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I SR^^ a ^^^^^^^^^^^^B^ UNIVERSITY OF FLORIDA LIBRARIES THs VOLUME s BEe WICROOF oif EO FORI "ARIES. LE DEPARTMENT DEE FINANCES & DU COMMERCE D'HAITI .'* C * *- , -" FiREIDI RIC MARCELIN H^a?-^pb;c) LE DEPARTMENT FFIANCES &DU EOMI1E D'lITI (1892-1894) RAPPORTS au President de la R6publique et au Conseil des Seor6taires d'Etat PARIS SOCIETY ANONYME DE L'IMPRIMERIE KUGELMANN 12, rue de la Grange-Bateliere, 12 1895 a II est natural, quand on a tented au pouvoir, en d6pit des avertissements de 1'cxpdrienc routiniere, l'execution de projects qui nont pas rdussi par une suite d'enchainements don't on n'est nullement responsible, car pour une large part ils relIvent du milieu et des circons- tances, qu'on a soulev6 autour do soi, non seulement 1'animositW des detenteurs de situa- tions menacees, mais encore la passion de la clientele a leur sold, il est natural que le pre- mier devoir de 1'homme public, la retraite 6 LE DelPARTEMENT DES FINANCES sonndo, esl de prendre le pays pour juge et de lui soumettre les pieces du d6bat. C'est cc que j'entreprends de faire. Je sais convaincu que le lecteur de bonne foi pourra - non sans doute partager toutes mes iddes, je no le demand pas mais me rendre ce temoignage, devant la some de travail, d'cfforts conscienciousement tenths. que le pouvoir n'a jamais dtd dans mes mains une sindcure, que si je me suis trompd, mon erreur a dtd loyal, et que le seul sentiment qui ait jamais fait battle mon coeur, durant ces deux anndes, a 6td l'amour de ma Patrie! Dans une s6rie de publications, je passcrai en revue toute notre administration : Douanes, Banque national d'Haiti, Banque de Port-au- Prince, Chambres 16gislatives, Comptabilit6 publique, etc., etc. Un dernier volume sera consacrd a l'historique de ces deux anndes et cinq mois do minister. 11 renfermera mes appreciations personnelles et sera, en quelque sorte, la psychologie de cette pdriode. La prdsente parties continent des rapports adressds au Prdsident de la R6publique et ET DU COMMERCE D'HAITI quelques-uns de ceux que j'ai faits au Conseil des secretaires d'Etat. Je suis heureux de trouver ici une nouvelle occasion de redire mon ddvouement et mon amitie pour le chef de 1'Ftat qui m'avait ap- peld a ses c6tes. J'ai la conviction de l'avoir second du mieux que j'ai pu, au travers de difficulties sans nombre, dans son ceuvre de pacification des esprits, oeuvre qui, d'un gouver- nement accuse au debut de localitisme, a fait un gouvernement fort, durable, d'une assiette solide h Port-au-Prince et dans le pays. Ce -sera sa gloire d'avoir fait taire toutes les divi- sions de parties, d'avoir rassurd les families et les intderts g6ndraux de la society, en convain- cant chacun que, sous son administration, aucune 6ventualit6 quelconque ne ramnnerait jamais sur la scene politique l'incendie, le pillage et le meurtre. Je reste done persuade que le general Hyppolite arrivera paisiblement i la fin de son mandate. Je le souhaite, en tout cas, pour sa propre renomnee et pour Haiti. Demain, dans le recul de l'Histoire, les erreurs, les 8 LE DEPARTMENT DES FINANCES fautes inevitable. la faiblesse humaine dispa- raitront ou s'attdnueront : ce gloricux travail d'une transmission pacifique du pouvoir se dressera et suffira pour faire vivre avec hon- neur le nom du chef qui l'aura accompli. C'est ainsi que de prime abord les cimes dos hautes montagnes captivent seules le regard et kcrasent tout cc qui git a leurs pieds. Mais le profit en sera surtout pour Haiti. La. est le salut pour elle. L'Histoire des gouverne- ments issues des revolutions est toujours une calamity pour la morale publique et pour nos finances. ls sont fatalement vouds a perdre la majeuro parties de leur temps en tftonne- ments pour chercher leur voie, pour se creer un personnel toujours detestable, sans computer les mois gach6s a r6unir une Constituante qui bdcle une constitution mediocre, pleine d'obs- curites, de lacunes, de contradictions, et qui, en some, n'est faite quc pour flatter les instincts du g6ndral de la Rdvolution, 'l61u, avant la lettre, de l'Assembl6e. La transmission 1lgale 6vitera ces inutiles ET DU COMMERCE D'HAITI complications. Le gouvernement nouveau trou- vera la machine gouvernementale installed, en plein fonctionnement. Certes, il y apportera de nombreuses modifications. Mais le moteur. existed, il fonctionne, ii march. Et quelle garantie, quelle sdcuritd desormais pour le fonctionnaire en place! Jusqu'ici, les rdvolu- tions triomphantes renvoyaient, sans delai, chacun chez soi, presque sans exception. II est a presumer qu'il n'en sera plus ainsi et que le chef, ldgalement nomm6, voudra peser le mdrite et so donner le temps de la rdflexion. Je no puis pas dire quo cc soit sans illusion que j'ai acccptd d'etre ministry. Oh! j'en avais..... Je me souviens, h cc propos, d'un mot dui gdndral Hyppolite lors d'une visit qu'il me fit longtemps avant mon arrive aux affairs. Une pluie torrentielle 6tant survenue, la visit se prolonged. et, selon le p6che mi- gnon de l'Haitien, on causa politique. Je sou- tins avec chaleur que I'on pouvait tout tenter pour le bien public et que le pouvoir qui l'oserait serait vigoureusement appuyI dans toutes ses rdformes par le people. Le general 10 LE DI~AHRTEMENT DES FINANCES sourit en m'6coutant et repliqua, non sans quelque tristesse : Un jour vous verrez sans doute si cela est si facile. Tout le temps qu'on n'a pas exerce le pouvoir, on ne se fait aucune idee de ses difficulties dans note milieu si peu stable et sous l'apprlhension d'un bouleversement toujours probable. Pourtant, malgremon experience recent, je persiste h croire que-le bien ne peut Atre realise, en Haiti, que par le pouvoir, que nos habitudessociales, notre 6tat d'Ame a fait chez nous v6ritablement la seule puissance effective. Une vue d'ensemble, une direction unique, une persdv6rance nettement marque, visible dans les moindres actions, seront toujours les con- ditions essentielles de cette transformation. Sp6cialement pour les finances, je pense qu'aucune rdforme n'est possible qu'au ddbut d'un gouvernement. Ce n'est pas seulement parce qu'il est indispensable d'avoir quelques annees devant soi; il est necessaire surtout de modeler les homes et les choses sur le des- sein qu'on s'est form d'une administration financibre sdvissant inflexiblement contre les abus sans s'arr6tcr devant aucune considdra- ET DU COMMERCE D'HA'TI 1 tion politique. Le seul moment propice a cette besogne est au commencement du regime. Aprbs il est trop tard, car le pli est pris. Du reste, ce n'est pas une reforme partielle qu'il faudrait: une refonte gdndrale s'impose. Mais si le nombre est grand de ceux qui en parent, il est bion petit de ceux qui y songent sdrieusement. Car ceux qui exploitent cette situation sous toutes les forms possibles et imaginables, ceux a qui l'Etat sert de grosses rentes, soit pour des locations ou achats abusifs de maisons, soit pour des subventions aux entreprises dites d'intt6rt general, soit poui4 des fournitures ou travaux qu'ils n'executent pas, soit enfin pour aucnn motif ce nest pas souvent un mauvais titre pour obtenir une rente sur 'Etat ceux-lh sont legion. Et c'est cette 16gion qui hurle avec le plus d'en- semble et la plus grande emphase a la corrup- tion et a la rdforme. Hypocrisie et cynisme Depuis de nombreuses anndes, les finances haitiennes sont la proie des maux suivants: Les d6penses augmentent sans cesse; Le montant des d6penses reellement effec- 1I LE DEPARTMENT DE8 FINANCES tu6es au bout de l'annde d6passe toujours le chiffre fixd pr6alablerment comme ddfinitif et infranchissable par la loi de finances. C'est le systeme national des paiements sur repus a rdgu- lariser. Une des beautds du syst6me consist i avoir des douzi6mes tres faibles, au-dessous mime des credits budgetaires. (a c'est pour le bon public et la Chambre des Comptes. Mais le systeme permet d'effectuer des sorties de fonds illimiteessur simples recus qui attendant indefiniment leur r6gularisation; Les recettes sont infdrieures aux d6penses votees dans une proportion qui est un v6ri- table d6sordre; Enfin, les Chambres 16gislatives, par une fausse conception de leurs devoirs les plus 61mentaires, acclament toute augmentation, rejettent syst6matiquement toute reduction, detruiscnt l'dquilibre si p6niblement trouv6 par le ministry et a l'heure de ]'addition lui disent tranquillement: Ddbrouille-oi ! J'ai constamment luttd, on le constatera dans le course de cet ouvrage, contre ces fu- nestes procddes. Et aucuie march r6guliere ET DU COMMERCE D'HAITI de nos finances ne sera possible que lorsqu'ils seront compl6tement vaincus. Car ce sont eux qui annihilent les plans les plus sagement congus, rendent inexecutables les meilleures conceptions et obligent finalemcnt le minisire a recourir aux errements, aux expedients condamn6s pour faire aller le service. II n'y a peut--tre pas une measure critiquable de notre administration financiere et je le dis pour moi aussi bien que pour mes preddcesseurs - qui n'ait eu, en principle, N'obligation do faire face a une depense mal avised ou excessive crdec pourle service des autres d6partements. Cette s6rie de ddpenses qu'il faut satisfaire, noil seulement rend toute amelioration radi- calement vaine, mais elle fait peser sur le ministry des finances une responsabilit6 qui n'est plus de la bonne justice distributive. En definitive, ses colleagues out le plaisir de dd- penser l'argent qu'il ne trouve, lui, qu'au prix de sacrifices ondreux et impopulaires. Aussi, ma preoccupation fut, durant mon passage au ministare, d'essayer de diminuer le taux de l'intiret sur place et d'arriver a nous 4,1 ouvrir le march des capitaux en Europe. J'appelai par tous les moyens en mon pouvoir attention des capitalists a l'dtranger sur le credit d'Haiti. C'est ainsi que les obligations de notre Dette extecieure, qui dlaient h 160 fr. quand j'arrivai aux affaires, avaient atteint le taux de 250 fr. quand je les quittai ct furent admises a la cote officielle de la Bourse de Paris. Noire credit so capitalisait done au taux de 6 0 0 i l'6tranger et nous payions 15 et 18 0/'0 sur place! De nombreuses proposi- tions d'emprunt furent faites, h cette occasion, au gouvernement, propositions permnttant une conversion avantageuse de notre Dette flot- tante. Dans mes diff6rents rapports aux Chambres, j'appelai plusieurs fois leur at- tention sur ces efforts pour preparer les esprits a une evolution indispensable dans nos finances. Toutefois, je dois ajouter que, pour I'avenir du pays, ce qu'il faut prdalablement a touted operation de ce genre, c'est la rdduc- tion des ddpcnses ct leur fixation au chiffre rdel des recettes. J'ai luttd pour essayer d'arriver ai ce rdsultat " et je puis me rendre cc t6moignage qu'aucune consideration ne m'y a faith d6vier. Quand jo vins aux affaires. 1'Etat n'avait aucune res- source disponible ni a l'importation, ni h l'exportation. Je degageai 0.96 sur nos cafrs et no voulus sous aucun pretexte les ren- gager dans la suite. Le jour que le Corps 16gis- latif voulut me contraindre a les prendre pour dquilibrer un budget qu'il avaitenfl6 en dehors de ma participation, je d6clarai p6remptoire- ment que je ne le ferais jamais e que les depcnses votdcs ainsi ne seraient pas acquit- tdes. II faut chercher 1h, dans cette resolution indbranlable i ne pas engager nos dernieres resources pour satisfaire des crdances qui no me semblaient pas justifies, la source de cer- taines animositds que je me suis attirdes. Je dois aussi faire cet aveu : jusqu'au dernier moment,j'ai cru, dans cette session de 1894-95, qu'on ne s'entendrait pas ct que, pour le plus grand bien de la nation, le soin d'adopter finalemcnt un budget strait, comme en 1892, laissi i l'Ex6cutif. Mais trop d'intir6ts dtaient coalisds contre moi et agissaient dans un sens Tr liU uioMililndEi DA'l~'iL' 16 LE DEPARTMENT DES FINANCES oppose au mien. Le lecteur verra en parcou- rant ce volume si toujours ma conduite dans le Conseil n'a pas 6te d'accord avec celle que j'ai tenue dans les Chambres quand je soute- nais la ndcessitd des reductions. J'aborde maintenant un sujet plus directe- ment personnel. Tout le monde salt que la calomnie est l'arme des democraties et, on l'a ddjh remar- qud, elle y remplit de nos jours le m6me office que jadis le poignard et le poison dans les Rdpubliques du moyen age. La democratic haitienne, ou plutot ceux qui se disent ses rcpr6sentants, ne se spare pas des autrcs democraties sous ce rapport. Au fond, le principal 616ment qui fait agir les deux ou trois individus qui parent en son nom est la jalousie et l'envie dans ce qu'elles ont de plus bas et de plus m6prisable. La politique n'dtant pour eux qu'une loterie, ils n'injurient et ne temp6tent que parce qu'ils croient qu'on a amend le gros lot. Pour la majority du public, en Haiti, c'est un dogme que le ministry des finances a la ET DU COMMERCE. D'HATI . pouvoir d'enrichir qui lui'plait et il va de soi de s'enrichir lui-meme. Ce mot finances produit un prestigieux effet sur les imagina- tions. C'est le ministry distributeur des fa- veurs, dispensateur supreme des dollars et des gourdes. Toutes les convoitises, toutes les esperances convergent done vers lui. Mais aussi toutes les haines, si ces espirances et ces convoitises sont trompees! Au lieu de croire alors tout simplement que c'est un homme qui veut faire son devoir, on n'itnsite pas a penser que c'est un 6goiste qui garde tout pour lui. Le malheureux a beau rappeler que s'il faut, selon le dicton vulgaire, pour faire un civet avoir un lievre ou l'6qui- valent, de m6me pour voler il faut un complice ou un associe, et faire remarquer que dans le concert donni en son honneur il ne s'est pas trouvd une seule voix pour attester m6me de quelque ldgere faveur obtenue de lui... On ne l'6coute pas; on ne veut pas l'dcouter. II a tromp6 tout le monde, c'est-4-dire il n'a en- richi personnel! II se peut qu'h certaines 6poques, quand les 18 LE DfPARTEMENT DES FINANCES appointments restaient dix et douze mois impayes, qu'ils s'escomptaient a vil prix, que les ordonnances 6taient dresses pour la forme, il se peut que ce portrait d'un ministry des finances faisant la pluie et le beau temps ait eu quelque resemblance. Mais il n'en est plus tout a fait ainsi et il en sera de m6me tant que le service se fera rdguliirement. Le ministry des finances n'est, en ce sens, qu'un comptable- payeur. Du moment que les pieces sont en Srgle, que l'argent est en caisse, il ne fait qu'acquitterles comptes. I1 n'a pas d'initiative; il n'a pas non plus de commander i donner. II voit passer sous ses yeux, il sent, si vous le voulez, le fumet du r6ti appetissant du voisin : il ne peut que subir le supplice de Tantale, s'il a quelque vocation pour cet emploi. La se borne son r6le. Cela n'empAche qu'il ne soit le plus harcel6 de tous les ministres, tout le monde s'adressant a lui, se liguant contre lui. II ne lui suffit pas de se d6fendre contre le public; ses propres collgues I'accusent, I'accablent. Et pour peu que le paiement d'uneordonnance soit retard par insuffisance de recettes, on ET flU COMMERCE D'14AITI 1 rejette toute la faute sur lui. Car il est do bonne guerre d'oublier que les revenues de la R6publique s'616vent 7,200,000 gourdes et que le budget des depenses d6passe 9,000,000. De l dans le public une irritation latente, sourde, centre le galeux, cause de tout le mal. La seule facon do s'en tirer serait de favoriser quelques-uns au detriment de tous. On aurait alors un petit group avec soi, surtout si on le choisit avec habiletd, tried sur le volet, parmi les forts en gueule d'estaminet et les intrigants qui ont la pretention de constituer l'opinion pu- blique. Pour ma part, en arrivant au minister, je nm'tais promise de ne faire que ce qui 6tait strictementjuste. Je ne pense pas avoir divide de cette ligne de conduite. Jusqu'au dernier moment, je n'ai jamais voulu encourager l'es- compte des cffets publics, en favorisant ceux qui en faisaient metier et profit. Je ne sais si on l'a oublid, maisje me rappelle avoir toujours repoussd ceux qui sollicitaiont le pavement d'ordonnances escomptdes dans Ie commerce. Sur le point de me retire, dans les derniers 20 LE DIPAR'LREMENT DES FINANCES jours de decembre, ayant en main plus de 800,000 gourdes pour acquitter par anticipa- tion le mois di settlement le 10 f6vrier 1893, je n'ai pas voulu qu'un centime ffit detournd du service des appointments. II m'eit 6td facile de donner, en payant quelques ordon- nances, a des amis de la dernirre heure qui avaiont cru en moi et defendu mies idWes avec desintdressement, cette preuve de mon amitid. Combien d'autres l'eussent faiL a ma place! Je n'en eongus meme pas la pensde. Ni non plus je no voulus signer aucune ddldgation de paiement sur les mois a venir, malgr6 qu'il y en eit don't le Conseil des secrdtaires di'tat avait ordonnd Facquittement. J'estimais que le devoir me commandait d'agir ainsi pony ne pas entraver la libertL d'action du ddpartement tdes Finances. En rFsumi, je n'ai fait de favours f personne, pensant que je n'avais pas a en faire. Quant i mes parents, je n'en ai casd ni enrichi aucun, rompant de cette fagon avec nos plus vieilles traditions... Jusqu'au 30 septembre 1894, grAce a des efforts persc v Arants et avec nos seules ressour- ET DP CGOMMERP.F. D'HAlTI 2f ces de trdsorerie, j'ai pu maintenir les offers publics au pair ou avec un leger escompte de 5 h 6 0/0 pour ceux qui, ne voulant pas atten- dre le paiement pr6alable des appointments, vendaient 4 des tiers. Une scene journaliere se rdp6tait trbs souvent a ce sujot : quolqu'un s'adressait-il a moi ot me priait-il de lui per- mettre d'acheter quelques ordonnances avec promesse de paiement immddiat? Press, harceld, j'avais Fair de consentir. Un instant apres, Pindividu revenait me reprocher de lui avoir fait faire une course inutile, attend qu'on no pouvait trouver d'ordonpances a escompter. De cc chef, j'ai dil, sans doute, provoquer quelques colbres, quand on devait plutit sc rdjouir de cotte situation. Solon l'usage, une fois qu'on a cesse d'etre ministry, quelques calomniateurs n'ont pas manqud do dire que je m',tais enrichi au ministbre. Jo no pouvais esp6rer faire fldchir la rbgle commune en ma favour; jo suis force pourtant de rappeler quo personne no pout ignore que, longtemps avant d'etre aux affairs, j'avais une aisance gagnde honorable- 22 LE DEPAhTEMENT DES FINANCES ment dans le commerce. Ruind par les dvdne- ments de 1883, je m'dtais, au rebours de ceux qui desespre6rent, remis d&s le lendemain a la besogne, et, grace au concours de deux amis - Fun h New-York, I'autre Port-au-Prince,- je ne tardai pas, quelque temps apr6s, a me trouver a la tote d'une situation florissante. Chaque annde je voyageais en France, et ma famille y faisait de longs et frequents sejours. Ce que je pratiquais pour moi, je le recom- mandais a mes concitoyens : < Voyagez, ins- truisez-vous, leur ai-je crid souvent. Notre pays ne sera pas 6ternellement voud h la md- diocrite de premier ordre, et vous ne le suppor- terez plus en constatant par vous-m6mes les bienfaits de la civilisation (1). ) 11 n'y a done rien d'dtonnant si je suis actuellement en France et si ces lignes sont dates de Paris. Ce n'est pas la premiere fois que cela m'arrive... Mais demain je serai en Haiti, pret h prendre ma part de la vie natio- nale, de ses dangers, de ses luttes, de ses (1) Questions hanliennes, pages 23, 21 et 25. ET DU COMMERCE D'HAiTI espirances aussi... Pourquoi, au surplus, ce que je faisais hier aurais-je peur de ie faire aujourd'hui? Je sais que c'est dans l'habitude de nos hommes d'Etat de capituler devant la calomnie et le mensonge. Ces principles, quant a moi, n'ontjamais dirige ma conduite. Je ne suis plus ministry, je suis libre, maitre de mes actions et, fort de ma conscience, je brave tous nos Pharisiens. Des journalists, en quete de malveillance, ont pris une phrase d'un de mes ouvrages et ont essay, durant et apres mon minister, d'en faire une arme facile contre moi. Ils ont dit que j'offrais en example ii mes concitoyens le fonctionnaire qui preleve une petite dime sur les revenues de l'ltat. Je rappelle que quand ce mot fut 6crit, et naturellement pas dans le sens qu'on lui prete, je n'dtais qu'un simple publiciste pouvant donner a ma pensee tous les d6veloppements qu'elle me semblait com- porter. Sous le rapport des resultats acquis, j'6tablissais dans l'ouvrage en question une comparison entire le politique intelligent, mais peu scrupuleux on qui passe pour tel, et l'ad- 24 LE D1APARTEMENT DES FINANCES ministrateur qui, n'ayant pour soul argument que sa reputation de vertu, laisse tout gicher en attendant. 'avais en cc moment 4 l'esprit la derniere periode de notre guerre civil ct la phrase s'ap- pliquait exclusivement h quelques homes du gouvernement de Port-au-Prince. Oui quo nos puritains s'en formalisent s'ils voulent - dans ces tourmentes, cclui qui va droit an but, sans titonnoment, raccourcissant ainsi la dur6e du cyclone au prix d'actes qu'il faut blh- mer tout en on profitant, est predfrable a colui quo curtains scrupules tourmentent ot arrc- tent, 11 n'y a pas d'hdsitation possible dans le choix t faire. Je n'ai jamais proclamd, du rested, quo c'6tait lh mon ideal; bien plut6tj'ai dcrit tout le contraire. Je protest done l'application de cc mot solon quo mos adversaires l'emploicnt. Et puisqu'ils veulent absolnment que je sois un homme tres habile, ils conviendront que je n'aurais pas fait 18 prouvo do grande habi- letd en d6voilant Ie fond de ma pensde... Combien, au reste, me reprochont d'avoir ET DU COMMERCE D'HAITI exprim6cette thdoric don't. copendant, 'iddal lo plus elev6 pour Haiti ne d6passe pas colui d'un gouvernement qui centraliserait les fa- vours au sommet et r6primerait avec la der- niere rigueur routes les tentatives de second degr6! Ils voient dans cette minority aristo- cratique du djob pourvu qu'ils en soient - Ic bonheur national... On a dit onfin que je m'6tais cramponnu au pouvoir. Rion de plus faux, rien do plus men- songer. On verra plus tard, dans la partic consacrd6 aux Chambros, par uno lettre adrossdo au Prdsident do la IRpublique, queo, d6s le 9 septembre 1893, je voulais me retire, et on constatera que dans los premiers jours do la session de 1894 j'y 6tais absolument rdsolu. Malheureusement une indisposition subite du chef de 1'tat m'empkcha do donner suite a ma resolution. Je crus qu'il 6tait do niori devoir envers Ic g6ndral Hyppolite de rester jusqu'h ia cloture des travaux Idgislatifs. Mais qui oserait soutenir que d(s cette 6poque jo n'ai pas harceld le President pour avoir un successeur? C'6tait 14 Ie sujet quotidiende mes 26 LE DEPARTMENT DES FINANCES entretiens avec lui. Je lui faisais chaque jour remarquer, tant en Conseil que priv6ment, que l'interet de son gouvernement lui ordon- nait un changement de ministbre. J'estimais que le cabinet 6tait us6, fatigue, tant par les luttes quotidiennes que par les &v6nements auxquels il avait pris part et qu'il ne pouvait plus lui rendre les services qu'il 6tait en droit d'en attendre. Jo sais qu'on a insinud qu'en agissant ainsi, qu'en tenant ce language publiquement, je jouais un double jeu: queje poussais a la dislocation du cabinet, avec l'espoir que le President en formerait un autre don't je ferais parties. J'atteste que cette pens6e ne m'est jamais venue. Au con- traire, je soutenais dans les differents cercles politiques que le Prdsident devait accepter la admission de tout le monde et ne rappeler personnel. ( Pas de replAtrage, disais-je. 11 faut des hommes absolument no veaux! ) Si je n'avais 6coutd que me int6erts pro- pres et, certes, j'avais asset le sentiment de la situation pour le compare dre j'eusse provoque une crise ministeriel e des le debut ET DU COMMERCE D'HAITI 27 de la session dc 1894. Mais l'affection pro- fonde que j'ai toujours eue pour le gdenral Hyppolite me retint. Je voulus qu'il fit, au prealable, bien convaincu de cette n6cessitd. II ne se passa done pas de jour que je ne l'en entretinsse. Je me defendais devant les Chambres; c'6tait mon devoir, c'etait le gou- vernement que je d6fendais. Mais j'adjurais le President d'accepter notre demission. Le cabinet, lui disais-je, est un vieux para- pluie auquel vous avez dejt fait pas mal de pieces. II ne vous protege plus. L'eau le trans- perce de toutes parts. II est temps de vous en payer un tout neuf. ) Le general Hyppolite, don't personnel ne saurait contester la parfaite connaissance des choses de son pays, dcoutait et ne se d6cida enfin qu'i l'heure qu'il s'etait reservee. Il est done absolument faux que je me sois cramponn6 au pouvoir. Des les premiers jours, j'en dtais absolument ddgoute et j'avais ddjh plusieurs fois manifesto cc degodt : ( Ah! Prd- sident, lui disais-je parfois, quel cadeau m'avez-vous fait li! Si je ne savais vos senti- 28 LE DftPAHRTNMENT DES FINANCES ments, je croirais vraiment quo vous ne m'avez pas traitL en ami! ) Ce qui a pu faire penser le contraire a mes adversaires, c'est la vigueur que j'ai mise a me defendre devant les Chambres. t1s out pris pour I'amour du pouvoir ce qui n'dtait chez moi quo le sentiment du devoir, lequel, dans quelque cause, dans quelque si- tuation oh je me trouve, m'ordonne de d6- fendre le post confi6.,.. Parmi mes calomniateurs, I'un s'est parti- culierement distingud par la furio et 1'6pilepsio do ses attaques : je veux parler du man- dataire do Gros-Morne totalement in- connu, il y a peine quelques ann6es, non seuloment du pays, mais encore do lui-mme. Ddputd par une grace d'6tat tellement sur- prenantc, a son propre jugement, qu'il n'osa jamais affroiiter la face de ses dlocteurs, il cssaya vainement 6 la Chambre de se signaler a I'attention publique par une sdrie d'inter- pellations grotesques. Gesticulateur de pre- miere grandeur, la bouche ouvorte la tribune en 0 majuscule, 1'61oquence consist pour lui ET DU COMMERCE D'HAITI en ce goste do michoire et en trepidations frd- n@tiques ofi, au licn d'arguments, il montrait le blane de 'oeil. Sur toutes questions, il de- mandait la parole. Finances, guerre, marine, instruction publique, il embrassait tout, pero- rait sur tout, invoquant cent fois a la minute, pour la plus grandejoie de la galeric, Assyriens, Babyloniens, Perses et MOdes h propos de la plus mince affaire. Petit de taille, long d'appittit, ce rtformateur qui ne parlait tant que pour donner le change et masquer ses troudes dans le bois de nos fl- nances, est le plus gros budgdtivore de la Rd- publique : sous prdtexte d'1cule profession- nelle, il nous soutire bon an mal ai plus de vingt mille piastres. II avait former un grand dessein qui n'a pas about il voulait faire d'un des sins un ni- nistre. 11 aurait alors fond deux ou trois autres 6colcs professionnelles et capti toutes les fournitures du ddpartement au noin do l'avancement de ses concitoyens. Car c'est le sigue distinctif do tous ces riforrmateurs qu'ils ont besoin eux-mbmes d'etre reforms 80 LE DIPAItTEMIENT I,)1S FINANCES incontinent. On n'a qu'a leur enlever le faux badigeon de lib6ralisme et d'independance don't ils s'affublent pourles trouver associes a bien des tripotages. Heureusement que cesYautrins de notre politique ne font plus illusion qu'a quelques -rares badauds. L'v6iiement fit avorter la combinaison. De 1a, contre les hoinmes en place, la fureur de cet ami du people, de cc tribune en carton - de 1'espece don't furent confectionndes cer- taines semelles de souliers fournies nagubre h nos soldats. De la sa colbre, d'autant plus legi- time, a son idde, qu'il n'a pas su garder la petite pelotte gagnde au jeu des revolutions. Les roves auxquels il lui est d6fendu maintenant de prd- tendre, il me les prete : ces gens-lh ont toujours aimd a parer les autres de leurs vertus. Les princesses du trottoir parisien troublent son sommicil et dmacient sa face; les flonflous des tripots borgnes hantent ses nuits et lui soufflent au rCveil les poussives m6taphores grace auxquelles ii pense forcer notre confiance et attraper commands et subventions. N'importe, il prOte tout cela h son adver- ET DU COMMERCE D'HAiTI saire, ne se souvenant plus que bien longtemps avant que les dchos burlesques de la Chambre eussent cle6bre la gloire de M. Etienne Mathon, cet adversaire voyageait chaque ann6e a Paris. 11 n'y venait pas pour les duchesses interlopes; il y venait parce que Paris est le cerveau du monde. et il conviait ses concitoyens a se retremper et a s'dlargir dans le commerce de ce cerveau. Ce n'est pas de sa faute, en vWrite, si le depute de Gros-Morne, suivant mal ce conseil, a cru de bonne foi que I'dloquence s'enseignait dans les parades de foire et que les mauvais lieux rdsumaient touted la vie de la grande cite... Mais je laisse Lindor essayer de se refaire en pingant de plus en plus desespd- rdment la guitar de l'amour du people. Je ne veux pas finir sans rendre un public hommage au concours empress, ddsintdress6, que j'ai trouv6, durant mon ministbre, dans le personnel exceptionnellement intelligent et devoue du ddpartement des finances et du commerce. On ne saurait rencontrer' une lite plus 32 LE DfPARTEMENT DES FINANCES remarquable, plus foncierement honn6te, tranchant davantage sur la foule des queman- deurs pour qui le bon ministry des.. finances doit rdaliser la fable de Jupiter arrosant Dana6 d'une pluie d'or. Citer des noms est impossible; il faudrait trop citer. Toutefois, qu'il me soit permis de nommer deux hommes, don't la valeur intellectuelle, le patriotism 6clair6 m'ont procure, dans un commerce queje me rappelle avec plaisir, l'oc- casion de reconnaitre et d'apprkcier le m6rite. L'un est M. Dantes-Dujour, chef de division au department du commerce. L'autre est M. Alexandre Lilavois, chef de la comptabilit6 au department des finances. Je veux croire pour mon pays que ces deux hommes ne tar- deront pas, dans un avenir prochain, a arriver aux affaires, si la rectitude du caractere, la conscience des maux don't nous souffrons, la science du remade h appliquer sont des titres suffisants pour obtenir cet honneur. F.M. Paris, le ie' juillet 1895. SITUATION FINANCIERE DE LA REPUBLIQUE Port-au-Prince, le 26 aolt 1892, An 89, de 1'Inddpendanco. Le Secrdtaire d'Etat au Ddpartement des Finances et du Commerce d Son Excel- lence le Prdsidenl d'Hatti. PRESIDENT, Vous m'avez fait 1'insigne honneur de me confier le portefeuille des Finances : je dois justifier votre choix par le d6vouement le plus absolu, le travail le plus opiniAtre et mettre au service de votre gouver- nement tout ce que je puis avoir d'6nergie et de force. C'est engagement solennel que je prends vis-i- vis de Vous. It m'a fallu quelques jours pour me rendre compete de la situation financiere de la Republique. Cette situation, je ne la d6peins pas A Votre Excellence, 3' LE I)tPAIITEMENT I)Es FINANCES je lui soumets des chiffres : ils parleront d'eux- mimes. Pour le premier semestre de.l'exercice en course, les droits constat6s ont produit : A l'lmportation. G. 2.082.015 40 Al'Exportation..... 2.291.071 65 G. 4.373.087 10 N'ayant pas encore recu de toutes les administrations des fi- nances leurs etats de droits locaux pour le deuxieme semestre de cet exercise, le d6partement se trouve dans l'impossibilit6 d'6tablir les chiffres de la recette partir d'a- vril 1892. N6anmoins, pour avoir des donn6es sinon reelles, au moins approximatives, sur nos recettes du deuxibme semestre en question, nous avons di prendre pour base les chiffres du deuxieme semestre de 1'exercice 1890-1891, tout en tenant compete de la diff6- rence qui resultera, selon toutes probabilities, de la superiority des revenues de cette periode de l'exer- cice dernier sur ceux des deux tri- A reporter........... G. 4.373.087 10 ET DU COMMERU:E D'HAITI 85 Report........... .G. 4.373.087 10 mestres de 1'exeroice en course, un cinquieme environ, soit-: Importation..... G. 2.211.051 36 Exportation ....... 1.084.198 94 G. 3.2,5.250 30 Un cinquieme en moins.......... G. 659.050 06 2.636.200 21 A ce chiffre, si nous ajontons le produit des imp6ts divers don't le montant pour toute l'annie peut 6tre 6valuee, selon nos provisions, A environ ....................... G. 150'. 000 On obtiendra............ G. 7.159.287 34 Ddpenses. Les charges de 1'Etat pour l'exercice 1891-92 com- prennent: 10 Credits budg6- taires ouverts aux departements minis- teriels.......... G. 5.829.147 29 20 Credits supple- mentaires votes par A reporter. .: G. 5.829.147 29 7.159:287 34 86 LI. DAPAR'iEMEXT DES FINANCE Report ....... G.5.829.147 29 le Corps 16gislatif, le 29 novembre 1891.. 206.105 30 Compete de li- quidation (credit spe- cial au d6partement de l'Inslruction pu- blique voir bud- get de 1891-92)..... 9.201 79 4O Service de la dettepublique...... 1.954.316 67 5o Service de la Banque............ 174.850 36 60 CrBdit suppl&- mentaire aux d6par- tements des rela- tions ext6rieures, de la guerre et de l'int- rieur (arrWte du le' mars 1892, de Son Excellence le Pr6si- dent de la R6publi- que d'Haiti)........ 432.849 17 7o Chambre des deput6s, pour deux 7.159.287 34 A reporter, ... 8,69.473 28 7.159.287 34 ET DU COMMERCE DIHAYTI Report....... G. 8.669.470 28 mois d'indemni- ts ...... G. 57.000 8 Pour '&- change des billets de caisse dt&- riores, 3,000 par mois.... 36.000 93.000 7.159.287 34 D6penses g6nerales... G. 8.699.470 28 Deficit probable...... 1.540.182 94 Pour les deux derniers mois de 1'exercice, aott et septembre, les recettes probables A l'importation s'leWvent a environ .............. 542.827 62 Imp6ts divers...... 12.500 D G. 555.327 62 D'aprBs le relev6 suivant des al- locationj budg.taires, les d6pen- ses des memes mois atteindront : Relations extdrieures Credit bud- g6taire.... 3.368 84 A reporter. 8.868 84 555.327 62 38 LE DIfPAUTEMENT DES FINANCES Report.. G. 3.368 84 555.327 62 Credit sup- pl6mentaire 2.962 48 6.331 32 6.331 32 Finances et Commerce Credit budg6taire.... 124.554 74 Guerre CrBditbud- g6taire... 178.227 67 Creditsup- pl6mentre 33.826 29 212.053 96 212.053 96 343.940 02 Marine Credit budg6taire..... 30.291 50 G. 373.231 52 Intdrieur Creditbud- g6taireP. 301.581 10 Credit sup- plementre 172 86 201.753 96 Travaux publics Creditbudgetaire.. P. 192.441 08 Agriculture Cr6ditbudg6taire ..... 54.956 6 Instruction publique Credit budg6taire..... 168.032 70 A reporter .,.. G. 990,415 62 555.327 62 1T DU COMMERCE D'HAITI Report....... G. 990.415 62. Justice Credit budgktaire.... 83.587 67 Cultes Credit budg6taire.... 28.031 32 Difference.. P. A ce chiffre s'ijouteront : 1 Le solde d6biteur de la Ban- que an 11 de ce mois, qui ne devra pas changer au 30 septembre, puis- que la Banque, se remboursant de ses avances au fur et A measure des rentrbes, fait d'aut'es avances A l'Etat, soit .................... P. 20 Les ordonnances en depot au MinistBre des finances : Relations cxtbrieures. 12.594 40 Finances et Cpmmerce 1.329 11 Guerre et Marine..... 14.393 55 Interieur............ 49.881 06 Travaux publics..... 120.990 06 Agriculture......... 10.230 0) Instruction publique. 9.451 83 Justice .............. 4. 193 71. A reporter....... 223.063 72 P. 555.327 62 1.102.034 61 546.706 99 738.203 51 1.284.909 50 40 LE DEPARTMENT DES FINANCES Report ......... 223.063 72 P. Cultes.............. 6.337 50 229.401 22 30 Les contre-bons actuellement en circulation................ 4o Une parties des sommes qui seront dues au Syndicat financier; il y a lieu, selon les probabilit6s, d'6valuer ,ette crbance au 30 sep- tembre A la some de P. 500,000, et d6ja figurent P. 350,000 au bud- get du prochain exercise, soit..... 5 Les bons A echeance, faveur Bobo............. P. 10.000 , Miot Scott et GC, deux terms .......... ..... 12.546 66 22.546 66 1.284.909 50 229.401 22 22.470 70 150.000 22.546 66 De ce chifire................. P. 1.709.329 08 doivent 6tre d6falqu6es les valeurs suivantes, payees sur requs A r6gu- lariser sur les allocations du pro- chain exercise : Relations exterieuresP. 20.000 Guerre............... 84.375 A reporter ....P. 104.875 P. 1.709.829 08 ET DU COMMERCE D'HAITI Report ......... 104.375 P. 1.709.329 08 Interieur............. 64.811 14 169.186 14 169.186 14 Le deficit A combler le 30 sep- tembre sera done d'environ..... P. 1.540.142 94 I1 n'y a pas lieu de penser que les recettes du pro- chain exercise permettent de regler ce decouvert, puisque le budget des recettes de I'exercice 1892-93, pr6sentd par mon predecesseur, compare A celui des depenses, laisse un deficit de P. 572,711, soit: Budget des voies et moyens.... P. 8.032.397 a des d6penses........... 8.605.113 D6ficit.......... P. 572.716 Mais au lieu de P. 8.032.397, les recettes, selon mes provisions, atteindront a peine P. 7.200.000 de lI un deficit nouveau de....... 1.405.113 auquel il faudra ajouter : 1 Affaire a Haitian Republic ) en voie de r6glement, A peu pres.. 2" CrBance Riviere et C ........ A reporter. .............P. 120.000 330.000 1.875.113 42 LE DIIPAlATEMrENT DES FINANCIKS Report ..................... P. 1.875.113 ) 3o Miot, Scott et Co (Wharf de Port-au-Prince) .................. 62.733 30 En additionnant les........... P. 1.937.846 30 au deficit de l'exercice 1891-1892.. 1.540.142 94 on aura, au 30 septembre 1893, un deficit de ...................... P. 3.477.989 24 plus les garanties d'interuts sur les contracts en course, notamment les chemins de fer, les restitu- tions des droits de wharfage sur les contracts du wharf du Petit-GoAve et de celui de Jacmel, etc.; les pensions a liquider conform6ment a la loi: les inouveaux credits qui seront probablement deman- ils pour faire face A ces d6penses urgentes et enfin toutes autres d6penses augmentant encore les charges de l'Etat. Pour ce qui est des droits fixes d'exportation, je vous ferai remarquer qu'ils no peuvent en ce mo- ment etre disposes puisqu'ils sont affectEs a la liqui- dation de 1'emprunt du 27 janvier 1892, ainsi qu'il doit en 6tre rendu compete aux terms de la loi. Telle est ]a situation, President. Elle n'est pas brillante, il ne faut pas se le dissimuler. Une foi robuste, un labeur incessant, une activity sans cesse en 6veil ne suffisent pas pour la changer. Le pr6- cieux concours des conseils de Votre Excellence, et ET DU COMMLERE 1DH. iTL 43 la certitude qu'elle m'encouragera de toute sa sym- pathie dans oeuvree que je vais entreprendre, sont les puissants auxiliaires sur lesquels je m'appuie. Dans le poste de combat of il vous a plu de me placer et oh, en toute loyaut6, je vous promets de faire tout mon devoir, qui, autre que Votre Excel- lence, peut soutenir mon courage et reliever mes d6faillances ? Je rest de Votre Excellence le tres humble et tres d6vou6 serviteur. F. MARGELIN, 44 LE DEPARTMENT DES FINANCES DEPARTMENT DU COMMERCE Port-au-Prince, le 23 novembre 1892, An 90. de l'Independance. Le Secrdtaire d'Etat au Ddpartement des Finances et du Commerce 4 Son Excel- lence le Prdsident d'Haiti. PRESIDENT, J'ai l'honneur de soumettre A Votre Excellence mon rapport sur le d6partement du commerce que vous avez bien voulu confier A mon patriotism. La triste situation faite au commerce par l'une des plus formidable crises qu'il ait eu A traverser a reduit notablement nos importations. La prudence et 1'6tat du march prescrivaient d'attendre l'6coulement des stocks existants avant de faire de nouvelles commands. N6anmoins, les affaires semblent vouloir reprendre, et si le mouve- ment commercial n'est pas ce qu'il a 6t6 dans lea EW DU IOM.fiERCE D'HAITI ann6es prosperes, it n'en est pas moins vrai qu'il est plus important qu'il n'a etW l'aunee passe A pareille 6poque. La demonstration de ce fait A l'aide de chiffres efit 6te plus suggestive et plus convaincante; mais comme nous 6prouvons forcement du retard dans la reception des droits locaux, je me reserve de mettre sous les yeux de Votre Excellence, dans un autre rapport, les tableaux de nos importations pour ces deux annees, pendant les deux derniers mois de l'exercice prime et le premier de celui en course. Devant 1'etat precaire du commerce, qui devait influer sensiblement sur nos resources, mon pre- mier devoir, en pregnant les renes de ce d6partement, a 6tW de faire appel aux lumieres et i la fermet6 des administrateurs des finances et des directeurs de ,douane, pour les inviter A tenir la main A 1'ex6cution des lois douanieres. La tAche consistail a obtenir non seulement la plus enjtiere, mais aussi la plus prompte perception des redevances du fise, sans trop paraitre presstlrer le commerce dBej assez 6prouve. Pour nous appro- prier, en effet, les principaux engines de civilisation, I'int6grit dans la perception de nos droits de douane ne suffit pas; ii faut encore que cette perception soit faite dans un delai tel que nous ne soyons. pas obliges, forces meme, pour satisfaire aux depenses 46 LE DEPARTMENT DES FINANCES urgentes, de recourir aux emprunts payables avec ces memes droits de douane : ces expedients nous imposent de trop grands sacrifices. Si mes efforts dans ce sens n'ont pas Wt6 cou- ronnes d'un complete succes, il n'en est pas moins vrai que les ameliorations obtenues sont fort sen- sibles. La vigilance de nos douaniers et des autres fonc- tionnaires proposes au contrl6e des operations douanibres a prevenu ou r6prim6 la fraude, et gi'Ace A l'application de la loi du 29 septembre 1891, les n6gociants n'attendent plus, comme nagubre, qu'il se soit Bcould des mois avant de verifier les mar- chandises et d'en acquitter les droits. Au contraire, is se hAtent pour ne pas encourir les p6nalit6s de cette loi. Aussi nos douanes se vident-elles au fur et A measure qu'elles s'emplissent, et. les colis ne quittent plus ces 6tablissements si les droits n'en sont stric- tement pays au prealable. Mais si l'ltat se montre severe quand il s'agit des imp6ts, l'quit6, par contre, veut qu'il donne au commerce certaines satisfactions qui ne sont que trop 16gitimes. La question de locaux qui servent d'abri aux marchandises et garantissent les droils du fise est de celies qui doivent arreter tout particulierement Attention du gouvernement. Certaines douanes de ET I)U GOMMERCEI D'HAYTI la Republique sont dans un Blat de vltuste tel qu'elles ne laissent pas de donner des apprehensions pour les marchandises qui y sont depos6es. Au fur et A measure qu'elles me sont signalees, je m'em- presse de pr&venir mon college des travaux publics, qui a fait bon accueil A mes renseignements. L'empressement que le commerce met A s'acquit- ter vis-A-vis du fisc dictait l'emploi de certaines measures qui tendent A le faciliter dans ses opera- tions. De 1l la pens6e de faire ouvrir la douane de Port-au-Prince de huit heures et demie A midi le main et de deux a cinq heures l'apres-midi, de facon qu'il y ait deux verifications par jour. Cette measure 6tait d'autant plus urgente et bienfaisante que nous 6tions A la veille de la r6colte, 6poque oh les affaires acquierent une cerlaine animation. Dans le mime esprit, j'ai d6fini les attributions des inspecteurs et des sous-inspecteurs qui, avant, ne se croyaient point obliges do supplier les contruleurs absents : ce qui amenait des temps d'arret regrettables dans le service. Je me suis, en outre, 6vertu6 A rt'soudre avec promptitude les contestations survenues entire l'Ftat et les commercants. Ces contestations nais.- sent toujouis de i'ambiguilB ou du silence de notre tarif. Ce code douanier n'a pas Wte malheureusement revise en son heure et mis en harmonies avec les besoins du commerce et lea progr6s de l'induatrie. 48 LE biPARTEMENTi bEE FI6AUICES De 1a les lacunes que chacun y signal et que la commission de revision s'attachera a combler. L'importation de la k6rosine, frappee d'un droit prohibitif, a donn6 lieu a une contrebande effr6- n6e. J'ai df prendre des measures qui n'ont que mediocrement mod6er l'ardeur de ceux qui se livrent a ce commerce interlope. Aussi le seul moyen, le vrai critdrium pour faire cesser cette contrebande, c'est de d6grever ce combustible. Les colis a ordre aussi ont une tendance a faciliter la fraud. Renvoy6s en g6enral a 1'exporta- tion, la negligence, et parfois la complaisance de certain employes, out pu permettre que ces colis fussent enlev6s de la douane en ne payant que des droits derisoires. J'ai pu enrayer le mal en faisant appliquer A ces colis la loi du 29 septembre et en les soumettant a des verifications sp6ciales. Par surcrolt, j'ai d6elgu6 A la douane d'ici M. l'inspecteur g6enral X..., avec mission de les verifier, ainsi que ceux a l'exportalion. Aux yeux de ceux qui pensent, Pr6sident, que le colis a ordre est le produit d'une tolerance d6ej ancienne de administration, ces measures peuvent paraitre faibles ou -tre considerees comme de sim- ples expedients. Mais il ost certain que ces sorts de colis sont consacres par la loi inme, de sorte que nous ne pouvons pas les proscrire sans modifier ET DLt COMMIRE b'HAITf notre droit public. Le Code de commerce, en effet, en permettant que le connaissement soit A ordre, permet, par voie de consequence, que le colis le soit aussi. C'est pourquoi l'Administration ne peut que se borner A eutourer ce colis d'une tell serie de formalities qu'il devienne impossible de l'enlever frauduleusement, et que m6me ]'exp6diteur soit contraint d'y renoncer, A moins qu'il ne cede A de puissantes raisons tires de la necessit6 de connaltre le degr6 de solvabilit6 de celui avec qui il veut entrer en relations d'affaires. La fraude n'est pas d'ailleurs plus speciale a ce colis qu'A celui A personnel denommde, et dans I'un et l'autre cas la fermet6, la vigilance, et par-dessus tout la probity des douaniers sont des barrieres aussi, et peut-etre plus puissantes que les prescrip- tions l6gales. Profitant de la recolte, j'ai d6l6gu6 dans divers arrondissements financiers les membres du bureau d'inspection et du contr6le. Ils y resteront tant que les besoins du service le commanderont. Le bon effet de cette measure se manifesto princi- palement dans ce fait qu'ils ont pu hater le recou- vrement de sommes consid6rables dues sur le dernier exercise, et je ne manque pas de leur pres- crire de poursuivre avec instance l'amortissement de toutes les creances de l'ltat 50 LE DI PARTEMENT DES 'INANCE.4 A mon avenement au ministAre, j'ai et6 frappb de voir que I'impot des timbres mobiles ou proportion- nels donnait un rendement presque nul, malgr6 le d6veloppement incontestable de nos operations commercials. J'ai adress6 une circulaire aux agents de change, qui doivent tenir la main A l'execution de la loi sur ces timbres. Ils m'ont r6pondu que, malgr6 tous leurs efforts, ils n'ont pas pu faire executer la volonte du 16gislateur. C'est qu'en effet le mode d'apr6s lequel se font les ventes de traites, de lettres de change ou la n6gociation des effects commerciaux susceptibles d'etre timbres, ne leur permet guere de s'assurer si cette loi est executee. En la soumettant aux debats de la SociWt6 de Legislation, j'aurai soin d'appeler tout particulierement son attention sur les lacunes qui la remplissent. C'est sur ces considerations que je fermerai ce rapport, en priant Votre Excellence d'agr6er lhom- mage de mon respect et mon devouement. F. MARCELIN. ET DU COMIMERGE D'HAITI 51 DEPARTMENT DES FINANCES Port-au-Prince, le 23 novembre 1891, An 89' de I'Inddpendance. Le Secrdtaire d'Etat au ddpartement des Finances et du Commenrce c Son Excel- lence le Prdsident d'la'iti. PRESIDENT, Par les efforts constants que je ne cesse de faire pour assurer une march r6guliere A 1'Administra- tion financiere de la R6publique, le service du d6- partement des finances don't Votre Excellence a bien voulu me confier la direction ne tardera pas, je l'espere, A s'effectuer de maniere A donner toute satisfaction au Gouvernement. La situation s'ameliorera grace au bienveillant concourse de Votre Excellence et A l'appui qu'elle veut bien me pr6ter dans le post of je lui ai promise de remplir consciencieusement mon devoir. L'arriBr6 de l'exercice 1891-1892 est en parties '2 LE DAPARTENMENT DIAS FINANCES Bteint et des measures sont prises pour en parfaire le r6glement. Dans le but d'6tablir au 31 d6cembre prochain, d'une maniere claire etpr6cise,les comptes de liqui- dation de cet exercise, j'ai adre.s6 cesjours derniers une circulaire aux administrateurs des finances de la Republique pour les inviter A me faire tenir les documents suivants: 1 L'Etat des valeurs A recouvrer pour compete de 1'exercice budg6taire qui vient d'expirer. 20 Celui des ordonnances 6mises par leurs admi- nistrations et non encore acquittees. Quand ces 6tats me seront envoys, je pourrai dresser les competes de liquidation et j'aurai I'hon- neur de les placer sous les yeux de Votre Excel- lence. Je suis dispose, conform6ment aux prescriptions de l'article 58 du r6glement pour le service de la Tr6- sorerie, A former 1'exercice d6finitivement au 31 dd- cembre prochain. A cette date, les valeurs revenant au fisc auront et6 versees A la caisse publique et employees au paiement des ordonnances de d6pense dues jusqu'au 30 septembre dernier. A part les recettes des douanes qui forment les principles resources de l'Etat, il en est d'autres qui, recouvrees int6gralement, pourraient servir a acquitter dans une bonne proportion bien des d6- ET DU COMMERCE D'HAITI penses budg6taires. Je parole desdroits d'entegistre- ment, de ferriage et du produit des greffes. Ces diverses categories de revenues ne sontperQues qu'imparfaitement et les valeUrs encaissees de ce chef restent quelquefois en possession des agents percepteurs. Les meilleures dispositions sont prises et elles ont pour objectif d'empkcher le retour de pareilles irr&- gularites. L'ex6cution pleine et entire des Reglements et Lois actuellement envigueur 6tant labase essentielle de toute administration rdguliere, je n'ai point manque d'y attirer, toutes les fois que je l'ai era n6- cessaire, attention la plus soutenue des fonction- naires de mon d6partement sur ce point capital. C'est par ce moyen et aide des pr6cienx conseils de Votre Excellence que je parviendrai a assurer 1'ordre dans les diff6rentes branches du service administratif 6t A obtenir dans le rendement des resources publiques des r6sultats pouvant per- mettre peut-6tre d'atteindre les provisions budg6- taires qui, on ne doit point l'oublier, sont gran- dement majorees. Cette question fait l'objet de ma plus vive pr6oc- cupation. Sije ne prenais des measures Bnergiques pour enrayer les abus regrettables qui existent dans bien des administrations, ii se pr6senterait, a la fin 59 LE DEPARTMENT DES FINANCES de l'ann6e budgetaire, des deficits consid6rables A couvrir par des emprunts, lesquels emprunts, dimi- nuaut dans une notable proportion les prochaines recettes, augmenteraient encore les charges de l'Etat. It y aurait lieu de s'attendre sous .peu a une situation financiere des plus pr6caires. Pour parer anos d6penses,il faut absolument une strict per- ception des droits de douane. Mon devoir m'ordonne done de ne pas faiblir devant ceux qui seraient tents de d6pouiller l'Etat. Nos administrations publiques sont assez bien payees pour 6tre rigides. Permettez-moi, President, d'6tablir la situation du Gouvernement aveo la Banque depuis le com- mencement de cet exercise : Pour le mois d'octobre, les recettes recouvr6es A importation ont atteint la some de g 133.664 15 Versement du Syndicat ........... 150.000 B 283.664 15 Du 1er au 17 novembre, recettes effec- tues Al'importation. S 145.555 49 Yersement du syndicate 150.000 D6penses du mois d'octobre...... 8 171.849 02 D6penses du ler au 16 novembre 331.339 60 ... Balance au credit du Gouvernement. 295.555 49 8 579.219 64 483.188 62 g 96.031 01 ET DU COMMERCE D'HATTI Recettes en or A 1'exportation.Octobre er au 15 novembre Ensemble g 164.777 79 pour les ser- vices suivants ................. Service de la Dette int6rieure....... Somme affect6e au remboursement de lemprunt du 6 mars 1890..... Augmentation. Emprunt du 22 juillet 1891 ................. . 0 50 cents des droits fixes.......... 0 33 1/8 Dette Ext6rieure....... 0 26 2/3 Conversion de billets deg 5 0 30 cents Miot Scott, J. Dejardin, Th. Luders et Brickenridge...... Commissions sur recettes en or..... Recettes affectdes au remboursement de l'Emprunt du 27 janvier 1892.. Recettes disponibles ............. 96.638 32 68.139 47 g 164,777 79 13.763 27 13.763 27 32,090 25 17.763 27 9.175 50 7.340 42 8,258 01 2.471 67 63.915 64 236 49 Le solde de femprunt du 6 mars 1890 est de g 29.676 56, et les valeurs encaissees pour son rem- .boursement. permettront sous peu une r6partition entire les ayants droit. DWj,, il a 6t6 verse dans le course de cet exercise la sommede g516 59 sur l'emprunt du 22 juillet 1891, il rest A verser pour le liquider d6finitive- ment celle de 8193.119 90. 56 LE DIPARTEMENT DES FINANCES Une repartiticn de $ 39.925 50 faite au syndicate financier a la date du 31 octobre dernier, r6duit le montant de sa creance a g 700.378 12. Au 15 courant, le compete des 33 1/3 a 1'exporta- tion, destine aupaiement de la Dette exterieure ne s'l6evait qu'A g 25.569 23 or, et celui des 0.50 cents destiny au service de la Dette IntBrieure atteignait a cette meme date 8 8.805 14 or. Pour arriver A racheter les diff6rents emprunts contracts sur place A des conditions tout A fait one- reuses pour 1'Etat, j'ai dil inviter l'agent financier du gouvernement a Paris A s'entendre avec des hanquiers et capitalistes d'Europe aux fins d'6tablir un syndicate charge de mettre a la disposition du gouvernement les sommes necessaires au service public, A un taux raisonnable. Deja il a commence des d6marches dans ce sens, et prochainement il me fera connaltre le r6sultat des negociations entreprises. Je ne manquerai point, des qu'il m'aura adress6 des communications A ce sujet, d'en entretenir Votre Excellence. En terminant, je crois devoir vous faire remar- quer qu'il n'existe en d6p6t dans mes bureau qu'une seule ordonnance appartenant A l'exercice courant d6partement de l'interieur laquelle s'6l6ve A sl some de 8 85.000, ce qui implique que ET DU COMMERCE D'HAITI 57 toutes les depenses du mois d'octobre ont Wte en grande parties payees. Daignez agrrer, Pr6sident, 1'hommage respec- tueux de mon d6vouement le plus absolu. F. MARCELIN. 58 LE DI 'AlATEMENT DES FINANCES ORDONNANCES DRESSES EN OR Port-au-Prince, 20 d6cembre 1892. A Son Excellence le Prdsident d'Haiti en son Conseil des secrdtaires d'Etat. PRuiSIDENT, La mise en pratique, depuis trois mois, du bud- get de 1'exercice 1892-1893 m'a inspire quelques reflexions que je crois devoir vous soumettre : elles ont trait-aux ordonnances de d6penses dresseespour fournitures payables en or americain. Dans un pays comme le n6tre, of ii n'existe point d'6talon d'or, oi les provisions au budget des recettes pour cette monnaie ont des affectations speciales et les absorbent routes, of toutes les allo- cations don't dispose le gouvernement figurent au budget des d6penses en monnaie national, n'est-ce pas un vrai danger de voir les d6partements minis- teriels s'engager, avec des tiers, pour l'acquisition de fournitures payables en or americain? ET DU COMMERCE D'HAITI A part le traitement de nos agents a 1'exterieur, leurs frais de police, le salaire des strangers engages par contract, et quelques commands d'un genre spe- cial directement faites par l'Etat, toutes les d6penses generalement quelconques devraient 6tre, il me semble, acquittees en monnaie national. Quelqu'un se pr6sente, sollicite une furniture, une subvention, un travail a ex6cuter en or, d6clare-t-il. Ne peut- on, A ce moment, l'obliger A convenir d'une prime 6quitablementbas6e surlamoyenne de Pann6e? Cette prime ajoutee au capital constituerait le chiffre total de la cr6ance centre 1'Etat, mais en gourdes nationals. Qu'importe si quelques transactions de ce genre tournament parfois A notre detriment? Le r6sultat gAneral nous dedommagerait amplement et la r6prps- sion de l'agio deviendrait plus facile. En effet, vous n'ignorez pas, PrAsident, que depuis le mois d'octobre jusqu'A cejour, 6poque de l'ann6e administrative oi d'ordinaire les departe- ments minist6riels se procurent les fournitures n6cessaires A la bonne march du service public, les ordonnances de depenses dressees en or americain ont puissamment contribu6 a alimenter les fluctua- tions du change. Chacun salt, en consultant le dou. zibme, quels seront les besoins de 1'Etat et ohacun sp6cule 1A dessus. 60 LE DIPAHTEMENT DES FINANCES Voici le chiffre des valeurs en or americain exigees par le service public rien que pour le pre- mier trimestre de l'exercice 1892-1893 : Octobre 1892................Or. $ 175.712 23 Novembre .................. 127.203 45 D6cembre .................... 155.168 82 458.084 50 Sans computer 100.000 piastres en or pour les tra- vaux hydrauliques des Gonaives et du Cap ordon- nancees A 1'exercice prim6, mais payees durant ce mois. 11 est ind6niable que ces appeals mensnels et A p6riodes d6terminees exercent une notable influence et dans un sens que nous devons d6courager, sur le march de 1'or. Tous les budgets de depenses que j'ai consults de 1870 a ca jour s'accordent A prevoir les paiements, sauf les cas ofi il y a des affectations speciales, en monnaie national, qu'il s'agisse de services rendus, de r6muneration de salaires ou de fournitures quel- conques. Pourquoi ne pas rester dans la verit6 bud- getaire ? Tout comme en sollicitant une command on stipule son benefice et on fait entrer en ligne de compete les alas qui peuvent survenir, de meme, en determinant la prime, on y ferait entrer un certain cart pour parer aux 6ventualit6s. Ne nous proc. IT DU CUMMEhCE b'IHAiTI cupons pas trop du fournisseur; il ne sera jamais du mauvais c6tB. Et quel auxiliaire precieux ne sera-t-il pas a l'Etat pour emp6cher les hausses exag6ries ? II a a recevoir en paper: comptez qu'il fera la propaganda de la baisse. Il y est trop int6ress6 pour qu'il en soit autrement. Je ne sais, President, ce que mes colleagues pense- ront de ce procede. Mais puisque, selon decision du Conseil en date du 17 novembre de cette ann6e, chaque d6partement est responsible de la prime payee sur ses ordonnances en or, je np vois pas d'objection seriesue toute ordonnancer en gourdes. Bien au contraire, je vois l'Itat rentrant dans la verite de son r6le et cherchant par tous les moyens en son pouvoir a reliever le prestige et la valeur de son papier-monnaie. Que Votre Excellence daigne recevoir la nouvelle assurance de mon d6vouement. F. MARCELIN. P2 LE DiPARTEMENT DES FINANCES SITUATION FINANCIERE DE LA REPUBLIQUE Port-au-Prince, le 26 d6cembre 1892. An 89- de l'Ind6pendance. Le Secrdtaire d'Etat au Ddpartement des finances et du Commerce & Son Excet- lence le Prdsident d'Haiti. PRESIDENT, II faut se r6p6ter et so rep6ter malheureusement: la situation financibre de la R6publique devra et de longtemps fare l'objet de notre plus vive preoccu- pation. Au moment oi des d6penses nouvelles et urgentes s'imposent imperieusement pour le bien-6tre general et la march en avant du pays, les recettes publi- ques diminuent sensiblement. Parmi les causes multiples de cette diminution, on a parfois invoqu6 que la Republique se ressentait ET DU COMMERCE D'HAITI des crises commercials qui s6vissent souvent a l'6tranger. Ces crises, a mon avis, pas plus dans le pass que dans un avenirtres lointain, ne sauraient nous attein- dre: elles sent plutOt favo rables au commerce haitien. La concurrence sur les marches europ6ens s'6tablit naturellement par la fabrication des objets divers de l'industrie en quantity considerable. Ce sont les pays comme le notre qui, ne manufacturant pas, en profitent ou en beneficient. II est bien evident qu'une evolution 6conomique s'est accomplie dans la repartition g6ndrale de nos importations. La province s'est 6mancipee et Port- au-Prince n'est plus l'entrep6t g6n6ral de la RBpu- blique. Toutes nos villes ouvertes au commerce stranger important directement et tendent 61largir le rayon de leur influence commercial. D'od la n6- cessite imperieuse de les surveiller plus etroitement et de les pourvoir de tout ce qui est indispensable a un rigoureux contr6le. Port-au-Prince seul, sous ce rapport, est assez bien dot6; cet outillage ne nous servira peut-6tre pas aussi efficacement, les importations de la capi- tale, touts proportion gard6e d'ailleurs, logiquement devant diminuer. En attendant, le bataillon serr6 du personnel de la douane de Port-au-Prince, don't le chiffre depasse 64 LE D-EPARTEMENT DES FINANCES 89 employes, estun obstacle 4 la bonne march du service. Beaucoup ne se presentent que du 5 au 10 de chaque mois, pour emarger. Et, de l'avis de 1'ad- ministrateur et du directeur, il est preferable qu'il en soit ainsi, ce trop plein d'employ6s paralysant l'expedition des affaires. En th6se g6nerale, je crois que 1'on pent soutenir avantageusement que l'ecoulement des articles im- port6s en Haiti n'a nullement diminue : cet Bcoule- ment est meme facility par le paiement r6gulier des services publics. .Les principles denrees d'Haiti, le cafe, le cam- peche, le cacao sont en bonne posture sur les marches strangers, ou leurs prix se maintiennent. Aussi sont- elles recherchees par 1'exportation. En attendant que, par un control efficace, il puisse Otre indique la quantity exacte de denrdes produites en Haiti afin de determiner celle r6ellement expedite A 1'6tranger et la quantity livr6e A la consommation, le rende- ment a 1'exportation, variant peu sensiblement d'apres la statistique des annies budgetaires 88-89, 89-90 et 90-91, pourrait certainement augmenter. II ne demeure pas moins constant que 1'habitant, le cultivateur, retire de ses travaux, chaque ann6e, une some d'argent qu'il change ensuite contre les prcduits imports. Cette some d'argent ne saurait 6tre prkcis6e, mais elle doit d6passer, en r6alit6, le ET DU COMMERCE D'HAITI 65 chiffre qui pourrait 6tre 6tabli, en ajoutant au prix des articles exports (caf6 et cacao) le montant approximatif de ceux consommes dans la Republi- que. II y a done lieu de chercher ailleurs la plaie qui ronge les recettes de l'Etat. Et personnel n'h6sitera A dire que pour une large part elle side dans l'inexd- cution de nos lois. Mais ici une question se pose : Pourquoi nos lois sont-elles inexecut6es? Faut-il toujours accuser le mauvais vouloir, la negligence, la mauvaise foi des fonctionnaires? HBlas! oui, il faut accuser tout cela, et Votre Excellence sait par experience les luttes incessantes, journalibres qu'il faut livrer pour obliger l'accomplissement du devoir. Est-ce tout pourtant? Et n'y a t-il pas une autre responsabilit6 en jeu ? It est av6er que les seules resources de l'Etatse trouvent dans l'exploi- tation de nos douanes. C'est de 1l, de cette exploita- tion que le people des fonctionnaires vit. C'est grace au rendement des douanes que la machine gouver- nementale fonctionne. Pas un centime n'est d6pens6 en Haiti qui n'ait et6 tire de cette ceinture de bati- ments, lesquels sous la denomination de douanes environment notrelle etla prothgent centre la fraud. Or, s'il an est ainsi, quel est le devoir de l'Etat, mais son devoir le plus strict? Rendre facile, effi- cace, le contr6le du douanier, mettre dans sa main 66 LE D]iPARTEMENT DES FINANCES tons les 6elments materiels necessaires a l'execution des lois. Ge devoir, l'Etat l'a-t-il toujours comprise? II n'y a pas, il ne saurait y avoir de bonne percep- tion de droits, tel qu'est congu notre tarif fiscal, sans locaux appropries A cet eflet. Eh bien I d'un bout a l'autre de la RHpublique, les locaux sont in- siffisants ou existent a peine. C'est pourquoi plus d'une fois, dans certaines douanes de la R6publique, des marchandises soot remises sur le dBp6t de droits approximatifs avant meme la confection du mariifeste. Le proc6d6 prate A des fraudes et les int6rrts de 1'Etat ne peuvent .tre sauvegard6s. D'autres fois, une cargaison de marchandises saches est d6barqu6e au moment of une averse s'annonce, la douane dblivre les marchandises et se content le plus souvent de la declaration qui lui est presentbe ensuite. Peut-on rendre conscien- cieusement l'Ytablissement responsible de cette in- fraction A la loi A-t-on un endroit assez spacieux pour abritei les colis d6barqu6s? Si la douane agis- sait autrement, le commerce se plaindrait des d6te- riorations survenues aux marchandises, et ce serait assur6ment son droit, Dans ce cas, la loi si habile- ment congue de septembre 1891 sur la verification et la remise des colis ne peut Atre sx6cutbe dans teutes ses dispositions. Cette loi et toutes celles relatives aux douanes. appliquees convenablement,; ET DU COMMERCEE DIHAITI 67 doivent pourtant produire les meilleurs resultats. Et on peut affirmer, sans exag6ration aucune, que les recettes gen6rales d'une annie moyenne peuvent atteindre ais6ment g 8,000,000, si elles 6taient int6- gralement percues. Pour arriver A ce resultat desirable, il faut assu- rement computer que les citoyens qui se trouvent A la tete de nos administrations et de nos douanes soient des hommes de devoir, et que ce titre seul a designs A ces hautes functions. Votre Excellence a eu souvent la main heureuse, et les principles d'ordre et de r6gularit6 pratiqu6s lar elle ont eu parfois des imitateurs. Mais, je me rdp6te, pour obvier A ces irregularit6s et enlever au vice toute excuse, il faut que des halles spacieuses soient construites dans les differents ports de la R6pub:ique pour le dep6t des colis. Ce point essential, sur lequel j'attire la haute attention de Votre Excellence, a pour effet d'assurer A l'Etat, par les measures que je suis dispose A pren- dre, la strict et pronapte perception des droits de douane. Je ne saurais done trop insisted aupres de Votre Excellence pour qu'elle m'autorise A en entre- tenir mon coll6gue des travaux publics, afin que des halles pour le service des douanes puissent 8tre erigees dans un dblai de six mole, partout od le besoin s'en fait sentir. Je ne pense pas que le Conseil des secr6taires d'Etat puisse h6siter non plus A 68 LE DIPARTEMENT DES FINANCES m'appuyer quand, devant les Chambres, je soutien- drai que rien n'est plus immediat que la n6cessit6 de ces constructions. Sans critique aucunement les liberales dispositions du Corps 16gislatifenvers les 6glises et presbyteres, les encouragements a I'agri- culture, les sommes d6pens6es pour des services dignes assurement de l'attention du 16gislateur, je crois pouvoir demander qu'on assure tuut d'abord l'exacte perception des droits de douane qui, seule, peut permettre la liquidation de ces depenses, parfois retardees par rapport A l'insuffisance de nos ressour- ces. Etant donn6 que, A la lettre, nous n'avons aucun autre revenue que le rendement de nos douanes, n'est-il pas obligatoire d'entourer ce ser- vice de toutes les garanties d6sirables? Cette propo- sition est 6vidente par elle-meme et n'a pas besoin d'etre d6montree. L'id6al auquel je vise, President, serait d'ar- river A couvrir les allocations budgetaires par les seules resources du budget des voies et moyens, A liquider ou A rembourser les emprunts contracts A des conditions tout A fait on6reuses pour 1'itat, et, enfin, a. tablir une caisse d'6pargne pour le surplus des recettes. Le gouvernement ne saurait toujours avoir recours A la banque et au commerce pour des avances de fonds. En realite, il peut par ]ui-meme suffire A ET btJ COMMERCE D'HAJTt ses charges, telles qu'elles sont inscrites dans le budget. .Une paix solide et durable, je l'espere, est ktablie d6sormais grAce a la vigilance et A l'6nergie de Votre Excellence. Vos ministres sont les gardens et les comptables de cette paix vis-a-vis du pays. Ils ne doivent pas laisser faiblir entire leurs mains les diff6rents rouages de la machine gouvernementale qu'ils dirigent..Pour ma part, je comprends qu'il m'incombe de faire chaque jour de nouveaux efforts afin de presenter A Votre Excellence une situation financiere pouvant lui permettre d'executer son programme de progres et d'avancement social. La tache est lourde, mais grande aussi, peut 6tre, la volont6 d'un citoyen qui n'est pas insensible a l'aiguillon de l'amour-prppre, et. que stimule ..l'exemple de pers6vrant patriotism donn6 par Votre Excellence I L'inspection g6n6rale des finances et des douanes est une excellent creation, sous la condition expresse, pourtant, qu'on ne fausse pas l'id6e-mere qui l'a inspiree. Cette idWe consiste uniquement a voir dans les inspecteurs gen6raux les message's du ministry des finances, toujours en inspection continue et soutenue. Its s'inspirent des instructions et de l'esprit de administration central, et les *portent.dans les provinces. Ils tiennent en 6vei.lels 70 LE DPARTEMENT DES FINANCES administrations n6gligentes ou coupables, et sont le plus str et le plus efficace moyen de control qu'on puisse d6sirer. Pouvant tomrber a l'improviste sur nos douanes, ils realisent l'idTal de toute bonne administration : la contre-v6rifization sponlan6e des operations en course sans avis praalable. II faut done que les fonctionnaires appel6s A ce service aient des qualit6s physiques et morales qui en assurent le plein d6veloppement et donnent & la creation toute sa valeur pratique. Des r6sultats ont 6t6 dejA obtenus dans ce sens, et I'inspection generale des finances et des douanes peut citer quelques noms avec orgueil. Cela ne suffit pas, pourtant, et ii fant voir dans n- avenir proebain tous nos inspecteurs en voyage, stimulant par leur presence le zBle de tous et d6concertant la fraude. Alors, dans cet avenir prochain, ils ne seront plus immobilis6s du- rant toute une recolte dans le meme arrondissement financier. tvoluant plus rapidement, ils pourront Utre alternativement transports d'una leeaitkW i l'autre. Dans la p6riode made des affaires, :eurs soins pourront ktre donn6s plus sp6cialement A la eomptabilit6 de nos administrations que, sur les lieux, ils verifieront et rectifieront. L'agent financier du gouvernement A Paris, sur l'ordre de mon d6partement, a du commencer le travail de la v6rification des comptes de la SoeiB6t ET DU COMMERCE D'HAtTI 71 de Credit industrial et commercial, charge dlu service de l'Emprunt de 1875. J'espere recevoir pro- chainement son rapport A ce sujet et je m'empres- serai de le placer sous les yeux de Votre Excellence. Dans sa d6peche au no 997, Votre Excellence.l appel6 mon attention surles embarras financiers que la cessation du versement des 150,000 gourdes da syndicate financier, en janvier prochain, ne manque- rait pas de nous causer. Elle m'a fait l'honneur d'ajouter qu'elle approuvait entierement les d6mar- ches que j'avais r6solu de tenter en Europe pour essayer de trouver, A un taux moins 6leve que sur place, les valeurs necessaires au service public. Le r6sultat de ces demarches, entreprises par l'intermediaire de notre agent financier A Paris, a Wth port A la connaissance du conseil des sec.retaires d'Etat, qui, sur ma proposition, les a rejetees. En effet, elles 6taient inacceptables. Nous ne devons pas, toutefois, nous dissimuler que nous aurons bien des efforts A faire, bien des obstacles A sur- monter, avant d'arriver A un r6sultat satisfaisant, avant d'interesser les capitalistes serieux a notre sort. Le principal obstacle reside dans le course de nos obligations de 300 francs qui, rapportant 5 0/0 nominalement, se traitent au prix de 180 francs II sera toujours bien difficile de fire comprendre an public et aux Chambres que, pour une rente 72 LE DEPARTMENT DES FINANCES 5 francs, par example, 1'~tat n'aura A recevoir que 60 francs de capital. Quand done on extend chez nous des personnages qui se pretendent verses dans la science financiere on auxquels mme nous accor- dons toute competence en ces matieres, nous parler de l'abondance des capitaux en Europa, des taux de 2 1/2 0/0 A 4 0/0 l1'usage des grands Etats en possession du credit public, nous ne devons pas oublier que ces Etats s'appellent la France, 1'Angle- terre, la Russie et que, malheureusement, nous ne sommes encore qu'un pays merveilleusement riche, il est vrai, mais peu connu, ou fAcheusement connu, grAce au rbglement de I'emprunt Domingue. Pourtant, j'ai l'espoir, avec beaucoup de pers6v6- rance et beaucoup de patience, de reussir a ame- liorer le credit de l'Etat. Des renseignements particuliers que je possede m'inspirent cette 16gitime confiance, mais ce ne peut Wtre que l'ceuvre du temps et, en attendant, il faut que l'Etat vive, que les services publics soient assures, il faut que le fonctionnaire et le soldat soient pays. Cette imperieuse necessit6 m'a oblige de deman- der au Conseil l'autorisation de renouveler 1'em- prunt du 27 janvier. Cette autorisation obtenue, cela n'a pas march tout seul avec les syndicataires, Vous save, President, qu'au 81 janvier 1893 le sold df au syndicate sera d'environ 900,000 dollars. ET DU COMMERCE D'HAITI 78 Si quelques-uns desiraient renouveler, la majority n'6tait pas de cet avis. Elle objectait que le renou- vellement portrait la balance due au 31 janvier 1894 a plus de 1,800,000, ce qui reculerait le regle- ment definitif de la nouvelle affaire A pros de quatre ans. Faire appel au public, solliciter de nouveaux souscripteurs, c'6tait bien perilleax. En effect, les nouveaux participants devraient d'abord rembourser aux sortants le montant de chaque part, soit 6,000 dollars en or. Dans ces conditions, personnel ne se souciait de se presenter. Votre intervention per.onnelle, President, a change la face des chose. Vous avez des arguments financiers irr6aistibles : ils se trouvent dans la confiance inebranlable que vous inspirez au capital et au commerce. Quand on a su que vous d6siriez le renouvellement, toutes les hesitations sont tomb6es et chac.un a gard6 sa position. Le ministry des finances vous remercie de lui etre venu si efficacement en aide. Mais quelle sera la situation, fin janvier 1894, quani le deuxibme contract sera expire? A quelques gourdes pros, nous devrons le chiffre total de 2,000,000 de piastres or ambricain, car il ne faut pas oublier l'interet de 1 1/2 0/0 a capitaliser chaque mois sur le sold debiteur du 27 janvier 1893. Tout renouvellement sera alors impossible et 74 LE DePABTBMENT DES FINANCES il faut songer' d6s ce moment ou A un mode de liquidation qui d6gage les affectations ou A trouver autrement et ailleurs les 150,000 dollars n6cessaires au service public. Ify a la un travail d'ensemble A tenter sur les recetles de l'Etat. II faut les amenager de tell sorte qu'elles fassent face A tous les besoins publics, a tous les engagements pris, tout en nous laissant la libre disposition de quelquts resources. C'est une oeuvre difficile, mais pas impossible. En tout cas, j'y consacre tous mes soins. Vous apprendrez avec plaisir, PrBsident, que 1'emprunt du 6 mars 1890 a et6 d6finitivement sold. Les 50 cts or qui y Blaient affects, ainsi d6gages, vont servir d6sormais A lamortissement de notre nouveau papier-monnaie, nlais A partir seulement du er janvier 1893, ainsi que le comporte la loi vote par les Chambres. Je ferai done porter au compete de la. reserve le produit de cette taxe pour le mois de d6cembre. Ce sera environ une some de 50,000 A 55,000 dollars ajoutee A notre actif. De meme qu'avec l'autorisation du Conseil j'ai distrait du solde cr6diteur de l'emprunt du 30 sep- tembre dernier les fonds n1cessaires au pavement du coupon de la dette ext6rieure, de meme je ferai pour la dette int6rieure. Les 33 1/3 de la dette exterieure et les 50 cts de la dette int6rieure resteront ainsi engages jusqu'A leur complete ET DTf COMMERCE D'HAITI libAration vis-a-vis du Solde crrditeur de l'Em- prunt du 30 septembre ). II avait 6te avance, comme complement, un chiffre de 106,315 dollars 66 en gourdes pour l'ExtBrieure;il faudra pour l'Int6- rieure environ 109,000 gourdes. Ces deux sommes reunies formeront dans quelque temps un chiftre de 215,315 dollars 66 or ambricain A i la RBserve en or ,, sans computer les 50 cts affects au papier- monnaie et qui, une fois encaiss6s pour le mois do d6cembre, iront grossir la meme reserve. Ce matin, 26 d6cembre, voici la situation des comptes du Gouvernement avec la Banque : Comptes du Gouvernement d'Hacti au 26 ddcembre 1892. DOIT AVOIR ExMeice p6rim6 1891-1892. 1.515 70 Exercice p6lAtm 1890-1891. 5.336 93 Reserve en billets (solde de l'emprunt du 30 septemb.) 293.684 44 RBMrve e oar............. 24.167 78 Service detteint&rieam &.at 34.505 91 Amortissement billets (troi- sime emission or)...... 13.563 64 Billets detbriors.......... 44.500 , Espbces Boyer............ 41.000 Le sold cr6diteur de l'empruat du 30 septembre a'616ve done A 8 293,684.44. Je prends occasion, 76 LE DEPARTI1FMENT DES V'NAMNC9i President, pour vous demander l'autorisation de porter A 1'exercice p6rim6 1891-18921es 8 93,684.44. Cet exercise prime doit A la Banque un chiffre de 1,515.70 qu'il imported de combler. D'un autre cote, je suis assailli de reclamations touchant le paiement des ordonnances arri6r6es. Je dois payer une ordon- nance de 8 50,000 or ambricain pour les travaux hydrauliques des Gonaives. Je ne puis plus retarder ce paiement; il imported done que j'aie la some demandee plus haut. Je prends la liberty d'appeler aussi attention de Votre Excellence sur ce fait : J'ai regu dans mes bureau deux ordonnances, l'une de 5 5,000 pour une imprimerie A Jer6mie, l'autre de 5 2,580, en or, depenses extraordinaires. Nulle part on ne trouve dans le budget de 1891-1892 des valeurs votees pour ces objets, ni dans les differents credits men- suels de cet exercise. Du reste tous les credits du d6partement de l*intdrieur sont depuis longtemps 6puis6s. Il est vrai que. le Conseil s'est occupy du sort malheureux fait A tn citoyen qui, ayant reelle- ment fourni A l'Etat, ne peut meme avoir lgalement le titre de sa creance.Et il avait 6t decide que, si le ministry des finances r6alisait des economies sur la liquidation de l'exercice 1890-1891, ces economies pourraient Otre affect6es A cette cat6gorie de .cr6ance. Dans ces conditions, j'avoue que cela ne ET DU COMMERCE D'HAITI 77 semblait pas m'engager beaucoup. Mais la faute, a qui incombe-t-elle reellem.ent? Au department, qui, n'ayant plus d'allocations budg6taires disponibles, a contract. Quand j'ai demand aux Chambres le credit necessaire pour couvrir le deficit de1891-1892, je n'ai pas pu prevoir qu'il y aurait des valeurs A payer en dehors du budget. J'ai base mes apprecia- tions sur les documents officials que je possedais, et mes calculs, si ce procede pouvait 6tre admis, se trouveraient radicalement faux. Heureusement que les lois et les reglements s'y opposent formelle- ment. Tel est le rapport que j'ai 1'honneur de faire A Votre Excellence. Puisse-t-il meriter votre appro- bation C'est la seule recompense qu'ambitionne votre tres devou6 serviteur, F. MARCELIN. P.-S. Le compete ( Recettes et Paiements > s'616ve, a cette date, A 404,414,56 gourdes au debit de I'Rtat.Le paioment anticip6 du mois de d6cembre a contribu6 a enfler ce chiffre, qui sera ramen6 en janvier A la proportion normal par le versement du syndicate, la perception rgguliere des recettes et le d6sint6ressement des services deji acquittes. 78 LE DfPARTEMENT DES FINANCES NiCESSITE QUE LES DEPENSES NE DEPASSENT PAS LES RECETTES Port-au-Prince, le 18 janvier 1898. A Son Excellence le President d'Hafti, PRESIDENT, La patriotique pens6e que Votre Excellence a eue de mettre, des ce moment, 1'6tude des budgets des diff6rents d6partements minist6riels A l'ordre du. jour des deliberations du Conseil doit 6videmment produire les plus heureux r6sultats sur le sort du future budget de 1'exercice 1893-1894. Deux idWes ont guide Votre Excellence dans cette circonstance. La moindre c'est que le voeu constitu- tionnel qui ordonne que le budget soit remis aux Chambres dans les huit jours de l'ouverture de leurs travaux devienne desormais une v6rite. Mais la plus important, cell qui a fait vraiment votre souci, cell que vous n'avez pas manqu6 de nous ET DU COMMERCE D'HAYTT 79 exprimer A maintes reprises, c'est I'idWe fermement arr4t6e que nos d6penses soient en harmonie avec nos recettes, et que le temps ne nous manque pas pour examiner les unes et les autres. Expurger done rigoureusement de nos budgets toute superf6tation, toute d6pense inutile, telle est la loi qu'une ineluc- table n6cessit6 nous impose. Telle est la loi, A laquelle, avec votre experience et votre haute autorit6 morale, yous nous avez pries de nous sou- mettre. Votre appel sera entendu, car notre intfrkt imm6- diat nous ordonne de le suivre. Mais, pour arriver A un travail profitable et utile, il est necessaire que Particle 11 du r6glement pour le service de la TrBso- rerie soit observe. ( Art. 11. Chaque annee, les diff6rents secr&- taires d'Etat preparent le budget de leurs departe- ments respectifs. Le secr6taire d'Etat des finances centralise ces budgets et y ajoute celui des recettes pour complete le budget general de 1'Etat. En effet, President, la discussion utile des budgets ne pent commencer, en Conseil, que sur ce travail d'ensemble. Mes colleagues m'ayant prealablement declare les credits qui leur sont indispensables, j'y ajouterai celui des recettes pour constituer le budget general de l'lEtat, comme le veut la loi. C'est sur ce budget g6enral que le Conseil aura A statuer. 80 LE DIPARTEMENT DES FINANCES Je prie done Votre Excellence de rappeler aux secr6taires d'Etat queje suis pret a recevoir leurs budgets respectifs. Puisse chacun de nous, au moment d'apposer sa signature au bas de documents aussi important, ne pas oublier que 1'6quilibre budg6taire fait les cabinets durables! Je reste, de Votre Excellence, le tres devou6 ser- viteur. F. MARCELIN. ET DiJ COMMERCE DiHAiTI 81 DOUANES Port-au-Prince, le 30 janvier 1893, An 90, de l'Independance. Le secrdtaire d'Etat au ddpartement des finances et du commerce a Son Excellence le President d'Hditi, PRESIDENT, Lorsque j'eus 1'honneur, au mois de novembre passe, de fire mon premier rapport sur la march du d6partement du commerce, je disais i Votre Excellence que, d'apres moi, la situation commer- ciale de la RBpublique, jusque:lh si mauvaise, s'ameliorait sensiblement. Je ne m'6tais point tromp6, et cette opinion a pu heureusement se v6rifier pour les deux derniers mois de 1'ann6e Bcoul6e, mis en regard de ceux de l'ann6e 1891. Nous avons eu, en effet, pour Novembre 1891. Importations... 431.610 36 Exportations... 144.256 1? 82 LE DEPARTMENT DES FINANCEd Decembre Importations.. 402.663 09 Exportations.. 361.490 43 Novembre 1892. Importations.. 435.958 74 Exportations.. 176.169 56 DBcembre -- Importations.. 487.838 40 Exportations.. 348.364 56 D'oW : Difference en faveur de novembre 1892: Importations........... 4.318 38 Exportations .......... 31.913 37 Difference en faveur de d6cembre 1892: Importations.......... 85.175 31 Difference en moins de d6cembre 1892 ; Exportations.......... 13.125 87 Le mois de janvier, aussi, sera d'un bon rende- ment, surtout au point de vue de l'exportation, car les inspecteurs en tourn6e m'ont 6crit qu'il y a eu de fortes livraisons durant ce mois. L'exc6dent des importations de l'ann6e 1892 sur celles de Fann6e 1891, tel qu'il resort du tableau ci-dessus, a sa signification : il est un indice certain que les auciens stocks se sont peu A peu 6coul6s, que l'6quilibre entire la demand et l'offre tend ai se r6tablir: en un mot que la crise, don't la dur6e et les effects ont W6t au delA des provisions les plus pessi- mistes, march vers une complete liquidation. Cela ET DU COMMERCE D1HAiTI devait arriver par la force meme des choses. Mals les efforts constants que fait le gouvernement pour ramener 1'ordre et la r6gularitA dans les rouages administratifs ont contribu6, dans une measure fort appreciable, A ce resultat. Nous avons done toute raison de pers6v6rer dans cette voie, et, dans cet ordre d'idWes, nous devons r6p6ter A la fin de chaque annie 1'exp6rience que nous venons de faire par 1'envoi des inspecteurs dans les diverse douanes de la R6publique. C'est une experience assez concluante,etau n'ombre des ameliorations obtenues par ces fonctionnaires, il faut surtout mentionner celle d'empecher que les marchandises soient enlevees avant que les droits en aient 6t6 pays. Si, depuis longtemps, on avait pu obtenir ce resultat, cela nous 6pargnerait toutes les difficulties que nous avons pour recouvrer les droits dus A l'Etat sur plusieurs exercices, et en nous permet- tant d'avoir A temps la disponibilit6 de nos recettes, l'inconv6nient de recourir A des emprunts ou d'au- tres transactions parfois fort on6reuses. Une bonne organisation, un contr6le bsrieux et constant, voilA done ce qu'il faut pour assurer le bon rendement de nos douanes. C'est pour r6pondre [a( ette double n6cessit6 que, des l'achevement du hangar en fer de Port-au- 84 LE DIPARTEM NT DES FINANCES. Prince, j'ai ordonn6 d'y fire toutes les verifications de comestibles. NaguBre, ces verifications se faisaient sans ordre ni m6thode, et la confusion 6tait necessairement plus grande A l'6poque des grandes importations; il 6tait impossible, par consequent, de s'assuret de la correction des operations, et plus d'une frauide est due A cet 6tat de choses. II est certain qu'avec ce nouveau batiment, qui est amenag6 de facon a offrir toutes les commodities au commerce et aux doua- niers, les choses iront mieux, et, pour ne perdre aucun des advantages qu'on peut tirer de ce local, j'ai dict6 au Directeur de la douane tout un plan d'organisation don't je n'ai pas manqu6 de surveiller l'execution. Ce que nous avons faith a Port-au-Prince, il seraiE A souhaiter qu'on pit le r6aliser pour les autres douanes de la R6publique; j'ai dBej eu l'honneur d'examiner ce point dans le dernier rapport que j'ai fait a Votre Excellence sur notre situation finan- ciere. Votre Excellence me permettra done de no pas insisted sur cette question de manque de locaux et de ne m'y arrtcr que pour lui dire qu'elle est une cause de fraudes, qu'elle met sans cesse en jeu la responsabilite que nous avons des marchandises don't nous avons la garden come garantie 'de nos ET DU COMMERCE D'HAYTI 85 droits de douanes, qu'elle oblige A transgresser la loi et qu'elle ktablit une complication regrettable dans notre comptabilit6, par la necessit6 qu'elle cr6e de delivrer les marchandises par bordereaux ap- proximatifs. C'est une question don't la solution s'impose A tous les points de vue. A c6te d'elle s'en place une autre, qui ne m6rite pas moins d'arreter notre attention par l'inflnence qu'elle exerce sur le rendement de nos douanes et la perturbation qu'elle cause dans le commerce honnete: je veux parler de la contrebande, qui sem- ble vouloir prendre des proportions inqui6tantes. En effect, je recois presque tous les quinzejours des nouvelles que des marchandises ont Wte saisies au moment oi l'on cherchait A les faire passer en contrebande. C'est un faith connu que les tentatives de contrebande deviennent plus frNquenles, A measure que le fisc se montre plus rigoureux, et les articles le plus fortement imposes sont ceux don't s'alimente ce commerce inlerlope. Telle est l'exgli- cation qu'on pourrait donner pour la contrebande de la kerosine, par example. Mais l'industrie des fraudeurs ne se borne pas seulement A cet article. Aussi faut-il chercher la cause de ces fraudes dans la negligence ou la complicity de la plupart de ceux qui sont prlpos6s A leur repression. En effet, chaque 86 LE DEIPAIITEMENT DES FINANCES fois qu'on me d6nonce une contrebande aux Go- naives et au Petit-GoAve, pour ne citer que ces deux points, ce sont, en general, les canotiers du port qui en sont les principaux auteurs. Ce faith m'a paru tellement curieux et grave que je n'ai pas manqun d'appeler l'attention de mon col- 16gue de la marine a1-dessus. Mais les principaux foyers de la contrebande sont le Port-de-Paix, Saint-Louis, le Borgne, tout le litto- ral du Nord-Ouest, enfin la frontiere du Nord. Votre Excellence a ete inform6e en son temps de l'audacieuse contrebande de cafe faite par MM. X..., de Port-de-Paix, et c'est pour moi l'occasion de lui dire que je n'avais pas manqu6 de notifier ce fait A telle fin que de droit A mon collbgue des rela- tions exterieures, le sieur X... 6t:int consul ou agent consulaire. Cependant la decouverte et la repression de cette fraude n'ont pas empech6 qu'on dise qu'elle a ten- dance A se perp6tuer et l'on base cette opinion sur ce*qu'A Port-de-Paix le pesage des cafes et autres denr6es se fait en pleine rue, la douane n'existant pas. Mais, sans Bcarter tout A fait cette cause, je pense que c'est la situation gBographique de Port-de-Paix et aussi de toutes ces villes du Nord- Onest qui y rend la contrebande facile. En effet, le littoral a une6tendue telle qu'on peut, horde la vue ET DU COMMERCE D'HAITI 87 de l'autorit6, charger sur de petites embarcations et sur n'importe quel point des denrees qui sont trans- borddes dans le canal. Dans une telle occurrence, il n'y a qu'A faire res- taurer l'ancien garde-c6tes et le faire monster par des Miarins habiles qui, par une ronde incessante, ren- dront impossible ce commerce interlope. II semble que sur les frontieres la fraude est encore plus accentuee. D'un rapport fait pac le consul dominicain aux Etats-Unis d'Amerique et public dans la Gazette offlcielle du 5 novembre 1892, il resort que la Dominicanie a export 8 1,931,079 de caf6s pennant l'ann6e 1891. Ces cafes sont incontestablement de notre provenance et le Tresor a Wt6 frustrA de tous les droits qu'ils eussent rapports s'ils 6taient exp6dibs de nos ports pour New-York. Ce n'est pas un prix plus remunerateur qui solli- cite nos habitants a traverser les frontieres pour aller vendre leurs denrees, mais les marchandises qu'ils recoivent en Bchange on qu'ils achetent leur reviennent a meilleur marchU que chez nous, de sorte qu'ils sont dedommag6s de la perte qu'ils su- bissent str ces denries. Et ces transactions influent de deux manieres sur nos recettes : elles diminuent nos droits d'exportation, ainsi que je l'ai 6tabli; elles produisent le mrme effect sur nos droits d'importa- 88 LE DEPAIRTEMENT DES FINANCES tion, en ce que les articlesachet6s A Saint-Domingue et jets dans la consommation obligent le commerce regulier a diminuer ses importations dans une gale proportion. II y a done toute urgence de r6primer ces d6sor- dres, et le moyen le plus exlpditif d'y parvenir serait d'Bchelonner sur toute la frontiere des soldats qui empechassent de traverser avec les denrees ou d'entrer avec les marchandises 6trangeres venues de la Dominicanie. Mais, ii faut bien le reconnaltre, cette inesure ne deviendrait tout A fait efficace quo si notre consulate A Monte-Christi consentait A faire son devoir et tout son devoir. C'est en effet a Monte- Christi que nos denr6es aboutissent et que sont deposees les marchandises que nos nationaux regoiventen changed ces denr6es. Notre consulate, paralt-il, regarded faire ces choses avec une si grande placidity qu'on n'a pas craint d'essayer un autre genre de fraude. On achete du sel marin aux lies Turques et on le depose A Monte-Christi, oh les caboteurs haitiens viennent le prendre et l'introduire chez nous comme produit du sol dominicain, c'est- A-dire en franchise. La responsabilit6 de ce fait dblictueux qui psse d'un lourd poids sur nos nationaux producteurs de sel income exclusivement A notre consult. II pour- rait facilement arr6ter ces fraudes, puisqu'il a pou ET DU COMMERCE D'HAITI 89 instructions de ne delivrer des certificates d'origine pour les products dominicains qu'apres s'8tre assure de visu qu'il y a une fabrique ou manufacture du produit dans le lieu meme d'of on le pretend venir. Je n'ai tant insisted sur cette question de contrebande, sous ses differentes manifestations, que pourrendre plus saisissants les moyensd'action, mieux montrer son influence malsaine sur le commerce honnele, par voie de consequence, sur le fisc, faire sentir - en indiquant quelqaes-uns des moyens a employer -- l'urgence qu'il y a A la combattre A outrance. Car, sI nous arrivons a en avoir raison, la situation commercial s'ambliorant sans cesse, nous pourrous, A force d'ordre, de r6gularild et d'6conomie, reparer la brbehe faite A nos finances par trois ann6es de crise. En racommandant ce rapport A la haute attention de Votre Excellence, j'ai l'honneur, etc. F. MARCELIN. 90 LE DEPARTMENT DES FINANCES CONTREBANDES Port-au-Prince, le 21 fdvrier 1893, An 90W de l'Ind6pendance. Le Secrdtaire d'Etat au Ddpartement des Finances et du Commerce e Son Excel- lence le Prdsident d'Hat'i. PRESIDENT, Les int6rits en jeu sont trop important pour que je ne revienne pas, des aujourd'hui, sur la question de contrebande don't j'ai eu 1'honneur d'entretenir Votre Excellence dans mon rapport au no 93. NaguBre localis6e dans les douanes, ou il 6tait facile de l'atteindre, la contrebande se fait mainte- nant dans les zones qui en rendent la pratique plus aisee, en meme temps qu'elle oblige 'autorit6 A recourir A des moyens de repression plus com- pliques. Personne, mieux que Votre Excellence, ne peut m'aider A trouver ces moyens qui s'imposent, car la caisse publique est trop ob6r6e pour que nous ne ET DU COMMERCE D'IIAITI 91 tAchions pas d'y faire rentrer le plus possible de ses revenues. Sans computer que cette pratique, si elle reste plus longtemps impunie, affectera profond6- ment la morality commercial. II y a de cela quelques jours, j'ai eu un long entretien avec notre consul aux lies Turques. II m'a confirmed tout ce j'ai dit A Votre Excellence A propos de la contrebande qui se fait dans le canal. Ii m'a dit que ses observations personnelles, autant que les confidences que lui ont failes les commissaires des steamers, lui permettent d'affirmer qu'il se faith 14 un brigandage inoui. Les steamers y stationnent pendant des heures pour y remettre des marchan- dises aux caboteurs et en prendre des denr6es. II m'a entretenu d'une faCon toute particulibre du sel marin qui est transport des lies Turques A Monte- Christi, d'of ii est exp6di6 pour nos ports of ii ne paye pas de droits. Un fait tres caracteristique est le suivant : lors- que je suis arrive au minislere, M. X... m'a. adress6 une leltre of il se plaignait vivement de la triste situation faite.aux commercants en sel par le pro- duit similaire des lies Turques. II a insist surtout sur ce point que, la Dominicanie n'ayant pas meme assez de sel pour sa consommation interieure, elle he pouvait pas a fortiori en avoir pour l'exporta- tion. 92 LE DIPAhTEMENT DES FINANCES C'est un argument irresistible, confirm d'ailleurs par tous ceux qui connaissent l'endroit. Or, il est arrive que, depuis, le mdme M. X... a pass un contract avec les deux seuls propri6taires de salines en Dominicanie et que la production de sel s'est tellement accrue qu'il n'a jamais moins de deux mille barils en dep6t au Cap Haitien. C'est done par la voie d6guis6e des lies Turques que ce sel lui prvient. Plus je r6flechis sur cette question de contre- bande qui se faith sur le littoral et dans le canal, plus je me convaincs qu'il n'y a qu'un garde-c6tes qui puisse y romedier. Les matelots qui le monteraient devraient em- ployer les moyens les plus coercitifs, et il est pres- que certain qu'apres quelques bons examples les coutumiers de la contrebande, intimid6s, renonce- raient A une entreprise au bout de laquelle ii y a tant et de si grands perils. C'est dans tous les pays du monde un des attributes de la marine de proteger dans sa sphere les int6rets commerciaux de la nation. Quant A la contrebande de sel, il faut recourir a un moyen kconomique pour la faire cesser. Ce moyen, c'est de baisser les droits sur cet article de premiere n6cessit6, de telle sorte que le double transit des miles Turques A Monte-Christi et do ce der- ET DC cOMlR(i DtI~rrr nier port A Haiti devenant plus on6reux que le transport direct des lies Turques a Haiti, le sel soit oblige de prendre cette derniere voie. Ce ne sera pas moins de S 10,000 qui rentreront dans la caisse publique, en meme temps que nos nationaux pour- ront soutenir la concurrence. Pour complete cette measure, on pourrait nommer un agent consulaire A Cokbun-Harbor, car c'est en cet endroit, situ6 a quelque distance des lies Tur- ques, qu'on prend le selet c'estainsi qu'OD s'explique que le contr6le de notre consul ne soit pas plus effi- cace. Je n'ai tant insist sur ces points que parce que je desire serieusement voir l'ordre s'implanter dans administration, seule condition d'ailleurs de pros- p6rit6 pour notre pays. Aussi Votre Excellence me permettra de retenir encore son attention quelques minutes sur la douane des Cayes. L'6cho du dissentiment qui a existB entire l'Ins- pecteur et !'Administrateur des finances est parvenu jusqu'A Votre Excellence. Mais quoique ce fait soit de nature A jeter la perturbation dans le service, il n'est pas 1'6venement le plus considerable qui se soit d6roul6 dans cette administration. Ce qu'il y a de vraiment grave, ce sont les plaintes formulees contre la douane. Elles se r6p6tent journellement. Viais ou faux, tous ces bruits ont ei pour effet 94 LE D9PAWTEMENT DES FINANCES d'amener un grand relAchement dans le service de cet important 6tablissement etcela suffirait a defaut d'autres raisons pour determiner l'autorite supe- rieure A aviser. Lorsque, dans une administration, un souppon universal plane sur les principaux chefs, la con- fiance disparait et c'est le service public qui pAtit d'un tel Rtat de choses. Or, c'est notre devoir d'im- primer A ce service une impulsion active, claire et honnete, et c'est pourquoi j'ai tenu a ne pas laisser s'6couler plus de temps, avant de mettre Votre Excellence au fait de l'6tat de cette douane. Daignez agreer, President, l'hommage de mon profound respect. F. MARGELIN. ET DU COMMERCE IDHAITI BUDGETS DE LA REPUBLIQUE ET OBSERVATIONS SUR LE PROJECT DE BUDGET 1893-1894 Port-au-Prince, le 25 mars 1893. A Son Excellence le Prdsident d'fHa'ti, PRESIDENT, Les projects de budget que les diff6rents d6parte. ments minist6riels m'ont fait parvenir, confor- m6ment au rbglement, m'ont sugg6r6 quelques r6flexions qu'il est de mon devoir de consigner dans ce rapport pr6liminaire. La march ascendante de nos dopenses ne pent laisser indifferent aucun esprit soucieux de l'avenir du pays. Nos recettes restart a peu pres station- naires, chaque annde il y a un d6fisit budg6taire qu'iI faut combler. C'est ainsi qu'au mois de septembre 1892 les Chambres 16gislatives ont 6t6 obliges de voter un emprunt de 8 1,540,182.94 garanti par des droits d'exportation d'un rendement 96 LE DEPARTIrdEiNT DEs FINANCES annuel de pros de 8 900,000. Ces droits allaient etre liberes en janvier de celte ann6e, mais 1'engrenage malheureux dans lequel I'Etat est pris 1'a oblige de s'en dessaisir pour un long temps encore. Toutes les operations pratiquces sur nos revenues annuels ont la meme cause et le mime resultat. Contract6espour faire face A des d6penses trop fortes, elles ne nous d6gagent que momentanement pour resserrer l'ins- tant d'apres le fatal lacet. Ce qui s'est passe en septembre 1892 va se reproduire en septembre 1893 : nous allons etre en face d'un nouveau deficit budg6taire. Dans mon rapport au Corps l6gislatif, j'avais estime ce deficit a 8 2,000,000 environ. Pourrons-nous songer A le combler comme en 1892? Le doute est permis, car aucune de nos affectations n'est libre. Elles sont encore engagees pour de nombreuses annres. Telles d'entre elles cells, par example, relatives au renouvellement du syndical financier de janvier 1892 -- ne nous retourneront qu'en 1898. Dans ces conditions, n'est-il pas absolument indispensable de revenir i la regle ordinaire, qui est aussi bien la base des administrations publiques que celle des administrations priv6es? Ne faut-il pas borner nos d6penses A nos revenues? Si la liqui- dation de chaque budget doit laisser un deficit de S 1,500,000 A 8 21000,000, il faut dire adieu A tous ~E DtJ COMMERCE D'riAf'I 97 nos roves de restauration des finances publiques. t1 faut laisser la vague nous emporter et nous resigner au sort de 1'epave qui ne peut pas savoir oh elle Bchouera. Le Conseil des secr6taires d'Etat m'a fait l'hon- neur, il y a quelques jours, d'approuver la combi- naison que je lui ai soumise et qui a pour but de d6gager une tres grande partie de nos affectations. Mais cette combinaison, en resume, quolle est-elle et que peut-elle? Au 30 janvier 1894, les 8 150,000 fournies par le syndicate qui, ajout6es aux 350,000de l'importation, garantissent le service de la solde, de la ration et des appointments, vont nous faire radicalement d6faut, car il n'est guere possible de songer A un autre renouvellement. Comme ii n'y a plus de valeur A affected, le Gouvernement forc6- ment ne pourrait plus faire compl6tement ce service. C'est A cette grave hypothese que la combination a par6. Elle met en nos mains, en d6gageant plus de 2 millions de piastres, les moyens n6cessaires pour continue ce service privilegie et qui est une des garanties de la s6curit6 publique. Elle met aussi a notre disposition une some de 5 millions de francs, mais pour une seule fois, et it y aura lieu de savoir A quel usage employer ces 5 millions de francs, ou A des travaux publics ou A la liquidation d'une portion de l'exercice 1892-1893. Toutefois, elle 8 1LE DEPARTMENT DES FINANCES n'a pas la vertu et aucune combinaison financiere ne saurait avoir cette vertu-lA de rendre nos recettes l1astiques et de .nous permettre avec nos 7 1/2 A 8 millions de revenues de continue indufiniment A en depenser 9 ou 10, sous peine d'avoir, chaque ann6e, un nouveau deficit budg6- taire. Ayant souffert du mal, nous devons courageuse- ment nous appliquer A 1'extirper. Ce mal est tout ertier dans l'6normite de notre budget de depenses. Certes, nous ne visons pas A d6gager une portion de nos droits d'exportation avec l'arriere-pens6e de les rengager immIdiatement apr6s pour satisfaire A nos d6penses. Notre but est plus Blev6 : 1'explrienoe nous.ayant enseigne ce que content les emprunts ruineux, tels qu'ils se pratiquent sur place, nous ne voulons plus y retomber. Et, si nous d6ga- geons nos affectations, c'est que nous sommes rbsolus, il me semble, A vivre de nos revenues encaisses A leur heure et non plus A les escompter par anticipation en abandonnant une bonne portion aux escompteurs. Mais on ne croit pas generalement A notre sagesse. TUmoin la Banque, qui, dans le fameux plan patronu6 par elle et par le haut commerce et oomptant d6,ij suri son acceptation force, osait k6rire ceci : .Le GoIvernement se faciliterait aussi |
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