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GEORGES SYLVAI[N Dix Anndes de Lutte pour la Libert6 1915 1925 GEORGES SYLVAIN OlX ANNEES DE LUTTE 1 TOME II EDITIONs HENRI DESCHA.MPS PORT-AU-PRINCE HAITI 1915 LATINa Apres f'enqubte Mc-Cormick: LA LUTTE CONTRE LES CONCLUSIONS DU RAPPORT DE LA CO1VI1VIISSION SENATORIALE D'ENQUETE. LA LUTTE CONTRE L'EMPRUNT. LA LUTTE CONTRE L'ELECTION PRESIDEN~TIELLE PAR LE CONSEIL D'ETAT ET CONTRE LA REELECTION DE DARTIGUENAVE. TROISI EME PA RTI E DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE NOTES PRELIMINAIRES Le project d'emprunt dont on, parlait dlepuis le mois de lanvier semble prendre corps. L'Union. Patriotique toujours en veil en signal le danger. (Ci~rculaire du 17i Decembre Reponse au Matin) . La Commission d'Enque~te a prdsente son. Rapport Preliminaire.-- C'est une grosse deception pour tous ceux qlui luttent pour l'Independance d'Haditi et qui n'esperaient ries moins qlue le retrait de l'Occupaltion (Letire de Joh~nson 30 Decembre Discours du 2 landier), mais ils ne sont. pas de ce fait de- couragis. A l'e'tranger la lutte continue, il faut tenir l'opinion publique en cAveil.-- L'Association. pour la defense dl'Haiti et de! Santo-Domingo continue de protester. A l'intdrieur, il faut aussi multiplier les protestations, (letire aux presidents de Comites), faire la guerre aux d~faitistes (Reponse au Matin, Courrier Ha'i- tien, du 21 lanvier 1922).-- II faut aussi accepter avec douleur les reproches des amis des Etats-Unis qui, ne tenant pas compete des efforts ddjdi diploye's, s'impatientent de la misere et dur decouragement des Ha~itiens (Lettre due 20 Jany. Hai'ti-Santo-Domingo Independence Society). 11 faut reliever les mensonges propages ci la suite du rapport de la Com- mission (lettres au Directeur dur Coutrrier des Etats-Unis, ri I'kditeur- duI Globe Evening Post) . Cependant, en mime temps que de nousveaux motifs d'esperer -: (des sena- teurs ecoutts, parmi lesquels le Stnateur William King, le Sknateur Borah, out pris au Senat americain la defense dl'Hai'ti) une mainmise plus ktroite de I'Occupation. semble se concretiser (nomination comme haut comrmissaire du m~me gindral Russell auquel on reproche tant de mdfaits durant les premieres annkes d'Occupation). Voulant se faire une ide'e exacte de la situation, Georges Sylvain se rend aux Etats-Unis. Il en revient plein d'espoir dans l'issue de la lutte mene'e par les ddfenseurs dlu Peuple haltien (dliscours d'avril 1922). M/ais ci peine de retour au pays, la menace de voir le Conseil d'Etat proce'der aux prochaines diections, et de voir aboutir les ntgociations en vue de l'emprunt absorbe toute son activity protestations de 'l'n~ion Patriotique, du meeting duL Courrier Ha~itien aut Bel-Air, Lettre au Senateur King, au Senateurr Borah). Aux Etats-Untis la champagne d'opinion menee par la Societk .pour IlInde- pendance d'Hai'ti et de Santo-Domingo se pursuit avec ardleur, Elle suscite; une conlsultation de 24E hommnes de loi parmi les plus inzfluents dles Etats-Unis, qu~i est un vkritable acle dl'accusation d~ressC contre le Gouvernement clmkricain. Ripandre cette consultation et les interventions des senateurs s'interessant &i Haiti occasionne de noulveaux frais. L'Union Patriotique ne se content plus de faire appel ci ses membres mais sollicite des patriots dominicains qu'ils unissent leurs efforts ci une cause qui est aussi la leurr (Lettres ci Fabio Fiallo. Virgilio Cabral, la lunte des Dames Dominicaines). 8f GEORGES SYLVAIN CIRCULAIRE AUX COMITES DE L'UNION PATRIOTIQUE 17 De'cembre. Monl cher Colle~gue, Un grand danger menace nlotre pays, le plus grave peut-8tre. On vent nous imposer des emprunts au-dela de notre capacitC financibre. 11 serait utile que toutes nos populations ou du moins nos comitbs r~gionaux qui les reprC- sentent nous envoient un acte de protestation contre ces projects d'emprunt de 14 a 16 millions de dollars pour les raisons suivantes donn~es par le Courrier Hai'tien : 10) par~ce que loinl d'alleger nlos charges, ces projects les augmenteraienlt au-dela de notre capacity de contribuables. 20) parce que le Senat des Etats-Unis ayant entrepris une enquate sur la situation hai'tienne en vue du raglement a intervenir, tout essai de solution partielle ne peut que porter atteinte a la solution d'ensemble et risquer de la compromettre ; la Commission d'Enqu~te s~natoriale est saisie par I'Union Patriotique d'un plan g~nbral pour la reforme administrative haf'tienne. II permet de r~soudre les difficulties financie~res urgentes sans recourir i des me- sures aussi onbreuses que celles qui nous sont actuellement proposes par les banquiers des Etats-Unis. 30) parce que seulement quelques mois nous s~parent de l'Ccheance du mandate pr~sidentiel, la prudence command en pareil cas de ne pas prendre de nouveaux engagements capable d'enlever de sa libertS d'action au Gou- vernement i qui incombera, dans un court d61ai, la responsabilitC des affaires du pays. A vous, a tous vos devou~s coop~rateurs, nos bien cordiales civilit~s. AUTOUR DE L'EMPRUNT R~plique au a Matin n A Monsieur J. Jolibois fils, Directeur du << Courrier Ha'itien >. Mon cher Directeur, Avez-vous un coin disponible dans le cr Courrier Ha'itien >? Je voudrais y glisser un mot a propos de la question du jour : l'Emprunt. < Le Matin ,, dans son Cditorial de jeudi de la semaine dernibre, s'en est occupC, sur le mode ironique qui lui est familiar. Voici sa th~se : ...< Il y a just une annbe, d'apre~s ce que nous a appris le Livre Bleu, le Gouvernement ha'itien semble avoir resolu a part lui la question d'oppor- tunitk, en ayant acceptC le principle de l'Emprunt, plus que le principle, les conditions meme. De sorte qu'il est malvenu et qu'il est naturellement mal placC pour remettre en question cette opportunitC ,>. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 9) 11 semblerait, d'apres << Le Matin >, que le gouvernement de notre Repu- blique se trouve pris dans le coup de l'Emprunt comme dans une impasse sans pouvoir s'en d~petrer, pour avoir, en 1919, signC un Acte qui nous enga- gerait difinitivement a emprunter aux banquiers des Etats-Unis, per fas et nefas, a des conditions d~ja fix~es et accept~es. Tel n'est pas mon avis ! Il est exact que le 3 octobre 1919, le gouvernement des Etats-Unis et le Gouvernement d'Hai'ti, pour arriver a la liquidation des r~clamations p~cu- niaires pendantes a la charge d'Ha'iti, ont signC un accord pr61iminaire, un protocole en style diplomatique, ou~ sont prevues, entire autres choses, les condi- tions d'ex~cution d'un Emprunt de 40 millions de dollars, dont le gouverne- ment des Etats-Unis devait faciliter la conclusion entire les banquiers de son pays et l'Etat hai'tien. Mais jamais, a notre connaissance, l'Emprunt auquel s'appliquait primitivement cet accord, ne put prendre consistance au point de faire l'objet d'une proposition ferme. L'article VI du Protocole stipulait que < la Republique d'Hai'ti s'engage a contractor, selon les terms et l'6poque qui seront fix~s, d'accord avec le Conseiller Financier, mais pas plus tard que denx ans apris la signature de ce Protocole, un Emprunt national de 40 millions de dollars >, etc. L'Accord ayant iti signed le 3 octobre 1919, depuis le 3 octobre 1921, toutes les provisions concernant I'Emprunt de 40 millions sont revenues ca- duques pour d~faut de conclusion de l'operation projetbe. Le gouvernement des Etats-Unis n'attendit pas le delai de forclusion pour renoncer de lui-mime a la combinaison. Le 5 novembre 1920, le Ministre PlCnipotentiaire des Etats-Unis a Port- au-Prince informait notre Secr~taire d'Etat des Relations Ext~rieures que le Secr~taire d'Etat des Etats-Unis << recommandait fortement > au Pr~sident d'Ha~iti et a son Cabinet d'autoriser au plus tat le Conseiller Financier, M. McIlhenny, a 6mettre 15 millions de dollars d'obligations a 71/2% d'int~r~ts l'an, de 5 ans de dur~e, garantis par une Cmission simultanbe de 25 millions de dollars d'obligations 6%0, remboursables en 30 ans. Le Gouv~ernement d'Hai'ti, tout en admettant le principJe de l'Emprunt, proposal d'en r~duire la quotite a 11 millions de dollars et la garantie & 13.750.000 dollars d'obligations produisant 6%0 d'int~rtts annuels et rem- boursables en 30 ans. Le D~partement d'Etat maintint la garantie i 15 millions de dollars, et y ajouta une &mission complementaire de 5 millions de dollars d'obligations 6%~ remboursables en 30 ans, affect~es uniquement au retrait des dettes conso- lid~es et flottantes. L'Emprunt ne put s'effectuer, parce que les deux gouvernements jusqu'en d~cembre 1920 restaient divis~s sur les trois points suivants : 10)Le Gouvernement d'Ha~iti persistait a consider comme une des condi- tions de son acquiescement la mise a l'Ctude des terms et conditions d'un GEORGES SYLVAIN nouveau protocole pour remplacer celui du 3 octobre 19)19, dont les previi- sions ne concordaient plus avec le nouveau project d'emprunt. 20) 11 subordonnait, en outre, son acceptationl a la nomination d'un Con- seiller Financier autre qlue Mr. McIlhenny, a qjui il reprochait dans ses rap- ports avec le Chef de l'Etat et son Cabinet, une attitude incompatible av~ec la dignite nationale. 30) 11 insistait enfin pour la limitation dles hons de garantie 6'j/o a 13.750.000 dollars, I'addlition des 5 millions sp~cialement destinbs a la liqiui- dation des dettes flottantes et consolidees 6tant accepted par lui. Sur le dernier point, le Departement d'Etat avait fini par s'en remettre au bon vouloir des priteurs, tout en le tenant pour improbable. Sur les deux autres points, il restait irreductible. La question en etait la, quand le mois passe, la L~gation des Etats-Unis a transmis de nouvelles pro- positions d'Emprunt, se chiff'rant cette fois a. 14 millions et a 16 millions de dollars. Ni I'une ni l'autre des objections opposees par le gaouvernemnent hai'tienl a I'offre precedente ne sont resolues par les projects actuels. 11 serait done parfaitement comprehensible qu'il restlit sur ses positions. C'est un fait hors de contest qlue le protocole du 3 octobre 1919 avait CtC redigC en provision d'un emprunt different de ce qlu'on propose maintenant. Que ce faith doive y entrainer des modifications. la consequence est aul moins plausible. La pretention du gouvernement hai'tien d'en discuter pour aboutir n'a done en soi rien de diplace. A cette pretention le Departement d'Etat s'itait content de repondre que son gouvernement ne reconnaissait pas la n~cessitr5 d'un changement au pr~otocole. C'est un peu court comme argument. Il n'est pas irrationnel de concevoir q~u'au bout d'une ann~e, voire de plus de deux ans, les circonstances aient change,: au pomnt q~ue ce qui pouviait paraitre possible on desirable hier ou avant-hier ne le soit plus aujourd'hui. L'aspect meme sous lequel se pr~sentait le probli~me a r~soudre peut n'8tre plus le meme. Cela seul suffirait pour justifier, en principle, le premier chef des contre-propositions haftiennes. Mais il y a mieux. Le Protocole de 1919, sign6 entire le Secretaire d'Etat des Relations Ecte- rieures d'Hai'ti, M. Constantin Benoit, et M. Bailly Blanchard, Ministre plCni- potentiaire des Etats-Unis, ne pouvait lier la Nation hai'tienne, tant q~u'il n'aurait pas 6tB approuvC par les Chambres 16gislatives. La Constitution de 1889, article 105, reconnait hien au Pr~sident de la Republique le droit d'initiative en matiire de traitPs et de conventions inter- nationales, mais sauf sanction du Corps Ligislatif. La pseudo-Constitution du 19 juin 1918, due, selon l'opinion la plus ginerale, a la collaboration du D~partement de la Marine des Etats-Unis, dit en son article 15 : a II (le Pr~sident de la Republique) fait tous traits on 11 conventions internationales, sauf la sanction de l'Assembl~e Nationale >, (for- m~e de la reunion de la Chambre et du S~nat.) Ce que confirm en ces terms article 42 : Les attributions de l'Assembl~e Nationale sont ... 3e d'approuver ou de rejeter << les traits de paix et autres traits et conventions internatio- nales., Donc, quelque opinion qu'on professe sur le point de savoir quelle est la Constitution legalement en vigueur, la conclusion est la meme : la conven- tion signke le 3 octobre 1919 entire le Ministre pl~nipotentiaire des Etats- Unis et le Secr~taire d'Etat des Relations Ext~rieures d'Haiti, n'a jamais pu avoir d'effet 16gal: n'ayant jamais 6ti approuv~e par le Pouvoir L~gislatif. 11 semble que telle ait &te d'ailleurs l'opinion de l'une et l'autre des Parties contractantes, puisqu'il est dit en P'article 10 du Protocole in fine : << Le Gou- vernement d'Hai'ti s'engage, en outre, a prendre toutes measures 1Cgislatives n~cessaires pour donner plein effet aux provisions de ce Protocole., En vain Particle suivant dispose-t-il que le dit Protocole << entrera en vigueur imme- diatement apris sa signature >... Cette execution forc~ment provisoire si elle Ctait admissible, ne pourrait s'appliquer qu'aux dispositions qui ne portent pas une atteinte irr~m~diable au droit du Corps L6gislatif, devant lequel la question d'approbation on de rejet doit arriver entire. Le 2e chef des objections du Gouvernement d'Hai'ti avait trait au renvoi du Conseiller financier, Mr. McIlhenny. J'ai cru d'abord qu'il n'y avait la qu'une question de personnel. Mais je me suis convaincu, a y regarder de plus pre~s, que c'est aussi une question de principle. Il s'agit de savoir a qui doit rester le dernier mot, du Pr~sident de la R~publique on du Conseiller Finan- cier, en cas de conflict d'attributions entre ce Conseiller et les autorit~s ha'i- tiennes dont le traitC de 1915 fait reliever le dit Conseiller ou en cas de refuj d'obbissance a ces mimes autoritbs. S'il est un fonctionnaire hai'tien, simplement designed a l'agrement du President d'Hai'ti par le President des Etats-Unis, mais sonmis dans l'exercice de ses functions aux lois hai'tiennes et tenu des mimes liens de subordination hierarchique que les autres fonctionnaires de notre administration, il n'y a pas de doute possible. Il est revocable, en cas de faute grave dans son service, notamment en cas de d~sobi~issance a ses chefs hikrarchiques ou dl'insubor- dination. Mime s'il n'etait qu'un mandataire du President des Etats-Unis, accredit& aupre~s du Gouvernement, ne relevant que de 1'Administration de son pays d'origine, rien dans le traitC de 1915, qui determine ses attributions, ne lui confere le monopole des n~gociations d'emprunts hal'tiens. Pour s'entremettre a une operation de ce genre, il fant itre pourvu d'unl mandate direct. Or, tout mandate est a base de confiance. Mr Mac-Ilhenny aura beau avoir du Dipartement d'Etat les plus magnifiq~ues br~evets d'honorabilite et de competence, il suffit au Gouvernement d'Hai'ti de dire, comme it l'a d~ja fait, en sa r~ponse a la note verbale de M. le Ministre Bailly-Blanchard, du 19 Aoilt 1920 (page 84~ du Livre Bleu). << Ayant jug6 bon de payer les ;nterete arliricra DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE GEORGES SYLVAIN ment aux instructions du Gouvernement, et sans lui donner avis- Le Gouver- nement n'eut connaissance de cette operation de 28 millions de francs q~ue par les journaux frangais >. Et plus loin : < et au meilleur taux possible, il a estimb en novembre dernier, qlue ce meilleur temps etait atteint, et il a convert au taux moyen de 9.201% le dollar. Peu de temps apribs, le franc tombait a 17, 18. Cette erreur se traduisit par une p~erte pour la R~publique d'Haiti de plusieurs millions de francs.>> En ajoutant : << Voila pour quelles raisons, independamment de toutes autres, Mr Mac-Ilhenny ne nous semble qualified nii pour negocier un Emprunt au compete de l'Etat hai'tien, ni pour remplir l'office die Conseiller Finlancier p. on aura tout dit. J'estime inexpugnable la position du Gouvernement d'Hai'ti sur ce ter.- rain. II n'aurait done qu'8 s'y retrancher jusqu'h complibte satisfaction pour qIu'on ne pilt I'y forcer. Sur le fond mime de la question en debat, il n'est pas moins fort. En adherant au principle d'un emprunt aux Etats-Unis, il en avait r~duit la q~uo- titC a 11 millions de dollars au maximum, portant inter~ts de 7%%c/ l'an, et la garantie de 13.'750.000 dollars d'obligations 670 remboursables en 30 ans. Son calcul etait qu'une operation de cette nature representait le maximum desi charges annuelles que le people hai'tien pouvait supporter soit, en dehors du service budg~taire courant, une d~pense de 1.614.622.51 dollars par an. La situation Cconomique et financiere s'est plut~t aggrav~e depuis. Afin de permettre la liquidation des dettes flottantes et consolide~es et d'en all~ger le budget, le gouvernement hal'tien acq~uiesga a la proposition de s'en ddbarrasser au moyen d'obligations trentenaires i 6%/, exclusivement affect~es a l'extinc- tion de cette double dette. Aller au-dela des conditions ainsi fixes lui pa- raissait non seulement onereux pour le Tr~sor hai'tien. mais dangereuxr pour la nation. Et il en donnait, avec chiffres a l'appui, des raisons irrefutables. Mais voila que le cabinet de W~ashingrton revient a la charge avec des emprunts d'une quotiti plus Clevee, exigeant des paiements annuels plus consi- d~rables. Comment le Gouvernement hal'tien se d~jugerait-il en les repoussant avec une Cnergie d'autant plus grande ? Une autre consideration I'y sollicite, un fait nouveau par lequel la situation se trouve modifibe, a l'avantage de notre pays. La Commission s~natoriale d'enquite, charge d'Ctudier sous tous ses aspects le problbme hai'tien et d'y adopter des solutions congruentes, a 6t6 saisie par l'Union Patriotiqjue d'un plan de r60rganisation administrative, Oconomique et financiibre, oeuvre de nlotre mleilleur expert financier oh la question de la liquidation de nos dettes et des r~clamations p~cuniaires pendantes est examine et r~solue, sans recours immddiat a l'emprunt. Nos gouvernements ne peuvent que surseoir a toute decision sur les propositions qui leur sont faites, tant qu'il n'aura pas 6tC status sur ce plan, diiment 6tudiC et approfondi. Dans le present d~bat, il n'est que de v~rifier si nos donn~es sont justes, nos raisons plausibles on valables. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERATE En matiere de contract, le principle essential c'est la bonne foi. Le Gouver- nement des Etats-Unis ne manque pas une occasion de: d~clarer que dans toils ses rapports avec notre pays, il ne recherche q~ue notre bien. S'il lui est done d~montrC que, pour nous sauver de la ruine et recouvrer notre Cqui- libre Cconomique et financier, nous avons des moyens plus pratiques et moins on~reux qu'une augmentation des charges du pays, sans compensation suffi- sante, au seul profit des banquiers qu'il nous recommande, il refusera, selon notre espoir, de pr~f~rer, au prix d'un dlfmen~ti public, I'enrichissement des siens a la sauvegarde de notre avenir. Plus implacable au people hai'tien dans son raisonnement que les membres de la Commission senatoriale, a Le Matin, C crit : << Etant donn6 que l'int~rit americain (l'int6rat des Etats-Unis d'Ambriqlue, > s'entend) est pour le Gou- vernement ambricain (des Etats-Unis) la suprime loi, comment devons-nous nous arranger en Hai'ti en face d'une telle situation ? Le S~nateur Mc Cormick, au moment on le S~nat a eu a former sa Com- mission, disait a ses colli~gues, avec une certain solennite : < Ce qui done a la question hal'tienne un caractere special de gravity, c'est qu'elle engage l'honneur et le bon renom des Etats-Unis >. (Je ne me rappelle pas les termed exacts dont il s'est servi, mais je suis stir de rapporter ici le sens de ses pa- roles). Il y a done, dans 11' pensee du President de la Commission d'enquite, un interit supdrieur, dont en cette affaire le S~nat ne peut s'empicher de tenir compte : l'honneur et le bon renom des Etats-Unis. Et c'est pourquoi nous autres Hai'tiens, tout en sachant gr& de leur vigi- lance aux pessimistes de l'Ccole du << Matin >, nous ne devons a aucun moment perdre confiance en la justice de notre cause. Bien cordialement a vous. mon cher Directeur. VERAX(') 27 D~cembre 1921. (i << e Courrrier Haitien a 30 D~c. 1921) LETTRE DE MR. JAMES W. JOHNSON National Association for the Advancement of colored people 70 Fifth Avenue, (New-York) 30 D~ecemblre 1921 A Monsieur Georges Sylvain Port-au-Prince, (Hai'ti) Mon cher Mr. Sylvain, J'ai plaisir a vous accuser reception de vos deux dernie~res lettres. (1) Pseudonyme de Georges Sylvain. GEORGES SYLVAIN Je suppose qlue vous savez deji par le cible qlue la commission sena- toriale a fait un Rapport prbliminaire sur I'enquite et qlue le Rapport est loin d'itre ce qlue nous desirions ; mais je tiens a ce qlue n~aulmoins vous ayez I'impression que les amis d'Hai'ti auxr Etats-Unis ne sont en aucune fagon ddcourages et ne sont aucunement disposes a diminuer leurs efforts faits dans I'int~rit du people hai'tien. La bataille que nous avons engage est une entre- prise longue et ardue mais sa fin est droite et j'ai la ferme confiance qu'elle nous conduira finalement a la victoire. Je tiens a dire aux patriots d'Hai'ti qu'ils ne doivent pas perdre cou- rage, mais Clever leurs Ames a la hauteur de tous les sacrifices qlue leur patrie extigera jusq~u'a ce q~u'ils soient venus a bout du dessein auquel ils se sont you~s. Sachez aussi qlue Mr. Villard, le Dr. Gruening, et tous les autres amis d'Hai'ti sont aussi resolus qlue jamais a aller de I'avant. Nous nous disposons a porter I'affaire devant le Pr6sident Hardingo personnellement. Cette d~marche a Cte d~cid~e aprels une rPunion qui s'est tenue mercredi de cette semaine. Mes salutations a tous mes amis. Dites-leur qlue je serai toujours au service de la cause hai'tienne! Avec mes affectueux compliments pour vouus, pour Mme. Sylvain, je demeure, Sinceremenlt V~tr~e. James W. Johnson Secr~taire de l'Association. SUR LA PLACE PETION. Discours du 2 Janvier 19)22 Mes amis, Chaque annee, a pareille epoque, nlous accomplissons la tache pieuse de fleurir la m~moire des grands anlcitres q~ui nous ont donned une patrie. Nous etions tout a l'heure au pied de la statue de Dessalines.-- Nous voici devant le monument de Petion, leur renouve~lant a tous les deux, ainsi qu'a leurj glorieux compagnons d'armes, I'hommage de notre infinie reconnaissance. Mais ce serait pen de les couvrir de fleurs si leur example ne disait rien a vos consciences, si de ces pelerinages annuels vers notre pass& historique, yous ne reveniez plus devoues a notre commune patrie, plus convaincus de la n~cessitei de. tout sacrifier a son service. Nous avions arrete d'abord de vous laisser aujourd'hui m~diter silenl- cieusement a. l'ombre du Drapeau qlue nous ont 1Sgue nos ai'eux la legon des ages hlistoriques. Mais une nouvelle annie vient de s'ouvrir, pleine d'angoisse pour notre people. A en croire les augures de la politique, elle doit sonner bientat le glas de nos esperances nationals. Ainsi en aurait d~cid6 la Commission sdnatoriale d'enquate. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 13, Que devons-nous penser des declarations publi~es par trois des journauxt de notre Capitale comme formant le premier chapitre du Rapport de la Com- mission ? sont-elles authentiques ? si elles le sont, pourquoi tarde-t-on a en faire l'objet d'une communication officielle ? Si par hasardl elles ne l'etaient pas, qIuel besoin aviait-on d'en saisir l'opinion ? 11 ya dans la fagon dont un acte de cette importance a ete presented anl public un certain d~faut de franchise et de nettet6, qui explique la reserve avec laquelle les esprits r~flchis en out jusqu'a present accuejlli la trans- mission. Quoi qu'il en soit, s'il faut les tenir pour av~rbs jusqu'a ample informed, c'est notre devoir de proclamer qlue le people hai'tien n'accepte c~omme justi- fibes ni la fl~trissure indirecte dont les considerations soni l'expression severe, plus severe au fond que le Rapport de l'Amiral Knapp -- ni les measures, attentatoires au droit des nations. dont on y:oudrait en faire la cons~cquence inevitable. Messieurs, I'enquite senatoriale nest pas d'initiative spontanee, elle a ete provoqu~e par une longue s~rie d'actes et de circonstances, qui mC~ritent d'itre: ici rappels : en premier lieu, la revelation des exces reproch~s aux Marines par un Rapport de l'ancien chef de leur Corps, le Major-G~ndral Barnett, Rapport address& au Ministre de la Marine, a la suite d'une enquite personnelle, la confirmation et le enforcement de ces accusations par une second enquite, due ai l'Association pour l'avancement des gens de couleur et men~e a Hai'ti et a Santo-Domingo par Messieurs H. Seligman et James Johnson, la dinon- ciation des resultats flcheux de l'intervention des Etats-Unis a Haitri aux points de vue politiq~ue, administratif et financier, faite dans une interview reten- tissante a l'Associated Press par M. Sudre Dartigauenave, Pr~sident de la R~pu- bliqlue d'Hai'ti, la confirmation des mimes faits par un group de banquiers, de commergants et d'industriels, r~sidant en notre pays, les protestations, sou- lev~es par les enq~uites administratives du D~partement de la Marine, of2 les Enquiteurs 6tant ai la fois juges et parties, concluaient invariablement a l'in- nocence de leurs subordonn~s, la vigoureuse champagne de la Revue The nation. en faveur d'Hai'ti et 1'Acho qu'elle rS~veilla pendant la champagne pr~sidentielle dans tout le parti r~publicain, les demarches directed des leaders de l'opinion lib~rale, les resolutions de l'Association pour I'avancement des gens de couleur, ses instances aupris du President Harding, le M~moire finalement des DC15gues de l'Union Patriotique hai'tienne, et son retentissement considerable dans la press des Etats-Unis comme dans celle des pays strangers. 11 n'est guere de grand journal aux Etats-Unis qui, meme en combattant le Mi~moire, n'ait comme lui reconnu l'opportunite d'une enq~uite par les membres du Congre~s.-- Nul ne peut nier qlue ce document n'ait servi de base aux investigations de la Commission s~natoriale, si l'on vent bien retenir que les Hauts Commissaires out admis l'Union Patriotique conjointement avec 1'Association pour l'avan- cement des gens de couleur et la Soci~t6 pour l'Ind~pendance d'Hai'ti et de la R~publiqu~e Dominicaine, a l'honneur de soutenir devant eux comme Partie plaignante, repr~sentant le Peuple hai'tien, les griefs et les tdesiderata quri y sont formulds. 16 GEORGES SYLVAIN Nombreux ont donc Cte les gens d'honneur et de conscience, qui, a des titres divers, apre2s avoir examine les faits, ont 6mis le voeu qu'une enquite impartiale fit eclater a tous les yeux la v~ritC, avant-courriere de la justice ? C'est a ce vaste concert de voix accusatrices que les quatre membres du Sbnat. investis du~ mandate auguste d'appri~cier la valeur des charges portbes contre les agents militaires et civils des Etats-Unis auraient. avant mbme la fin de leur enquate, inldirectement r~lpondu : << La coupable >x c'est Hai'ti ? Forti- fions-v notre domination ? >> Comment, enl effet, Messieurs, interpreter autrement le silence dans I'acte qIu'On a bien voulu nous communiqjuer sur les r~sultats dbja acq~uis incontes- tablement a l'enquite, au profit de l'accusation ? Si les arbitres n'en disenlt rienl et concluent comme si les faits graves, affirmes dans le Mimoire de nos DelCgu~s et diiment v~rifibs n'existaient pas, n'est-ce pas l'indice certain ou qu'ils n'y attachent aucune importance, ou que a l'aide d'une argumentation sans example, aux consequences impr~vues, ils y trouvent des armes contre nous ? Au course de l'enquite a Washington, il a ete etabli sans contest possible, tant par la publication de la correspondence secrete du D~partement de lat Marine avec les agents de l'Occupation militaire a Ha'iti qlue par le propre t~moignage de ces agents : lo) que l'intervention des Etats-Unis chez nouj en Juillet 1915 etait chose d~cidde, bien avant les Cv~nements qui ont provoqu: l'assassinat du Pr~sident Vilbrun Guillaume. Les ordres Ctalent donnas : on n'attendait que l'occasion propice (D~position Caperton publi~e par The Nation Octobre 1921 Documents justificatifs -, 20) que bien avant ces mimes 5v~nemenlts, le '7 D~cembre 1914, M. William Bryan, secretaire d'Etat des Etats-Unis, pour forcer le gouvernement hai'tien a accepter un traitC donnant aux Etats-Unis le contr81e de nos douanes et de notre Dette publique fit enlever par les Marines du Machias des coffres de la Banque Nationale de la R~publique d'Hai'ti, oit elle 6tait d~pos~e pour le compete de l'Etat hai'tien, la some de 500.000 dollars, qui fut transf~rbe dans une banque de New- York, 30) que quand le 29 Juillet 1915 le Corps d'Occupation dbbarqua a Port- au-Prince, il y trouva la population parfaitement calme. Aucun attentat, aucune menace contre la vie ou la propriete d'aucun citoyren des Etats-Unis, d'aucun autre Ctranger, voire d'aucun Haltion, 40) que la Convention de 1915 a Atd vote par l'effet d'une pression continue des agents du gouvernement des Etats- Unis sur le gouvernement hal'tien. 5") que les Chambres hal'tiennes ont etel sans droit et sans motif valuable. disp~ersies a deux reprises par des officers de la brigade d'occupation, pr~pos~s au commandement de la Gendarmerie, sur 1'ordre du Pr~sident d'Hai'ti. autorisi par le gouvernement des Etats-Unis. Sans tenir compete de ces diverses attestations a l'appui de nos griefs, la Commission d'enqu8te, a consider comme authentiques les declarations qu'on lui attribue, aurait pris le contre-pied des conclusions que logiquement elles impliqueraient pour y substituer des suggestions arbitraires, d~nubes de tout fondement et Cchappant i tout contrble. Oil serait dbs lors I'autoritC de son asuvre ? DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Par la brie~vete de son sejour en notre pays, qui n'a pas permis le d~place- ment de la masse des victims, eloignbes de la capital, par le maintien de la loi martial, measure de rigueur dont se sont effray~s maints plaignants ou t~moins important, appeles a faire luire la v~rit6 sur les accusations port~ee contre les Marines, la Commission senatoriale s'est enlev6 les moyens d'effec- tuer a cet 6gard une enquite complete et approfondie. Elle n'a inlterrog6 que 372 deposants. Plus de cent ne demandaient pas mieux que d'8tre entendus, notamment ai Lascahlobas on~ elle avait promise de se transporter. C'est elle- m~me qlui ne leur en a pas laisse la facu~lt6, en cloturant ses audiences a Port- au-P~rince au bout du 3e jour, en n'entendant personnel aux Gonai'ves, personnel au Cap, ou elle a passe en coup de vent. D~ferant a la recommandation des Enquiteurs, un certain nombre de plaignants s'occupaient jusqu'a l'incident de ces jorurs derniers, de leur faire acheminer des depositions &crites. La plu- part out ete retardees par la difficulty de faire dresser et authentifier dans leurs hourgades lointaines une telle quantitC d'actes notaries. de rirssn Les donndes d~ja eqeillies sont n~anmoins suffisantes pou convaincre des rbiressan prvenionde la v~racite des actes inouls. relates dans le IMemoire de nos Dblegues. Par l'expose des faits et les considerations qui precedent, nous protestons devant le S~nat, le Peuple et le Gouvernement des Etats-Unis, devant toutes les Nations du monde, contre le rejet des desiderata du Peuple hai'tien implique dans les termles des conclusions attributes a la Commission si~natoriale d'en- quete et contre les motifs errones, invoques i l'appui de ce rejet. Nous pro- testons contre l'Emprunt onereux qu'on veut imposer sans d61ai a notre people, dans le mime moment ou~ vient d'8tre soumis a l'examen de la Commission senatoriale un plan general de reorganisation des finances hai'tiennes, ohi 1'Union Patriotique demontre que pour realiser les fins dont on se r~clame. un Emprunt n'est p~as actuellement necessaire. Le pays peut a moindre frais obtenir par lui-mime des resultats meilleurs. N~ous protestons contre I'adjonction aux fonctionnaires de tout nouveau tuteur dont le nombre s'augmente sans cesse, si elle doit avoir pour effet d'aggraver ses charges, tout en amoindrissant le champ I6dulit de ce qui fut notre souverainete national. Nous lutterons, nous et nos enfants, tan~t que notre patrie n'aura pas recouvrb la plenitude de son ind~pendance. Nous le devons a nos morts heroi'ques. Nous vous le devons, peres a jamais bbnis, qui avez tant peine pour que les enfants issues de votre sang enlssent au moins dans le monde un coinl de terre. oh~ vivre en paix, libres et respects ? S'il se confirmait, Messieurs, que la Commission d'enqutte sdnatoriale aurait decid~ment failli aux 16gitimes esperances qu'avait fait naitre en nous son entr~e en action et qui justifiaient notre accueil, nous en appellerions des enquiteurs trop presses au S~nat mieux inform. Si le S~nat des Etats- Unis, (ce qu'a Dieu ne plaise !) d~mentant son pass de lib~ralisme et 18 GEORGES SYLVAIN les plus nlobles traditions de son histoire, meconnaissait note droit d'8tre traits en people digne de reprendre la direction de ses destinies, nous nous effor- cerions d'iclairer sur notre cas le people des Etats-Unis, puisqu'on ne cesse de nous rep~ter que s'il avait connu la ve~rite. il nous aurait rendu justice. Si enfin le people de l'Union itoilbe se montrait sourd, lui aussi, a notre supreme appel, nous resterions sur le terrain de lutte, avec la fie~re dlevise des nations qui ne veulent pas mourir : a Dieu et notre droit , DECLARATION DE LA SOCIETY POUR L'INDEPENDANCE D'HAITI ET DE LA REPUBLIQUE DOMIINICAINE a propos des conclusions de la Conunission d'Enqubte Sinatoriale. 11 semble, d'apre~s le No. de The Nation du 4E janvier, q~ue la Commission se~natoriale n'aurait pas tardC a faire suivire du de~p~t de son Rapport les d~cla- rations de son Pr~sident a la Presse. Nous n'avons pas cependant regu le Rapport, mais seulement I'appreciation qui en a etC faite par la Societe pour l'independance d'Hai'ti et de la Republique Dominicaine, avec la pleine appro- bation de la grande revue << The Nation >>. On connait quel est le credit de < The Nation >> dans tous les pays de langue anglaise. Le Bureau et le Conseil d'Administration de la Soci~te pour 1'Indepen- dance d'Hai'ti et de la R~publique Dominicaine, r~unissent, dans l'ordre moral, intellectual et social, des noms q~ui, aux Etats-Unis, sont classes parmi les plus respectable et les plus respects. Tous les Ha'itiens doivent connaitre le texte integral de la Declaration de la Soci~tC pour l'Ind~pendance d'Hai'ti et de la Republique Dominicaine, document capital dans l'histoire des 6v~nements actuels. C'est pourquoi nous vous faisons reproduire l'extrait suivant du numbro 2948 de < The Nation >>, ou~ elle est ins~rbe : << Relativement au rapport des s~nateurs, insistant sur le maintien des Marines en Hai~ti, The Nation doit soutenir la declaration faite par la Societe pour I'Ind~pendance d'Ha~iti et de Santo-Domingo. Cette declaration dit qlue le < Rapport est une honte pour les Etats-Unis. Rendu public immediatement < apres une conference avec le Secr~taire d'E-tat Hughes, il justifie et conside~rz a comme une parties int~grante de la politique des Etats-Unis, I'asservissemenlt, << par la force des armes, des nations petites et faibles. II approve la politique << de violence suivie en Hai'ti, afin d'imposer a un people libre un Traith que <<1es sinateurs eux-mimes n'auraient jamais votC de leur propre volont6, traits << que, sous une forme bien plus mod~rbe, la R~publiq~ue d'Hai'ti la second < DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE << hai'onnettes ambricaines. executanlt enl second main la volonte des autorites << militaires americaines. << La Commission a fait unl tort irreparable a la bonne foi et au bon renom << des Etats-Unis, particulie~rement dans l'Amerique Latine, oih nos protestations << de hienlveillance sont comme inexistantes devant des aces et dles faits qui << sont auj ourd'hui du domaine public. << Le Rapport accepted franchement la theorie de l'imperialisme dans sa < pire acception ; c'est, en faith, la justification de la politique japonaise en a Manldchourie et en SibePrie orientale ; il rend impossible aucune protestations < << gouvernler eux;-mimes, a un moment ou le Gouvernement britannique recon- < a primant le droit. << Aucunes relations convenables et fructueuses entire Hai'ti et les Etats- c Unis ne sauraient exister sans l'abrogation de la Convention impose i a Haiti par la force. Les Etats-Unis devraient retire les Marines d'Hai'ti et ( r~tablir de suite l'ind~pendance haitienne.>> ( a Le Courrlier Hai'tien a N'o. du 6 janvier 1922) New-York, ce 11 Janvier A Mr. Georges Sylvainl Union Patriotique Mon cher Maitre. Rien de nouveau a vous communiquer. La commission ne m'? pas encore annonc6 la date de la reprise des seances, mais elles ne doivent pas tarder. Je les attends vers le 20 de ce mois. Mme Weed est tre~s hien et nul mal ne lui est parvenu a hord du paquebot. J'ai treis bien regu les divers documents qlue vous m'avez expddies: ainsi que M. Thoby, et qlue vous aviez confines a Mme Weed. En attendant la reprise des seances je me suis remis a l'etude des dossiers et des memoires. N'ous commengons ai gagner d'autres amis pour la cause haf'tienne. La semaine dernie~re je suis alley a Boston surl la demand de M. Storey, a qui j'ai expose d'une fagon toute franche et ditaillee la situation actuelle: y compris le peu de satisfaction que nous pouvons attendre de la part de la commission sur I'essentiel; M. Storey s'en est indigne le mot n'est pas trop fort, car malgre ses 7T5 annees il garde une lucidity merveil- leuse et un entrain admirable. M. Storey se remue et vous pr8te sonl concours d'une fagon tres pratique. GEORGES SYLVAIN 11 est justement en train de redigaer unl memoire sur le principle de l'inter- vention de 1915, hasC sur le t~moignagre de l'Amiral Caperton ; le m~moire doit traiter egalement du manque actuel de tout grouvernement constitutional en Hai'ti, du besoin d'elections et pour le corps 1Pgislatif et pour le nouveaul president. J'ai toute esperance qlue ce memnoire soit hien documented et qlu'il nious PrePte une aide efficace a gagner l'adhesionl d'autres avocats et hommes tres connus ici. Ce memoire doit etre p~rit incessialmment et e'est apre~s qlue d'autres y aur~ont appose leurs noems. qlue le memolncire sera~ mnis au grand jour. Nous comp~tons de c~ette faon. imnplrssio~lnner d aullres senlateurs.~ M. H-ughes. t oirec miiime M. Hardingr. Si l'on se miet (i discuter I'histaire de f'occupationi depui.; 1915. on s'y perd ce n'est qu'en se basannt sur les principles ab initio que l'oni est sil r d ie Ine pa enlcontrer unI seul qui p~uisse user soutenijr I'initerven- tionr elle-mni~me. Deis qlue ce memloilre era termlini et imprimb. je vous en ferai expedier des copies. L'imprimeuu r du Senat attendt die moi p~our ajouter au proces-\ erhlla de 1 enquete tenue en Hai'ti le chiffre dle memb~res et desa valeurs de EUT. P-.. les statuts de 1'U. P., les inscrip~tions dles hannderep du de~file. J'aurai a dliposer les mnimoir~es et les dossiers. en plus. Ne maniquez pas, je v;ous prie. die mne communiiquer les sentiments qlue le rapport preliminaire de la commiisiion Idonit je \.ous ai deja fait part) aura suscite, ainsi qlue q~uelques exemplaires~ dles jo~laurnu dle cette e~poque. Bref, nous ne lItchonsi point p~ied. De v-otre cite lenez fer~me egalement. Ce nest pas le Se~nateur Mac-Cormic~k et la commission qui statuent sur la situation, mais le D~partement d'Etat et ]e President. Nous nous sermons du reste de I'enq~uite pour ajouter au dlossier tous les renseignements possibsles afin q~u'il soit complete. Apres qluoi n7ous nous enl faisons des armes pour continluer la lutte aupres du Departemen t d'Etat. Mille amitibs a nos amis de Port-au-Prince, ains~i qlue toute ma s!mpathie et mes hommagoes respectueux ii Madamne Sylvain. Votre hien devoue. Ernest Anlgell P. S.-- Votre petit mot dlu 4 me p~arvient ce mnatin, nous soimmew de~soles d'apprendre P'effet du rapport preliminaire, mais nonl point Ptonnes. Lan lutte n'est plas terminee, qu'on tienne ferme. Nous av;ons encore le temps. Je ne crois pas qlue le rapport d~finitif soit dreese avant le ler mars au plus tit ; ensuite il sera depose dlevant le plein senat : apres q~uoi, le DeCpt. d'Etat s'en informera enl vue de statuer definitirement sur la question dansi sa totality. D)IX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 21 11 Janvier 19)22 Monsieur Th. Paret President du ComitC: de l'Union Patriotique, J~remie. Mon cher Collegue, Sans douter aucunemnent de notre complete concordance de vues avec tous nos comit~s regionaux, nous croyons utile a notre cause qu'ils protestent au nom des populations qu'ils repr~sentent contre les conclusions du Rapport Prbliminaire de la Commission d'Enq~uite sinatoriale publiees danns les jour- naux de la capital. Je n'ai pas encore vu les actes que vous av~ez transmis enl ce sens au Courrier Hai'tien, mais vous pourrez l'utiliser pour la redaction du texte de- mandP. En pareil cas, le plus pratiqjue est de convoquer la population a un meeting oul I'on fait voter la resolution. A titre de specimenr voici une dies formules qui ont ete adoptees : << La population de. .. .. reunie au nombre de. ... citoyens haf'tiens. ap'res avoir entendu la lecture des conclusions du Rapport Pr61iminaire de la commission s~natoriale d'enquate, publi~es le ...... dans le journal Le N'ouvelliste, de Port-au-Prince, protest avec indignation contre le traitemnent que les commissaires recommandent pour la Republique d'Hai'ti et contre les motifs a l'appui; insisted plus que jamais pour la seule satisfaction que puisse accepter le people hai~tien, la realisation de ses desiderata nationaux., A v'ous, a tous nos colleagues, toutes nos amities. A PROPOS DE DEFAITISME Rt~ponse au Matin. La maison brule II faut aller au plus~ presse. Le plus pressed est d'eteindre le feu. Apres on avisera aux moyens de la re- baitir. Que touet le monde fasse la chine ! J'ai promise au directeur de ce journal d'intervenir a sa place, toutes les fois que, au course de sa mission, une question de principle exigerait des expli- cations sur le sens general de son Le Matin s'est formalism du reproche de defaitismc; lance par le << Courrier Hai'tien >> apropos de deux de ses rdcentes publications. 11 y a plaisir et profit a s'expliquer avec le r~dacteur des < a ne pas perdre dans ses discussions le ton de la bonne compagnie. 22 GEORGES SYLVAIN Que danis la lutte enlgagee pour la liberation de notre patrie, son dessein arrate soit de creer un etat d'ime, propice a la << difaite hai'tienne >, nous n'y croyons pas et n'y avons pas cru unl seul instant. Si la rubrique << Manoeuvres >,, sous laq~uelle out et6 publi~es les reflexions de vendredi dernier, a pu a cet Cgard donner le change a. notre confrbre sur la pensibe veritable de son inter- locuteur, nous serions les premiers a le regretter. Mais sans qu'il le veuille expressement, par la tendance de ses ecrits il amollit la resistance a la domi- nationl etrangbre, en projetant dans l'esprit des lutteur~s de bonne volontC, au moment oh ils s'efforcent de raviver en eux et autour d'eux le sentiment pa- triotique, comme des vagues de defiance sur I'utilit0 de leurs efforts et I'effi- cacitC de leur actions. C'est en ce sens et pour ce fait qu~e nous l'avons rangb parmi ces dirmolisseurs de courage qu'on appelle communeinent des Au fond des airs varies que joue Le M~atin avec unle incontestable maes- tria, revient un leitmotiv que le << Courrier Haidten > a deja resume en ces terms pittoresques : < cribl6 par surcroit d'une infinite de defauts.-- Quoi qu'elle fasse, elle sera mangle. Au surplus, elle le mbrite totalement >>. Notre reponse est simple : < du monde : c'est notre patrie La perdre nous rendrait a jamais orphelins ,,... Notre confre~re nlous dit : << Le devoir du journalist est de renlseignler I'opinionl. On nie fait pas de la propaganda defaitiste, en se contentant de reproduire sans commentaire l'ar- ticle d'un autre > Comme si le jeu favori du d~faitisme n'itait pas de proceder par insinuation Que, dans une s~rie d'informations, relatives au Rapport preliminajre de la Commission d'Enquete, yous choisissiez les plus pessimistes et les lanciez dans la circulation, leur donnant ainsi le pas sur lej autres, sans avertir le lecteur benevole que la responsabilite en appartient exclusivement au journal d'oit elles sont extraites et qu'elles ne doivent itre accepties que sous reserve, pourrez-vous pretendre n'Ctre pour rien dans l'abattement des Ames oul le trouble se sera introduit a la faveur de ces << anti- cipations > tendancieuses ?. Entre la situation actuelle d'Hiai'ti et cell: de la Republiq~ue Dominicaine luttant l'une et I'autre pour leur autonomie, if y a des differences a l'actif des Dominicains nous ne l'avons jamais dissimule. Mais tandis que Le Matin semble en faire une sup~riorite de civilisation, nouls n'y voyons que des avan- tages occasionnels, une primaut6 de circonstance, qui n'a rien de d~finitif, le temps n'etant pas bloigne ou, dans l'evaluation des conditions d'ordre moral, politique et social, la balance penchait en faveur d'Hai'ti. Faut-il rappeler les 6poques historiques, ou~ le Gouvernement Geffrard soutenait le people dominicain combattant pour son ind~pendance contre le retour de la domination espagnole ; ou~ Nissage ne craignait pas de s'exposer DIX ANNEES DE LUTE POUR LA LIBERTE aux menaces d'un amiral nord-ambricain pour l'appui secre~tement prit5 par l'Etat d'Ha'iti aux patriots de la R~publique sclur, contre le traitC de vasse- lage consent par Baez aux Etats-Unis ? Ne sont-elles pas d'hier les declarations de non intervention arrachees au Secr~taire d'Etat John Hay, a la suite des representations du Gouvernement hai'tien, justement Cmu de l'attitude des Etats-Unis envers la R~publique domi- nicaine ? La vigoureuse champagne, menee ici contre la Convention Velasquez, pre- mibre implantation de l'Administration des Etats-Unis sur le territoire de notre ile, sous la forme de contr81e des douanes et de contrble financier, n'est- elle pas encore dans toutes les m~moires ? Tant que Hai'ti a en a sa tite des Chefs d'Etat patriots, il n'a jamais ete question de supbriorit8 < dominicaine >. Nous avons aujourd'hui a affronter un concours de circonstances inoui'.-- Qui a le droit d'affirmer que si nous savons aider notre chance, les ev~nements, dans un prochain avenir, ne se modifieront pas en faveur de notre people ? Il y a 14 mois que s'est ouverte en ce pays notre champagne de liberation, apres que nous nous sommes assures d'un point d'appui aux Etats-Unis. Pour avoir su saisir I'instant propice, nous avons r~alisi: aupres de l'opi- nion nord-ambricaine plus de progribs en 3 mois que les Dominicains en 4 ans ; et quand le message du Prdsident Harding les eut rejet~s a bas de leurs espd- rances, c'est au travail de nos D616guQs qu'ils ont dii de voir leur cause rebondic avec la n~tre sur un nouveau terrain. C'est possible que maintenant ils aient la chance de recueillir avant nous le fruit d'une preparation moins heurt~e ; il en eilt CtC peut-8tre autrement, si le people halitien avait eu, i cette heure decisive de son histoire, le gouvernement que lui m~ritaient en 1915 cent onze ans de ferme et constant opposition a toute tutelle CtrangBre. Quoi qu'il survienne d~sormais, leur cause et la n~tre sont solidaires; on ne saurait plus les disjoindre. A tout ce qui pourra arriver d'heureux a nos frbres dominicains, nous applaudirons avec enthousiasme. Nous n'avions pas attend un appel venu des Etats-Unis pour protester, dis le d~-barquement des envahisseurs, contre l'invasion de notre territoire et la violation de nos droits souverains. L'Union Patriotique, avec son organe de publicity < La Patrie >, a CtS fondue en Aofit 1915. A l'aide de ses seules forces, elle a meni l'assaut contre la Convention, et quand I'oeuvre d'asservissement, accepted par les d~tenteurs du Pouvoir Ex~cutif, sous la pression du gouvernement des Etats-Unis, eut CtB consomme par les Chambres L6gislatives, en d6pit d'une opposition opini~tre, elle ne fit que s'ajourner jusqu'a des temps plus favorables. II faut avoir pes8 tous ces faits, avant de hasarder un jugement d'en- semble on d~finitif sur notre pays. Comme toutes les soci~t~s humaines, le people hai'tien a ses qualitbs et ses d6fauts. Ce n'est faire ni une oeuvre just ni une oeuvre saine que d'insister continuellement sur ses d~fauts, sans mettre en relief ses qualit~s, qui ne sont pas moins rbelles et ne contribuent pas moins a composer sa veritable physionomie. GEONGESr; SY LV Ally Linti~ressantl ch11roiqueu r des << Propos du Jour > se felicite des louanges qlui lui sont adressee sur sa clairv\oyance, toutes les fois qlue les choses onlt I'air de tourner mal pour la cause hlaitienlne conform~ment a ses pre~vi~sions. Nous nie ferons pas l'injure a uni &crivain de sa valeur de croire qlue la satis- faction d'avoir raison conltre les esperanlces de ses concitoyens suffise a sonl amour-prop~re. Mais alors, quai ? Qu'est-ce qu'il attend ? Qu'est-c-e qu'il desire ? Qu'il le dise: done,: une fois p~our toutes Car un p.euple nie v:it pas seulemenlt de negations et de critiques. Si c'est une hy~pothetique r~ge~neration,, sous le fouet et la botte dies lynlcheurs de ne~gres. qlue nous en~ ayonls enfinl le coeur niet Sinoni, qlue ne rejoinit-il franichement le Drapeauu National don't nous avonls fait note signal die ralliement ? Autant qlue notre distingue conlfrre, nlous voulonls le prlogres, manis parll les Hai'tiens et pour les Hai'tiens ; comnme lui nous prbconisonls un changement radical dans les mi~thodes. dans les conceptions. dans I'education hal'tienne, mnais test-ce le moment de battre le rappel de toutes les sup~riorites dont les autres seraient pourvus, pour mieux en accabler notre indigence ? La maison brlle. Eteignlons d'abord le feu. Faisons la chaine pour l'etein- dre. Apris, nous diverserons a loisir notre while sur l'incurie de ses habitants. N~ous pourrons disserter ii perte d'haleine sur le danger des imprudences et aviser aux moyens die n'enl plus commlettre. Maintenant il fant aller au plus press& ; sau~er I'heritage des anlcitres, le patrimoine de nos enfants. N') eilt-il qu'une chance sur 100. une chance sur 100.000, tentons quand mime le sauvetage! Oui, je sais : tout est contre nlous. Le v;ent souffle enl temp~te: les: pompes sont hors d'usage, les pompiers se querellent au lieu d'agir, et I'eau mantque, I'eau manque cruellement Est-ce une raison suffisante pour se croiser les bras et laisser le fleau achev;er sonl oeuvre de d6vastation ? Continuonls a sonner f~alarme A l'aide, les voisins Alerte, les coeurs virils, les hommes de honne volonte Combattons jusqu'au dernier souffle pour q~ue P'honneur au moins soit sauf et pour Stre b~lnis de nos enfants (<< Le Courrier Hai'tien >, 27 Janvier 1922) Haiti-Santo D~ominlgo Indepenldence Society- Confidlentiellr Room 401, 20 Vesey Streett New-York, City Le 20 Janvier Cher Sylvain, C'est toujour~s emnbar~rassant de vouus ecrire unle lettr~e confidenltielle et det voir cette lettre publibe dans les journaux hal'tiens. Je comprends tres hien qlue c'est n~cessaire de saisir toutes les informations qui vous viennent de notre part pour encourager votre monde mais il faut absolument qlue j'obtienne votre promesse que tout ce qui vous soit Scrit inscrit << confidential >> le soit ainsi gardd par vous. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 25 Si vous on aucun autre Hai'tien croit que nous sommes d~courag~s par le rapport prbliminaire de la commission, yous vous trompez grandement. Beaucoup de choses que je ne peux pas a ce moment confier anlne lettre - pour des raisons 6videntes sont en train. Notre Soci~th vous a cabl6 vendredi la nouvelle de la presentation dans le S~nat de la resolution du S~nateur King (Democrat) de l'Ultah demandant le retrait des deux occupations (H~a'ti et Santo-Domingo) et l'abrogation des traitbs. I~ ya une seule chose qui nous attriste ici une seule.-- Et c'est I'esprit des Hai'tiens. Quoi Ils regoivent une mauvaise nouvelle et patatras tout tome par terre, on liche tout Comme si on avait dbja faith grand-chose pour se lib~rer. On n'a rien fait Les Hai'dens n'ont pas commencS a com- prendre ce sacrifice et puisqu'ils ne comprennent ils ne m~ritent rien que leur sort ga ne dit pas que nous qui voyons cette affaire comme un crime d'imperiasisme ne continnerons pas de notre part. Je dois ajouter que la posi- tion courageuse du Courrier Ha~itien, dont nous publions dans le numbro cou- rant de The Nation, parmi la tibdeur hai'tienne, la declaration inspirante est comme un souffle de vent frais dans une journey chaude. La commission n'a pas du tout 6t6 vaine. Nous avons officiellement et comrne histoire les docu- ments du ddpartement de la marine d'une valeur inestimable. L'affaire hai'- tienne base sur telle ill~galit6, corruption et force ne peut pas 8tre termin~e exceptC avec la revendication de tous les droits ha'itiens. Mais si on croit obtenir ce resultat avec les bras crois~s et en haussant les epaules, on se trompe. Je r~pihte ma question : < I'Union ramassd mime la some insignifiante de 35.0000') gourdes sur 35.000 membres dans une ann~e de travail ? Y a-t-il mille ou mime une centaine de personnel qui ont donn6, comme nous disons chez nous, << until it hurts >. Je connais, je crois, un peu la psychologie de votre people. 11 ne se nourrit pas comme font les Irlandais de leurs d~faites. Eh bien non, I'esprit que j'ai rencontrC en Ha'iti de la part de beaucoup de gens qu'on esp~rait << que la commission rapporterait quelque chose > n'est pas l'esprit qui mine a la victoire. Je ne peux pas vous dcrire plus long parce que le bateau part dans quel- ques heures. J'attends Hudicourt demain. Maintenant je desire que vous ne faites pas publier cette lettre dcrite a la hate et probablement tras mal exprimbe. Je ne m'adresse pas vous comprenez bien a vous et a ce petit nombre qui ont pris sur leurs 6paules le lourd fardeau de la tiche national mais si vous en voulez donner le sens paraphrasC venant d'amis ambricains on de membres de notre Soc~iith, je n'y ai aucune objection mais je prife~re ne pas itre cite en ce moment jusqu'au moment que j'ai des nouvelles pr~cises a vous donner. Jusqu'au bout ! Votre d~vou6 E. G. (1) Le correspondent faith ici allusion aux dettes impaybes de la champagne aux E. IT., il ne tient pas compete des depenses occasionnees par I'envoi des d616guds et la preparation de l'Enqubte Senatoriale. (Note de 1'editeur).- 26 GEORGES SYLVAIN TEXTE DE LA MOTION KING La Resolution suivante a it& prbsent~e au Sbnat par le S~nateur W~illiam Hl. King, de l'Utah et renvoyie au comitC des Affaires Etrangares. < tants de ces pays et par ailleurs d~savantageux pour les Etats-Unis ; que ce caractbre est dii, dans une large measure, a la presence des forces navales des Etats-Unis dans les dits pays et l'exercice par les Etats-Unis du contrale de leurs finances et de leurs revenues ; < Attendu que le dessein d'intervention des Etats-Unis dans les affairej politiqlues de ces pays, la conduite de leurs finances et de leurs revenues, leur police par les forces navales des Etats-Unis, a CtC accompli, et qu'il n'y a pas de nouvel advantage soit pour les Etats-Unis, soit pour ces pays qlu'une inter- vention quelconque dans leurs affaires se continue ; a En cons~cquence, il est rbsolu que l'opinion du S~nat des Etats-Unis est que le Pr~sident retire maintenant les forces navales des Etats-Unis de la R~pu- blique d'Hai'ti et- de la Ripublique Dominicaine et s'ar?.ange pour abroger tout traits, protocole, ou autre accord pr~voyant le contrale des revenues d'Hai'ti et de la R~publique Dominicaine par les Etats-Unis, on pr~voyant I'intervention des Etats-Unis dans les affaires politiques de l'un on l'autre de ces pays ; < C'est aussi 1'opinion du Sbnat que Saint-Domingue et Hai'ti soient libres de toute immixtion Ptrange~re dans leur politique domestiq~ue ou dans leur admi- nistration intbrieure.> < The Nation >, en reproduisant cet important document, ajoute : << La R~solution mdrite l'appui Cnergique de quiconque chkrit les principles d'antique honneur ambricains. 11 fournit la solution simple, directed et pratique de notre inexcusable invasion et conquite d'Ha'iti et de Saint-Domingue.,> (a Le Courrier Hi'itien ,>. 3 F~vrier 1922) *** LA MOTION KING Interview de Me. Georges Sylvain La protestation d'un des membres de la Commission d'Enqu~te augmente nos chances de n'8tre pas colonis6s. Le radiogramme de la Soci~ti pour l'Ind~pendance d'Ha'iti et de la R6pu- blique Dominicaine, le gros Sv~nement de la semaine, a mis un peu de haume aux coeurs que les declarations du s~nateur Mac-Cormick avaient profondC- ment abattus. Chacun le comment et voudrait en savoir plus long. Tenant compete de ce vceu de nos lecteurs, nous sommes allds aux renseignements aupribs de notre grand ami, Me. Georges Sylvain, Administrateur-Dk16gu6 de l'Union Patriotique, qui tris aimablement s'est pr~t6 i notre interview. D.--Quel est ce s~nateur King qui a pr~sentk au S~nat des Etats-Unis DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 27 une motion pour le retrait des forces expCditionnaires et l'abrogation des traitbs ? Est-ce le mime qui, nomm6C membre de la Commission s~na~toriale, aprbs avoir suivi toute l'enquate i Washington, s'est abstenu de venir ici ? R--Je crois bien que c'est le m~me. Mais tant que nous n'aurons pas regu des d~fenseurs de notre cause aux Etats-Unis un rapport sur ce qui s'est passe, nous ne pouvons rien affirmer. Nous ne tarderons pas a Stre fixes. Vous connaissez dbja, par ma dernibre communication aux journaux, I'etat de nos affaires la-bas. L'imp~rialisme avait fait mine de demasquer ses batte- ries. Cela suffisait pour porter les anti-imp~rialistes a mobiliser. Il y a des lib~raux parmi les d~mocrates, aussi bien que parmi les R~publicains. Mais les hommes politiques montrent mieux ce qu'ils sont, quand ils ne sont pas au pouvoir. Le S~nateur King est connu comme un esprit et un caracti~re indC- pendants. Il s'6tait beaucoup interess6 aux interrogatoires du Haut Personnel de l'Occupation. Si un des senateurs pouvait jouer le bon tour a ses collegues r~publicains de les mettre en flagrant dblit de contradiction avec eux-mames, c'6tait bien lui. Nous pouvons en tout cas retenir de son intervention un double indice, d'abord que sur les conclusions du Rapport preliminaire, I'opinion n'est pas unanime au S~nat, puisque l'accord n'a pas pu mime se faire entire Enqub- teurs, ensuite, qu'on s'attend i ce qu'il y ait bataille su Senat sur la question hai'tiano-dominicaine. Plus la lutte sera chaude, plus nous aurons chance d'ob- tenir des conditions meilleures. D.--Dien vous entende En ce moment la preoccupation g~n~rale ici, c'est I'ouverture de la crise pr~sidentielle, croyez-vous que la tournure actuelle des evenements soit pour en active le denouement ? R.--Vous entrez dans cet ordre de questions sur lesquelles je vous dissis en debutant que les precisions nous manquent encore. Mais il n'est pas douteux qu'en ce moment le gouvernement des Etats-Unis examine sous tous leurs aspects les affaires d'Ha'iti et de la R~publique Dominicaine, dont les repercussions. peuvent lui Stre tres ficheuses pour sa politique international comme pour le credit 61ectoral du parti r~publicain. L'imbroglio, crCB dans la transmission r~gulibre du pouvoir pr~sidentiel par les divers coups d'Etat pratiques chez nous contre la representation national et par les pidges calculus dont on a semen la Constitution revolutionnaire de 1918, rendra vraisemblablement n~ces- saire l'arbitrage du pouvoir stranger qui occupe notra territoire. Sous quelle forme ? On tentera peut-Stre d'appliquer au cas si 1'expedient du Haut Commissaire est decidement mis de catC, et si I'on ne veut pas d'embl~e convoquer une constituante, le fameux syst~me de cooperation, rejete par les Dominicains : une commission mixte de reconstruction. Ce qui complique pour nous le problame, c'est que, au rebours du President Henriquez, qui, ayant tous droits d'8tre rk61u, lo) parce que la Constitution, sous l'empire de laqu~elle il a 6th nommi, ne le defend pas ; 2o) parce qu'il a 6th arbitraire- ment d~possed6 de son mandate 16gal; 30) parce qu'il jouit de l'estime et GEORGES SYLVAIN de la sympathie generales ; refuse pourtant de se laisser reporter ai la presi- dence, n~ous a1vons au pouvioir q~uelqlu'un qlui, toujours inconsolable de sa posi- tion de v-ictime, aime tellement son calvaire q~u'au bout de r ans, 21 ne v.eut pas s'en de~tacher. II faudra hienI trouver qluand mi-me ul nmoy;en de resoudre la dlifficulte. On1 ne ferait qlue l'empirer en grreffant un nlou\eau coup dl'Etat sur. leR autres. Ml'est av~is qju'en pareille av-entur~e les procedie les plus holnnites sont encolre les plus sGIrs et les plus pratiq~ues. Pourq~uoi les hlommes du gouvernemnent ne s'arklenlt-il4 pas d'appliquer plus souv;ent aux affaires politiqlues les methodles du commerce par exemple.. oul pour garder son credit. il n'est rien de tel que de nie tromper personnle ? D).-Ce serait trop beau. Votre conclusion a propose de la motion K~ing ? R.--Quelle qu'en ait ete l'inspirationl quel qu'en soit le succes au S~natr c est un evenement heureux pour notre cause national. Elle consolide notre position morale devant l'opinion, en diminuant l'autorite des objections q~u'on nous a opposees. Elle fortifie l'action de nos defenseurs et nous donne unl r-egain d'espoir. Nous prenons conger sur ces mots de MIe. Geolrge Sy;lvain en le remer- ciant de son obligeance. (a Le Coulrrier Haitrien 7. no. du 24 janv~ier 1922 I + # Union Patriotique Port-au-Prince. 26 Janvier 1922. Monsieur l^Administrateur du << Coutrrier Hai'tien >>. Monsieur l'Administrateur. On evenement capital dlans l'histoire dlu monde, la reconnaissance die la Re~publique d'Irlande par I'Ang~leterre, a ete consacr~e cette semaine a New\-York par' une solennelle commemoration. On sait q~uelle est P~importance numeriq~ue, financie~re: politique et social des Irlandais aux Etats-Unis. C'est un des groupemenlts les plus solidement organis~s.-- Aussi les Irlandais d'Ameriquue ont-ils jove: un ri81e capital dans L'Omancipation de leur pays. Ils se pr~paraicntt la semaine: dernie-re. 11 feter, grandiosement I'oeuv~re a laqluelle ils ont, av-ec une foi. ulne ardeur, unle finacite admlirab~les, si lonlglemps collab~ore. A cate d'eux une place de choix etait reserve~e danls la solennite triomphale a la Redaction de << The i2Naiol >>. a qui les Sin-Feiners doivent une ,onne part de leur succe~s. M. Villard et sa v;aillante Revue travaillent, en effect. depuis de nombreuses anndes, a la victoire des revendications irlandaises. Que de sympathies p~re- DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA L1BERTE cieuses ne leur ont-ils pas conquises, surtout dans les Dominions :anglais. On peut dire qlue l'opinion a Ct6 retourn~e sur le compete des Sin-Feiiiers. < The Nation ,> a provoquC la grande enquite sur les r~pressions anglaises.en Irlande, qui n'a pas peu contribute a ce r~sultat heureux. En la publiant in~tegralement, elle a Cmu en faveur de la nation martyre la conscience universel~le, et du mime coup, a detruit les 16gendes qlue les Anglais avalent partout r~pandues sur la barbarie irlandaise... Les I-Iai'tiens ont une double raison de s'associer a la joie du people dl'Erin. La victoire de l'Irlande est celle du droit sur la force brutale et I'in- justice, de la liberty sur la spoliation et la tyrannie. Toutes les victims des Imperialismes d~chaines en ce moment conltre les petits peuples de l'univers, voient augmenter leur espoir de briser a leur tour .le carcan qui les oppresse.-- C'est un encouragement Cnorme a la resistance. Les Irlandais n'ont pas attend d'etre delivres pour s'interesser au sort d'Hai'ti. Leur organe new-yorkais, Thle Sin-Feiner, a multiplii ext noire favieur les protestations et les r~clamations.-- Deux de nos quotidiens (Le Courrier Hai'tien est I'un des deux) ont produit la declaration de leurs leaders, jurant a la cause national hai'tienne une solidarity perp~tudlle et une inbbranlable fid61ite. Jamais un Irlandais n'a failli a son serment, tt I'histoire .est la pour timoigner si leur attachment aux causes qu'ils servient est platonique. En presence de l'impitoyable avidit6 de la haute finance international, qui, par sa pression sur les gouvernements imp~rialistes, finira par determiner une conflagration universelle, les petites nationalists opprimb~es n'ont qu'un recours efficace : former une vaste coalition, fondue sur l'entr'aide r~ciproque, - devenir, a l'aide de ce groupement, une force respectable au service de la Justice et de la LibertB. Hai'ti doit s'appuyer sur I'amitie de l'Irlande. Tous nos enfants dtoivent Store 61eves dans l'id~e qlue les Irlandais sont nos amis. Nous nie pouvons plus vivrre eloignbs des peuples de q~ui nous rapproche unc communautC d'intiritj et de sympathie. C'est toute une education a refaire. Le Mexique vient de faire vers nous le premier pas, en donnant le nom d'Hai'ti a l'un des boule- vards de sa capital. Savons-nous qlue dbja Montevideo. capital de 1'Uruguay, avait eu le mime geste ? Allons vers le Mexique, allon~s vers l'U~ruguay, allons vers l'Irlande. Que notre politique soit d~sormais : << Aimons qlui nous aime >. a Faisons nous aimer de ceux dont les conditions de vie sont pareilles aux n~tres > En raison des considerations qui precedent, I'Caion Patriotique repri- sentire par l'Administrateur-D616gru6 du ComitC central, a, au nom des popu- lations hai'tiennes dont elle est I'organe autorisP, fait transmettre.,.ux repri- sentants de la R~publique Irlandaise a N\ew-York urr radiogramme ainsi libell6 << Nation ,>New-York << Glorious life to Irish Republic. From Patriotic Unrion for Haytian People, sent >. Syivain. 30 GEORGES SYLVAIN Nous serious heureux si toute la presse hai'tienne se joignait a nous pour augmenter l'6clat de cet hommage national a la jeune R~publique I1landaise et dans l'espoir d'8tre entendu, je vous prie: d'agr~er, Monsieur l'Administrateur, nos meilleures civilitbs. Georges Sylvain. (<< Le Courrier Haitrien >>, no. du 2'7 janvier 1922) Union Patriotique Ha~itienne Comith Central Port-au-Prince le 14 fev. 1922 Monsieur l'Administrateur, Un trbs grand ev~nement est en train de s'accomplilir aux Etats-Unis. La Chambre des Repr~sentants, a la majoritC de 230 voix contre 119, a vot6 le Dyer-Bill contre le lynchage. Pour que l'anti-lynching Bill prenne place dans la 16gislation fedkrale, il ne lui reste plus qu'a Stre adopted du Senat, ce qui est hautement esp~r8 par tous les amis des Etats-Unis, par tous les gens de bien, qui dans le monde defendent les droits imprescriptibles de la conscience universelle. Le people hai'tien a une double raison de se rejouir de ce vote, heureux pour notre race ; sa condition d'Etat noir et la reconnaissance: particuliere qu'il doit a nos conglneres des Etats-Unis, qui, en inscriv~ant parmi leurs pres- sants desiderata, i cate de l'abolition du lynchage, Ja restauration int~grale de l'independance et de la souveraineti de la Republique d'Hai'ti, ont solidarisS leur cause avec la n~tre. L'Union Patriotique convie toute la press hai'tienne a se joindre a elle p)our feliciter publiquement, a ce propos, I'Association national pour l'avance- ment des gens de couleur et son infatigable Secretaire g~niral, M. James Weldon Johnson, dont ce glorieux risultat recompense Ine longue sbrie d'efforts perseverants. Veuillez agreer, Monsieur I'Administrateur, mes sinceres civilitbs. Georges Sylvain. (cr Le Courrier Hai'tien >>, 13 et 14 fevrier 1922) Monsieur le D~r. R. Charmant, Jacmel. Mon cher Docteur, Je confie i votre phre un mot pour vous. J'espZire qu'il yous trouvera en DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE bonne -sant6 et reacclimat6 i Jacmel. Je n'ai pas su tout de suite votre d~part. Normil m'avait parl6 du project que vous avez de vous installer i Port-au- Prince. Je suis arll6 vous proposer de faire une conference a Parisiana et j'ai su a la Pension Rouzier que a l'oiseau n'etait plus au nid ,>. Retenez ce que je vous ai dit, a votre arrive : < L'Union Patriotique est une grande Force : elle est en parties inutilisbe, faute de Missionnaires de bonne volont8 parcourant continuellement le pays pour y semer la parole de v~rit6 et de foi. Elle est certainement en communion de sentiments avec tous les 616ments sains du pays. 11 ne lui manque pour se realiser pleinement que l'appui d'un Chef d'Etat patriote. L'avenement d'un tel chef n'est gubre concevable, a l'Ctape oil nous sommes du protectorat des Etats-Unis. 11 faut y tendre cependant comme a un progres essential, le pro- blame int~rieur et I'extbrieur 6tant Btroitement lies et se conditionnant l'un l'autre. Chacun de nous dans sa sphere d'action et d'influence, doit aider par sa predication Sclairee, stimulante, au triomphe des forces morales en notre pays. Votre pbre vous dira oil en est l'oeuvre libbratrice. Aux Etats-Unis la r~ac- tion est pouss~e aussi loin que possible. E11e tend de plus en plus au succ~s du parti liberal. C'est ici qu'elle est i peine 6bauch~e. Si pourtant on faisait droit au premier de nos desiderata, et que P'0ccupation etait retiree, avant que nous ne pussions repondre de la predominance des e16ments d'ordre, de fagon a garantir automatiquement la paix publique, r'e serait la faillite d~fi- nitive Tout dependra, en ce cas, de la bonne sante morale de la population et de la decision, du tact de ses leaders, c'est-a-dire des vraies autorit~s sociales de chaque region. Le premier point est, autant que j'en puis juge-r i distance, un point acquis, c'est le principal resultat de la propagande de 1'Union Patrio- tique : le r~veil du sentiment patriotique. Ce r~veil serait superficiel et illusoire s'il n'impliquait une restauration de la notion du bien public .et du devoir civique. Il ne s'agit plus, comme d'habitude, de protestation contre les abus de pouvoir dont on a souffert, sauf a les renouveler ou i les perp~tuer, quand une autre Cquipe aura pris la place de la garde a descendante >, il s'agit de faire la preuve qu'on a tout ce qu'il faut pour etre en acte une nation civilis~e et un gouvernement civilisateur. L'Cpreuve la plus delicate consistera a assurer la transition. 11 faut prevoir le recours 16gal i la force mat~rielle contre les 6ternels a profiteurs >, pour qui toute P'action politique est de prendre d'assaut P'assiette au beurre quand on ne l'a pas, et de s'y cramponner quand on l'a. Limiter ce recours au strict minimum exigera un doigte special. En temps ordinaire, tout cela n'excederait pas la capacity d'un esprit moyen, devouC &. son pays, dou6 d'6nergie et de pers~vgrance. Mais le probleme se complique en ce moment des effects d'une longue crise national et social qui a tout remis en question de nos efforts ant~rieurs, et de la presence du gendarme stranger, qui ne s'en ira pas sans vous imposer sa surveillance, peut-&tre ses embitches, et sans prendre ses stiretis contre toute defaillance, si meme il ne 32 'GEORGES SYLVAIN s'attachait, D~ieu mne pardonne, ai les provoquer Et je nle parle, bien entendu, que du maintien de la security publique Le r~tablissemen~t de l'ordre Cco- nomique et- financier n'exigerait pas moins de fermetd, de bon sens et d'ha- hiletC C'est done sur un homme d'Etat de grande envergure que notre destin doit nous faire tomber. Nous ne le connaltrons qu'a l'bpreuve, puisque l'ap- prentissage du pouvoir et la pratique des affaires publiques sont depuis long- temps interdits a. toute une cat~gorie de citoyens, les plus recommandables, ceux qui ont le souci de la dignity. Heureusement que parmi les n~tres, quel- qlues-uns semblent avoir I'etoffe des vertus n~cessaires a un leader national. Celui derriere qui les autres consentiraient a s'effacer, devra s'entourer de solides collaborateurs, animbs du mime esprit. Voila comment je congois la tiche i r~aliser. Autant je me vois y aidant de toutes mes forces, autant je ne me vois pas y pr~sidant. Union Patriotique Hai'tienne Comith Central Port-au-Prince, le ler F~vrier 1922 Au Directeur du Courrier des Etats-Unis New-York Monsieur le Directeur, Je vous ai promis de vous dire ce qu'a etC la r~cente enquite s~natoriale, menee a Ha'iti et dans la Republiqlue Dominicaine : une cruelle mystification ! Les Commissaires y ont donni trois jours a Port-au-Prince: moins d'un jour a Hinche et a Maissade. Ils ont traversC en courant St-Marc, Gonai'ves, Cap- Hai'tien, sans y interroger publiquement aucun tbmoin. Puis, ils out passe dans la R~publique Dominicaine, oft ils ont sbjournC une semaine, avec la mime pr~cipitation.-- Cela ne les a pas empachbs, a peine retourn~s aux Etats-Unis, de publier sans dbsemparer sur la situation des routes, des Ccoles, des finances, sur l'etat politique, Cconomique, administratif, intellectual et social d'Hai'ti, sur l'admirable conduite des Marines et sur leur oeuvre prestigieuse, une appre- ciation complete et p~remptoire. Quelle autoritC un homme sbrieuxr et loyal peut-il attacher a une telle enquite ? Nous' contestons que des conclusions aussi importantes que celles dontl Messieurs les S~nateurs Mac-Cormick et Pomerene out confi6 la propagation a l'Associated Press aient pu avoir pour fondement une visit si sommaire. Eux qui, i plusieurs reprises, se sont d~clarbs decides i ne tenir compete que des a Cvidehces > et des attestations directed, quand les victims des atrocit~s des Marines leur a~ffirmaient des faits de notori~tC publique, ne se sont pas fait scrupule d'endosser sans con~tr81e la responsabiliti d'all~gations erron~es, DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 33 dont it ne leur a pas ite possible de verifier le hien on le mal fond, dans le court intervalle qu'ils se sont m~nagC. A quoi se sont-ils r~f~rds, par example, pour fixer la proportion des illettrbs dans l'ensemble des populations ha'itiennes au chiffre ridicule et d~risoire de 9 8 oo? Oih ont-ils vu que des travaux d'assainissement aient 6tC effectubs par les agents des Etats-Unis pour rendre plus propres les petites villes de la cite hai'tienne ? Qu'est-ce qui leur a permis d'avancer que ces mimes agents ont fait pro- gresser (autrement que par une connaissance plus Ctendue du mal) l'Cducation du people ha'itien ? Sur quels faits pr~cis et irr~cusables s'appuie enfin leur declaration fan- taisiste que I'intervention des Etats-Unis a r~alisC a Ha'iti plus de progribs en 6 ans que toutes les Administrations haltiennes en 105 ans ? Ce parti-pris d'outrance, ce d~fi a l'humble v~rit6, quand il s'agit de choses dont le contr81e est a la port~e de tout le monde, ne d~notent-ils pas a l'Cgard de l'opinion une insouciance, assez peu propre a rassurer nos populations, qui voient leur sort d~pendre de la fragility d'un Rapport, condamn5 d~s maintenant a n'8tre plus une oeuvre impartiale ? A l'encontre des assertions injustifibes des deux honorables Enqu~teurs, nous affirmons et nous faisons fort de prouver : lo) que dans les 50 ann~es qui ont pr~c~d6 l'intervention des Etats-Unis, l'Etat hal'tien, proportionnellement au chiffre de sa population et de ses recettes budg6taires, n'a pas moins d~pensC pour I'instruction du people que la plupart des autres R~publiques ambricaines, les Etats-Unis mis i part, puisqu'il y consacrait, bon an, mal an, le neuvibme de ses revenues disponibles. Nos instituteurs primaires des deux sexes ne sont pas moins entendus que la moyenne des directeurs et professeurs du mime ordre fonctionnant aux Etats-Unis. Les r~sultats obtenus par eux tout au moins dans les Ccoles urbaines ne sont pas inf~rieurs i ceux qu'obtiennent leurs collogues nord et sud-ambricains. Les enfants du p~euple ne sont pas chez nous moins qu'ailleurs intelligent, nii moins d~sireux d'apprendre. Etrangers ou Hai'tiens, tous leurs maitres le reconnaissent a l'envi. 20) Les agents des Etats-Unis n'ont pas Ctabli en notre pays une seule route qui n'existit dbji. Ils ont consolid6 en les r~tr6cissant quelques chemins publics et rendu plus frayables d'anciennes voies de communication ; ils en ont pav6 quelques autres, A I'aide de terre, de gravier et de trones d'arbres;- sans plus.-- Aucun de ces travaux q~ui, pr8nbs B grand fracas, q~uoique ina- chev~s pour la plupart, ont servi de pr~text-e a l'odieuse exploitation des cam- pagnards connue sous le nom de corvi'e, et ont provoqub, outre le d~peuple- 34 GEORGES SYLVAIN ment de nos campagnes, la dernie~re rivolte des Cacos, ne vaut, a dire d'experts, les sommes Cnormes qu'ils ont coilt~es i la caisse publique. Les routes dont les officers des Marines se sont occup~s, le plus souvent avec une rare incompetence, n'ont et& entreprises qlue dans un inthrat purement militaire, pour servir aux transports par automobiles ; elles ne sont pas des voies de pin~tration et n'ont pas sensiblement contribu6 a rapprocher le producteur de l'intbrieur du pays des trafiquants de la c~te. Leur entretien n'est pas en plus grand souci qlue sous les administrations purement ha'itiennes, il est plut~t moindre par comparaison.-- La preuve de tout ce qlue nous disons peut Stre faite quand on youdra. Fait quasi symbolique, I'occupation militaire a biti un edifice public, digne de ce nom, le seul a notre connaissance : la Prison de Port-au-Prince. 30) Jusqu'aux d~nonciations retentissantes de la << Ligue du Bien Public >, en 1920, le regime des prisons accusait qluotidiennement dans certaines loca- lites, en particulier a Port-au-Prince et au Cap, un chiffre de morts tellement effrayant qlue les registres des detentions, relatives a la premiibre p~riode de l'occupation, ont &te en ces deux villes soustraites a toutes investigations. Jamais rien de pareil ne s'5tait constatC aux pires Cpt qlues de notre histoire. Si done des ameliorations ont 6t6 depuis introduites dans le regime meurtrier des prisons, on aurait tort d'en faire honneur i l'humanite des Occupants. Ils ne se sont souvenus de ce qlue la civilisation exigeait d'eux qlue quand il n'yr a plus eu moyen de resister a la pression de I'opinion publique. Est-ce i dire qlue pendant les six dernieres annees, les agents des Etats- Unis n'aient accompli rien de bon chez nous ? Nous avons trop le souci de la viriti pour le pr~tendre. Ils ont aidC au diveloppement et a la bonne tenue de nos services hospitaliers, fond une Ccole d'infirmriibres et un dispensaire de la Croix-Rouge ; contribuC a maintenir dans notre Corps M~dical une: salutaire emulation pour le bien. A l'exemple de nos anciennes municipalities independantes, les plus soucieuses de leur bon renom, ils out Cgalement contri- buC, par nos moyens usuels, a entretenir nos rues en bon 6tat de proprete et ont exercC sur la salubritC des habitations privies une surveillance efficace, quoique un peu tracassiibre par instants. Concours tris chirement payb mais dont il serait injuste de ne pas tenir compete dans le bilan de l'Intervention, si lamentable par ailleurs. Nous trouvons dans le Rapport prbliminaire de la Commission d'Enquite trois declarations, qui ne sont pas sans saveur, mises en regard de ses conclu- SIOHS. 1-<< La conduite des officers du Corps des Marines a &tb admirable et leur travail splendid >, n'a pas craint de proclamer urbi et orbi le Sdnateur Pome- rene.- Mais voild qlue son colli~gue, M. Mac-Cormick, qui, I'an pass, dans un article a la revue 4:The Nation >> denongait << la faillite > (the failure) de l'intervention des Etats-Unis i Hai'ti et i Santo-Dominlgo, recommande encore aujourd'hui comme d'importance extreme de n'envoyer chez nous qune des offi- ciers symnpathiques au people ha'itien, sachant Ctabir personnellement des relations cordiales avec les Hal'tiens, choisis non seulement i cause de leur DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE capacity a commander des troupes, mais de les commander a Ha'iti et parmi le people d'Hai'ti.-- L'insistance qu'il y met n'est-elle pas l'indice qu'on a sur ce point constat8 quelque lacune, ou Cprouv6 quelque deception ? 2.--Le S~narteur Mac-Cormick professe, en outre, qlue ( la paix et I'ordre out 6tC partout 6tablis 8 Haiti. > Si la paix, c'est cette solitude des tombeaux dont parle Tacite, et si l'ordre peut se concilier avec l'anarchie politique et administrative, pour qui M. Mac-Cormick lui-mame ne trouvait pas trop fort le terme de faillite, nous voulons bien a~dmettre que Hai~ti jouit d'un ordre singu- lier et d'une paix sp~ciale. D'oix vient alors qlue la Commission d'Enquite n'a pu ni voulu peut-2tre obtenir qlue le regime de la loi martial filt aboli on mime suspend a l'occasion de sa visit, quoiqu'il lui filt facile de pr~voir qlue le maintien d'une pareille measure serait un sbrieux obstacle au correct accomplissement de son mandate ? 3.-<( La grande masse du people hai'tien >, confesse le Prbsident de la Commission, < est simple et aimable >, << gentille et gendreuse >. Aurait-elle continue i miriter cet Cloge, pour peu qu'elle eilt suivi le genre d'Bducation qu'en 6 ans elle a regu des Marines ? En 1919, le lieutenant Williams, du Marine Corps, commandant du district de Mai'ssade, se prbsente a Lhermite, non loin de Mai'ssade, chez Mme Romain Brigarde, une des personnel les plus respectable de la localit6, paisible mere de famille de 60 ans, au-dessus du besoin, n'ayant maille a partir avec qui qlue ce soit, I'appr~hende, la traine dans la rue, et sans autre forme de process, la roue de coups de biton, jusqu'a ce que mort s'ensuive. Pais il oblige le fils de la victim i lui creuser devant sa porte une fosse et i l'y di~poser, stance tenante. A quelque temps de li, dans le bourg de Ma'issade, sept enfants d'Overn6 HergenC, notable du lieu, jouaient dans une cour avec de petits camarades de leur Bge. Le mime Williams passe avec une escorted de! Marines en patrouille. Par manie~re de distraction, ils font feu sur ces innocents, dont le plus 8gB n'avait pas treize ans. Deux sont tu~s et un blessC, qui vit encore, pour temoi- gner de la justesse du tir des Marines. Une blanchisseuse de Hinche, Via Joseph, surnormmbe Fifi, jeune femme de 25 ans, faisait la lessive du lieutenant Lang, grade: du Corps des Marines. Elle va au Bureau de l'officier lui demander paiement d'un petit arridrC de compete. << Attendez-moi >, dit le lieutenant, qui lance sur elle son chien de guerre, et du coup, elle a les cuisses et les seins completement d~vor~s. Au sujet des faits de ce genre les attestations se comptenrt par milliers. Ceux qui s'en sont rendus coupables n'ont mime pas Ct6 d~gradds. Or, si depuis qlue nos populations en subissent I'horreur, on n'a relev6 i leur charge aucun acte de vengeance ou de reprbsailles, aucun attentat, aucune menace contre les femmes ou les enfants des officers du Corps d'Occupation, n'est-ce pas la preuve qlue la culture morale du people halt~ien est superieure i celle de ses pr6tendus Cducateurs ? Le tout, en effet, n'est pas de savoir lire et Ccrire, c'est d'2tre un civilis6. Un homme inculte est moins danlgereux pour l'existence d'une soci~tC qu'un barbare, pourvu contre elle des armes des civilis~s. GEORGES SYLVAIN L'instruction est le principal outil du savoir, ce u'est pas le savoir C'est un moyen puissant de civilisation, ce n'est pas la civilisation ! Le campagnard hai'tien est souv~ent un illettre, mais il est loin d'8tre un ignorant. Sa condition intellectuelle, au t~moignage de tous les strangers qui I'ont pratiq~uC, ne le place pas au-dessous de la moyennl des paysans de maints pays d'Europe, elle serait parfois plutat au-dessus. Pour ce q~ui est de la civility et des bonnes manie~res, il se classes aux tout premiers rangs. Certes, nous lui devons, nous autres des classes dirigeantes, de I'elever a une comprehension plus haute de ses interits, de le munir de toutes les con- naissances propres a lui permettre d'accorder une contribution plus large au perfectionnement materiel et moral de notre comlmunle patrie.-- Notre faute capital est d'avoir trop tarde a remplir envers lui pleinement ce devoir.-- Mais aucune de ses inclinations naturelles ne le porte vers une pretendue civilisation, don't les adeptes ne congoivent d'autre forme de superiority que celle q~ui tient i la domination de la force brutale et- i l'accaparement insa- tiable des richesses. Quand, pensant avoir trouve un pretexte plausible pour justifier la main- mise des Etats-Unis sur nos droits et sur nos douanes, le Sdnateur Mac-Cormick depeint en ces traits notre people : << Population avienante et bonne, mais tres pauvre, d'une pauvrete primitive, et tout a fait d~nuee d'instruction >, il ne fait que recouvrir d'une toile d'araignee I'avidite i16mentaire, par ou l'imp~rialisme des carnassiers de la Haute Finance rejoint I'homme des ca- vernes. Mais il d~masque par surcroit I'indigence de son ideal de civilisation. Si le sens de I'activite humaine est, en ce monde, la poursuite du bon- heur, pensez-vous que augmenter les besoins du genre human et compliquer son mode de vivre soit le plus silr moyen de le rendre heureux ? Et pour ceux qui, situant le bonheur au-dela de cette vie, en font le: couronnement supreme de la bonte, que gagne-t-on a s'assimiler toute la science des livres, si c'est a pour perdre son ime > ? Agreez, je vous prie, Monsieur le Directeur, avec mes remerciements, mes plus cordiales civilit~s. Georges Sylvrain Union Patriotique Hai'tienne ComitB Central 11 F~vrier 1922 Au Directeur du a Courrier des Etats-Unis ,> New-York. Monsieur le Directeur, L'Associated Press a transmis le mois dernier aux principaux journaux des Etats-Unis des declarations du S~nateur Pomerene. membre de la Com- DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE mission senatoriale d'enquete a Haiti qui mettent en cause indirecte~ment l'Union Patriotique Hai'tienne. Permettez-moi, en ma quality d'Administratqur de cette Association, de rectifier ce qui, clans les propos de l'honorable S~nateur, est de nature a nous porter prejudice.-- Je dirai ensuite mon opinion sur les conclusions du Rapport preliminaire de la Commission d'enq~uite que MM. Mac-Cormick et Pomerene ont jug6 hon cle rendlre de~s a present publiq~ues. Parlant de la reception q~ue nos populations ont faite aux representants du Senlat dies Etats-Unis, M. le Senateur Pomerene en souligne le caractere << hospitalier >, mais il a cru hon d'ajouter que c'est en dipit de la presence de certain < festations de sympathie don't a ete partout salute dans le pays la7 venue de la Commission s~natoriale ont Ete toutes organises par I'Union Patriotique ou produites sous son patronage. J'en ai fait moi-mime a MI. Pomerene. le lende- main de son arrive, la declaration publique. Au debarquement des Commissaires a Port-au-Prince, le 29) Nov~embre dlernier, une foule, Cvalude a. plus de dix mille personnel, les a accueillis avec une franche cordialitP, ne voyant en eux que les messagners de justice et de paix de la plus haute Assemblee politiqlue des Etats-Unis. Mais les manifestants onlt tenu a marquer, des cette premiere prise de contact, I'opposition tre~s nette de la nation hai'tienne a 1'occupation militaire de son territoire, au traits qlui lui a ete impose, ainst qu'a toutes les restric- tions mises par le Gouvernement dles Etats-Unis a sa souverainlete et a son independance et comme cela se pratiqlue aujourd'hui clans tous les pays civi- lises, notamment auxr Etats-Unis de l'Amerique du Nord, ils affirme~rent leurs sentiments et leurs vues sur des pancartes et des bannieres avec lesqluelles ils parcoururent processionnellement, en silence, sans aucune id~e de provo- cation. le centre de la ville.-- Apre~s quoi pancartes et bannie~res fu~rent d~posees dans le mime ordre aux pieds de la Statue de Dessalines, Fondateur de l'Ind6- p'endance hailtienne. Le lendemain la manifestation, sans avoir pour objet d'offrir des souhaits de h~ienvenue auxt hates de la ville, fut r~pitbe a peu pre~s dans les mimes terms et avec une affluence presq~ue aussi considerable par la Ligue de la jeune Hai'ti. Aux Gonai'ves, au Cap-Hai'tien, oil la Commission Sinatoriale s'arre~ta peu de temps, a son retour de Port-au-Prince, elle eut la joie de voir la popu- lation de ces deux villes improviser en son honneur, sous la, conduite des Comitbs locaux de l'Union Patriotiqjue, une reception nonl moinse triomlphale, mais 6galement marque de l'exhibition des pancarte~s et des banlnie~res r~cla- mant I'Independance et la Souverainete nationals. Partout oil ont &tt arbortes nos inscriptions elles formaient unl ensemble, se compl~tant les unes les autres.-- Voici comment se presentaient celles que le S~nateur Pomerene a g~nbreusement qlualifibes d'incendiaires : Le Peuple des Etats-Unis a eti induit en erreur. Hai'ti sera-t-elle votre Irlande ? -- Hai'ti sera-t-elle votre Belgique ? -- Ha'iti sera-t-elle votre Congo ? Trois mille Hai'tiens massacres demandent justice. L'autonomie d'Ha'iti. -- La restauration de nos institutions. -- Donnez-nous la liberty on la mort ! La jeunesse de Port-au-Prince a foi en la justice du Peuple des Etats- Unis. Elle r~clame la libertC du Peuple ha'itien confisqube, le retrait de l'Occupation, I'abolition de la Convention imposee a ce Peuple. Esp~rance, Jeunesse enfantine. -- Bienvenue cordiale i nos H~tes. De son ctSt la Ligue de la jeune Hai'ti s'est rendue responjable de ces inscriptions horrifiantes : Riclamous du Prdsident Harding l'ex~cution des promesses du citoyen Harding. Protestons avec le Prbsident Harding contre la Constitution Franklin- Roosevelt. R~clamons evacuation du territoire et suppression immediate de la loi martial. -- R6clamons unle politique honnite, loyale et franche. -- R~clamons le droit de disposer librement de nous-mimes. -- D~sirons vivre amis, non sujets ni esclaves des Etats-Unis d'4mbrique. Vive Hai'ti libre, ind~pendante et souveraine. -- Vive une Ambrique just et respectueuse du droit des faibles. L'Union Patriotique est une grande Association hai'tienne, qui rallie i son programme d'action la tribs grande masse des populations du pays. Elle a pour objet essential de travailler a faire lever les restrictions mises par les Etats-Unis au plein exercise de l'ind~pendance et de la Souverainet6 de notre Nation. Pour cela elle n'entend se servir que de moyens pacifiqlues. 11 n'y a pas de doute que, proscrivant la violence et ne cessant de recommender au Peuple Hai'tien de faire credit de justice et de loyaut6 au people des Etats- Unis, elle n'ait aid@ et n'aide au maintien de la paix publique. Tous ceux que leurs functions pr~posent au mime office, notammen~t les agents militaires des Etats-Unis, sont ainsi ses oblig6s qu'ils le reconnaissent on non. Per- sonnellement, si le terme d'agitateur s'entend d'un perturbateur politique ne visant qu'au desordre et n'aspirant qu'8 des satisfactions d'ambition person- nelle, toute ma vie le repousse. GEORGES SYLVAINr 38 DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Je suis arrive a l'8ge de 55 ans, sans avoir jamais CtB dans mon pays ni Ministre, ni S~nateur, ni diput6.-- 11 ne m'aurait pas 6tg tribs difficile d'occu- per ces functions, mais il m'a suffi de celles de professeur a l'Ecole Nationale de droit, de Juge au Tribunal de Cassation, de Ministre: plinipotentiaire d'Ha'iti en France et aupres du Saint-Siege. Je n'6tais pas accr~dit6 depuis 3 ans aupres du Gouvernement Frangais, qluand la Republique d'Ha'iti eut a faire l'epreuve d'un nouveau Chef d'Etat.-- Le Gouvernement de la Republique Frangaise, n'ayant pas riussi a voir agrier sa demand amicale de me faire maintenir a mon posted, oil disait-il, je m'Ctais acquis en peu de temps la consideration gn6nrale, m'offrit la rosette d'officier de la L~gion d'Honneur que je porter avec fiertC, a cat6 de cene d'officier de l'instruction publique, par quoi il lui a plu de reconnaitre mes constants efforts pour la propagation de la culture frangaise.-- Quoique absent de Paris, j'ai eu, il y a trois ans, 1'heureuse surprise de recevoir de la Socidti de Sociologie la nouvelle qu'elle m'avait choisi pour faire parties de son Bureau triennal, avec MM. Alexandre Ribot, le Prince Roland Bonaparte, Yves Guyot, H. Bergson. Je lui appartenais dbja, en quality de membre associC de l'Institut Inter- national de Sociologie. Si je donne ces r~f~rences, Monsieur le Directeur, ce n'est pas dans le vain et futile dessein de me faire valoir, c'est afin d'attester au S~nateur Pome- rene qui a cru peut-8tre me diminuer sans me connaltre, que je ne suis pas le vulgaire r~volutionnaire qu'il s'est imagine, sur la foi de rapports insuf- fisamment contr816s. C'est contre l'anarchie, d~velopp~e par le regime qu'a instauri en mon pays I'intervention des Etats-Unis que j'ai entrepris la lutte, c'est pour le retour a I'ordre 16gal, pour la restauration du droit violC, que je suis sorti de ma retraite volontaire.-- Je lisais tout r~cemment dans la grande Revue lib6rale de New-York, Thle Nation, que, parmi les agitateurs et les malcontents dont M. le S~nateur Pomerene fait les seuls adversaires de la domination des Etats-Unis a Hai~ti et dans la R~publique dominicaine, il faut computer Monseigneur Nouel, Archevique de Santo-Domingo, le Cardinal Mercier des Antilles. < agitateur, n'en doutez pas pour la liberty, pour la justice, pour le droit divin des peuples i diriger eux-mimes leurs destinies.>> Nous tous qui livrons le mime combat contre toutes les formes d'impB- rialisme, nous acceptons d'6tre qualifies d'agitateurs, pourvu qu'on nous con- cihde que c'est A la maniere des Jeanne d'Arc, des John Brown, das Byron, des Lamartine, des Wilberforce, des O'Connel, des Rossi, des Kosciusko, des Jose Marti, des Adolphe Nouel. 11 me reste maintenant a vous dire, Monsieur le Directeur, ce qu'a 6tB la rdcente Enquite S~natoriaile menbe a Ha'iti et dans la Ripublique domi- nicaine : une cruelle mystification ! Union Patriotique ComitB Central L'ACTION POUR HAITI AUX ETATS-UNIS 2 F~vrier 1922 Monsieur l'Administrateur du << Courrier Ha'itien > En Ville. Monsieur l'Administrateur, Apres M. Johnson, aprils le Dr. Gruenling, apr~s M. Angell, M. Villard a tenlu i donner j l'Union Patriotique l'assurance que la volte-face inattendue de la Commission d'Enquite n'a en? rien Obranl6 la confiance ni diminuS l'6ner- gie des dkfenseurs de notre cause aux Etats-Unis. Ce n'a Cth qu'un stimulant a intensifier leur effort. Tous ils prennent part a la bataille qui continue de se livrer devant l'opinion.-- Dr. Gruening, M. Angell lui-mime, r~cemment en meeting i Boston, Mrs. Weed, Miss Foley, MM. James Johnson, Seligman et les autres, moins connus de nous. L'intervention du S~nateur King a &tC une nlouvelle preuve de I'efficacite de leur action. Mais ce a quoi nous semblons ne pas penser, c'est qu'ils sont seuls a supporter en ce moment les frais de cette rude campagsne. Notre insouciance et notre inertie sur ce point ne sont pas sans les prboccuper, car ils pr~voient une lutte de longue haleine. eComment sans contribution de notre part travailler i nous rendre libres ? ( Nous voulonls aller jusqlu'au bout, nous ecrit M. Villard, si les Hai'tiens sont ddcid~s i tenir, mais rendez-vous compete de nos charges. Qu'ils nous aident i les aider.,, M. Villard est un terrible ap~tre. 11 s'est youC a l'affranlchissement de l'Irlande, et I'Irlande est aux trois quarts lib~rbe. 11 a pris a. coeur l'autonomie des Philippines, et voici que le Pr~sident Harding, mettant de catC la suggestion des Enqutteurs officials de maintenir l'Occupation de cet Archipel, a d~clarl lqu'il ne d~cidera rien, sans avoir en main les contre-propositions des Phi- lippmns. M. Villard a mainltenant Hai'ti sons sa garde. Ceux qui lui font cheeke l'auront en face d'eux, jusqu'a ce que notre droit soit retabsli. Aidons-le a nous aider. L'Union Patriotique fait encore une fois appel a tous les patriots hal- tiens. Notre souscription national reste ouverte. Que partout des fates s'orga- nisent au profit de l'oeuvre lib~ratrice. Que dans toutes les associations, dans toutes les families, il y ait un coffret special, oil sera depos6 quotidiennement le sou de la dblivrance. Ne cessons plus d'y denser. Si peu que ce soit, chaque obole comptera, pourvu qlue chacun verse la sienne. Peut-itre n'arriverons-nous pas a faire ainsi tout ce que nlous voudrions (car le pays s'est appauvri) ni mime tout ce que nous devrions i notre propre DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 41l redemption, mais nous aurons du moins fait quelque chose pour la sauvegarde de l'honneur national. Veuillez agrier, Monsieur l'Administrateur, nos sinckres civilit~s. Pour le Bureau sign& : Georges Sylvain, M. Morpeau, P. Thoby, C. Rosemond, H. Baussan. 1<< Le Courrier Hai'tien ,, no. du 4 f~vrier 1922) *** DISCOURS PRONONCE A LA SEANCE PUBLIQUE D'AVRIL 1922 Mes amis. Ce dont les peuples en tout temps et en tout pays ont le plus besoin. c'est de clartC. Mais quand on est d'un pays de soleil et qu'on a l'esprit nourri de sirve franco-latine, on souffre d'autant plus de ne pas savoir oix l'on va et d'8tre le jouet de volontds qui nous dominant, sans qu'on soit toujours stir que leur orientation reste la mime. J'arrive des Etats-Unis. Je n'y suis allC que pour ticher de dissiper les t~ndbres oil nous nous agitons, mais ce sont des ombres mouvantes qui, quand on croit les avoir perches, vont se reformer un peu plus loin. II y;a quinze jours, je partais de New-York, certain de connaitre touted les donn~es du problem ha'itien. Il s'est compliqu6 depuis lors d'un nuage nouveau : le coup d'Eta~t constitutionnel qlue md~dite de r~aliser, dit-on, le 10 Avril, le Conseil d'Etat. Dans quelle measure le course des Cv~nemnents qui se d~roulent 10bhas va-t-il Ctre influence par cet acte, s'il se r~alise. On en est r~duit aux conjectures. Mais dites-vous bien, quoi qu'il arrive, que l'incident du Conseil d'Etat ne sera qu'un Cpisode dans la lutte engage devant le S~nat des Etats-Unis pour et contre I'ind~pendance et la Souiverainetd d'Hal'ti. Qu'en adviendra-t-il ? Tout d~pendra des dispositions du S~nat. Si elles sont tournees en notre faveur, tout ce qlu'on aura machine pour changer les conditions rCguliibres du jeu sera imput6 i faute et ne servira qu'a nous gagn~er davan-tage 1'arbitre. Alors on aura vite fait de trouver les formules ou les measures rectificatrices des movements prdmaturbs. Si nous ne rbussissons pas a nous rendre favorable la majoritC des S~na- teurs, les anticipations de la derniibre heure passeront dans le flot des irr~gu- larit~s commises. Le Haut Commissaire dominera seul ou avec la collabora- tion fictive du mandataire des Conseillers d'Etat, cependant que nous nous pr~parerons i reprendre la lutte i la session suivante, devant un S~nat renouvelC. Dans l'un comme dans l'autre cas, notre ligne de conduite est toute trace : ne pas nous laisser distraire de la champagne qui se pursuit aux Etats-Unis et dont depend le fond de notre affaire ; nous porter vite au secours de nos d~fenseurs. 42 GEORGES SYLVAIN En d~barquant i New-York, le 20 fevrier, je les ai trouvbs en pleine acti- vitC, engages avec le Parti adverse dans un combat d'avant garde. La nomination du Haut Commissaire, M. le Brigadier g~nbral John Russel avait Cmu I'opinion. Le Journal Le Globe, dans un article retentissant l'avait d~noncee comme une insulte aux sentiments du people hai'tien. De son catC, la Socit6t pour I'Independance d'Hai'ti et de la R~publiq~ue Dominicaine avait adress6 contre elle une dnergique protestation, longuement motive, au S~nat, qui, la surveille de mon arrive, venait d'8tret saisi d'une Resolution du S~nateur WCalsh, lui demandant de reqludrir du Pr~sident des Etats-Unis la confirmation officielle de cette measure et la communication de tous ordres, commissions, instructions orales on Ccrites donnas au g~nbral Russel. Dans une lettre privie a l'un de ses amis, le Prisident Harding d~clara n'avoir agi que sur la recommendation de la Commission S~natoriale d'en- q~uite. Mais consid~rant que ses prerogatives constitutionnelles Ctaient en jeu, il r~pondit au Sbnat qu'il ne croyait pas compatible atvec 1'int~rat public de divulguer ses instructions speciales au G~nbral Russe~ll. Pour le surplus, il d~ferait au d~sir de la Haute Assembl~e. Cette r~ponzse ne satisfit pas tous les S~nateurs. La Rbsolution Walsh avait Pte vote par le S~nat i 1'unanimite, sans objection. Le S~nateur King proposal qu'il y filt adjoint une motion additionnelle, renvoyant a I'examen du Comite de Justice le point de savoir si la nomination de ce Haut Commissaire, Ambassadelur Extraordinaire et re- pr~sentant special du Pr~sident des Etats-Unis, en dehors de toute approbation du S~nat, Ctait conforme a la Constitution et aux lois fid~rales. Ainsi en fut-il ordonne. Notez, Messieurs, que le S~nateur Wralsh (du Montana), un juriste qui fait autoritC au S~nat et qui, comme influence dans le parti d~mocrate, vient imm~diatement apribs le leader Underwood, est membre du Comit6 de jus- tice. Au moment oil il donna lecture de sa Risolution, le S~nateur Borah, le Ch. Sumner de l'Cpoque actue'lle, dont le prestige est sans analogue au Sbnat, Ctait au pied de la tribune. Sans s'2tre concert avec son colleague, il venait faire la m~me proposition. Le grand orateur appartient egalement au Comite de justice. A q~uelques jours de la, il prit la parole en faveur d'Ha'iti, ainsi que le S~nateur Norris, pour rappeler que, di~s le d~but de 1'intervention, des voix autorishes dans le monde juridique en avaient signalC I'ill~galit6. Done le group liberal tout entier, qui compete des adhesions parmi les R~publicains comme parmi les D~mocrates, a pris position contre le maintien de I'Occupation d'Hai'ti et de la R~publiqlue Dominicaine.-- Ce n'est comme nombre qu'une 61ite, mais cette Clite comprend des hommes irridactibles, ceux qu'on appelle les irrdconciliables. Les batailles les plus difficiles, ils les ont gagn~es.-- Quand Borah et Johnson ont commence, de concert avec Lodge, la champagne contre le TraitC de Versailles, ils 6taient combien de S~nateurs dissi- dents ? Moins d'une dizaine. W~ilson, i l'apogie de sa puissance, n'a pu avoir raison d'eux, et ce sont eux qui finalement I'ont terrass6. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Des personnel mal renseign~es sur la procedure parlementaire aux Etats- Unis et sur l'6tat actuel de Ila question haitienne au S~nat, ont du dehors affected de croire que la r~ponse du Pr~sident Harding et le depart du Haut Commissaire out clos les debats sur l'affaire Russell. Il n'en est rien, comme je vous l'ai fait voir. Cette nomination soul~ve une question pr~alable, une question de principle. La ribgle est que les nominations aux functions publiques faites par le Pr~sident soient approuv~es du S~nat. La charge du Haut Com- missaire dont le Pr~sident Harding a invest le Gdn~ral Russell, doit-elle 6chap- per i cette ragle ? D~ja la question s'6tait pose, parait-il, dans les cercles officials a propos du Gouverneur de Porto-Rico, dont la nomination n'avait pas CtC soumise a la sanction du S~nat, et qui est maintenant en conflict declare avec la population de l'ile. Le S~nat a int~rat i trancher le d~bat par une decision doctrinale et autant qu'il est possible de pri-juger des votes d'une Assemble d61ib~rante, toutes les chances sont pour que la majority le tranche dans le sens des prerogatives s~natoriales. < doute que le Pr~sident Harding n'obtempere a la decision du S~nat, ou bien en soumettant la nomination du Haut Commissaire i sa sanction, ou bien, s'il constate que le vent ne souffle pas de son cath, en y renongant purement et simplement.-- Mais le S~nat n'hesitera-t-il pas a infliger au President cette d6sapprobation directed ? Quand le Senat exerce ses pr~rogatives consti- tutionnelles, a propos d'un cas qu'il juge Stre d'int~rit g6nbral, il ne se pr~oc- cupe gubre de savoir si le President sera content ou non. Les Prbsidents ne s'affectent pas d'ailleurs, pour si peu, chaque Pouvoir exercant avec ind6pen- dance dans la sphere qui lui est r~serv~e ses attributions 16gales., Quant i l'intbrat que le S~nateur W(alsh a eu a sa faire communiquer les instructions secretes donn~es au G~n~ral Russell, yous en apercevrez toute 1'importance, si vous vous rappelez que les deux questions les plus pressantes i quoi tient l'ensemble du problem hai'tien, sont 1'emprunt et I'iAlection prbsi- dentielle. Le S~nat ne pourrait qu'8tre disagreab~lement impressionne, s'il lui Ctait r~vBle que, avant le depat ~du Rapport de la Commission d'enqu~te et l'examen des R6solutions qui y out trait, I'Administration, i la suggestion de la mbme Commission d'enquite, aurait persist6 a en decider en dehors de lui. Apres le dp6pt de sa motion additionnelle, l'infatigable S~nateur King a soumis an S~nat le 10 Mars la R~solution suivante, dbveloppement de sa pre- mibre motion. de la R6publique d'Ha~iti depuis 1915 et que le Peuple hai'tien desire main- tenant le retrait de ces forces et I'abrogation du trait6 de 1915 entire les Etats- Unis et la R~publique d'Hai'ti. Et attend que le terme des pouvoirs du Pr~sident actuel d'Haiti, elu en 1915, expire le 15 Mai 1922; et qu'il n'y a pas eu i Ha'iti d'C1ections de d~put~s et de s~nateurs depuis la dissolution de la Chambre des d~put~s et du S~nat en 1917. En consequence, 44l GEORGES SYLVAIN 11 est r~solu : que l'opinion du Se~nat est que les Etals-Unis mettent fin~ immediatement i la sus-dite Occupation militaire d'Hai'ti, abrogent le traits~ de 1915 entire les Etats-Unis et Hai'ti, sous lequel la dite Occupation est main- tenue, et restaurant le Gouvernement constitutionnel d~mocratique a Hai'ti. Il est risolu qjue, pour realiser ces fins, le President des Etats-Unis soit respectueusement requis : lo) de dfnoncer le traits de 1.915 et le Protocole du 28 Mars 191'7 prolongeant le dit TraitC pour produire les mimes effects a l'expiration ou avant I'expiration de la piriode de 6 mois pr~vue au p~ara- graphe 3. 20) de faire ce qui sera necessaire et appropriC pour restaurer un Gouvernement pleinement democratiqlue et constitutionnel a Hai'ti et en parti- culier pour ordonner au Commandant de la Brigade des Marines des Etats. Unis d'agir comme suit Assumer temporairement le 16 Mai 19)22 les pouvoirs et functions gou- -ernlementales sur le territaire de la R~publique d'Hait~i, necessaires pour pour- voir immbdiatement a la realisation d'elections populaires libres a Hai'ti, le ler Juillet 1922, au plus tard, en viue de la formation d'une Assembl~e natio- nale Constituante, composee d'un membre par Commune existante ; reunir la dite Assembl~e le ler Aoilt 1922 au plus tard ; I'investir des functions et pouvoirs d'61aborer et d'adopter une nouvelle Constitution poor Hai'ti, de choisir et d'installer en charge un Pr~sident et un Gouverneme~nt d'Hai'ti; 30) Dans une p~riode de six mois apres la date oil le President dl'Haaiti, choisi par la dite Assembl~e constituante aura notific au Gouvrernement des Etats-Unis l'adoption d'une Constitution et son invrestissement des functions prisidentielles, retire du territoire de la R~publique d'Hai'ti toutes les forces militaires et navales des Etats-Unis et faire remise au Gouvernement d'Ha'iti de toutes les functions et de tous les pouvoirs de Gou~vern,-ment, maintenant et dans la suite exerc~s i Hai'ti par tous agents civ~ils et militaires des Etati;- Unis.>> Messieurs, le Senateur Kin~g est citoyen des Etats-Unis. Ce qui emeut enl nous les fibres profondes de notre sensibility& d'Ha'itiens, ne: saurait I'affecter de la mime manie~re. Prboccupe d'aboutir vite, il a ete au plus pressed : nous epargner le pire et a la faveur d'un texte de conciliation entire les deu:x solutions opposes, se donner le plus de chances possible de rallier la majority. Une fois que le Senat se sera prononcC, il n'admet pas que personnel puisse se hasarder d'bluder les consequences du vote Cmis. Ayez d'ailleurs hien present a l'esprit q~ue pour tous les hommes politiques des Etats-Unis tous sans exception le protectorat fonctionne depuis 1915, sous la fiction 16gibre d'une prlsidence de facade. C'est de ce fait qu'on part, soit pour d~faire ce qui a et6 mal fait, soit pour le consolider par des moyens plus habiles. Mais comment n'aurais-je pas tressailli de douleur et de honte a la pensee que par la defection volontaire des d~tenteurs de l'autoritC ha'itienne, acharnes a pi~tiner leur loi national, c'est au repr~sentant d'une Puissance etrangere que, dans l'hypothise qui nous est la plus favorable: va incomber le soin de DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE procedler a la reconstitution de nos Pouvoirs Publics !Voji done a quoi auront conduit tant de ruse, tant de duplicity et ces attentats r~it~rbs contre la representation national! Dieu sait si le souvenir nous est cuisant des manifestations constantes dl'hostilit6 qjui nous sont venues de l'autre c~td de la barriere ! Dieu sait si nous aurions des raisons 16gitimes de: nous dl~fier de f'actionl meurtriere des b~nificiaires du regime actuel: tant q~u'ils garder~aient le: pou- voir de nuire ! Mais Hai'tien avant tout, Hai'tien integral, j'ai rejete loin de moi toute pens~e de recrimination, je leur ai fait credit dans cet instant supreme, d'une dernie~re Ctincelle de patriotism, et j'ai propose an S~nateur King de laisser le Conseil des Secr~taires d'Etat, conformement a nos traditions constitution- nelles, exercer le pouvoir execu~tif pendant I'interim pr~sidentiel et convoquer les Assembl~es Primaires pour l'61ection d'une Constituante, selon un statut electoral propre a garantir la sinc~rite du vote. N'a-t-on pas vu, dans la derniere guerre europienne, d'anciens diserteurs, de ceux qui s'etaient refuses jusque-la a payer I'impal du sang, mourir de la mort des braves, parce qu'ils tenaient le drapeau Mt is le temps: a paru trop court pour proc~der i des remaniements de texte. La R6solution dtait prite : il fallait laisser au Comite des Affaires Etrangibres un d61ai raisonnable pour l'Ptudier. En some, m'a-t-il ete dit, 1'essentiel est de sortir de l'impasse actuelle. Si vous obtenez pratiquement le retour a l'ordre 16g~al, la restauration des institutions halitiennes, I'abrogation du Traite de 1915 et de son perfide annexe, le Protocole de 1917 (Combien d'Ha'itiens, Messieurs, se doutent que deja une sous-convention pour laquelle on escomptait vraisemblablement I'approba- tion m~canique du Conseil d'Etat, a proroge notre asservissement au-dela du terme de 1915) si vous obtenez par-dessus tout le retrait de l'Occupation, faites bon march des proc~d~s dont on se sera servi pour y arriver, puisqu'il est unanimement reconnu que dans l'6tat d'anarchie oih vous vivez, il n'y a plus de Pouvoirs constitutionnels > Je n'ai pas Cth, je ne suis pas encore convert a ces arguments. 11 y a au fond de la Motion, telle qu'elle est actuellement rCdig~e, un redoutable mnconnu. Quoi qlu'il enl soit, mon point de vue, ayant etB trouve just et int~ressant, r~este tenu en r~serve. Le texte de la Resolution King n'est pas dr:hlnitif ; si les solutions q~u'il pr~conise sont adoptees en principle, j'estime q~u'il nie peut man- quer d'i8tre amend& au course des d~bats. On aura, je pense, par example, a y introduire une disposition relative au statut electoral; I'opportunit6 apparait igalement d'y stipuler que pendant I'int~rim presidentiel le statu quo sera maintenu pour les matibres d'ordre gouvernemental jusqu'a la nomination dlu nouveau Pr~sident. Mis au courant de nos desiderata~et -du prix q~ue n~ous attachons. a ce q~ue 46 GEORGES SYLVAIN I'autorit6 ha'itienne reste aux Hai'tiens durant la vacance pr~sidentielle, nos d6fenseurs an Sinat auront i en tenir compete, car c'est a cette condition que des patriots convaincus ont pu faire confiance a la derniare Resolution King. En raison des grands services rendus par le Courrier Hai'tien a notre cause national, je tenais beaucoup a saisir la press de New-York, de~s son arrive, des derniares persecutions dirigees contre lui et son Administrateur, P. Lemaire. Mais au moment oil j'ai quittC Ha'iti, cette affaire ne s'6tait pas encore dbroulee en Cour martial. Ceux avec lesquels j'eus le temps de com- muniquer, le Courrier des Etats-Unis, le Newu-Yorki Call, le Negro-W~orld, le Globe, I'Evening Post, s'y employbrent de tres bonne grace. II ne me reste qu'8 envoyer IA-bas quelques renseignements compl~mentaires pour que le Senat, a son tour, en prenne connaissance. Dans l'intervalle. apprenant que, a l'instigation de M. Farnham et de la National City Bank, des hommes d'af- faires Ctablis a Hai'ti ou faisant des affaires avec Hai'ti avaient p~titionn6 auprias du Senat en faveur du maintien de 1'Occupation, je me suis mis en rapport avec quelques-unes des maisonls des Etats-Unis les plus anciennement et les plus honorablement connues sur nos places et je me suis applique i leur demontrer que jamais il n'a ete question pour nous d'obtenir le retrait des forces exp~ditionnaires, sans qu'au pr~alable une force publique hal'tienne capable de maintenir Il'or~dre et d'assurer la s~curite n'y eilt eti substitute. La mime assurance a ete donn~e a la Presse. Telle a eti, en some, mon action pendant ces trois semain~es de sejour aux Etats-Unis. J'ai vu par ailleurs se developer l'oeuvre a laquelle a collabora notre distingue et devoue concitoyen Me. Pierre Hudicourt. Je me suis donnC surtout une information personnelle et directed de la situation, qu'aucun Rapport, si Ctendu qu'il puisse itre, n'aurait pu me fournir aussi compl~tement. Voici ce qu'il yous important d'en savoir. Le reglement de la question hai'tienne est tre~s serieusement porte devant le S~nat des Etats-Unis. Ce que le Senat en dicidera, c'est ce qui se fera. Les Bureaux de la Haute Administration qui n'ont pas beaucoup change depuis I'intervention semblent ouvertement defavorables a notre cause natio- nale. La Commission Senatoriale, a ses debuts, ne palssait pour avoir aucun parti pris contre nous, mais depuis son voyage a Hai'ti, c'est elle qui, sans meme attendre le vote ~du Senat, sugge~re les measures propres a faire peser plus lourdement la mainmise des Etats-Unis sur notre pays. Elle a avec elle la Haute Finance et les militaires. Mais dans le Senat se dresse conltre elle le group des anti-imperialistes, petit par le nombre, puissant par le talent et par le caracte~re. Leur opinion tre~s ferme est qu'il n'y a d'engagS dans I'afaire hal'tiano-dominicaine aucun intbrat essential pour les Etats-Unis. Ce sont des inthrats prives qui s'agitent sous le couvert de l'intbrat public, affublbs d'un faux masque humanitaire. Ils ne sont pas loin de regarder comme un pur bluff la pretention d'assurer ainsi contre toute concurrence d'une Puissance Btrangbre la protection du Canal DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTY de Panama, sachant tres hien que la possession du Canal par les Etats-Unis n'est menace par personnel ; que la meilleure fagon de la garantir serait de cultiver la sympathie des peuples libres de l'Ambrique central et des Antilles, avec qui se solidarise toute l'Ambrique du Sud, et que rien ne serait plus dangereux, en cas de guerre, que la haine de ces populations, provoqu~e par 1'entreprise chimbrique de les absorber ou de les asservir contre leur gre. Aucune consideration. d'apre~s eux. ne s~aurait prevaloir contre ces raisons de simple bon sens. A cela leurs adversaires n'opposent qu'un pr~tendu argument de fait, toujours le m~me : < C'est notamment le thibme que developpe un des derniers temoins entendus par la Commission d'enquite a Washington, le sieur Kelsey, dans un venimeux pamphlet, oit il s'est donnd comme resumant les risultats de son enquite per- sonnelle a Ha~iti. Mais qu'est-ce qu'une parade de ce genre pour un Borah ou un Johnson ? En r~alitC, sur les 96 S~nateurs, il y a environ 25, selon l'estimation de nos amis, qui, par la connaissance qu'ils ont de la question ha'itienne, sont acquis a notre cause. On peut en computer autant ou un peu plus du cat6 opposS. Mais un grand nombre n'ont pas encore leur opinion fiaite. Ils attendent, pour Ctudier I'affaire, le Rapport definitif de la Commission d'enqu~te et les r~sultats de l'examen du ComitC de Justice sur la Risolution Walsh-King, du Comith des Affaires Etrangibres sur les 3 R~solutions King :10) interdiction de tout emprunt contraire aux inthrits du people ha'itien, 20) coilt de l'Occupation, 30) abrogation de la Convention, Constituante et election pr~sidenltielle, retrait des troupes. Le S~nat a d~cidC que le tout se discuteroit en mime temps. Int~resser chaque S~nateur en particulier a l'Ctude personnelle de notre cas par des m~moires, des notes detaillies, des petitions, des documents justi- ficatifs, c'est la la tiche de tous les instants de la Soci~tC pour l'Ind~pendance d'Hai'ti et de la R~publique Dominicaine. Supputer l'importance d'une telle besogne, r~p~tiee 96 fois, les frais, les d6marches personnelles, et vous aurez une id~e du mal que se donnent nos d~fenseurs. Il ne se passe de semaine qu'un des membres de la SocietB ne fasse une conference, n'organise une manifestation, ne mette en branle un groupement propre a agir sur l'opinion et a nous gagner de nouveaux partisans. 11 y a tant de monde aux Etats-Unis pour qlui le nom mime d'Hai~ti ne signifie rien. Pour centraliser cette action, un Bureau a etC crC6 a Washington, dont le Dr. Gruening est 1'inspirateur et Mme. Weed la Directrice. Mais il ne suffit pas a la peine. II faudrait le doubler sans perte de temps, d'un annexe special, pour intensifier la publicitC. L'argent manque. Chaque jour de perdu, c'est un vote de moins. L'existence mime du Bureau central n'est pas garantie. Or, le Bureau ferm6, la champagne s'arr~te just au moment oil elle devrait donner son 40l GEORGES SYLVAIN - plein effer, le champ est laiss6 libre aux manoeuvres de nos ennemis. Ceux qui. depuis le coup de massue du Rapport pr61iminaire de la Commission d'enquite ont, a force d'energie et de d~vouement, op6rb un tel redressement de notre situation, n'en reviennent pas de constater I'inertie du people ha'itien. Que faut-il encore: pour nlous convaincr~e q~ue c'est le moment de l'effort d~cisif ? La Commission d'enlquite n'avait plus que deuxv t~moins a entenldre la semamle qux a suini mon depart, MM. Bryan et Lansing, dont elle peut se passer. Son Rapport, s'il est d~posC dans la quinzaine suivante, peut venir en discussion au bout de quinze autres jours. C'est done tout de suite q~u'il fau- drait: se multiplier, s'ing~nier, se remuer pour trouver les fonds liberateurs ? Avant de rentrer i Port-auPrince, j'ai pass au Cap, aux Gonai'ves, a St-Marc, faisant partout appel aux hommes de bonne volonti. J'ai PtC partout acclamC et f~te. Mais que notre action est lenlte a ulne heure oh l'avenir se d~chafne comme un ouragan. Messieurs. Arrive au terme de cet expose, oh j'ai tenu ai me!.tre toutes les pr~cisions n~cessaires, j'ai le scrupule d'avoir parl6 peut-Stre trop i vos esprits, pas assez a vos ames. Je reviens des Etats-Unis, pourquoi ne pas l'avouer ? sous une impres- sion de tristesse et d'angoisse. Allons-nous laisser ce pays, le seul qui dans le monde soit vraiment n~tre, nous Cchapper, faute d'avoir su lai sacrifier i: temps cette misare.-- 300 dollars. Chaque heure qui passe retarde peut-8tre de centaines d'ann~es sa liberation, et des gens vont et viennent dans les rues, qui font de l'histoire sans le savoir, inconscients de la tragidie dont ils sont les acteurs, on dirait des habitants d'une autre planl~te Tandis que nous nous livronls a nos distractions habituelles, celui-ci poursutivant la chimire d'une hypoth~tique rC61ection, cet autre uniquement prboccup6 d'orienter sa voile de facon i jouir, quoi qu'il advienne, des miettes du pouvoir un troisieme mlen- tant a sa conscience, sans qu'on y voie d'int~rat direct, dbtraqu& pal l'inqui~tude: morbide du lendemain, la question, pose depuis le d~p~t du Rapport prbli- minaire de la Commission d'Enquite, chemine et n'attendra pas notre r~veil pour" faire explosion. Elle n'est autre que de savoir si, oui on non, nous allons atre une Colonie des Etats-Unis d'Am~rique Et parce que des malheureux (je ne veux pas leur appliquer d'autre Cpithi~te) out Cte derriar~e le dos des Enquiteurs leur souffler que les troupes de l'Occupation parties, c'est I'anarchie, Ha'iti a feu et a sang, on nous fait le supreme affront de dire de nous i tout I'univers : << Les chaines dont ils sonlt charges, ce sent eux-mimes qjui les implorent >. Pendant ce temps, des hommes de casur, qui ne doivent rien i Ja terre ha~i- tienne, que rattache seulement a notre cause la haine de l'injustice, interrogent, eux aussi, .1'horizon, se demandant quand les Ha'itiens se d~cideront 1 com- prendre qu'il leur faut courir au secours de leurs d~fenseurs. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 49 Eh bien, MM. si d'autres se r~signent a ce qlue des strangers, quelle qlue soit a leur Sgard notre reconnaissance, fassent pour eux leur besogne d'Hai~tiens, comprennent mieux qu'eux leur devoir d'Ha'itiens, soient en un mot plus H-ai'tiens qu'eux, moi, y souscrire, jamais I Ce serait en quelqlue maniere, d~montrer mon inf~riorit6 Tant qu'il y aura aux Etats-Unis un Am~ricain debout, pour soutenir notre cause national. je serai a ses c~ths ! Lui pourra, si sa fatigue l'emporte, abandonner sans d~shonn~eur la lutte, moi pas Le jour oh~ il ne resterait plus un seul d'entre eux sur la briache, je serais encore la pour tenir le drapeau Que de fois ne me suis-je pas entendu dire : ( Mais qlue pouvez-vous, a 4E ou a 5, contre 1'apathie generale ? Pr~tendez-vous sauver le pays a vous tout seul ? > Et pourqIuoi p~as, si Dien nlous en donne la force ? Au pis allerr qlue pouvions-nous craindre, puisque au bout de tout il y a 1'arrat inevitable ? Avancer de quelques jours notre heure ? Pour le- genre de satisfaction, qlue no0us reserve le regime oih tend I'inertie de nos concitoyens, ne serait-ce pas plut~t une dilivrance ? De Porto-Rico, de Cuba, de Saint-Domingue, ce n'est qu'un mime cri de de~tresse. Le peup~le se plaint du poids Pcrasant des imp~ts dont on l'a chargC, pour payer les int~rits des emprunts utiles a I'enrichlissement d'un nouveau Maitre, le capitalist stranger Le paysan d~poss~d6 de sa terr-e n'est plus qIu'un salariC: la oil il Ctait un propri~taire. Tous nous disent : < Tenez-vous a la sage previsionl des fondateurs de votre Indipendance. Gardez la terre de vos aieuux. > Et comment la garder quand ils l'arracheront a coulp d'imp~ts ? J'arrive, Messieurs, de New-York. Ceuxc qui vous affirment qlue dans les hotels, caf~s, les restaurants, les hommes de notre race y sont maintenant regus a 6gaitC, out mal vu. Etant plus nombreux et ayant plus d'argent, les colored sont arrives i pouvoir se suffire entire eux. Voila tout. J'ai voulu moi-mime faire l'expdrience. Et le dimanche 12 Mars, a midi et demi, je suis entrC an N\o. 315 de la 235e rue, 8e. avenue 'West de N~ew- York, un restaurant d'apparence convenable, sans luxe, non 10in de 1'Eglise catholiq~ue de St-Joseph et du q~uartier de Harlem, peuplC par les gens de couleur. Des tables 6taient occupies ofi onl lunchait i q~ui mieux mieux. D'autres 6taient vides. Je me dirigeai vers ces derniiares. Mais qcuelqlu'un 6tait au comp- toir, q~ui m'interpella : < franyais : a D~jeuner > Il reprit : < rieux, je pr~cisai : << m'asseoir i I'une de ces tables et mlanger > Lui de dire : << Nous ne recevons pas ici les nigres >> Je me fis r~p~ter la phrase. Il r~p~ta. J'exkcutai une fausse sortie. Cing minutes apris, je reve~nais et abordant poli- ment I'homme du comptoir : a Pouvez-vous m'attester par Ccrit ce que vous venez de me dire ? ,> 50 GEORGES SYLVAIN Lui : < vb >~. Lui : << Pour q~uel usage ? Moi : < montrant la porte : << Dehors > L'epreuv-e Ptait suffisamment concluante. Je me retirai. Mlessieurs: on n'est pas mlaitre die ses ass-ociationls d'idiees. Declorme ra- conitant a un cerlde d'intimes ses av-entures- avec Ohlmann, le geolier qui le gardait pendant son emnpris-onnemnent, sous- Salomon, disait sur un tonl d'indigna- tionl enjouee : << II a bu dans mnon v-errle et il ml'a tu~!itoe mnoi que ML. die Lamarll- tine n':ahordait que le chapea~u fi la main. en me saluant du litre Ce rustre dont je nie coinnais p~as la provenanuiec cerhire dl'iun hanal re.;- taurant de 2e ordre, m'a mis a la porte comnme un chioni. moi a q~ui le P-reidetlnt Poincare dlans ies lettres ne dit p~as autrement qlue : << Mon cher Ministre >... Parcourez tout NTewr-York, \ous nie troulverez pas: v-otre t~te ffit-elle le plus bel exemple de l'excellence des p~roduits Wanlker. v-ous ne tr~ouverez pas, comme en Europe, unl seul coiffeur indigerine blancl pour accepter de vous couper les- chei-eux. Apres deux lentativ-es infruelueuses. je n'ai pu me faire coiffer qlue dans le quarter dies gens de couleur. oul onl opere d'ailleurs tre~s bien. Uin de nos congeneires: a q~ui je parlais de la surv;ivane en plein 20e s-iecle de ces moeurs antisociales, contre lesquelles les 10is sem~blent impuissantes, me dlit av-ec un pile sourire : << C'est ce? qu'ils ne tar~deront p~as a faire chez v-ous. s'ils y sont maintenus >. Mles amis: ii n:!y a q~u'une mort! M~ourir pour qlue nos enfants jouissent pleinement d~e leur digntie d'homnmes, ce n'est pas mourir, c'est entrer dans I'immortalitC Qui done oserait me dire qlue K~illick est mort ? Toussaint Louverture, dlont on v;a inaugurer enfin le monument... Dessalines, a qlui les Dominlicains v-iennent de faire au passage des D616guis de nos Associations ouvrieres, unt: si magrnifique ov-ation ? Son7t-ilS mlorts, je vous le demandle ? Jamanis ils n'ont ete si vivantls 11 n'y at qu'unle mort, y:ous dlis-je, c'est cell de l'hlomme qlui se b~ouchle les or~eilles. ferme les yeux et ne bouge pas, q~uand onl assassine sa me're! C'est un commun propos qlu'une nation ne meurt q~ue qluanld elle cesse de vouloir vivre. N~ous qlui voulons qlue notre H-ai'ti viv\e, nous ne p~ouvons nous d~sintbresser de la lutte pacifiq~ue q~ui se livre en ce moment autoulr de la nationality hai'tienne. C'est notre interit et c'est notr~e honneur d'y panrticip~er. Pour triompher dans une Intte, quelle qu'elle soit. il faut avoir fI'me d'uni combattant. Et d'abord croire. Croire en la houltC de sa cause, croir~e en lan victoire. croire en ceux qui menent f'actioni. Sans quai. I'on est v.aincu d advance. Qui se bat pour nous aux Etats-Unis ? Des citoy~ens du p~ays Sur ce mot un certain nombre d'entre v-ous se r~crient : DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 51 < Les Ambricains Tous les mimes Nous n'avons pas confiance > Vous aves tort, si vous voulez gagner vraiment votre bataille. On ne gagne pas les batailles en se defiant de tous et de soi-mime.-- Rkfl~chissons un peu. Nos cong~neres de l'Association pour l'avancement des gens de couleur qlui ont fait de la liberation d'Hal'ti un des articles permanents de leur pro- gramme electoral se seraient-ils charges de nos revendications, ayant assez des leurs, s'ils ne nous Staient since~rement divou~s ? La Revue Thle Nation, q~ui, depuis plus de 60 ans, defend la cause des peuples opprimbs et n'en a jamais trahi aucun, nous aurait-elle pritC gra- tuitement I'appui de sa grande publicity, rien que pour mieux consommer notre perte ? Les Senateurs qui publiquement, en face de leurs collegues et du Peuple des Etats-Unis, ont declare : << L'affaire hai~tienne est une mauvaise affaire. II faut en sortir promptement >,, quelles que soient les raisons qu'ils ont en de le dire, ils ne l'ont certes pas dit pour avantager nos adversaires. II leur itait si facile de garder le silence ! Quel int~rit personnel peut bien guider les membres de la Societe pour 1'Ind~pendance d'Hai'ti et de la Republique Dominicaine, le Dr. Gruening en tite, dans le sacrifice continue qu'ils nous font de leur temps, de leur repos, de leur argent ? J'ai vu Mme. Weed quitter une fois son poste de Directrice du Bureau Executif de Washington. Sa presence 6tait requise au c7hevet de sa fille malade a l'h~pital de New-York, oui trois grands m~decins avaient ite appel~s en consultation. Le temps de venir, d'embrasser son enfant, d'assister a la consultation, de recevoir I'assurance des m~decins que tout danger itait 6carth, de conf~rer avec moi chez le Dr. Gruening, et dans la mime nuit elle repartait pour Washington.. Elle n'en etait pas encore revenue, le jour oih j'ai quitt6 moi-mime New- York, deux semaines apres, pour rentrer au pays. Voila les gens qui aux Etats-Unis se battent pour qlue leurs gouvernants nous restituent notre patrie ! Dans une hataille, c'est le pr~cepte de Foch comme des autres grands capitaines de I'histoire, on n'est vaincu que quand on croit I'itre. Jamais des combatants de cette trempe ne se croiront vaincus parce que, sur un point du champ de bataille, I'ennemi aura obtenu momentandment quelque advantage. Fournissonls-leur donc les munitions qu'ils demandent, ne contrarions pas leur plan par de fausses manceuvres et laissons faire a Dieu le reste ! L'UNION PATRIOTIQUE CONTEST AU CONSEIL D'ETAT LE DROIT D'ELIRE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Attendu que le Gouvernement de la Republique d'Ha'iti, tel qu'il a 6te 52 GEORGES SYLVAIN constitue de~s l'origine par les fondateurs de la R~publiq~ue est eissentiellement d~emlocratiqute et representatif ; qune ce caractere a ete: formellement consacre dans toutes les constitutions haf'tiennes ; qlu'il n'admet ni le contrble illusoire du Pou\oir Executif par doe fonectionnaire q~u'il nomnme et revoqlue a son gre. ni election du Pr~Sident de la Republique par ces memes fonetionnaires. en lieu et place des represenltants du peuplet rigulie~rement Sblus selon ;es conditions 16ganles. Pro~teste en son nom et au nom des populations qlu'elle represented conltre toute usurpationl des fonectionis de l'Ass-emble~e N\ationlale par le soi-disant Conlleil d'Etat q~u'a nomme M~. le President Sudre Dartigruenla\e et q~ui reste revocable a es mlerci, proteste notammenlt contre le dlroit qlue pretendrait exercer ce corps illicite d'elire le PrPsidenlt de la Republiqlue et de sanctionner les conv-en- tions internationales :co~nfie a. l'Administrateur-Delegru6, Me. Georges Sylvain, le soin de transmettre au Senat des Etats-Unis le present acte, en assemble p'~lenire des membres du comity central de I'Union Patristique. le 31 Mars 1922. Par d61egation du Comit6 Me. GEORGES SYLVAIN, Me. ALPHONSE HENRIQUEZ, MONSIEUR E. GUERIN, ARRETES. Notre Directeur recherche par la police. Port-au-Prince veille ! N\ous etions d~ja sous press, quand nous av-ons appris qlue la police venait d'arrater M~e. Georges Sy-lvain, Off~icier de la L~gion d'Honneur, M~iembre de la Soci~te de Sociologrie de Paris. ancien MIinistre pl~nipotentiaire d'Hai'ti a Paris et pri~s du Saint-Sie~ge, Administrateur DelPgu6 de l'Union Patriotique , M1e. Ailphonse Henriquez, auteur de Qu'a Qu'au en. Qu'a Qui, ancien Directeur Grant de la << Republique >, Directeur de << La D~fense > ; Elie Guerin, Direc- teur de a Hai'ti Integrale Supprimbe >, Directeur de < Des que nlotre Directeur a eu v:ent de la nouvelle, il s'est empressC de se rendre au bureau de la Genldarmerie pour avoir la-dessus des renseignements exacts. En l'absence, du Mlajor Rupertus, le sergent Cayemitte a affirmi a notre Directeur que v-raimenlt Me. Sylvain et Me. Henriqluez etaient arrtits et se trouvaient actuellement a la. salle de police. UTn moment apres, on est venu informer Mlonsieur Jolibois fils, notre Directeur: qlue le Chef de Police perquisitionnait chez lui, il etait alors 6 heures du soir. Immediatement, ii s'y est rendu et a appris qlue sans itre accompagn6 du Juge de Paix, au mepris de la 10i, des officers de gendarmuerie avaient v-iolC son domicile. Sans perdre de temps, it s'est empress de saisir par le cible, la Presse ambricaine et le S~nateur K~ing de ces nouveau attentats dont venaient d'Ctre victims les defenseurs de l'Ind~pendance d'Ha'iti. DIX ANNEES DE LUTTEI POUR LA LIBERTE 53 < Le Courrier Ha~itien > convie la population de Port-au-Prince, le people d'Ha'iti tout entier au calme, i la sagesse et i la moderation. < Le Courrier Haitien a protest de toute la force de son dme, de toute son 5nergie contre ces arrestations faites, en dehors de toutes les formes 16gales, an nom de la justice hai'tienne. Peuple d'Hai'ti, pour pouvoir r6aliser le coup d'Etat du 10 Avril courant qu'il prepare, le Gouvernement de Monsieur Dartiguenave vient d'ordonner l'arrestation de ceux-la qui, sans peur, d~fendent vos droits viol~s. Mes. Sylvain et Henriquez ont 6te arrites d'ordre de la justice ha'itienne. Officers du parquet, juge d'Instruction, le pays vous demand de faire votre devoir et tout votre devoir, avec la plus grande impartiality ! Que vos decisions soient empreintes d'equitB et de justice ! Le numkro en retard 6tait sous press lorsque les personnel signal~es comme arr~tbes dans cette note ont Ct6 relaxes, n'ayant commis aucun di1it, a d~clar6 le Commissaire du Gouvernement. (<< Le Courrier Ha~itien >, 3 avril 1922): AUTOUR DE L'ARRESTATION DE Mil. SYLVAIN Nous reproduisons le mandate de comparution et le mandate d'amener qui ont 6tC d~cernbs en mame temps i Mr. Georges Sylva~in hier. Tous nous savons que c'est quand la personnel cite a comparaEitre n'ob- temphre pas i l'injonction de la loi, q~u'un mandate d'amener peut 6tre d~cerne contre lui. Ces prescriptions 16gales ont &th violbes par la Gendarmerie. Form P. 1 Gendarmerie d'Haiti D~partement de la Police. Port-au-Prince, le 3 Avril l922. Me. Georges Sylvain, DC1BguB de l'Union Patriotique devra comparaitre au Bureau de la Police a bref dblai pour affaire le concernant. Pen de Chose W. RUPERTUIS Chef de la Police 54 GEORGES SYLVAIN Au Verso Ordre : Par la prbsente, yous, R. Shaker, sous-chef de la Police, procederez a l'arrestation de l'individu dont le nom est au recto pour avoir 6t6 l'un des instigateurs d'cne reunion et d'une demonstration qui out btC faites au Bel-Air, 1 la date du 2 Avril 1922, dans le but de trouble la stiretC de l'Etat. Pleine et entie~re autorisation vous est accord~e aux fins de faire aboutir cet individu au Bureau du Commissaire du Gouvernement par l'interm~diaire du Chef de la. Police (<< Le Courrier Hai'tien >>, 4 Avril 1922) MEETING CONTRE L'E1VPRUNT Compte-rendu du Meeting Dimanche apr~s-midi, fiddle a la convocation faite par le < Courrier Hai'- tien, >> la population de Port-au-Prince, notre Directeur M. Jolibois fils a tenu le meeting annonce. Malgre la pluie et malgre l'impossibilit6 de se reunir au Bel-Air, lieu primitivement d~signC, les abords du kiosque ayant ete cernbs par la police, une foule d'environ un miller de personnel a pu cependant rallier le nouveau rendez-vous hitivement dbsigne : le march St-Louis oh~ eut lien quand mime la protestation de la population. Par deux fois, notre Directeur exposa a la foule le caractere illegal de I'emprunt que des citoyens sans mandate 16gal veulent imposer au Pays, appuybs qu'ils le sont par la force ambricaine. Un emprunt qui, s'il se realise, entrainera la misere la plus noire dans le pays qui a d~ji tant souffert du regime de la Convention dont le rbgne s'Ctendra i perpetuit6. L'Empr'unt doit avoir pour corollaire les Taxes Internes, lesquelles vont remettre les Haitiens dans la servitude. Lorsqu'on exige, sans droit ni quality, par la violence, qu'un pays dont les finances sont ruinees, dont la production dbja r6duite est bloqube par des affectations de toutes sortes, paie par surcroit dej taxes 61evges sur I'air que ses citoyens respirent, sur la moindre des entreprises et surtout sur la ~ter~re du paysan qui seul paie la vie de tous en Ha'iti, c'est l'esclavage quton veut dcreter. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Mais, a ajouth notre Directeur, si les Etats-Unis sont repr~sentes chez nous par des hommes mgchants, il y a des Ambricains qui dans ces mames Etats- Unis combattent ardemment pour notre d61ivrance. Les D~mocrates nous ont asservis, les R6publicains qui out protest& en notre nom semblent nous &craser davantage, mais un nouveau parti, les Libd- raux ayant a leur tbte le S~nateur Borah, un champion Bnergique et convaincu du Droit et de la Justice, les Lib~raux ont pris notre cause en mains et nous devons continue d'esp~rer en agissant aussi nous-mimes. Puis il conclut en demandant a la foule de protester avec lui contre l'Em- prunt et les Taxes Internes. Et la foule entire de s'6crier par qluatre ou cing fois : << Nous protestons, nous protestons > Le Major Rupertus, present de sa personnel, intervint alors qui fit disperser la foule et retint seul notre Directeur. Aprits un court entretien, il lui dkclara qu'il pouvait circuler. Voulant alors gagner la rue du Quai par la Rue du Fort Per, une escouade de gendarmes lui en interdit 1'acob~s ; il rebroussa chemin et arrive au march St. Louis, il Ctait appr~hendP par un off icier de gendarmerie, puis conduit i un camion qui d~marra. M. Jolibois fils fut conduit a la Gendarmerie et de la a la Prison. AprBs l'arrestation Di~s qu'il eut appris I'arrestation du Directeur du << Courrier Ha'itien ,, Me. Georges Sylvain, l'un des avocats de la defense dans I'affaire Jolibois- Gu~rin contre les << ouvelles >, qu'une indication inexacte sur 1'endroit d'oix partirait la manifestation d'hier avait empich6 d'assister au meeting, a saisi le Commissaire du Gouvernement d'une pliainte pour arrestation ill~gale et a requis 1'e1argissement du pr~tendu inculpe. En vertu de cette plainte, le Parquet qui n'avait pas encore regu aucun rapport de la Police a provoque des explications. Aussitat, on s'est mis en measure de donner a I'aflaire une suite 1Cgale. Notre ami a comparu devant le juge de paix de la section Nord, qui a recueilli les dires des autoritis de Police et 1'a d~f~rC au Parquet, oit les charges port~es contre lui seront examines aujourd'hut si elles sont recon- nues insuffisantes pour faire l'objet d'un mandate de dip6t, le prbvenu sera immediatement lib~rC. En attendant, des ciblles out etC lances ce matin de bonne heure tant a la press amdricaine qu'au Senat des Etats-Unis, a telles fins que de droit. 11 convient de noter, d'autre part, que la rumeur publique accuse la gendarmerie d'avoir passe comme mot d'ordre aux gendarmes de declarer que notre Directeur a resistC avec voies de fait. Ce qui est faux. M. Jolibois s'est laiss6 arrater sans la moindre resistance, le meeting ayant pleinement reussi. 56 GEORGES SYLVAIN A noter I'inscription des deux pancartes qui devaient servir au d~filC, renvoyC a cause de la pluie. a Pas d'Emprunt Conseil d'Etat incompetent ! << Pas de Taxes Internes Nous r~clamons nos droits.> (a Le Courrier Hai'tienL >, 19) et 20 juin 1922) Port-au-Prince. Avril 1922 Monsieur le S~nateur W. King Washington. Monsieur le Senateur, Nous sommes sous la menace de voir le Conseil d'Etat, creature du Pr~si- dent de la R6publique qui en nomme et r6voque les membres a sa fantaisie, s'arroger le 10 Avril prochain, le droit d'61ire un successeur a Mr. Sudre Dartiguenave, lequel ne serait autre, pr~tend-on, que Mr. Sudre Dartiguenave lui-m~me. Or, Mr. Dartiguenave n'est pas r661igible, aux terms de la Cons- titution de 1889 sous I'empire de laquelle il a fait '7 ans de prisidence. Quel que soit d'ailleurs I'C1u du Conseil d'Etat, sa nomination sera frappe d'un vice radical, puisque le Conseil d'Etat, n'etant pas issu du vote populaire, n'a pas qualitC d'investir d'une autorit8 quelconque un Pr~sident qui dans notre sys- t~me de d~mocratie representative tient uniquement ses pouvoirs des manda- taires de la nation. La manoeuvre que nous vous d~nongons n'est, done tent~ie que pour essayer d'embarrasser le S~nat des Etats-Unis en le surprenant par un escamotage, au moment oil il s'occupe d'examiner la maniibre dont pour- rait le plus judicieusement possible s'op~rer la devolution du pouvoir pr~si- dentiel i I'expiration du mandate du Pr~sident actuel, le 15 Mai 1922. Ind~pendamment de tous autres moyens, il y a celui que consacrent nos traditions constitutionnelles. Quand pour un motif on pour un autre, I'o~ffice prbsidentiel vient a vaquer, le Conseil des Secr~taires d'Etat exerce provisoire- ment les functions gouvernementales et convoque les assemblies primaires pour la prompted formation de I'Assembl~e Nationale, investie du mandate 16gal d'81ire le President de la R~publique. Le vaeu de nos populations, c'est de rentrer dans l'ordre ligal. Plus se succe~dent les ill6galitCs, les abus de Pouvoir, moins la stabilitC est assur~e. Done, certain que la perp6tuation de l'anarchie ne r~pond ni aux vues du Sbnat, ni aux desseins du Gouvernement des Etats-Unis, nous pensions qu'il nous aura suffi de vous signaler le plan dont la realisation est deji officielle- ment annonc~e, pour que le S~nat, saisi de notre protestation, se prononce sur la question de savoir s'il ne convient pas qu'a P'6gard de l'Clection pr~siden- tielle les choses restent en l'6tat, puisqu'il n'y a pas p~ril en la demeure, jus- qu'au terme du 15 Mai 1922, oil la Haute Assembl~e aura eu le temps de DIX ANNEES DE LUTT~E POUR LA LIBERTE statuer sur l'ensemble des questions soumises a son e~xamen a propos de la Republique d'Ha'iti. Veuillez agr~er, Monsieur le S~nateur, I'assur~ance de nos sentiments do haute et respectueuse consideration. P'. S.--Cette lettr~e n'ay-ant pu partir a sa date, yous voudrez hien retenir que c'est apre~s-dlemain q~u'aura lieu la reunion du Conseil d'Etat ou~ I'on tentera de procedler p'ar anticipation a I'election on a la reelection du Pr~sident d'Hai'ti. Dans l'intervalle, le Prisident actuel et ses Ministres multiplient les measures destinies a assurer leur maintienl en function : 10) Des ordres des agents du Gouvernement d'Hai'ti, divulgrues par les journaux, san~s que l'authenticit6 en ait e~te contested, enjoignant aux fonctionnaires de signer des adresses en fav~eur de la reelection du President Dartiguenav~e. Plusieurs ont eti r~voqu~s parce qu'ils ont refuse leur signature a ces addresses, notamment I'Inlspecteur des Ecoles de la circonscription du Cap-Hai'tien. En signe de protestation, tout le personnel de l'Inspection Scolaire, y- compris le. garcon de bureau a de- missionne. 20) Des riunions et des manifestations pulbliques, oil l'on devait protester contre toute election pr~sidentielle par le Conseil d'Etat, out etC interdites par ordre de la Police, sur l'ordre du Secretaire d'Etat de l'Int~rieur, au mepris des lois hai'tiennes qui ne mettent aucune entrave a I'exercice du droit de r~union. Une grande manifestation silencieuse mais imposante, ay;ant en lieu le 2 Avril a travers les rues de la ville par la population de Port-au- Prince q~ui, a defaut de toute prohibition 1Pgale, voire d'aucun ordre admi- nistratif contraire, a cru pouvoir exercer paisiblement son droit d'affirmer sur des pancartes sa conflance en la resolution King et sa d~sap~probation du project d'imposer un chef a la Nation en dehors des elections populaires, la Police ne se content pas de disperser la foule, au terme de sa procession, mais vingt-quatre heures apre~s, elle arrdtait en leurs domiciles, l'Administrateur- Deligue de l'Union Patriotique et le Prisident de la Ligue de la Jeune Hai'ti, pour rebellion a l'autoriti, quand il a etC ordonne1 a a foule de se disperser, (fait sanls fondement, car il n'y a eu aucune resistance de manifestants a la sommation du Chef de la Police) et contravention a l'ordre qui interdisait les manifestations de ce genre (ordre non promulguC et inconnu de la foule). Les deuxr arrestations, n'ayant pas de base 16gale, n'ont pu itre main- tenues, mais le Juge d'Instruction reste charge de l'affaire. P-ort-au-Prince, Mai 1922 Monsieur le S~nateur Borah Washington. Monsieur le S~nateur, Les populations hal'tiennes, au moment ou, sous le coup des diceptions r~itbrees, elles commengaient a d~sesp~rer de la justice et de la bienveillance 58 GEORGES SYLVAIN du Gouvernement des Etats-Unis, ont appris av-ec un regain de confiance, qlue vous \ous Stes decidei a p~rendre en mains leur cause nationale. Elles nie doutent pas" q'aUide du noble dev\ouemnent du Senateur King: des S~nateurs Wialsh, N~orris et de nlos autres infatigrables dl~fenseurs, y;ous n~e contribuiez a combler le fosse qu'C1argrit de plus en plus enltre nos deux peuples l'imnp~rialisme mili- taire et financier des Etats-Unis. Votre effort present n nlhoutirait-il qu'a ruinler par la base ,~:~,~~:le mortel:~ projet d'emprunt dontr::~ nos ome mnae e ae etrl pour en fleurir perp~tuellement votre me~moire. Appa~uvri par le contre-coup de la crise economiquee et finan~ciere~ qui desole mainten~ant I'Europ~e par I'administration impr~voyante et sanls probity des agrents de la Convention de 1915, par les proc686s desastreux de 1^occupation militaire, notamment par sa facon de r~primer la! revolte des cacos q~u'elle a elle-mime provoq~uee, notre pay-s ne peut, sans une rbforme rationnelle et comple~tP de ses finances. de son systihme mon~taire et fiscal, payer les inlter~ts d'un emprunt de 10 millions de dollars, v-oire d'un emprunt de 4l0 millions. Cette riforme (la demonstration enl a Cte fournie a. la Commission d'Enquite), nous sommes capables de la r~aliser par nos seuls moyens, sans exceder les faculty~ contributives de notrz people, sans surtout nous livrer indefiniment pieds et poingrs li~s au serv~age de la Haute-Finance des Etats-Unis. Sous le rigrime die 1'Emprunltt ce seront les capitalistes qlui auront en mains nos fonds, q~ui en op'ereon~t la perception, I'imputation et la ripartition. Nous ne v-ivrons plus q~ue p~ar eux et dans la measure q~u'il leur plaira. Oil est le dlroitt la justice et l'htmanite- dans tout cela ? Au nom de 1'Union Patriotiqlue et eln mon noem personnel, je v-ous prize d'agr~er, Cher Mlonsieur Borah, av~ec nlotre infin~ie reconnazissance, 1'assurance de nos sentiments de respectueuse admiration. Circulaire aux journaux Monsieur le Directeur. Par les soins d'un Comite de Propagande, les discours des senateurs Borah, King et N'orris a la stance s~natoriale du 19 Juin dernier en faveur de la d~soc- cupation d'Hai'ti et de Santo Domingo ont ete: distribubs A des milliers d'exem- plaires dans -tous les Etats de 1'Union. La mime publicity: a &tdt donn~e a la Pro- testation adress~e au D~partement d'Etat contre le maintien de l'occup~ation mili- taire de ces R~pub~liqlues. L'adresse provient des mimes Ligrues, dlont les bu- reaux, sous la pr~sidnce du Sdnateur Owren, auraient entrepris une dibmarche personnelle aupri~s de M. Hugues pour attirer son attention sur I'inconstitutionlna- lite de l'interviention.-- Elle conclut a la convocation d'un Congreis des R~publi- qlues Americaines auq~uel seraient soumises les dlifficultis en~tre ces R~publiq~ues. Si jamais dans un int~rat de sauvegrarde mutuelle, une assistance militaire etait reconnue n~cessaire chez 1'une ou chez 1'autre, les Etaits-Unis ne seraient pas seuls a en decider on a y pourvoir. Ce serait fait conjointement avec les Ripu- bliques voisines. Nous en avons assez dit pour attester qlue la champagne d'opi- DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 59) nion, menbe la-bas par les defenseurs de notre cause national, continue avec entrain et vigueur. Deja nous lui devons un adoucissement incontestable au regime anterieur. Quel Ha'itien digne de ce nom consentirait a montrer moins de zele et d'enthousiasme que les lib~raux des autres pays pour la liberation de notre patrie Veuillez agr~er, Monsieur le Directeur, I'assurance de mes sentiments d~vou~s. AUX ETATS-UNIS, LA CAUSE HAITIENNE EN FACE DE L'OPINION. Une champagne d'opinion tres ardente et tre~s s~rieuse se livre en ce moment aux Etats-Unis autour de la question ha'itiano-dominicaine. Jamais des argu- ments plus puissants n'ont Cte products en notre faveur. Jamais les journaux les plus important de tous les parties n'en ont discut6 avec antan~t de gravitC. C'est qu'il ne s'agit plus de refuter des pr~tentions ha'itiennes on de contester des faits denonces par les Hai'tiens, on est maintenant en presence de person- nages consid~rables, Americains aimant leur pays et soucieux de ses interits et de sa gloire, bien pos~s dans l'opinion, sp~cialistes en matle~re de droit constitutionnel et international, qui, apre~s un examen approfondi de la question. concluent que les Etats-Unis se sont embarquis sans droit dans ulne mauvaise affaire et qu'il s'en va de leur bon renom et de leur honneur de rendre les' peuples hal'tienl et dominicain a leurs conditions normales d'existence. La consultation des 24 hommes de loi a i6t pr~sent~e a M. Hughes par des delegations comprenant : MM. Owen, S~nateur de I'Oklahoma, Louis Marshall, avocat de N~ew- York, Michael Francis Doyle, avocat-conseil de l'Archidiockse de Philadelphie (qui aai sa tite le Cardinal Dougherty), Francis Kane et J. Ralston, autres signataires du iMemoire, James Mac-Donald, Pr~sident de The Foreign Policy Association, Judson King, representant The National Popular Government League, Mrs Angel Brown Leach, representant The National League of Women Voters, Miss Lillian D. W~ald, id, Wiilliams Johnston, chef of The Machinist Unions, Dr. Franck Mason, representant du Conseil fbd~ral des Eglises chri tiennes d'Am~rique, Rev. J. A. Mac-Gowvan, Dr. A. Ryan, Louis F;. Post, J. A. Whitfield, H. Slattery, repr~sentant les Missions protestantes, et !e Comite de cooperation de l'Ambrique Latine, M. Charles Edward Russell et le Dr. Grue- ning, representant la Societe pour l'Ind~pendance d'Hai'ti et de la Republique Dominicaine. Reunion imposante, composee d'hommes se rattachant a touted les branches de l'activite sociale.-- Un premier succas moral a ete obtenu par cette dS- marche. Elle a d~monte le Secr~taire d'Etat. M. Hughes a, dans l'entrevue, paru inferieur a sa reputation. On croirait, en entendant cet ancien juge, en- GEORGES SYLVAIN GO tendre un grand chef militaire on un Amiral, tellemenlt la pratiqjue on les suggestions de l'imperialisme conquibrant, changent I'humeur des hommes les moins belliq~ueux. Apribs avoir salui la presence parmi ]es membres de la dele1- gationl d'amis personnel ai lui, MI. Hughes a repondu en substance auxi d616gues a 11 ne faut pas croire qlue nloua nie connaissons pas la question hal'tienne et la question dominicainle. Nonl seulement j'en ai fait une ktude personnelle, mais j'ai pour m'eclairer les renseigrnemenlts de la Commission eAnatoriale d'enquite. Ce qlue nous avons decide- de faire par la est ce qlu'il y'a lieu de faire. Votre demarche est inopportune >>. C'etait fuir par la tangente.- On a vu dans cette reponse, moins q~u'eva- sive, I'embarras et le depit d'un politician aux abois: mis au pied du mur. Aucun argument n'ayant eti oppose par lui aux references juridiques inv;oquees par les auteurs de la consultation, celle-ci fait son chemin. Quelq~ues journaux ont souligrne la violence du discours du Sinateur Borahl a Carnegie Hall, le 2 Mai courant, et auraient souhaite q~u'il d~fendit la cause haf'tienne en m~nageanlt davantage la personnel de ses adversaires. Dirai-je toute ma pens~e ? Non seulement le ton vbeh~ment de la harangue du Senateur de l'Idaho n'etait pas pour nous choquer, nous autres, patriots hlaitiens, maiJ nous aurions presque regretted qu'il et~t parli autrement. Que: indigne des tue- ries, des- pillages, des incendlies, de toutes les horrear~s d'une conq~uate sans combat, des condamnations auxv travaux forces et a i'amende pour crime de patriotism, du sabotage de nos institutions les plus respectable, de la d~mo- ralisation syst~matiq~ue de tout un people par l'appui continue prit6 a la cor- ruption, au vice, a l'ill~galitP, il se soit senti la conscience rkvoltee et se soit Ccrie, aux acclamations prolonges de son auditoire : << Qui est responsible de toutes ces choses ? Du Secr~taire d'Etat on du S~nateur ? Je ne veux pas le savoir.-- Mais je dis qlue cet homme, si haut plac6 qlu'il soit, est une honte pour les Etats-Unis > C'est unl cri d'indignation que nous comprenons bien et avec leq~uel les gens de coeur de tous les pays, renseign~s comme lui sur la situation atroci: faite depuis sept ans a notre pays, ne peuvent qlue sympathiser. Des invectives de ce genre ne d~tonnent pas dansi l'eloq~uence enflammee du capteur dl'limes, de l'entraineur de foules, dont tous: ceux qlui l'ont entendu d~peignent a 1'envi I'action sur les masses. S'il Ctait plus calms en face de I'injustice, plus en gants blancs, plus a l'eau de rose, comment vrous expliqueriez- vous la terreur qlue Borah inspire aux tripoteurs, aux financiers vereux, a. tous ceux dont les actes sont louches et la conscience trouble ? C'est bien l'homnme q~u'il nous fallait pour dire en face leur fait a l'Hypocrisie et au Mensonge imp~rialistes ; pour obliger a reculer les Capitalistej qui trament par leur emprunt superieur a nos moyens, notre asservissement definitif ! Il est fort possible qlue sous 1'influence predominante du Gouvernemene Harding, le S~nat des Etats-Unis refuse a notre people la justice qlui lui est dite, mais nous pouvons Stre stirs qlue ce jour-la les murs du Capitole reten- DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 61 tiront de rudes v~rit~s, qui auront leur repercussion dans le monde Si l'avenir de nos revendications nationals tient a la connaissance de plus en plus etendue des faits qui nous font grief, nous avons tout advantage a en voir la: propagation assure par des voix aussi puissantes que celle d'un Borah. L'Union Patriotique et le Courrier Hai'tien, se faisant les interpre~tes de tous les citoyens, youds a la defense de la nationalitC haf'tienne. unt cabl6 au grand homme d'Etat des Etats-Unis, a P'h~ritier desi traditions de Charlej Suimner. I'hommage de notre admiration et de note profonde reconnaissance. Georges M. Syrlvain. CONCLUSIONS DE L'ACTE D'ACCU'SATION dress& contre le Gouvernement ambricain par 24 avocats ambricains des plus 6minents. Du resume q~ui precede, des faits saillants concernant notre intervention en Ha~iti et dicrivant la situation du gouvernement hai'tien, nous d~duisons ces conclusions g~nbrales et sp~cifiques : 1. La presence de nos forces militaires en Hai'ti, apres que~ les trouble des 27-28 Juillet 1915 av-aient cessb. violait les principles amiricains hien reconnus. 2. La saisie et la r6tention par nos forces en 1915, des fonds publics hai'tiens a Pth une violation du droit international et des declarations renou- velees des membres du gouvernement ambricain au suljet de notre situation et de notre attitude vis-a-vis des R~publiques de P'nm~riq~ue Latine et des gouv'ernements faibles. 37. La loi martial imposee et r~enforcee sans une declaration de guerre de notre congress et la conduite des operations offensives par I'Amiral Caperton avant P'acceptation du trait& par Hai'ti ont 6t6 des violations &videntes du droit international et de notre propre constitution. 4. Les moyens employs par les Etats-Unis en Hai'ti pour forcer P'accep- tation et la ratification du traitP fabrique par les Etats-Unis savoir : P'emploi direct de pressions militaires. financieres et politiq~ues, violent chaque re~gle de la conduite franche et gale entire nations souveraines et indclpendantes et violent les declarations americaines de bonne foi international. 5. Le maintien en Hai'ti de toute force militaire des Etats-Unis on l'au- torite exercie par les fonctionnaires du traits sous le couvert du~traitC de septembre 1915, reve~le une participation consciente et intentionnlelle au tort de P'agression et de la coercition originaires. 6. Le present gouvernement d'Hai'ti choisi en 1915, qui n'est pas soutenu par des representants du people depuis 1917, est a la fin de son mandate ; aucune ne~gociation q~ui embarrassed l'avenir d'Hai'ti on qjui peut, sous un ralpyort essen- tiel, affected son avenir, ne peut avoir lieu avec- un tel gouvernem'ent. GEORGES SYLVAIN 7. Les functions de department des colonies et dependances assumes par le department de la Marine et qui lui sont conferees par une simple decision executive ne sont pas autorisees par le congrbs ou sanctionnees par la loi et doivent Btre condamnbes comme essentiellement illegales et comme une usurpation de pouvoir. 3. Nous d~clarons sans reserve, que l'honneur et le renom des Etats-Unis, la conservation de la souverainete et de la liberty cherie d'Haiti ainsi que de ses droits a une franche collaboration de la part des Etats-Unis aussi bien que de la possibility d'assurer entire notre pays et I'Amerique Latine, la dur~e dans l'avenir des relations honorables et amicales bashes s-ur le credit et la confiance, tout cela requiert : a. L'abrogation immediate par les Etats-Unis du traits de 1915 sans reserves. b. La convocation du peup~le le plus tit possible, pour election des re- presentants aux Chambres Legislatives d'Hai'ti et pour l'blection d'un president par la libre volonte du people. c. La negociation d'un traits avec la nouvelle administration hal'tienne pour une cooperation amicale entire les Etats-Unis et Hai'ti sur des bases qui satisfassent les deux pays et selon les moyens employes entire les Etats souverains, libres et independalnts. Ce document est signed de vingt quatre avocats ambricains, qui competent parmi les plus grands juristes des Etats-Unis. Ce sont, par ordre alphabetique : 1. Frederic Bausman de Seattle, ancien juge de la Cour Supreme de Washington. 2. Alfred Bettman, de Cincinnati, ancienl sollicitor de Cincinnati et subs- titut special a l'attorneyl general des Etats-Unis. 3. William N. Boynes, de New Orleans, ancien Sbnlateur de I'Etat de Louisiane, et en 1921, membre de la convention constitutionnelle d'Etat. 4. Ch. C. Boulingham, de New York, a ete president du bureau d'C1ection de New-York et dblCguC des Etats-Unis a la conference international de droit maritime tenue en 1909. 5. Z. Chaffee, professeur a I'Ecole de Droit de Harvard. 6. M. F. Doyle, etait agent special du Departement d'Etat en Europe au commencement de la guerre et conseiller en 19)15 de la Legation des Etats Unis en Suisse puis a l'Ambassade des Etats-Unis a Vienne 7. W. L. Flory, membre du Cabinet Thompson Wie et Flory. 8. Raymond B. Fosdick, de New York, ancien president du Training Camp of Activities des Departements de la Guerre et de la Marine en 1917-1918. 9. Felix Franckforter, professeur a l'Ecole de Droit de Harvard, ancien Conseiller Juridique du bureau des affaires insulaires du Departement de la DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTEI 63 Guerre, Maire et avocat g~ndral, ancien president du Bureau des Affaires politiques de guerre. 10. Herbert J. Friedman, ancien membre de la Commission F~derale de l'Industrie en 1918. 11. John P. Grace, Maire de Charleston S. C. 12. Richard W. Hale, membre du Cabinet Hale et Door. 13. Frederick A. Henry, ancien juge de la Cour d'Appel d'Ohio. 14. Jerome S. Hess, membre du cabinet Hardin et Hess. 15. William H. Holly, avocat spicialiste de l'histoire et du d~Cveloppe- ment du droit constitutionnel. 16. Charles P. Howvland, avocat a New York. 17. P. F. Kane, ancien attorney du district est de Pensylvanie, E. U. 18. G. W. Kirchwey, ancien doyen de l'Ecole de Droit d'Albany de 1891 a 1910, doyen de l'6cole de droit et professeur de droit a l'Universite de Colom- bia, directeur de la Societe ambricaine de droit international. 19. Louis Marshall, membre de trois conventions constitutionnelles de l'Etat de Niew York, president de la Commission sur I'amendement de la loi d'association du barreau de New York. 20. A. Moot, ancien bitonnier de New-York. 21. Jackson H. Halston, ancien Conseiller i la Cour Permanlente d'Arbi- trage de New-York, tiers arbitre nommb par les Etats-Unis pour r~clamations italiennes contre le Venezuela en 1903 et auteur du << Droit International d'ar- bitrage et sa procedure.> 22. Nelson S. Spencer, membre du Cabinet Spencer, Ordway et Wielum, president du City Club. 23. Moorfield Storey, ancien president de 1'American Barr Association, ancien bltonnier de Massachussets, ancien bitonnier de Boston. 24. Tyrrel William, Doyen de I'Ecole de Droit de l'Universiti Washington a Saint Louis. (<< Le Cou~rrier Ha'itien >>, 16 el 17 M/ai 1922) Port-au-Prince, 15 Mai 1922 Monsieur le Prdsident de l'Association des Jeunes Monsieur Fabio Fiallo Monsieur le Directeur du Listin. Diario Santiago de los Caballeros Monsieur, J'ai eu l'honneur, il y a un mois, d'ecrire au Pr~sident et aux membres 64 GEORGES SYLVAIN de la Junte. Nacional de Santo Domingo, sous les auspices bienvreillants de Mgr. Nouel et de mon grand cousin, Don Federico Henriqluez y Carvajal, une lettre restbe sans reponse. Elle avait cependant un caractare particulier d'ur- gence, puisqu'elle ne tendait a rien de moins qu'a adjurer nos freres domini- cains de se joindre a. notre Union ~patriotique pour assurer les frais de la Society pour l'Ind~pendance d'Hai'ti et de la Repub~lique Dominicaine qui, faute de fonds suffisants, se voyait a la veille d'interromnpre sa tr~es utile cam- pagne, quand au contraire, il eut fallu l'intensifier en vue de la prochaine discussion du Rapport de la Commission d'Enquate au S~nat des Etats-Unis. Le minimum des dbp~enses a rialiser a cette fin etait &valub a. 3.000 dollars, je priais les militants de la Junte Nacional d'exp~dier d'urgence ce qu'ils pourraient r~unir de cette valeur a Mr. Lewis Jannett. Trbsorier de la Societli pour 1'Ind~pendance d'Ha'iti et de la R~publique Domninicaine, 20 Vesey St. puisque la tache de cette Soci~t6 tendait a la liberation de nos deux peuples. Nous continuions pour ce qui nous concernait, a la seconder de notre mieux, comme nous le faisons depuis sa foundation. Mais entrav~s dans nos efforts par les abus de l'occupation et par notre propre gouvernement,.. nousI craignions. de ne pas pouvoir r~pondre, dans un dblai assez rapide, aux n~cessit~s de faction engage au profit de notre cause national qui est aussi v~tre. Depuis lors, nous avons r~ussi, a I'aide de grands sacrifices, a exp~dier 2.100 dollars i nos amis de New-York. L'ampleur de leur propaganda entraine des frais Cnormes, qui se renouvellent a cheque docuinent important qu'il imported de propager et de vulgariser. Le S~nateur Borah, la voix la plus puissante et la plus Ccout~e des Etats-Unis, est intervenu en faveur de nos deux pays, le ler Mai dans un meeting retentissant. Vingat-quatre des principaux juristes des Etats-Unis ont, dans une consultation fortement motivee, conclu contre l'occu- pation de la R~publique Dominicaine et de la R~publique d'Hai'ti. Nous ga- gnons du terrain dans 1'opinion. C'est I'instant du supreme assault. Frdres Dominicains, soeurs Dominicaines, allez-vous nous manquer A l'heure decisive oh~ nous allons pent-8tre de concert et grice :i notre union, recueillir le fruit de notre longue patience ! Toujours v8tre de coeur et de pensbe. Union Patriotique Hai'tienne Comit6 Central Port-au-Prince, le 30 Mai 1922 Monsieur le Dr. Virgilio Cabral President de la Associacion independiente de Jovenes Dominicanos Salcedo Monsieur le Pr~sident, Votre:6loquent et si touchant message m'a trouv& i la veille d'un voyage DIX. ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE au Cap-Hai'tien. Vous m'excuserez done de ne pas y ri~pondre en langue espa- gnole, tant j'ai white de vous dire combien il nous a imus. Au surplus, yous Ccrivez le frangais avec une puretC telle que ce serait p~ch6 de vous infliger une traduction de nos sentiments dont notre connaissance imparfaite de l'espagnol ne ferait que souligner la gaucherie. Tout ce qui peut contribuer i rapprocher et a unir nos deux peuples rentre dans le champ d'action de 1'Union Patriotique. L'id~e de coordonner les efforts de tous les groupements qui dans l'une et dans l'autre R~publique visent a l'affranchissement de nos chores patries, doublement saeurs, par la communaut6 de leurs aspirations et la parity de leurs destinies nous est une id~e d'autant plus sympathique qu'elle agrandira dans une measure incalculable la port~e de notre propaganda et 1'efficacit6 de notre action. Vous pouvez done computer sur nous pour y donner toute l'extension possible. Devangant la suggestion continue en votre message, nous avons r~cem- ment adressS un puissant appel d'abord a la Junte Nacional de Santo-Domingo, ensuite aux Associations de jeunes gens de Sto-Domingo, de Pto-Plata et de Santiago de los Caballeros, les priant de nous aider a faire aux Etats-Unis les frais de la champagne d'opinion que nous y menons depuis 1 an et demi sous les auspices de la SocietC pour I'Ind~pendance d'Hai'ti et de, la R~p. Domini- caine. 11 s'agissait d'une valeur de 3.000 dollars a exp~dier au siibge de cette Society (20 Vesey St. Adresse tel. : The Nation N. Y.) pour lui permettre d'inten- sifier son service de publicity en vue de la prochaine bataille que nos defend seurs vont livrer contre l'imp~rialisme au Senat des Etats-Unis. Nous n'avons regu aucune reponse de nos fre~res dominicains. Les resultats de cet effort supreme attestent pourtant qu'il valait la peine d'8tre: tentC. Le plus grand homme d'Etat actuel des Etats-Unis, celui qui a les pluj claires et les plus justes visions d'avenir et qui a sur les masses la plus puis- sante influence, le S~nateur Borah, a pris en mains notre cause et dans une reunion de 4.000 personnel i N. Y. a flitri nos oppresseurs et demand l'Cva- cuation de notre territoire. Une dC16gation des Associations politiques, scien- tifiques, religieuses, sociales, les plus respectable du pays, a presented a M. Aynes, Secretaire d'Etat, une consultation oil 24 juristes d'une autoritC univer- sellement reconnue, ont conclu contre la legalite de I'Intervention des Etats- Unis dans les R~pubiliques Dominicaine et Hai'tienne et contre le maintien de l'Occupation militaire de ces deux R~publiques. Vous ne sauriez inaugurer plus heureusement votre collaboration a l'aeuvre lib~ratrice qu'en propageant notre appel parmi vos militants et parmi toutes les Associations de patriots dominicains dont nous ne d6sesp6rons pas d'dtre finalement entendus. Venillez agreer, Monsieur le Pr~sident, pour vous et pour tous les vbtres, I'assurance de nos sentiments fraternels et devou~s. 66 GEORGES SYLVAIN Monsieur Fabio Fiallo Vice-Prdsident de la Junte Nacional de Santo-Domingo. Monsieur le Vice-President et permettez-moi d'ajouter Bien Cher Confre~re, J'ai un double regret de ne m'8tre pas troupe a Prort-au-Prince pour vous recevoir et de n'avoir mime pas pu vous faire transmnettre a temps un tele- gramme de bienvenue. Quelle deception aussi pour nos militants de I'Ulnion Patriotique, impatients de vous etre presents et de vous voir rembarq~uC avant la reception qu'ils avaient projet~e. Du moins mes jeunes colleagues et amis, Alphonse Henriquez, Jolibois, Elie Gu~rin, m'ont dignement supplee aupres de vous et ma famille a eu l'honneur de votre visit. Comme j'aurais eu pourtant de choses a vous dire Une journee y; eut a peine suffi. J'avais pris la liberty d'ecrire d'abord aux juntes de Santo-D~omingo, die Puerto-Plata et de Santiago, puis aux Associations de jeunes gens de ces memes villes sans avoir de r~ponse. Je leur demandais leur assistance pour nous aider a subvenir aux frais de la Societe pour l'Independance d'Hai'ti et de la Rdpu- blique Dominicaine, faute de quoi elle etait forcee de former son Bureau de Washington, foyer ardent de notre propaganda aux Etats-Unis. Depuis, j'ai appris que le tresorier de la Societe a regu S 400.00 or des D~ominlicains. C'est on noble &ian, certes, mais ce n'est pas assez. Patriotisme oblige Je voudrais en remerciant nos g~ni~reux auxiliaires, leur recommander de perseverer. Nos obligations sont toujours pressantes et I'oeuvre de liberation sollicite plus qlue jamais les patriotss hai'tiens. Nous nous sommes beaucoup rejouis d'apprendre que le Gouvernement des Etats-Unis a decidC de faire retour a la R~publiq~ue Dominicaine de ses droits souverains et nous n'avons pas manqud de tP16- graphier nos f61icitations au Listin. Diario. Que Dieu vous fasse la grace de convertir en reality cette lueur d'affran- chissement C'est le voeu le plus ardent de nos coeurs fraternels. Ma famille s'unit a moi et a mes cooperateurs pour vrous adresser, ainsi qu'a tous les chers v~tres, les compliments les plus cordiaux. u## A Madame la Presidente de la Junte des Dames Dominicaines Santo-Domingo. Madame la Pr~sidente, Mr. Lewis Jannett, tr~sorier de la Societe pour f~lnde~pendanlce d'Hai'ti DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 67 et de la R~publiqlue Dominicaine, me dit avoir regu des dames dominicaines par l'intermediaire du v~n~rb Pr~sident de la Soci~td, Mr. Morefield Storey, quatre cents dollars pour aider aux frais de notre champagne lih~ratrice. Ayant eu a ecrire i cette fin aux juntes nationals et aux soci~t~s de jeunes gens de vos quatre principles villes, je me suis permis de croire qlue votre geste gracieux est une replique a mon pressant appel. Souffrez qu'en d~posant a vos pieds l'hommage de notre infinie reconnaissance, nous vous suppliionsi d'8tre aupre~s de tous les groupements nationalists dominicains, les marraines infatigables de cette oeuvre de fraternelle solidarity. Notre champagne lib~ra- trice est loin d'itre a terme et plus qlue jamais nos d~fenseurs aux Etats- Unis ont besoin de nos subsides. Que la divine Providence vous assisted: en retour, et vous guide sur le chemin de la delivrrance dont vous pouvez d~ja voir poindre la prochaine aurore ! Veuillez agreer, Madame, pour vous et vos d~vouies cooperatrices: I'assu- r~ance de notre respectueux et profound d~vouement. Me GEORGES SYLVAIN REND COMPETE DE SA RECENT TOURNEE DANS LE NORD Monlsieur J. Jolibois, fils Directeur du << Courrier Hai~tien >> En Ville. Monl cher Directeur, Me voici revenue de ma court tournie au Cap, a Port-de-Paix, auxr Go- naiv\es, a St-Marc. Quoique trop rares et trop brefs a notre gre, ces diplacements nous sont precieux, oh~ nous avons l'occasion de conf~rer avec les chefs de nos comit~s regionaux, de prendre directement contact avec les populations, de les ren- seigner sur les r~sultats de notre action, et de maintenir entire nous l'unitC de vues. Partout our j'ai passe, j'ai trouve le people avide de nouvelles reconfor- tantes, nie fut-ce qlue pour faire un peu contrepoids i l'ahurissement dont I'acca- blent le verbiage intarissable des qubmandeurs de places et le carnct~re outran- cier des projects gouvernementaux, relatifs a la loi d'emprunt et auxe taxes in- ternes. Je n'ai pas eu de peine a d~montrer qlue, dans la champagne d'opinion qu'avec l'aide des d~fenseurs de notre cause national, nous menonls aux Etats- Unis, notre ambition a tonjours tendu i la revendication total de nos droits confisq~ubs, non a un amdnagement du protectorat, selon la formule Mc-Cormick. Toute amelioration partielle obtenue de la condescendance des gens au pou- voir, rdpublicains ou d~mocratesl ne peu t tre qlue prkcaire, expose a dispa- GEORGES SYLVAIN raitre avec l'Administration q~ui l'aura consentie. C'est la politiqjue irnp~ria- liste elle-m~me qlue nous attaqjuons comme un instrument d'oppression, de violence et de ruine. Or I'imperialisme, enforce par la preponderance finan- cibre actuelle des Etats-Unis, n'est pas une forteresse q~u'on puis:-e abattre au premier assault. < aurez finalement I'avantage > Deux anls ne se sont pas ecoules qlue nous vioyons se justifier f'efficacite du~ plan fonde sur ces provisions. En r~clamant le plus, nous avons obtenu le moins. sanls rien abandonner de nos rev~endications. Il est ind~niable qlue le traite- ment auq~uel le pays est actuellement soumis n'est pas celui q~u'it sub~issait if y a six ans. A qluoi notre people d~oit-il cet adoucissement de regune, smnon a l'elnergie de ses d~fenseurs ? LivrC pieds et poings lies par son propre gou- vernement au bon plaisir des Etats-Unis, oil en serait-il a P'heure presente, sans l'intervention de l'Union Patriotique aux c~tis de l'Association pour l'Avance- ment des Gens de Couleur et des Redacteurs de < dblegu~s sont parties pour New-York, le gouvernement Dartiguenave, prive de son traitement par le Ministre plenipotentiaire des Etats-Unis, avec P'appro- bationi du D~partement d'Etat, 6tait a ce point deconsidere, au regard de ses tuteurs Ctrangers, qu'un Memoire du President d'Hai'ti. transmis selon toutes les formes protocolaires au President Harding, attendait depuis piusieurs mois un accuse de reception! Done tous ceux qui soutiennent qlue notre lutte a etE vaine ou qu'on n'en voit pas les r~sultats, ferment les yeux a l'&vidence, par parti pris de denigrement. La v~rite est qlue, ayant le ferme dessein de determiner, par la pression de P'opinion publique, Cclair~e sur les proc~d~s du systame imoirialiste, un changement de fond dans les rapports des Etats-Unis avec les petites nations de cet hemisphere, nous avons, grace au zale intelligent des amis de notre caused suscitC dans tous les Etats de l'Union F~ddrale un couran-t d'opinlion puissant, favorable a la restitution de notre independence et de notre souve- rainetC nationals. Une association fonctionne, qui s'est donned pour tlche la defense de nos int~rits et I'extension de notre propagande. Des Ligues impor- tantes par leur personnel et par leur objet, telles qlue la Federation Ginerale du Travail, la Ligue des femmes qui votent, la Societe de Politique Etrangire, la Ligue du Gouvernement populaire, les principles Associations catholiques et protestantes, out pris ce movement sous leur patronage. Des journaux et des revues a gros tirages et i grosse influence, i c~t6 ou en dehors de < Au Senat m~me, le group redoutable et redouti des irrdco~nciliables, le noyau le plus consistent de ce Parti liberal qui semble appel6 i supplanter dans un avenir prochain les deux grands Partis historiques uses par la routine du Pouvoir, s'active en notre faveur. Ce sont la autant de r~sultats positifs que chacun peut contraler. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Un evenement recent vient de les mettre en pleine lumiere. On ne saurait trop y insisted ni en exagtrer la port~e. Vingt-quatre hommes de 110i, de ceux dont la parole fait autorit6 aux Etats-Unis, anciens Juges de la Cour Supr~me, Professeurs de Droit, Batonniers et anciens Batonniers, Avocats et Attorneys, Diplomates, Membres des Congres Juridiques, auteurs d'ouvrages de droit universellement apprecibs, ont signed une consultation, ou ils d~noncent P'illC- galit6 et l'injustice de l'intervention des Etats-Unis a Haiti et dans la Repu- blique Dominicaine, et concluent a. la n~cessite de mettre fin a l'occupation militaire de ces deux territoires, pour P'honneur et le bon renom de 1'Union itoilee. L'(illisible).... principaux..... du pays n'en finissent pas de commenter cette consultation memorable. Pas un n'a encore ose en contester la force juridique. Nous sommes done fond~s a affirmer que dans la parties engage, la victoire nous reste, Cclatante, ind~niable. Les voix les plus autorishes au pays de noj occupants ont proclam6 notre bon droit. Nous avons par li gagnC notre bataille de la Marne. II n'y a pas d'exemple qu'un grand people, soucieux de son honneur, se content de vivre ind~finiment dans l'ill~galitB et 1'injustice. Les hommes politiques peuvent s'agiter, les financiers multiplier leurs entre- prises de rapines et d'extorsion. La semence de v~rit6 lance~e aux quatre vents de la renommbe par les 24 juristes aura t~t ou tard sa sanction dans les annales de l'histoire. Bien cordialement a vous. Georges Sylvain. (<< Le Courrier Hai'iien >>, 16 et 17 juin 1922) PROCES-VERBAL DU CONGRESS (page 9717) Washington, Lundi 19 Juin 1922. MCr. Borah.-Nous parlons, Mr. le Pr~sident. de la saintetC de la v;ie et de la s~curiti de la propri~t6 a Ha'iti. La propriete 6toit aussi en stirete et la vie aussi sacr~e en Ha'iti quand nous y entrimes, comme cela est rlans qluelques parties de ce pays, mime dans quelques-unes de nos grandes villes. Ces der- nie~res ne sont pas aussi efficientes et aptes au << Self-Government >> qlue nous le pr~tetndons, et cependant j'ose: dire que. en comparan~t les populations, la sain- teth de la vie humaine etait tout aussi bien respected dans cette ile durant les mois on nous entrions pour envahir leur territoire qu'elle 1'a &th pendant des mois et des mois dans quelques-unes de nos grandes citis des Etats-Unis.-- Quand on pense au record des vols et des meurtres des grandes villes, dej lynchages et des autodafbs dans ce pays et de compare a l'ill~galitB i Ha'iti : vous ferez difficilement admetire les raisons qui ont motive notre presence a Hai'ti. 70 GEORGES SYLVAIN Mr. le Pr6sident, ii mon avis, nlous ne sommes pas enltrks dans f'ile pare, qu'il y avait des troubles. Pendant plus de 40 ans, de puissantes influences out ete: a la besogne pour d~cider le gouvernement des Etats-Unis a intervenic dans les affaires d'Hai'ti. Quoique je n'accuse ni le Dbpartement d'Etat. ni notre Gouvernement d'en avoir subi les effects conscients, les choses avaient CtO pr~senlthes au Couvernlemenlt de telle fagonl qu'il dut eCder a. ces influences.-- Permettez-moi donec de chercher ce qlue nlous avons fait quand nous sommes arrives la, et voir si nlous ne pouvons pas etablir pourqluoi nous y sommes all~s, et pourqluoi nous y restons.-- Rapp~elez-vous, Mr. le Prksident, qlue nous sommes dans ce pay-s depuis pre~s de 8 ans. Nous ne leur avons donned, pendant ce temps, qul'unle forme de gouver- nement militaire. Nous n'avons pas 6tabli on tented d'itablir quelque chose ressemblant a: un gouvernement civil. Tout enl conservant nominalement leur Pr~sidenlt, il est, a tous Cgards, le representant de la puissance militaire des Etats-Unis, et la seule chose qlue nous avons offerte au people ha~itien, apres 7i on 8 ans d'occupation, est une forme de gouvernement indbsirable, la plus intolerable, la plus brutale, la plus arbitraire. et la plus cruelle de toutes les formes de gouvernement a donner a un peuple soumis au pouvoir d'un autre. Une des premibres choses decouvertes par nous au moment de nos inves- tigations des affaires hai'tiennes est le fait qu'il existait dans leur Constitution une disposition interdisant aux strangers le droit de propribt6 en Hai'ti. Ceci se trouvait Ccrit dans leur premiere Constitution en 1804~. Ils croient cette disposition n~cessaire a leur defense. Ils savent qlu'ils possihdent une ile dont le terroir est extr~mement fertile, et que, s'il etait permis aux strangers d'8tre propri~taires et d'exploiter ses resources nlaturelles, ils ne pourraient plus tenir contre ce genre de penetration paisible, et qlue finalement, par l'acquisi- tion de leurs propri~ths, de leurs resources naturelles et de leurs terres, I'6tran- ger finirait pas dominer la situation en Hai'ti. Une des premilbres choses qlue nous fimes etait d'arracher de la Constitution cette disposition. Cette fagon de faire n'a rien de commun avec notre proposition d'occupation temporaire - et ne pourrait jamais ttre une parties du programme de la simple restauration de la loi et de l'ordre en Hai'ti. Ceci 6tait la pose de la foundation de l'occupation p.ermanente d'Hai'ti. Je suis informed, et je crois mon information digne de confiance, parce qlue l'une des personnel qui me renseignent est propribtaire a Hai'ii, qlue depuis F'abrogation de cet article de la Constitution, quantitbs de terre ont CtC ramas- s~es par les citoyens des Etats-Unis et quelque deux lent mille acres avaient CtC acq~uis par diff~rentes companies ou corporations et qlue celle superficiz passe maintenant i. des mains autres qlue celles des citoyens d'Hai'ti. Naturellement, Mr. le Prbsident, si cela est vrai, ce qui a 6ti appele alorj une occupation temporaire d'Hai'ti deviendra n~cessairement une occupation permanent. Ayant arrache de la Constitution leur protection contre les acque- reurs 6trangers, nous retirerons-nous jamais de I'ile et. laisserons-nous les ac- qu~reurs Btr~angers administrbs par le people ha'itien ? Cette affluence qui s'en va li maintenant dans le but d'exploiter ces iles aura le droit de dire : << Nous DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE avons achete apres qlue nous ayons change la Constitution et sonrs dles terms supposes, quoique non exprim~s, yous auriez a nous prothg~er dans nos pos- sessions en Ha'iti. Ayant arrache du changement dans leur Constitution, nous prenlons avan- tage du changement pour saisir les terres, et q~uand I'heure pour nous en aller viendra, notre propre people nous demande~ra de rester. Ayant placC notre argent la, parce qlue c'6tait ce qlue voulait dire le changement de la- Constitutionl nous ne le laisserons pas a la merci du people qju'ils ont exploitS. En d'autres terms, cela indique qlue quoiqu'il y ait eu un but annonce d'occupation temporaire, les choses qlue nous avons fa-ites indiquent une occu- pation permanent. Comment cette Constitution a-t-elle &te adoptee par Hai'ti ? Elle nl'a ete, en aucun sens, I'expression du people hai'tien. L'histoire de cette violence sur ce people a propos de cette Constitution ne peut itre dl~fendue. Aucune defense ne m'est encore tomb~e sous les v-eux. Dans le; discussions de la ques- tion hal'tienne, on Svite d'en parler. C'est un people de 110.000.000 d'ames, possedant une grande armee et une puissante marine, agissant contre un people de 3.000.000 d'limes, sans armie et sans marine, leur ordonnant un changement dans leur :loi fondamentade. prejudiciable a leurs inte~rits. Le 17 Juin 1917i, le G~neral Cole qui etait chargP des affaires militaires sous le soi-disant gouvernement hai'tien telegraphia a notre G-ouvernement comme suit : << Antagonisme Assemblde Nuationale contre droit de propriete aux e~tranl- gers tel qlue aucun effort sauf dissolution ne pourra empicher vote Constitution selon condition rapporthe par ma d~pche 13107. Si Assemblie refuse de prendre garde a pareil avertissement. il sera necessaire de dissoudre Assembl~e pour pr~venir tel v~ote.> << Le nombre des marines en Haiti dlevra e~tre augmented d'au moins huit companies pour empacher desordres q~ui pourraient resulter dlissolution de I'A~ssemblie >. N~ous avons ici la question danis son exactitude e: sa simplicity. Ira suivre) << Le Courrier Haitrien >, 26 juillet 19)22 1 LA RESOLUTION LADD La resolution Ladd vient a son heure. Elle repond a un double souci du S~nat ; d~fendre ses prerogatives constitutionnelles contre une sbrie d'empie~te- ments du Pouvoir Ex~cutif qui lui semblent constituer un danger national; reagair contre une politique extbrieure q~ui tend a ruiner completement le credit moral des Etats-Unlis auprtbs des Republiq~ues du Centre et du Sud-Ambrique : 7i2 GEORGES SYLVAIN La ~force arme~e du gl~rad Etat Nord-Ambricain, mise au service des op6- rations financieres de ses hommes d'affaires comme un moyen d'exploitation &conomique et un instrument de domination politiq~ue. C'est toute la politique du dollar., Elle est attaquee a sa racine et a la rigueur du coup, on reconnait qu'une main puissante y porte la cognbe. La resolution sera populaire par~mi tous les hommles politiqlues qui com- battent la preponderance des trusts 'financiers. Elle aura. a ce titre, I'appui du nouveau Secr~taire d'Etat, M. K~allos. La mnajorite qlui dans le Congris d~ter- mina un pen avant I'ouverture de la champagne pour l'Clection pr~sidentielle, les poursuites contre les Compagnies dlu pbitrole et du~ sucre se retrouvera com- pacte en faveur de son adoption. Comment la resolution Ladd touche-t-elle ai la phase actuelle de la q~ues- tion hlai'tienne ? De deux fagons : condamnant le principe des interventions du type de l'Occupation d'Ha'iti, elle a pour consequences inevitable la d~soccu- pation. Et c'est pourquoi elle a CbtC suivie, a quelques jours d'intervalle, d'un magistral discours du S~nateur King, qui, renforgant d'un expose complete de la situation hai'tienne son Amendement a la 10i de finances. a de nouveau insist pour que solent retirees du prochain Budget de la Marine, a partir du ler Juillet, les allocations affectbes a 1'entretienl des troupes exp~ditionnaires, stationnlant a Hai'ti et au N~licaragua. Cela enltraineral comme automatiquement Je retrait des Marines, sans qu'en y pourvoyant le S63at sorte de ses attribu- tions. Le Sinateur de I'Utah a recommand6 q~ue cette measure, pour Stre pleine ment efficace, soit pr~cbd~e on accompagn~e de la reconstitution des Pouvoirs Publics Haitiens, notamment de l'election d'une Assemblie, chargee de donner au pays une Constitution, conforme a l'aspiration national. 11 s'est 61ev6 avec force contre le travail destructif du regime de la Coopbration q~ui a commis le crime de d6truire la sage provision des fondateurs de la nationalit6 hai' tienne, interdisant aux strangers le droit de propri~th fenciare, afin, de garantir au paysan la possession de la terre qu'il serait en force pour sauvegrarder contre les procid~s d'accaparement et les capitaux des Compagnies exotiques. L'Amendement King est le corollaire logique de la R~solution Ladd, qui lui sert de support et qui, a son tour, le complete. On a remarque la vivacitC avec laquelle un des leaders du S~nat, M. Reed, au course de l'expos6 du S~na- teur King, a protestC contre l'idee que le contract d'Emprunt de 40 millions de dollars, impose a I'Etat hai'tien pilt, en dehors du consentement du S~nat, engager en quoi que ce soit le Gouvernement des Etats-Unis. << Si c'Ctait vrai, s'est-il ecrib, it faudrait mettre en accusation ceux qlui out pu violer ainsi nos lois constitutionnelles > Qu'un Acte du Congres ayant force de 10i, interdise desormais au Pouvoir Executif de faire servir les troupes de I'Union F~dbrale a contrainldre les Gou- vernements strangers a I'execution d'engagements contracts envers des citoyens des Etats-Unis, le retrait de ces troupes une fois opith chez nous, sera d~fi- nitif. La dbsoccupation ne pourra plus Stre un pidge. D~cid~s i remplir nos obligations contractuelles, a la condition qu'elles ne soient entach~es d'aucune fraude, d'aucun vice de consentement, nous pourrons exiger qu'on en agisse DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 73 aussi strictement i notre egard, sans crainte qlue des pressions exterieures n'annihilent notre droit de protestation et de recours. Voila les nouvelles pers- pectives qlue la correspondence de nos amis des Etats-U~nis nous fait entrevoir a notre horizon proche ! Bien entendu, ce ne sont- pas encore choses acq~uises. De; contrecoups peuvient encore se produire. Nous avons affair~e I die pouissants adversaires qui, jusqu'au dernier moment, useront contre nocus tie toutes leurs armes. Mais la parties est fortement engage~e, et nous av;ons aussi die slides atouts. Pour la mise en liberty de Philias Lemaire A la Populatnion de Port-aur-Prince Les valeurs recueillies jusqlu'ici p~our la lih~ration de Phileas Lemaire et dont une parties a servi aux; funerailles de son phrP, grace a. 1'appoint de qluelques amis des Ca!-es. tie Petil-G;oave. de Jacmel. de Li0gine, de Grand- Goive se chiffrent a 250 dollars. C'est 50 dollars de moins qlue le montant de l'amende exig~e de lui. 11 nous reste a percev~oir les 50 dollars. Pour cela: 23 jeunes filles, dbsigniej a v-otre attention par un Bulletin de notre Comite. sign& comme ci-dessous, t~cheront d'Cmouvoir. a trav;ers la ville, p~endant la journee de demain, la sollicitude traditionnelle de la population de Port-au-P-rince envecrs les causes justes et humaines. Nous sommes dl'av~ance certains qlue votre grinerosite ne decev~ra pas leur attente, et que lundli prochaint Phile~as Lemaire. av;ant accompli integralement ses six mois de travaux forces, pourra payer la rangon de sa mise en liberty. Honneur auxc coeurs devou~s ai qui nous devrons cette reussite. Pour le Comit6 d'Initiativie : Georges Sylvain Port-au-Prince, le 24 Actit 1922. (<< Le Courrier Haitlien >>, 25 et 26 aoilt 1922) Circulaire Port-au-Prince, 27 Septembre 1922 Monsieur le President du Comnite de l'Union Patriotique. Mon Cher Colliague, J'ai regu de nos amis et defenseurs de la Societe pour l'Independance d'Hai'ti et de la Republique Dominicaine un rapport rbconfortant dont je ne GEORGES SYLVAIN 74 puis mnanquer de vous faire part. La perliode des vancanlces a determined unl temps d'arrit force dans leur action, d'autant plus qu~e en I'absence de Mr. Hugues, parti pour unle lointaine croisiere, le Departement d'Etat se dispense, de toute decision important et que le Senat, occupy de questions d'adminis- tration locale, n'a pas eu a donner sonl attention aux affaires d'Halti. Depuis, la session du Congres a ete officiellement close et ne se rouvrica qcu'ii la fin~ de l'annee, apres les elections parlementaires de Novembre. 11 nous fant done continue a nous armer de patience. Le resultat des elections engage~es aux Etats-Unis peut itre de quelque influence sur I'orienltationl generale de la poli- tique. La totality des membres de la Chamb~re et le tiers du Sbnat sont a renouveler. Que la majority passe des gouverlenementaux aux adversaires de: la politique du Pr~sident Harding, ce sera certainement unl 9chec pour l''Impe- rialisme. Or, si les informations qui nous par~viennenll senlt exacles, I'opinionl de plus en plus s'accentue contre la politiq~ue dlabsorptionl et d'exploitation dles petites nations. Nos amis en voient unle p~reuv'e inden~iable clans les com- mnentaires dont la press de tous les parties a accomnpagnel le Rapport de la Commission Mac-Cormick. La plupart n`!y ont \.u qlu'une a a\re de complai- sance qui ne detruit rien des accusations p~ort~ees par les mandataires du people hal'tien. La conclusion de nos defenseurs est que jamais ils nl'abandonneront notre cause, non seulement parce qju'elle est just et belle. mlais encore p~arce qu'aimant eux-mimes leur pay-s, ils out souci die son honneur et de son hon renom. Ils nous exhortent a rester sur le terrain de intte. ai maintenir notre agitation contre les ill~galiths, I'oppression, les divers attentats au tiroit. Chaqlu- acte d'injustice ou de brutality commis envers nous ne peut qlue rendre notre cause plus sympathique, q~ue hitter l'heure de nlotre lib~eration qlue nous devrlons a notre fermetC et a notre constance. Si les Hai'tiens se donnaient la peine dl'etablirle bcIilan de la campagnz liberatrice, victoires et d~faites, depuis un anl et demi, ils seraient etonnbs du chemin parcouru.-- Le r~sultat a ete surtout facility par f'organe de defense et de propaganda q~ui a fonctionne auxv Etats-Unis, le Bureau die Washingrton. Les temps ne sont pas sans doute favorables a de nlouveaux sacrifices pecu- niaires mais les patriots hai'tiens ne doivent pas perdre de vue que la reconstitution de ce pr~cieux instrument d'action est essentielle a la reprise de leur propaganda, au triomphe final de la campagrne d'opinionl dont deipendt le salut d'Hai'ti. J'ai remercie en votre nom nos indomptables corresponldants et je leur ai donnC l'assurance que nous ne faillirions pas a notre drapeau, q~uoi qlu'il puisse en advenir. Agr~ez, mon Cher Collegue, pour vous et pour tonls les membres die v;otre Union, I'expression toute cordiale de notre profound d~vouement. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 75 ORDRE DES AVOCATS DE LA JURISDICTION DE PORT-AU-PRINCE Discours de IMe. Georges Sylvain, bitonnier de I'Ordre, B la rentr~e solennelle des Tribunaux, le 2 Octobre 1922. Messieurs, Une de nos meilleures traditions est que, a la rentree des tribunaux, le Barreau s'honore de joindre sa voix a celle des representants du Pouvoir Exe- cutif et de la Magistrature pour changer entire les membres d~e la Famill,- Judiciaire des souhaits de travail fructueux et de f~ranche confraterniti.-- diront en raillant les sceptiques.-- << Autant en emporte le vent des discordes, qui n'a pes de plus stir habitacle que I'Antre symboliq~ue de la Chicane >. Sans nous exagerer la portee de ces manifestations annuelles de notre bon vouloir r~ciproque, yous avez raison, Messieurs, d'y tenir: et pour ma part, j'y souscris dn tris grand corur, car maintenant plus que jamais, if nous imported de conserver et de fortifier les liens qui nous rattachent au passe. Certes tout dans cee passe n'est pas egale- ment respectable, et I'on aurait vite fait d'en signaler les d~fectuosit~s, les tares et les 'lacunes. Mlais les fondements en etaient plus solides que nous n'avons coutume de dire, s'ils nous ont permis de durer pendant plus d'un sie~cle. sous la tempite originaire, touj ours inapaisee. Ce n'est un secret pour aucun de vous que nos institutions nationals tr~aversent la plus forte crise qui ait jamais menacC leur existence, depuis notre constitution en Etat souverain, I'Institution Judiciaire autant et plus que les autres, puisqlu'elle sert comme d'arc-boutant aux autres. Les critiques don't on youdrait I'accabler sont-elles justifies ? II ne m'a point paru inutile, Mes- sieurs, qu'au seuil de cette annee judiciaire, la question filt abord~e sans ambages, et qu'un t~moin qui depuis trente-quatre ans vit de votre vie publique, vint attester ce qu'il en connaitt temoin int~ress6 sans doute, mais dont personnel n'a le droit de dire que, a aucun moment d'une carrikre deja longue, il ait en peur de la verite. Ignlorante, routinie~re, venale et partial, on peut r~sumer ePn ces quatre epithetes les griefs presentement articudks contre la Justice hai'tienne. Qui les produit ? Des gens du m~tier ? Des arbitres impartiaux. dmnubs de tout prbjuge, de tout parti pris, purs eux-mtmes de tout reproche ? Assur~ment non Je regarded et je ne vois que des adversaires de notre nationality, qui, acharnes i l'exploitation du pays, ont besoin d'armes contre l'Administration ha~itienne et les ramassent de toutes mains. Aucune consis- tance dans leurs accusations. Pas de faits precis et vdrifiables : des ragots de plaideurs aigris. Et pour conclure, une condemnation en bloc, portant des- saisissement de notre pouvoir de jurisdiction, pour cause d'indignitC. Pur procks de tendance, contre lequel protestent la masse imposante des decisions qui chaque jour sortent de nos tribunaux, suivant dans leur complexity presque GEORGES SYLVAIN infinie tous les incidents de la vie social Que ne s'y rCfarent leurs contemp- teurs, avant de les incrimniner Ce n'est pas, en effet, par des d~n~gations ver- hales, mais par le produit de son constant labeur, que notre Magistrature se defend contre le grief d'incomp~tence. Quanlt au crime de prevarication, il ne suffit pas de l'all~guer i la charge d'une Corporation honorable : il faut en justifier par des faits probants, des actes d~termind~s, diment 6tablis : autre- ment I'accusationl tome d'elle-miame sons le mepris des gens de bonne foi Je lis dans un document. adresse a la Commission d'enquate du Senat des Etats-Unis : < On reproche aux juges hai'tiens leur partiality a I'egard de leurs natio- naux et leur mollesse a reprimer les infractions d'ordre politique. ( Pour les disculper de I'accusation immerit~e de parti pris contre les justiciables strangers, on n'a qu'a consulter en une annie q~uelconque le tableau des decisions rendues par n'importe lequel de nos tribunaux. Ce sera facile de constater a I'aide d'un simple calcul de proportion et par la comparison avec le risultat des sentences d'une Cour similaire des Etats-Unis, combien en ces matie~res surtout, il faut se d~fier des accusations gratuites et des griefs sans fondement. La tendance a faire juger les crimes ou dblits politiqlues par les Cours Martiales, de pr~f~rence aux jurisdictions de droit commun, comme 6tant, ce semble, plus promptes aux condamnations, est naturelle a tous les Gouverne- ments despotiques, a tous les Pouvoirs Militaires C'est l'honneur de notre civilisation d'avoir constamment reagi en faveur des garanties n~cessaires a toute justice digne de ce nom et en faveur des droits de la personnel humaine. Le legislateur hai'tien a pens6 qu'en un domaine, on~ les divergences d'opinions et les erreurs d'appr~ciation sont plus fr~cquentes q~u'en tout autre ; oil la surexcitation des passions attenue la port~e des propos violent, on ne risque rien de ne pas se hilter aux decisions de rigueur, parfois irr~parables. Que, sous une haute preoccupation d'apaisement social, nos juges une fois on l'autre, aient opinC de mime, c'est de quoi leur m~riter en tous pays l'estime des gens de bien > Messieurs, I'oeuvre des juges hai'tiens, j'entends- des juges inamovibles, - peut dans l'ensemble, (croyez-en un ancien college qui pendant neuf ans a collabor6 a vos travaux), supporter l'examen de:s juristes les plus q~ua- lifids. Il n'y a qu'a lire, pour s'en convaincre, nos rermeils de jurisprudence. Par la s'explique l'opinion trbs avantageuse que les Chefs des plus hautes jurisdictions 6trangeres, un premier Pr~sident de la Cour de Cassation Fran- gaise, un Pr~sident de la Cour supreme des Etats-Unis, n'ont pas h~sit6 a. 6mettre sur notre compete, toutes les fois qu'il leur a etC donnC de prendre connaissance des litiges tranch~s par nos tribunaux. Est-ce a dire que, seuls entire tous les peuples, nous ayons r~alisC chez nous, en un tel ordre, la perfection ? Ce serait une sotte pr~somption de le pr~tendre. Si l'humanit8 n'a pas encore trouv6 de recette infaillible pour instaurer le rigne de la justice id~ale, aucune nation, mime celles qui, du DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE consentement universal, marchent a l'avant-garde des civilisations modernes, ne saurait se flatter de ne pas avoir a son usage une justice boiteuse par quelque c~te. Pour ce qui est de nous, Hai~tiens, nous occuponm, a coup stir; un rang honorable parmi les peuples qui, a degree 5gal de culture et de maturity, s'ef- forcent de leur mieux a pratiquer le minimum de justice qu'exige l'existence des societes civilisees. Mais il s'en faut que, dans I'application commne dans l'C1aboration des lois, I'instrument dont nous nous senlons, ait toute la sou- plesse desirable! A ne consider que ce chapitre du recrutement de notre personnel judi- ciaire, il nous manque notamment une loi sur les nominations aux functions de justice; il nous manque une loi assurant aux Officiers du Parquet, qui participent, eux aussi, a I'eminente cligniti de la Magistrature, les mimes ga- ranties qu'aux Juges contre les destitutions arbitraires; il nous en manque une autre relevant le traitement des Juges de Paix, mettant des conditions plus difficiles a leur nomination et leur 6tendant le privilege de 1'inamovibilit6... Est-ce la le genre de reformes auxquelles on voudrait: subordonner le res- pect de notre droit souverain de juger. Qu'on le dise sans reticence, et qu'elles soient alors les bienvenues Les archives de votre Cour Supr~me suffiraient a attester que, pour en requerir I'adoption, y;ous n'avez pas attend les critiques de vos detracteurs. Messieurs, yous les recluirez a neant, ces critiques, en n'en tenant compete que comme d'un stimulant a mieux agir, en vous appliquant de plus en plus a faire predominer sur le formalisme des vieux textes de prodcdre l'esprit de justice qui les vivifie, en enrichissant votre experience du droit de connaissancej chaq~ue jour plus approfondies, en surv~eillant votre tenue, de fagon a ne laisser aucune prise a la calomnnie, mime p~ar de fausses apparences. Et si, malgre v~os efforts, elle persistait dans son entreprise de d~nigrement syst~matique, nous rappellerions a qlui se mile de juger votre justice qu'elle est entrav~e dans son evolution normal et limitee dans sa responsabilitC, depuis que pe~se sur son fonctionnement la trop fr~quente immixtion des agents militaires cl'une Puissance etrangere. C'est la le danger le plus grave a quoi restent exposes nos tribunaux, et plus particulie~rement nos tribunaux inf~rieurs. En formulant le vacu que, dans un prochain avenir, ils en soient com- ple~tement affranchis, j'ai conscience de r~pondre, Messieurs, a votre senti- ment unanime et de servir par surcroit I'intdrit des justiciables, hai'tiens et etrang~ers, I'ind~pendance integrale du Juge 6tant, sous toutes les lati- tudes, la premniere condition d'une bonne justice! Me voici au terme de cet entretien. Ai-je CtC trop long ? J'en ai peur. J'aurai une excuse, si vous y avez puis6 un nouveau motif d'encouragement au devoir. '7g GEORGES SYLVAIN UNION PATRIOTIQUE Port-au-Prince. 21 Octobre 19)22 Monsri~ur le D1 Iirtctoru l de a Lan Poste > Monsieur le D~irecteur. Selon notr~e inv\ar~iable pra~tique, nouus nous emlpressons de vous trans- mnettre p'our I'interi~t de \os letcteurs. I'inlformati ol suivante. reque de New\-York : La Society pourl I'Inldepelda nlce d'Hai'ti et de la R~P;ubliqlue Dominicainer a, le. 11 Octobre, renldu publique unle protes-tation contre l'Emprunt, actuelle- ment lance~e aux Etats-Unis pour compile du Convernementt hai'tien. Cette pro- testation, for~temnent motiveet. se fonlde s-ur c~e que le projet d'Emprunt n'estl que I'ahoutissantl et comnue la conISecration1 dune longue serie d'illegalitis : et qlue le peuple hal'tienl preLsqlue enl enltierIt le reousse Elle colnclut en ces termnes : << Le Peuple hialtien. eni depit des arrestationis. de la Co~ur Martiale et des emprisolnneentsrt, a conlstanlunent procteste qlue l'Emprunt est illegal, bati sur la violence et sur la fraude et qlu'il le repudiera a la premiere opportunity.> Le D~r. Grueninlg a prism~ la pleine responsab.ilite de ces declarations. Le Vice- Pre~isident de la Nationlal City Company s'est r~etranche derriere le Conseiller Finlancier et le DC-parlement d'Etat pour esquiver toute repliqlue. Les foner- tionlnaires dlu Departemenlt d'Etat et du DePpartemnent de la Marine ont declari que l'attaqlue die la Societet pour l"Inldependa nce d:Haitli et de la Republiqlue D~ominicainle est conlfor~me i la campagnle mene~e depuis qluelque temps dej.1 par cette Societe et nie les concernle en aucunle mlanilere. Par les soins d'uni Comite de propaganda, les- discourd des Senateurs Borahi. K~ing et Norisi a la seanlce se~natoriale du 19 Juini derniert en faveur de ila desaoccupationl d'Hai'ti et de la Republiqlue Douminicainle ont e~te distr~ibues a de.; milliers d'lexemp~lairesi dans toute l"6tenldue det l'Uniol Federale. La minme pub~licitE a Ple donnee a la protestatio n., adres~ee au Departement d'Etat contre le mainione i de l'Occupati oni mlilitaire a Hai'ti et a Santo-Domingo. L'adresse provientl des memes ligues. dontl les Bureaux. sous la pre~sidence du Senateur Owen, avalent entreprij une demlarche personnlelle aupresi de M. Hugues pour attire. sont attention sur. I'inconsjtitutionnlalite de l'interviention. Elle conclut a la convoccation dlun Congre~s des Rep~ubliques americaines, auquel seraient soumises les difficultes soulevees entire les paysj libres de nlotre He~misphetre. Si jamais, dans un inlterat de sauvegarde mutuelle, une assistance militaire etait reconlnue n~cessaire chez l'un ou chez l'autre. les E~tats-Unis ne seraientl pas seuls i en~ de~cider et a y- pourv~oir : ce serait fait conjointement avec les R~publiqlues voisines. Nous en avons assez dit pour attester que la campagne d'opinion, menbe iA-bas p~ar les di~fenseurs de notre cause national: continue avec entrainl et vigueur. Elle a ej~i port ses fruits. Quel Ha'itien digrne de ce nom consen- tira a montrer moins de ze~le que les libbraux des Etats-Unis pour l'affranl- chissement de notre patrie! Venillez agr~er, Monsieur le Directeur, nos sinceres civilites. Georges Sylvain. (<< La Poste, 21 Octobre 1922) QUATRI EME PA RT IE La Lutte pour la Reconstitution des Chambres Legislatives. Le Senot de 1924. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 81 NOTES PRELIMINAIRES La Con~stitutionL de 1918 prevoyait unle Ch~ambr~e et n Senlal elus direc- tement par le people, mzais disposait en, son article 107 : << Les Assemblies primaires se reunissent de plein droit dans << chaque commune, le 10 Janvier de chaque ann~e paire, a selon qu'il y a lieu et suivant le mode etabli par la loi. Elles < out pour objet d'C1ire aux 6poques fixes par la Consti- < << amendments proposes a la Constitution ; > Le Pouvoir Executif, arg~umentant de l'expression. < l'anne'e paire ou les elections auraient lieu, et c'est ainsi qu'elles ne furent dkcretees ni pour 1920, ni pour 1922, ni jamais jusqu'aux dve'nements de 1929-1930. Le 30 Septembre 1923, sur convocation du Comite Central de l'Uinion Patriotique, plusieurs centaines de citoyens de Port-au-Prince se reunirent au TheaCtre (( Parisiana ,, et voterent la resolution suivante : a lo) Il est neces- saire et urgent que les assemblies primaires se reunissent le 10 lanvier 1924~ pour les elections legislatives ; 20) Le Comite Central de l'Union Patriotique est charged de prendre ai cet effer toutes les measures propres &i assurer aux citoyens hai'tiens l'exercice de leur droit de suffrage. < En vertul de cette resoluction2, le Comite Central de l'Uinion Patriotique cdecidla de porter devant les tribunautx la question du droit des citoyens ci proceder auxz elections legislatives, le 10 lannder 1924, m~me ai defaut de toute convocation. du Pouvoir Exe'cutif ,,(') Le litige s'eng~agea sur le refus des greffiers lustin. Bois et loseph Simeoon Salomon, respectivement du Tribunal de Paix, Section. Sud et du Tribunal de Paix;, SectionNord, de recevoir les declarations de candidatures de Messieurs A. Pierre-Paul, Victor Cauv~in. (( La Section Nord a donned pour motif de son refus le communique dus Ministre de l'Inte'rieur qui, le 4~ Octobre dernier, a annonce qu'il n'y aurait pas d'election~s legislatives le 10 lanvier 1924, le Gouvernement h~aitien, apres changes de vues avec le Gouvernement des Etats-Unis, avant decide qu'il en serait ainsi. La Section Sud s'est contented' de dire que tel etait l'ordre du 1Ministre de la justice ).(2 1) Union patriotique. Comite de Port-au-Prince. Le Proces pour les Elections Legislatives du 10 Janvier 1924, Avant-Propos. Toutes les informlations qui suivent sont egalement tirees de cette brochure. 2) Idem p. 7. GEORGES SYLVAIN Uine dlouble action frut intentee, I'urne par dlevanlt le D~oyen dlu Tribunal Civuil de Port-aul-Prince statucant en erat de refere et I'aurtre, par devanlt le Agcfe Leon Pierre en audlience publiq/ue extraordinaire. En refere, Victor. Cauvin, Antoine Pierre-Paul, Louis Errie, Ph. Lemlaire, Annibal Momplaisir, Fernand Lamothe, Georges Petit, V. Che~valier, H. Monval, S. Gauchier, O. Pyrol et A. Eugane, toues electeurs de la Commune de Port- aur-Prince, interjeterent appel dur rejet de leur dlemndnte d'inrscription par la Commission d'inscriptions de la Commaune de Port-au-Prince et, en conse- quence, donnerent assignation << u sieur Edmnondc Mangones, Malgistrat Coml- mzunal de Port-au-Prince et Presidenllt e la Commission dl'Inscrip~tion, auxs fins de s'entendrre condamner 10) ri inscrire one a faire in~scrire sur les registres dI'inscriptions qlu'il ouvrira specialemnent pourr les Elections legislatives dus 10 lanvier 1924 routes les enonciations tiles au plein ex\ercice du droit de surf- frage revendique par les app~elants ; 20! ) prendlre tourtes les m~esurres qune la loi prescrit ar cette fin, notamment celles concernant la delivrance des cares electorales et le sectionnemlent des burreaux. die vote, en cas dl'elections leg~is- lativ~es... etc am'. Les appelants sont represents par Mles. Georges Sylv~ainl, Baitonnier en exercice, F. L. Cautvin, ancien Baitonnier et Emlile Cauvzin. Mr. !Mangones est ef~endul par Mes. IV~. Mlichtel. H. Cor.iring~ton. Lehlio loseph et R. D~elatour. Apre~s avoir r~ejete urne dlemalndle r~econventrlionnrelle en, I~ra~racation~ det Ior- dlonnance ab~reviative de dehlai dul 30 Octobre 19)23 et unre ex~ception die nulllite die f'assignation introductive die f'instance, le D~oyen Rodlolphe Baraul decline sa competence, comme le Ilui avait dlemrande le defendtearr, parce qule jcg~e dl'appel en cette matiere special, aux- terms de article 16 dle la loi electorale due 4 Aouit 1919, le luge des referes n'etait competent que si la premiere jurri- dliction la commission d'inscrip~tion ava~it, aut prealable, statuek. Or, enr I'espece, elle n'avait pas put statuler puisq/ue : <<...la commisison actuellement existante. enl vertu de l'arrete du 26 Septembre dernier, n'a competence que pour staturer sur les r~cla- mations relatives aux inscriptions communales Clectorales ; << Que cela etant ainsi, le premier juge n'a done pu statuler com- petemment sur les inscriptions relatives aux elections leg~islatives > ; Cependant, tout enr declinant sa competence, le luge des Referes indliquait la voie ci sulivre (les tribunauxv ordinaires I et mtme prenait position sur le fond dul litig~e, en, faveure des dlemandeurs : << Attendu qu'il n'a pas appartenu au juge d'appel special d'ap- precier autrement I'arrite communal du 26 Septembre dernier, lequel, cependant en limitant les droits des citoy;ens blecteurs aux seules elections communales, alors que l'art. 107 de la Constitution dispose que les Assembl~es Primaires se reunissent de plein droit le 10 Jan- 1) Idem p. 29. 2) Idem, p. 36. C'est nous qui avons soulign8. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 83S v;ier de chaqlue annlee paire pour l'election des deputis, des senateurs, des conseillers communaux, re~velerait de la part du Conseil Commu- nlal unle miconnaissance absolue des droits des electeulrs, et qu'en cela, ii se serait inspire d'un Ordre ou Communique Officiel qui, eu igard au caracter~e essenitiellement democratique et frepr~sentatif du Gou- \ernement de la Republique, constituerait une violente entorse a la _souverainete nationlale. reisidant danis l'universalit0 des citoy-ens, le dlit Ordre c~onltr~iuant a ajourner la formation du Pouvoir Legislatift I'un des troisi Pou\oilrs auxq~uels l'existence de cette souverainete est dellguee.> Panr dlecant la lur~idiction ordinaire,A.4 Pier~re-Paurl et Victor. Cauvin, tou- jour~s r~eprisentlis panr Alles. Gecorges Sylvain et F. L,. Cauv~in, dlemanderent au tribunal de fair~e inljonction auxr greffier-s de la Section Nordl et de la Section .Sudr de r~ececoir learrs d~rclarations dle candidanture, etc... L~e Mlinisltre Pulblic decclina la competenc e duc tribunal conlformement aux articles C et 29) de la :onrstitutlion quli intrdllisentl toutr emplielemnlr t de I'unr dies trois Pour~oirs surt I'aultre. Le( Agle n'euil pas de~ r.einle ci ~canrte~r. cette exception dl'incomnpetence car iil nI'tait dlemalndk al trlibunral ni e de prendre le Decret prevu par I'Aqrt. C. dle la CIonstitutlion. nli d'olrdonner de conv1oquler le p~euple dans ses cornices, ni de faire autcurn atr~e acte quri soil danns les attribu~tions dur Pourvoir Exe- Anl jondt. le Arer Lconl Pierre, emnbrassan nt claqestion dans toulte son amplllear~.- nlhesita pacs ai tancer vertlrremet le Pouvzoir Executif et ai donner pleinemlent raisorr n aux forces dlimocratiqu~es. quri ~llutailent pour la reconstituc- tion d'unI veritab~le PouvZoir. Executfif. Ce sont touls les a Considraknt > de ce couragnfeux jugeente l qulr~l faudramit replolrodire manis ils sont nombreux~ et longs. 1Vours en donnlons ce quri suit : << Consid~rant qlu'aux terms de l'article precite,(2) les A;sembl~es Primnaires se r~unissent de plein droit, le 10 Janvier de chaque annie paire ; de pleinl droitt c'est-a-dire sans convocation, qlue c'est cet ar- ticle qlui consacre et accord aux citoyens le droit d'C1ire, a la dite date du 10 Janvier des annees paires. les d~putes du people, les s~na- teurs, les conseillers communauxt. et le droit de statuer sur les amen- demnents prop~oses a la Constitution : qui tend a accorder ce dr.,it d'une maniere absolue. pure et simple. < pas pris le dberet prevu par l'Ar~t. C. des dispositions transitoires de la Constitution, les citoyens n'ont pas le droit de procider aux pre- mieres Plections legislatives du 10 Janvier 1924, qu'ils pensent qlue leur fayon de voir est conforme au dit Art. C : 1) Idem p. 19. 2) Art. 107 de la Constitution de 1918. 814 GEORGES SYLVAIN << Consid~rant que les 2 premiers alinbas de cer article sont ainsi libe~lles : < Les premieres elections des membres du Corps L~gislatif apres l'adoption de la presente Constitution auront lieu le 10 Janvier d'une annbe paire; I'ann~e sera fixbe par d~cret du Prisident de la R~publique, public au moins 3 mois avant la reunion des Assembl~es Primaires.>> < Conside~ranlt que les termnes imperatifs de cet article ne com- portent pas pour le Chef de l'Etat la faculty de prendre on de ne pas prendre le d~cret pour les premieres Clections 16gislatives ; qu'ils n'etablissent pas en sa faveur un pouvoir discr~tionnaire au sujet des premieres elections 1Pgislatives apres 1'adoption de la Constitution de 1918; qlue cet article impose au Prisident d'Hai'ti l'obligation impe- rieuse de prendre le dit d~cret, ce, trois mois au momns avant la reunion des assemblies primaires ; qlue la convocation par decret pr~sidentiel en vue des premieres Clections 1Cgislatives n'a rien de commun avec le droit d'C1ire les membres du Corps L~gislatif, droit qui a son fondement dans l'art. 107 de la Constitution et non dans le d~cret prescrit par l'art. C. pour la mise en execution de ce droit en ce qui a trait aux premieres Clections 16gislatives ; qlue ce d~cret est done de pure forme, quant i la procedure ; qu'il n'est, par cons6- quent, qu'une formality qlue la Constitution met a la charge du Chef de l'Etat, mais dont I'omission ne peut nullement empicher I'exer- cice des droits politiques qlue cette mime Constitution garantit aux citoyens, de facon absolue et en des terms si clairs dans son article 107. << Consid~rantt au surplus, qlue la souverainete nlationale reside dans I'universalite des citoyens (art. 27 de la Constitution) ; qlue l'exer- cice de cette souvierainete est deligue a trois Pouvoirs : le Pouvoir L~gislatif, le Pouvoir Ex~cutif et le Pouvoir Judiciaire, et qu'ils for- ment le Gouvernement de la R~publiqlue, leqjuel est essentiellement civil, d~mocratique et repr~sentatif (art. 28 de la Constitution). << Consid~rant qlue le Gouvernement d~mocratique et repr~sentatif est celui 06 la souverainetC national est exerc~e par les mandataires 16gaux du people et par les fonctionnaires nommts par ceux-ci, con- formbment a la loi et a la Constitution, qlue le suifrage universel est done la base de l'organisation po~litique de la R~publiq~ue d'Ha'iti.>> Comment alors le 16gislateur constituent aurait-il pu accorder au Chef de l'Etat le droit de fixer quand il voudrait I'Cpoque des premieres Elections 1Cgislatives ? Comment aurait-il pu, 6~tant donnC sa sagesse et sa pr~voyance, ne pas comprendre qlue, dans la crainte du contr81e du Pouvoir L~gislatif, le Pouvoir Ex~cutif peut 6tre portS i ajourner ind~finiment la date des premieres Clections ? Si le 16gislateur Cons- tituant avait dispose ainsi, il aurait laiss& le people expos6 i ne jamais avoir un Corps Ldgislatif iman& de ses libres suffrages, ayant les mimes aspirations, les mimes ideals politiques qlue lui. Et de- viendrait alors une lettre morte P'article 107 de la Constitution, qui DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE prescrit que les Assemblies primaires se rbunissent de plein droit, le 10 Janvier de chaque annie paire, afin, entire autres choses, d'Clire les diputis du people et les sinateurs ; serait un mensonge P'article 28 du Pacte fundamental, qui cite le Pouvoir L~gslatif, form d'une Chambre des D~put~s et d'un Senat (article 31 de la Constitution) au nombre de ceux qui exercent la souverainete nationlale. Le L~gislateur Constituant, dont Je principal souci est d'assurer, par le regne de la loi, I'ordre et la paix dans la society, n'a pas pu viser a un r~sultat si desastreux, q~ue condamne la raison et que repousse le plus 616- mentaire bon sens. Le privilege qui serait accordB au Pr~sident d'Hai'ti, qui n'est que le premier parmi ses 6gnux, d'ordonner les Elections legislatives, quand il le voudrait, serait une prerogative exorbitante, un droit r~galien digne des temps recules du Moyen Age et serait la negation du syste~me politique du Gouvernement de la R~publique d'Hai'ti, q~ui est essentiellement d~mocratique et repre- sentatif. < Consid~rant, d'autre part, que suivant I'interpretation que donnent a l'art. 5 de la Constitution les d~fendeurj (appert les procks- verhaux ci-dessus visbs) et le Ministiare Public, les premieres Clections 16gislatives ne pourront avoir lieu qu'en vertu de la permission du President d'Ha'iti, donn~e par le dicret mentionni dans le dit article ; qu'il s'ensuivrait que le droit garanti aux assemlblies primaires de procdder aux premiibres i1ections 16gislatives, qui est un droit complete, deviendrait conditionnel. 11 y aurait, par consequent, antinomie entire les dits articles 107 et C de la Constitution. Or, P'article 107 a une port~e general et se troupe parmi les dispositions definitives de la Constitution, par consicquent parmi celles qyui sont destinies a durer, tandis q~ue P'article C statue sur un cas special et est au nombr-e des dispositions transitoires, c'est-a-dire passage~res, eph~mibres : I'article 107 devrait done pr~valoir. Sinon P'article C, qui, en conscience, de- yrait avoir vdcu comme les autres dispositions transitoires, pourrait encore vivre de 4, 6: 10 annies, mime plus. Cette long~vith de P'article transitoire C, serait I'abrogation. la mort du dit article 107: en ce qui a trait aux 61ections 16gislatives. << Une telle consequence Ctablit combien est erronee. fausse, abu- sive. I'interpr~tation q~ue v.euient donner a P'article C les d~-fendeurs et le Ministare Public. << Consid~rant, en ce q~ui a trait au communique du Ddpartement de l'Int6rieur et a l'ordre du D~partement de la Justice susparl~s, disant qu'il n'y aura pas d'C1ections 16gislatives le 10 Janvier '1924, qu'ils ne tendent qu'a faire durer le navrant et deplorable 4tat de choses actuel, qu'a empicher le retour du Pays a la vie normal ; qu'en disant que les elections 16gislatives n'auront pas lieu le 10 .Janvier 1924, ces Communiqu6 et Ordre suspendent I'execution de P'article 107 de la Constitution, qui ordonne aux assemblies primaires de se r~unir de plein droit le 10 Janvier de chaque ann~e paire, pour 0(, GEORGES SYLVAIN 61.ire les depuLtes dU people et les si~nattueus: que, p~ar conseqluent, ils violent mannifestomlenlt le dit article, et du mamle coup transjgressent et violent d'une maniere flagrante P'article 75 du Pacte Fondamental, qui charge le PrPsidenlt de la Republique de faire executer la Consati- tutlion et les lois, et lui fait dbifenlse de les susplendre et de les inter- pr~ter, qu'eni outre. le~s dits Commnunique et Ordlre \.iolenit P'article 79) de. la Constitution, qui dispose qlue le Preiisidei nt na d'autres pou- voirs que ceux que lui attribuenit formellemlenlt la Conistitutioni et les lois particulieres. v.otCee eni vertu de la Cons~titution. or aucune pres- cription constitutionnlelle eni vigrueur n'accorde au PresJidenit de la Rbpublique le drloit d'emnpacher la re~unionl des A~ssembll! Ces p~rimairesi enl vue des prlemii~ere Sections~ legislativ-es : e Cons~idCIantt que le: Commnuniiqur et l"Ord11re dont il s'agil. enila- chi dest~ inlconst~iitutionInaliti h cei-dlessu- Irelevbes. ne peuvent avoir d'ef- fet eni droit : >> Enr c~onlsquenrcec, le jrgemlent jit les inljonctionls de d~roit auxs greffier~s re- calc.itlrants, toutl en ollorrdnant( qu'cau cas oil ces officiers ministiriels p~ersiste:- mi~raie lnt ns learl refuse, chacun des dlemandeurlr s ferait constater ce refuls par un1 Ionotire dont le proces-Iverbal tiendtrait lieue d'acte tdeclaratif de cand~idature. L,'Opp~osition nationaliste ava:it en ganin die clause et vaillammnent, elle alla a~~ Frne A Oswaldl G. Villard. N~ew-Y ork.k Port-au-Prinlce. le Sep~temblre 1921: Che(r Monisieur. Je \ous dois de \-oui me~ltre au courant de la situationi actuelle de nlotre Rep~lubliqjue. Elle est a1 une phase gr~avet oui \.ote b~ienv-eillante intervlention peut itre efficace. Let Seniateur iMac-Cormiick et la Nationa~l City Banik unt \.oulu l'emprunt et f'ont impose contr~e sont gre au p~euple hailtien. Nous n'etions pas en principle contre unl emprun~t pour faciliter la liqui- dation de notr~e dette extbrieure. mais nlous le voulions dans des condition-, qui n'excedassent point les forceR contributives de la nation. commne celui qu'on" no~us prop'osait. Aussi: ce que nous avious prevu est arrive : I'empiunt vote, de~s qu'il s'est agi d enl assurer les arreragesi par. de nlouveaux imp~ts. le people a partout manifesto: qu'il y- est. conltraire et a protested en meme temps contre le Gouver- nemlent Bornoc et con~ltre l'Occup~ationl militaire des Etats-Unis. Un des derniers pisiodes de cette agitationl est l'hostilitP avec laqluelle a &te accueillie la pr&. sence a Jacmel. une des villes imp~ortantes de la R~publique, du Ministre de 1Instruction Publique, M. Bouchereau, venu pour defendre la politique du Gouver-nement et forck de rentrer a. Port-au-Prinlce au bout de 4 jours oi> il s est tenu constamment cache. sans avoir pu p~rendre contact avec la population. DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Dans le mime temps les redlacteurs dlu journal die opposition, le Courrrrier Hanidren, Ptaient dans le Departemnent dlu Sul IPobjet dl'ovations sans fin. Pour canaliser cette vague dle meerontentement et I'empiEcher die dege~tniere en conflit sanglant, nous avons enitrepris une champagne tendlant a la recons- titution des Chambres Legislatives. C'es-t le retour a I'ordre 16gal, consacret dlans note droit constitutionnel qlui etablit que nlotre RePlublique est sous le rOgime rep~resentatif. Mais depuis que les Etats-LUis ouit fait dis~soudlre manu military nios Chiam b~res Legislativ:es, en 1918t, elles n'o~nt pas ete renouvelees.-- Et unl Corps de fonetionnaires. dlit Conseil dl'Etat. nommes par le Pri~sident d':Hai'ti et revo- cables ii sa \ olonti, a usurpe~ et c~ex~er les fonetions le~gislatives. Mime la p'seudo-Constitution F~ranklin Roosevell qui nous a ete imposee par D~arti- guenave privoit qlue tous les deux ansj (aux anne~es paires), les Assemblees primaires se reunissent de plein droit pour elire les Difpute~s, les Senateurj et les Conseillers Communaux ; mais en ajoutant. a la phirase les mots << s'il Sa lierr a l'auteur die l'Acte semble retire d'une main ce que sa Constitution semble accorder de f'autre. Et comme c'est au Presidlent de la Republiqu, qlu'incombe le soinl d'Cmettre 1'Arrete official qui convoque le-, Assembltee primaires a la date constitutionnelle. les juristes gouvernementaux soutienlnent qlu'il a le pour-oir en ne les conv-oquant pas. die suspendre indefiniment I'exer c~ice p'opulaire dlu dlroit de suffrage ce q~ui serait comrai ree au prinlcipe mu~me des grouv'ernem~ents democratiq~ues et repr~esentatifs. Nous dlesirons qlue le Gouvernement des Etats-Uni; puisqju'aussi bien c'est d~e lui que M. Louis Borno tient uniquement ses pouvoirs, lui sugge~re de laisser les citoyens exercer librement leur droit die suffrage aous oni statut electoral qlu'etablira une Commission de juristes impartiaux. A defaut de cette reforme die la loi electoral, faite par Dartiguena\e pour les- co~nvenances dlu Pouvoir ExePcutifl nousi nous resignero ns a aller quandl memel a l urne le 10 Jlanv\iei Irochain. Si les agents du Pouv:oir et la Force militaire dies Etats-Unlis s'y olpposent. nious ne savons pas jusqu'oui ira le mecontentement populaire, mais il aug- mentera d'~intensite. Le moment nlous semble venlu pour le Presidlent Coolidge die tentler la. scule exp~drience qui n'ait pas ete tentee jusqu'ici : mettre en rapport son Gouvernement avec des reprbsentants autorises du Peop~le hriftien pour arriv-er a l'etablissement d'un modus vivendi acceptable pour les deux Parties, car il ne serait ni just ni raisonnab~le qlu'un traitement dliffrentt f~it fait a Haiti et a la Republique Dominicaine. Voila, Cher Monsieur Villardl, ce qui serait urgent dl'exposer auxr homme j qlui dlirigent la politiq~ue des Etats-lUni. soit dlirectemelnt. soit par les amis dl'Hai'ti qlui ont aces aupris d'eux. Sinci~rement a vous : signed : Georges Sylvainl 88 GEORGES SYLVAIN ALLOCUTION DE ME. GEORGES SYLVAIN administrateur dB16guB de I'Union Patriotique, prononc~e i Jean-Rabel, le 19 Aofit 1923. Mes amis, Ce m'est une joie, yous n':en doutez pas, d'8tre aujourdl'hui parmni vous. Enfant du Nord-Onest, je n'appartiens pas m"oins a Jean-Rahel, au M81e, a la Bombarde, a la Baie-de-Henne, q~u'ii Port-de-P'aix, i. St-Louis on a 1'Anse-8- Foleur, en vertu des liens multiples de parentC et d'affection qlui de tout temps ont fait de toutes les grandes families de nlotre r~gionl une famille unique ou~ I'on se solidarise volontiers entire soi, oil 1'on so porte concours i l'occasion. Je n'ai qu'a traverser une de nos rues pour m'entenldre saluer de mon prbnom, comme une caresse familie~re. En avangant en Pge, I'homme devient de plus en plus sensible aux douceurs de ce genlre. Venu ici pour m'acquitter d'une dette de sympathie envers viotre patriarche, monl bon vieil ami. Solon Ligond6, je troiuve une affluence extraordinaire de voy-ageurs accourus de tous les points du D~partement pour sanctionnler a nouveau de leur presence, avec un Cclat plus accentue, I'antique alliance du Mole et de Jean-Rabel, personnifibe aujourd'hui dans le marriage de Mlassillon Frangois et de Lise Beauchamnp! Signe des temps que ce retour a l'une de nos traditions les plus chiares On tendait quelque peu a s'en affranchir.-- Mais sous la menace de dissolution qui affected notre nationalitC, un1 stir instinct Inous avertit qu'il est urgent de revenir a la cordiality des maeurs d'autrefois. de resserrer la chaine d'unionl entire membres d'une mame famille, entire rejetons du mime terroir. Ctest i une inspiration identique qu'est dile cette annee l'animation par- tout constat~e des fates patronales de nos villes et bourgs. Raremlent elles out attirC tant de pilerins, non seulement des communes avoisinantes, mais des populations les plus lointaines. On veut s'Cvader, au moins pour quelques jours, du sildge de ses soucis habit-uels ; s'en distraire ; Ctre plusieurs a r~agir contre eux, a s'igayer, a prier ensemble. En vous voyant si nombreux et si dispos, j'ai pense que l'occasion 6tait bonne de vous parler du sujet qui nous tient tous a. coeur : I'avenir de notre pays. Je vous exposerai la situation telle qu'elle est, ce qu'un group de pa- triotes a tent pour l'ambliorer et ce qu'il reste a fire pour que la nation ha~itienne recouvre ses conditions normales d'existence. Paissiez-vous puiser dans mes propos un nouveau motif de reconfort ! Puisse I'esprit des anc8tres m'inspirer les accents les plus propres a 6mouvoir vos consciences ! Oil en sommes-nous ? Un gouvernement stranger, les Etats-Unis de l'Ame- rique du Nord, occupe notre territoire et y command en maitre. Des Ha'itiens lui sont associbs dans cette oeuvre d'asservissement et d'exploitation. La nation, en sa tres grande majoritC, est oppose A la domination Ctrangi~re et protest contre les actes du Pouvoir IndigLhne, qui, creature des envahisseurs, leur pr~te DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 89 un appui interessC. Mais impuissante a revendiquer sa souverainet6 les armes a la main, elle assisted a sa ruine, sans force dirait-on, pour realiser son unit morale, condition prbalable de toute reaction efficacr. L'oeuvre est pourtant la qui nous sollicite. Le proble~me de notre d61ivrance, s'il est d'une solution pinible, n'est pas pratiqluement insoluble. II nous faut le risoudre, et il ne peut Stre r~solu qlue par nous. De quelque manie~re que nous 1'abordions, nous ne saurions y dibuter qlue par un acte de foi et de volont6. Tant que vous vous direz q~u'il n'y a plus rien a faire, yous n'engagerez pas la lutte, ou si vouj l'engagez avec l'idie qlue la victoire est impossible, yous ites vaincus d'avance. Ne triomphent qlue les combatants, convaincus du succas finaL. dicidis a tous les sacrifices pour I'obtenir cofite que coilte ! Sommes-nous r~duits vraiment a l'etat de condamnes: n'attendant que le dernier supplice Tant s'en faut ! Jamais au dehors les circonstances ne furent plus favorables a notre cause national. Aux Etats-Unis: c'est une Plite intellectuelle: et morale, represented par les juristes en renom, les ligues liberales, le clergC de tous les cultes, qui, au nom du droit et de la morale, reprouve l'occupation militaire de notr- pays et r~clame des Pouvoirs Publics notre r~int~grration dans la pli~nitude de nos droits souverains. Avec eux marchent les parlementaires les plus r~solus, ceux qui doivent a la t~nacitC de leurs convictions de pouvoir invoquer les principles tradition- nlels, d'ou~ proce~de la vraie grandeur de leur nation. Une champagne pr~siden- tielle est ouverte, oil la question ha'itienne sera soutenue comme un des prin- cipaux; articles de leur programme electoral par tous les Clecteurs de notre race, la masse des gens de couleur. Les rdsultats n~gatifs du regime, dit de la coo- phration, selon le mode Mac-Cormick, qui, au bout d'une ann~e d'expbrience, laisse le people ha~itien plus pauvre, plus mal administrb, plus impatientC que jamais du joug des Etats-Unis, n'ont fait que les convaincre de la n~cessiti pour leur gouvernement de sortir a bref d61ai de l'impasse oix l'a fourvoye la complicitC des hommes d'affaires et des militaires. Dans la R~publique Dominicaine se pursuit une autre experience. Sous la direction d'un Gouvernement provisoire dominicain et sous la protection d'une Force de police national, on se prepare aux Elections qui doivent d~ci- der de la formation du Congres et du choix du Pr~sident d~finitif. Mais d~ja un retirement est signaled dans l'opinion, d'abord persuaded de la sinc~rite du compromise propose par les Etats-Unis, maintenant plutat d~sabus~e. Le bloc nationalist a reformC, semble-t-il, son unitC et repousse toutes concessions, susceptibles de porter ~atteinte lt 'ind~pendance de la R6- publique. Si la transmission de pouvoir s'opere du gouvernement provisoire au gouvernement d~finitif aussi heureusement qu'elle s'est op~rie du gouverne- ment nord-americain au gouvernement provisoire, quelle raison serieuse aura- t-on de continue a redouter que le people ha'itien, une fois rentrE dans l'ordre 16gal par une r6forme Clectorale honnite, meuvre d'une commission de juristes GEORGES SYLVAIN imipairiaux, et la constitution die Chambres Legislatives regulierement elues, ne saura pas faire un aussi bon usage de sa liberty reconqluise. Ce dont il eut toujours soif et maintenant plus q~ue jamais, c'est de justice et de securitC Pourqluoi supposed moins de tact et de resolution aux patriots i6prouves a qui il saura confier, en temps propice, la sauv~egarde de ses desti- n~es qu'aux leaders dominicains ? Si nous portions plus loin nlos regards, nous trouvons les autres Repu- bliques de l'Ameriqlue Centrale et die 'Ameriqlue du Sudl dans les meilleures dispositions env~ers la cause hal'tienne. Les sympnlathies acqluises au Congres de Santiago du Chili, grace a faction combined des Dil~grues haitienl et domi- nicain, Hudicour-t et Morillo, n'ont fait qlue se developper et il n'est pas chi- mirique de prevoir qlue, eclaires sur le per~il conunun, les divers gouvernements int~ressis, sous la pression de P'opinion populaire, finir~ont par trouver une formule de defense commune. Yous le voyez done, mes chers concitoyens, si, dans cette 8Cerie de measures grouvernementales, visant a couvrir d'un semblant de legaliti Pemprise des Etats- Unis sur notre pays, measures q~ui ont signal la ndfaste periode de la coo- phration, nous avons a apprehender de lourdes menaces pour notre avenir, la situation n'est pas desesp~ree. On s'accorde aujourd'hui a reconnaltre qlue e'est en grande parties le fruit de l'effort persevePrant de I'Union Patriotiq~ue. Contre le danger exterieur nous avons deux armes, toute puissantes, si nous salons nous en servir : notre droit et notre indomptable persistance: a le rev~endiquer. Dans le monde entier, oil IPopinionl n'admet plus q~u'on pret- tende asservir un people contre son gre, Haiti est conslid~rC comme v-ictim- d'un abus de la force. Maintenons-nous sur ce terrain solide : aidons die notre argent, de n~oj informations, de nos encouragements les coeurs genereux q~ui, a l'etranger, particulie~rement aux; Etats-Unis et dians les autres pays d'Ameriqlue, trav-aillentl a nous rallier des adhesions de plus en plus nombreuses. Chez nous, maitrisons nos indignations et refr~nons nlos impatiences, quelle qlue soit P'acuite d'une certain forme de provocations En face dl'unl pouvoir r~volutionnaire et anarchique, protestons avec vigueur, protestons av~ec ensemble contre toute atteinte portee a nos droits, contre tout ce qlui tend ti aggraver notre sort ! Ne craignons pas, a occasion, de descendre enl masse sur la Place pu bliqlue pour mieux affirmer la fermete de nos revendications et notre ini)bran- lable solidarity Mais montrons-nous dignes de la liberty, en exergant sur nous-mimes une discipline impeccable. Sachons ce qlue nous voulons et oul nous devons nous arreter. Que le droit reste notre bouclier Ne faisons rien dont nos ennemis puissent prendre pritexte aupres du nouveau President dej Eats-Unis pour justifier sur notre territoire le maintien d'une occupation inde- finie ! La resolution n'exclut pas la methode: : I'heure est a f'action methodique. Tant qlue F'expose de nos griefs et de nos r~clamation~s, formula par l'Union DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE Patriotique/et app~uyeL par le Senateur King fut devant le Senal des Etats-Unis, attendtant une decision, i l ne nous parut ni logique ni siant d'anticiper sur la solultionl de la Hjaute Assemnblee dont nous avions faith notre arbitre, et nous reservilmes notre action politique a l'egard des actes du Conlseil d'Etat, tout en pr'otestant contre leur ille~galite.-- Mais voila que, prejugeant du verdict sfinatorialt le President des Etats-Unis et son Secr~taire d'Etat ont pris le parti die dlonnier par advance force executoire aux suggestions du Rapport de la commiission d'enquetle enlvoyeCe chez nous par le S~nst commne si leur preoc- cupation n'efit ete qlue de meltre ce corps delib~rant en presence de faits ac- complis Ainsi sout-ils allies jusqu'a sanctionner de leur appui la niominationi par le Conseil d'Etat d'unl President ineligible. Le Senat, en laissant fairer nlousi a lihdSre~s de toutri attente a l'egrard de la procedure qlu'il compete suivre et des votes qlu'il pourra emettre. Sans abandonner notre champagne d'opinion, qlue nous youdrious, au conltraire, intensifier, il me semble opportun1 que nous d~veloppions desormaij plus v;igoureusement nos activities a l'interieur. Resister a l'oppression, a l'ille- gralite, a l'anarchie, ne suffit. pas : il faut lutter pour une reforme de l'insti- tution comnmunale. avant a sa base l'autonomie des communes ; lutter pour l'adloptioni de measures p~ropres a assurer la liberty et la sinc~ritk du vote elec- toral. a l'exclusion de toutes celles q~ui y- seraient con~traires ; latter pour le retour a .1'ordre legal par les elections legislatives 11 faut, en outre, s'orga- nliser enl vue de ces elections de fayonl a n envoyer aux chamb~res, par l'effet d'une discipline rigoureuse. qlue des citoyens a toute e~preuve. since~rement dbj oubsi auxs interets superieurs de la patrie. Avec les ma urs electorales qlue vous connaissez, un tel risultat, pour so~uhailable qu'il soit. est-il encore possible ? Je n'oserais l'affirmer. Mais qluelle qlu'en puisse i8tre i'issue. le moment est venu d'entreprendre l'assainisse- ment de ces mmur~s, en v;ue de la grande a uvre q~ui incombera aux chambres libera~trices. C'est une des tiiches qlue comporte notre devoir d'iducation des clasles populaires. plus pressant et plus imperieux qlu'a aucune autre eploque dor niotre hiistoire... Mlais qlui suis-je pour p~retendre eclairer ainsi votre route, a l'heure trouble I il les c~onsciencesi semblenlt flotter a la drive : ou~ le besoin d'un principle: die c~ondtuite. d'une direction ferme: agite partout nlos populations en desarroi ? Unl Hai'tien de bolnne v-olonte, qui n'a jamais d~sespere de son pays, un simple serv:iteur de la patrie en danger de mort. qui ne lui demande rien, qui ne \eut rieni d'elle qlue son salut ! Si uni jour onl venait vous dire qlue j'aspire a quoi qlue ce soit qui resemble ai une r~icomlpense. d~mentez hardiment Etre utile, voila toute mon ambition I P~artout oul je pourrai me battre pour garantir un avenir meilleur a vos enfants, aux miens, je serai fi ma place! Pour cela qlue faut-il faire enlcore ? Allons au people, mes: amis. pour le reliever de sa condition miserable : la skcheresse, cols~cquence d'un d~boise- ment imnpr~voyant... (Avons-nous une administration, une 14gislationi fores- tiiares. personne pour av;ertir l'homme des camnpagnes du tort q~u'il se fait en GEORGES SYLVAIN d~boisant inconsidere~ment ?) It'emigrationl, donlt I'effet le plus certainly, enl l'absence de toute measure pre~servatrice, est la dibsagregation die la famille paysanlne ; la reprise par l'Etat de concessions dlomaniales au profit de com- pagmles ettrangeres pourvues de hauxc a longs terms et de monopoles d'exploi- tation : les tax-es inter-nes auxe mainls des genldarmes ; la police rurale aux mains des chefs de section, tous ces maux ai la fois ont mis et vont mettre hien has nos gens de la plaine et de la montagne Allonls resolument au peuple: pour f'instruire et le moraliser Mettons-y notre honnieur, mettons-y notre fire!Avez-vous fait le compete de ce qu'il peut nous conie oraorto recule cet apostolat n~cessaire ? L'inldependance de notr~e pays, tout simple- menlt Mon rP\ve, voyez-vous: serait qlue chacunl de nlos comites die 1'1nion Patriotiq~ue eilt ses bcoles populaires, entretenlues par lui, dlot~es par lui Et que chaque ville, chaque hourg, chaq~ue village, eilt son comity, richer de mois- son scolaire, communiq~uant avec le Sie~ge Social, recevant de lui la semence de v;ie et la propageant de proche en prochle Oui, ce strait, en verite, un Pmouvant tableau Pourquoi le signal de cette nouvelle croisade ne partirait-il pas de v:otre citC ? Noblesse oblige Souvenlez-vous N'est-ce pas a quelq~ues heures de Jean-Rabel, sur I'Habitation Fourl, qlue Joseph Pourcely, enr soule- vant les ateliers d'esolaves, d~cidait de la liberation de cette parties du terri- toire ? Ici mime, derrie~re la Butte, qui domine la Place de l'Eglise, les hab~i- tants du bourg ne soutinrent-ils pas pendant deux mois une lutte homeriq~uL contre une division entie~re de Christophe, commander par le terrible Riche ? Hommes, femmes, vieillards, enfants, tout le monde s'en 6tait m2le Gars de Jean-Rabel, oil est v;otre Ame d'autrefois ? Femmes de Jean-Rabelt du ter- rair d'ou~ jaillit, comme une flamme. I'me cornkliennee der Jeanne Maurepas. qiu'avez-vous fait de votre coeur ? Debout Il n'est pas trop tard Recouvrons la foi, la mile energie dej al'eux Debout autour du Drapeau, embleme de l'unit6 national LA VISIT DE L'ADMIINISTRATEUR D)ELEGUE DE << L'UNION PATRIOTIQUE > au Borgne et B Port-Margot. Profitant de son passage dans le N~ord avec la Commission des reclama- tions, notre Cminent concitoyen, Me. Georges Sylvain, a &tf: visiter le Borgne et le Port-Margot. L'accueil le plus enthousiaste a salub sa presence parm; ces populations qui se sont toujours signalees par un ardent nationalismle. Nos correspondents ne tarissent pas sur l'impression profonde, produite par les entretiens, les conseils et les suggestions de Me. Sylvain. On gardera longtemps le souvenir de cette parole chantde, d!'une convic- tion communicative. Qu'il s'agisse de s'organiser en vue des futures elections 16gislatives on de prhvoir quelle tlche s'imposerait aux notables de chaque region, aprils le depart des troupes exp~ditionnaires, si ce d6part s'op~rait, sans qu'au pr~alable des forces militaires et de police indighnes eussent Ct&' DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE suffisamment dresses pour assurer le maintien de l'ordre materiel, Me Sylvain a donn6 des directives pr~cises et q~u'on gagnerait a suivre partout, dans I'int~rit de notre commune sauvegarde. 11 etait au Borgne l'h~te de Mr. E. G. Bennett, vice-Pr~sident du Comite de l'< MM. Xavier Gilles et M~rovC Moreau, lui ont fait lee honneurs de leur v~ille avec une gale bonne grice. Depuis la mort du regretted S~nateur Jh. Dessources, M. Moreau est I'ame de routes les manifestations nationalists a Port-Margot ; comme MI. Bennett il se multiple pour conserver a faction patriotique toute sa vertu ficondante. L'un et l'autre ajoutent a la fermete de leurs ainds. MM. Gillesi et Muller, tout ce que l'entrain de leurs caractibres leur permet d'y mettre d'eux-mames. Le Borgne et le Port-Margot ont confie a Me. Georges Sylvain le soin de faire porter par deux membres du Bureau de l'< t~moignage de leur sympathie a Pouget et a ses co-d~tenus, victims de la detention preventive. Ils ont aussi, dans une Adresse, couverte de centaines de signatures, demand que le S~nateur Charmant, pan raison de son grand Age, de la dignity de ses functions, de la nature de l'6crit q~ui a servi a sa condemnation, soit trait& avec tous les managements q~u'exige l'6tat pr~caire de sa sant6, et qu'en tout cas il n'ait pas a subir, en plus de sa peine 1Cgale et en violation de notre 10i national, 1'agagravation des travaux forces que rien ne justifie. Nous disons : Bravo aux vaillantes populations du Borgne et du Port- Margot, qui ont su donner i leur h~te, Me. Georges Sylvain, en retour de son affectueuse attention, des satisfaction chores a son coeur. (<< L'Opinion Nlationale ,: 4 juillet 1925) ALLOCUTION PRONONCEE PAR MR. GEORGES SYLVAIN le 30 Septembre 1923 au meeting de Parisiana Mesdames, Messieurs, II parait qlu'en nous reunissant ici pour nous entretenir ensemble des affaires de notre pays, qui ne peuvent nous itre indliff~rentes et decider d'un plan commun de conduite, nous sommes des Omeutiers, de: l'espe~ce la plus dangereuse, ceux qui veulent que l'ordre et la paix rbgnent, non seule- ment dans la rue, mais dans les esprits et dans les coeurs, qui mettent leur force dans le droit et ne congoivent pas autrement la civilisation quiie fondue sur le respect indestructible de la loi. Les menaces ne nous ont pas 6tC Cpargnbes et si nous etions di'humeur a reculer, quand nous sommes certain de hien faire. nous aurions renonce GEORGES SYLVAIN li la tenltati\ e e: tl:sauv-er malgrei eux dles getns qui persistent a nie pas sentic que' le sol temletnllt soui Ileurs pas et qlu'ils nl'ont plus un-e faute a comlmettre. Mame. enl se h~ouchlant les !-eux et les ulreillesl comment nie pas voir et ne: pas' eneltendre quI~'uneL vague de miconltenltemnent et de colere soulbre a cette: heure le pays; tout enltier quli nie saurait Stre apaise qlue par une satisfaction imnu~lnediat : t qlue pocul r empc~herla r3 v\olle des con~cienlces de de~gereurc enI conflict sanglant. ce: n'est pas trop de l'accordl der tus les h~ons citoyens! On a hietaltil dlit dl'impu~lter al des mneneurs~ cette explosion? de 1~exasper-ation popul"'aire Mais qluel hcnunei der ban,1 sens admiettra qlue la priotestation contlre les taxes inlternle s urait e~te aussi unlanimle. Si elle nie co~uvait depaLis lonlgtemp~s dans les rlme~s !... Ce sonlt nl'en doutez pas, les consePquences de l'Emprunlt qlui se deroulenlt, telles qu'avant le v'ote. onl pouv\ait les pridire a coup, stir La1 mise-re et la gi~ne: g~nirales nie sont pas unl mythlet mnalheureusemenIt nli uine supposition gratuity le prlojet de les aggrav-er par de nlouveaux imp~ts !... Prenant la situationl teller qlu'elle est. des Hai'tien uniq~uemlent soucieux die l'ave~nir de leur patriet. ourt considered qlu'il y- aurait danger a laisser grossir jus-qutau daesespoir la clamneur des moeurt-de-faimn. et se portant au-derant de la foule dansR un fervent desir de pre~servatio n social. ils se senlt retSOlus i lui faire qluitter les chemins de tr~averspe et a la guider sur un terrain solide, v-era la realisationl pacifique d'uni de nios desiderata niationaux : la reconsti- tution des chambries legislatives. etaybez par la difense de institution commu- nale et la restauration de la Chambrie des Comptes Voili ce qu'onlt meldite ces- tenebreux agitateurs de P'~nion Patriotique! Voilhi les no(irsi dese.iins~ qu'il.; denlonenltt eux-mnlemes a la vinidicte publique et dont ils v'ont )our.SUirrle aul grand jour l'accomplissemenItt avec l'aide de D~ieu et le concourse des hommies de honne v-olonite. La reu:nion d'aujourd'hui n'an dl'autre ob~jet qlue de vocus assoieO.r tous. (.itolens. citoyernnes. a cette weu~re der sauvetagre national ! Nous nle risqjuons rienl a l'enltreprenldre. Que nlous :eussissionls a. avoir danls les chambres des di~put~s et des sanateursl conlscientx de leur devoir enverj la nation et dicidis a le remplir. int~gralementt c'est le retour a 1'ordre 16gal. la fin de cette anarchie gouvernementale, on s'Ppuisent les forces vives de notre pay;s ; c'est un element de contrble reintroduit dans la directioni de nos affaires publiqlues: c'est la gOarantie d'une gestion plsj s~vi~re de nosi inte~rits Qui oserait soutenir. qu'un~e telle entr~eprise poursuivie dans unl large esprit d'apl'"semlent. nnesit pasi dignle de l'effort concentre des gens de hien ?. Que, au pis aller, nousi Cchouions, unle detente ne se ser~a paJ moins pro- duite dans.1a~tension actuelle des esprit : on aura eu trois mois pour reflechir de p'art et d'autre. Une distraction p~uissante aura pendant ce temps donnt un autre cours aux pri0ccupations quotidiennes. Ce sera autant de gaagns sur la fi~vrelqui nous agite. L'aventure ne deviendrait vraiment p~rilleuse que si les Gouvernants, les premiers intbress~s a son succbs, avaient la folie de se jeter A la traverse ! DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE De mauvais conseillers, qlue la crainte de perdre leurs avantages per- sonnels tourmente jusq~u'a l'angoisse, affectent de dresser sous lears youx les elections 16gislatives comme un epouv-antail, un spectre terrifiant qui n'appa- raitrait qlue pour sonner le glas de toute l'elite social, pour d~chainer ce qlue ces aristocrates de fraiche eclosion appellent << la populace >> contre les personnel et les propriet~s. A lire leurs gazettes, y.ous diriezs meme qlue c'est Nous connaissons, MM. cette tactiqlue. Clest la meme dont se servent les ennemis de la nationalitP hai'tienne pour demontrer qlue l'occupation 6trangere est indispensable a notre s~curiti. en ce sens q~u'une fois les occupants parties, notre premier geste serait cle nous entre-dev\or~er Qu'en savent-ils, les oiseaux die mauvaise augure ? Qu'est-ce qui les autoripe par advance et par pur hypo- these a taxer de faiblesse ou d'incapaciti le gouv:ernement national de dlemain ? En1 fait, a qjuoi se reduisent les < de seditieux par la Police. << A has Gouvernement pantin A h~as les taxeas internes A bas l'occupation > Pas plus... On aurait peine a le croire, si les relations des journlaux offi- c~ieux, peu enclins a manager l'opp~osition n'eitaient la pour l'itablir sans con- teste. << Eh q~uoi vous dites-vous, c'est ai cela qlue correspondent tant do reScriminations et de jeremiades, un affolement si complete Faut-il qlue cej grens-la aient pris I'habitude de compter sur la passivity die la foule ou qu'ils se sentent mal a l'aise dans leur a uv~re de ruine et de mort ,>. M1essieurs, si au course de la prochaine champagne electorale, 100, 200, 500 gouvernemen- tauxr venaient, le soir, hurler a la porte de l'un d'entre nous : < Conspuez Sylvain !... Vivent les taxes internes > en battant la charge sur tous les fer- b~lancs de kirozine qlue la place pourrait leur fournir, y;ous series sans doute contrarieC dans votre besoin de sommieil. j aurais peut-etre la tentation d'en- \-oyer a tous les diables les tambourineurs, mais nlou n'ep~rouverions ni lej uns ni les autres l'envie de nous deguiser en gendarmes, nii d'aller connaitr- les douceurs d'un voyage en aeroplane !... Je ne serais pas loin de penser, q~u'au fonld die toutes cas criailleries, tro;, bruyantes pour itre sinceres, il n'y ait ,surtout le calcul m~chant d'amenter l'occupant et sa loi mnartiale contre les Haiitiens dissidents. Aveugle, triple av~eugle qui ne voit pas qu'un people enchained p~ar surprise, des qu'il pren I sur lui de briser ses fers, n'est plus qlu'un fleuve qjui roule Qlue peuvent peser dans le torrent des futurs evenements les petites combjinaisons de nos avortons po'litiques. jouant au Machiavel ? Nous nie reclamons$ qule c qlue les lois nious accordent, mais nous nous y tenons fermement. Et lors meme qlue l'exercice die la liberty s'accompagnerait de qluelque licence. serait-ce une r~aiso~n de la supprimer ? S'il n'y avait de droits consacrbs qlue cellx qui ne soult pas sus- ceptibles d'abus, combien nous enl resterait-il ? De mime qlue le droit de suffrage electoral est un des attributes essentiels du citoyen, de meme le droit a unc representation national est un trait distinctif du regime qui condi- tionne notre soci~td politiqule, democratiqlue et representative par etssenlce. GEORGES SYLVAIN A la baUse dlu drloit moenuk Ile est le libre cons~llenteenlt. 11 n'y a pas de loi, pas" de conlstitutio nl qui ait pu" changer note regime politique s ins note vo- lonlti lib~remenclt mianifestee. (Wmollccratiquer et rep~raesenatift il etait depuis l'ins- .titution de niotre Rep~lublique. -- dinocrlatique et rel~presetatif il est rested, mibme sous 10 simulacre de c~onstitution dont nous a gratifiiA la fantaisie d'un Sous-Secrbtaire dl'Etat des Etals-Elis.. tomb6 depuis. dit-on. a l'6tat de de- 11 est det Irbgle. l n malibre dl'interpreltatu tion de lois, queL quand" dansl une mefme loi derux textes se contrelisenlt, seul prel\aut danis I'applicationi celui qui a la portee la plus generale. D~ans~ notre r!systime constlitutionnlel, trois P~ou- voirs : Executift Legrislatif, Judliciairel exercenlt la souverainerte national. Its sont independalnts I'uni de l'autre et leur re~unionl constitute le Gouv~ernement de la Repub~lique. Que I'un ou ftautr~e fasse defaut, tout le sy.ste~me est faussP ! Le P-ou\-oir Legrislatif s~exer~ce par une Chambre des Deputes et un Senat, elus dans des conditions ditermineess par les citoyen pourvus du droit de suffrage. 11 nie peut depenidre du caprice d'un detenteur de I:autorite executive que le Pouvoir Legislatif fonetionne ou nie fonetionne pas, ni qu'aux Olus do p~euple soient substitute~ inld~finiment des fonetionnaire; r~\vocablea. Si un texte le disait en pri~sence de tous ceux ou~ se troupe defini le systeme politique qui nous regit: it devraitt etre teniu p~our nonl ecrit car il Cquivaudrait a subor- donner f'un des pouroirs a ftautrer ou a conferer a P'Exicutif la faculty de decider s'il y aura on s'il n'yr aura pas" de gouvernemnent. Or,; nous voulons nlous: q~u'il y; ait un grouvernlement, p~arce que nlous voulons qjue, libere de f'anarchie, notre p~ays \-ive, se reli~ve et prosper~e Nous le v-oulons pour I'avenic de nos enfants : nous le voulons et nous l'aurons, a force de le reclamer, parce qlue c'est le droit, c'est le bon sens et c'est f~inlteral de tous ceux, Hai'tiens et etrangers, qui out mis dans ce pays leurs raisons de vivre !... PROTESTATION De graves nouvelles nous arrivenit du Cap. P-our avoir voulu, sous I'au- torite des lois, rassembler paisiblement la population de cette ville et I'en- tretenir de ses droits et de son devoir envers la patrie, nos colleagues Auguste Albert. J. Jolibois. Elie Guirin, Edouard B~n~dict, Ont 6t6 incarc~r~s par I'ordre des agents mnilitaires des Etats-Unis. a Iinstigationl du Gouvernement de M. Louis Borno. Nous protestons avec la plus vehemenlte indtignationl contre cette nlouvelle: provocation i la revolte. contre ce nouveau d~fi lance a la patience du Peuple Hai'tien Toutes les sympathies de la Nation sont pour nos vaillants amis: victims de la Force brutale. Mais nous exhortons, maintenant plus que jamais, les: populations de la R~publique a ne pas tomber dans le pie~ge grossier qui leur DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 9 est tendtu, en se p~retant a la tentative de dliversion, dont a besoinl un Pou- \oir aux abois ! Qu'elles restent confiantes dans la justice de notre caused fermemnent deci- de~es a aller jusqu'au b~out de leurs droits 16gaux, et nous aurousraison de nos p'ersecuteurs! Port-au-Prince. 17i Octobre 1923 P-our le Comite die l'Unio~n Patriotique Geor~ges Sylvain Port-au-Prince. 12 N'ovembre 1923 Monlsieur le Juge d'Instructionl Emm. Beauvoir Au Palais de Justice. Magistrat, Occupant pour les citoyens Antoine Pierre-Paul: G. Petit, Jolibois Fils, Elie Guerin, detenus dans la Prison de cette ville, dite Pinitencier National, sous la prevention de diffamation et d'outrages envers le Prisident de la R~publiqIue, les avocats soussignbs ont I'honneur de vous exposer qlue par l'ordre des officers de la Gendarmerie pr~posbs a la g~arde de la dite Prison, les dlbeteus ci-dessus dinommesj ne peuvent recevoir ni paper, ni plume, ni enlcre et se trouvent ainsi prives de tout moyen de corresponldre soit avec leur~s av-ocats si. en dehors des jours ou ils sont appeles a votre cabinet d'ins- truction ils ont a faire des communications utiles a leur defense, soit avec leurs parents on amis, si leurs intbrits priv~s exigent leur intervention immC diate. On leur refuse mime des livres pour se distraire, comme c'est arrive la semaine dernie~re a M. Pierre-Paul. Cette fagon de seq~uestration, ou le ge61ier de la Prison et ceux dont il relive prePtendent tenir des citoyens sur le compete de qlui la justice n'a mime pas fini d'infor~mer, qui ne sevnt qu'en elat de dletention preventive pour pretendus delits de press, constitute une fausse assimilation avec le regime des con- damnes. 11 n'y a pas de pays organism selon les prinlcipes de la civilisation modernle, ou administration des prisons use de tels procedds en cas sem- blable, partout ailleurs oil fonctionne un gouvernement qui tient a meriter ce titre: les autorit~s administrative se font un point d'honneur d'assurer touted protection et tous dgards aux inculphs, a l'egard desquels s'exerce une prC- somption d'innocence, tant q~u'une sentence de condemnation definitive n'a prononce leur culpability. Nous nous plaisons done a esperer, Magistrat, qu'il nous aura suffi de v-ous signaler les faits dont nlous nous plaignons pour qlue, ports par vous a la connaissance de ceux de q~ui relive le regime des prisons, if y soit prompte- ment avis8 et pourvu, conform~ment au droit. Veuillez agrber, Magistrat, toutes nos civilitbs. GEORGES SYLVAIN Extraits de la plaidoirie pour Jolibois, Guerin, etc... ...Je passerai brievement, Magistrats, sur les circonstances particulieres de la cause. Peut-ttre sous le couvert de dilits de press hypothetiques nl'a-t-onl vise surtout qu'a dissimnuler un abus de la force puar et simple : le besoin d'arri~ter cotizte que coiite la triomphale tourn~e de conferences contre: les taxes inter~nes enterprise par Jolibois et Guhrin assists de B~ln~dict a traverj le pays. On a pense qu'il fallait faire diversion, prendre contre les fourriers du nationalism une revanche facile, reliever v;aille q~ue vaille le prestige va- cillant de l'AutoritC. Les agents militaires des Etats-Unis onlt ouvert d'ab~ord le feu des arrestations, mais leur inlitiativ;e n'a pas eu tout l'effet qu'on en attendait. La population du Cap a pris parti pour ses hotes, I'ordre est venu de~ WXashingaton de rellicher les prisonniers. C'est alors que IMr. le Commnissaire Thimothee Paret a regu. a sonl tour. pour instruction de ses chefs de mettre en mouvement la nlouvelle machine de guerre edifice contre la press par le Conseil d'Etat pour remplacer la loi martial des Occupants etrangers et faction de leurs Cour~s Prev~tales. Sur sa requisition, escorts de gendarmes ar~mes jusqlu'aux denltf, b~attus plar la p~luie, transis par le froid dans leurs veitements de toile lege~re. les pieds dans l'eau au passage des rivibres et dans la bone dtes terrains mouvants. menotte~s et enchlaines l'un a l'autre comme des bandits dangrereux, les deux prisonlniers dlu crime de journalism ont Pt& transfers du Cap a Port-au-Prince. On s'avisa, a leur arrivee, qu'il etait utile que des manldats leur fussenlt signifies. Jusq~ue la, on les avait fait voyager sans I'accomplissement de celtt formality. Entre temps, afin de donner plus d'importance ai l'affaire, Pierre- Paul, inculpC d'amitiC pour Jolibois, et les grants du Courrrier Haidlen etaienlt a tour de r81e, bcrou~s au P~nitencier de la Rue du Centre. L'affaire une fois d~f~ree a Mr. le Juge d'Instruction Beauvoir, nlous a~onls presentC a ce Magistrat une requite de mise en liberte Immbdiate et sans condition, en vrertu des Arts. 16 de la Constitution et 80 du Code d'Instruction criminelle. ...Vous nous parlez, Mr. le Commissaire du Gouvernement, d'ordre social. d'interet national, de morale, de prestige a sauvegarder ? Qu'est-ce-a-dire et comment I'entendent v;os chefs hiirarchiques ? L'ordre social, selonl nos vues, c'est la justice gale pour tous et au-dessus de tous, s'imposant a tous. la Loi << expression impersonnelle de la Souveraineti: nationlale >> L'int~ret public, comme nous le comprenons, c.'est la cessationl du confllit entire la Nation et ses dirigeants. N~i autocratisme, ni oligarchie ; la restau- ration des pouvoirs de contr61e, les elus du people exergant leur droit de participer a la defense de ses interits et comme consequence l'apaisement dans l'unite national reconsti~tuee, gage et prbludet de la marchle collective v;ers la liber~tC et l'ind~pendance DIX ANNEES DE LUTTE POUR LA LIBERTE 9 N\otre conception de la Morale, c'est la fidelity a la foi juree, I'observance scrupuleuse du serment solennel prite sur le cadavre du Christ crucified, c'est die nie pas mentir a sa conscience ne pas faire du hien promise a la masse paysanne, aux illettres, aux eternels d~sherit~s du hien-8tre et du savoir, une rubrique d'exploitation pour permettre a quelques Pcumeurs exotiques de s'en- graisser aux depens de la vache hai'tienne. Voila pourquoi nous sommes devout ; nous autres qui ne saurions con- sentir a abdiquer la conduite de nos destinies, notre honneur de people et ntotre dignity d'hlommes aux mains d'un tuteur stranger. Et quel tuteur Le dernier dont nlotre race puisse attendre aucun sentiment de fraternity, qui ne veut v:oir enl nous qlue dles animaux d'un type special, d'un degree on deuxr au~-dessous du chien. Voila le programme que nous avons inscrit sur la flamme de notre dra- p'eau deviant lequel marchent a l'avant-garde < Jolibois et consorts > Que, a l'heure de la Providenlce, surgisse un Chef d'Etat au cerveau solide, un Hai'tien un vrai au coeur vaillant, pour le d~ployer au-dessus die nos 18tes, le people entier le suivra, sans qu'il ait besoin de chercher ailleurs qlue dans son devouement au bien public sa force et sont prestige. Car ce sont les fautes des dirigeants qui font la popularity des opposants. Un pouvoir qui. malgre l'appui des mitrailleuses nord-americaines, en est 1.reuit au bout de 8 ans aux lois de violence et d'exception, peut prendre son dleuil de l'autoriti morale, du prestige que donne seul le souci constant de sa dignite Plus il s'acharne a faire des victims, plus il les rehausse dans l'es- time publique !... Savez-vous comment au Courrier Hai'tien se recratent les soldats de la Lib~ert6 Parmi les jeunes hommes attaches au service du journal en tout bien tout honneur on tire au sort qui sera ge~rant. L'k1u du sort une fois incarc~rP, le suivant prend sa place. Quatre se oent ainsi succ~de dan; I'inltervalle de quelques mois. Les autres attendent leur tour. La manie~re forte contre les tenants de la press ind~pendante n'a jus- qu'ici donned qlue des risultats n~gatifs. Qui le dit ? Le Commissaire du Gou- vernement pre~s le Tribunal d'Appel de Port-au-Prince en ses defenses au Tri- h~unal de Cassation. Quand ceux qlui persistent a en user vraiment voudront- ils enlfin se rendre compete que le plus stir moyen de riduire au silence leurs adversaires serait de changer de conduite ? Si tel doit itre, magistrats, I'effet durable de volre prochain arrit, qu'il luise done sur nos tristesses, sur nos rancoeurs: sur nos angoisses ! R~publique d'Ha'iti L'An mil neuf cent vingt trois, an cent vingtieme de l'Inddpendance et le dimanche 23 D~cembre a une here de I'apre~s-midi----- 100 GEORGES SYLVAIN Nous, Jules Antoinle Clerger, President du ComitC nlationaliste de la com- mune des C~teaux, y domicilie ; N. Sandaire, Pr~sident du Comit6 Nationaliste die Port-a-Piment, domicilie en la dite villle ; Erosy Melse, Pr~sident du Comiti nationalist de la commune des Ch~ardonnieres, y domiciliC. Marion Dufanal, President du Comite nationalist des Anglais, y domicilib ; les deux derniers absents, les premiers se sont charges d'operer en leurs noms, avec persuasion de leur satisfaction: assists de N. S. Gregoire, secretaire du Comit6 nationalist des C~iteaux, sommes express~ment r~unis au local de nos s~ances. a I'effet de nous constituer en comity regional de l'arrondissement des C~teaux et choisic dans notre sein des citoyens dignes d'Etre candidates au Stnat et a la Diputa- tion national vu l'approche des elections du 10 Janvier 1924E (ann~e paired pr~vue par la Constitution pl~biscitaire du 12 Juin 1918). Le but de notre reunion expose, il a ete unanimement arrate que Mon- sieur N. Sandaire, ancien Sinateur de la Rbpubliqluet fasse sa declaration de candidature au Senat pour le D~partement du Sud ; M. Raoul Desrouilleres. domicilie a Port-a-Piment, arrondissement des C~teaux, commergant de pro- fession, fasse la sienne comme candidate a la Ddputation national, pour cet arrondissement, chacun au greffe du tribunal q~ui le concerne. De tout qluoi nous avons dressed le present proces-verbal en double ori ginal, les jour, date, mois et an q~ue dessus et avons signC avec le candidate Raoul Desrouilleres qui nous assiste.------ Deux mots r~etouch~s bonls et on mot rayei nul, danis l'original. Ainsi sigon6 : Clerger ; Sandaire ; Raoul D~esrouill~res ; N. S. Gregoire. Ensuite est 6crit : << Je ratifie la decision des Comitis nationalists de cet arrondissement, con- sign~e au present prociks-verbal : E. Melse Fils.,-- --Pour copie conforme.------ Le Secretaire du Comiti nationalist des C~teaux. N. S. Gregoiret. C~teaux. 27 D~cembre 1923 A Me. Georges Sylvain, avocat, President de l'Union Patriotique de la Capitale, Port-au-Prince. Honorable Concitoyen, Les Comit~s nationalists de cet arrondissement, r~unis le dimanche 23 courant, se sont institutes en comity S1cctoral selon qu'll r~sulte du procbs-verbal dont copie est ci-incluse. Le candidate a la magistrature communale des C~teaux est Me. Dominique Ch~ronier, arpenteur. Priare de fournir une note exacte au Courrier Hai'tien qui, dans son num~lro du 20 D~cembre courant, a fait erreur. Il s'agit de : Ms. J. A. Clerger, notaire, |
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