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Ok ; r mU - L A i U .I.t ~E~aB~la ~ 3U- UNIVERSITY , OF FLORIDA LIBRARIES - .I" ;"*. .. I l~* .% *, i IB ARIE .. .. .: I. 11 ' ".L : i:. L.d .. . LE GENERAL 40ORD ALhEXIS 1906-1907 N FREDERIC MARCELIN LE GENEIRAh NORD AhEXIS 1906-1907 TOME II PARIS SOCIfTfI: ANONYME DE L'IMPRJMERIE KUGELMANN (L. CADOT, Diroctcur) 12, rue de la Grange-Batcliere, 12 L'annde 1906 (1) avait commence sous de favorables auspices... Le change n'etait plus qu'a 500 0/0... La fete du l rjanvier de l'Ind6pendance avait it6 cedlbhre dans toute la Rdpubliquie avec un grand eclat et une ferme confiance, affirmait-on, dans l'avenir. Sur tous les points du pays la voix de ses fiddles lieutenants avait acclammd les vertus hdroiques du (( grand soldat ) qui prdsidait a nos destinies. Aux Cayes, le general Antoine Simon, chef militaire.du Sud, avait ainsi discouru sur l'autel de la patrie : X .Concitoyens, Je n'entreprendrai pas en ce moment le developpement de tout ce qui pese sur (1) Vdir le premier volume : Le Gdndral Nord Alexis - 1905. -6- nous comme devoirs, je vous rappellerai seulement ces sublimes et grandiose manifestations faites sur tous les points du pays a la memorable celebration du con- tenaire do notre inddpendance rOvee et r6alisde par le pridestind President Nord Alexis, a qui Dieu rdservait cette gloire immoirtelle. <( Unissons-nous, concitoyens, pour le bonheur du pays, et groupons-nous aupres de l'illustre chef qui, en un intervalle si court, a remis sur un pied satisfaisant l'avenir de notre chore patrie. < Quant h vous, soldats, qui avez l'in- signe honneur de porter le drapeau de la nation, vos devoirs sont connus. II ne vous est pas pormis de ddlib6rer. Le President Nord Alexis nous repr6sente le drapeau. It est l, vos yeux et vos oreilles ne doivont voir et entendre que lui soul. 11 lui a fallu une carriere bien longue avant d'arriver a la premiere magistrature do 1'Etat. Son av6- nement a dtd le fruit de cette belle ot noble - 7- patience qu'il a eue, de cette patience que tous les hommes doivent avoir pour guide. )) Aucun nuage ne semblait ternir l'azur radieux de notre ciel politique, On pouvait done croire que la paix 6tait definitivement consolidde si on s'en rapportait aux ha- rangues officielles et aux discourse prononces un peu partout pour marquer son devoue- ment au Gouvernement 6tabli. C'6tait mal- heureusement la face extdrieure des choses. Mais, au fond, et le Ministre des Finances en savait quelque chose, rien n'dtait change: plus que jamais il fallait surveiller, h Fin- tirieur et a l'extdrieur, les ennemis de la patrie, multiplier, en consequence, les ra- tions extraordinaires aux troupes, se prdpa- rer aux 6ventualitds futures par des appro- visionnements d'armes, de munitions, creer une armie de mer sur le module, hWlas! de l'armde de terre... Ces choses-lh content beaucoup d'argent dans tous les pays, et particulierement dans le n6tre. Si on peut - 8 - discuter de leur utility ailleurs, cette dis- cussion n'est pas m6me a envisager sdrieu- sement chez nous, car on a vu, une fois de plus, a quoi elles ont servi en novembre et decembre '1908... Arm6e de terre et armde de mer qui, durant six ans, engloutirent tant de millions, garde du Gouvernement. forte do deux mille hommes, entretenue avec tant de soin, precieusement enfermde derriere les murailles du palais, come un joujou ddlicat a l'abri des orages, pour parader seulement sous les yeux d u chef de 1'Etat les dimanches et jours de f6te, ne lui valurent pas grand'chose la debacle venue : cinq cents hommes disciplines eussent mieux fait son affaire. Reprenons la revue des diff6rentes me- sures administrative et financieres... . Le siege social de la Banque Nationale d'Haiti h Paris n'avait pas accept sans protestation la reprise par l'Etat du ser- vice de la trdsorerie. A sa lettre du 12 dd- cembre 1905, o6 elle demandait la const, -9- tution d'un tribunal arbitral, je rdpondis par celle-ci : N 155. Port-au-Prince, le 4 janvier 1906. Le Secretaire d'Etat an department des finan- ces et du commerce au President du Conseil d'administration de la Hanque Nationale d'H-alti, a Paris. Monsieur le President, Le Conseil des secr6taires d'Etat a pris con- naissance de votre lettre du 12 decembre 190-5 adressee a' Son Excellence le President de la IRpublique. II me charge d'y r6pondre. Je suis oblige, tout de suite, de vous rappe- ler que je n'ai 6num6rd les griefs du Gouver- nement pour motiver le retrait du service de la Wresorerie de la Banque que sur votire propre demand : cela n'implique nullement qu'il ait 0i.6 fait. abandon d'aucun do ces griefs. Malaisement, on pourra soutenir que la creation de la Commission mixte de r6organi- sation ne soit nde de cette pensde commune : qu'il Rtait necessaire, aun lendemain du proces de la 'Consolidation, d'apporter quelques modi- fications au contract de la Banque, tant. dans 1. - 10 - l'intW.rt du pays que dans celui de l'6tablisse- mont, et pour son avenir meilleur. Vous kcri- vez : (( En realit6, la Commission s'est dissoute sans avoir product d'autre acle d(finitif que la transaction du 214 avril. Tout le resi ne f'ut que notes, projects, changes de vues. 11 y out de tongues discussions, mais en fin de compile les d6lgus du Gouvernement et ceux de la Banque ne reussirent pas A se metire sufflsam- ment d'accord sur aucune des questions sou- levees, etc... , On pourrail peut-eire remarquer que, At votre sens, el par la lournure qute vonus avoz voulu donner aux choses, la Commission som- blait n'avoir d'autre mission que de r6gler les responsabilitls civiles de la Banque. Car, en faith, ih peine aviez-vous sign la transaction, que vous n'avez plus voulu entendre parler doe quoi que ce soit, ni admettre la moindre dis- cussion sur quoi que ce soil. C'est 1'impression trs nette qui ressorl. de voire alltilude avant la signature et do celle que vous avez eue apr6s la signature. Cependant la veril6 nous oblige 'i protester de la faqon la plus forinelle centre cotte asser- tion de votre lettre : II n'est done pas just de souvenir, come le faith M. Marcelin, (( que la Banque pent 6tre - Hi - a accusee d'Otre revenue sur tout ce qu'elle ( avait accept et de n'avoir tenu aucun de ses engagements ). Cette phrase, presentee ainsi et immediate- ment apres celle relative A la Commission mixte de reorganisation, parait s'appliquer et a voulu intentionnellement s'appliquer aux travaux de ladit.e Commission. Cela est le contraire de la v6rit6. Car les reproches que je fais a la Banque dans ma reponse du 7 novembre dernier s'ap- puient sur une lettre et une note de M. van Wijck, adressees au secr6taire d'Etat des finances a la date du 19 avril 1906, Comme vous semblez ignorer et la lettre et la note, ou que vous ne vous en souvenez plus, je vous les transcris ici, en leur enter, pour votre complete edification : BANQUET NATIONAL dfHAYTI Port-au-Prince, le 19 avril 1905. Le d6sir du siege social, en vous deman- dant de faire signer la Convention, est de hater la solution des questions pendantes entire nous. II pense qu'elles pourront toutes Otre resolues dans un sens equitable et favorable k nos mutuelles relations. - 12- a Je vous r6pite qu'il ne croit pas pouvoir ddpasser le chiffre de 600,000 P. or, pour le pret statutaire, en y comprenant la conversion du premier pret en gourdes at un taux raison- nable. a En ce qui touche le ddcouvert de 125,000 P. or au compete recetles et paiements, sans vouloir m'engager, nous l'dtudierons ensemble dans un esprit de conciliation et d'entente, comme, du reste, je vous promets de le faire pour toutes les questions comprenant aussi bien les interuts de la Banque que ceux de 1'Etat. c Veuillez croire i mes sentiments bien cor- diaux. a (Sign6) : CI. VAN WU CK. C) BANQUE NATIONAL D'HAITI Port-au-Prince, le 1i avril 1905. NOTE Veuillez ne pas pordre do vue que i'aug- mentation du prlt, statutaire ne peut etre accord'e que par 'une Assemblie g6n.6rale extraordinaire des actionnaires. a Vous n'ites pas sans ignorer que la plus grande difficult que pr6sente la reunion de - i3 - ces Assemblies se trouve dans la n6cessit6 de faire deposer leurs titres par les int6ress6s. (( Or, nous avons I'Assembl6e g6ndrale extraordinaire dans la deuxibme quinzaine de mal. (( Ne seriez-vous pas d'avis de hater la solu- tion de nos combinaisons pour que le Conseil administration puisse en parler a la pro- chaine Assembl6e et preparer I'Assembl6e extraordinaire ? < Dans ces conditions, il pourrait se faire que les titres d6jA d6poses ne soient pas reti- res, ce qui'nous faciliterait d'autant la reunion du quantum n6cessaire. Oui ou non, loyalement, cette lettre et cette note constituent-elles pour la Banque un enga- gement sur lequel nous avons quelque droit de computer ? Le Conseil des secr6taires d'Etat vous pose, Monsieur le President, cette question. II vous prie instamment d'y ripondre et votis rappelle a cette occasion que leltre'et note ont Mt6 adres- sees par M. Ch. van Wijck pour determiner la signature de la Convention sur les rcsponsa- bilit6s civiles de la *Banque. Or il a pu petit-ktre ne pas exister d'entente dans la Commission : certainement, il en a exist une centre M. Ch. van Wijek, directeur - 14 - de la Ban.que Nationale, et le secr6taire d'Etat des finances, M. F. Marcelin. Nierez-vous la valeur de ces documents ? Nierez-vous qu'ils n'6tablissent, entire le Gou- vernement et la Banque, un contract, un accord qu'il est impossible de leur d6nier, d'aulant plus que vous affirmez inergiquement que M. van Wijck, qui les a signs, a toute votre confiance ? Le Conseil, Monsieur le President, encore une fois, vous prie de rDpondre a cette ques- tion. De votre r6ponse d6pendra la prompted solu- tion qu'il convient de donner A toute cette affaire. Cependant, en ce qui concerned le tribunal arbitral, lequel, dites-vous, suivant la tradition, devra Otre constitu6 h Paris, ii nous faut main- tenir, dbs h present, energiquement et sans hesitation, qu'il devra Otre, au cas chant, constitute h Port-au-Prince : h Port-au-Prince, siege du Gouvernement et olf se trouve votre veritable et principal 6tablissement. En r6sum6, le Gouvernement, dans l'interet national, maintient toutes ses revendications centre la Banque. I1 proleste qu'il n'a Wti force de prendre les measures don't vous vous plaignez que parcel que vous avez voulu Eluder vos promesses et vos engagements. - 15 - II1 est. tout prMl, n0anmoins, si vous le voulez, ai recliercher conjointement aver vous ;'i Port- au-Prince, et slcon vos propres expressions, les molqens de rancher i I'arniable les ques- tins (nii nous divisent. C'est li son plus sincere dcsir. Vouillez, Monsieur le Prisident, agrcer les assurances de ma haute consideration. F. MARCELIN. Pour maintenir 1'ordre et la r6gularit6 dans le nouveau service des recettes et des d6penses nouvellement install& pour em- p)cher qu'il ne rappelAt nos anciennes trdsoreries don't justement les d6sordres avaient motiv6 la remise de ce service a la Banque. j'etais oblig6 do livrer une lutte perp6tuelle aux commandants militaires. toujours prkts a s'immiscer dans les finances de l'Etat et au Pr6sident de la Rdpublique lui-m6me, enclin a penser que sa volont6 6tait au-dessus des r.glements de la comp- tabilitc publique. 11 me fallait, par un lan- gage ferme, cat6gorique, soutenir mes per- - 16- cepteurs on province, leur inspire confiance, raffermir surtout leur courage dUfaillant quand il s'agissait du chef de F'Etat ou d'un de ses lieutenants. .Ie ne manquai pas a cette tAche. pas plus que je ne n6gligeai jamais de blamer ceux qui capitulaient... Voici a ce propos, a travers une nombreuse correspondence, deux lettres qui l'attes- teront: Port-au-Prince, le 10 janvier 1906. Le Secr6taire d'Etat au department des finan- ces et du commerce au Directeur gWneral de la recelle et de la depense, en son hitel. Monsieur le Directeur, .T'ai recqi votre letire du 9 janvier courant, au n 59, par laquelle vous m'annoncez que l'administrateur des finances de Saint-Marc a envoy au charge du service de la recette et de la d6pense de cette ville un regu de 45 dol- lars destine a 1'achat d'un cannot. Je note qu'apres le refus du percepteur do remettre la valeur demandee sans un ordre formel de la direction g6ndrale de la recette et - 17 - de la defense, vous avez regu un t6l6grammo date du 5 janvier courant, conCu en ces terms: a Vais verser a administrateur finances $ 45 or apres t6llgramme President d'Haiti. ) Vous vous empresserez d'6crire au charge du service de la recette et de la d6pense de Saint- Marc qu'il est formellement et personnelle- ment responsible de toute sortie de fonds qui se ferait en dehors des lois et reglements. II n'a done aucunement a s'adresser a vous, ni vous ne devez pas non plus vous adresser a moi en pareille circonstance, car ni vous, ni moi ne pouvons le mettre au-dessus des lois et riglements. Recevez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma consideration distingueie. F. MARnELIN. P.-S. Je vous retourne la lettre communi- quee du directeur de la recette et de la d6pense' de Saint-Marc. F. M. Port-au-Prince, le 10 janvier 1906. A Son Excellence le Pr(sident de la Rdpu- blique, Palais National. Monsieur le President, Le directeur general de la recelte et de la d6pense, par sa lettre du 9 janvier courant, au n 59, m'avise ce qui suit : - 18 - q J'ai l'honneur de vous remettre, sous ce couverl. une letlre du charge du service de la receloe et de la depense a Saint-Marc, .dans laqucllc il m'annonce que l'administrateur des finances lii c envoy un reQu pour le paiement cle 45 dollars destinds (at fachat d'un cannot. Ce fonietiunnaire a refuse de remettre la valeur, disant qu'il n'avail pas d'ordre du bureau central i cet effect. Le lendemain (5 janvier), j'ai recu la dUpeche suivante : (( Vais verser a administrateur finances $ 45 K or aprbs ilIdgramme Pr(sident d'llaili. ) J'ai crit an charge du service que j'allais vous envoyer sa littre en communication. u Je me suis empress de donner l'ordre imnmdial au directeur .g6ndral de la recette et de la d6pense de rappeler formellement le charge de la recette et de la dipense i Saint- Marc qu'il est personnellement responsible de 1'observance de nos lois el reglements sur la matierc. Je suis absolument certain d'etre en agis- sant ainsi 'interprfle fidble de vos senti- ments. Je prie Votre Excellence d'agrer l'hommage de .mon profound respect, et de mon entier ddvouement. F. MATICELIN. - 19 - Je veux dire une fois pour toutes, et pour n'avoir plus a revenir lI-dessus, le senti- ment qui me guide en donnant publicity ah cerLaines lettres de ma correspondence avec le President do la Ripublique. Ce n'est certes pas pour l'amoindrir que je le fais. Ce n'est pas. pour 6tablir qu'il dtait un chef autoritaire et qu'ii n'admettait pas d'objec- tion a ses volontds. Personne ne peut croire s6rieusement que nos chefs militaires soient. autre chose que -e qu'ils sont rdellement : des chefs absolus. Ce serait done un men- songe enfantin que d'essayer de faire croire le contraire : ce mensonge ne serait meme pas pour leur plaire, car ils tiennent a cc qu'on sache bien que, dans l'litat, il n'y a qu'une volontd, et c'est la leur. Mais, a c6td de cette rdalit6 dvidente, il y a la cons- cience, il y a le devoir qui obligera toujours de lutter centre une situation de fait fatale au d6veloppament du pays et a la liberty d'action des minisLres... Pour moi, et c'est l que je veux en venir. -20- j'ai toujours lutt6 dans les deux gouverne- ments que j'ai servis pour essayer de r6ddu- quer le temperament de nos chefs militaires, leur faire admettre qu'il y a des lois, des r.glements auxquels ils doivent obdissance. Si je n'ai jamais manque a cette obligation envers moi-m6me, c'est que je crois que Pon se doit cet effort, ne serait-ce que pour mar- quer notre d6sir d'un 6tat social meilleur... C'est ce mobile que j'essaie de faire ressortir, non dans le vain interst d'une justification personnelle, mais comme une sorte de pro- testation morale centre les gouvernements militaires. II serait trop long d'6num6rer ici toutes les measures 6dict6es, toutes les circulaires adress6es aux administrateurs des finances, aux directeurs des douanes pour empecher les fraudes dans ces 6tablissements. Un volume n'y suffirait pas. C'est une tradition ancrde dans les moeurs nationals que les douanes sont la meilleure source de fortune tant pour le commergant que pour le fonc- - 21 - tionnaire. Et il est rest legendaire ce mot du r6volutionnaire qui ne combat ni pour la restauration des libertis publiques, ni pour la defense de la Constitution violde; mais simplenment pour une bonne place en douane! Au moins, celui-lh dtait franc, precis, et il ne fardait pas sa pensee. Les autres, plus raffinds, l'habillent, de mots sonores qui n'ont pas perdu de leur puis- sance, semble-t-il, et font encore de l'effet... Cependant, il reste un fait indiniable : c'est que les douanes exercent une grande fasci- nation sur l'imagination populaire. On com- prend done combien il est difficile a toute dpoque d'y ramener la morality, ind6pen- damment de certaines causes qui, sous le general Nord Alexis, rendaient cette tAche particulierement' difficile. Je me souviens d'une anecdote qui m'a 6ti racontee il y a quelque temps et qui peut servir de commentaire plaisant ou triste, come on voudra, a ce que je dis ici... Au commencement d'Hyppolite, Edmond - 22 - Paul, tres bien en cour et fortement coinc6 par quelqu'un qui affirmait avoir souffert pour sa cause, se laissa aller h le recomman- der pour une place en douane. Le prot6g6 1'obtint, mais ne sut pas la garder. Un mois apres sa deconfiture, il revint trouver Edmond Paul pour le prier de le recomman- der a nouveau., jurant qu'il avait 06t calom- ni6, Rtant aussi pur que Fagneau qui vient de naitre. Edmond Paul le regard de cet oeil malin, plein du doux scepticisme dans lequel son impeccabilitd d'ap6tre semblait se rdfugier h la fin de sa vie. Enfin, il laissa tomber ce trait d'ironie neutre : Mon cher, c'est trop frais Ah ce mot... 11 a toute sa saveur, surtout en crdole, comme il fut dit, et toute sa valeur quand on se souvient de ce qu'6tait Edmond Paul... Que de fois, en effet, n'a-t-on pas vu ceux qui en furent chassis honteusement pour leurs malversa- tions retourner dans nos douanes quelque temps apres! Ce jn'est plus frais, comme disait Edmond Paul, et ils peuvent revenir. - 23 - C'est ce motif qui me determina, dans un project de rdforme des douanes que je prd- sentai plus tard aux Chambres project qui fut rejetW unanimement et qu'on retrou- vera 'son heure dans cet ouvrage d'y mettre en t6te l'interdiction pour le chef de l'Etat de nommer a ces charges en dehors de certaines conditions d6termindes. Les fraudes dans nos douanes trouvent un puissant aliment dans nos consuls a l'dtranger; je fus oblige de leur faire la cir- culaire suivante : Port-au-Prince, le 13 janvier 1906. Aux Consuls de la Republique d'Haiti. Monsieur le Consul, L'article 30 de la loi du 4 septembre 1905 sur les douanes s'exprime comme suit: ART. 30. 11s (les consuls) refuseront < de viser les manifestes, connaissements - 24 - e et factures qui ne seront point dans les c conditions exigdes par la loi. ' M~algrd le vceu formel exprim6 par cet article, il est constatd que vous avez vise des pieces contrairement aux dispositions des articles 38 et 39 du Titre IV de ladite loi, comme d'ailleurs j'en ai la preuve par les documents que j'ai en ma possession. Je suis resolu h faire cesser toutes les fraudes commises dans les douanes par le moyen des pieces irr6guli6ires, vis6es par les consuls. J'ai done signal a Son Excel- lence, lc Prisident de la Republique tous mes auxiliaires qui, par leur indifference, sont cause que les intdr6ts de la Republique peuvent Wtre lsdis et lui ai demand de faire contre eux l'application de la pdnalit6 ddic- t6e en pareil cas. Agrdez, Monsieur le Consul, les assuran- ces de ma consideration distingude. F. MARCOmIN. - 25-- Dans le Moniteur du 17 janvier, je dd- nongai celui. de Liverpool: Port-au-Prince, le 15 janvier 1906. A Monsieur le Consul d'Haiti a Liverpool. Monsieur le Consul, Je vous confirm dans toute sa eneur ma d6peche du 13 de ce mois au no 145. Je vous fais la prdsente dans le but expres de vous donner avis que, pour avoir vise les fractures a denominations vagues, sans quan- tit6 d6terminde des marchandises, sans leur larger et sans leur aunage, vous avez fourni a la douane du port de Jacmel des 61iments pour commettre des fraudes. En effet, deux n6gociants de cette place - ayant regu divers colis de tissus de coton assujettis a des taxes diverse, declares < Cottons ) (sans autre designation) dans la facture soumise a votre visa ont ajoute (en frangais) les quantit6s, larger et au- *2 . -26- nage des articles qu'ils ont reous lorsqu'ils out cru remarquer que la tentative de frau- der ne pouvait s'accomplir. Si los interets du Tr6sor ont 6tW 1~s6s ou mis en p6ril, c'est assurdment par votre faute ot par votre indifference, par votre pcu de souci h appliquer la loi et a faire votre devoir. DWcidd a retablir l'ordre dans les finances du pays et dans les bureaux des douanes de la R6publique, je n'hesite pas h signaler au chef de l'Etat tous ceux de mes auxiliaires qui se mettent dans votre cas. Je saisis cette occasion pour retourner quelques-unes des factures que vous m'avez envoydes sans les viser, quand la loi du 4 septembre 1905, dans son article 37, dis- pose que <( la facture doit Atre faite en qua- < druple, original et visde par le consul < d'Haiti au port d'expddition v. Je vous rappelle une nouvelle fois les articles des Titres II et IV de la susdite loi et vous invite a vous y conformer stric- tement. - 27 - Agr6ez, Monsieur le Consul, mes saluta- tions distinguees. F. MARCELIN. ..IJe devais m'evertuer, duranit toute cette annde 1906, h ramener un peu d'ordre dans l'administration des douanes, besogne diffi- cile par rapport a des causes multiples qui seront mises au jour au fur et a measure, mais besogne indispensable sous peino dc voir le service public arretd. Du rest, et dans toute son implacable rigidity, ce problame devait quotidienne- ment, durant mes trois ans ot sept mois de minist6re, so dresser devant moi : itant donnes i chaque session hIgislative des bud- gets de plus en plus forts, de plus en plus disproportion nis avec les recettes rdelles, sans computer les depenses extraordinaire et imprdvues survenant en course mime d'exercice, comment arriver a les couvrir ? Certes, le role de ministry des finances est partout difficile, mais chez nous il 1'est - 28 - peut-Utre plus sp6cialement. 'Par example, il paralt tres simple, pour 6quilibrer le bud- get, d'y pratiquer des coupures rdelles, so- lides, avant de le presenter aux Chambres, en un mot de l'Ftablir s6rieusement. L'Etat encaisse tant, il ne pourra depenser que tant. Rien n'est plus logique. C'est ce qui doit Atre en bonne regle. Que la pratique est loin de la rdalit6! Quand le ministry des finances regoit les budgets de d6penses des autres d6partements, il demeure tout d'abord atterr6 devant des chiffres don't I'addition, en face des recettes, donne un cart effrayant. Oh peut-il faire les coupures n6cessaires, obligatoires ? Evidemment a la guerre, a la marine, A l'intdrieur, qui sont les gros maugeurs. Mais le chef de l'Etat intervient. 11 declare que ces d6partements sont intangibles. Ne sait-on done pas que les ennemis s'agitent, se prdparent h un d6bar- quement ? Ne touchez pas a l'arche sainte, h la ceinture de stret6 de la paix publique. Le ministry se retourne. II1 se rejette alors - 29 - forcement sur les autres dUpartements. II rogne de-ci de-lh. Ses colleagues grognent, protestent, se fachent. 11 rogne encore. Mais que peut-il rogner sur ces departements-lh ? Pas grand'chose. En tout cas,,cela n'arrive pas a combler l'ecart. II est done force de chercher ailleurs, dans le mensonge des chiffres gonfles, un ajustage qu'il sait bien 6tre le contraire de la verit6. Les deputds le savent aussi. Quand done ce budget leur est prdsentd, ils n'en font pas grand cas. Hs commencent tout d'abord par r6tablir dans les comit6s les chiffres supprimins aux autres d6partements, car ils ont accueilli avec empressement les plaintes des minis- tres.qui ont 6td rognds et qui ont porter en appel leur cause devant eux. L'dquilibre factice du budget ainsi rompu, la barriere ouverte, personnel n'a plus de scrupule. Chacun peut y faire inscrire ddsormais ce qui lui plait. Alors, c'est-la sarabande des credits demands, vot6s sans souci, sans records, a la galopade. - 30- . Cependant, le ministry des finances n'a pu accepter d'un ceil placide la ruine de son oeuvre, si informed soit-elle. 11 se lamente a la tribune. Tout le monde, mine ses coll&- gues, fonce alors sur lui. v C'est parce que, lui crie-t-on, vous laissez piller les douanes que les resources de l'Etat sont insuffi- santes. Si vous faisiez votre devoir, si yvous empAchiez le vol des deniers publics, I'Etat serait riche. Nous pourrions satisfaire tous nos besoins. Et vous n'auriez pas, en inter- venant aussi intempestivement, h faire 6chec a la souverainete national don't les ddputds du people sont les mandants. Car c'est lui faire 6chec que de pretendre que leur droit d'inscrire des d6penses a la charge de l'Etat pout Atre limited ! Notez que parfois ceux qui accusent ont pass par les douanes, oi ils ont laiss6 plu- t6t des souvenirs frais; que tous ils savent le micanisme traditionnel de ces dtablisse- ments; que surtout quand ils ont un can- didat parent. ami, prot6ge, a y caser, ils ne - 31 - s'adressent jamais au ministry des finances, mais directement au chef do l'Etat ou a un de ses families qui le fera nommer, pas pour ses qualities de morality et de probity, mais, ffit-il un chenapan, parce qu'il est surtout ddvoud au Gouvernement, fiddle a l'ordre do choses acLuel. Encore c'est la un motif avouable, car il peut y en avoir d'autres... Certes, personnel ne, pent- contester que l'on vole dans les douanes. On volera moins quand on cessera d'y donner les places uni- quement h la faveur. Mais 'im morality dans les douanes est-elle la cause de notre misere social, ou notre misere social est-elle l'ef- fet de l'immoralite des donanes? Cette question est trop simple pour n'6tre pas r6solue sans grafid effort : c'est parce que nous sommes devenus precisdment tres pauvres que douaniers et commergants se sont mis d'accord avec un si bel ensemble pour frauder 'Etat. Je crois que, dans cet accord, c'est le commergant qui a di avoir -32 - ]'initiative, car .en presence de 'la misere g6nerale, 6prouvant la'plus grande peine h 6couler ses marchandises, il a cherch6 na- turellement a diminuer ses prix. Et com- ment les dim'nuer? En payant le moins de droits possible. De li son initiative pres du douanier, don't il est le perp6tuel tentateur. On affirme que l'on volait moins dans les douanes par le passed, sous Hyppolite par example. Cela ne confirmerait que ce que l'on dit ici : que c'est surtout dans les 6poques de misere que l'ing6niositd des uns et des autres se d6veloppe. C'est le loup qui sort du bois press par la faim. Sous Hyp- polite peut-Atre en sortait-il moins, nos recoltes de cafe d6passant 100,000,000 de livres, et le cafd se vendant a 110 francs. Sous Nord Alexis, on a eu des recoltes de 39,000,000 de livres, et le caf6 n'obtenait plus sur les marches 6trargers que 38 h 40 francs.Le loup devint enrage. Cependant, est-il bien stir que l'on volait moins sous les autres gouvernements que sous Nord Alexis ? - 33 -- Et n'y a-t-il pas 1a simplement un effet d'op- tique ou plut6t de situation? Le commerce etant mediocre, l'importation presque aneantie, 1'exportation tres restreinte, il y out, tant du c6td de l'Etat, sous ce dernier regime, qlue du co6t des fraudeurs l'un pour faire rentrer les droits don't il, avait grand besoin, l'autre pour essayer de s'y soustraire foredment de l'6mulation. Les navires arrivant presque vides, partant de meme, les halles des douanes restant videos aussi, les moindres details de cette situa- tion n'dchappaient plus au public, du rest fortement interessd h cette partie-lk, soit parce que Jes uns aspiraient a remplacer de leur mieux les fonctionnaires revoqu6s, soit parce que les autres y trouvaient -un' 16gi- time motif de d6nigrer le ministry des finances qui laissait, proclamaient-ils, les douanes au pillage.- Dans cette derniere ca- t6gorie criaient le plus fort ceux qui b6ndfi- ciaient le plus du disordre ou y avaient activement contribu6. - 34 - 11 y avait aussi une cole qui, entire les deux extremes la repression h outrance ou le brigandage avrd professait qu'il fallait user d'une certain tolerance, car, disait-elle, on tuera le commerce dans la d6tresse ohu il se debat, si on exige rigou- reusement Pintegralitd des droits de douane. Personne n'importera plus, personnel n'ex-, portera plus, ou on n'importera qu'en tres petite quantitW, just pour les besoins, et la merchandise sera tres chore. Et c'egt le con- sommateur qui en patira et qui n'achbtera plus. Ou on n'exportera les denrdes qu'a- pros les avoir paydes un prix tres bas, de facon h ne pas perdre, puisqu'il faut acquit- ter les droits. Et c'est le cultivateur qui en souffrira, qui ne voudra meme plus liver son produit a ces prix vils. Alors toute la machine s'arretera, car si le producteur cesse de livrer son produit, plus d'exportation, et s'il n'y a plus d'exportation, adieu l'importa- tion. Done, plus de droits de douane h per- cevoir. La poule aux ceufs d'or est morte ! - 35 - Cette cole pr6tendait s'appuyer sur des doctrines scientifiques et dconomiques in- faillibles. Ses theories, incessamment dive- lopp6es, eurent d'abord pour resultat de paralyser l'action de la justice dans la pour- suite, en vertu des lois, du recouvrement des differences de douane, puis ensuite d'annuler complement dans mes bureaux I'action du contr6le des douanes qui, < d'ordre superieur )), cessant de travailler, oppose la force d'inertie a toutes, mes ob- jurgations. M. Descos, ministry de France en Haiti, a la suite do longs voyages qu'il avait faits dans le pays, me disait un jour : Savez-vous ma, conclusion sur'votre pays?... C'est que je n'en connais pas un seul et j'ai beaucoup voyage oa les habitants soient si pauvres. Je dis les habi- tants, reinarquez-le, je ne dis pas le pays, car il est riche,'fertile ; il renferme tous les biens de la terre. Mais je ne cruis pas que dans toute l'ile il y ait un seul Haitien qai - 36 - poss6de 100,000 francs, 100,000 francs liquides, sonnants, rdalisables. Je ne m'oc- cupe pas de vos biens terriens 6valuds a votre fantaisio, et, du rest, toujours inven- dables, irrdalisables. Je dis 100,000 francs especes. Eh bien! pas unseul... C'est incon- cevable. En France, nos cuisinieres, ires souvent, possedeht 100,000 francs. 11-y a peut-Atre un peu de paradoxe dans cette opinion. Au fond, qui oserait soutenir qu'il ne.s'y trouve uno part tres grande de verit6 ? Sous Hyppolite, il existait une circula- tion de 4,452,000 gourdes en monnaie d'ar- gent. On se plaignait m me ambrement qu'il y en eft trop. Oh est-elle ? Des Sam, elle avait presque completement disparu, et Nord Alexis, de ces millions-l1, trouv'a peine 300,000 gourdes, en petite monnaie, don't il essaya vainement de ddfendre l',ixportation par des lois draconiennes. Rien n'y fit, toutes les pieces d'argent furent exportdes, come si c'dtait du - 37-- meilleur ca[d de soute... C'est lh le signe le plus irrefragable de la misere d'un people Quand il est r6duit at cela, c'est que le commerce est aux abois. C'est la situation du particulier qui vend le coton du vieux ma telas de la famille pour envoyer au march. La monnaie de cuivre, de bronze, don't il y avait environ pour 225,000 gourdes; ne fut pas plus 6pargnde. On l'exporta aussi. Et il en sera ainsi tout le temps que la prosp6ritd materielle du pays ne se rel6- vera pas, et de fagon h pouvoir, par l'ai- sance, garantir l'avenir avec quelque certi- tude. Aussi longtemps qu'il n'en sera pas ainsi, a la moindre crise, et chaque fois qu'il y aura une monnaie ayant par elle-m6me une valeur intrinseque, elle sera export6c. Qu'est-ce donc qui a d6termind cet 6tat morbide chez le people haitien ? Qu'est-ce qui l'a amend h ce degr6d'appauvrissement, de paup6risme social qui fait qu'en dehors d'une charge publique le citoyen haitien ne sait h quoi employer se.s dix doigts + Jo voudrais ne pas rpeAt.er ce que Pon re- pete depuis cent ans : h savoir que c'est la guerre civil. que ce sont les revolutions qui sont cause de tout le mal. Cependant je prierai simplementde prendre quelquesbud- gets de la Dette publique et d'additionner ce que nous avons pay6 aux strangers pour in- cendies, pillages, faits de guerre civile... Prenez un des derniers, par example. Vous y trouverez que la seule affaire de Petit- Goave a coitd plus do 200,000 dollars ver- s6s aux strangers. C'est ce que vous trouve- rez a la Dette publique. Mais songez-vous aux millions perdus par les Haitiens ? Qui a additionn6 le total de leurs maisons incen- dides, de leurs magasins pills, de leurs industries aneanties ? Qui a fait le decompte de toutes leurs miseres, de toutes leurs souf- frances ? Qui songe a ceux qui sont tombs dans la lutte, soit d'un c6te, soit de I'autre, et qui pourraient etre dans la carriere modest du labeur manuel des dli- ments de richesse national ? Qui songe a -'39 --, ceux qui furent fusilles les armes a laa main ou dans leur fuite dperdue a travers les bois? Qui songe i Chicoye, don't Boisrond-Canal, chef militaire renomme pour son humanitW, disait h un grand planteur de LeogAne solli- citant sa grace : Carrie a pris Petit- Goave ; Chicoye est sa chose ! Qui songe a. Chicoye ?..., Personne, pas meme celui pour qui il mourut. Ce fut un grand coupable, certes. Mais il n'en est pas moins vrai-que le jour de sa mort il allon- gca encore la liste de ceux qui, mieux ins- pirds, auraient pu rendre des services a leur pays, car il fut, sous Hyppolite, un admi- nistrateur honnmte, integre et probe. Par- lant des douanes, son souvenir m'6tant re- venu, je lui rends hommage ici... Rappelez-vous plus tard les ruines, les pertes occasionndes a la fortune publique par les 6vdnements des Gonaives et de Saint- Marc. La, heureusement, vous ne trouverez pas trace, dans notre Dette publique, d'in- demnitds payees aux 6tranigers grace a la - g9- -40- fermet6 du gouvernement de Nord Alexis qui repoussa avec dnergie toute reclamation. Mais la pauvre 6pargne haitienne, combien continua-t-elle a 6tre maltraitde, ddchique- t6e, broyke, mitraillde, tant par les ddpr6- dations des revolutionnaires que par les obus de nos navires de guerre ? Et plus tard, quand vous entendez ces memes rdvolutionnaires, vainqueurs du jour, d6clamer contre la situation finan- cire crede, disent-ils, par leurs adversaires, declamer contre la misere publique don't ils les rendent responsables, ne peut-on pas leur repondre : a Cette situation est v6tre. C'est vous qui, en appelant aux armes, avez incendi6 les villes, ave/ oblige de donner des indemnitds aux strangers, avez d6truit I'dpargne haitienne, avez augment la mi- s.re publique Si on a fait des emissions de papier-monnaie, si on a fait des frappes de nickel, la faute en est a vous, a vous 'seuls, car vous attaquiez un gouvernement 6tabli, et il avait pour devoir, a moins d'tre d'une - 41 - abjecte lAchet6, de vous combattre a ou- trance Tout ce qu'il a pu faire de mal, c'est vous la cause premiere. Vous en Rtes responsables. A ces ruines-li, vous en avez ajout6 d'autres encore... Vous avez fait sacrifier des vies utiles a leur pays, a leurs families. Si elles pleurent, c'est vous qui les faites pleurer, et tout cela en pure perte, en pur ndant, en pure betise, car vous. n'avez pas su meme prendre le pouvoir qu'un autre a pris sur vous > Telle est done la cause r6elle de l'6pui- sement du pays : le mal r6volutionnaire qui am6ne h sa suite tous les d6bordements et justifie tous les desordres. Nous savons bien le mal, mais nous sommes impuis- sants a le rdprimer. Cependant il ne git que dans I'armde. Si le syst6nme militaire ne dominant pas en Haiti, les candidates a la prdsidence eussent Wte moins enclins a flat- ter nos g6n6rau'x, lesquels les bernent aus- sitot qu'ils en trouvent l'occasion. Ils n'au- raient pas surtout la tentation de pousser - 42 - aux ventures militaires dans l'espoir de cucillir la poire une fois mure. Mais ici se dresse pour eux et c'est le just chAti- mcnt -- l'6cueil dc 1'ambition individuelle ou colle plus prompted encore de l'entou- rage : le general mis en avant devient vite un invincible concurrent... Et je ne sais quelle valeur il faut attacher a cette asser- tion c'est alors Jean Jumeau qui, dit-on, aux Gonaives, en cas de succ6s, n'aurait travaill6que pour lui-meme. La chose estvrai- semblable et serait tout a fait dans P'usage. Pourenrevenir a notre malaise social dans lequel la pauvretd tr6ne en souveraine, il y a une. remarque qui trouvera ici sa place comme elle la trouve dans touts les occa- sions semblables : c'est qu'en mime temps que notre misere croissait nos besoins croissaient aussi. C'est le temps, dans sonf evolution inconsciente, qui a amend cela. Ce sont surtout nos voyages rdpetes a l'etranger qui ont d6veloppd ce gofit du confort auquel nous ne pouvons rdsis- - 43 - ter. 11 nest pas moins vrai que nos peres travaillaient davantage, que leur' travail 6tait plus productif et qu'ils vivaient plus simplement que nous. Tout le monde n'avait pas en ce temps-lah sa voiture, son cocher, sa maison de champagne. C'Utait un 6vene- ment quand quelqu'un partait pour l'6tran- ger. I faisait son testament par devant no- taire et on allait Faccompagner au bateau en grande c6r6monie cornme s'il ne. devait plus revenir. Le travail manuel surtout 6tait ho.nord au premier plan. Chacun devait avoir en main un outil veritable, et il n'dtait pas permis a tout le monde d'Atre avocat, medecin, journalist on meme homme d'Etat. II1 y avait des reglements de police pour reglementer ces professions peu honorees de nos peres. Je crois meme que leurs revolutions et leurs conspirations, si elles Rtaient toujours meurtrieres, 6taient plus 6conomiques que les n6tres, attend qu'ils n'y milaient pas les Strangers... Je ne regrotte pas ce bon vieux temps. Jo cons- - 44 - tate simplement que nos besoins se sont accrus avec la diminution progressive de nos resources. Comment, dans ces condi- tions, avoir des budgets dquilibres quand il faut rdserver des affectations douanieres, nettement d4terminjes, aux chemins de fer, aux wharfs, afix ports, a I'Mclairage 6lectri- que, a toutes les manifestations du progres moderne, que la R4publique entire rd- clame ? La solution du probleme fera un grand pas avec la cessation de la preponderance militaire en Haiti. En attendant, pour clore ce chapitre et peasant qu'il pourra 6tre de quelque utility, je transcris cet apercu tres incomplete, j'en conviens, des sommesque nous avons paydes aux strangers de 1879 a 1902.. Je le dedie aux revolutionnaires de mon pays : Gourdes Or Ev6nements d.e 1879, Gonalves ......... 357.655 n 4 reporter,.,, 357.655 p - 45 - Gourdes Or Report ........ 357.655 ' Int6rets sur le capi- tal, y compris sup- pl6m.ent rdclama- tion anglaise ...... 23.437 , 20 Paiement d'int6- rots sur 2/3 du ca- pital ............. 4.587 n , Int6rets de dieux'mois de retard sur paie- ment du deuxieme term ............. 1.127 95 Ev6aements des 22 et 23 septembre 1883 (Port-au-Prince), y comprise int&rUts surversements, etc. 772.979 34 Affaire M a under r, payable- les 31 octo- bre 1887, 31 mare et 31 juillet 1888, plus inthrets de re- tard, 32,000 ....., 143.600 n Affair du capitaine Styles ('service by- drographique) .... 65.000 n - Affaire F. Sylvfe-DA- brosse ............ 269.957 19 Ev6n:ements de 1889. n . Commission mixte franco-haltienne, 1r" catfgorie ......... '105.950 11 1/2 3.592 36 Commiission mixte franco-haitienn e, 20 cat,6gorie ......... 24.404 29.001 " 4 reporter.... 582.161 06 1/2 1.219.129 89 34 - 46 - Report ........ Commission mixte franco-hb ,i:-l::':e., 30 cat6gorie ......... Commission -mixte anglo-haltienne, Ire catlgorie ......... Commission mixte anglo-haitienne, 2c cat6gorie ........ Affaire Alexandre, .100,000 francs ..... Affaive Massini..... M\etzger...... Luders....... Mews....... L6on Gabriel. T(mi ....... Campbehll.... Affaire du navire Cre- m on .............. Affaire de la go6l1ette William-Jones .... Affaire Cram........ Affaire -du navire Ilaytian-Republic.. Affaire Aboilard..... Affaire de la goelette Esperanza ......:.. Ev6nements de 1902. Affaire Louis Clou- chet .............. Gourdes 582.161 06 1/2 3.063 80 5.212 9.779 , n . I) n D Or 1.219.129 89 5.043 , 6.225 55 6.330. 18. 750 10.000 25.000 20.000 6.000 5.000 13.219 10.000 20.000 , 10.000 ) 15.000 , 117.585 n 45.281 25 18.000 , 228.355 -, 10.000 , A reporter.... 610.215 80 1/2 1.798.949 49 -- 47 - iteporl ....... ArTai-re Bloncourt.... Affaire Pelletier-Na- zaire ............. Affaire Richard-Allen Saint-Gkraud. Lemoy...... Affaire du navire Man-Red ........., Rdclamations italien- nes an moment de la renlreR de.s trou- pes du general Th6- za n h Port-au- Prince ........... Affaire Ring junior.. Joseph Allen. Roberts Ne- phews...... Louis Leroy.. Ern.est Rigaud, 100,000 fr... -- Haman....... Armande Ba- biot......... -- de Rogatis... Affaire marquis de Chambrun (Gibson.) Affaire. Bazin ....... Guesnon..... -. Frasier....... Hodelin...... 1. reportler..,, . Gourdes Or - 010.215 86 1/2 1.798.949 49. 21.275 i .20.597 t ) 30.000 D 8.000 , 5.500 D 0.048 2.000 ,, 0 ;) ;) ) )1 1.200 3.000 2.500 1.590 5.089 t 6.300 , 18.750 , 500 - 800 , 2.118 02 ,) 1.800 t i 3.500 t t 5.271 19 1.000 ,t 614.415 86 1/2 1.941.587'70 - 48 - Report......... Affaire Fabolion..... Villain....... de Bucq..... Affaire go6lette Amo- . ra (1889)... ....... Affaife Charles Na- vare .............. Affaire Julia N. Ne- brun Waring:..... Affaire Nancy Ar- mand ............. Affaire Beeker, Co... Croswell ..... Cl6meni...... Darsidres.... Chr6tien..... Triviaux..... Affaire veuve Emile S6hastien ........ Affaire Haguenot.... Affaire Mne Jules Barthe ............ Affaire. Peters....... Borel........ Gourdes 614.415 86 1/2 2.880 , 1.100 " Or 1.941.587 70 2.600 n D 450 ) 500 848 n )) 650 , 2.150 , 550 - 640 , 1.272 , 2.066 " 187 50 639 60 n 1.500 N 5.000, N N 3.006 N 600 937 50 623.625 46 1/2 1.959.948 70 Les chiffres (( gourdes n peuvent ais6ment Ntre con[fondus avec coux or et additionn6s ensemble, car, a lUepoque de ces paiements, 49 - 1'or. tait au pair ou a peu pros avec la gourde haitienne. Cela donne un total de plus de 2,500,000 dollars, auxquels il faut ajonter, de- puis 1879, 1'estimation des pertes haitiennes qu'il n'est pas t6meraire de fixer au. moins a 15,000,000, soit 17,500,000 dollars, gaspilles en futi'ites rdvolutionnaires et homicides. Je ne puis pas mettre sous les yeux du lecteur la volumineuse correspondence que j'ai entretenue sur toutes les branches de l'administration en general, tant avec le President de la Rdpublique qu'avec les fonctionnaires sous mes ordres, durant le temps que je suis rest au minister. Ce serait trop long et certainement pas assez int6ressant. Je ne puis reproduire ici que les pieces que je crois avoir, plus que les. autres, un caractere sp6cial... Pendant ces trois ans et sept mois, j'ai la conviction de n'avoir jamais m6nag6 mes veilles au ser- vice de mon pays... Si vous ne trouvez pas cc souvenir pretentieux et ridicule, j'ajou- terai que lev6 chaque martin des trois heures et demie, apres avoir aval .une - 51 - tasse de cafe que je confectionnais moi- mime, je me mettais h la besogne. A sept heures, notes pour le service, brouillons de lettres h remettre au net dans les bureaux, indications pour le travail du jour, pieces onvo ees la veille a la. signature, tout dtait prkt, 'scello, sous ph respectif achaque chef de division. Un attach6-guenral de brigade s'il vous plait arrivait peu apris prendre le tout pour la distribution du labeur quo- tidien au Ddpartcment. J'avais ensuite tout loisir pour 5couter, de tres bonne heure, ceux qui avaient a me voir. Ce n'est pas pour en tirer vanity que je trace ici ma petite methode de travail. C'est parce que je crois qu'elle est une bonne hygiene de la vie, et qu'on peut la conseiller surtout aux ministres des finances haitiens, don't les nerfsont taut besoin d'etre calms. Se coucher t6t, se lever t6t, cela peut encore permettre de reculer quelque peu les limits do la vieillesse. Pour homee public, cette pratique est d'autant salutaire que le calme - 52 - bienfaisant des premieres heures du jour agit certainement sur le temperament,.. Bref, que j'aie fait de la bonne ou de la inauvaise besogne au ministere, mon passage n'y a pas Wt6 une. sinecure. Le lecteur pourra s'en convaincre, je l'espere, s'il prend la peine de lire les quelques extraits de la correspondence que je donne dans le course de cet ouvrage, surtout avec le Chef d'Etat. Sous une forme d6guis6e, le service de la trdsorerie m'attirait de temps en temps quelques retours offensifs de la part de ceux qui en critiquaient la reprise de la Banque. Je ne pus que voir une manifesta- tion de cet esprit dans la depeche suivante: Port-au-Prince, le 15 janvier 1906. Nord Alexis, President de la Republique, au SecrLtaire d'Etat des finances. Monsieur le Secr6taire d'Etat, Je viens.attirer votre attention sur les nom- breux inconv6nients que comporte le mode -53- que vous avez adopt de faire d'abord abou- tir & la capital les recettes .effectuees par tou- tes les circonscriptions financibres' et de les rexp-6dier ensuite pour les depenses et paie- ments eft province, les deux operations ne s'accomplissant qu'a grands frais, de commis- sions exorbilantes que nous sommes obliges de laisser aux maisolns de commerce qui font les transports de comptes entire Port-au-Prince et la province. Or, en agissant autrement, le control de nos.offices de tresorerie peut etre garanti tout autant ; en outre, le systome actuel donne lieu a d'inflnies lenteurs, est exag6riment on6reux et va contre la Constitution qui dispose (art. 157, titre IV) : < Les finances de la R11publique sont dlcentralisees. ) Mon. opinion est done que vous devez aviser aux moyens de laisser en d6pot les recettes de l'Etat dans les villes oft elles auront .te effec- tudes. Les agents de votre department vous assureront le respect et la remise des comptes exacts des sommes per.ues. Sur votre ordre, les d6penses publiques se front, au moyen de ces encaisses, dans chaque division admi- nistrative. Si, la fin du mois, il y a insuffi- sance de fonds pour les paiements, vous en exp6dierez de Port-au-Prince, et, en retour, les offAces de la tresorerie vous tiendront constarm- .- 54 - ment au courant des balances obtenues en supiravit, afin qu'au besoin on.les fasse ache- miner ici. Accusez-moi au.plus tOt reception de la pr6- sente e[ recevez, Monsieur le Secretaire d'Etat, I'assurance de ma haute consideration. NORD ALEXIS. Je repondis : Port-au-Prince, ie 17 janvier 1906. Monsieur le President, J'ai eu l'honneur de recevoir votre dUpiche d'hier, au no-508 ; par son importance, elle a m6rile ma plus seriouse attention. Je regrette profondment. et Votre Excel- lence me permeltra de le. lui dire avec loyaut6 - de ne pas .partager ses vues sur le service de notre tresorerie, tel qu'il est +tfabli actuelle- ment.. Le mode qui a WtO adoptl, selon moi, pour la march de ce service, ne comporte ni lenteurs, ni commissions 'exorbitantes : il donne, en outre, au plus haut degrO, touLe garantie L\ I'Et.at. ('esL mrme grace a lui que nous n'avons eprouv6, depuis six mois qu'il fonctionne, au- cun micompte de la part des comptables des -- 55 - deniers publics ; je craindrais qu'il en soit autrement s'il devra etre laiss6 en dp6tt de fortes sommes 'dans les provinces. Et., du rest, pourquoi le faire quan'd les trois quarts de nos depenses s'operen[ it la capital ? quand, en deliors des sommes qui sont, reservees pour les appointemenis, on- est. forement oblige6 de faire aboutir la balance a la recette g6nerale pour le service. public ? Suivant, le procede actuel, la Recette g6ndrale garde, vers la fin du mois, ce .qui est neces- saire pour le service des appointments dans les maisons de commerce qui, en chaque ville, font le service pour son compete. 11 est. bien evi- dent, que ce systeme est provisoire et qu'il fau- dra, quand la situation sera nettement Mtablie avec la Banque Nat.ionale d'Haili, le riglemen- ler d'autre facon, en supprimant l'interml- diaire de ces maisons : nos tr.6soriers pourront faire aboutir alors eux-mOmes les fonds neces- saires la Recette g6nerale, remplaqant la Ban- (tque -et chargee, d'apris P'article 52 des rigle- ments, de (( centraliser ) le service de dt- pense. Cependant, Votre Excellence se rappellera que notre service, tel que.l'a conslitue le dc- partement., fonctionne depuis peu, que, recem- ment, les payours en taieont souls charges en- core dans hien des localilds. 11 est done neces- -56- saire qu'ils soient controls. Ils le sont de faCon efficace parce qu'ils sont obliges do ver- ser aux maisons d6signees par'la Recette gend- rale. Ils donnent avis apres chaque versement. uIs 6chappent a toute tentative .d'accuser des -balances fictives. La Recetle, d'un autre cotd, pouvant faire imm6diatement usage .des fonds disponibles, n'6prouve aucune lenteur dans les paiements pour le service public. C'est ce proc6d6 qui a permis au d6parte- ment, contrairement 1'lusage qui, chaque annie, voulait que l'Etat, a la fin de.d6cembre, empruntat de la Banque quelques centaines de milliers de gourdes pour payer novembre et decembre reunis, do fair face au pavement de ces deux mois avec ses resources. Votre Excellence sait, en effet, que ces deux mois onut Rt int6gralement acquitt.s, sauf une pelite balance en 'province de 44,244 gourdes 20 et 721 dollars 88, pour le paiementl de laquelle, les fonds pouvant ais6ment se faire, j'attends les instructions necessaires que j'ai sollicitees, par ma dep.Oche du, 15 janvier cou- rant, au n 64. Ainsi, cette p6riode si difficile de fin d'annde aura Wt6 heureusement. close : la Recette g.n6- rale aura bien second Votre Excealence dans ses efforts incessants pour assurer la iarclle regulibre du service, - 57 - En ce qui touche les commissions que la Recette paie, j'ai dejh eu 1'honneur de faire remarquer i Votre Excellence que les chiffres ports dans la derniere situation remise par le commissariat pros ]a Banque ne sont pas des chiffres pour commissions : ce sont des versements pour cheques donnas par differen- tes maisons de la place. Ni les 11,800 gourdes, ni les 60,000 gourdes don't Votre Excellence m'a parld n'ont. 0t compties pour commis- sions. L'exorbilance meme de ces chiffres d6montre l'erreur commise. Votre Excellence me demandant une prompted reponse a sa dUpeche d'hier, je suis fored de la lui faire sans attendre 1'Ptat general des com- missions paydes par le directeur de la Recette. Je le lui ai demand sans retard pour vous l'envoyer. Mais je vous assure, Monsieur le President, que ce service nous cocite bien meil- leur march qu'avec la Banqde d'Haiti. Du reste, les deux maisons qui le font pour compete de l'Elat n'y tiennent pas beaucoup l'une, dejh, pretextant 16s frais et peines qu'il lui cause, a voualu s'en decharger des les pre- miers jours de cette annie. Vous me prescrivez d'aviser aux moyens de laisser en d6pot les recettes de 1'Etat dans les villes oa elles auront t6 effectuees Je m'incline devant la pensde de. Votre Excel- lInce. Toulefois, je me permetlrai, pour plu- sieurs raisons, de lui demander d'en surseoir 1'execution jusqu'au moment oti nous serous d6finitivement, fix6s sur les intentions de la Banque d'llaili. Car, en ce moment., le puis-je sans des debours excessils pour assurer, la securi(l matirielle des receLtes, d6bours qui seraient inutiles si une entente survenait avec ]a Banque ? Je ne parole pas de la s6curit, morale, Votre Excellence voulanlt bien me garantir (jue les agents de inon d6paltement assureront 1e respect et. la remise des competes exacts des sommnes porcues ). En rdsumli, mon opinion est, que ce syslime provisoire, qui n'est ni cofleux ni lent., peut Otre encore avantagensemenl modifiM dans le sens indique patr la haule sagesse de Votre Excellence, i savoir qu'il faut, par econdmie, et aussi parce qu'il est inutile de faire autra- menl, -- laisser dans les villes les fonds neces- saires au service budge'taire des appointe- ments, solde, ration, eLc. C'est ce que j'ai toujours recommand6 h la. Recette g-enrale pour 6viter -des frais. Je vais encore le lui reiltrer, et d'une facon formelle. En finissant, vous me permeltrez, Monsieur le President, de m'arrtere sur ce passage de la dcpeche d'hier : a Le sysLtme act.uel va contre la Constitution - 5&- qui dispose (art. 157, titre IV) : a Les finances a de la Republique sont d6centralisees. , Cette formule, qui figure depuis longtemps dans nos Constitutions, doit se complkter par ce deuxieme alinea du mime article : Une loi fixera incessamm-ent la portion des a revenues publics aff6rents aux Conseils d'ar- ( rondissements ou aux Conseils communaux. C'est. dans le sens precite que l'article' 157 de la Constitution aurait pu Otre viol6. Or, il n'en est' pas ainsi, et Votre Excellence ne le permettrait pas, puisqu'aucune valeur affec- Ito 1t1 Lelle ou telle portion du territoire de la lc6publique n'a Wte d~lournee de son affecla- lion eL accaparee par une autre ; car tel est. le but que s'6tait propose le l6gislateur en posant un principle, rest sans application, du reste. Je demand pardon h Votre Excellence d'en- -rer dans ces considerations, mais la question de la decentralisation, bien que sans objeL et de nulle pratique dans notre Constitution, oft elle no figure 'qu'h l'6tat de vague promesse, - soulevwe dans l'importanto depeche du 15 janvier courant, m'oblige, du faith. meme qu'elle est posse, A d4clarer que, dans mon humble conviction, aucune centralisation poli- tique ne saurait exisler chez nous at c6te de la decentralisation des fonds de l'Etat. Cette opinion, je me hate de l'ajouter,, ne --60-- concerne d'aucune fagon l'observation gend- rale et parfaitement judicieuse de Votre Excel- lence qu'il faut diminuer, le. plus possible, les frais de perception de notre service de tr6- sorerie, sans le mettre en peril, toutefois. Encore une fois, je vous prie, Monsieur le President, d'excuser la loingueur de cette repdnse. Je suis certain que vous n'y trouverez que le souci constant de ne pas meriter de reproches, de servir votre Gouvernement avec zble et conviction, selon le principle directeur de ma conscience et le respect que j'ai de votre gloire, qui doit m'Ntre chere, puisque, tout le temps que j'aurai l'honneur T1'avoir votre con- fiance, quelque reflet peut en rejaillir sur ma chteive personnalilt. Je reste de Votre Excellence le tres devou6 serviteur, F. MARCELIN. Quelques jours apres, je lui communiquai 1'etat des commissions payees : Port-au-Prince, le 20 janvier 1906. Monsieur le Pr6sident, J'ai l'honneur pour faire suite a ma depeche du 17 janvier courant, au n -194,.- de prier Votre Excellence de trouver sous ce - 61 - pli les 6tats des commissions payees par la Direction g6ndrale de la recette et de la dl- pense,. du "er octobre 1905. au 6 janvier 1906, pour le service de la tresorerie. Cet 6tat s'6lIve, -pour cette periode, a 5,272 gourdes 37 0/0 et 856 dollars 33 0/0. Comme Votre Excellence le verra bien par la lettre du directeur general de la recette et de la d6pense qui accompagne les 6tats, lettre que j'ai l'honneur de lui remettre ,galement sous ce pli, c'est une commission de 1/2 0/0 qui est accordee tant pour les encaissements que pour les ddpenses, tandis que la Banque nous fai- sait payer 1 0/0 a 1'encaissement, 1 1/2 0/0 au paiement, sans compler les 3/4 0/0 pour trans- port de fonds de la province. En resum6, sur un chiffre total pour tous les arrondissements financiers de la R1publique, Port-au-Prince except, a 1'entree et a la sor- tie, de $ 1,127,152 gourdes (un million cent vingt-sept mille cent cinquante-deux gourdes), il a Wte pay6 $ 5,000 (cinq mille gourdes) de commission : les 272 gourdes 37 centimes ayant Wte compt6es pour un service special '(rentrde a Port-au-Prince de billets deteriords). Je prie Votre Excellence d'agreer les hom- tnages respectueux de mon enter ddvoue- ment, F. MARCELIN. Toujours preoccupe des speculations sur Ic change, speculations qui veritablement ne reposaient sur rien, n'dtaient que le jeu sans d6guisenienL, Ic President m'6crivit: Port-au-Prince, le 19 janviOr '1906. Monsieur le Secretaire d'E[at. Jo vous informe que, pour endiguer le flot montLant des nouvelles alarmantes rmises cha- que jour en circulation par des courtiers inter- lopes pour s'assurer de gros benefices dans les operations payable.-livrables en or h un, taux considerable, le d6parlement de la police est eontraint, d'informer le public que le gouver- nement doiL prendre les mosures suivantes : 1 Seront frapp6s d'un droil de 1 0/0 or toutes operations de Bourse i Lerme, operations qui no roulenlt que sur les payables-livrables or. 2 Aucune operation de ce genre n'aura do valeur en justice qu'aulal l qu'clle aura Ut6 faile par l'entremise oblige d'un courtier assermenLt. Celle measure, qui doit ramoner la stability dans le prix des choses,. faciliter les transac- [ions r6gulieres de commerce et servir-de base a la tranquilliL6 publique en ...i..,. les pro- - 63 - pagandes mauvaises, exige une application immediate, en attendant que los pouvoirs com- pet.ents viennent la" r6glementer suivant les forces voulues. Au reste, vot.re colligue de F'int6rieur vous fera probablement connaitre bientot la fagon qu'il, aura adopted de faire sortir leur plein effel des propositions sus6noncees. Recevez, Monsieur le Secretaire d'Etat, l'as- surance de ma haute consideration. NORD ALExis. Le President n'6tait que trop onclin a croire que des measures de police pouvaient endiguer la hausse du change ; il s'adres- sait done naturellement h son ministry de l'intdrieur. Mais je savais par experience le mal que l'immixtion de l'autorite amine toujours dans la question de prime sur for sous le regime du papier-monnaic. J'etais, sCir qu'une hausse nouvelle, cetto fois encore, allait s'ensuivre. J'allai done trou- ver le chef de I'Etat. Je lui repr6sentai qu'il dtait contraire it tous les principles d'une bonne 6conomie politique de faire intervenir - 64 - dans une question de change le ministry de la police. Le President me r6pondit que sous cette question 6conomique il y avait une question politique et qu'on voulait renverser son gouvernement. Je revins a la charge, persistent plus vivement encore dans mes objections. 11 finit, a la fin, sur ma promesse de m'occuper moi-meme des measures h prendre, par ne pas donner suite a sa dipeche. Voici trois rapports qui rdsument la situation financiere a cette 6poque de l'annee : Port-au-Prince, le 20 janvier 1906. Monsieur le President, J'ai 1'honneur, le plus succinctement possi- ble, de vous presenter ce rapport appuye des pieces qui le justiflent, tant sur la cloture de l'exercice 1904-1906 que sur le premier trimes- tre de 1'exercice 1905-1906, arrWt6 au 31 d6cem- bre 1905. EXERCICE 1904-1905 Ainsi que yvos le savez, Monsieur le Presi- dent, le credit budg6taire pour 1'exereice 1904- 1905 a 4t6 vot6 come il suit : Relations cxltriei res ............ Finances et con merce ........ Guerre ........ , Marine ......... Jnterieur et police g6n6rale ....... Travaux publics.. Agriculture ...... Instruction publ que ............ Justice ........... Cultes .......... Dette publique .... Service de la Bar que ............ Billets u.- . 17.260 , ^- 681.234 16 . 1.185.415 85 2/3 169.967 , e 705.972 38 . 1.747.680 - * 426.826 , i- 792.264 82 506.224 . 34.212 54.350 N- 68.867 78 6.390.273 99 2/3 Credits suppl6men- taires : Valeurs paybes.. 1.071.489 .95 Valeure AL payer. 518.043 22 $ 1.589.533 17 RlSUME Cr6dLtst annuels... 6.390.273 99 2]3 CrLsites suppl6men- taires .......... 1.589.533 17 Totaux... .$ 7.979.807 16 2/3 Or am6ricain 103.756 44 73.122 56 14.200 " 40.520 n 237.700 122.622 n 27.000 10.380 6.000 , 61.109 40 2.517.369 50 163.917 96 3.377.697 86 191.928 62 216.482 77 408.411 39 3.377.697 86 408.411 39 3.786.109 25 - 66 - Des resources extraordinaires des voies et. mioyens s'6levant, selon le budget, a $ 4,600,000 gourdes, il retail au 12 avril 1905 une some non disposee : En billets....................$ 1.087.559 26 Et en nickel... ............... 72.OQ,0 -) $ i.159.559 26 Mais l'int(gralitd des appointments, pen- sion, location, etc., du mois de mars, devait Atre payee immddiatement, ainsi que bien d'autres depenses urgentes. On entrait. bien.6tt dans la session 16gislative. Les indemnit6s des d6pulds et des s6nateurs, par suite de leur con- version en gourdes, Nlaient ainsi doubles. Aux derniers, il fallait acquitler de plus les indemfiit6s dues depuis octobre 1904 jusqu'a mars 1905, ainsi que celles, h parLir de fevrier, a nos ministres et consuls h 1'Mtranger. Tons nos droits d'exportation, sauf une parties des' droits sur cafe-triage, 6taient engages de meme que la totality de la surtaxe-or de 25 0/0, moins 1/8. Enfin, les droits encaisses h 1'importation en gourdes diminuaient chaque jour pour tom- ber, au mois. d'aotft,. a 179,266.604 gourdes. Heureusement, le Corps l1gislat.if d6cida que la nouvelle frappe de i million de gourdes en nickel serait affected au service public. - 67 - D'un autre cot6, l'Etat eut la disponibilit6 ullerieure, par .un vole des Chambres, des 150,000 dollars du proces de la Consoli- dation. Sous ce pli, Votre Excellence trou- vera l'ltat d6laill des divers paiements effec- tu6s a l'aide de cette valeur el qui ont 6t6, au surplus, l'objet d'un compete special au com- missariat du Gouvernement pris la Banque. A ce compile a et 6galement port6e ]a some de 31,383 dollars 10 (provenant de 83,024 dollars 04 d'obligations consolidues 12 0/0 et 6 0/0 ven- dues a 42 0/0 34,870 dollars-or 10 moins 10 0/0 commission liquidation 3,487 dollars 10). L'ktat ci-joint est la reproduction littorale des dcritures passees au department. Le Tresor public encaissa aussi, plus tard, du proces de la Consolidation et sur un arrOt du Tribunal de cassation rondu en faveur do l'Etat contre M. Sylla Laraque un chiffre de 34,010 dollars 78 se d6composant comme suit : Valeur provenant de saisie sur tires Sylla Laraque (arrdt du Tri- bunal de cassation)...........$-or 18.696 03 Valeur provenant de la vente de 203 tires roses................... 3.654 , Valeur provenant, du dernier r6- glement faith avec les freres Sam... 1.845 02 A reporter ...... 24.195 05 - 68 - Report............ 24.195 05 Vente de 50,357 dollars 42 conso- lid6s 6 0/0..... ................... 9.064 34 Valeur provenant de remise faite par la maison Dejardin, Th. Lti- ders et C. ....................... 751 39 $-or 34.010 78 N. B. (Sur les 1,845 dollars 0 provenant des freres D. et L. Sam, le Commissariat a Wte autoris6 a porter dollars 1,000 au credit du compete (( Recettes et Paiements-or e et a vendre au taux du jour 845 dollars 02. Cette valeur a Wte vendue a M. Alfred Lefebvre & 477 0/0, com- me il appert du memorandum du Syndicat des Courtiers et Agents de change ins6r6 au Jour- nal official. Le produit de cette conversion a Wte porter au credit du compete (( Recettes et Paie- ment-gourdes ).) Cette some, verse au commissaire du Gouvernement pres la Banque dans le compete , Recettes et Paiements-or ) a servi a 1'acquit- tement d'ordres de paiements aff6rant cette pdriode de 1904-1906. Je vous demand maintenant la permission, Monsieur le PrBsident, de vous communiquer quelques pieces que je vais. numerer pour que la situation de cet exercise soit bien 6tablie. De l'tat A, il resort que 1'importation a - 69- donn6 un chiffre, pour droits pergus, de 2 mil- lions 284,540.75 gourdes et de 545,322.89 en or. Les provisions budg6taires 6taient recipro- quement de 2,630,101.25 billets et de 638,585.97 or. D'ofi moins-value de 345,560.50 billets et' 93,263.08 or. L'exportation a produit or 1,616,866.37 et 00,316.64 billets : e -cafe, principal, produit de notre exportation, n'a pas d6pass6 le chiffre de 44,360,905 livres. Les provisions budg6taires 6taient recipro- quement de 8,070.30 billets et de 2,449,352.73 or. D'oi plus-value de 82,246.34 billets et m'oins- value en or de 832,486 dollars. 36. Au demeurant, 1'exercice 1904-1905 a laiss6 un deficit budg6taire de : Importation, billets ..........$ 345.560 50 A soustraire la plus-value de - 1'export billets................... 82.246 34 Reste...............$ 263.314 16 Importation or ................$ 93.263 08 Exportation or.............. 832.486 36 Total or.... ...,,...$ 925.749 44 - 70 - Les sommes recouvrdes pour le serviCe, des deux Deltes extirieures presenlent, d'aprbs les encaissemeiints de 1'exercice '19iIi-'i'i.'., les chif- fres suivants : Emprunt de 50,000,000 de francs, $ 1.20 ......................... $ Emprunt. Domingue,. 0.33 1/3 0/0. Total or......... ...$ L'annuilt de ces deux emprunts, suivant le budget de l'exercice 1904-1905, s'6leve a ........... .$ 532.330 80 147.869' 68 680.200 54 933'.652 88 Deficit or........$ 253.452 34 La comparison, 6tablie en l'MtaL B, demon- Ire que V'exercice 1903-1904 avait donn6 a 1'im- portation $ 2,144,458.45 billets et $ ',:i2,..:. or. L'exportation, de son c6te, avait produit $ 3,007,'.1;0 *5.or et $ 8,216.65 billets. Le cafe, notre principal product, avait atteint le chiffre dce 88,964,611 livres. De l'tat C, il resort qclue des mandats signs sur le commissariat, faisant le service de notro Trrsorerie, il rest a payer par insuffisance de recetles, pour 1904-1905 : Billets............ ............ $ 11.852 33 Or............. .............$ 4.758 71 Ces mandates seroni acquilt'6s an fur et. 4 - Ii r measure, et de manibre a ne pas nuire au ser- vice courant : leur montant sera port h la Direction g6nerale de la lRecette et de 'a D6pense au compete qui a Wt4 anterieurement ouvert dans ses livres sous la rubrique : ( Avances a 1'exercice 1904-1905 ,. Je dois maintenant, Monsieur le President. Rtablir ce qui reste h payer. L'6tat D prove qu'il y a enrr gourdes 24,592 de coptre-bons (banque et commissariat). 11 faut ajouter a ce chiffre un contre-bon no A4 nmis par la Direclion g6n6rale de la Recette et do la. Drpense de 3,500', soil un total de $ 28,092. 31 gourdes. Le chiffro des contre-bons en or est de $ 7,902.83. Les Mtats E, F, G, H, I, J, K, L, M, dUmon- trent qu'il y a aau department des finances, en d6p6t, des ordonnances suivants : Travaux publics ..... $ Finances et commerce (luerre et marine ..... lIelations exterieures. Interieur........... .. Justice................ Agriculture............ C ulles................. Instruction publique.. $ s'6levant aux chiffres Bi 183. 14. 7. 38. 9 illts Or am6ricain 436. 49 2.442 20 698 50 1.569 32 925 74 13.255 6 S '2.000 . 158 40 5.062: 0 268 75 m 142. 14 1.500 ) ) 6.362 50 68 75 246.698 77 32.191 02 - 72 - Si on ajoute a ces chiffres ceux des contre- bons, on trouve qu'il restera h liquider ddfini- tivement un total de 274,791.08 gourdes et 40,113.85 or. II n'est pas probable que les recettes de l'exercice p6rim6 permettent cette liberation. II faudra done recourir a un acte de la puis- sance 16gislative. II conviendra alors d'ajouter h la balance precit6e celle qui resultera n6ces- sairement, 1'lactif ou au passif, du compete ( Avances a 1'exercice 1904-1905 ), tel qu'il va 6tre 6tabli dans le trimestre de 1905-1006 echu le 31 d6cembre expire. Enfin, du dernier 6tat N, il appert; d'un compete sign par le Commissaire du Gouver- nement pros la Banque, qu'il existe dans ses caisses 10,464.35 gourdes en monnaie d'argent a la date du 30 octobre 1905.. J'adresserai sans retard a Votre Excellence la deuxieme parties du rapport sur le premier trimestre -de l'exercice 1905-1906. En attendant, je vous prie, Monsieur le Prd- sident, d'agreer 1'hommage respectueux de mon entier d6vouement. F. MARCEIN. -a 78 -. Port-au-Prince, le 20 ianvier 1906. Monsieur le President, J'ai l'honneur, apres mon rapport sur 1'exer- cice 1904-1905, de vous presenter la situation du premier trimestre de 1'exercice 1905-1906. Le service a partir du ier octobre expire est faith, ainsi que vous le savez, par la Direction g6nfrale de la Recette et de la D6pense cr 6e a Port-au-Prince. Elle replace la Banque National d'Haiti pour 1'Encaissement et la Depense. Je me plais, -.et j'espire que Votre Excel- lence ratifiera ce jugement, a rendre hom- mage a la correction, a intelligence, a 1'acti- vihl, a la probity qui ont jusqu'ici, distingu6 notre Tresorerie national : au-dessous du haut appui prMt6 par vous h ce service, il n'est que just de signaler que le merite de cette reussile revient au Directeur general de la Recette et de la D6pense, lequel a d'6minentes qualit6s joint une, modestie bien rare dans nos administrations publiques. Le budget des Voies et Moyens, pour l'exer- cice 1905-1906, s'616ve en billets a $ 5 millions 471,725.94 et en or: $ 3,01G,505.58. Ces chiffres a rlaliser s'6quilibrent pareil- lement pour la D6pense. Jusqu'ici, il n'a 6t6 compt4 sur requs que quelques valeurs insigniflantes et a r6gulari- ser immidiatement dans le douzieme en course: j'ai fait tous mes efforts pour finir avec-ce-sys- time deplorable. Je crois avoir r6ussi. Les douziemes aussi sont regulibrement publi6s au Moniteur chaque mois. Cependant, d'ordre du Conseil des Secrd- taires d'Etat, il a 6t6 compt6 les valeurs sui- vantes a r6gulariser .ulterieurement, c'est-a- dire sur credit suppl6mentaire : Relations extrieures : Indemnit6 accord6e a M. Ger- ville-R6ache ........... . Finances et commerce : Commission accord6e -a *MM. M. Th. Dupuy et Filsaim6 (Commission de v6rifica- tion de la comptabilit6 de la Douane)............... Aux inspecteurs pour le mois de novembre 1905... Frais .de d6placemenLt de l'inspecteur Th. Samson.. Frais de d6placement de l'inspecteur Garescher. ... Indemnit6s des cinq inspec- teurs, d6cembre 1905..... Billets Or amir. ) 2.000 n 100 1.250 100 100 1.500. A reporter...... 2.950 2.100 Report.......... A MM. F. Hermann et C pour trois mois de location (bureau du timbre et bu- reau central du timbre) A $ 20 or................... A MM. Otto Bieber et CG pour frais de passage des inspecteurs .............. $ Guerre et marine : Valeur devant serviraux dif- f6rents frais h faire a l'oc- casiorf de la prechaine ar- rivee de Nord Alexis...... Billets Or amer. 2.950 2.100 60 2.950 45 2.205 S 3.500 Interieur : Frais de flte de fin d'annee 5.500 1.200 ) 13.300 20.000 C'est ici 1'occasion .de prier Votre Excel- lence de m'aider pour empecher absolument le Conseil de prendre de semblables decisions ; non seulement elles ne sont pas en rapport avec nos riglements, mais encore elles jettent la confusion dans le budget en course et le d6s6- quilibrent. Elles ont de plus le f~' lieux effet de provoquer fatalement aux credits suppldmefl. taires. 1, J'ai le bonheur jusqu'ici de n'avoir que ce chiffre insignificant de $ 22,950' billets et de $ 5,705 or et je souhaite qu'il ne sera pas sen- siblenient d6pass6, grAce au puissant concurs de Votre Excellence. I1 n'en seraa malheureusement pas de mnme pour la ration extraordinaire de 1'arm6e. Une decision du Conseil, des le mois d'octobre, a permis le forcement du douzibme budg6tairc, par rapport a certaines* preoccupations 16giti. mes et nationals. Les fonds sont done 6puises. II sera bientlt n6cessaire de payer sur regus. Hors ces cas extraordinaires, je crois qu'il est de mon devoir de resister a toute sortie de fonds a rdgulariser ultdrieurement. Voici les 6tats que j'ai 1'honneur de soumet- tre a Votre Excellence : L'6tat 0 donne le trimestre de notre exporta- tion de cafM, moins les mois de novembre et de decembre don't la statistique officielle, pour certaines villes, n'est pas arrivee au d6parte- ment. J'estime le rendement de ce trimestre de 20 S21i millions de livres. La recolte sera moyen- ne : elle ne d6passera pas 60 millions. Peut-8tre pourra-t-on consid6rer ce chiffre comme certain ou qu'on le depassera meme, si - 77 - le d6partement obtient partout le respect de nos lois de Douanes. II ne manage, pour arri- ver a ce r6sultat, ni ses efforts, ni ses peines. II combat partout, et sans cesse, le desordre, la fraude, fiddle exicuteur en cela. de votre pensde, Monsieur le, Pr6sident, qui veut que les deniers de l'Etat soient respects par tous. L'6tat P donne 1'apergu des recettes et des paiements effectues du oer octobre au 30 decem- bre 1905 par la Recette g n6rale. Ce chiffre s'6leve 1,519,091.5t gourdes h la recette, contre 1,463,752.03 a la d6pense : dl'of balance en caisse, au 81 d6cembre, de $ 55,339.48. Sur ces sommes, tant au pavement qu'a 1'en- caissement, il a Wt. versi, en commission, frais de transport de billets deteriords a la capital, le chiffre de $ 5,972.37 gourdes, ainsi que l'at- teste ma depeche du 20 janvier courant, adres- see a Votre Excellence,',qu'accompagnait l'Ntat fourni par le Directeur g6ndral de la Recette et de la D6pense. En installant notre service de Tresorerie, j'ai toujours, et a maintes reprises, recom- mand6, tant a Port-au-Prince que dans les autres villes, la plus strict 6conomie. Aucune d6pense ne doit Atre faite en dehors d'ordres formels du d6partement et elle resterait, en ce cas, sous la responsabilit6 du Directeur g6n6- - 78 - ral ou de ses agents. Les fonds, pour des motifs puissants de s6curit6 et de contrile, sont centralises a Port-au-Prince. Aucun Directeur ou Percepteur on province ne doit, sous sa responsabilit6 personnelle, se dirober , 1l'action directed de la Direction g6nerale de Port-au-Prince. Cela est absolument indispen- sable pour la bonne march :du service. Au surplus, j'ai eu 1'honneur, Monsieur le President, de vous adresser une d6epche a ce sujet le 17 janvier. L'etat Q 6tablit qju'il a 6td fait h 1'exercice 1904-1905 des avances en or s'61evant au chiffre total de 39,184.30. L'6tat R donne le chiffre des avances en billets au meme exercise. 11 s'6elve a 210,224.81 gourdes. Cependant, 1'exercice 1904-1905 avait, de son cotl, pay6 en octobre des valeurs qui, n6ces- sairement, doivent Otre ddduites des prec&- dentes avances. L'6tat S les 6tablit ainsi : Payd pour 1905-1906.......billets 127.928 56 Pay6 pour 1905-1906........... or 4.000 ) La soustraction de ces chiffres de ceux pr6-, c6demment fournis pour avanrices a l'exercice 1904-1905 donne : 1 Balance faveur de 1905-1906, bil- lets ............................ 82.296 25 A reporter............ 82.296 25 - 79 Report .. .... A laquelle il faut ajouter le chiffre des mandates signs sur le Com- missariat, non acquittes (selon la premiere parties du rapport)..... 82.29 325 11.852 33 Total, gourdes ..........$. 9'4:148 58 20 Balance en faveur de 1905-06, or. .AlTquelle il faut ajouter le chiffre des mandates signs sur .le Com- missariat et-non acquitt6s (selon la premiere parties du rapport).. 35.184 30 4.758 74 Total, or............... ... $ 39.943*04 Ii est indispensable de ne plus faire d'avan- ces l'exercice 1904-1905, sous peine de goner la march du service courant. En dehors done des mandates signs sur le Commissariat et non acquiltts, je ne paierai plus rien a 1'exercice 1904-1905, a moins d'un ordre formel *de Votre Excellence, ce que je prendrai la liberty de la supplier de faire le moins possible. Voila maintenant le compete de valeurs ver- sees par, la Commission de liquidation du proces de la Consolidation. Etat T : Ce compete, -arret5 au 20 janvier courant, ktablit qu'il a Wte pay6-par la 'Direction g6n&- rale de la Receteo et de la D6pense 74,927 dol- - 80 - lars 25 centimes de la Commission de liqui- dation. ,Si, de ce chiffre, on deduit les 39,943.04 dol- lars que 1'exercice 1905-1906 a avancs a 1904- 1905, on trouve qu'il -ne reste, en some, qu'une balance de 34,984.21 dollars, balance qui se reduit a peu de chose, a 15,000 dollars environ, si, apres conversion, on fait entrer en ligne de compete les 94,148.58 gourdes avancees h cette date au mrme exercise 1904- 1905. II1 resort done, en resume, que, sauf cette some, qu'on peut 6valuer a 15,000, dollars environ, 1'exercice 1905-1906 s'est suffi ample- mLa-it et a fait le pavement, en d6cembre, de deux mois, plus des depenses extraordinaires de fin d'annee avec ses seules forces : pas n'a Wte besoin de faire ni emprunt, ni appel..de fonds d'aucune sorte. Cette v6rit6 resort plus 6vidente de 1'dtat U. En effect, cet 6tat d6montre qu'd la date du 20 janvier courant il existe dans les caisses de la Recette gen6rale une balance disponible en or de 62,000 dollars. Je vous fais souvenir aussi, Monsieur le President, qu'il est gard6 en reserve et par- tant immobilisee une some de 50,000 gourdes de nickel a la Direction g'6nerale de la Recette et de la D6pense. Cette some, apres diff6- - 81 - rentes expeditions en province et paiements pour sold, et ration, provient de 1'6change qui fut fait contre billets du Commissariat du Gou- vernement pros la Banque d'une valeur 'de $ 90,905.65 en nickel. Cependant, ce rapport 6tant deja assez ttendu, je prefere m'arreter ici. Dans une nou- velle depeche que j'aurai l'honneur de vous dresser, Monsieur le President, je d6veloppe- rai, ayec votre permission, quelques conclu- sions g6nerales sur la march de 1'exercice don't le premier trimes~tre vient de finir. Que Votre Excellence daigne agrier 1'hom- mage de tout mon d6vouement. F. MARCELIN. Port-au-Prince, le 29 janvier 1906. A Son Excellence le President de la R1pu- blique, Palais National. Monsieur le President, Cette d6peche est le complement des deux prc(ddents rapports du 20 janvier courant : elle a pour but de presenter quelques conside- rations suppllmentaires h Votre Excellence - 82 - sur la march de l'exercice 1906-1906 et sur notre situation flnancibre. Droits disponibles. Les resources don't le Tresor dispose con- sistent, en ce moment, dans 1'int6gralit6 des droits en gourdes : importation et exportation gourdes, except : a) Les droits de wharfage a Jacmel; b) Les droits de wharfage a Port-de-Paix; c) Les droits de wharfage aux Cayes. Les droits disponibles en or sont : d) 23 centimes 1/3 des droits sur cafM ; e) 50 0/0 des droits de tonnage realises aux Cayes ; 1) L'int6gralite des droits de tonnage r6alises dans les autres arrondissements financiers ; g) 75 0/0 des droits- sur triage de cafe6 ; i) 1/8 des 25 0/0 or sur droits d'importation; i) 2/8 des 25 0/0 or sur droits d'importation. Ces deux huilimes ,formaiejnt la garantie de l'emprunt de la convention budg6taire don't le solde, au ie" janvier, Mtait de 15,204.54 dollars : dans quelques jours, ces deux huiti.mes seront complitement libres ; i) 80 0/0 des droits sur cacao,' campoche et racines de campeche : les 20 0/0 des droits sur les memes denrees seront aussi disponibles apris le pavement de la garantie.du chemin - 83 -- C= ler P. C. S., a peu pres vers.le mois de juin, et ce jusqu'au 30 septembre 1906. 11 convient d'ajouter que le huitieme restant de la surtaxe-or de 25 0/0 a l'importation, qui garantit 1'avance de 100,000 dollars pour la Banque Nationale d'Haiti, laquelle advance n'est plus que de 30,110.75 dollars environ, - sera libre vers le mois de mai (1) de cette annie a peu pres. II y aura alors comme nou- velle recette disponible : k) Les 0.05-1/3 or des droits sur caf ; 1) Les autres products d'exportation ; m) Le huitieme des 25 0/0 or sur droits d'exportation. Situation de la Banque. La derniere situation de fa.Banque arrWtie au 29 janvier Rtablit que 1'on. doit. a cet 6ta- blissement : Gourdes, $ 84,992.84 centimnes sur recettes et paiements : cette balance provient du retrait de notre service de Tresorerie, et or $38,110.75: solde de 1'avance de 100,000 dollars, advance garantie par les droits k, 1, m, mentionn6s plus haut. (1) II a 6t6 ajoute A cotte garantie ]es 2/8 lib6r6s de la convention budg6taire, ce qui' a permis de s'acquitler completement avoc la Banque d6s les premiers jours do mars. - S4 - Papier-monnaie. Le montant des billets 6mis s'd- live a. ................ .. .. .$ 13.325.248 De ce chiffre, il faut retrancher le montant des billets performs en d6p6t h la iBanque avant la loi du 13 aotit 1903..................... 10.000 $ 13.315.248 Billets retires de. la circulation et livr6s aux flames par la Com- mission du retrait .............. 2.500.000 En circulation.............$ 10.815.248 Au 27.janvier, il y avait h la Banque en d6p6t, pour 6tre brfile, une some de...................... $ 138.979 45 it laqcuelle il faut ajouter le mon- tant de la dernitre vente d'or du 26 janvier, soit............... 120.000 " plus la balance pour licences.... 5.352 44 $ 264.331 89 .11 figure a cette date, au credit du compile retrait, environ $ 9,000 dollars qui, compltds, seront vendus d'un moment l'autre, pour le montant Stre livr6 aux flames. II est certain que vers le mois d'avril il n'y - 85 - aura plus qu'une circulation de 10,000,000 de gourdes dans-le pays. Cependant, cette quantity de papier-monnaie est trop forte pour les besoins de notre mar- ch6. C'est elle qui est cause de touites les fluc-- tuations du change. C'est elle. qui d6sorganise les affaires commercials en y faisant demeu- rer, a l'6tat endcmique, 1'agio, ce facteur'qui ne recule devant aucun moyen, devant aucune propaganda pour atteindre son but... Le d4partement, en vue d'enrayer les effects d6sastreux de 1'agio, avail, en meme femps qu'il demandait -d'affecter la moiti6 de la sur- taxe-orde l'.importationA la garantiedu papier- monnaie, preconis6 dans le project de loi du 12 mai 1905 la formation d'un syndicate de garantie (( pour empkcher toute panique du change '. II est regrettable que le Corps l~gis- latif ait rejet6 cette parties du project qui eut assur6ment donn6 de bons resultats. Le devoir et l'int6rOt g6ndralz prescrivant imperieusement le changement ou tout au moins la modification de notre assiette finan- ciere, le d6partement soumettra h l'approba- lion du Conseil des Secretaires d'Etat un pro- jet qu'il croit propre h amiliorer la situation et c\ dCtruire 1'agio. Puisse-t-il Mtre bien inspire !. Et s'il. 1'est, puisse-t-il, cette fois,: etre bien secondJ ! - 86 - Dette intdrieure. Voici la situation de cette dette, telle quelle resort de la loi du 23 juin : Consolides 6 0/0, capital ......$ Arriere au 30 juin 1905........ Consolides 12 0/0, capital .....$ Arrier6 au 30 juin 1905........ Emprunts unifies, capital .....$ Arrier6 au 30 juin 1905. ........ Dette convertie, capital (obliga- tions bleues)................ Coupon arri6r6 (juillet 1905)... Dette consolidde, capital (obliga- tions roses)... ........... .. $ Coupon arri6r6 (juillet 1905)... Or americain 1.352.635 32 12.714 78 4.242.254 11 80.178 40 2.087.994 88 35.076 72 2.297.135 57.428 .3.041.909 87 76.047 74 Sur un capital de $ 13,021,929.51, il est done df une some de $ 261,446.02 dollars pour art rier6 au 30 juin 1905. La r6colte de cafe n'ayant donn6 l'annee der- nitre que 44,000,000 de livres environ, les sommes encaissees ont Rt6 insuffisantes pour liquider le service au moment oit la loi por- tarit reduction des intre6ts fut mise en appli- cation., L'affectation de 1.33 1/3 n'a jamais 6t6 d6tournee. Elle a toujours t60 exclusivement employee au service des consolides 12 et 6 0/0 jusqu'd la date de la promulgation de la loi qui - 87 -- affecte d*sormais 1.10 h la liquidation des obli- gations de la Detle iriterieure. Les sommes existant en d6pot d la Banque National au I' juillet 1905 pour compete des porteurs desdits consolid6s et des porteurs des tires des emprunts unifies presentaient les chiffres suivants : Consolid6s 12 et 6 0/0..........or 5.816 99 Emprunts unifis ...............or 5.855 62 Ces deux valeurs ont 6te" r6parties entire les ayants droit le 18 dcenmbre 1905 par les soins de la Banque Nationale, en conformity des ins- tructions du d6partement. L'arri6rd don't parent les porteurs dans leur lettre du 22 janvier courant, lettre qui a Wtd lue en Conseil des Secr4taires d'Etat, ne constitute pas un fait reprochable a l'Etat. II provient, ainsi qu'on vient de le dire, des encaissements qui n'ont pas atteint les pr6vi- sions budgetaires et qui peuvent mrme remon- ter a des anndes-antcrieures ahcelles de 1'admi- nistration actuelle. Mais il fallait bien, avec la nouvelle loi, pour ne pas cr6er de confusion dans la comptabilite, commencer a nouveau le service des interets et amortissements r6duits au moyen du'produit de 1.10 sur cafe. Cet arrier6, sl c'en est un, doit Otre capita- lise, suivant une decision du Corps 16gislatif. - 88 - Le ier juillet dernier, il a Wt6 vers6 pour int6- rats : Consolidks 6 et 12 0/0........ or 49.185 92 et, le 21 du mnme mois, Emprunts unifies............. or 20.879 96 II se trouvait a la Banque, pour le service des titres bleu% et roses, au' er juillet dernier, 50,565..29 or 29 cent. Par suite du paiement des coupons en retard, 1'encaisse est actuellement de 31,294.09 or. Comment peut-on, avec cette some, de 31,294.09 or, payer le coupon de juillet :qui s'6l1ve a 136,000 or environ ? II n'est mnme pas possible d'en faire.une r6partition au prorata. Au moment de la reprise du service de 1'6change des rec6piss6s centre des titres de la caisse d'amortissement, cette valeur trouvera assur6ment son emploi. Le coupon de juillet dernier doit aussi bier. Atre capitalism, en conformity d'une decision des Chambres 1l6gislatives. * Je ne fermerai pas cette dfptche, Monsieur le President, sans vous demander la permis- sion d'arreter votre haute attention sur cette consideration, A savoir : qu'il est indispensable que votre autorit intervienne pour que, en vue de-la morte-saison, les receftes du Tresor soient strictement r6serv6es au service privi- - 89 -- 16gi6 de la solde, de la ration, des appointe- ments, etc., etc. Il n'est plus possible, au momen-t ofi 1'on va entrer dans les mois -improductifs, de faire autrement : les d6penses pour travaux publics doivent done Atre complttement suspendues, ou tout au .moins parcimonieusement ;effec- tuWes. Des le mois de .fevrier, je m'appliquerai h agir 'de cette fagon, afin de manager les res- sources chaque jour diminuantes:des Doquanes. Je ne veux pas me. perrettre -de critiquer aucun service.: Cependant, pour,qe qui a trait aux travaux publics, dans l'int6ret sup6rieur de la bonne march de nos finances, j'oserai dire qu'il faut. enrayer et qu'il est urgent de ne plus signer: de contracts pouvant disequili- brer nos budgets et trouble leur harmonic. II est particulirement essential de ne pas enga- ger nos droits de Douane lib&r6s, soit pour des chemins de fer, soit pour des entreprises ou constructions quelconques. Au reste, on ne peut tout faire h la fois et a chaque jour suffit sa peine. Je connais trop la profonde sagesse et 1'exp6- rience-de Votre Excellence pour ne pas me reposer entiarement sur elle en tout ce :qui concern le bien general. Je vous prie, Monsieur le President, d'agreer I'hommage de mon profound respect et de mon enter devo ement. F. MARCELIN. Les trois lettres suivantes qui ont trait h la Tresorerie dtabliront mieux qu'aucun commentaire toutes les difficulties que j'eus h surmonter pour mainteriir l'ordre, la regu- larit6, la discipline' hidrarchique dans ce service. Chaque jour c'itait une lutte nou- velle, les percepteurs, dans le desir de se rendre ind6pendants, s'adressant directe- ment au President, et le President, dans sa conception cristallisee de chef d'Etat devant qui tout doit plier, pregnant des decisions on dehors du ministry des finances. Voici ces lettres : Port-au-Prince, le 24 janvier 1906. Monsieur le Pr6sident, J'ai l'honneur de vous prier de trouver sous, ce pli une lettre et un tdlegramme du directeur de la recetle du Cap-Ha'itien. En agissant de cette fagon, ce percepteur va - 91 - causer les plus graves prejudices au service de la Recette et du Paiement, car, h part les res- ponsabilit6s qu'il encourt, il arrivera que des cheques tires pour le service public ne pour- ront pas etre acquittes a leur presentation, puisqu'ils sont employes, a. l'insu de la Direc- tion g6ndrale, a d'autre objet. Ce percepteur doit savoir qu'il doit obeir aux instructions du directeur de la recette- g6fi6- rale, qui ne fait que lui transmettre les mien- nes. Si des modifications peuvent Atre faites a ces instructions, elles doivent lui etre transmi- ses 11idrarchiquement et it ne saurait les modi- fier a son gr6. Cette facon de faire compromettra assur6- ment la march du service, et est le presage, s'il 6tait tolr;,' de grands dommages pour l'avenir. Votre Excellence ne permettra pas cet em- pi6tement .iI la hierarchie qui est. indispensa- ble partout, et surtout dans ce cas-ci. Je vous prie d'agrWer, Monsieur le Pr6sident, l'hommage de tout mon respect et de tout mon dUvouement. 1. MAR:EfJIN. -92 - Port-au-Prince, le 25 janvier 1906. Au Directeur general de la recette et de la d6pense. Monsieur le Directeur, Je vous rappelle les instructions formelles de mon department touchant le service de la tr6- sorerie qui vous est confi. Ces instructions n'ont jamais Wt6 modifies et vous avez pour devoir de veiller a leur pleine et entire execu- tion, ce, sous votre responsabilit6 personnelle. Il est bien entendu que vous demeurerez res- ponsable vis-a-vis de mon department de la moindre negligence ou de la moindre infrac- tion consltat[e dans le service des perceptions. La complabilit5 des percepteurs doit- faire l'objet de votre plus vive attention. Par 1'Ftat des talons des r6cepiss6s qu'ilsvous envoient, vous devez vous assurer si tous les encaissements. ont Wt' regulibrement operas. De cette facon, vous vous rendrez compete d'une manicre exacte de leur balance en especes qu'ils vous,.accus.ent chaque semaine. La plus grande r6gularit6 doit Mtre apportee' dans la perception des revenues publics, et je connais assez vos sentiments de patriotism pour croire que vous ktes dispose h donner h mon d6partement tout le concours qu'il attend de vous. Veuillez agrker, Monsieur le Directeur, les assurances de ma consideration distinguee. F. MARCELIN. Port-au-Prince, le 3 {dvrier 1906. Monsieur le Secretaire d'Etat, Je vous accuse reception de votre ddpiche du 24 du mois dernier, au no 200, concernant un t6 lgramme de M. Coidavid-Toussaint, directeur de la defense et de la recette du Cap- Haitien, et j'ai scrupuleusement not6 les com- munications qu'elle content. M. Coidavid-Toussaint m'ayant faith rapport que la maison Lyon & Co, du Cap, delivrait des regus avec celte mention (( valeur revue comp- [ant, a nos risques et perils )), j'ai cru neces- saire de fair des d6penses pour 1'Ftablisse- ment d'un bureau offrant toute la scuritM d6si- rable' aux valeurs qui y sont ddposees pour compete de l'Etat, en ayant soin de faire placer a proximity du bureau, pour sa surveillance, une garde sous le contr61e du directeur de la re- celtte qui a toute ma confiance. Ce dernier n'a done agi que suivant mes instructions. Inform6 que de fortes valeurs pergues pour droits de douane se trouvaient en dlpbt au bureau du Cap, j'ai expldi6 l'aviso Le Croydnt en cette ville avec la mission express de rece- voir ces fonds, destines a ,tre verses a la Direc- tion generale. En faisant ainsi, cela 6pargnera assur6ment de payer des frais de commission a la maison Lyon & CO, qui est une maison ennemie, et nous rassurera. au sujet de l'encaissement de nos recettes, lesquelles ont 616 confides jus- qu'ici a des maisons 6trangeres ayant qcuelque apparence de solidity et qui sont pourtant sus- ceptibles, au lendemain d'un d6p6t plus ou moins important, de suspendre leurs paie- ments. Je disavoue entierement ce procMd6 et m'en tiens aux instructions verbales que je vous ai donnies touchant la necessit6 de garder en certaines localil6s des fonds pouvant suffire aux d6penses du gouvernement. J'estime qu'avant d'ob6ir aux instructions du directeur de la recette g6nerale et aux votres, le percepteur, M. Coidavid-Toussaiht, doit se soumettre irr6missiblement ah celles que ma sagesse, mon experience et 1'amour du bien public me commandent de lui dieter sans aucun intdrGt ni complaisance. Je ne suis nullement d'avis de voir la mar che -du service compromise par des subalter- nes, mais j'entends, a moins de supposed qu'il existe des complicit6s qui paralysent systema- tiquement administration publique, que mes ordres soient execut6s pour le bien du pays que je command. D'ailleurs, mon plus grand souci est de voir les choses s'ameliorer par 1'6volution que mes collaborateurs de bonne foi se chargeront de donner h leurs concitoyens dignes de concou- rir avec moi a la realisation du relevement national. .Recevez, Monsieur le Secr6taire d'Etat, 1'as- surance de ma consideration distinguee. NORD ALEXIS. Cette dernibre dpe'che du President pour- rait 6tre l'objet de quelques reflexions... On sait d'abord que j'6vitais le plus possi- ble de laisser de fortes valeurs en province aux mains des payeurs pour deux motifs . l'un de security~ politique, parce qu'en cas de prise d'armes elles serviraient aux rdvo- lutionnaires, l'autre pour ne pas trop met- tre 1''preuve la vertu des percepteurs. Je ne sais pourquoi le President, ou ceux qui l'inspiraient dans la circonstance, voulalent absolument me forcer. a sortir de cette ligne de conduite. Une autre reflexion que 1'on fera certaine- ment en lisant cette ddpkche, c'est qu'elle 6tait la manifestation, dans sa forme la moins cachee, do la grande defiance du President contre l'dtranger et de sa ten- dance a considdrer, a l'occasion, ses propres collaborateurs comme des complices possi- bles.: Mais dans ce cas-ci, peut-Atre abu- sait-on simplement de sa tendance soupcon- neuse... Cependant, pour avoir l'assurance que l'ordre et la regularit6 r6gnaient dans tous les bureaux de perception, j'adressai la cir- culaire suivante a tous les administrateurs de la RIpublique : Port-au-Prince, le 25 janvier 1906. Monsieur 1'Administrateur, Je vous invite a faire proc6der sans aucun retard par la Commission locale h la v6rifica- .tion de la comptabilitd du bureau de percep- tion dcP votre arrondissement et a m'adresser le plus tot. possible un rapport dans la cir- constane'e. Ce rapport indiquera les sommes effective- ment pergues tant .en or qu'en billets de caisse, celles versees d'ordre du Directeur general de la Recette et de la D6pense et les valeurs en depot au moment de cette v6rifica-. tion. Mention y. sera 6galement faite des man- dats non encore regl-s. En mime temps, vous ferez verifier'la caisse du Payeur de votre arrondissement et m'enver- rez, ce travail achev6, le proces-verbal qui aura Wtd dress a ce sujct. Veuillez agreer, Monsieur 1'Administrateur, les assurances de ma consideration distingu6e. F. MARCELIN. - 97-. Dans les premiers jours de fdvrier, on 6prouva au Palais une forte alerte et j'eus besoin de tout mon sang-froid pour rassurer les esprits. Du reste, je dois le declarer, le g6ndral Nord Alexis resta absolument calme. Il soutint sans hesitation que le bon droit 6tait de notre co6t et que je ne l'avais pas outrepass6. Cet appui etait vdritablement precieux pour moi et il me permit de sur- monter sans apprehension l'6moi que ce cablogramme-de notre ministry plknipoten- tiaire i Washington avait jet6 dans l'en- tourage : J er fvrier 1906. < Grandes puissances de l'Europe deman- dent, le concours des Etats-Unis au sujet dette intirieure. Entendez-vous avec por- teurs aussit6t que possible. < LUGER. ) |