de concert d'octobre 2004 juin 2005 pour identifier les mesu- res aptes aider la socit civil de Mauritanie adopter une veritablee culture dmocratique", explique Jean Bossuyt, res- ponsable de project au sein de I'ECDPM. La premiere tape a consist recenser les groupements de la socit civil de Mauritanie, ainsi qu' cerner leur nature. Au dpart, ces dmarches se sont heurtes une certain reticence. Deux ans plus tard, la comprehension s'est amliore, le project gagnant du terrain grce son propre lan. Un sminaire organism en mai 2006 dans le cadre du project et ouvert l'ensemble de la socit civil, a tabli un "who's who" de la socit civil mauritanienne. Au moment de mettre sous press, le cadre juridique ncessaire la socit civil devait encore tre finalist. Une unit technique autonome de mise en euvre et de facilita- tion statuera sur l'ligibilit des demands individuelles de fonds manant de la socit civil. Un plafond de 100.000 euros a t fix pour les projects visant l'tablissement de rseaux sur les droits de l'Homme ou sur d'autres domaines comme celui des per- sonnes handicapes. Des demands de financement devraient tre soumises dans le cadre du enforcement des capacits inhrentes aux divers organismes de la socit civil. Vu l'tendue du pays, 3 des 13 communes de Mauritanie dans les regions les plus peu- ples, ont t dsignes pour bnficier de formations et de qualifications en matire de governance locale, afin d'amliorer la gestion des projects locaux financs par les donateurs. a COURIER Journes europennes du Dveloppement Dossier BOnIE GOUUERnIICE ET IEDIRSS: D'fBORD, RESPECTER LES JOURnILISTES Comment les mdias peuvent-ils contribuer la bonne governance en Afrique ? Pour ce faire, il faut respecter les journalists, clarifier leur statut et organiser l'espace audiovisuel, rpond au "Courrier", fort de son experience, Mactar Sylla, qui a particip la table ronde organise sur ce thme. Actuellement president de l'Association prive des producteurs et tlvisions d'Afrique et direc- teur gnral de la chane Spectrum Tlvision (Cameroun), il fut auparavant directeur de la Radio- Tlvision sngalaise et membre de la rdaction de TV5. SDf e manire gnrale, les mdias africains, qu'ils soient du service public #ou priv, doivent jouer leur rle d'information et d'alerte mais aussi soulever les questions qui se posent en terms de dveloppement, au niveau cultural et au niveau social, pour les porter la connaissan- ce du public et du gouvernement. Il leur faut organiser des dbats plutt que de faire la poli- tique de l'autruche", prconise Mactar Sylla. Or, de ce point de vue, selon le pays o l'on se trouve, la tche est plus ou moins difficile. Sans aller jusqu' la notion de quatrime pou- voir, il est indispensable que les mdias, qu'il s'agisse de la press crite, de la tlvision ou de la radio puissent jouer ce rle d'information et d'accompagnement du public, de relation des faits quels qu'ils soient et quels qu'en soient les auteurs. Et l, il y a un problme de fond quand on voit l'utilisation qui en est faite : la plupart des organismes du service public, qu'on appel- le des mdias d'Etat, sont plus des caisses de rsonance, des voix de leurs matres que des outils qui aident la bonne gouverance. "Organiser l'espace audiouisuel" Franois Misser : Mais cela fait des annes que dans tous les pays du continent, des jour- nalistes se battent pour sortir des ,rr1.... * C'est bien de leur dire : "vous devez informer le citoyen", mais n'est-ce pas ce que beaucoup essayent defaire ? Ne faut-il pas fire pression galement sur les pouvoirs publics pour que les journalists aient davantage de marge de maneuvre pour travailler ? Mactar Sylla : C'est un movement combin et concommittent qui est ncessaire. Il y a une responsabilit de part et d'autre. C'est vrai que beaucoup de travail est fait et que beaucoup de journalists font leur travail correctement, quel que soit l'organisme dans lequel ils se trouvent et quelles que soient les pesanteurs dans les- quelles ils voluent. Mais il faut aller plus avant. Il faut organiser l'espace audiovisuel, en terms de regulation et de rgime juridique. Dans les pays o aucun rgime juridique ne Dossier Journes europennne du Dveloppement l'organise, nul ne peut rpondre prcisment aux questions de savoir quelle est la mission du public, quels sont les cahiers des charges, quelle est la protection et quel est le statut du journalist. Or, quand vous n'avez rien de tout cela, le combat est difficile pour ne pas dire ingal. "Il ne uiendrait l'ide de personnel de dire un chi- rurgien comment il faut qu'il opre son patient " FM : Quels sont les pays les plus concerns ? MS : Chacun se reconnatra. Dieu reconnatra les siens. Je pourrais tout de mme citer un pays come le mien, le Sngal, qui passe pour une dmocratie. Quelles sont aujourd'hui les rgles connues, transparentes et claires de creation de tlvisions prives au Sngal ? Personne ne vous les donnera. C'est un peu la tte du client Et ce qu'on dit du Sngal, on peut le dire d'autres pays. Quand on fait un Mounir Fatmi, Les connexions, 2003-2004, livres et cbles, dimensions variables. Credit Mounir Fatmi. tat des lieux, il y a vritablement une sorte de vide juridique. Mais le rglement des probl- mes juridiques ne constitute pas une panace, une sorte de baguette magique. La question est aussi de savoir quelle place on accord aujourd'hui la communication dans mon pays. Est-ce un secteur important ? Est-ce un secteur qui contribute au dveloppement ? On n'en a pas l'impression parce que trs souvent, c'est un outil d'accompagnement et d'amplifi- cation du message des gens au pouvoir plutt qu'une profession respecte et un secteur dynamique qui appartient la culture avec un grand "C". Donc, quand on est dans ce contexte-l, o il n'y a ni vision, ni stratgie et politique, tous les glissements possibles et imaginables sont permis et cela rend la tche des professionnels encore plus ardue. Mais il ne faut pas baisser les bras. Il faut que les journalists continent jouer leur rle, dans le public ou dans le priv, en tenant compete de leurs contraintes. Ca ne sert rien de jouer aux kamikazes inutilement. Mais je pense qu'il sera de plus en plus difficile d'em- pcher les journalists d'accder ce niveau de professionnalisme, de libert et d'indpen- dance. Ce n'est pas un combat du journalist en tant que tel, c'est un combat du journalist en tant que citoyen dans son rle et dans sa profession, qui consiste mettre l'information au service des populations dans une perspec- tive de dveloppement. Le journalist n'est pas un ennemi Quand il y a un coup d'Etat en Afrique, aprs l'aroport et la Prsidence de la rpublique, ce sont les journalists qui en font les frais, les radios, les tls, les journaux... Nous ne sommes pas des fauteurs de trouble, nous sommes pour la paix, nous sommes des acteurs du dveloppement mais il faut qu'on nous respect dans notre manire de faire notre travail. Il ne viendrait l'ide de personnel de dire un chirurgien comment il faut qu'il opre son patient. Mais nous les journalists, on nous dira comment il faut faire notre travail, ce qu'il faut crire et ce qu'il ne faut pas crire. FM : Vous laissez entendre qu'il y a un jour- nalisme de griots, la botte des gouvernants, mais la press prive n'est pas exempte de drives. Certains mdias caressent dans le sens du poil ceux qui tiennent des discours xnophobes ? MS : Vous avez raison. Le statut priv ne confre pas de brevet de professionnalisme. Beaucoup de projects qui se crent ne sont pas professionnels. Comme disent les Anglais, il y a parfois un "agenda" derrire. Et beaucoup de gens jouent ce jeu. Par example, regardez la Rpublique Dmocratique du Congo o les journaux et les tlvisions pullulent, o chacun des groups au niveau le plus lev du pouvoir a ses chanes de tlvision et ses groups de press. Cela nous ramne la question du cadre institutionnel global des rgles du jeu. Celles-ci doivent tre faites de telle sorte qu'elles puissent prvaloir quel que soit l'oc- cupant des lieux au plus haut niveau. F.M. M Hassan Khan, The Hidden Location, 2004, 52 min, "still" d'une vido. Credit Galerie Chantal Crousel (Paris) et artiste. Photo Hassan Khan. COURIER . =.... -r ~ Aminata Niang Fronde parlementaire ACP/UE contre une mondialisation inequitable Assemble parlementaire paritaire de Bridgetown L avenir incertain des relations commercials appeles se libraliser entire 1'UE et les ACP et la situation politique explosive dans la Corne de l'Afrique ont domin la der- nire runion de l'Assemble parlementaire paritaire ACP/UE qui s'est droule du 20 au 23 novembre 2006 Bridgetown, capital de la Barbade, petit Etat insulaire de la Carabe. Porte-voix des lus de pays lis par l'Accord de Cotonou dans un par- tenariat pour le dveloppement, l'Assemble parlementaire paritaire (APP), actuellement prside par Glenys Kinnock, travailliste britan- nique, et Ren Radembino Coniquet, Prsident du Snat gabonais, est largement ouverte. Elle donne ainsi la parole aux reprsentants tant des institutions europennes que d'institutions internationales come l'ONU, ainsi qu'aux reprsentants de la socit civil. A Bridgetown, l'APP s'est singularise par l'ampleur des proccupa- tions et la vivacit des critiques suscites par la ngociation d'Accords de Partenariat conomique (APE) entire l'UE et six sous- rgions du group ACP.* Ces accords, don't la ngociation est inscrite dans l'Accord de Cotonou, sont censs entrer en vigueur le 1er janvier 2008 pour crer des marchs rgionaux ACP, utiliser le commerce come levier du dveloppement, et prparer l'tablissement de zones de libre-change long terme avec l'UE, compatibles avec les rgles du commerce multilatral peu friend de droits de douane. Ils ont ainsi vocation remplacer progressivement les prfrences commercials non rcipro- ques don't jouissent les pays ACP depuis plus de trente ans pour l'ac- cs de leurs products au march europen, en vertu d'une drogation aux rgles de l'OMC, qui expirera en 2008. > Surtout ne pas force la cadence des ngociations A moins d'un an de cette chance, la belle unit de ton des dputs europens et ACP pour dnoncer les retombes potentiellement nfas- tes de tels accords pour des Etats conomiquement et socialement vul- nrables, a jet un pav dans la mare. Et la demand express, faite l'Union europenne, de ne pas forcer la cadence des ngociations pour prcipiter la signature, la fin de 2007, d'accords contraires leurs intrts de dveloppement, est une premiere (voir encadr). La Commission europenne a eu beau donner toutes les assurances -il n'y a pas d'agenda cach de l'UE, come il n'y aura pas d'ouverture des mar- chs ACP qui ne soit progressive, avec de trs longues priodes de transi- tion, et asymtrique par rapport l'ouverture du march europen rien n'a pu apaiser la dfiance de l'APP, pas mme l'appel la raison lanc par Louis Michel, Commissaire au Dveloppement. > Un dbat anim sur la situation en ffrique de l'Est, dfaut de point de uue commun La convergence de vues sans nuage sur ce premier thme urgent contrast avec l'autre fait marquant de la runion de Bridgetown : l'incapacit qu'ont eue les parlementaires ACP et leurs homologues europens adopter un point de vue commun sur la situation politique au Soudan L -,l _rt:i\ ,irl. _I: n .:r.ur ,-:,i r'iir[ d. un, ,i-r iti.:., : u l, l- n. I. n I P I l .1 [::-.7 nL r ,.:.n >:1 .: ,t:. lr .:. e E il u' *:|1.T nIn :l : .nlrr.iu.|n in*l .-. ._ [ ;:l. irill ,:' i. n 111' in : [I ::'lu. hq .i. _ii > : .ii i I_ l rFl.llll,],l' i,7 I? 1rl;:, :i _i.iii i >: l.:i i-i _il',i_ ,: _ _lu.i -'-i' r i.'iiinn -_l ,i;-nil'.l-l.- ..,irl.-iru'n_ .,ir.- A,',1' AeI 1 F ,rltw.I l- rri- n i.- ~ .1- l .--1, i i F 1 i l l-ur l :i.i l I -u i I,. r,.:.r- .:1, *,; h ijT i oi I : l.:.[:.re i.,r-,n .:1, :1 i] ir.:.n ,, .cr I T.:., .:. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Interactions ACP-UE et en Ethiopie. Du coup, la resolution d'urgence, qui devait tre adop- te sur la situation en Afrique de l'Est, et en particulier dans la Corne de l'Afrique, n'a pu l'tre, faute de majority suffisante. Cet chec des lus des deux parties s'entendre sur une question minemment poli- tique semble, premiere vue, un srieux camouflet pour le partenariat ACP/UE. Certes, il tmoigne de la frilosit de certain parlementaires ACP "user de leur libert de parole pour critiquer ouvertement des gouvernements ACP", a comment Zacharie Pandet, snateur du Congo Brazzaville. Cela vaut en particulier pour le gouvernement de Khartoum, que la majority des dputs ACP souhaitait manager en concentrant leurs critiques sur le non-respect de l'accord de paix d'Abuja. "Devons-nous gratifier le gouvernement soudanais d'un satisfecit, quoi qu'il fasse ?", s'est indigne l'eurodpute verte fran- aise, Marie-Hlne Aubert. L'Ambassadeur thiopien Teshome Chanaka Toga, a pour sa part balay du revers de la main toute criti- que sur la dtention des prisonniers politiques dans son pays, prfrant s'en prendre "la champagne continue contre l'Ethiopie mene par certain dputs europens et leur tentative d'ingrence". Mais l'absence de resolution traduit aussi la difficult de dgager des lignes de force communes sur un project de texte qui, tel un inventaire la Prvert, passait en revue la situation dans pas moins de cinq pays : Soudan, Somalie, Ethiopie, Erythre, Ouganda. Ajoutons cela les procedures complexes de l'APP permettant aux dputs ACP et euro- pens de recourir, en cas de dissensions profondes, au vote "par col- lge spar", et la recette de l'chec est l. Il n'empche qu'un dbat trs vif a eu lieu, que les parlementaires n'hsiteront pas poursuivre. Glenys Kinnock, coprsidente pour l'UE, l'a assur. "Je souhaiterais qu'il n'y ait pas de votes par college car nous sommes une seule assemble avec des objectifs communs. Mais quand on parle de dmo- cratie, de droits humans, les perspectives sont parfois diffrentes. Pourtant l'APP doit prendre position sur ces sujets", a comment la coprsidente, en rappelant, qu' Vienne, six mois plutt, une resolution portant exclusivement sur la situation au Soudan, avait russi isoler le reprsentant de ce pays, et conduit les dputs voter conjointement un texte consensuel trs ferme pointant la responsabilit de Khartoum dans les massacres et la crise humanitaire sans fin au Darfour. L'APP a par ailleurs vot une resolution sur l'eau dans les pays en dve- loppement pour demander que la gestion quitable et durable de cette resource soit rige en priority politique dans les pays ACP, qu'aucune pression ne soit exerce sur eux pour leur imposer la privatization, et que les politiques de privatization de la gestion de l'eau comme la lib- ralisation des services publics dans ces pays assument leur responsabi- lit social et garantissent la furniture d'eau et de services sanitaires pour tous, un prix abordable. L'adoption d'une resolution sur les armes lgres et de petit calibre (principalement importes d'Europe), en tant qu'entrave au dveloppe- ment durable des pays ACP, est galement porter au bilan de cette APP. Tout comme la resolution sur l'impact du tourism sur le dvelop- pement des pays ACP une richesse essentielle qu'il convient d'encou- rager dans des pays comme la Barbade qui en tire 70% de ses revenues. Ne pas cder au diktatt de I'OMC" Le franc-parler de Mme Billie A. Miller, Ministre des Affaires trangres et du Commerce extrieur de la Barbade et prsidente du Comit ministriel commercial ACP, a frapp les esprits. Son message est clair : les APE doivent servir le dveloppe- ment, et des resources financires addition- nelles celles du 10e Fonds europen de dveloppement (FED) sont ncessaires pour permettre aux pays ACP de s'adapter la nouvelle donne, en contournant "les proc- dures rigides" du FED qui freinent les dboursements. Sans assurances ce sujet, pas question pour les pays ACP de se "laisser terroriser par le diktat de I'OMC" et la date butoir de la fin de 2007. Si les ngociations avec les six sous-rgions ACP pitinent, c'est, de l'avis de Ren Radembino Coniquet, coprsident ACP de I'APP, que des questions essentielles sont en suspens appelant des solutions urgentes pour "desserrer les contraintes lies l'offre dans les pays ACP et trouver des resources financires additionnelles pour une applica- tion efficace des APE". Dans la resolution adopte par I'APP sur "l'tat des ngociations des APE", dputs europens et ACP relaient ces messages. Ils soulignent que les APE devraient contribuer en premier lieu au dveloppement socio-co- nomique durable des pays ACP par la pro- motion d'une valeur ajoute plus important des biens et des services products par ces pays. Ils considrent que la liberty des chan- ges rciproques entire les pays de I'UE et les pays ACP constitute un srieux risque jusqu' ce que la comptitivit des pays ACP soit acquise. Les propositions actuelles de I'UE en matire de libre-change avec ceux-ci les proccu- pent, en particulier pour ce qui concern le commerce des products agricoles, car "cette politique pourrait engendrer des problmes pour le dveloppement des pays ACP", notamment pour la scurit alimentaire et le dveloppement des industries locales. Partant, les parlementaires de I'APP se serrent les coudes pour demander I'UE de ne pas "exercer de pressions indues sur les ACP" et de "prendre les dispositions voulues pour qu'au cas o les ngociations ne seraient pas termines d'ici au 1er janvier 2008, les exportations actuelles des pays ACP vers I'UE ne soient pas interrompues avant d'aboutir un rglement dfinitif". Toutes les alternatives possibles, prvues par l'Accord de Cotonou (article 37) pour les pays ou regions ACP qui ne souhaitent pas signer un APE afin de ne pas tre pnaliss, doivent tre dment examines, rappellent les dputs la Commission. Et l'amliora- tion des rgles d'origine et des accords non rciproques (comme l'accs au march euro- pen sans droits de douane et sans quotas, prvu par l'initiative "Tout sauf les armes" en faveur des pays les moins avancs) sont parmi les options creuser. Le Commissaire au Commerce Peter Mandelson a par ailleurs oppose une fin de non-recevoir la demand de I'APP de dispo- ser de sommes additionnelles pour les Etats ACP, rappelant l'engagement pris par I'UE de porter 2 milliards d'euros d'ici 2010 l'aide au commerce alloue chaque anne aux pays en dveloppement. Une large part de cette envelope ira aux Etats ACP, en plus de l'enveloppe prvue dans le FED, pour accom- pagner la ngociation des APE. a C(URRIER ACP-UE Interactions L'Afrique de l'Ouest (Bnin, Burkina Faso, Cap-Vert, Cte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guine, Guine-Bissau, Libria, Mali, Niger, Nigeria, Sngal et Togo), l'Afrique aus- trale et orientale (Burundi, Comores, Djibouti, Erythre, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Ouganda, Rwanda, Seychelles, Soudan, Zambie et Zimbabwe), l'Afrique central (les huit pays de la CEMAC Communaut conomique et montaire de l'Afrique central auxquels s'ajoutent la RDC et Sao Tom), l'Afrique australe (Botswana, Lesotho, Namibie, Swaziland, Angola, Mozambique et Tanzanie), Carabe et le Pacifique. George Abraham Zogo, Sans titre, 1995, huile sur toile cm 55 x 50. Catalogue Zogo, Lai-momo 2001. > Associer la socit ciuile la programmation des resources financires Objet d'un dbat sans resolution, la programmation des resources du dixime Fonds europen de dveloppement dot de 22,68 milliards d'euros pour finance les programmes et projects du partenariat ACP/UE sur la priode 2008-2013, a, elle aussi, t passe au crible de l'examen. Le Commissaire Louis Michel, venu prsenter les prio- rits de cette programmation -bonne governance, construction d'Etats performants assurant leurs populations l'accs aux services cruciaux comme la sant, l'ducation et une justice impartiale, appui aux APE via les enveloppes financires rgionales -a d rpondre la demand qui lui a t faite, d'associer cet exercise les parlements nationaux et la socit civil des Etats ACP. Sans rpondre par l'affir- mative, par souci de ne pas imposerr des procedures des Etats sou- verains", le Commissaire a assur qu'il pourrait iii._.!C" la consul- tation, sans l'imposer. Dputs europens et ACP ont quitt la Barbade sur la promesse de se retrouver cet t pour leur treizime APP. L'Allemagne, qui exerce jusqu'en juillet prochain la prsidence tournante du Conseil des ministres de l'UE, en est l'hte, du 23 au 28 juin 2007 Wiesbaden. a N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Interactions ACP Un sommet extra -ordinaire Sommet ACP Le 5e sommet ACP qui s'est tenu Khartoum du 7 au 8 dcembre 2006, en pleines ngociations des accords de partenariat conomique avec I'UE, a raffirm l'unit du Groupe et son appui la cooperation avec l'Europe. Mais il a aussi rappel que la dimension du dveloppement doit demeurer au cour de ces accords. SSommet de Khartoum. Credit Scretariat ACP. A bien des gards, le 5e sommet ACP est sorti de l'ordinaire. Peu avant l'vne- ment, certain diplomats exprimaient en coulisses leur embarras l'ide qu'il se tienne quelques centaines de kilomtres du thtre de la tragdie du Darfour, en un pays don't le gouvernement tait alors rticent ce que l'ONU prenne le relais de l'Union africaine (UA) pour supervisor un cessez-le-feu, hlas ignor par les belligrants. Et, fait indit depuis le premier sommet ACP orga- nis en 1997 Libreville : le Commissaire euro- pen au Dveloppement, Louis Michel, n'tait pas present Khartoum. Cela dit, mme un niveau plus modest qu' l'or- dinaire, 1'UE et la Commission europenne taient reprsentes au sommet de Khartoum, qui, selon les participants fut "un succs" en terms de parti- cipation. Outre 1'UE, le Commonwealth, la Ligue arabe, l'Organisation international de la Francophonie, la Communaut conomique des Etats d'Afrique de l'Ouest, le Fonds montaire COURIER international, l'Office international des Migrations et deux institutions ACP-UE (le Centre des Techniques agricoles et le Centre pour le Dveloppement de l'Entreprise) avaient dpch des reprsentants. L'Autorit palestinienne tait nouveau au rendez-vous, de mme que le Maroc et le Venezuela. Du ct ACP, la representation fut significative. Outre les incontournables qu'taient l'hte, le President El Bchir, (dsign president du group ACP pour deux ans) et le Prsident mozambicain Armando Guebuza, don't le pays a accueilli le som- met prcdent en 2004, six chefs d'Etat taient pr- sents : Robert Mugabe (Zimbabwe), Blaise Compaor (Burkina Faso), Pierre Nkurunziza (Burundi), Ismal Omar Guelleh (Djibouti), le Colonel Ely Ould Mohammed Val (Mauritanie) et Faure Gnassingb (Togo). Le Gabon tait repr- sent par son Vice-Prsident, Dijob Divungi di Ndinge. Et l'Ethiopie, le Lesotho et le Rwanda l'taient par leur Premier Ministre respectif. > Enforcement de la solidarity intra-HCP, dans la perspective des OPE Les dirigeants ACP avaient du reste choisi d'emble d'affirmer leur volont de consolider l'unit et la cohsion du group, par un dialogue politique et une cooperation intra-ACP renforcs, en un moment-cl : celui o se ngocient des Accords de Partenariat co- nomique (APE) censs introduire progressivement le libre-change entire l'Union europenne et les six rgions ACP partir du 1er janvier 2008. Dans ce cadre, le sommet a constat "avec inquitude" le blo- cage et les incertitudes pesant sur le cycle des ngo- ciations de Doha en course dans le cadre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et attir l'attention sur les "graves repercussions que cette situation aura sur les ngociations avec les APE". S'adressant leurs partenaires du monde dvelopp, les dirigeants ACP ont demand une rforme des > Condamnation du coup d'Etat Fidji Dans la declaration finale du sommet don't la devise tait "Unis pour la paix, la solidarity et le dveloppement durable", les chefs d'Etat et de gouvernement ont ritr leur condemnationn du genocide, du rvisionnisme et de la ngation du genocide, du nettoyage ethnique et de tous les autres crimes contre l'humanit" et exig que les responsables de ces crimes soient punis "confor- mment au droit international". Le sommet a ga- lement prononc une condemnation de toute tenta- tive de prise de pouvoir "par des voies non consti- tutionnelles" et a pris l'engagement ne pas reconnatre les "rgimes issues du recours de tels moyens ; allusion claire au coup d'Etat survenu Fidji le 5 dcembre, condamn d'ailleurs par le Conseil des Ministres ACP ds le lendemain. rgles du commerce qui se traduise par un dmant- lement progressif des subventions agricoles et des soutiens internes qui exercent des effects de distorsion de la production et des changes, notamment dans le cas du cotton. Enfin, les reprsentants des Etats ACP ont estim que les ngociations sur l'ouverture des marchs publics ainsi que sur les questions d'inves- tissement et de concurrence ne devraient s'ouvrir que lorsque leurs pays seront prts le faire. > Dueloppement : cooperation renforce Le sommet a salu "l'engagement de l'UE et de ses Etats membres renforcer les budgets de l'aide au dveloppement" et consacrer 0,56% de leur revenue national brut l'aide publique au dvelop- pement (APD) d'ici 2010 et pris acte de l'accrois- * ilT S "' -, p l ': s Frdric Bruly Bouabr, Srie Diplomatie africaine, dessin, crayon de couleur sur paper. "Afrique Europe: rves croiss". Credit Commission europenne et artiste. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 ACP I Interactions Interactions ACP segment des engagements financiers de l'UE dans le cadre du 10e Fonds europen de dveloppement. La decision de l'UE d'utiliser l'appui budgtaire direct pour finance la ralisation des OMD a t apprcie, de mme que l'initiative europenne de formuler des strategies de cooperation pour les rgions ACP. Des propositions ont t galement adresses aux bailleurs de fonds pour amliorer l'efficacit de l'aide en simplifiant les procedures de l'APD. Invitablement, la question de l'endettement est revenue sur le tapis. "Les cranciers et les dbiteurs doivent partager la responsabilit d'une prevention et d'un rglement efficaces et en temps voulu des problmes d'endettement non viable" ont estim les chefs d'Etat et de gouvernement qui ont raffirm le besoin de rformer l'architecture financire international pour permettre aux pays en dvelop- pement de participer aux processus de decisions la Banque mondiale et au FMI. > Amortir les consequences du choc ptrolier Prenant en compete la cruise nergtique, les diri- geants ACP ont insist sur la "ncessit urgente" pour la communaut international de remdier aux effects sur les cots provoqus par les chocs exog- nes tels que la hausse des course du ptrole, les catastrophes naturelles don'tt celles rsultant du rchauffement climatique), les fluctuations des course des products de base et l'rosion des prfren- ces due la libralisation du commerce. En mme temps, ils se sont dclars "rsolus" crer les conditions d'un enforcement du secteur priv et de la mise en place d'un "environnement propice", soulignant le rle important que peut jouer la Banque europenne d'Investissement. Les dirigeants ACP ont invit leurs partenaires les aider adopter des politiques et des measures aptes rsoudre les problmes de scurit alimentaire. En matire de dveloppement social, les dirigeants ACP se sont dits rsolus mettre en uvre des poli- tiques rpondant aux besoins des couches les plus vulnrables, notamment en matire d'ducation et de sant. La priority l'accs l'eau potable et l'assainissement a t raffirme de mme que le soutien aux activits de la Facilit ACP-UE pour l'eau don't le maintien du financement sous le 10e FED a t requis. Le drame constitu par l'afflux de migrants ill- gaux originaires de leurs pays dans l'archipel des Canaries a incit les chefs d'Etat et de gouverne- ment des Etats ACP lancer un appel au dialogue avec l'UE pour mettre en place des "mcanismes justes et responsables" afin de grer la question, dvelopper le potential des migrants et soutenir les contributions des diasporas au dveloppement des pays d'origine. Les questions environnementales ont aussi occup le devant de la scne. L'appui la mise en uvre du Protocole de Kyoto a t raffirm et les dirigeants ACP ont rafrachi la mmoire des Europens en sou- lignant la ncessit d'assurer la mise en uvre d'une decision adopte par les ministres ACP-UE en 2005 visant crer une facility ACP-UE pour les catastro- phes naturelles. Ayant l'esprit la tragdie survenue en aot Abidjan, ils ont condamn le transport et le dversement de dchets toxiques dans les rgions ACP. Enfin, ils ont ritr leur preoccupation face la fracture numrique croissante, exhortant les pays industrialists contribuer l'dification d'une socit de l'information plus quitable. F.M. M COURRIER Lhte du Sommet, le Prsident Omar Hassan El-Bchir Credit Secrtariat ACP. ACP-UE Interactions Les diamants de la guerre, encore menaants w.pi Au ler janvier dernier, la Commission europenne a succd au Botswana la prsidence du Processus de Kimberley, P le mcanisme entr en vigueur il y a trois ans don't la mission est de juguler le traffic des diamants de la guerre. Malgr les succs enregistrs, le combat n'est pas termin. L'une des premires tches de la prsidence europenne sera de mettre fin la contrebande de diamants "rebelles ivoiriens". et au Libria ont pris fin avant que n'entre en vigueur le Processus de Kimberley, cr en 2003, associant les Etats pro- ducteurs et consommateurs, l'industrie et les ONG : un sys- tme don't la vocation est de veiller au bon fonctionnement d'un mca- nisme de certification de l'origine des diamants bruts. Objectif : faire en sorte que leur traffic n'alimente pas les caisses des seigneurs de la guerre. Et naturellement, l'extinction de ces guerres a rduit la propor- tion des diamants de conflicts dans le commerce mondial par rapport la production mondiale. Elle est devenue infinitsimale, de 15% selon les ONG ou 4% selon l'industrie, avant 2003, 0,2% actuellement selon la Commission europenne. > ne pas baisser la garde Pour autant, ce n'est pas une raison pour baisser la garde, plaide le nou- veau president du Processus, Karel Kovanda, directeur gnral adjoint pour les relations extrieures de la Commission europenne. Cet ancient diplomat qui, jusqu'au dbut 2005, reprsentait la Rpublique tchque l'OTAN, redoute en effet que la moindre negligence dans la vigilance ne se paie cash. Car tous les diamants de la guerre n'ont pas disparu, rappelle-t-il au "Courrier". "Nous avons des raisons de penser que les diamants ivoiriens, prove- nant des zones rebelles de ce pays, sont couls sur le march mondial via le Ghana et y reoivent de manire impropre des certificates attestant leur origine ghanenne" explique Karel Kovanda. De ce fait, la tche de la Commission va consister veiller la bonne application du plan d'action que s'est engag mettre en euvre le Ghana au course de la dernire plnire du Processus, Gaborone (Botswana) en novembre dernier pour renforcer les contrles internes et empcher ainsi que des diamants rebelles ivoiriens mls des diamants ghanens ne soient "blanchis". Pour ce faire, le Ghana va bnficier de l'expertise de gem- mologues capable de dterminer d'aprs leur couleur et leur puret, si les diamants des "colis" certifis par le Ghana et accompagns de docu- ments scuriss sont bien de cette provenance. Un autre dfi reliever sera de vrifier si la rebellion en Rpublique Centrafricaine, a pu avoir accs aux gisements alluvionnaires de la rivire Lobaye. Selon les responsables du Conseil suprieur du Diamant d'Anvers (Belgique), principal plaque tournante du commerce mondial, un autre mrite du Processus est qu'il a permis d'accrotre les recettes d'expor- tation des pays les plus affects par la fraude comme la Rpublique N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 (rb13 Interactions ACP-UE r _Dmocratique du Congo (RDC) et la Sierra Leone. Cela provient du fait que pour capturee" les diamants de la guerre, le mcanisme faisant d'une pierre deux coups empche l'ensemble des diamants illicites d'tre recycls dans le circuit lgal. Car les gemmes de contrebande et celles qui servent au financement de groups arms ou terrorists sont considres comme faisant parties d'une seule et mme catgorie. Fort du succs du Processus, Karel Kovanda voudrait s'en inspire pour empcher que le commerce d'autres matires premires, comme les autres pierres prcieuses, ne serve galement a finance des conflicts. En mme temps, il est conscient qu'on ne peut appliquer la recette Kimberley telle quelle d'autres products, en raison des spcificits propres au diamant (ratio valeur/poids, degr de transparence du mar- ch, etc.). Le context pour une telle rflexion est d'autant plus propice, . dit-il, que l'Allemagne qui assume en 2007 la prsidence du G8 a inclus l'Afrique, premier fournisseur mondial de diamants et la question du lien entire les guerres et les resources naturelles parmi ses priorits. La Commission europenne entend galement poursuivre la consolida- tion du Processus, en renforant la transparence et l'exactitude des sta- tistiques du commerce de diamants bruts. L'observation de ces donnes relatives est crucial car dans le pass, elle a permis de dtecter des flux suspects de marchandises. Outre cette volont d'amliorer la traabilit des diamants, l'ambition de la Commission est d'augmenter l'efficacit du mcanisme en largissant le club des 47 membres du Processus (reprsentant 71 Etats). Karel Kovanda entend aussi d'ici la fin de l'an- ne faire en sorte que tous les pays membres aient fait l'objet d'une va- luation dans le cadre des "revues par les pairs" entreprises par les repr- sentants des autres pays, des ONG et de l'industrie. > Intgrer les creuseurs artisanaux au processus ..w Cela dit, le Processus de Kimberley n'a pas mis fin toutes les violen- ces lies l'exploitation du diamant. Mme en l'absence d'insurrection, les affrontements entire creuseurs clandestins et agents de scurit des ::- companies minires ou militaires, en RDC ou en Angola notamment, se rvlent parfois meurtriers. Kovanda n'en disconvient pas mais considre qu'il ne faut pas trop exiger d'un systme conu pour rsou- dre le problme spcifique des guerres finances par la contrebande de diamants. Toutefois, il se dit prt explorer les pistes pour une ven- r. tuelle contribution du Processus de Kimberley la resolution du pro- blme des violations des droits de l'homme autres que celles gnres par des movements rebelles finanant leurs activits par la contre- bande de gemmes. Karel Kovanda songe galement intgrer dans le Processus, les asso- ciations de creuseurs artisanaux qui, en Afrique, constituent l'crasante majority des travailleurs oprant dans le secteur de l'exploitation du diamant alluvionnaire. "La lgalisation de la situation des mineurs allu- vionnaires est certainement l'un des aspects auxquels nous devons nous intresser. Ce n'est d'ailleurs pas par accident si, lors de la dernire ru- nion plnire du Processus Gaborone, il a t dcid de crer un group de travail special sur l'exploitation du diamant alluvionnaire", comment le nouveau president du Processus. "Ce ne sera peut-tre pas Freddy Tsimba, Corps en mutation, 2006, 202 x 106 x 54 cm, mtaux. pour cette anne mais tt au tard, il faudra qu'on se penche sur la ques- "Afrique Europe: rves croiss". Credit Commission europenne et artiste. tion des conditions de vie et de travail des travailleurs du secteur allu- vionnaire", conclut Karel Kovanda. F.M.* *Co-auteur avec Olivier Valle, du livre Les Gemmocraties : l'conomie politique du diamant africain, Descle de Brouwer, Paris 1997 COURRIER Interactions Agenda Juillet Dcembre 2007 Juillet 2007 > 01-03 Sommet Union africaine. Accra, Ghana africa-union.org > 01-04 Vingt-huitime Session de la Conference des Chefs d'Etat et de gouvernement de la Communaut des Carabes. Bridgetown, Barbade www.caricom.org > 09-11 Forum mondial sur la Migration et le Dveloppement Bruxelles, Belgique www.agfmd-fmmd.org fot 2007 > 01-02 Runion ministrielle des pays ACP du Pacifique consacre au Commerce. Port Vila, Vanuatu www.forumsec.org Septembre 2007 > 10-13 9e Session de l'Assemble parlementaire ACP. Bruxelles, Belgique > 26-27 IV runion des Ministres de CE-CARIFORUM sur les ngociations APE. Carabes, place tablir Arrivera-t-on un accord avant la fin de l'anne ? www.caricom.org Octobre 2007 > 01-11 54e Session de la Confrence du Commerce et du Dveloppement (CNUCED). Genve, Suisse www.unctad.org > 08-10 Runion des Ministres du Commerce ACP. Bruxelles, Belgique L'occasion pour les six groups rgionaux de faire le point sur les APE www.acp.int > 28-02/11 12e Confrence mondiale des lacs. Jaipur, Inde De la science la culture des lacs, l'Inde accueille Jaipur la 12e Confrence mondiale des lacs, organise par l'organisation non gouvernementale Commission environnementale international des lacs www.taal2007.org > 31-02/11 Confrence international sur la gestion ctire. Cardiff, Royaume-Uni Un rendez-vous ne pas man- quer pour les gouvernements et ingnieurs civils en ces temps de pressions exerces sur les zones ctires > 23-07/11 8e Session de la Confrence des Parties la Convention sur la lutte centre la dsertification. Madrid, Espagne www.unccd.int nouembre 2007 > 02-09 Journes du Dveloppement 2007. Lisbonne, Portugal > 14-16 10e Session de l'Assemble parlementaire ACP. Kigali, Rwanda > 17-22 14e session de l'Assemble paritaire ACP-UE. Kigali, Rwanda www.acp.int > 23-25 Runion des Chefs d'Etat du Commonwealth. Kampala, Uganda "Transformer les socits du Commonwealth pour raliser le dveloppement politique, cono- mique et human" est le thme de la runion bi-annuelle des 53 Chefs d'Etat du Commonwealth, Kampala. Des sessions sont galement prvues pour les hom- mes d'affaire et les jeunes. www.chogm2007.ug www.thecommonwealth.org Dcembre 2007 > 03-04 Confrence "Diasporas et com- munauts transnationales". Wilton Park, Royaume-Uni Comment les diasporas contri- buent au dveloppement de leur pays hte et leur pays d'origine www.wiltonpark.org a I I Une journe dans la uie de Louise fssomo Une jeune Camerounaise, coqueluche du stylisme belge Louise Assomo est en train de devenir la coqueluche de la nouvelle gnration du sty- lisme de Belgique. Ce n'est pas peu dans un pays riche de grands crateurs comme ceux de l'"cole d'Anvers" comme Ann Demeulemeester, Walter van Beirendonck, Dries Van Noten ou Marina Yee qui ont conquis Paris et Londres. es atouts d'Assomo : le raffinement, la sensualit et le confort de ses habits et l'originalit de ses accessoires. Et sa fine attention pour les dsirs de cel- les qui portent ses crations. Louise Assomo est dbordante d'imagination. Quand la plu- part des crateurs prsentent une game leurs dfils, elle joue sur plusieurs octaves s'essayant parler le language de femmes diverse. Son credo : s'inspirer de la femme pour crer et non de fantasmes de creatures irrelles pour y entrer les femmes, come le font surtout, reproche-t-elle, les stylistes hom- mes. "La femme est l'objet et le sujet de mon inspiration. Je veux qu'elle s'y senate bien." Mme quand elle est prise dans les contingen- ces de la vie. "Ma collection est, je dirais, heu- reuse pour des personnel peut-tre tristes." > Euanescence et uolupt Les silhouettes de Louise Assomo sont fluides, robes flottantes presque nuageuses, vanescen- tes ; ou sculptant le corps, piquantes, voluptueu- ses. Toutes sensuelles sur des registres diff- rents. Toutes avec un ptillement accentu par des accessoires faisant come parties intgrante de l'habit, pendentifs artistiques suspendus dans l'aura de la femme, faits de plumes, volutes de crpes, chanettes lgres, petites images du rve pregnant corps, confectionnes par la styliste elle-mme. Et ses sacs, et ses chaussures per- les, peintes, brodes, avec de la passementerie et autres fantaisies dlicates. Glamour mous- till de parfum d'ironie ! Et elle sait tout faire, du croquis au placement du dernier bouton. Elle ne se dit fire que de cette quality d'artisan. Frache moulue de la Haute Ecole Francisco Ferrer de stylisme de Bruxelles, Assomo avait gagn le prestigieux prix de l'Escarpin d'or Paris pour ses chaus- sures. Elle a t finaliste cette anne pour le Prix du meilleur jeune crateur belge de l'an- ne. Elle cumule les distinctions. Et elle sduit. Le public, les professionnels, la press. Celle-ci a t dithyrambique aprs cha- cun de ses deux grands dfils personnel en juin et en novembre 2006. Non seulement la press spcialise mais le grand quotidien francophone Le Soir par example dans son supplement "Victoire" ou l'hebdomadaire de rfrence, Le Vif L'Express qui a slectionn la photo de sa boutique pour illustrer l'vne- ment annuel "Parcours de stylistes" de Modo Bruxellae. Jusqu'au Vogue de Tawan. L'hebdomadaire grand public de Bruxelles, "Zone 2" est catgorique : "Louise Assomo n'en est qu' ses dbuts, mais fait dj parties des grands noms de la mode belge". > L'lan du danseur Elle compete parmi ses clients des icnes come Emilie Dequenne, Palme d'or Cannes pour "Rosetta" des frres Dardenne. La force de ce brin de femme, c'est qu'elle n'a pas le "dikke nek", come dit l'argot bruxel- lois, la grosse tte. Elle semble voluer avec l'lan du danseur, rapide jamais prcipit, vire- voltant calmement, dcid sans obstination. Son stress, qui ne peut pas ne pas exister, est insouponnable. Doucement, je suis press ! Autant dire qu'une journe avec Louise Assomo, c'est une respiration. Rveil un peu tardif pour une lve-tt, vers 9 heures. La nuit ayant t longue, jusqu'aux petites heures du matin ; pour cause de "Love Fashion", la fte d'ouverture du Salon belge de la Mode (BFF, Belgian and Brussels Fashion Fair). Heureusement qu'elle ne boit jamais d'alcool. Precipitation pour tre au Salon 10 heures o elle partage avec d'autres jeunes crateurs talentueux, l'Espace Pigmentum mis leur disposition en guise de satisfecit pour leur crativit. "C'est certainement pour moi, qu'ils ont dnomm l'espace Pigmentum", ironise-t-elle. Louise Assomo tient salon dans le carr COURIER Zoom rserv son entreprise. Notre conversation est vite devenue un forum avec Isabelle sa jolie et intelligence stagiaire et deux autres sty- listes prometteuses, Htsniye Kardas et Natascha Cadonici. Sur l'interdiction par l'Espagne du recours des mannequins ultra- maigres dans les dfils de mode. A notre grand tonnement, les quatre cratrices approuvent des deux mains. Louise Assomo limited d'ailleurs volontairement ses tailles infrieures au 36. Pour ne pas tre complice des dgts que la sublimation de l'anorexie fait sur des jeunes filles fragiles. L'aprs-midi va tre tout autre. Accompagn de son homme, la fois son conseiller et com- police, elle a rendez-vous dans un petit village une trentaine de kilomtres de Bruxelles. Dans une caverne d'Ali Baba. Le magasin des Stragier, tisserands de pre en fils depuis tou- jours. Assomo y dcouvre comme un monde merveilleux de contest de fe. Ici, toutes sortes de tissus existent, fabriqus pour la plupart sur place. En toutes teintes, finitions, maillages, granulations. Chambray, taffetas, tarlatane, maille mohair, mousselines de soie, crpe Georgette, cachemire, cotons damasss. Une expertise rare, apprcie des plus grands cou- turiers de France qui viennent y commander leurs exclusivits. Nicolas, jeune trentenaire, sduit par la coupe de Louise Assomo dcou- verte dans un magazine, lui avait tlphon pour l'inviter dcouvrir le savoir-faire des Stragier. C'est la premiere fois, dit-il, qu'il ose faire cela "parce que j'tais enchant par votre style". Il allait tre le cicrone attentionn d'Assomo pendant plus de cinq heures, jusqu' la tombe du jour. Le style d'un artisan comme Nicolas Stragier, ce n'est plus du com- merce, c'est de la psychologie, de la fine coute, de l'art. Une espce en voie de dispa- rition. Assomo tait aux anges. En route, nous avons parl d'Afrique. Elle a quitt le continent 16 ans. "Je suis d'origine africaine. Quoi qu'il arrive, a va toujours se ressentir dans mon travail. C'est une nature. Je ne dois pas faire une mode africaine. Je cre en pensant la femme, toutes les femmes. Mais il y aura toujours une nuance particulire, une petite lueur qui suit les silhouettes, qui donne l'ide aux gens que cette fille vient de quelque part. Et quand on me voit, on se dit, a va, ok, on sait d'o elle vient." Et elle sait o elle va ! H.G. M www.louiseassomo.com Boutiques Bruxelles, Anvers, Tel Aviv Page 34 Louise Assomo. Photo Hegel Goutier Collections Assomo Printemps-Et et Automne-Hiver 2007. Photo Hajer, credit Louise Assomo. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Zoom Ce n'est qu'un au reuoir Hommage Isabelle Bassong sabelle Bassong nous a quitts le 9 novem- bre 2006. Pour beaucoup d'acteurs et d'observateurs de la cooperation UE-ACP, elle n'tait pas seulement la doyenne des ambassadeurs ACP et la vice-doyenne de tout le corps diplomatique Bruxelles. C'tait une amie, bienveillante, courtoise, fidle en humour l'ancienne lve du Collge moderne des jeu- nes filles de Douala qu'elle fut dans sa jeunesse. Mais parfois redoutable aussi. Ds lors qu'il s'agissait de dfendre les intrts du Groupe dans des dossiers aussi techniques que la banane don't elle prsidait le group de travail la date de son dcs. Accrdite pour la premiere fois en 1988 auprs des Communauts europennes et des Etats du Benelux, cette linguiste de formation, titulaire d'un DES de la Sorbonne et d'un Masters of Science de l'Universit de Denver, dans cette mme discipline, nomme Secrtaire d'Etat la Sant en 1984, tait la grand-mre du group ACP. Que ses dix petits enfants ne nous tien- nent pas rigueur de cette audace. Isabelle Bassong fut prsidente du Comit des ambassadeurs, participa aux ngociations de la Convention de Lom IV (1990), de la Convention rvise de 1995 et de l'Accord de Cotonou (2000). Paralllement, elle fut conseil- ler du Cameroun, devant la Cour international de justice de La Haye, durant le long conten- tieux qui, de 1994 2004, a oppos son pays au Nigria, propos de la souverainet sur la pninsule de Bakassi. C'est donc, en toute logique que la personna- lit d'Isabelle Bassong et son rang, lui ont valu une somptueuse crmonie d'hommage lors de ses obsques officielles clbres Bruxelles par le nonce apostolique le 28 novembre, dans la basilique de Koekelberg, pleine craquer. En presence de ses proches, du reprsentant du Roi Albert II de Belgique, du corps diplomatique parmi lesquels ses col- lgues ACP et ses pairs ambassadeurs du Cameroun en Europe ainsi que de nombreux membres de la communaut camerounaise de Belgique, la second d'Afrique sub-saha- rienne dans le Royaume (environ 10.000 per- sonnes), aprs, histoire oblige, celle de la Rpublique Dmocratique du Congo. Puis le 16 dcembre, aprs une messe de fun- railles clbre par l'archevque de Yaound, Mgr Tonye Bakot la basilique Marie-Reine- des-aptres, en presence du ministry des Affaires trangres Jean-Marie Atangana Mebara. A ct de sa famille et de ses amis, plu- sieurs membres du gouvernement et un repr- sentant du Prsident Paul Biya assistrent la crmonie, suivie de son inhumation Yaound. Elle avait vu le jour le 9 fvrier 1937 dans le pays Fang, Ebolowa, au sud du Cameroun. A dfaut de son souffle, son sourire nous accompagne encore. Et parmi ceux qui l'ont connue, nul doute qu'en l'accompagnant sa dernire demeure, il s'en trouve qui murmu- rrent : "Ce n'est qu'un au revoir, Isabelle". F.M. M Isabelle Bassong, amie bienvieillante, courtoise, fidle en humour. COURIER 1 e la terre un BOL D'OXYYGEnE pour les nergies REIOUUELABLES Dans la lutte engage contre les changements climatiques, hormis naturellement les pro- ducteurs d'hydrocarbures, les pays en dveloppement dispo- sent, paradoxalement, d'un advantage comparatif. Leur co- nomie, mme prcaire, ne dpend pas outrancirement des nergies fossiles, principles responsables de l'acclration du rchauffement de la plan- te. Le moment rv pour dve- lopper des sources d'nergie renouvelables. Mais les obsta- cles leur dveloppement restent nombreux. A commen- cer par le nerf de la guerre, les finances. Pour y remdier, la Commission europenne a pro- pos un Fonds mondial de capi- tal-risque ddi aux renouvela- bles. Premiers rcipiendaires, et ce ds 2007, les pays ACP. > Inuestir dans les technologies "propres" ea question climatique n'est plus affaire uniquement de pays riches. La dernire runion ministrielle de la Convention international sur le climate, qui s'est droule en novem- bre dernier l'a montr suffisance. Ce n'est pas un hasard si cette douzime confren- ce des Nations Unies s'est tenue -pour la premiere fois -en Afrique. Longtemps igno- re dans les dbats prcdents monopoliss par les affrontements entire pays industrialists qui faisaient et refaisaient leurs comptes afin de rduire leurs missions de gaz effet de serre moindre frais, elle a pu faire entendre sa voix. Tout d'abord parce que la conference de Nairobi a discut du rgime mettre en euvre aprs la premiere priode de measures fixe par le Protocole de Kyoto qui prend fin en 2012. La grande question, toujours ouverte, tait de dter- miner s'il convenait d'inclure les pays en dveloppement dans un rgime qui, pour stabiliser les missions, fait appel essentiellement des mcanismes de march, dits "flexibles", au rang desquels la bourse de carbon. Un autre, le seul, intresse pour l'heure les pays en dveloppe- ment : le mcanisme de dveloppement propre (MDP). Celui-ci permit en ralit aux investis- seurs du Nord de gagner des crdits d'mission en finanant des installations "propres" dans les pays du Sud. A Nairobi, Kivutha Kibwana, le Ministre kenyan de l'Environnement, et pour l'oc- casion president de la Confrence sur le climate, a lanc un appel aux quelques 160 pays partici- pants pour soutenir ces projects. > Le "Cadre de nairobi" S'attaquer aux causes multiples de l'rosion et de la dgradation des cosystmes est une entre- prise de longue haleine. En attendant, les participants la ministrielle de la Convention Climat ont par au plus press. Sous la houlette de Kofi Annan, l'ancien Secrtaire gnral des Nations Unies, ils ont lanc un nouveau mcanisme -le "Cadre de Nairobi" destin aider les pays en dveloppement, en particulier les pays africains, mettre en place des partenariats publics- privs pour soutenir des projects de "dveloppement propres". Ces partenariats pourront s'ap- N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 De la terre puyer notamment sur le Fonds d'adaptation prvu par la Convention Climat pour aider les pays les plus vulnrables aux effects dfavora- bles des changements climatiques, Fonds que les participants Nairobi ont finalement accept d'alimenter. La Commission europenne a de son ct propos sa contribution : un Fonds mondial pour la promotion de l'efficacit nergtique et des nergies renouvelables (Geeref), dot de quelque 100 millions d'euros. "Ce Fonds", a dclar Nairobi le Commissaire europen l'Environnement, Stavros Dimas, "devrait permettre une distribution plus quitable des projects MDP, en offrant du capital-risque des projects d'nergie soutenable de petite chelle dans des pays en dveloppement et acclrer le transfer de technologies pro- pres". La Commission entend doter le Fonds d'une contribution de dmarrage de 80 mil- lions d'euros pour les quatre annes venir, tablant sur d'autres sources publiques et pri- ves pour porter cette dotation au moins 100 millions d'euros. Le Fonds devrait ainsi per- mettre de finance des projects d'investisse- ment valus prs d'un milliard d'euros. En ralit, le Fonds a dj rcolt 112 millions d'euros, les gouvernements italien et alle- mand s'tant engags, Nairobi, y contri- buer hauteur respectivement de 8 et 24 mil- lions d'euros. Les premiers rcipiendaires de ce mcanisme seront les pays ACP qui, ds 2007, devraient bnficier d'un capital-risque de 15 millions. La Commission a dsign la banque thique Triodos International Fund Management en association avec E+Co, pour faciliter la mise en euvre du Fonds, en colla- boration avec la Banque europenne d'Investissement et la Banque europenne pour la Reconstruction et le Dveloppement. > Des nergies en mal de capital Bien qu'ils connaissent un succs rel (du moins dans certain pays industrialists), les projects de promotion de l'efficacit nergti- que et des nergies renouvelables attirent trs difficilement les capitaux commerciaux. Les problmes qui se posent, indiquent la Commission, sont complexes et ont essentiel- lement trait au manque de capital-risque, qui reprsente une garantie important pour les prteurs. Les besoins en capital-risque des pays en dveloppement et des conomies en transition sont estims plus de 9 milliards d'euros, ce qui est bien suprieur aux niveaux actuels. D'o l'importance de mobiliser des fonds du secteur priv. Le but du Geeref est d'aider surmonter ces obstacles. Plutt que de finance directement les projects, il stimule- ra la creation de sous-Fonds rgionaux spci- fiquement adapts aux conditions et aux besoins rgionaux. L'accent sera mis sur les investissements d'un montant infrieur 10 millions d'euros, ceux-ci tant le plus souvent ignors par les investisseurs commerciaux et les institutions financires internationales. Si les sommes investies devaient atteindre le milliard prvu par la Commission, elles per- mettraient de mettre sur les marchs des pays tiers une capacity de production d'nergie "verte" proche de 1 gigawatt, soit de quoi assurer la furniture de services nergtiques un nombre d'individus compris entire 1 et 3 millions et qui supprimerait 1 2 millions de tonnes d'missions de C02 par an. a Une dotation record pour l'nergie L accs I'nergie est une des gran- des priorits de I'UE. Dj en juin 2005, le Conseil ACP-UE donnait son feu vert la creation d'une facility ACP-UE pour l'nergie. Dote d'un budget de 220 millions d'euros, elle doit permet- tre de cofinancer une srie de projects ner- gtiques en faveur des populations les plus pauvres dans les pays ACP grce des par- tenariats entire les secteurs public et priv. La facility financera en priority (60% du budget) les projects d'infrastructure nerg- tique et, parts gales, des projects visant amliorer l'accs des populations rurales des services nergtiques modernes et moderniser les rseaux transfrontaliers. Suivant un appel proposition lanc en juillet 2006, 91 propositions ont t prs- lectionnes. Les projects finalement retenus seront connus au course de l't 2007. http://ec.europa.eu/europeaid/projects/e nergy/index_fr.htm t COURIER De la terre DECHETS TOXIQUES 20 ans aprs, un combat inacheu Vingt ans aprs les premiers scandals sur l'exportation de dchets toxiques vers des pays en dveloppement, comme I'a dmontr la tragdie survenue en Cte d'Ivoire, le cauchemar continue. Malgr les measures prises l'chelon international. Et avec lui, le combat pour mettre fin ce traffic la fois lucratif et meurtrier, notamment au niveau des Etats ACP et de I'UE. t :r I. A 2 installationI.ariabl e ( c ) ve pa u t g i . I. * * C tait en 1987. Pas une semai- ne sans que les dfenseurs de l'environnement ne dnon- cent un nouveau contract ou un nouveau transfer de dchets toxiques vers les pays en dveloppement. Dans un "guide de l'Afrique Occidentale poubelle" tabli en annexe de son livre, l'eurodput belge Franois Roelants du Vivier citait les noms de 13 pays du continent, don't le Nigria, o, 4.000 tonnes de dchets chimiques prove- nant d'Italie furent dcouverts Koko. Ce fut ensuite l'errance de port en port du "vais- seau du poison" allemand Karin B bord duquel, ces fts suintant le PCB furent rapa- tris vers Livourne (Italie). A l'poque, cette croisade a dbouch sur l'adoption d'un arsenal lgislatif destin mettre de l'ordre dans ce commerce dange- reux. Le 22 mars 1989 la Convention de Ble sur le contrle des movements transfronti- res de dchets dangereux et sur leur stockage ainsi que sur l'interdiction des exportations de telles substances par les Etats membres de l'OCDE vers les non-membres entire en vigueur. Puis le 31 janvier 1991, les Etats membres de l'Organisation de l'Unit afri- caine approuvaient leur tour la Convention de Bamako imposant l'interdiction de l'im- portation de dchets toxiques en Afrique, supplant en la matire aux lacunes de la convention de Ble. De son ct, L'UE adop- te en 1993 un rglement relatif la surveil- lance et au contrle des entres et des sorties de dchets dans et hors de l'UE. Enfin, les questions lies au transport et l'limination des dchets dangereux dans la cooperation entire l'UE et les ACP figurent en toutes let- tres l'Article 32 de l'Accord de Cotonou sign en 2000. > Un traffic trs lucratif Mais encore faut-il faire respecter les textes face des individus ou des socits pour qui leur transgression peut s'avrer extrme- ment profitable. A la fin des annes 1980, le cot moyen par tonne d'limination des dchets dangereux tait de 250 dollars aux Etats-Unis, alors qu'un contract pour l'en- fouissement de dchets ne proposait au gou- vernement bninois qu'une compensation de 2,5 dollars/tonne ! C'est probablement ce genre de calcul qu'ont d faire les responsables du dverse- ment en aot dernier dans plusieurs dchar- ges publiques d'Abidjan, de dchets toxi- ques achemins par le navire panamen Probo Koala, appartenant un amateur grec et affrt par la socit de droit nerlandais Trafigura Beheer, dsireuse d'viter les cots important de traitement aux Pays-Bas qui disposent des installations ncessaires, en les transfrant en Afrique Occidentale, constate Greenpeace. > Cocktail meurtrier Les dommages sont considrables. Le dcompte ralis le 13 octobre par le minist- re de la sant ivoirien faisait tat de 10 morts, N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 De la terre de 69 hospitalisations et de plus de 100.000 consultations mdicales de personnel intoxiques par les manations de ces dchets toxiques : 528 tonnes d'un cocktail meurtrier base de ptrole, de sulfure d'hydrog- ne, de soude caustique et de phnols. Encore l'estimation du prejudice total qui comprend aussi la pollution de nappes phratiques, des eaux de la lagune Ebri, des poissons et des products agricoles provenant des lieux contamins, ainsi que des compensations verser aux victims et aux producteurs concerns, n'tait pas acheve la fin 2006. En Cte d'Ivoire l'vnement a provoqu un remaniement ministriel. Les titulaires des portefeuilles des transports et de l'environnement ont t limogs. Une cellule oprationnelle de coordination du plan natio- nal de lutte contre les dchets toxiques et deux commissions d'enqute, national et international, ont t cres par le Premier Ministre, Charles Konan Banny. En marge de l'enqute diligente par l'Agent judiciaire du Trsor en vue de la tenue d'un procs devant la justice pnale, les deux commissions doivent tablir les responsabilits aux niveaux national et international. > Le Commissaire UE l'Enuironnement l'offensiue De son ct, le Commissaire europen l'Environnement, Stavros Dimas a pris une initiative. Ayant appris que l'organisation non gouver- nementale Greenpeace, avait repr et bloqu le 26 septembre le "navi- re de la mort" dans le port estonien de Padilski, Stavros Dimas, s'est aussitt rendu sur les lieux. Le Commissaire a exprim son soutien aux autorits estoniennes qui ont dcid de poursuivre les auteurs de ces transferts illgaux, aprs qu'une fouille du navire a confirm la prsen- ce de substances hautement toxiques bord. Dans la foule, le 23 octobre, le Commissaire propose aux ministres de l'Environnement de l'UE que de tels crimes soient inscrits dans le droit pnal et sanctionns comme tels. Les Etats membres ont hsit embo- I I i il- I. l1iii liil,-ri I'h:L, I :ul.I h'l-,.,r, ,.I'ii i 1i ,i-C, liil ,i ,-ii1i,- ,,, ter le pas au commissaire, arguant que la repression de tels agissements relevait de leur competence exclusive. Mais la Cour de Justice des Communauts europennes a donn raison au commissaire en affirmant que la protection de l'environnement par le droit pnal relevait bien de ses comptences. Fort de cet arrt, Stavros Dimas a dcid d'aller de l'avant. Le 9 fvrier 2007, il propose une nouvelle directive inscrivant bel et bien les cri- mes contre l'environnement dans le droit pnal afin de renforcer, notamment, la lutte contre le transport illegal de dchets toxiques. Pendant ce temps, la justice fait son chemin. Eurojust, une institution cre en 2001 par l'UE pour combattre la grande criminalit, a annonc le 20 octobre avoir entam une coordi- nation pour faciliter les enqutes sur les transports de dchets par le Probo Koala, entire les autorits estoniennes, nerlandaises et ivoi- riennes. > Le sommet fCP condamne Simultanment, la pression a continue monter sur un autre front. A l'initiative de la Cte d'Ivoire, lors du Sommet de Khartoum des 7 et 8 dcembre derniers, les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats ACP ont condamn le dversement de dchets toxiques dans leurs pays. Auparavant, dans une resolution date du 6 dcembre, le Conseil des Ministres ACP a appel tous les Etats mettre en cuvre les accords concernant le dversement de products toxiques ou dangereux, ratifier tous les amendments de la Convention de Ble et prendre les mesu- res lgislatives appropries pour qualifier d'actes criminals la violation des accords internationaux en la matire. La balle est maintenant dans le camp de l'OCDE et de l'UE (Etats membres, Commission et Parlement europen) qui s'adresse la rso- lution. Le combat continue... F.M. M k- lli. Aprs une dcennie de guerres, l'espoir d'une stabili- sation a refait surface en Rpublique Dmocratique du Congo, suite la tenue d'lections pluralistes, les premires depuis plus de 40 ans. Le dossier est consacr aux dfis de la reconstruction, qui, pour tre surmonts, vont ncessiter la poursui- te de la solidarity international. L'enjeu est de dimension continental et plantaire. L'Union euro- penne a rsolument apport son appui ce proces- sus de stabilisation. Quant aux Congolais eux-mmes, ce reportage pr- senate les diffrentes visions exprimes par les princi- pales forces politiques propos de la stratgie de dveloppement mener pour reliever ces dfis ainsi que la nouvelle quipe en charge de la reconstruc- tion du pays. Enfin, l'ampleur des tragdies qui viennent d'tre vcues a t telle, qu'elle a occult d'autres dimen- sions de la ralit congolaise : la beaut du pays, l'ingniosit de ses habitants, la richesse et le dyna- misme de sa culture. Autant de mondes qu'explore ce reportage. eportage Congo RDC Franois Misser Les lfis de la ie t.Ic I himin parcouru aprs un long i.lci. li cmnontant au dbut des annes i'-,,- .1 .ieux guerres, durant lesquel- !i, piicI.lque quatre millions de per- S...iei i. r si ..iii.. iil la faim, la maladie, aux exactions des bandes armes et au dlabrement du secteur de la sant A plusieurs reprises, on a bien cru que les vieux dmons allaient enterrer le processus de stabilisation. Notamment, en aot, quand l'annonce du rsultat du 1er tour de la prsidentielle a donn lieu une bataille range entire les partisans des deux der- niers candidates rests en lice. Mais en definitive, "l'optimisme de la volont" prn par le Commissaire europen au Dveloppement Louis Michel et l'atti- tude des Congolais qui ont voulu croire jusqu'au bout dans la russite du processus, a pay. Certes, "le pari n'est pas encore gagn", disent les sceptiques. Fin janvier, l'lection indirecte de cer- tains gouverneurs, dans des conditions controver- ses, a suscit au Bas-Congo meutes et repression. Le bilan est trs lourd : 137 morts selon l'ONU don't le Secrtaire gnral a rclam une enqute sur ces violence. Certaines zones de l'Ituri, des deux Kivu et de l'Equateur, sont encore cumes par des bandes armes, quoique leur pouvoir de nuisance decline. Dans un tel context, le Congo aura besoin de l'ap- pui extrieur pour entreprendre les vastes chantiers de la reconstruction, notamment pour doter ses for- ces de l'ordre des moyens et de la formation qui leur permettent de faire face de manire proportionne de pareilles situations. Le premier est la reconstruc- tion de l'Etat, don't la majority des fonctionnaires ne peroivent pas de salaires, mais des "motivations" ou des "primes" et sont souvent contraints de "privati- ser" leurs functions. "La main tendue vers le chauf- feur", traduit un responsible de l'inspection provin- ciale de la police de Kinshasa. La tche du nouveau gouvernement don't le Document de Stratgie de Rduction de la Pauvret (DSRP) fina- lis en juillet 2006 par les autorits de la transition constitute la base de la stratgie, est immense. Elle s'ap- puie sur cinq piliers : promotion de la bonne gouver- nance et consolidation de la paix par le enforcement des institutions, consolidation de la stability macroco- nomique et de la croissance, amlioration de l'accs aux services sociaux, lutte contre le VIH-Sida et appui de la dynamique communautaire. Plus de 70% des Congolais vivent sous le seuil de pau- vret. Pour atteindre les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement vers 2015, il faudrait une croissance annuelle du PIB de 10%. Or, le taux a atteint 6,6% en 2006. Selon le DRSP, le revenue mensuel minimum pour subvenir l'alimentation d'une personnel doit tre de 10.000 francs congolais (environ 20 dollars), un peu moins que la solde d'un militaire qui doit presque toujours nourrir plusieurs personnel. Tche impossible. C(URRIER Le Congo s'est enfin dot le 5 fvrier d'un gouvernement issu des premires lections dmocratiques depuis quatre dcennies. Congo RDC eportage En moyenne, le taux d'accs l'lectricit est de 6% et 22% des habitants ont accs l'eau potable. Deux enfants sur dix meurent avant l'ge de cinq ans. On assisted une resurgence d'pidmies contrles ou radiques (rou- .i :geole, peste, polio, cholra) sans parler du sida. Le taux de scolarisation primaire a chut de 92% en 1972 64% en 2002. Les bidonvil- les prolifrent, Kinshasa (7 millions d'habi- tants) mais aussi Mbuji-Mayi, (prs de 4 millions). Des families en sont rduites ins- taller leurs baraques sur des voies ferres Kinshasa. Le chmage oscille entire la moiti de la population active en ville et le tiers en milieu rural. La tenue des lections a t un exploit dans un pays o des rgions entires se sont dmca- a nises. Les taxis-vlos ont remplac mobylet- tes et voitures Kisangani. En Equateur, les routes sont redevenues chemins et la fort a englouti les plantations. En quelque sorte, le pays s'est agrandi. Jusqu' aot 2005, expli- que le patron de la Rgie des Voies Fluviales, Jean-Pierre Muongo, il fallait 40 jours de navigation pour couvrir les 1.700 km sparant Kinshasa de Kisangani, dlai maintenant rduit 15 jours. Pour affronter ces handi- . caps, le gouvernement n'a pas la tche aise. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 eportage Congo RDC L'an dernier plusieurs contre-performances (un taux d'inflation de 18,2% et des dpasse- ments budgtaires) ont entran une suspen- sion des financements du Fonds montaire international, au titre de la Facilit de rduc- tion de la pauvret et de croissance. Ceci peut entamer la capacity du Congo honorer le service de la dette extrieure (13 milliards de dollars), avant que ne soit atteint le point d'achvement, permettant son annulation dans le cadre de l'initiative en faveur des Pays Pauvres Trs Endetts. Selon le gouverneur de la Banque central, Jean-Claude Masangu, de srieuses hypothques psent sur cette anne 2007, du fait de la suspension d'aides extrieures la balance des paiements. Mais les atouts sont tels qu'ils peuvent four- nir les moyens de reliever les dfis. A com- mencer par l'eau, des neiges du Ruwenzori, du fleuve Congo et de ses affluents irriguant la fort quatoriale qui abrite l'extraordinaire biodiversit d'un pays o l'on dnombre 480 espces de mammifres, 565 d'oiseaux, 350 de reptiles et 1.000 de poissons. Cette eau qui irrigua nagure les plantations qui permirent au pays d'tre un grenier, un grand fournis- seur de bois et de products tropicaux d'expor- tation et permettra peut-tre d'en faire un gant sur le march mondial des biocarbu- rants. Cette eau du fleuve qui, s'engouffrant dans le site majestueux du barrage d'Inga, en fait le neud gordien du dveloppement du continent de l'Afrique, avec un potential de plus de 40.000 MW, offrant l'espoir l'Afrique Australe de combler son deficit nergtique. Beaucoup a t dit galement sur le scandale gologique" d'un pays qui recle plus de 70% des reserves mondiales de cobalt, 10% de celles de cuivre, outre l'or, le germa- nium, la columbo-tantalite et le diamant, don't la RDC est le premier producteur en volume, au coude--coude avec le Botswana. Les mines du roi Salomon. Les oprateurs sont dans les starting-blocks. D'ici la fin de l'an- ne, sur le site de la mine de cuivre de Kamoto, va dmarrer un project qui permettra de quadrupler la production national l'ho- rizon 2008. Naturellement, il faudra au pralable revisiter les contracts dits lonins signs pendant les guerres. Les politicians et le nouveau patron de l'entreprise d'Etat Gcamines, l'ont 1;] fe- 1 En haut : Lenfer des transports : bus bloqu et vandalism sur la route Beni-Komanda, dans la fort de l'Ituri. En bas gauche : Fuyant le chmage, par centaines de milliers, les Congolais se sont rus vers l'activit minire artisanale, comme les creuseurs de l'Ituri. En bas droite : A Kisangani, les taxis-vlos ont remplac les mobylettes et les voitures. SPhotos Franois Miss ser annonc. Il faudra restaurer la confiance, scuriser les gens et les biens, "changer les mentalits" a dit le Prsident Joseph Kabila dans son discours d'investiture. Tout ou pres- que est faire. Les provinces minires du Katanga et des deux Kasa, sont l'aube d'une nouvelle revolution industrielle. On sent poindre l'espoir. Ces derniers temps, les grands hotels de Kinshasa affichaient complete. Et la volont politique d'aider le Congo la passionnante entreprise de sa reconstruction a t manifeste fin janvier avec la visit du nouveau Secrtaire gnral de l'ONU qui a dploy dans ce pays le contingent le plus important de casques bleus (18.000 hommes). Malgr les vicissitudes, il y a aussi l'espoir de tirer parti du potential tou- ristique fabuleux du pays. Les plus hardis, comme la PME belge Go Congo, entament des croisires sur le grand fleuve. La vie noc- turne reprend dans celle qui fut Kin Kiese, Kin la joie. L'espoir enfin, ce sont ces hom- mes qui ont prserv l'herbier de Yangambi ou le jardin botanique de Kisantu, banques de donnes du patrimoine. Un autre Congo se profile en pointills. C(URRIER Congo RDC eportage EUROPEEnnE Face aux dfis de la reconstruction, I'UE et ses Etats membres ont d faire euvre de pionniers, dployant tous leurs instruments de cooperation et imaginant de nouvelles formes de collaboration entire Europens et avec les autres partenaires du dveloppement. Ncessit faisant loi, le Congo a t et demeure un laboratoire don't les enseignements pourront tre utiles sur d'autres terrains. ette approche s'est notamment manifes- te dans le domaine de la reconstruction de l'Etat et de l'appui au proces- sus lectoral, pralables indis- pensables la preparation du 10e Fonds europen du dvelop- pement qui, a propos en dcembre le Commissaire au Dveloppement, Louis Michel, devrait voir ses resources pro- grammables doubles 411 mil- lions d'euros pour la priode 2008-2013, par rapport la priode antrieure. Aprs l'opration Artmis (juin- aot 2003) qui a consist scu- riser la zone de Bunia dans le dis- trict de l'Ituri, l'Est, par une force europenne, pour permettre l'ONU de dployer ses casques bleus et ouvrir l'accs des orga- nisations humanitaires la popu- lation locale, la Commission a engag le programme de restau- ration de la justice l'Est, dot de 8 millions d'euros, mis en euvre par 1'ONG "Rseau des Citoyens-Citizens Network". "Tout tait faire. Le parquet tait ferm et la prison ouverte", raconte le chef de dlgation de l'UE Kinshasa, Carlo De Filippi. Il a fallu, exceptionnelle- ment, verser des primes aux magistrats pour qu'ils acceptent de revenir remettre en route l'ap- pareil judiciaire dans une zone o l'Etat avait disparu depuis des annes. L'UE a t aussi un acteur dter- minant dans la russite du pro- cessus lectoral, contribuant hauteur de 80% du cot total, estim quelque 400 millions d'euros don't 165 millions prove- nant de la Commission. Celle-ci a galement finance la Mission d'observation europenne des lections prside par le Gnral Philippe Morillon et soutenu la formation de l'Unit de Police Intgre (UPI) forte d'un miller Rpublique Dmocratique du Congo Int 'lrmirnuns de b ise S\ q_,c'r'h, ' 2 ?.44 885 km2 S j millions e .timiifl .'i n 2.i:5, 1K i i.r :i. 1- 1.1.~ , Lui.inlmbi shi. K;i.iingmii,. Kanan ii.iii. Cima.i d'hommes charge de protger les acteurs de la transition et de scuriser les lections. Actuellement, le Centre National de Traitement de la Commission Electorale Indpendante quip 95% par l'UE, prpare les lec- tions locales sans doute les plus * b-a, ..-i I-r - ~~i. J Iiria.l ek p~r, ehli rsiIuL e., flan ''aI--nei ~:ti~ l i ul. r. ,r-'''' anh--i'. kinnL'aiuncjui`h. iniusulili 11h-, iIB ~1 mlii ,Ii I: h- dM1t ,i:jlis i -srii ~i ti:i '''r I i 2 i'S P i.b' Iiqu -i i i IIir Izu.li i isti l i 'nr S '. 2i iL' i Titi.-le .-n ruI 1 '1 6t .ct/e i'')- 121-1-1 1 ~ r. ~ ~ im ns cuv i.e e.t S r, FI.1i. ['SliP Ii Rla N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 .r/- eportage Congo RDC complexes de tout le cycle, avec un total de 6.000 mandataires lire et une quantit bien suprieure de candidates, confie son responsa- ble, Julien Ramazani. Tous les avis convergent galement pour reconnatre que la Force europenne (EUFOR) dploye de juin dcembre 2006, la demand de l'ONU pour scuriser l'lec- tion Kinshasa, a jou un rle dcisif en aot, pour faire cesser les combats entire les troupes des deux candidates en lice pour le second tour, qui risquaient de tout faire capo- ter. Quelque 25 millions d'euros ont t dpenss par la Commission pour former et quiper les policies qui ont protg les urnes et les bureaux de vote, mais aussi accompagn le matriel lectoral dans tout le pays. Paralllement, dans le cadre de la mission EUPOL, une trentaine de policies europens encadrent l'UPI et des experts europens aident l'Etat congolais jeter les bases d'une rforme de la police. Plus de 10 millions d'euros sont consacrs par la Commission la mise en place d'un comit de suivi entire bailleurs et gouvernement, au recensement des effectifs, l'laboration d'un curriculum pour la formation et l'environnement rgle- mentaire du statut du police. La Commission a galement innov en appuyant le processus de creation d'une arme national intgre, en rhabilitant les centres de brassage des militaires provenant des diffrentes factions et l'amlioration des conditions de vie des families des militaires congolais, abandonnes leur sort. En mme temps, des militaires europens, dans le cadre de la mission EUSEC ont install un systme de paiement des soldes, remplaant la filire antrieure qui suivait la chane de comman- dement et voyait les officers engranger la solde de leurs troupes ou de militaires "fant- mes", peu peu expurgs des listes. Ce sys- tme a permis de reliever la solde de 10 25 dollars mensuels pour le militaire de base. Le but est de mettre sur pied une arme rpubli- caine. Mais la route est encore longue. Il faut encore intgrer 73.000 militaires, explique le colonel Patrick Dave, adjoint du chef de mis- sion d'EUSEC. Tche indispensable. "On peut investor des millions dans le dveloppe- ment, mais quoi cela servira-t-il si les mili- taires congolais continent vivre sur le dos de la population ?" demand Carlo De Filippi. > L'UE intervient galement dans l'appui la bonne governance. Un montant de 33 mil- ________ I -. ...... .. a lions d'euros vient d'tre allou au renforce- ment des capacits et l'amlioration des systmes de gestion et de contrle du Ministre de la Justice et de la Cour des comptes ainsi que pour l'amlioration de la gestion et de l'exploitation des resources naturelles. "Il y a une attente des citoyens. Ici, un type qui a de l'argent, n'a pas besoin de payer un avocat, il s'achte le juge" expli- que Carlo De Filippi. Le secteur priv attend aussi une telle rforme pour investor. En matire d'appui institutionnel, 1'UE coor- donne ses actions avec d'autres bailleurs de fonds. La Commission a particip un fonds fiduciaire administr par la Banque mon- diale, de enforcement des capacits dans les C(URRIER 0a ... - F7 1 =W. Congo RDC eportage secteurs les plus important de la cooperation europenne (infrastructures, sant, environ- nement, protection de la nature, etc.). En matire de conservation notamment, le dfi est considerable, raconte Cosme Wilungula, le directeur de l'Institut congolais de Conservation de la Nature, finance hau- teur de 2,2 millions d'euros par la Commission, don't les btiments taient en course de renovation lors de notre passage. Les diffrents groups arms sont en train de dcimer les hippopotames du parc des Virunga, la frontire rwandaise et les rhino- cros blancs du parc de la Garamba, la fron- tire soudanaise, dans l'indiffrence des dci- deurs. De surcrot, les parcs sont envahis par les creuseurs artisanaux et des socits mini- res ont obtenu des concessions l'intrieur de certaines reserves. C'est pourquoi, la Commission a allou 5 millions d'euros pour la rehabilitation des aires protges ainsi que pour la formation, la paie et l'quipement de 500 gardes nationaux dans le parc des Virunga, outre d'autres interventions dans le cadre du programme regional ECOFAC, don't le volet congolais se monte 15 millions d'euros. Un million d'euros a t accord par la Commission pour l'appui l'Ecole rgio- nale des forts tropicales ERAIFT, situe sur le campus de l'universit de Kinshasa qui forme des cadres africains en gestion des co- systmes forestiers, don't les nouveaux bti- ments ont t inaugurs en fvrier. La Commission a invest 108,6 millions d'eu- ros pour l'entretien sur la route national 1 entire Kinshasa et Kenge (Bandundu) et pour la rehabilitation des voiries et du rseau d'eau potable Kinshasa. De tels travaux sont cru- ciaux pour garantir l'approvisionnement de la capital en denres vivrires. Le mauvais tat des routes occasionne en effet sur certain axes, des pertes de marchandises due leur pourrissement, allant jusqu' 70% du total, explique un responsible du project. Prs de 300 km de pistes sont en train d'tre rhabili- tes en Equateur ainsi que des routes de des- serte agricole au Kasa, en partenariat avec la cooperation technique belge (CTB). Un pro- gramme de dveloppement urbain de 22 mil- lions d'euros, est l'instruction, pour l'assai- nissement, la gestion des dchets solides, la lutte antirosive et le courage et la rhabilita- tion des ouvrages de drainage Kinshasa. > : Dans le cadre de la Facilit pour l'eau, deux projects d'adduction d'eau potable gestion communautaire sont envisags Mbuji-Mayi et Kinshasa. "La Commission a allou 5 millions d'euros pour la rehabilitation des aires protges ainsi que pour la formation, la paie et l'quipement de 500 gardes nationaux dans le parc des Virunga". Couverture forestire de la RDC avec les aires protges et les projects de I'UE. Image satellite produite par le "Joint Research Centre" de la Commission europenne, dans le cadre du project TREES. La Commission est aussi prsente sur le ter- rain de la sant avec un programme de 80 millions d'euros dans les provinces du Nord Kivu et des deux Kasa ainsi qu'en Province Orientale, visant au enforcement des capaci- ts et la mise en place du systme national d'approvisionnement en mdicaments. Un programme de rehabilitation d'urgence de 65 millions d'euros a t approuv en 2006 pour l'Est, meurtri par la guerre. Il concern la rfection de routes et de pistes rurales per- mettant d'vacuer les products agricoles vers les marchs, l'assainissement et la furniture d'intrants agricoles. Objectif : faire le pont entire les programmes d'urgences et les pro- grammes de dveloppement de demain. Le Congo bnficie aussi de lignes budgtai- res de la Commission pour l'aide et la scu- rit alimentaires, le cofinancement des ONG ainsi que des fonds de l'aide humanitaire pro- venant d'ECHO (environ 40 millions d'euros par an). Au total, depuis 2002, le Congo a bnfici de plus de 700 millions d'euros de soutien de la seule Commission. Jusqu' pr- sent, 1'UE a par au plus press, colmatant les brches et prparant le terrain pour un pro- gramme de soutien au dveloppement et la reconstruction qui sera discut avec le nou- veau gouvernement, finance sur les res- sources du 10e FED. L'an dernier, la Commission a pong le plus gros de la dette de la RDC envers la Banque europenne d'Investissement (105 millions d'euros), ouvrant la perspective d'une participation de la BEI au financement de la rehabilitation du barrage d'Inga, aux cts de la Banque mon- diale. Une nouvelle re s'annonce, celle du passage d'"une cooperation de transition" une cooperation plus structure, visant sou- tenir les objectifs du Document de Stratgie de Reduction de la Pauvret, labor en juil- let 2006 par le gouvernement de transition avec le soutien des institutions de Bretton Woods et du programme du nouveau gouver- nement. F.M. l Pour en savoir plus Marie-France Cros et Franois Misser Gopolitique du Congo (RDC), Editions Complexe, Bruxelles 2006 www.editionscomplexe.com N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 eportage Congo RDC autorits congolaises Un consensus runit la majority prsidentielle et l'opposition autour des cinq chantiers de la reconstruction fixs par le Prsident de la Rpublique dans son discours d'inves- titure. Mais les visions different quant aux moyens mettre en euvre. tion, nergie et eau), des pralables sont ncessaires, estime le snateur Andr-Philippe Futa, president de l'Alliance pour la Majority Prsidentielle (AMP) et ancien Ministre des Finances. Il faut d'abord consolider le cadre macro-conomique et ins- taurer la bonne gouverance et l'Etat de droit afin de scuriser les citoyens et les agents conomiques. Une preoccupation exprime haut et fort par l'administrateur-dlgu de la Fdration des Entreprises congolaises (FEC), Henri Yav Mulang qui plaide aussi pour le traite- ment de la dette intrieure envers le secteur priv et pour la rhabilita- tion urgente des voies de communication. Durant la transition, il n'a pas t possible de mener ces initiatives avec un maximum d'efficacit en raison du caractre htrogne du gouverne- ment de coalition, considre Andr-Philippe Futa. La donne a change Congo RDC eportage avec les lections qui ont permis de dgager une majority. "Mais il ne faut pas croire qu'on va tout rsoudre en mettant un milliard de dollars dans les routes" avertit le patron de l'AMP. Il va falloir en effet, s'attaquer aux inefficacits du systme, aux "anti-valeurs" trop rpandues dans la socit et cela prendra du temps, pour- suit-il. Cela dit, l'ex-grand argentier estime que l'on peut mobiliser davantage de recettes fisca- les, en marge des concours financiers des bail- leurs de fonds qui ne devraient pas imposer de nouveaux dlais. En poursuivant l'euvre entre- prise via les contracts de performances passs par l'Etat avec la Direction Gnrale des Impts (DGI) ou l'Office des Douanes et Accises (OFIDA) qui procure la moiti des recettes. Mais cela ne rsoudra pas le problme de la cor- ruption massive, favorise durant la transition par le fait que pour sauvegarder le consensus, les mandataires corrompus n'ont pas t sanc- tionns. On pourrait aussi multiplier les contracts de type BOT (construire, oprer et transfrer) avec les investisseurs trangers, suggre Futa. LUE quipe et forme les 1.000 homes de l'Unit de Police Intgre (UPI). Credit EUPOL. Le dput Sesanga Hipungu, ancien Ministre du plan, aujourd'hui porte-parole du chef de l'op- position et Prsident du Mouvement de Liberation du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, pense qu'il faudrait aller au-del des "perspectives minimales" du Document de Stratgie de Rduction de la Pauvret (DSRP) pour la reconstruction du pays. Selon lui, on pourrait ds 2007 doubler les recettes fiscales en s'attaquant la fraude douanire, en confiant une dlgation de service public une entit prive, en renforant systmatiquement les contrles de marchandises ds l'embarquement pour djouer les marchandages entire douaniers et oprateurs conomiques. La fiscalit dans les secteurs des mines et des tlcommunications est insuffisante. Il faudrait en instaurer une dans le domaine foncier. Il conviendrait galement que la revue juridique, finance par la Banque mondiale, des contracts dits lonins, passs par l'Etat durant les deux guerres, soit utilise par le parlement afin de "restaurer les quilibres", sans pour autant "dstabiliser les oprateurs conomiques". Concernant l'Accord de Partenariat conomi- que (APE) avec l'UE que le Congo ngocie dans un ensemble comprenant aussi Sao Tom et la CEMAC (Communaut conomique et montaire d'Afrique Centrale), le numro un de l'AMP n'est pas inquiet. Dans un pays o la pression fiscal est infrieure 10% du PIB, s'il est engag dans la croissance, on n'assistera pas une baisse des recettes rsultant du dmant- element tarifaire, prvoit-il. A une condition : le Congo doit disposer d'une base statistique solide et d'une comptabilit national correct, ce qui va prendre du temps. Il estime aussi qu'il faudra identifier les branches de l'conomie qui ne supporteront pas une taxe la valeur ajoute trop lourde. Pour Sesanga Hipungu, l'engage- ment d'aller vers un APE avec l'UE est pris. Pas question de revenir l-dessus. Mais il doute que le Congo soit prt pour le rendez-vous de 2008, souhait par la Commission europenne. Ceci dit, l'ouverture du march ne prsente pas que des inconvnients. Il faudra que le tissu conomique et industrial, aujourd'hui dlabr, soit revitalis pour tre comptitif mais la com- ptition avec l'extrieur aura l'avantage d'im- pulser les rformes ncessaires dans certain secteurs, pour autant que la mise en uvre de l'accord soit assortie de measures d'accompa- gnement. Quant Henri Yav, il souligne l'ur- gence de mettre niveau le tissu industrial peu comptitif ainsi que le problme spcifique, pos par le fait que l'ensemble Afrique Centrale qui ngocie l'APE connaisse en son sein plu- sieurs processus d'intgration rgionale, esp- rant cependant qu'au bout du compete, celle-ci s'avrera bnfique. > Sur le terrain politique, Andr-Philippe Futa dplore que le thme de la "congolit" ait t encore rcemment exploit par des acteurs politiques accusant des adversaires de n'tre pas de "vrais Congolais" pour les disqualifier. Le president de l'AMP estime que la double nationalit, si elle tait admise, permettrait aux Congolais de la diaspora de mieux s'ins- rer dans leur pays d'accueil et d'accrotre leur capacity transfrer des remises vers leur pays. Comme le Prsident Kabila, Andr- Philippe Futa considre qu'un "changement de mentalits" est ncessaire pour promou- voir le dveloppement. Il reconnat, en les dplorant, les pratiques de corruption qui ont eu lieu de part et d'autre au course des lec- tions, remarquant qu'il s'agit d'un premier essai dmocratique. Toujours propos de la "congolit", un des thmes de la champagne du MLC, aujourd'hui abandonn, dit-il, Sesanga Hipungu estime qu'il ne faut pas ouvrir "une bote de Pandore". "Si nous devions mettre en place une commission d'enqute pour traquer ceux qui fraudent la nationalit, la classes politique connatrait un vritable tsunami", prvient-il, inquiet des pratiques de corruption qui ont entach selon lui, l'lection de certain gou- verneurs dbut fvrier (lesquelles ont dbou- ch sur les affrontements au Bas-Congo qui se sont solds par un bilan de 137 morts selon les Nations Unies). Le danger est aussi d'ouvrir une cruise de la lgitimit des institutions, considre Sesanga Hipungu qui a le sentiment que la majority ne mnage pas suffisamment d'espace l'opposition. F.M. l N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 eportage Congo RDC Franois Misser Un gouuernement ISSU DES Le gouvernement invest le 24 fvrier par l'Assemble national est le premier issu d'lections pluralistes, depuis plus de 40 ans en RDC. Il a la lourde tche de lancer les chantiers de la reconstruction et de consolider la dmocratie naissante. ndiscutablement, l'investiture du gouvernement, le 24 fvrier dernier, par 295 dputs sur les 397 presents ce jour-l sur les bancs de l'Assemble national a reprsent un vnement majeur pour les Congolais. Non seulement parce qu'il est le pre- mier gouvernement tre issu d'lections pluralistes depuis plus de 40 ans mais aussi parce qu'en raison des luttes intestines au sein de l'quipe de transition, don't certain membres se combattaient les uns les autres durant la champagne lectorale, il n'y avait pas eu de conseil des ministres dans le pays depuis six mois. Une singularit de ce gouvernement est qu'il rassemble plusieurs gnrations de la politique congolaise, du vtran de la lutte pour l'in- dpendance qu'est le Premier Ministre Antoine Gizenga, octognaire, compagnon de Feu Patrice Lumumba jusqu'aux hritiers des princi- paux acteurs de l'histoire du Congo indpendant. En effet, le fils de Feu Laurent-Dsir Kabila, Joseph, lu par plus de 57% des votes exprims au second tour de la prsidentielle du 29 octobre, se retrouve dans le mme camp que le fils de l'ancien dictateur, Mobutu Sese Seko, Franois Joseph Nzanga Mobutu, nomm ministry d'Etat l'Agriculture. Runissant les fils de personnalits aussi antagonistes que le furent les dfunts presidents Mobutu et Kabila, le nouveau gouvernement, est forcment le rsultat d'un compromise entire les hommes. Mais aussi au niveau des professions de foi affiches durant la champagne lectorale. Sans surprise, le programme prsent par le Premier Ministre l'Assemble, le 22 fvrier dernier, reconnat que "le libre jeu du march peut servir d'instrument pour la croissance". Ce qui n'tonne gure de la part d'une quipe qui compete en son sein l'an- cien administrateur gnral de la Fdration des Entreprises congo- laises, Athanase Matenda nomm aux Finances. Mais en mme temps, le programme estime que le fonctionnement du march doit tre tempr par une volont politique axe sur les "valeurs du socia- lisme" : solidarity, justice distributive et galit des chances. Rsultat : le modle prn est celui, trs centriste, d'une "conomie social de march" selon les propres terms du Premier Ministre. Corollaire de la volont d'inclure plusieurs sensibilits politiques, ce nouveau gouvernement a parfois t qualifi de plthorique par ses dtracteurs. Il compete 60 membres, don't six ministres d'Etat, 34 ministres et 20 vice-ministres. Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Dmocratie du Prsident Kabila (PPRD) et ses allis contrlent une bonne parties des postes conomiques important (Energie, Finances, Industrie, Economie, Infrastructures, Travaux COURIER Congo RDC eportage publics et Reconstruction), mme si le Parti Lumumbiste Unifi d'Antoine Gizenga a obtenu les Mines et le Budget, ainsi que le poste stratgique de la Justice. Pour satis- faire tout le monde, il a fallu attribuer un grand nombre de portefeuilles et scinder quelques ministres (Energie et Hydrocarbures, Affaires Sociales et Solidarity Nationale). Au risque de provo- quer des chevauchements de competence. C'est d'ailleurs pourquoi la Prsidence de la Rpublique, en mai dernier, a pris une ordon- nance pour clarifier les attributions de cha- que ministre. Ceci dit, la mission assigne au gouverne- ment est d'ouvrir les cinq chantiers de la reconstruction dfinis par le Prsident Joseph Kabila lors de son discours d'investiture du 6 dcembre dernier : infrastructures pour ds- enclaver le pays et relancer l'agriculture en vue d'assurer la scurit alimentaire, duca- tion, emploi, eau et lectricit, sant. Objectif : consolider la paix, construire l'Etat, relan- cer l'conomie, lutter contre la pauvret et les ingalits sociales, mais aussi restaurer "la famille et les valeurs morales". A ces fins, le Premier Ministre entend restaurer une gestion transparent des finances publiques et des resources naturelles. La revision des contracts miniers "lonins" conclus durant les deux guerres (1996-1997 et 1998-2003) et des concessions forestires attributes aprs le moratoire de 2002, auront valeur de tests de la capacity rformer. Reste dgager les moyens de cet ambitieux programme. Le gouvernement entend aug- menter les dpenses de l'Etat de 15,8% du Produit Intrieur Brut (PIB) en 2006 jusqu' 29% en 2009. Le cadrage du programme pour la priode 2007-2011 prvoit un cot total de 14,3 mil- liards de dollars don't 6,9 milliards provien- drait des resources propres de l'Etat et le reste (7,4 mds) de soutiens extrieurs. Mais la mobilisation des aides extrieures va dpendre de la conclusion d'un nouveau pro- gramme avec le Fonds montaire internatio- nal (FMI), aprs la cessation le 31 mars 2006 de ses financements en raison du non-respect des performances de l'Etat et de la non-excu- tion des rformes structurelles et sectorielles, par le gouvernement de transition. En effet, reconnat le nouveau gouvernement, le "pro- gramme relais de consolidation" qui visit remettre l'conomie congolaise sur les rails afin de r-enclencher les financements du FMI au titre de la Facilit pour la reduction de la pauvret et la croissance, n'a pas non plus t excut de faon satisfaisante. Du coup, les nouvelles autorits estiment ncessaire de lancer des "signaux trs forts" la population come ses partenaires. Au plan politique, le nouveau gouvernement aura pour tche d'apaiser le climate encore endeuill par les affrontements des 22 et 23 mars derniers entire la garde du candidate mal- heureux l'lection prsidentielle, Jean- Pierre Bemba, rticent en dmobiliser les lments, et les forces gouvernementales. Le bilan a t estim entire 200 et 600 morts par les diplomats europens Kinshasa qui avaient dplor "un recours prmatur la force" de la part du camp gouvernemental, aprs que le Commissaire europen au Dveloppement, Louis Michel ait estim qu'il ne pouvait "y avoir de milices armes en dehors de l'arme rgulire". Quelques signes de dcrispation sont appa- rus. Depuis le dpart vers le Portugal le 11 avril, officiellement pour raisons sanitaires, de Jean-Pierre Bemba, la tension a cependant diminu sensiblement Kinshasa. Le 25 avril, les dputs du Mouvement de Liberation du Congo (MLC) et leurs allis de l'Organisation pour la Dmocratie et la Reconstruction (ODER) ont mis fin leur boycott des travaux de l'Assemble natio- nale, justifi selon eux par les intimidations don't ils ont fait l'objet. Et alors qu'une parties de l'opposition dnonait une main-mise du camp prsidentiel sur tout l'appareil d'Etat, contre toute attente, le 11 mai dernier c'est l'ancien Premier Ministre de Mobutu, Lon Kengo wa Dondo, candidate d'opposition, qui a t lu Prsident du Snat, appel en cas de vacance du pouvoir, devenir chef d'Etat par intrim. Tout peut arriver au Congo. F.M. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 %rm eportage Congo RDC President de la Rpublique : loseplh abila kabange Premier Ministre : Antoine Gizenga Funji Ministres d'Etat : Aricziuliire Franois lo'eph ,lMobutu Nzanga Nignga.ve Interieuir. DL:entralsation et Se.iifrt Gnral Denis Kalume Numbi .Afires tranlEre. et Cc'ope"cirt in internationcie Antipas Mlbuisa Nyamwii EnserignenJ'ni Superise r et LUniteritheh an. Svla.in Ngabu Chumbu Infhastricturms. TiccII. pr blic et Recoiistniction Pierre Lumbi Okonqcg Alnmt're i dfia ptu le' Pipeifent de, la Repiibliiiie Nkulu r.itumiba kil|c'nil:l Ministres A lii7ne pres le Piinier Ministir : Godefioid lMyolbo r.lprene Defernse nalicnralre et Anciens Corl'battants Chikez Diemu fuistice Georqes Minsay Booka Plan : Olivier kamilttu Etsu Intiratiil rgrinale I|nace GaLa Main|a FinlinLc Athanase rlatenda kyelii iiBudg, Adolphe Muizito Pc'rteeuill leanine Mlabunda LiokL: Efononiie Nationale Silvain I:,el Bihlwa Thihanimala Information, Pres% et Co;rnmurnlictll'i ToussainI Tshilombi Send Indilstrie : Simon Mbo'o Kiamputu CoLerininrce E. tenreur Denis lMbui u Manga Petite.s et Moyenrnes Entreprlses lean Franois Ekoto Panzokc' Tiaanospos et lies ide Cornrninicaiion Rmy Henii KLJeyoV Gatanga Dcloppemrneni Rural. Charles M.lando Nsimba Eii;E-si,7e rent prnirare. sionJaire i prmt;,pfe iiriil r.l Maaire -hl'angu Famba RecherlIhie cientifiir Silvanus Mushi Bionne Sante pifuli.que \- 'itor MakwenIqe kalpu lin Mai Lin kabwelulu Labilo Enerre Salc-mnicn Banamuhere HlldriLcrbiuris Lambert Mende Omalanqa Taiw iil ei Pi oenVinc' soc -iale Mlarie-Annge Lukiana r.luh-,ankol Fonction prblil qe Zphrlin lutu Diaml)u-li-Lusala Aftlre's social's t Soli diril natilone Miartin Bitijula Mlahimba ConJirion tPemrninie Philomnne )rOmatLkLJ Atshakawo AkoLthi Jtines; et c Spolts Pardoinne Kaliba Mlulani|a Aftlres fonciei~r Liliane Panle Kluaba Lrttian f ee t Habitiit LauLJent-Siron Ikenge Lsarmbola iPoste. Tlteph'ones i Tlcirniniaiii tron Kyamusoke Banimuslanqa Eniiironrnemenit Didace Pembe Bokiaga Tourismc : Elias Kakule r.dlbaliinana Cilture et Ait; Marcel MNlenso Nd.odila Droits Hlumarin Eugne Lokwva llwalonia A4tnures Himnanitilire : lean-Claude rl.uyambo kyass Ft ,l:, | |iii:,', dcentralisation congolaise ?I b;l'.- 'll.uuI.I.u I'.-uuu....ilur.juu.- .Ii 'ru. .i~: .:..uuuuuu.- ru.-c liii.- lc i.- i. 11 1.uu Ju.r 1.111: Fr r ui.uir . Ili i~ l. :ii.-..-I-.lIIiiI.. .. l l.-.l.-cil I ili.iili:i I :i iiic .i.l l: l -,il:i: c ::i.: r Fi r -,: r ri -'l i :l i f i- lf lo- si ci i: .. Ic .::ir.:.I lu. :.t-,[ lu r 1 s r r c iclii.:I:.i :ci c. rrci I.i(. c I Queue des lecteurs devant le bureau de vote de la cathdrale S - i .- i.-i I. i i - Crdit IRIN news .-, - COURIER r.:,n, i ,.ri .iIici r l: _, ,n.-rlr.:,n. n'. r:- I., ,, ,rr l r .:.:.e lI- 4,:-rr .i1 .:14 l:.l1 Il, n tl,.'.n r e n'.rr I?- I- r,:, inn,'- I_ lc l I l :, r rnr ln, i 1. 1:_' - ,n,,l :,r ,- : il: : n',r i c : .: l l r ,ll, c, i il I .,,r ,I n'r r l -,,r It.: I n,, ',- le I n'n r. n ,-r nr nn ,n': nn i l i .- , '."lni nt :'"n ] " I n:~' -.: rr r, n'.: .i .. I ,.r ,,.r.:etr 1 ,r - .i r, nn.: n,':- I_ nunnr rs:rn' .:]r dle 4 ..:.n ,, ,n'.'.rn'.:. ,.n.irr c .:,.:.r I ,r, ,. ,l,ln'.., 1 I m f n'nnr :l-nt n'm. .] n n ,n : n ,re,'n- r l. nr mur.r, n . n.'sl n in' n'' n' in I. ..,.n n Iinn' .n :I, nrn,,n I-r ,, n n . i, r e n'.'. IEl, r, l, '..n '. n'n,' n,'n I_ .- ..n-I ,,,- nn , n'n-ln ..nn, n ll - ..,,- n. r en n'. ,rn.'. p. nI .nn -- n'.'l:,lI .r:,r n.'. 11 n'. I: ou en'.'.l: rer .nf ,,,n'. .l re n'., .r,:, in':. l _-, l,, n'..- 1n ln'. u n 1 1. ..:l.l r,,n' .1 .. .si I, :., r .:16 I 4 -- n',', ,1 n', rs,:,n', l ,:.n h. n n, r er- l r,:. ', ,n ,: 1 un',, f-- n',. ,,l, lr,, nnnnl: 1e I le ,,:.ni ,:,nl ,- n trn l 1 .a i I r ell lr, ,r ll, r s1h ,1, iu .:j n a re ,,,- r..:,n'. 14. ] rr .:1ele g r..l r,,n. i r le I.,,:.ni ,:.r ,, .11n'. I - i *-1. 1 1 6 .:l .n .:l n':. I 11l re. ll t n tln are 3..,:,l ,, I:n'. ,-, l . -u r la le. p -IM rs.:,n' .. ir n'., le a r r,. .nire I,:. .r,:, in':. l in' .,n'.'.l rd l:.I 1 e, l. : I,: r r. ll. n' .n'r: n' r n, n' u . r n' i.lI .r al:,r,.:. .g .:1 i 1.'e n .:..r ..111'. 1 I n''n -.nr6 ,,. n d \ II ', ,''ll r 1111 h r1 ,-t.1 116 *.' i1 *(I ( f': r. I L, rn'.'. .m1u I rr i r,:,l :, ,- i, r I :,n .- r sr r..,n r. ..: .r, I n' :. I.1 .mi,- n'. te n'..n'.' a-. l .n t -,,n. .1:1, 1 r .r is. n.. 14 sn'. ra tr .nr in. re.g.l .,n'. lh ,.au ..n. ,- n. irr lh -. 1 re n'.' d, r I. u r L, n. -.,n'H.: ]n '.- I n .r, ,. hlu t .it. * t- .'L' I. L',. L ',t z .r I_.,hr.+,. ,_l H gr I 11 o.+ r ,1 Ir ,l r ,-_I +.,I+ r ,. .+, I rJ, ,.1 , l ,1 t , , ,: r ,:, r,:,I I ,1 I 1-.i, I I j ii i if in l' h I 'iI i I iii I _____________' "''~ N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Congo RDC eportage i eportage Congo RDC Culture Gant sur les domaines des mines, de la biodiversity, de par son potential hydro-lec- trique et agricole, le Congo l'est aussi sur le terrain de la musique. Mais deux guerres et prs de deux dcennies de dclin conomique ont eu un impact inevitable sur les conditions de la creation. Une nouvelle gnration relve la tte. algr la cruise profonde qui a affect le pays, le Congo continue, des lustres aprs les Grand Kall, Wendo et autres Franco, inonder l'Afrique du son de la rumba. Pas plus tard qu'en janvier, Papa Wemba et son orches- tre "Viva la Musica" ont encore engrang un grand succs lors d'une - tourne au Kenya. Et la voix grave sertie dans les cheurs aux accents , religieux de Koffi Olomide est dj entre dans la lgende. Mais la richesse de la musique congolaise, qui puise notamment dans le regis- _ tre traditionnel et les chorales d'glises et dans l'apport afro-cubain, ne s'arrte pas la rumba. Une nouvelle gnration merge, avide de sens, dsireuse d'exprimer dans la forme et dans le fond les proccupations d'une population meur- trie par la misre, la violence et les "tracasseries". Au nombre de ses reprsentants, Jean Goudal, quip de sa seule guitar sche, la dgaine dsinvolte, casquette de joueur de base-ball et veste de chasseur d'Afrique de l'Ouest. Tour tour amer ou drle, il pousse la chanson tel 1 un jeune Brassens tropical, voquant les "shgus", enfants ou jeunes adults des rues de la capital. Improvisations vocales jazz type trompette bouche et air de reggae. Du neuf dans Kin, qu'ont pu dcouvrir les spec- tateurs du concert "musiques croises" organis fin janvier par le Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, faisant apparatre d'autres figures de proue de cette "autre musique" don't Jonas Lokas, un ancien rumbiste de Choc Stars, prside l'association. A ct de cela, merge aussi un jazz congolais, don't l'orchestre "Ya Kongo" est l'un des reprsentants, qui revisite la base musical traditionnelle de plusieurs rgions du pays, avec des harmonies nouvelles, introduisant pour la premiere fois la flte tra- versire dans la musique kinoise. -l1l Selon Lokas, cette qute de nouvelles formes rpond un besoin du public, dsireux d'alternatives la "rumba dfouloir", au point qu'il rcoute les vieux morceaux dans les bars de la cit. Elle rpond aussi au vu de ces artistes d'aller vers le spiritual, pas forcment la manire des mI.' chanteurs vangliques tels Marie Lisambo ou Charles Mumbaya, don't les ventes sont portes par la conviction des fans/fidles qu'en achetant une cassette ou un CD l'on soutient l'euvre de Dieu. Nanmoins toute cette richesse est assortie d'un terrible paradoxe : si l'on except les gra- veurs artisanaux, volontiers pirates, la musique congolaise utilise le plus s souvent comme support des CD imports d'Europe et d'Afrique du Sud. P o s L'industrie du disque, encore florissante dans les annes 1980 a disparu. COURIER Congo RDC eportage "Or, il faut s'engager dans l'industrie culturelle. Nous n'avons pas le choix. L'Etat doit mettre la main la poche", estime Lokas. Qute de sens, de spirituality. La dmarche se retrouve aussi dans la peinture, nagure domi- ne par le genre dit "naf' ou "populaire", pro- che de la BD, des Mok, Tshibumba et Chri Samba, auteur de la clbre fresque du quarter Ixelles/Matonge Bruxelles, avec pour chef de file, Roger Botembe, galement l'un des plus clbres collectionneurs de statues et de masques du pays. Il s'en inspire dans ses toi- les, rencontrant invitablement Picasso et les cubistes. A ceci prs, dit-il, que lui va au-del En littrature, en total rupture avec le prince du roman noir, Achille Ngoye ou avec une valeur sre comme le romancier Yves Mudimbe, Hubert Kabasubabu, dans son roman d'anticipa- tion "Kinshasa: la dernire explosion n'aura pas lieu" (L'Harmattan, Paris 2006), veut rompre avec le fatalisme de "l'intellectualisme de la cruise Il dpeint un Congo qui, en 2025, a exor- cis les dmons du dfaitisme, guid par les sociaux-dmocrates chrtiens pentectistes. Le modle dcrit d'une conomie qui s'est dote d'une industries d'armement florissante et de plantations industrielles tournes vers l'exporta- tion fait hurler certain. Mais reconnat le pre jsuite Martin Ekwa, fondateur du Centre d'Action pour Dirigeants et Cadres d'Entreprise En haut: Chri Samba, le coquin de la peinture populaire. En bas gauche : Euvre de Roger Botembe En bas droite : Roger Botembe, l'initi, la recherche de l'identit perdue. Photos Franois Misser des formes, vers le spiritual, la recherche de la beaut intrieure, pas de l'esthtique pure, en recourant systmatiquement la trilogie du rouge, couleur de la rjouissance, du noir, la vie sur terre, et du blanc, domaine de la plni- tude, "o se cachent les anctres". Cette qute l'a men en Haiti la (re)dcouverte des rites vaudous comme le "Fula", qui insuffle la puis- sance de la vie, don't l'origine remote au Congo, o on l'appelle "Fula Ngende". Peintre de l'esprance, Botende veut ramener les Congolais qui, dit-il, souffrent d'une perte de leur identity en parties l'origine des guerres que le pays a connues, vers la source de leur culture. Objectif stratgique, car "il n'y a pas de dveloppement sans creation", dit Botembe, qui a attir une pliade d'artistes dans ses ateliers, aprs le naufrage de l'Acadmie des beaux-arts en 1992. A l'instar de Lokas, Botembe appelle les dirigeants revaloriser la culture, exprimant sa frustration en signant ses tableaux l'envers... *, iiL i. i i ,I, i d E| it i d !il! ut lEl- l.iiii (.i .nl~!ii!i c ii i !i.'.i i i. M ii .i ii. .- i au discours contre la faiblesse du systme duca- tif prtendument l'origine de cette cruise" En ralit, estime-t-il, l'origine du problme rside dans la destruction du systme rsultant de l'ta- tisation impose par Mobutu, remplaant les cri- tres professionnels par ceux de l'infodation au pouvoir et de l'indiffrence des politiques voire de la socit civil envers l'cole abandonne et sinistre. Tout remote, selon Ekwa, la peur que l'universit ne reverse le pouvoir. Mais on va en avoir besoin. Il appelle de ses veux une cole suprieure de gestion tandis que l'archev- que de Kisangani, Monseigneur Monsengwo cherche rallier des soutiens son project de creation d'une cole de formation des cadres dirigeants de l'Etat. Une chose est sre : dans toutes les sphres culturelles, l'avnement d'un pouvoir issu des urnes suscite bullition, atten- tes, propositions et initiatives individuelles ou collectives. Peut-tre les prmices d'une renais- sance dans un pays o culture et education ont t traites en parents pauvres ? F.M. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 eportage Congo RDC c'est aussi... Parce qu'en vertu de l'axiome journalistique qui fait que l'arrive l'heure d'un train n'est pas une nouvelle, les drames ont occup le devant de l'actualit congolaise au course de la dernire dcennie. Si l'on except la prouesse qu'a reprsent l'organisa- tion de plusieurs lections en quelques mois dans un pays o l'Etat avait disparu. u coup, l'extraordinaire beaut du pays passe la trappe. Eclat du cratre incandescent du volcan Nyiragongo qui domine, entire ciel gris et lave anthracite, le champ vert des bananiers. Majest des cathdrales et les draperies de ver- dure de la fort quatoriale don't les votes culminent trente mtres et les couleurs dclinent simultanment toutes les saisons. Majest encore du fleuve o drivent des les de jacinthes d'eau. Soleils couchants sur les montagnes bleues de l'Itombwe. Partout aussi l'homme a fait preuve de son ingniosit et de son talent. Chant cristallin et joyeux des Pygmes Bambuti qui salue le lever du soleil dans la fort de l'Ituri. Nasses colossales surplombant en d'auda- cieux chafaudages les chutes Wagenia en amount de Kisangani. Pirogues-huttes des pcheurs Lokl de la rivire Tshopo. Alternatives la pnurie d'essence dans des rgions dmcanises : "tolekas" (taxis- vlos) Kisangani, ville alimente galement par les djubus-djubus (pirogues), trottinettes gantes "tshukudus" des paysans du Kivu venant approvisionner les marchs de Goma, vlos qui alimentent pour moiti la capital du Kasa Occidental, Kananga. Crativit des camionneurs de l'Equateur qui font turner leurs moteurs l'huile de palme. Et que dire du plaisir du palais La cuisine congolaise est l'une des plus varies du continent. Gambas "kossa kossa" du fleuve, les safous, che- nilles grilles ou la casserole, antilope, singe, boa, crocodile, mabok (poisson et lgumes cuits en papillotes de feuille), biteku-teku (pure de lgumes), poulets la moambe : autant de mets aussi droutants que succulents pour l'homme venu d'ailleurs. (ni'. n i .,ii, p.irdonne de zapper les classiques que sont les tapisseries I..iih.i !c, ,i.iiiiaires kuba, luba et tshokwe, la peinture populaire, les ,l-!ii!c, !iii.ii m betu, la rumba et ses descendants. Le Congo vaste .lni'iic lnu lois la France, dix fois le Royaume-Uni, 80 fois la RBc!-.uue n'est pas seulement un pays, c'est un universe, une civilisation, un kalidoscope de sensations, don't l'une des plus agrables est l'accueil que rservent les habitants l'tranger. Hormis quelques pionniers qui relancent les croisi- res sur le fleuve Congo, les visits aux sympathiques bonobos, l'cotourisme dans le parc de la Garamba aux confins du Soudan, ils sont encore peu les tran- gers goter ces plaisirs. Tracasseries, inscurit dans certaines zones, risques sanitaires, difficults logistiques et perception negative du pays se combi- nent pour dresser des obstacles rels. Mais il convient aussi de rpter qu'un affrontement au Kivu n'affecte pas forcment la vie de tous les jours 2 000 km de l, sur l'Atlantique ou dans les savanes du Katanga... C'est aussi cela le Congo. F.M. A gauche: Le Lac Tanganyika, vu de l'espace. En haut droite : Les deux capitals, Brazzaville et Kinshasa, se faisant face de part et d'autre du fleuve Congo. Credit NASA, Earth from space. C~OURRIER l commerce LA FEUILLE DE ROUTE POUR un nOUUEL ACCORD PACIFIQUE-UE La distance ne semble pas jouer en faveur d'une amlioration de la cooperation com- merciale entire le Pacifique et l'Union europenne (UE). E n tout tat de cause, le Pacifique et l'UE emprun- tent une voie diffrente des cinq autres groups rgionaux ACP dans leurs ngocia- tions avec l'Union sur les Accords de Partenariats conomiques (APE) don't la pice matresse est le libre accs mutuel aux marchs assorti d'une assistance au dvelop- pement pour bnficier des nouvel- les ouvertures, ce nouveau systme devant entrer en vigueur ds dbut 2008. Parmi les 14 les ACP Iles Cook, Fidji, Kiribati, Iles Marshall, les Etats Fdraux de Micronsie, Nauru, Niue, Palau, Papouasie Nouvelle Guine, Samoa, Iles Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu -qui ngocient actuelle- ment les APE, les petites les crai- gnent d'tre les parents pauvres. Le dernier Etat Pacifique ACP, Timor Leste, suit de prs les ngo- ciations APE mais a dcid pour l'heure de ne pas y participer direc- tement, prfrant d'abord consoli- der ses institutions. Selon les donnes statistiques les N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 plus rcentes, le Pacifique n'ex- porte que 10% de ses biens et pro- duits vers l'UE alors que l'UE ne reprsente que 5% de ses importa- tions. La Papouasie Nouvelle Guine et Fidji elles seules repr- sentent 90% de ces exportations, du sucre pour l'essentiel, et absor- bent 40% des importations. Patteson Oti, Ministre des Affaires trangres des les Salomon et ngociateur en alternance des APE pour le Pacifique, a indiqu au Courrier qu'un accord garantissant un libre accs des products du Pacifique vers l'UE profiterait essentiellement aux grands pays, la Papouasie Nouvelle Guine, Vanuatu, les les Salomon et Fidji. Les Etats du Pacifique envisagent de signer individuellement des accords dans le cadre de l'APE. Le Ministre Patteson a estim que les pays du Pacifique craignent qu'en ouvrant davantage les portes aux products de l'UE, d'autres pays rclament les mmes avantages dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce ou de la clause des pays les plus favoriss. Il a ajout que le Pacifique envisa- geait un accord pche regional au- del des accords existants pour les pays ACP du Pacifique. Ils dsirent galement obtenir un engagement qui permettrait aux travailleurs semi-spcialiss de bnficier d'une certain mobilit dans l'UE, de mme qu'un ramnagement des rgles UE d'origine lesquelles ne tiennent pas compete actuelle- ment de la distance des les Pacifique par rapport aux autres pays ACP, de leur vulnrabilit et de leur taille. La region Pacifique, a-t-il pour- suivi, rclame une assistance afin de tirer parti au mieux des nouvel- les opportunits offertes par les APE, en particulier pour les pays les plus petits, que ce soit en matire de formation, surveillance des pches ou pour contrer les effects pervers des APE. Une enve- loppe de 76 millions d'euros avec une augmentation possible de 25% -a dj t alloue dans le programme indicatif regional pour le Pacifique du 10e FED (2008-2013) afin de faciliter la cooperation entire les 15 Etats, en complement des fonds accords par l'UE chaque Etat du Pacifique dans le cadre des Programmes indi- catifs nationaux. "Nous reconnaissons le caractre unique des les en tant que gardien- nes du Pacifique, lesquelles peu- vent tre considres comme bien public dot de resources qui doi- vent tre gres de manire durable dans l'intrt des les. Les instru- ments financiers de l'Accord de Cotonou vont permettre la region de capitaliser sur les APE et leur potential de croissance conomi- que respectueux de l'environne- ment", a dclar pour sa part Francesco Affinito, Chef d'Unit adjoint pour le Pacifique au sein de la Direction gnrale Dveloppement la Commission europenne. D.P. M "Les petits Etats bnficieront d'un accord pche regional" Patteson Oti, ngociateur en alternance des APE pour le Pacifique. Credit Secrtariat gnral de la Communaut du Pacifique. couvrir l'Europe BRUNELLES CfPIThLE n 1979, pour le Millnaire de Bruxelles, des factieux avaient cr le slogan "Bruxelles, tous les mille ans, la fte". De l'esprit pour tancer la politique culturelle de la ville ! Bruxelles, pourtant, est un lieu de rencontres de cultures qui a toujours attir d'innombra- bles personnalits des arts et des sciences, Lord Byron, Victor Hugo, Verlaine, Rimbaud, ou Jacques-Louis David... C'est Bruxelles que ce dernier a ralis l'une des euvres les plus fortes de l'histoire de l'art europen "La Mort de Marat". C'est l que, pendant l'entre- deux-guerres, Einstein, Joliot Curie, Marie Curie, de Broglie, Planck, Heisenberg venaient prsenter chaque t, les dcouvertes de la physique et de la chimie qui allaient rvolutionner le monde. Bruxelles est probablement la seule ville de moins d'un million d'habitants tre aussi sur- dimensionne quant son offre culturelle. Soixante-dix muses, autant de thtres, un opra, La Monnaie, avec une telle reputation qu'il aurait t prsent comme "le meilleur du monde" s'il tait situ dans certain pays voisin. Grande capital de culture ? Deux grands op- rateurs culturels donnent leur avis entire les- quels il y a plus que des nuances : Anne Adriaens-Pannier, une passionne, Commis- saire de la plus grande exposition de cette sai- son, au Muse d'art moderne, "Lon Spilliaert, un esprit libre". Elle parle avec raffinement et une chaude passion de Spilliaert (1881-1946), de l'art, de Bruxelles. Michel Kacenelenbogen, co-directeur avec Patricia Ide du Thtre Le Public, un esprit libre, comme Spilliaert, galement passionn. Cr il y a moins de dix ans, Le Public est une rfrence pour la quality de ses mises en scne et son succs. Il s'insurge contre les a priori de la press et de la classes politique. H.G. Region Bruxelles-Capitale couvrir l'Europe Mme si Spilliaert est d'origine ostendaise, il a comme beaucoup de personnel qui vivent Bruxelles bnfici de tout ce qui s'y passe. Au tour- nant du sicle, jusqu' 1914, Bruxelles tait le cen- tre de ce qu'on pourrait appeler l'art d'avant- garde. Il y avait ici un tel bouillonnement tant en littrature qu'en musique ou dans les arts plasti- ques. Des artistes du monde entier y venaient, invi- ts notamment par les associations culturelles Le Cercle des Vingt ou Le Cercle de la Libre Esthtique entire 1880 et 1914. A ces expositions de nombreux artistes internationaux exposaient en premier lieu avant de presenter leurs euvres ailleurs. Bruxelles a surtout t pour Spilliaert, un lieu pour trouver sa voie trs personnelle. Le Cercle des Vingt et Le Cercle de la Libre Esthtique se sont construits sur une rvolte contre l'acadmisme de l'art et contre toute hirarchie dans l'art et entire art et artisanat, et surtout contre toute autorit comme les jurys. C'est ainsi que des manifestations culturelles runissaient dans le mme salon des artistes aussi varis que des musi- ciens, des peintres, des sculpteurs. C'est l'exemple typique du Gesamtkunstwerk don't se revendi- quaient ces artistes, savoir la non-discrimination entire les arts. Ainsi un architect va faire appel toutes sortes d'artistes pour dcorer, et terminer une maison. C'est le cas de ce joyau d'art nouveau qu'est le Palais Stoclet. Dans les annes 30 et l'avant-guerre, ce bouillonnement cultural de Bruxelles va tre son maximum. Aprs la guerre, dans les annes cinquante, les influences vont plutt venir de l'extrieur de la Belgique. La Belgique s'ouvre notamment aux Etats-Unis. L'intressant Bruxelles c'est que nous ne sommes pas axs sur l'art belge. Ici au Muse d'Art moderne par example, il suffit de prendre la section contemporaine, nous allons en Inde, en Egypte, en Afrique et il y a en plus de l'intrt pour l'art belge. Nous sommes toujours trs ouverts. Nous ne nous battons peut-tre pas assez pour sauvegarder la culture belge. En mme temps c'est un enrichissement Bruxelles perdrait-elle maintenant de son influence ? Oui et non. Parce que pour le moment certain artistes, au lieu d'avoir un seul rpondant qui serait un ministre de la culture belge ont la possibility de diversifier leurs appeals. Ils s'adressent aux gouver- nements des communauts francophone ou ner- landophone. Les Nerlandophones ne demandent pas autre chose que de s'immiscer dans la culture franco- phone et vice versa. Quand on voit les pieces de thtre qui deviennent bilingues. On ne fait plus de difference entire un spectacle nerlandophone et un spectacle francophone. C'est extraordinaire. Bruxelles est une vraie capital de culture. L'attitude des mdias francophones bruxellois est paradoxale. Si l'on considre leurs unes sur la cul- ture, elles sont consacres aux trois-quarts au star system et aux Belges de l'tranger Et le quart res- tant qui concern Bruxelles se veut litiste. je veux bien mais qu'on le soit pour tous. On ne peut pas d'un ct encenser la culture paillette et de l'autre ngliger la creation locale juge trop populaire. Prenons notre mise en scne de "Un tramway nomm Dsir" que vous citiez comme un vne- ment cultural exceptionnel. La press en a parl mais pas la measure de son succs. je ne dis pas que ce soit un phnomne unique- ment bruxellois. Les journalists culture franais ou anglais ont certainement la mme tendance mais c'est compens par le chauvinisme des grands pays qui les force couvrir les activits de chez eux. Un spectateur sur quatre frquentant les thtres conventionns de la Communaut franaise de Belgique est un spectateur du "Public". Or nous recevons moins de trois pour cent des subventions concernes. C'est comme si l'ducation spcialise engloutissait plus de budget que l'ducation glo- bale. Dans les resources publiques destines la cul- ture, une part trop belle est faite la communaut flamande de Bruxelles alors qu'elle ne reprsente que 20% de la population de la ville. Pourquoi avons-nous malgr tout normment de grands artistes belges ? C'est l'humilit. C'est une grande quality qui nous protge du star system. Et puis comme nous n'aurions pas pu nous payer le star system, nous affinons la quality. C'est un effect pervers de l'humilit impose. Bruxelles n'est pas une capital de culture. C'est la capital d'un pays et de l'Europe. Cette Europe qui a une trop nette tendance prendre des decisions pour les citoyens, et qui est un lieu de pouvoir et de rapport de force. Moi je fais du thtre justement parce que c'est un space de liberty, un lieu o on a le droit de se tromper Dans le monde dans lequel nous vivons, c'est un luxe. couvrir l'Europe Region Bruxelles-Capitale Marie-Martine Buckens BRUXELLOISE Bruxelles pourrait tre cette ville de verre parcourue de grandes artres impersonnelles, comme on l'imagine pour une cit qui compete en son sein de grandes institu- tions internationales comme I'UE et l'OTAN, plus de 1.000 representations d'organisations internationales et 2.000 socits internationales. Pourtant cette capital, parfois non avoue, de tant d'entits a gard son parti- cularisme fait d'un mlange de joie de vivre et d'oppor- tunisme comme en tmoignent ses rues et btiments en perptuelle construction/dmolition. Une alchimie qui s'explique en parties par son histoire. est sur l'lot de Saint Gry que les premiers habitants de Bruxelles s'installrent au XIe sicle. Un endroit stratgique permettant de commerce avec les grandes vil- les europennes via la Senne et ses affluents. Bien vite, la ville suscite l'intrt des grands de l'poque. Elle sera ainsi successivement capital des Pays-Bas bourguignons, des Habsbourg d'Autriche et des Etats Gnraux des Pays-Bas avec Charles Quint leur tte. C'est la fin d'une priode de relations relative- ment paisibles entire les bourgeois bruxellois et la monarchie impose. Viennent les annes noires o le duc d'Albe fait rgner la terreur pour mater les vellits d'indpendance des diles. Un sicle plus tard, ce sera au tour de Louis XIV de bombarder le centre de la cit. En 1815, aprs la dfaite de Napolon Waterloo, Bruxelles passe sous la houlette de Guillaume Ier d'Orange des Pays-Bas. Ce sera la goutte d'eau qui fait dborder le vase. Les bourgeois de la ville se rvoltent et dclarent l'indpendance de Bruxelles, de la Belgique ensuite. On est en 1830. Dj l'poque, Bruxelles compete des habi- tants d'horizons et de culture diverse : des Flamands, de culture germanique, franco- phone s'ils sont bourgeois (Napolon a laiss ses traces), des Wallons de culture latine, mais aussi des gens d'origine juive, espagnole... Pour les rassembler, on dcide de leur donner un roi d'origine trangre, un Habsbourg. Ce sera Lopold Ier. L'histoire semble donc se rpter. Mais les Bruxellois ont dsormais appris "s'arranger". Les affaires reprennent. Pour iciiL. c!" les chancres, refuges des pau- vres, qui bordent la Senne, les diles bourgeois dcident en 1870 de la voter entirement. La structure et l'identit du centre de la ville en seront profondment bouleverses. Un bouleversement auquel les Bruxellois sem- blent s'tre habitus come en tmoignent les changements quasi ininterrompus apports depuis la ville. Il y eut les tentatives de Lopold II de la parisianiser. Seules quelques grandes artres et des monuments restent de cette poque. Mais ce sont les affairistes et magnats de l'immobilier qui, d'anne en anne, modifieront, jusqu' les dfigurer, cer- tains quarters du centre. C'est sur cette toile de fond que viennent s'ins- taller les grandes institutions. Commerants avant tout, les diles bruxellois les attirent, avantages fiscaux l'appui. En 1958, Bruxelles devient le sige de la Communaut europenne. En 1967, elle offre un terrain sa priphrie au sige de l'OTAN, chass de Paris par le Gnral de Gaulle. Ces institutions attirent dans leur sillage des milliers d'institu- tions, organizations et corps diplomatiques. Bruxelles compete present plus de 30% d'trangers. Les Bruxellois le vivent dans une relative indifference, teinte de bonhomie. COURIER Region Bruxelles-Capitale couvrir l'Europe Roger Mazanza Kindulu BRUXELLES, MPUTUUILLE, Lf CflPITfLE Les Congolais et Bruxelles ruxelles, capital de la Belgique et de l'Europe, hberge une important communaut sub-saharienne. S'y ctoient Angolais, Camerounais, Ghanens ou Nigrians, venus pour la plupart durant les vagues d'immigration des annes 1990. On y croise aussi des Burundais et des Rwandais don't les pays ont t un moment sous administration colonial belge. Mais la plus forte communaut africaine de Bruxelles vient du Congo Kinshasa : plusieurs milliers de membres. Pour les Congolais, Bruxelles, c'est la ville de rve. Durant les annes 70 et 80, un movement migratoire massif emmena en Europe des Congolais de tous horizons. Bruxelles hantait alors les rves de tout jeune dsireux de trouver une vie meilleure. Peu peu on parla de Miguel pour designer l'Europe, mais surtout la Belgique, c'est-- dire Bruxelles (prononcez "brisel", comme on dit "Kisasa" pour Kinshasa). En 1977,je m'ar- rtais quelques jours Athnes. Rentr au pays, alors que je racontais mes prgrina- tions, un jeune interlocuteur m'apostropha : "Po na nini okendeki poto te ?" (Pourquoi n'es-tu pas all en Europe ?). Je compris : j'avais t en Grce, pas en Europe. Au Congo, on disait, par example : "Il y a dans la salle deux Blancs, trois Portugais et un Grec". Les Blancs (les mindele), c'taient les Belges. Quant aux autres... Les Grecs et les Portugais n'taient-ils pas que des commerants, vivant au milieu de nous, mangeant comme nous et, l'occasion, sortant avec les filles du coin ? Trois ans plus tard, je rparai ma faute. Je m'arrtai Miguel, avec un long passage Matonge, le quarter africain de Bruxelles d'o je ramenai quelques cadeaux. L'honneur tait sauf. Matonge, un coin de la commune d'Ixelles, rappelle en tous points la "cit d'am- biance" de Kinshasa, un quarter qui vit le jour comme la nuit. A Bruxelles, la belle fresque du grand peintre congolais Chri Samba, l'en- tre du quarter, exprimait l'atmosphre convi- viale de ce lieu : des gens de toutes races et de toutes conditions sociales se ctoient. A Matonge on trouve de tout : cafs et restau- rants africains, commerce d'habillement, d'alimentation ou de products de beaut, agen- ces de voyage, services de frt ou d'envoi de fonds vers l'Afrique, station de radio, chane de tl et journaux congolais, etc. pass commun... L e : ,, ,,nq.:.lIr. pl, lant er r-..rnr de PiLr -elle- .: _lpuil l ,:. ri. el'fll| ,': e r ., .:e I qu tre c,. l u ,',: i .',: re.- 1 :l.l'l tr.nr [ :.r l iiiF r'e:ln r.i ti:i ,-n hir' i .:. ie liur pi ,, l :r .-elle .; : -7t l i ll 11 .:le I TI.il:.I I ]rde quL i :l- : e,:i, e1 iil i: ,el,|: 1i.l-ri .:e q .le q> r. n.l e.i[i [r ilr .qu[il:: i e r lIe Pru +ll- q Je -1 :.n1 r p-IIi le| l:,]r ie'l uni. ..lukul_ Tr.:.u r '.:.nq ,,-i, li .i il- e -lelii F ri - '~liiii Fit !iTi il F I l. a ..... i r 1 I I, inr.~A=._ P ,n .i irl !.9 Au fil des ans, les Congolais parlrent de moins en moins de Miguel ou de Mputu (Europe en kikongo, une des langues principa- les du pays), leur prfrant le terme "Mikili" (mondes), dsignant tous les pays europens o resident des Congolais. Et tout naturelle- ment, Bruxelles devint Mputuville, c'est-- dire la capital de Mikili. Depuis lors, qu'il rside Paris, Aix-la-Chapelle ou Londres, tout Congolais rve de se rendre un jour Mputuville. "Comme les lamantins vont boire la fontaine de Simal", dirait le pote Lopold Senghor. La fresque du peintre congolais Chri Samba, qui ornait un btiment l'entre de Matonge. Credit CEC (Coopration par l'Education et la Culture). couvrir l'Europe Region Bruxelles-Capitale Un QURRTIER POUR CHPITHLE L'Union europenne Bruxelles es structures de verre, de granit et de mtal qui dominant l'horizon bruxellois au risque de dfigurer un quarter qui abrite des hotels particuliers typiques de la fin du XIXe sicle avec leurs faades ornementales. Cet ensemble de btiments s'tend du rond-point Schuman vers l'est de Bruxelles. Une visit guide de ce labyrinthe d'immeubles situs autour du "Quartier europen", permettra de mieux com- prendre le processus dcisionnel propre l'UE. Le btiment du Conseil, baptis "Justus Lipsius" en homage au philosophy du XVIe sicle, domine la rue de la Loi. La solidit de cette construction en bloc de granit rose et brun entend traduire la fermet de l'engage- ment des Etats membres. Les decisions du Conseil sont prises par les ministres comp- tents de chacun des 27 Etats membres de l'UE, www.consilium.europa.eu. De l'autre ct de la rue, face au trs imposant btiment qui abrite le Conseil, nous aperce- vons le "Berlaymont", le btiment commu- nautaire le plus reconnaissable. Cet immeuble de 14 tages en forme de X, rig en 1967 sur le site d'un ancien monastre augustin, a t ferm pendant 10 ans avant d'tre rinaugur en 2004, aprs une rnova- tion complete. C'est ici que sige l'organisme invest de l'initiative legislative. La Commission -www.eu.europa.eu -a un mandate de cinq ans. Son president actuel est l'ancien Premier Ministre portugais, M. Jos Manuel Durrao Barroso. Chaque pays de l'UE dsigne un commissaire en charge d'un domaine de politique. Le belge Louis Michel est actuellement Commissaire en charge du Dveloppement et de l'Aide humanitaire. Chaque commissaire est aid, dans son domaine de politique, par une direc- tion gnrale (DG). Ces directions gnrales sont aujourd'hui plus d'une trentaine, beau- coup d'entre elles bases dans le ddale de btiments modernes situs proximity du rond-point Schuman. Le Directeur gnral (DG) en charge du dveloppement, M. Stefano Manservisi, est ainsi la tte de la "DG" Dveloppement et Koos Richelle est le "DG" en charge de l'office de cooperation "Europeaid" www.ec.europa.eu/europeaid mis en place en 2001 pour assurer la mise en euvre quotidienne des projects dans les pays ACP et d'autres parties du monde. ECHO, le service d'aide humanitaire de l'UE en charge de l'aide humanitaire d'urgence, est plac sous les ordres du DG Antonio Cavaco www.eu.europa.eu/echo. Le sige du Secrtariat ACP (pays d'Afrique, des Carabes et du Pacifique) -www.acpsec.int -est deux pas du quarter europen. Sir John Kaputin, de Papouasie-Nouvelle-Guine, est actuellement son Secrtaire gnral. En descendant du rond-point Schuman, on aperoit l'une des toitures les plus magnifiques de la ville de Bruxelles qui recouvre les hmi- cycles du Parlement europen. Son nom "Caprice des Dieux" lui vient de sa forme, qui rappelle la bote du clbre camembert. La faade en verre bleut du Parlement www.europarl.europa.eu occupe un space de plus en plus important de la "Place du Luxembourg". L'avance de l'UE a donn lieu un processus d'embourgeoisement, avec la multiplication de cafs et de restaurants chics. Deux autres organismes consultatifs parach- vent le processus dcisionnel complex orga- nis Bruxelles : le Comit conomique et social europen (CESE) www.eesc.europa.eu et l'institution europenne la plus rcente, le Comit des rgions, sis dans un remarquable immeuble en verre situ un jet de pierre du Parlement, www.cor.europa.eu. D.P. Region - . Leo Cendrowicz * L'conomie bruxelloise: quand mme i Bruxelles est surtout connue l'tranger comme la capital de fait de l'Union europenne, son rle et son importance conomiques sont parfois sous-estims. Cette ville est en fait une vrita- ble ruche conomique, "dope" par une cul- ture d'entreprise ouverte et cosmopolite, et un got trs prononc pour les affaires. La region de Bruxelles-Capitale abrite 54.000 entrepri- ses, don't 2.000 socits trangres. Beaucoup sont en rapport avec le caractre international des activits de la capital, qui abrite une vaste communaut trangre de diplomats, de fonctionnaires, d'interprtes, de lobbyists, de socits de conseil, d'agen- ces de publicity et de journalists. La plupart des Bruxellois parent au moins deux langues correctement et beaucoup sont trilingues voire plus. Il est courant -et mme vivement recommand -qu'une rception- niste s'exprime couramment en anglais, en franais et en nerlandais. Il n'empche que l'anglais s'impose de plus en plus comme la langue des affaires. Elle est mme parle par les tlvendeurs et les services de renseigne- ments tlphoniques. En outre, du point de vue du marketing, la coexistence Bruxelles de plusieurs communauts culturelles fait de la capital et de sa region un march-test idal pour l'tude du comportement des consommateurs. Bruxelles est devenue la ville du monde qui abrite le plus grand nombre d'organisations N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 couvrir l'Europe couvrir l'Europe Region Bruxelles-' internationales. Elle attire chaque anne plus d'un miller de conferences d'entreprise, et est ainsi la quatrime ville de conference et de congrs d'Europe. Bruxelles est par ailleurs le septime centre financier mondial et occupe la quatrime place en terms d'attrait pour les entreprises trangres. Mais Bruxelles recle bien d'autres atouts : une situation gographique stratgique en Europe ; une main-d'oeuvre reconnue come tant l'une des plus productive au monde, un excellent rseau de transport pour un accs facile d'au- tres villes et une offre abondante d'espaces de bureaux relativement bon march. Son rgime fiscal particulirement avantageux pour les expatris est un atout moins connu de la ville : chaque journe passe en dehors de la Belgique leur est en effet fiscalement deductible, et ils ne sont pas tenus de cotiser la scurit social, particulirement coteuse en Belgique, ce qui ne les empche pas de profiter des services de soins de sant et d'ducation de quality. L'importance et la valeur des investissements trangers est une autre caractristique cono- mique de la region bruxelloise : elle bnficie en effet de plus d'un cinquime de tous les investissements raliss en Belgique. Bruxelles est galement une ville de prdilec- tion pour de nombreuses grandes entreprises belges. Beaucoup choisissent en effet d'y ins- taller leur sige, mme si leurs sites de produc- tion sont situs dans d'autres parties du pays. Parmi celles-ci, citons le group de distribu- tion Delhaize, le group industrial CFE, Besix, dans le secteur de la construction, la Sabca, spcialise dans l'aronautique, Umicore, un group mtallurgique, sans oublier les socits chimiques et pharmaceutiques Solvay et l'Union chimique belge (UCB). Mme si l'conomie bruxelloise est principa- lement oriente sur les services, la capital peut se prvaloir d'un tissu industrial haute- ment diversifi. En tant que zone urbaine, la region de Bruxelles-Capitale n'est pas en measure d'accueillir de grands sites industries. L'usine de Volkswagen et ses lignes de pro- duction, qui emploient plusieurs milliers de travailleurs, constituent ici une exception notable. Toyota Motor Europe est base Bruxelles, tandis que DaimlerChrysler centra- lise ses activits de vente, de commercialisa- tion et de logistique dans ses bureaux de la capital. La region bruxelloise compete 27 zones indus- trielles, situes le long des principles voies d'accs et du Canal, ainsi qu'aux abords du Ring et des autoroutes qui mnent la capi- tale. Les principaux secteurs reprsents sont l'ingnierie mcanique, l'lectronique, l'im- primerie, la publication, la confection et l'in- Region Bruxelles-Capitale couvrir l'Europe dustrie alimentaire. Depuis peu, on observe toutefois un glissement vers des products haute valeur ajoute, comme les products chi- miques rares, la construction aronautique, les outils de precision et les tlcommunications. Environ 45% des exportations physiques concernent les automobiles, suivis des pro- duits chimiques (12%) et des machines et quipements lectriques (11%). L'UE repr- sente 89% des exportations de la capital 21% destination de la France, 17% vers l'Allemagne et 10% vers les Pays-Bas. Les autres marchs d'exportation sont les Etats- Unis (2,9%), l'Asie (2,4%) et l'Afrique (2.2%). Mais l'pine dorsale de l'conomie bruxel- loise est sans contest le secteur des services, qui reprsente prs de 88% des emplois dans la region. Extrmement diversifi, il couvre les activits bancaires, la recherche, les technolo- gies de l'information, le tourism, le transport et la sant. Les services sont domins par le secteur finan- cier. Bruxelles possde en effet une longue tra- dition dans le domaine bancaire, une bourse renomme qui fait parties du systme Euronext et un large ventail de socits d'assurance, de location-vente et de fonds d'investissement parmi lesquelles des groups financiers majeurs comme Fortis et CBC. Bruxelles est un centre de rfrence renomm pour les transferts et les operations de com- pensation bancaire. Son expertise dans ce domaine spcialis a bnfici de la presence d'acteurs cls du secteur, comme Swift, Euroclear et Banksys, qui y ont install leur sige. Les technologies de l'information et de la communication sont un autre domaine cono- mique cl de la capital. Bruxelles compete environ 4.500 socits de ce secteur qui emploie au total 75.000 personnel et concen- tre lui seul un quart de l'ensemble des nou- veaux emplois. Bruxelles, informatique et services financiers sont troitement lis, favo- risant ainsi le dveloppement de l'e-banking et de l'e-business. Cil 1 i t I IC C dI lit i C i l li C SC l' .t I I I I ',h tiC .11 li i i i 1. . 1 1 i.I. i i l tl Iti ii i ii Iii l1 L I ii I Ic' i.I i .Ilul ti CII l 'I! II I II .1I' < L !"!L IL K CI L| !L ll !! I1I I .' I .Ill I ,l.'ll c 11.' l. 11, il.l 1 10 1 1 -' llh .i ! .cl I lc 11! .I-I C CI .Ic t.. i ll tl .c. ll IIII di 1, 1.1. li, I' l, lll C d . l. .I l ili, IlI. I, I I I e s II I ..l l !l.' l 1 .'I l.'l I ' .1. -I I I II II I | | l lll. i l l ll l- l |1.l lll l .l L -I .ll .lc h..ll ..' l ll l e. ,. l I.'I l '. lC ll.. .l ll ll -.cl' In - ic.1 l .F.. 1 .. . .I . h,,l lllu dc 11 .' hl ll." h !t l.' ',h ,l - Coup d'oil sur la Belgique G i,[, lr' i|,,:li:. e'', It ar_. u Irurallin'I',-.'r pi-rl-n'rt 1 E'ahl,:iue i -. .-r-i'..il:n',',a_'nrr iu _ur ,- I :1 Luri, *p '- aL .a _l*l' iiuunla_ "',lri illunu I ra_ ,i:r ir a ri ni. Iil ,n.r .:.l pr ii l nl ll f i lir in- i, ._i l_ ti i ii[.:. h.:.]in _F 1111 :.zi t r :-_ arru i n \ri r i ll.:.]l. .i ,air ; e Pr.i Ill i in li i 'l 1.1:uI l iii -. 1ilhiil: ui.- i.|:rii illi r:.h.:.r1 i I a I dui p. 'i. Li Ial.jau. j _. uL. nI :,,l'' i,''La ,',irtulurulu.r _l _r un:r aI l r 1 .. _r r, la r_. IIi ,i il: u ln itIIr li rc.. :l.. .Ill r .:.nn., _r Ii l.:.i da_ Bru'_lln_.F --yll -l_ 'ru, lla_[ o-r ,2ti, i ,lll ,,mnt bililn, i a_ nlil n r ilu_ prfa_ ,j:_ ~ ".". da_ -1 po,,l:I r,,l a_,r ,_ llnguiL_ n,rl ernelle trlin,-- F_ _r ,1, hl ,e mP[ l -.ua aLi fl.ndre un.o_ -,-:p,[ da_ l5 blil qu_ a_ r :hrhcil_ i Ji, n _r ncn 'uni 'i- -- F -p "' P -" I'iI fl url iLu- ifluili -,u r r I i ,uu 7- d lu-.--uui r. (u.-- I Li q i ri'[ --,IrF IP- I'm Lu'ul'- 'r- i l i -Ir r [i', I .-i u' r u.-flir i ir lu'''. Phii a n- uiii d uII-. -,rIu IaI ,:-,ill-- I au. uul u :i 1 Ia_ -a ul_ I .-i lu i a i u :u n :ui a_ ll i.. I Itr lui 1-i I :-. :lI -ur.. ,[r i z l'u ,'uutu rr.- I. PI.r...' iiu i li:,ir i u _-,, u1 'lui I.u,- l. ,ilduui h iru ,,ri- i i i- .r-l' u li -id. _I. rt' lI _F I i+,u t a l,-.iu i ._ i_ .-]Lui 7i.'-[ Lu ,:hirliqi u l ''lu ri nr- r ,:I I iMii_ l,' ii iri c li I ln l i _U l l In rii,_- irilo r lon ir i 11ii-i ler i-rl.1_ ri ._ mn,_r,[ da_ I',/ura_ tachl'o,,,,_,qe H i 1 JLUILLET AOLT 2007 couvrir l'Europe Region Bruxelles-Capitale Des parcs scientifiques, comme le parc Da Vinci, le parc de recherche Mercator et le parc scientifique Erasme de 92 hectares, travaillent en cooperation troite avec les universits. L'une des technologies mergentes concern l'environnement et des entreprises bruxelloi- ses ont ainsi mis au point de nouvelles mtho- des de gestion des dchets, de reduction de la consommation d'nergie et de lutte contre la pollution atmosphrique, aquatique et acousti- que. Bruxelles est bien entendu aussi la ville qui a donn son nom au clbre petit chou. Si ce lgume n'est pas cultiv dans la capital, celle-ci n'en possde pas moins une relle tra- dition gastronomique. Le chocolate bruxellois remporte un vif succs l'exportation, des barres de chocolate Cte D'Or aux succulentes pralines de maisons spcialises comme Godiva, Pierre Marcolini, Wittamer, Leonidas et Neuhaus. La description du paysage gastro- nomique bruxellois ne serait pas complete sans la bire : la Belgique produit 450 des meilleures bires du monde. Les techniques brassicoles sont fermement enracines dans la culture belge, comme le montrent des varits comme la "lambic", une bire locale fermen- tation spontane (sans levure), qui existe sous forme de "gueuze", de "kriek", de "faro" et de "framboise". Sur le plan cultural, le design bruxellois est mondialement clbre. Mme si Anvers, toute proche, est la capital belge de la mode, la reputation de crateurs bruxellois comme Xavier Delcour, Olivier Strelli, Natan ou Yves Dooms, Delvaux, le spcialiste des sacs et du cuir et Elvis Pompilio, crateur de chapeaux, n'est plus faire. Mais la capital recle d'autres talents artisti- ques. Bruxelles est la ville de Pierre Bruegel, d'Herg, le crateur de Tintin, du peintre sur- raliste Magritte et de l'architecte Art Nouveau Victor Horta. Leur influence reflte une solide tradition dans le domaine des arts graphiques, encore trs vive aujourd'hui en architecture et en dcoration intrieure. Comme toute autre ville, Bruxelles est confronte des dfis conomiques. Mme si la region est l'entit la plus riche d'Europe, just aprs Londres, le taux de chmage lev Bruxelles, surtout parmi la population immi- gre, reste proccupant. La fermeture de la Sabena, la compagnie arienne belge, la dci- sion du service de courier express DHL de dlocaliser ses activits vers l'Allemagne et, tout rcemment, le licenciement de la moiti des travailleurs de VW ont t autant de sour- ces d'angoisses pour la capital. De tels revers ne font que souligner l'importance croissante de l'UE pour l'conomie locale. Bruxelles a dj apport par le pass la preuve de sa capa- cit d'adaptation. Nul doute qu'elle parviendra exploiter au mieux les opportunits nouvel- les. * Leo Cendrowicz est journalist bas Bruxelles Pour en savoir plus, cliquez sur : Region de Bruxelles-Capitale www.bruxelles.irisnet.be/ Agence bruxelloise pour l'entreprise www.bea.irisnet.be/ La chambre de commerce et d'industrie de Bruxelles www.ccib.be Bureau de liaison Bruxelles-Europe www.blbe.be Brussels Export www.brusselstrade.be MRfRCHE DES PRODUCTS DE Ll CULTURE: LES PAYS fACP FORCEIT Lf PORTE 1er Festival de culture ACP Le 1er Festival de Culture du Groupe Afrique Carabes Pacifique a eu lieu, en automne dernier, Santo Domingo. L'originalit de ce Festival ne rsidait pas seulement dans son niveau lev mais aussi dans ce qu'il constituait en mme temps une foire commercial et un task-force pour peaufiner la stratgie ACP de positionnement sur l'espace crucial du march mondial quest celui des products de la crativit. Donc une vitrine, un march et un QG commercial. C e festival conclut la premire tape d'un processus lanc par les gou- verements des pays ACP en juin 2003 et inscrit dans la "dclara- tion" et le "plan d'action de Dakar" qui formu- lent un plan stratgique d'utilisation des res- sources culturelles de ces pays. Outre un festi- val rgulier de culture, ils prvoient la mise en place d'une Fondation pour la culture. La Declaration de Dakar, a t salue par nombre d'organisations internationales comme un acte de droit international public de grande impor- tance car il considre le soutien aux industries de la culture comme une priority tant sur le plan intrieur que dans la cooperation interna- tionale. Un an plus tard, le Sommet de Maputo des Chefs d'Etat ACP du 23 juin 2004 corroborait le choix des ministres de la culture en enjoi- gnant les pays membres adopter les textes juridiques ncessaires pour dvelopper les industries du secteur et y favoriser la creation substantielle d'emplois et ce, dans le cadre de la lutte contre la pauvret. > Santo Domingo surprise Le festival a clat comme un feu d'artifice, surprenant Santo Domingo apparemment indiffrente jusque l aux affiches et calicots gants annonant, peut-tre un peu trop tard, l'vnement. Comme l'norme show pyro- technique qui a anim la fte caribenne, offerte par les autorits dominicaines aux invi- ts de marque nouvellement arrivs, embra- sant le bleu nuit mystrieux du ciel cariben, avec en arrire-fond les reflects des pierres pati- nes des ruines grandioses d'un couvent his- pano-mauresque encore hantes des pas de Christophe Colomb. La fte de la culture allait saisir la ville, cres- cendo, comme un swing de jazz. Mezza voce au dpart, fulgurante la fin de cette semaine qui marquera les annales de la sduisante capi- tale mtisse. Tmoin, l'augmentation crois- sante du nombre de spectateurs et surtout l'en- chantement du public, plutt jeune, don't la curiosity tait palpable et don't les yeux miroi- taient d'merveillement devant les perles de culture de civilisations pour la plupart loi- gnes. Santo Domingo dcouvrait que l'Afrique, le Pacifique et ses voisins de la Carabe avaient envoy ce qu'ils avaient de mieux et ce qui faisait du mieux dans le monde de l'art. Le bouche oreille a si vite fonctionn que mme pour une discipline pas toujours course, la danse contemporaine par example, le grand Thtre Manuel Reda de l'Ecole des Beaux-Arts qui hbergeait les spectacles -de demi-vide le premier jour tait rempli ds le deuxime et refusait du monde aprs. Il en tait de mme pour toutes les autres manifes- tations, jusqu'aux rencontres professionnelles sur la stratgie commercial. > Eloge de la beauty et du raffinement Le festival, c'tait des centaines d'artistes, d'oprateurs culturels et autres experts d'une quarantine de pays ACP, des dizaines d'acti- vits, de spectacles, d'expositions, dede pro- F.DUIACP - . ...... -- %.- - -t- Akiyodans Dance Company. Succs de foule, mme pour une discipline pas toujours courue, la danse contemporaine. Photo Hegel Goutier. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Crativit 1 Festival de Culture ACP sections de films, de dfils de mode et la grande parade d'artistes, le tout prcd d'un Conseil des Ministres de la Culture de trois continents, sans computer les innombrables reprsentants de pays et d'institutions parte- naires. Pour faire l'loge de la beaut, de la quality et de la rigueur. La plupart des spectacles de danse contempo- raine ont t prims dans des festivals de haut niveau. De Rako de Fidji la Compagnie Kettly Nol du Mali, de Opiyo Okach du Kenya Akiyodans Dance Company de Hati. Fruits de recherches pousses, raffinement du movement, chaque fois Le quatuor de dan- seurs de Rako offrait par une danse suave une posie dans laquelle, les pas feutrs, les per- cussions espaces, les dhanchements modu- ls se jouent comme un hymne au silence et l'quilibre, en nous et entire nous. Kettly Nol, danseuse d'origine hatienne vo- luant au Mali, a ptrifi le public par son solo "Errance", stylisation de l'isolement et de la folie, scrutant la peur intrieure de chacun de nous, en chacun de nous, sans morbidit, sans volont de sduire ou d'tonner. Naturellement. Pas un souffle dans la salle. De longues seconds suspendues la fin pour merger avant que les applaudissements ne fusent en un dferlement. > Liure ouuert x. l IIII ,.1 !ll > l | .| 1.1' (.1 11.i h c i .l1 > [It.'! llk '1 k nl !l!.l! 'l! I 111' 1, III . lll c', _', I !,! lIl, .0d c' .il-'" Is' l" d '.1 I II 11 , 1 1 , clille i !il ilii | i l i .i|i C .~ i lII. i l .i !. .I i . il1 .' l l. ll! i' | l l |i i.1' >.I' . livres ouverts non seulement sur les cultures de cette constellation de pays mais aussi sur leurs histoires, leurs socits, les vagues de fond politiques les animant, cherchant ressem- blances et differences. Qu'est-ce que les visi- teurs ont d tre saisis par l'installation de Plagie Gbaguidi du Bnin, sur "Le Code noir", o tournoie devant des tableaux gants sur la geste historique de Toussaint Louverture, et sur la libert une copie de ce livre, le plus abject peut-tre avec "Mein Kampf' de l'histoire de l'dition, comme un pendule de mort menaant de sonner le glas de l'humanit dans l'tre ! Freddy Tsimba (Congo RDC) bouleversera aussi avec ses sculptures cris du ceur pour les femmes violes et engrosses pendant la guerre rcente qui a meurtri son pays et qui trouvent la tendresse pour aimer leurs enfants. Cartouches de balles et d'obus soudes en dentelles, les obus pour la sauvagerie, la den- telle qui pleure pour la douceur en elles et en chacun. "J'ai d'abord rencontr une femme qui m'a racont son histoire de viol. Et a a germ dans ma tte. Et a fini par faire une .til' hl I n I i1 ih '! I ,i,! CI, .c I. iiil ilI- F. 1 !il I CIllI ll I .I !,,I L.I II'* li mll1 - LES DERNIERS InGRDIEnTS -p:.;:16 :,ufp .il.,i _1 -uar l n '. I ':rhi '. n 'i. e n i: 1 c -, i:,,: r r I. .r le [r 1 .; .:1 -r. rt:, I',,> n :..l I r un e ,J i : i, r -,: '.n I -:le :J p Ir .:. Ilr i`n'i.'. -1. r.:.n' I al: :,r.r l I iiin:li r :1u r,-ref nr r :l'. [ ..i li clc.:i_,- .:,n l i I ir r_ r'i.:. n :l. r I.n.-rrc- 4-I-'.._e l i:- l turc Ir,: iini ple r.:.r .:1,:,r. .:i ii r ,_ .: r I' -h 1 I -' l Ug 1,--1 t :Ii i I re.g ,:,n r bil, ipr.: E ,:,l:,,[,- i I p,', l:.I.:(i lu I,,,.n n.: : ..ne ,:~:~i im ip, I.:.r; ;r I ,,:,n:I tlu -.,: n <:l n'. .. :..: irl.,. -? i .: l ,_ '.m n. i .n--, r C r.:ari_: _n'.n' I . I n .r 11:,1:... .ii_ 01. A t A pi) r I. i I n.:. ni .: i -AniI n' : l ti ,\i I' Ic ] .:- r r. i i l -\i I' i ni'.n -u r I_ d un fl U... ,)r,- in r.:.r l l.:. I il 'n:. l':l:. l c .. "ne I--.:u .1 .rnr i 'l lelr- nr l .: ll- Ii)r.;j p a r.: l l n ~ ,-i.:.u i i n.:cr il l'i slr ,_- 1rr n '.1 -:.n 1 i d r in.l. I.1. id .fl i nrcri-i.: illoh.nI f r i ric i ;oL n rr .: ii. I;r.-rn I.-V dU .l r .nl E-_ rern'h .:1_ I,:..;lp-r.:4;.n n'.:.n- inl',.rmY 11 .,: I,:r.;l r'-- h,:r' .:lu L4 -h 11 itur le r rr sonr' a ph .:le .n. n'c :-c- L:a Iprep ar itn,:.n' a .l];. Inr i,4 .:.:[.np Iph.n- I.:.n~.:ranipii I.. .: .:1rc f~in l ,Ii s jra in l n a i rc .:16t~ins .:(g :i its : ~ n :l ii' i:i .i cIcii i~: ~ ci P l.:.lif(i .:14iii~, iclin \pre tun pr mir nt f.:na R p il.I:4 iic.:.nanl\n ll ly :.pe. r i ).:.n'n'_lll i.] . ,rc 5 I n. -:i,.ni r I_._ tere r r _,,I' s il~l,.r- pr,.:.. 4 i I l _,l.: r '.:.n l.:1 n Ip erc _.:gl:. .I I: e .) r Ip:ar -.:uhl _ren' ii 'nr I:. nn.: h.: i- ,:,)n -r ifr .n ..: .f ir,| -f.:nnn 1 l 1 l l ; I .nr .~. *- r r inin h n f il.1)1 I),)Lnl I'nl 'l. A. r In n:.i rcnr li i;re ll. i' n i.:.n l it l1 .n liplf d r; +l'Fnil i.n-- ,< .::.uar rcl Ic lc r.h 1ni nii r .:l_ I i .:n.lr nii er Ici e l: rr ll.nn ,)itr l~il + l. ," l+illigr ,_ rrc IIe.r n'n ciL. i.ni I nlr ii r Ici ni'l, .r rn l_ I ,r . " .-r r-1 ,l COURIER 1" Festival de Culture ACP lation de portraits suspendus d'hommes sans visages mirant des petits rceptacles au sol renvoyant des reflects liquides bleus, reprsente une allgorie d'Africains dialoguant avec les Europens en oubliant de se parler entire eux. Interrogations sur le social et le politique. Interrogations aussi sur l'tre, comme avec Genevive Bonieux, de Maurice, qui rend de faon saisissante avec "La charmeuse de ser- pent", sculpture d'une tte de femme ceinte d'un serpent de cordes et de clous, le tourment intrieur de l'tre human. > Le grand atout : la musique La force de frappe des ACP pour pntrer le march des products culturels, est avant tout pour le moment, la musique. Des petits pays arrivent se forger une reconnaissance grce leur musicien. Le succs de Andy Palacio est en train de faire dcouvrir Blize, mme plus spcifiquement les Garifuna, les Amrindiens noirs de ce pays. D'autres causes y trouvent aussi une allie exceptionnelle. Les jeunes du Groupe Nfithe du Mozambique qui ont chauff blanc le public de Santo Domingo o leurs alter ego de Zimbabwe "Bongo love" font parties du rseau Music Crossroads pour promouvoir le dveloppement cultural et co- nomique de jeunes de milieux dfavoriss et menacs. Et s'il faut un symbol de russite du Festival, ce serait probablement la jeune chanteuse cap verdienne, Mayra Andrade, peine 22 ans, qui est en train de se faire une place sur le march mondial du disque avec son premier opus "Navega". C'est vrai qu'elle a t prcde par Cesaria Evora qui l'a adopte et qui l'a proba- blement aide comprendre que venir d'un petit pays pouvait constituer un formidable atout. "Venir d'un petit pays, un pays micros- copique comme le Cap Vert a t pour moi un advantage. Peut-tre que si j'tais amricaine ou anglaise, je ne serais peut-tre pas l o je suis. Parce que les gens sont curieux et ils se disent qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire l- bas. Le monde entier connat le Cap-Vert tra- vers la musique, c'est son drapeau. Il y a quinze ans, il n'existait pas pour la plupart des gens. Aujourd'hui je dis que je viens du Cap Vert, et les gens sont contemplatifs" Symbole aussi, Mayra Andrade, de la compr- hension rciproque entire crateurs, oprateurs conomiques et dcideurs politiques rvle Santo Domingo et qui est, sans contest, un autre succs du Festival. La preuve : quand nous lui avons demand de s'imaginer en face d'un ministry reprsentant tous les autres et de lui dire ce qu'elle a sur le cur, elle n'a pas mch ses mot mais n'a pas non plus cono- mis sa sympathie pour l'interlocuteur fictif, et toute sa charge de sduction. "Monsieur le Ministre, je ne m'attendais pas vous retrou- ver l ce soir. J'espre que votre cur est assez grand pour recevoir ce que les artistes repr- sents ici Santo Domingo ont vous dire, que vous manquez parfois de conscience de ce que vous-mme dfendez ici. Je vais vous le dire plutt en chanson." Et de nous regarder dans le blanc des yeux, pregnant la table pour instrument de percussion et nous entranant dans une mlope savoureuse de portugais et de crole cap verdien. Le ministry a beaucoup aim H.G. M Crativit Crativit 1" Festival de Culture ACP RI Di 1' [uni EURI LA ER F snn Un dfi pour les pays ACP, la Rpublique Dominicaine et la cooperation ACP-UE En inaugurant le 13 octobre 2006 la 2e Runion des Ministres de la Culture des pays ACP et le ler Festival de Culture de l'ensemble des Etats du Groupe ACP, le Prsident de la Rpublique Dominicaine Leonel Fernandez a consacr le succs d'une longue opi- nitret du Secrtariat ACP mais aussi de leurs partenaires de la Commission euro- penne, et de son propre pays, la Rpublique Dominicaine, sans computer celle des organisateurs et des artistes des trois continents. > Tout a commence en 2003 Dakar auec la 1re Runion des ministres fCP de la Culture Lorsque les Ministres ACP de la Culture runis pour la premiere fois dans la capital sngalaise ont dcid d'organiser le premier Festival cultural des 79 pays d'Afrique, des Carabes et du Pacifique, et d'adop- ter le 20 juin 2003 un Plan d'action et une Dclaration, ils ne doutaient probablement pas de deux choses. D'abord que ces documents allaient avoir une telle rpercussion dans les instances internationales traitant de la culture qui les ont considrs comme innovants sinon rvolutionnai- res par l'acuit de leurs analyses de la place potentielle de la culture et des industries de la crativit dans une stratgie de dveloppement co- nomique des pays pauvres. Ensuite, a contrario, que l'organisation du 1er Festival ACP qu'ils ont projet allait connatre autant d'embches pour sa ralisation. Ce festival aurait d se tenir en Hati en 2004 pour clbrer le deuxime centenaire de son indpendance. Les alas politi- ques de ce pays en ont fait autrement. Aprs des ajournements succes- sifs, l'vnement a eu lieu en d'autre temps en d'autre lieu. Une constant, c'tait sur le sol de l'le de Quiskeya. > La boussole: Dakar A travers vents et mares, le plan d'action et la declaration de Dakar ont constitu une boussole. Leur crdibilit international a certes jou comme garantie pour le festival qui n'en est qu'une parties visible, ct peut-tre du project de Fondation culturelle ACP. L'invisible, c'est tout le corpus de propositions pour faire riger des politiques culturelles claires des pays et rgions ACP, sauver et protger le patrimoine cultu- rel, renforcer la cooperation culturelle entire les Etats ACP et avec leurs LA COOPROTIOn ACPIUE ET LE FlnnnCEMEnT DE LA CULTURE l:_n.en. .-le :- : e ,- I I- e -r iul .:- . in- I :r,:i i i ,r r.,:,u i rr La n'. -_ _n ,: u re ,:u l-'li .1 ,:.:,r'...1i l-l 'Jk'H [I _- k )nre ts _n er,)rog _e l:-,:-nn, :-, ir en ,: ,l ,:_u I: ,, iu ipr n ',n', -,uhur,:l- 'a runi F,_ -, :,-c le sl;,u.:1.;ler ,_ n'.lh, .:I _u ,,- -L I-'P ,,.;Ir an'.n'.e .:1 pi-,i-.. 'u- n..:lu-rii c_-cuhl urallc_ -I' .:l,:,r_ .:I un Finainul.,-I -nt (dii 1r Festival le C IIltur, ACP ' ,: ,1""1"11"-I: ,1" e _IIi', ,i I 'I i I 1.1i11 E I .I II I. III~.1: r . Pop_ l: ..l:, ,lu l-h n'', n' ,'"' '""''"' ,_ul - COURIER on DES miniSTRES ACP CULTURE ET ESTIURL HCP TO DOmlnGO M. Jos Rafael Lantigua, Ministre de la Culture de la Rpublique Dominicaine, Dr Onofre Rojas, Ordonnateur national du FED, Sir John Kaputin, Secrtaire Gnral ACP. Photo Hegel Goutier partenaires de dveloppement, renforcer les capacits des Etats ACP dans tous ces domaines. Et surtout dvelopper les industries culturelles. Les ministres de la Culture ont pav le terrain pour ce qui va constituer un fait vraiment historique : la prise de position du Sommet des Chefs d'Etat ACP Maputo, Mozambique, sur le rle de la culture dans le dveloppement durable. > La consolidation: Santo Domingo Le document adopt par la 2e runion des Ministres ACP de la Culture Santo Domingo amplifie les strategies dfinies Dakar. Il promeut le dveloppement d'une cooperation Sud-Sud, en pregnant comme point de dpart un partenariat actif des ACP avec le Brsil dans le domaine des programmes culturels et en dcidant d'appuyer le project d'ouver- ture d'une Maison de l'Afrique dans ce pays. Il dveloppe notamment une approche pour la reduction de la fracture numrique dans les Etats ACP comme instrument de lutte contre l'analphabtisme, et d'intgra- tion de la culture dans l'enseignement et ce pour la promotion de la diversity culturelle. > En phase auec des rformes en Rpublique Dominicaine L'un des acteurs principaux en Rpublique Dominicaine du succs du Festival a t l'Ordonnateur national du Fonds europen de dveloppe- ment (FED), reprsentant du gouvernement dominicain en charge de la gestion de la cooperation avec l'Union europenne. Comme les autres officials dominicains, il a soulign la concordance des intrts de l'en- semble du Groupe ACP avec l'agenda politique national et regional de son pays au moment o celui-ci essaie notamment d'impulser le rle de la dimension culturelle dans la Carabe et dans la region central et mridionale de l'Amrique. D'une part, la Rpublique Dominicaine venait de faire une large consultation conduite par le Chef d'Etat lui-mme avec les artistes en vue d'un programme pour le dveloppement et la comptitivit des industries de la crativit. D'autre part, elle est en train de faire une rforme constitutionnelle qui englobe la question culturelle comme le President Leonel Fernandez l'a soulign lors du Festival : "Ce don't il s'agit dans le cas de la Rpublique Dominicaine, c'est de transformer un droit de tierces gnrations, comme les droits culturels contenus dans les accords et les traits internationaux, pour les faire figure comme un des droits fondamentaux dans la constitution de l'Etat". Le Festival est arriv un moment o des pans de la socit domini- caine font un aggiornamento d'ordre ontologique sur les fondements mme de la socit, soulignant la ncessit d'une reconnaissance de l'hritage africain. Le Ministre de la Culture Jose Rafael Lantigua, l'un des personnages- cls dans l'organisation de la runion des Ministres de la Culture et du Festival ACP Santo Domingo rsume ainsi la problmatique : "Les nouveaux modles qui caractrisent l'identit dominicaine, promus par des chercheurs dynamiques et distingus, (...) sont ns partir du moment o l'hritage africain a t assum comme une composante vitale de notre culture. Pour cette raison, alors que nous clbrons la presence de l'Afrique, ainsi que des autres Etats des Carabes et du Pacifique, reprsents ce Sommet des Ministres de la Culture, nous clbrons galement la richesse culturelle don't nous sommes les pro- pritaires et les destinataires, et dans laquelle la fusion des races et des cultures a rempli un rle vital et immuable". H.G. M N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Crativit Bernard Babb* QUAnD TOUTED LA CHRRIBE S'EmBfLLE POUR UnE PETITE B1LLE La ferveur qu'engendre le cricket est telle que le temps s'est arrt littralement de mars avril dans les Carabes, pour l'dition 2007 de la Coupe du monde de l'International Cricket Council (ICC). ouvoirs publics, entreprises, mdias, tous attendaient depuis des mois cet vnement dans les neuf pays caribens qui l'ont accueil- li. Son influence est loin de se limiter quelques semaines de dcompte des batters limins (wickets) et des points marqus (runs). Le mot "cricket" voque peut-tre pour certain un petit insecte joyeux et agaant. Mais pas dans les Carabes. L-bas, on pense directement ce jeu de balle passionnant, qui est presque une religion. Si les Carabes sont clbres dans le monde entier pour leurs paysages tropicaux couper le souffle, leurs magnifiques couchers de soleil, leurs plages de sable fin ou encore leur mer turquoise, les Antillais se classent galement parmi les plus grands adeptes du cricket. Historiquement, le cricket est un heritage durable de l're colonial bri- tannique qui fait beaucoup d'adeptes dans les Carabes, dans certaines rgions d'Afrique, en Europe, en Asie, en Australasie et en Amrique du Sud. Cet amour du sport, principalement, a rapproch les diffrentes les indpendantes des 15 membres de la Communaut caribenne (CARI- COM) d'une manire indite et atteint de nouveaux degrs de coopra- tion avec l'organisation de la 9e dition de la Coupe du monde ICC de Cricket, www.cricketworldcup.com. partir du 5 mars, les match prliminaires et les demi-finales ont t disputes sur les les de Saint-Vincent, Antigua, la Barbade, Grenade, Guyana, la Jamaque, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie et Trinit-et- Tobago, la grande finale ayant eu lieu le 28 avril dans le stade frache- ment rnov de Kensington Oval la Barbade. > Cooperation rgionale Avant et pendant le tournoi, la cooperation troite qui a souvent fait dfaut aux Carabes dans bien des domaines, a pris la forme de nou- veaux partenariats et alliances, en particulier au niveau gouvernemen- tal et priv. Outre les US$10 millions rassembls par les pouvoirs rgionaux en vue de crer un nouveau cadre regional en matire de scurit, les territoi- res caribens ont galement tabli un space intrieur unique, mis un visa CARICOM commun (www.caricom.org), men avec succs de grands projects de construction, et se sont rencontrs au niveau des entreprises afin d'offrir toute une game de services lors de cet vne- ment international. Dans les parlements, des lois temporaires commu- nes ont t passes dans toute la region afin de faciliter l'organisation Le stade frachement rnov de Kensington Oval la Barbade Photo Philip Spooner. Crativit Photo Bernard Babb. de la Coupe. Toutes les lois spcialement for- mules dans le cadre de la Coupe du monde de Cricket ont expir le 15 mai. Pour la preparation de ce prestigieux tournoi international de cricket, les gouvernements des pays caribens ont dbours des millions de dollars afin d'riger de nouveaux states et d'amliorer sites et infrastructures sur plu- sieurs les. Une parties des fonds provenait ga- lement d'Asie, sous la forme d'aides au dve- loppement. Taiwan a apport US$6 millions pour amnager le New Warer Park Saint- Kitts, tandis que la construction du nouveau stade Vivian Richards de 11.000 places Antigua, qui porte le nom d'un ancien capitai- ne antillais, a fait l'objet d'une subvention de US$10 millions de dollars de la Rpublique populaire de Chine. Le gouvernement indien a offert US$20 millions au nouveau stade Providence de 17.000 places Guyana, qui comprend galement des logements installs proximity. la Barbade, le gouvernement a finance pour plus de Bds$135 millions plusieurs projects ainsi que la renovation du Kensington Oval, un stade l'histoire riche, parmi les plus cl- bres de ce jeu international. > Facteur de croissance "Nous souhaitons faire de la Coupe du monde ICC 2007 un catalyseur significatif et mesura- ble du dveloppement des services, du touris- me, des infrastructures et de l'conomie la Barbade", a indiqu le comit organisateur local de la Barbade (LOC) dans son appel d'offres. Vancourt Rouse, le chef des operations menes par le LOC, a affirm que, si certain bnfices taient dj visible, bien d'autres taient enco- re venir. En effet, la Barbade compete profiter de l'vnement pour se concentrer sur le dve- loppement des entreprises, du tourism commu- nautaire, des strategies sportives nationals, du cricket et des industries culturelles. De mars avril 2007, la Barbade devait conna- tre 60 jours d'animations : artisanat, musique, arts culinaires, visuels et du spectacle, sports communautaires, attractions touristiques et ven- tes en tous genres, le tout tant principalement centr sur la promotion de la Barbade et la maximisation des dpenses des visiteurs. M. Rouse a expliqu qu'au moment de dcider de la stratgie de la Barbade lors de la phase d'ap- pel d'offres, une tude d'valuation de l'impact conomique avait t mene. Celle-ci a rvl que les bnfices financiers des ventes de billets et des dpenses des visiteurs pendant l'vne- ment en 2007 s'lveraient Bds$250 millions. Les bnfices pour les 10 annes suivantes pourraient dpasser les Bds$750 millions en cas de hausse de cinq pour cent des recettes touristi- ques durant cette priode. Si la plupart des politiques et des groups d'in- trt ont soutenu les measures prises en vue d'une organisation russie de la Coupe du monde dans les Carabes, certain ont mis en garde contre la discrimination des ressortissants et la marginalisation des petites entreprises pri- ves. En Jamaque, des cadres de la chambre de commerce jamacaine (JCC) (www.fantasyi- sle.com) ont prdit que les avantages conomi- ques promise par le gouvernement chapperont la population. L'ancien president, Michael Ammar, prvoit une dette de US$90 millions ($6b JAM) et a affirm qu'il tait probable que le gouvernement ne rcupre que US $10 mil- lions de recettes sur les $US100 millions ($6,7b JAM) investis. Les inquitudes de M. Ammar faisaient en quel- que sorte cho au ministry des Finances, Dr Omar Davies, qui a dclar l'anne dernire qu'il tait improbable que la Jamaque tire des bnfices de ces investissements. La JCC a en outre accus les pouvoirs publics de manquer de franchise quant aux dtails des plans pour la CMC 2007, notamment sur la structure de financement de l'investissement de 6,7 mil- liards de dollars jamaicains. Selon M. Ammar : "Il s'agira plutt d'un heritage de la dette". M * Bernard Babb est un journalist install la Barbade N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Crativit Les marchands de miracle U n documentaire de 52 minutes du Belge Gilles Remiche sur les aspects les plus controverss du phnomne des glises du rveil qui prolifrent au Congo-Kinshasa, rai- son de plusieurs centaines pour la seule capital. Pas de commentaires off. Juste les images et le discours brut des pasteurs autoproclams qui sur- fent sur les frustrations nes de la misre. "La parole peut t'amener en Europe !" promet l'un de ces prophtes-sapeurs qui parviennent runir des states entiers pour op- rer des "gurisons" la chane et rclamer la "dme" qui leur permet de circuler en limousine et de "goter la prosprit de l'Evangile". D'autres prtendent chasser "l'esprit de la pauvret" et appellent l'argent devant des foules en transes. Il montre quel point le pouvoir politique est subjugu. On voit un vice-prsident et deux conseillers prsidentiels cautionner de leur presence un congrs de ces personnages qui exploitent l'vangile des fins lucratives. Gilles Remiche montre aussi le talent de ces prophtes- animateurs, l'incroyable bagout qui soignent de tous les maux, mme par tlphone, ou en imposant les mains devant la camra d'une des onze cha- nes de tlvision vangliques, qui sduisent les foules hystriques comme des stars de rock. Mais surtout il dvoile comment le phnomne peut turner au flau quand on entend l'un de ces prophtes promettre que le sida et le cancer vont "finir automatiquement", une fois qu'il aura chass le dmon. Ou un autre annoncer que "le sida est une maladie quelconque comme la malaria". En contrepoint, la camra enregistre la cruelle dcon- venue d'une femme sropositive quand elle dcouvre lors d'une consulta- tion mdicale que le prophte n'a pas tenu sa promesse. Certains des pro- phtes n'ont pas beaucoup aim. Le ralisateur a subi des menaces de mort, explique-t-on la production. Sans doute parce que le montage, effi- cace, introduit parmi les plus crdules un doute salutaire sur ces pratiques. Disponible en DVD : www.passerelle.be Producteurs associs : RTBF et Centre du cinma et de l'audiovisuel de la Communaut franaise de Belgique. Franois Misser M i Bouleversante f go "Jogful" N e passez pas ct de ce disque : l'une des plus belles choses de ces derniers mois. Une merveille, la voix de la jeune mtisse nigriane Ayo, sa musique, son gnie, son originalit, son clec- tisme, sa maturity musical. Pre DJ qui l'a materne, lui donnant avec son biberon, les intonations, les nuances et les rythmes de Bob Marley, Peter Tosch, Pink Floyd, de toute la musique africaine, amricaine, europenne des sixties et des seventies. Mre tsigane d'Europe central. Rare nou- veaut est aussi nouvelle. N'essayer pas de classer la musique d'Ayo: afro- gipsy, afro-tsigane, nu-soul, folk-reggae ? Un peu de tout cela, oui. Mais c'est d'abord Ayo. Une sensualit de la voix et de la musique, une densit dramatique, charriant par example dans le chef-d'euvre, je pse mes mots, "Down on my knees", sur un tapis de reggae mtiss, toutes les pices et les parfums qui composent son tre. Dramaturgie exceptionnelle : des souffles du cour intense doux et sauvages jaillissant d'une voix suave- ment nasillarde-veloute, ponctus chaque fois d'un bang de la grosse caisse Don't leave me, bang, I'm begging, bang, et ainsi de suite I love you, I need you, I'm dying, I'm crying, I'm begging, bang. Et puis, I love you... Et un roulement de tambour adouci d'une plainte d'accordon tsi- gane accrochant le swing et le gardant haut perch. Ouf Les onze autres morceaux tous diffrents, tous aussi merveilleux Ayo (Joy Olasunmibo Ogunmakin) crit ses chansons, les arrange, fait corps avec sa guitar pour les interpreter, enregistre tout en live. Ah oui, elle est trs belle. Hegel Goutier a Polydor 2006, Universal Music htt://avomnusic.artistes .universalnusic.fr/ COURIER ar l'image Le sinistre par T.T. fons HiV.KMAdS QoC-ibut GAOOR .. -NOMB -E DE : b-llNISTllw.. .' Lds fs THI ARE '. N. 1 n.s. JUILLET AOT 2007 Er jO L4 =ui LVO * E-IK MEZ UIsa rejet par idier Uode 1 ar l'image CMLR aia OftOia. 'AA A CIWCE voni Mp ?4ME- Gu EL T LE-- iwt 40atE t W T lojjT.-sgE**- tror ET t. S M DriF IOE 1u.5 Ko* et t I r VUM .. f --- [ es r rsta e a .- COURRIER ,, -- , -.r - II Ies pays fIe CI s I Pacifique et Union eI liiinne PACIFIQUE Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall E.F. de Micronsie Nauru Niue Palau Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu Les listes de pays publies par Le Courrier ne prjugent pas du statut de ces pays, territoires et dpartements, ni de l'volution de ce statut. Le Courrier utilise des cartes de diverse origines. Cette reproduction n'implique la reconnaissance d'aucune frontire particulire ni ne priuqe du statut d'aucun Etat ou territoire. CARAIBES Antigua et Barbuda Bahamas Barbade Belize Cuba Dominique Grenade Guyane Hafti Jamaque Rpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint Vincent et Grenadines Suriname Trinit et Tobago AFRIQUE Afrique du Sud Angola Bnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert Comores Congo Cte d'Ivoire Djibouti Erythre Ethiopie Gabon Gambie Ghana Guine Guine Bissau Guine Equatoriale Kenya Lesotho Libria Madagascar Malawi Mali Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigria Ouganda Rpublique Centrafricaine Rpublique Dmocratique du Congo Rwanda Sao Tom et Principe Sngal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland-Tanzanie Tchad Togo Z a m b ie _i ,l ,:. il. ,- UNION EUROPENNE Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France Grce Hongrie Irlande Italie Lettonie Litiiini. Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne Portugal Royaume-Uni Rpublique 'hi.-.i.- Roumanie Slovaquie Slovnie Sude r -,- --- - 4.4 p, ac Interdit la vente |