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Le 'rier Le magazine des relations el cooperalions Alrique -Caraibes - Pacilique & Union Europeenne ,qp,- ..'...... ?u~lr~iii~;;; ;llieiiii"I kr lp #. r I, Hongrie W4: Le regard sur I'autre Commerce ACP - E Neaociations difficiles 4 , LI *.i. ***"d .4 h*t.. i " |r- ::::^ ^^*^. II IIII 1' -IIII FI 11' 1'.1'-111'11'1 11' F.F II]II Courrier Comite de redaction Co-presidents Mohamed Ibn Chambas, Secretaire general Secretariat du Groupe des Etats ACP www.acp.int Fokion Fotiadis, Directeur-General DG Developpement Commission europeenne ec.europa.eu/development/ Redaction Directeur et Redacteur en chef Hegel Goutier Journalistes Marie-Martine Buckens (Assistante Redacteur en chef) Debra Percival Assistant editorial et de production Anna Bates Sommaire LE COURIER, N.20 NOUVELLE SERIES (N.S) DOSSIER 16 E I ' E DECOUVRIR L'EUROPE 24 EDITORIAL Assistant de production Telm Borras Ont particip6 a ce num6ro : Anne Marie Mouridian, Francis Kokutse, Sonja van Renssen, Julianne Breitenfeld, Sandra Federici, Olivia Rutazibwa, Anna Patton. Gestionnaire de project Gerda Van Biervliet Coordination artistique Gregorie Desmons Conception graphique Loic Gaume Relations publiques Andrea Marchesini Reggiani Distribution Viva Xpress Logistics - ww.vxlnet.be Agence photo Reporters - ww.reporters.be Couverture Province de Nampula Hege Gouter Contact Le Courrier 45, Rue de Treves 1040 Brussels Belgique (UE) info@acp-eucourier.info www.acp eucourier.info Tel.: +32 2 2345061 Fax: +32 2 280 1912 Public tous les deux mois en anglais, en frangais, en espagnol et en portugais Pour toute information concernant I'abonnement, Veuillez consulter notre site web a I'adresse www.acp-eucourier.info ou envoyez un courriel a I'adresse info@acp-eucourier.info Editeur responsible Hegel Goutier Consortium Gopa-Cartermill -Grand Angle Lai-momo Les opinions exprimees sont celles de leurs auteurs et ne representent pas la position officielle de la CE ou des pays ACP. / Le SecretariatACP et I'Union europeenne declinent toute responsabilite quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier Le consortium et la redaction declinent toute responsabilite quant aux articles ecrits par des auteurs exterieurs a a redaction. PROFILE Charles Michel, President du Conseil Developpement 4 Jean PING, President de l'UA: Une diplomatic qui brille de mille feux 5 SANS DETOUR Entretien avec Richard Zink, Ambassadeur de l'UE en RDC: < La priority& absolue pour l'ann&e 2011 est d'appuyer les elections > 6 TOUR D'HORIZON Journ&es europ&ennes du d6veloppement, Bruxelles 2010 8 La Libye accueille le troisieme Sommet Afrique-UE 1( Les jeunes elivent la voix 1: La sante mental, parent pauvre de l'aide au d6veloppement Observatoire ACP sur les migrations : debut des travaux 1I L'appel de Zimbabw&ennes 1l Dialogue transatlantique sur le d6veloppement 1' DOSSIER Les accords de partenariats economiques Nouvelles n6gociations commercials en vue pour 2011 16 Afrique occidentale : vers la fin de l'impasse ? 18 Des relations commercials qui permettent le d6veloppement des ACP 19 Entretien avec le commissaire au commerce Karel de Gucht: Maintenir l'&lan 20 L'APE CARIFORUM au centre de tous les regards 22 DECOUVRIR L'EUROPE Hongrie Hongrie, le test de l'alt&rit& 24 Oublier Trianon 25 Priorit& a l'&ducation au d6veloppement 26 ZOOM 34 INTERACTIONS 38 Un pont entire l'Afrique et la Hongrie Boues rouges : < L'Europe doit tirer les lemons de la catastrophe miniere > Une politique europeenne pour les Roms Le pere du "nouveau regard" COMMERCE L'elevage africain se defend sur l'echiquier international ZOOM David Adjaye : Un des grands architects internationaux ... et Ghan&en DE LA TERRE Cancun- les nations pauvres ont un nouvel espoir INTERACTIONS < Securit&e >, maitre-mot lors de l'Assemblee ACP-UE L'UE appuie le processus democratique en RD Congo Reforme agraire : le cas exemplaire de la Namibie Readapter le partenariat entire l'UE et l'Afrique Seychelles : une plateforme Sud-Sud REPORTAGE Mozambique Mozambique : le temps de la renaissance Entretien avec Armando E. Guebuza, President du Mozambique Relation tendue Opposition -Majorite Le Haut-commissaire britannique fait l'loge de la stability et de la paix Glauco Calzuola, Chef de Delegation de 1'UE au Mozambique Coup d'mil sur l'aide de l'UE au Mozambique Projects UE : une cooperation a grande echelle. Draguer et labourer Beira, future porte du monde pour le continent africain Comprendre le Mozambicain Ilha de Mogambique et autres enchantements REPORTAGE 46 CREATIVITY 60 27 LA SOCIETY CIVIL EN ACTION Soudan : sur le point d'ecrire son histoire CREATIVITY Haiti- Rodney Saint-Eloi, ecrivain et editeur Le secretariat ACP : une vitrine pour la creativity Edition 2010 du Concours de jeunes photographs ACP du Courrier AUX PLUS JEUNES Cartoon- Sommet UE-Afrique LA PAROLE AUX LECTEURS/CALENDRIER L Espace Senghor est un centre qui assure la promo- tion d'artistes venus des pays d'Afrique, Caraibes et Pacifique et I'echange cultural entire communautes, au travers de programmes varies allant des arts sceniques, de la musique, du cinema, a la tenue de conferences. S'y rencontrent belges, immigres d'origine diverse, fonction- naires europeens. Espace Senghor Centre cultural d'Etterbeek Bruxelles, Belgique espace.senghor@chello.be www.senghorbe CEN HOR iJENGHOR N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 "Sur leur 31" Chris Saunders, Afrique du Sud, 1' prix du concourse du Courrierpourjeunes photographs 2 CDeurrier La sagesse des grands reves L orsque les pays de trois regions, Afrique, Caraibe et Pacifique qui negociaient separement avec l'Union europeenne les bases d'une future cooperation avec elle, se sont decides a former un group uni a Georgetown en 1975, plut6t que d'y adherer chacun de son cote, ils avaient fait preuve de grande perspicacity. Il y a eu des remous et des incertitudes dans la cooperation entire les deux blocs mais elle a toujours garden le cap contre vents et marees. Et les ACP, malgre toutes les differences, sont rests unis depuis plus de trois decennies a travers les evolutions, de la Guerre froide a la periode actuelle plus transparent sur le plan de la gou- vernance par example mais avec d'autres incertitudes. C'est que la decision qu'ils avaient prise de se constituer en group uni etait sage dans le sens otu Oscar Wilde aurait consider que la sagesse, c'etait d'avoir des reves assez grands pour ne pas les perdre de vue en les poursuivant. Ces derniers temps, nombre d'obser- vateurs des plus avertis soulignent les mutations dans la cooperation ACP-UE et avouent leur perplexity sur son future. Meme si les deux parties sont conscientes que le developpement des pays pauvres ne passera que par la prosperity du com- merce, certaines incomprehensions sont persistantes quant aux APE. Ceux-ci font l'objet du Dossier de ce numero. II a ete aprement discute au recent sommet Union Europeenne-Union Africaine. II faut restaurer dans ces negociations les conditions de la confiance et du dia- logue, a confie au Courrier le President en exercise du Conseil Developpement de 1'UE. Le besoin de flexibility des APE a ete souligne a l'Assemblee parlementaire paritaire ACP-UE au Congo, RDC. Aussi relate dans notre grand reportage. Les relations entire les deux blocs sont deja d'un autre type avec les APE. Par ailleurs, l'accent y sera desormais plus oriented, comme 'ont souligne et le Commissaire europeen au Developpement, Andris Pielbags aux Journees europeennes du Developpement 2010 a Bruxelles et la Haute Representante du service europeen pour action exterieure SEAE, Catherine Ashton, vers certaines priorities comme les energies renouvelables, et le domaine de l'agriculture et de la security alimentaire. Entretemps, d'autres acteurs, au premier rang la Chine, ont faith une percee particu- lierement en Afrique, changeant la donne. Meme si un recent sondage montre que les citoyens de 1'UE sont en majority favo- rables a la poursuite de l'aide au develop- pement, ils sont plus regardants quant a l'efficacite de celle-ci, d'autant plus que les crises economiques, financieres et mone- taires ont fortement cingle les grandes economies et affected leur niveau de vie. Un des jalons de la consolidation de 1'UE vient d'etre pose, le Service europeen pour Faction exterieure SEAE, qui par- tage desormais la gestion des relations avec les ACP avec la Direction gene- rale Developpement bient6t denommee DEVCO a partir du ler janvier 2011 - suite a sa fusion avec AidCo - Mouvement vertical en ce qui concern les secteurs de developpement prioritaires de 1'UE, movement horizontal en function des APE, movement diagonal entire parte- naires de developpement traditionnels et emergents. En function de tout cela, l'une des hypotheses revenues par les observa- teurs est la disparition du Groupe ACP, du moins de sa cooperation en tant que tel avec 1'UE. Mas le genre de poids que s'etaient donned les Non-alignes a l'epoque de la Guerre froide, ou les ACP dans leurs relations avec 1'UE ou a 1'OMC, s'avere de plus en plus indispensable, dans les incerti- tudes globales d'aujourd'hui, governance mondiale, finance, climate ... La question qui se pose parmi les observateurs est si la mutation des relations entire l'Europe et les regions ou pays du Groupe ACP rendraient celui-ci obsolete. Tout depend de l'esprit dans lequel ceux-ci l'avaient cree avec l'Accord de Georgetown, il a 35 ans. C'etait un vrai grand reve. Ils ne le perdront probablement pas de vue. Hegel Goutier Redacteur en chef N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Charles Michel, President du Conseil Developpement r'ltjb5Jdlltu bulyg uu C'UL Charles Michel 0 Reporters/ Fred Guerdin Hegel Goutier un lib&ralisme social celui a la base des progres des droits humans et sociaux en Europe a la fin du XIXe siecle, empreint de gn&erosit& vis-a- vis de l'etre human "pour que les hommes soient vraiment libres et 6gaux". Mais precise- t-il, "il faut tenir compete de la liberty& des etres humans don't le bonheur doit etre choisi pas contraint". Cet homme defend ses id&es et mine ses combats avec la passion d'un artiste. On pourrait ajouter de sa jeunesse, verse tot dans ce qu'il appelle le combat des id&es, Des records parmi d'autres : il a &t& le plus jeune avocat du barreau de Bruxelles quand il a pret& serment et, a 24 ans, le plus jeune ministry de l'histoire de la Belgique. Avant la fin de ses 6tudes, il a &t& &lu au Conseil provincial du Brabant a 19 ans. Il n'aura 35 ans qu'au moment otu ce numero du Courrier sera mis sous press. Conversation avec le Courrier CM - Je suis content que mon pays, la Belgique, ait honor& ses engagements en allouant 0,7% de son PNB a l'aide au d6veloppement. Depuis que je suis a ce poste (ndlr 21 d6c. 2007), on a augment& de 75% la part du budget national consacr&e au d6veloppement. Mais je pense que la quality& et l'efficience sont aussi importantes que les resources. En ce sens, nous avons par example sign& avec les ONG belges un accord pour que leurs interventions soient en ligne avec les priorities sectorielles des pays partenaires. L'ensemble des efforts de la Belgique pour le d6veloppement a &t& salu& par 1'OCDE et par le Secr&taire general de 1'ONU Ban-ki Moon. HG - Les ONG belges emettent une reserve sur le 0,7% qui inclut les bourses d'etudes et l'allegement de la dette. CM - Nous appliquons les crit&res de 1'OCDE qui tiennent compete de ces bourses. Mais les ONG ont raison de soulever ce d6bat. Je signalerais toutefois que la Belgique consent a des d6penses non prises en compete dans le 0,7% et auxquelles d'autres pays sont r6ticents a cause de cela. Par example, dans le cadre de certaines actions internationales, elle construit des batiments destin&s aux families des militaires locaux en RDC, pour des raisons humaines 6videntes. HG- Quels sont les success marquants de la cooperation belge ? CM - D'abord le secteur agricole, un enjeu important dans la lutte contre la grande pauvret& et la faim. La Belgique comme tous les pays europ&ens avaient diminu& son aide a l'agriculture dans les PVD en la faisant passer en moyenne de 16% de leur APD dans les ann&es 80 a 6%. A la veille du Sommet de la FAO a Rome en d6cembre 2009, la Belgique a faith le maximum pour sensibiliser 1'UE sur cette question, et ensemble on a convaincu les autres partenaires de d6veloppement. Un deuxieme domaine est la sante, dans lequel la Belgique a une expertise particuliere que nous apportons notamment a la RDC et au Rwanda. Ce dernier pays a enregistr& des progress spectaculaires en terms de diminution de la mortality& infantile entire autres. J'ajouterais aussi notre volont& de voir la cooperation a long terme, d'oi l'importance que nous accordons par example aux bourses d'&tudes. (Voir aussi dans Round up: Sommet UA-UE) C u rrier Jean Ping, President de la Commission de I'Union africaine Un diplomat vraiment F i: il ,ili Jean Ping GCE Hegel Goutier et Debra Percival Jean Ping a occup& pendant vingt ans diverse functions minist&rielles dans son propre pays, le Gabon, avant d'etre lu a la pr6sidence de la Commission de l'UA en 2008. II &tait avant cela Ministre des Affaires &trang&res, de la Cooperation et de la Francophonie. Respect& partout dans le monde pour ses remarquables qualities de diplomat, Monsieur Ping a rehauss& l'image du Gabon mais aussi de son President, Omar Bongo. Confident de Bongo, il a r6ellement contribu& a accroitre le prestige de ce dernier. Son pere &tait un commergant chinois et sa mire &tait gabonaise. Titulaire d'un doctorate de l'Universit& de Paris (Panth&on-Sorbonne), il commence sa carrier en 1972, a 1'UNESCO, l'Organisation des Nations Unies pour l'education, la science et la culture. En 1984, il devient directeur de cabinet du President Omar Bongo, function qu'il occupera jusqu'en 1990. II a acquis la reputation d'exercer ses mandates en s'y donnant corps et ame C'est durant l'exercice de sa function de President de l'Assembl&e gen&rale des Nations Unies, de 2004 a 2005, que ses qualities de diplomat -perspicacit&, determination et intelligence -apparaissent au grand jour. Mais M. Ping a surtout &tI le conseiller du President Bongo lors de nombreuses missions de mediation que ce dernier a menses en Afrique. II a une veritable passion pour l'Afrique, a laquelle il a consacr& ses deux ouvrages, Mondialisation, paix, democratic et developpement en Afrique : l'expirience gabonaise' preface par l'ancien ministry des Affaires &trang&res de Mitterrand, Hubert VWdrine, et Et l'Afrique brillera de mill feux.2 Investissements et commerce I1 est aujourd'hui a la tete de l'UA et, au course du recent Sommet UA-Afrique organism en Libye, il a clairement explique que le continent africain souhaitait un enforcement des investissements directs strangers ainsi que des &changes commerciaux dans le cadre du partenariat naissant avec l'UE. "L'aide humanitaire est une source important de soutien pour notre continent, je le congois tout a faith, mais a elle seule, elle ne nous permettra jamais de nous sortir des difficulties auxquelles nous sommes confrontss, a explique M. Ping lors d'une conference de press. Toujours extremement courtois, il ne mache pourtant pas ses mots lorsqu'il s'exprime en sa quality& de President de l'UA. Durant le Sommet UA-UE, lors d'une conference de press conjointe avec Jose Manuel Barroso, President de la Commission europ&enne, M.Ping a r6pondu aux journalists qui l'interrogeaient sur la "chaise vide" laiss&e par le Soudan et l'impunite de son President, Omar-al- Bechir. Rappelons que la Cour p6nale international (CPI) a delivr& un mandate d'arret contre le president soudanais, accuse de crimes de guerre au Darfour. "La lutte centre l'impunite est un objectif fundamental de l'UA. Regardez la composition de la CPI: 30 de ses membres sont africains. Nous ne sommes done pas opposes a ce tribunal; mais nous sommes contre l'injustice, dans le sens otu des Africains sont poursuivis comme si eux seuls pouvaient etre coupables. Il y a aussi un probl&me a Gaza. Les Europ&ens votent des lois pour proteger ceux qui sont coupables a Gaza. Mais ne s'est-il vraiment rien pass& en G&orgie, au Sri Lanka et en Irlande ?" a demand& M. Ping Et de continue : "Nous ne voulons pas d'un system judiciaire a geometrie variable, qui accuserait les petits voleurs de poulet en laissant impunis les grands malfaiteurs." Ed l'Harmattan, 2002 2Ed 1'Harmattan N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 << La priority absolue pour I'annee 2011 est d'appuyer les elections ,, Entretien avec Richard Zink, Ambassadeur de I'UE en R6publique d6mocratique du Congo C'est au 150 etage de I'immeuble de la Banque commercial du Congo (BCDC) qui domine le quarter de Gombe, le quarter des Ambassades, des ministeres et des medias a Kinshasa, que Richard Zink nous recoit. Son bureau surplombe le fleuve Congo. Sur I'autre rive, se dresse la Tour Nabemba, qui abrite les bureaux de la society petroliere Elf-Congo, au centre de Brazzaville, capital de < I'autre >> Congo. A peine quatre kilometres d'eau separent les deux capitals. Seules quelques embarcations troublent la surface du fleuve. Marie-Martine Buckens U ne situation qui ne cesse d'in- triguer le chef de la delega- tion de l'Union europeenne a Kinshasa. Est-ce sa vaste experience de l'Afrique -mais aussi de Haiti et des Balkans -qui pousse cet Allemand, agroeconomiste de formation, a vouloir d'abord situer la Republique democratique du Congo (RDC), avant de parler de l'action de 1'UE dans le pays? ner. Et que constatez-vous d'emblee? Ce pays est le seul, en Afrique, a avoir neuf voisins! Un record qu'il partage, sur le plan mondial, avec deux autres pays seulement: l'Allemagne et la Russie actuelle >. Richard Zink pursuit: < Et si vous faites le tour de ces neuf voi- sins que constatez-vous? Vous avez des pays aussi grands avec des populations levees mais egalement plus petits et beaucoup moins peuple, des pays riches en resources (notamment petrolieres) mais d'autres qui sont moins nantis; des pays avec une forte tendance demo- cratique et ceux qui en ont moins, des C u rrier pays qui affichent des scores relati- vement bons (dans les divers indices) mais aussi ceux avec des points noirs en matiere par example de la liberty de la press etc. Cela devrait relativiser l'opinion que d'aucuns peuvent avoir sur la RDC >. C'est sur cette toile de fond que Richard Zink present action de 1'UE sur le sol de la RD Congo. < Notre action est multiple. Outre la presence de la Commission europeenne, 11 Etats membres sont presents en RDC, don't cinq ont des attaches militaires. II faut savoir que c'est le seul pays, avec la Bosnie, ou nous avons deux missions de security de 1'UE (dans le cadre de la Politique Etrangere et de Security Commune, PESC, NDLR). En outre, nous avons un representant special pour la region des Grands- Lacs. Enfin, comme dans beaucoup d'autres pays, 1'UE est le plus grand bailleur; la Commission europeenne seule a depense plus de 200 millions La RDC du journal congolais 'Le Potentiel' a Kinshasa a Marie-Martne Buckens durable des forgets d'Afrique central, ECOFAC, qui couvre depuis sept pays. d'euros en 2009 . Autant d'actions qui s'inscrivent dans un context particulier. < Nous nous trou- L'aide de 1'UE se focalise sur des sec- vons huit ans apres les accords de Sun teurs cles dans un pays oi1 l'insecurite City (en Afrique du Sud, NDLR), qui regne, comme l'armee, la justice, la ont marque la fin de la deuxieme guerre governance, mais aussi l'assistance en RDC, et moins d'un an avant les humanitaire (quelque 50 millions elections generales de 2011 >. Richard d'euros sont engages chaque annee Zink pursuit: < des annees de conflict par le service europeen ECHO). Autre que certain ont appele la premiere secteur ot l'aide europeenne est impor- guerre continental africaine et don't tante, les infrastruc- le recent Mapping tures, en particulier ( Les problems persistent des Nations Unies dans les provinces, dans l'excution des lois, mais temoigneduniveau l'arriere-pays o0 les lepays, a genouxil ya six, sept d'intensit& et de routes qui subsistent brutality, qui ont apres des ann&es de ans, s'est doucement relev6 place un pays avec conflicts sont pour la un potential econo- plupart deteriorees. Mais il n'ya pas que mique de taille, a l'une des dernieres les routes. Le transport fluvial permet places du palmares 'Doing Business'. en grande parties aux populations et aux Ainsi, le PIB per capital en 1960 etait de marchandises de se deplacer. < Nous 380 dollars centre 155 aujourd'hui. En sommes en train de mettre sur pied un 2000, le budget de l'Etat s'elevait a 300 grand project sur le fleuve Congo>, sou- millions de dollars; il y a quatre ans, il ligne Richard Zink. 4I1 prevoit le balisage etait de 1,7 milliards de dollars et en sur toute sa parties navigable >. L'UE 2011 il devrait s'elever a 6,7 milliards. affected &galement des budgets impor- A titre de comparison, le budget de tants a la sante ou a la protection de Congo-Brazzaville est de 10 milliards l'environnement, notamment la protec- de dollars et celui de l'Angola de 40 tion des brands narcs come celui des milliards de dollars >. Virunga (Est) ou de la Salonga (ouest et Equateur) ou de Garamba (pres du Soudan), sans computer l'extension a la RDC du vaste programme de gestion Mais l'Ambassadeur de 1'UE se veut optimiste: < les problems persistent dans l'execution des lois, mais le pays, a genoux il y a six, sept ans, s'est dou- cement relev&e >. Sans escamoter les problems < enormes > qui perdurent tant sur le plan de la governance economique que politique, comme en temoigne l'assassinat du defenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya, ou encore < le fleau de la violence sexuelle que les groups arms utilisent comme arme de guerre >. Mais, souligne Richard Zink, < la prio- rite absolue pour 2011 est d'appuyer les elections. Il y a en effet lieu de preser- ver a tout prix la legitimite du pouvoir dans le respect de la Constitution. Quelles que soient les imperfections possibles quand au deroulement du cycle electoral, il y a lieu de veiller a ce que ces elections aient lieu >. D'oiu la necessity d'un appui financier pour les elections, mais aussi a plus long term, notamment via un appui aux parlements congolais (lire article dans la rubrique Interactions). Avant de prendre conge, Richard Zink a un dernier regard sur le fleuve, vide de bateaux: < curieux qu'il y ait si peu de va et vient entire les deux capitals les plus proches du monde, alors qu'entre Goma (a l'Est de la RDC, NDLR) et Gisenyi (Rwanda) plus de 25.000 per- sonnes se deplacent quotidiennement dans les deux sens...... , N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Sans MoIu - Journees europeennes du developpement, Bruxelles 2010 Place au neuf Debra Percival De nouvelles politiques de deve- loppement pour un impact maximum. Ce theme etait sur routes les levres lors des Journees europeennes du developpement (JED) organisees a Bruxelles les 6 et 7 decembre au "Square", le nouveau centre de congress de la capital beige. Chaque annee, ces Journees reunissent un eventail unique de parties prenantes des representants des pays developpes et en developpement, d'ONG, d'agences et de foundations internationales, des medias, de centres de recherche et de groups de reflexion. Jose Manuel Barroso, president de la Commission europeenne, a declare que l'evenement devait etre "la reference de l'UE pour promouvoir la cooperation entire agencies de developpement." Les JED, qui avaient lieu pour la cin- quieme fois, sont traditionnellement orga- nisees par la Commission europeenne et le pays exergant la presidence de l'UE, en l'occurrence la Belgique. Veritable plate- forme de debats sur des questions actuelles en rapport avec le developpement, ces Le veritable d journees servent comment l'E aussi de vitrine aux Ces 0,7% du pr productions cultu- brut (PNB) con relies des pays en developpement, de publique au de la photographic a (APD) pour r6al la mode. Parmi les maximal , a ex dignitaires invites, Pieb citons Thomas Boni Yayi, le president du Benin, Mo Ibrahim, le president de la Fondation Mo Ibrahim, ainsi que Blaise Compaore, president du Burkina Faso. Dominique Strauss-Kahn, directeur general du FMI, etait egale- ment present. En outre, un village du developpement a reuni les stands d'une serie d'acteurs du developpement, offrant 'F i* as ainsi de multiples possibilities de travail en reseau. Un nouveau regard sur le developpement Set d Les participants ont fi e d avoir examine comment rope utilise reorienter et ameliorer )duit national les politiques de deve- acr6s a I'aide loppement en vue de realiser les Objectifs veloppement du Millenaire pour le ser un impact developpement (OMD) )lique Andris de 2015. Le Livre vert Igs "La politique de deve- loppement de 1'UE en faveur de la croissance inclusive et du developpement durable -Accroitre l'impact de la politique de developpe- ment de l'UE" de novembre, redige par Andris Piebalgs, Commissaire europeen au Developpement, a donned matiere a reflexion sur l'avenir des strategies de developpement de l'UE. C u rrier Le role que jouera la politique de develop- pement dans le nouveau Service europ&en pour l'action exterieure (SEAE) a partir du ler janvier 2011 a fait l'objet d'une autre table ronde. Certains participants se sont demanded si les questions en rap- port avec le developpement ne risquaient pas d'etre releguees a l'arriere-plan du nouveau SEAE. Pour Louis Michel, co- president de l'Assemblee parlementaire paritaire ACP-UE, l'orientation future de la politique de developpement "depen- dra des choix et de la strategic politiques" de la Baronne Ashton, nouvelle Haute representante de l'Union pour les affaires etrangeres. La Ministre suedoise de la Cooperation international au develop- pement, Gunilla Carlsson, a declare que le SEAE offraitune occasion de "comprendre ou se situe la valeur ajoutee de l'UE [en matiere de politique de developpement] et de permettre une meilleure coordination avec les Etats membres." Plutot que sa future architecture interne, "le veritable defi est de savoir comment l'Europe utilise ces 0,7% du produit natio- nal brut (PNB) consacres a l'aide publique au developpement (APD) pour realiser un impact maximal", a explique Andris Piebalgs, enumerant ensuite ses priorit&s, parmi lesquelles les energies renouvelables et l'agriculture durable. Selon Philomena Johnson, directrice de l'ONG Caritas, au Ghana, il imported de remedier a "la lenteur des processus et procedures" des depenses d'aide de l'UE. Un debat a mis egalement l'accent sur les nouveaux instruments de financement du developpement, y compris la possibility d'instaurer une taxe sur les transactions financieres et de prendre des measures contre les paradise fiscaux, ou de nom- breuses multinationales europeennes ont ouvert des filiales qui leur permettent d'evi- ter de payer des impots. L'ancien President frangais Jacques Chirac, qui gere une fon- dation humanitaire, a quant a lui appele a des measures repressives contre la vente . ....' .. 1 de faux medicaments aux pays en deve- loppement. La sixieme edition des JED 2011 devrait avoir lieu en Pologne, au course de la deu- xieme moitie de l'ann&e. eLude das.eu * o Protection social et d6veloppe- ment inclusif Le Rapport europeen sur le developpement (RED) 2010-2011, une publication annuelle de la Commission europeenne, a mis en relief la "Securite social pour le developpement inclusif'. Le group de coordination du RED est compose de la Commission europeenne, de I'lnstitut universitaire europeen de Floren- ce en Italie et de sept Etats membresde I'UE. "La protection social est un facteur-cle pour promouvoir la reprise", a declare Frangoise Moreau, directrice faisant function charge de la politique de developpement de I'UE la Direction general du Developpement de la Commission europeenne. "La protection social peut et devrait etre un element dis- tinctifde I'agenda de developpement de I'UE", a declare pour sa part Georgia Giovannetti de I'lnstitut universitaire europeen, auteur principal du RED. II a ajoute : "Lheure est venue de soutenir les systems de security social; un plus grand engagement en faveur de la governance et une croissance levee en Afrique subsaharienne." Elle a egalement affirmed que "la protection social peut atte- nuer les risques, reduire la pauvrete et les inegalites et accelerer la progression vers les Objectifs du Millenaire pour le developpe- ment (OM D)." Le Lesotho, le Ghana, Maurice, le Rwanda, I'Afrique du Sud, le Kenya et I'Ethiopie ont tous introduit divers projects de protection social couronnes de success. Le rapport comprend une serie de recom- mandations, don't "une meilleure protection social dans le dialogue entire I'Afrique et I'UE" et "un cadre politique europeen de- taille en matiere de protection social, lie a des engagements assortis d'echeances determinees et de resources specifiques." II recommande aussi que I'UE favorite le "cadre de la politique social de I'Union afri- caine." Le rapport encourage par ailleurs les bailleurs de fonds de I'UE a soutenir la recherche sur I'impact et les avantages des projects de protection social dans les pays en developpement, notamment la mise en place d'un "reseau d'experts de I'UE charge de cartographier les aides de I'U E en matiere de protection sociale" Frangois Bourguignon de I'Ecole d'economie de Paris a cependant mis en garde contre le risque de faire de la pro- tection social le nouveau "sujet a la mode". II a precise que I'Europe s'est a nouveau ruee sur le developpement des infrastructures en Afrique apres I'arrivee de la Chine dans ce secteur. D'apres lui, la protection social devrait etre integree a la politique global en matiere de developpement. http://erd.eui.eu/ N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Tou #d Dr Dn Le Prix Natali de Mujer ("Paroles de femme") qui decrit la vie quotidienne d'un group de femmes Les laureats 2010 du Prix Natali pour le dans la communaute de Bocana de Paiwas, journalism, decerne chaque annee par au centre du Nicaragua. Parmi les autres I'UE en memoire de I'ancien Commissaire articles gagnants de journalists issues des europeen au du Developpement, defenseur cinq continents, retenons un reportage sur de la liberty d'expression, de la democratic, le scandal du march du cacao en C6te des droits de I'homme et du developpe- d'lvoireet sur unbainde sang dans unstade ment, ont ete recompenses lors des JED. de foot au Ghana. Le Grand Prix Lorenzo Natali a ete decerne a Yader Luna du Nicaragua, pour Palabra Voir: http://www.prixnatali2010.eu/content/fr/ Tu d Dnhr D La Libye accueille le troisieme Sommet Afrique-UE Les 29 et 30 novembre, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a accueilli les chefs d'Etat et de gouvernement de 80 pays de I'Union europeenne et d'Afrique dans la capital libyenne de Tripoli a I'occasion du troisieme Sommet Afrique-UE. La Somalie et le Soudan se sont fait remarquer par leur absence. Olivia Rutazibwa' C e sommet, organism tous les trois ans, vise a encourager le dialogue au sommet entire dirigeants europeens et afri- cains sur des questions d'int&rit com- mun, dans un esprit d'&galit& et de partenariat. Le sommet de Tripoli avait pour theme "Creation d'emplois, inves- tissements et croissance &conomique". La paix, la stability, les migrations et le changement climatique talentt &gale- ment a l'ordre du jour. L'&venement a 6galement vu la conclusion d'un accord sur un "plan d'action" pour la mise en ouvre du Partenariat Afrique-UE au course des trois prochaines annees (2011-2013). L'UE esp&rait la signature d'une declaration commune sur le change- ment climatique avec ses partenaires africains, mais ces derniers ont refuse. "Il aurait &et malvenu de signer cette declaration commune avant le Sommet climatique de Cancun, non pas parce que nous d6sapprouvons son contenu nous sommes en effet d'accord sur les grandes lignes mais bien parce qu'elle n'est pas passee par le processus de n6gociation appropri&. En outre, une telle declaration commune donnerait un trop grand poids a l'Europe", a expliqu6 un diplomat africain a Tripoli. Les Accords de partenariat &cono- mique (APE) ont egalement suscit& des tensions. Et si la declaration de Tripoli, portee par les dirigeants des deux continents, &voque un "engage- ment a conclure des APE favorisant le d6veloppement socio-&conomique, l'int6gration r6gionale et l'int6gration de l'Afrique dans l'Fconomie mon- diale", cette definition ne reflete pas les d6saccords entire l'Union europeenne et l'Afrique qui sous-tendent les APE. Les regions d'Afrique veulent en effet atteindre des niveaux prd&efinis de d6veloppement et se rapprocher des OMD avant d'ouvrir leurs marches, alors les partenaires europ6ens estiment Tripoli la nuit � Reporters be/Photononstop Chnstophe Lehenaff c'est pr&cisement la mise en ouvre des accords de libre-echange qui permettra de r6aliser ces objectifs (voir le dossier sur les APE dans ce numero). La revolution de 1'energie propre La Declaration de Tripoli a reaffirm& l'engagement de 1'UE a r6aliser l'ob- jectif commun de consacrer 0,7 % du Cou rr ie r produit national brut (PNB) a l'aide publique au d6veloppement d'ici a 2015, en promettant d'affecter 50 milliards d'euros aux objectifs g6neraux du par- tenariat au course des trois prochaines annees. Lors d'une conference de press, le President de la Commission europeenne Jose Manuel Barroso a 6voqu6 la n&cessit6 de coordonner le d6veloppement des infrastructures sur le continent africain, de promouvoir la Le prochain Sommet Afrique-UE aura security agricole et d'initier une "revo- lieu a Bruxelles en 2013. lution de l'6nergie propre en Afrique." Le President de l'UA, Jean Ping, a pour sa part mis en avant l'aide publique au d6veloppement et l'amelioration des flux commerciaux, deux conditions essentielles pour une croissance plus soutenue et la creation d'emplois. Olivia Rutazibwa est journalist pour le magazine beige < Mo >: www.MO.be N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 TIo h rif on Olivia U Rutazibwa ......,���-cn _ r~----; ^"" ��-c"~=~ Les jeunes 6l vent la voix La cooperation entire jeunes Africains et Europeens, lancee en 2007, prend de I'ampleur. Des organizations de jeunesse des deux continents se sont rencontrees a Tripoli, en Libye, avant le 3e SommetAfrique-UE, afin de discuter d'une declaration commune sur les priorities et de travailler sur des idees pour I'avenir. Anna Patton S'I 1 in'y a pas plus vulnerable qu'un immigre clandestine, affirme Antonia, de Finlande. La fayon Ldont nous les traitons est reve- latrice de notre conception des droits de l'homme". Les discussions au 2e Sommet Afrique-Europe de la Jeunesse, rassem- blant une centaine de delegues de plus de 40 pays, se sont penchees sur les differences experiences en matiere de migration et de mobility. Alors qu'Alhassane du Niger s'insurge contre le sort reserve aux per- sonnes qui tentent vainement de traverser les deserts de son pays : "Je connais la souffrance de mes freres africains ! ", Evy qui travaille pour l'association citoyenne FIMCAP en Belgique -est frustree par la quasi-impossibilite d'obtenir des visas pour les partenaires africains : < Il ne s'agit plus d'un change a proprement parler s'ils ne peuvent pas venir ici, > dit-elle. La migration est l'un des sept domaines d'action auquel les jeunes issues des deux continents s'attaquent aujourd'hui suite au premier Sommet de la Jeunesse, orga- nise il y a trois ans. Dans la plupart des domaines, la cooperation en est toujours au stade des idees meme si certain ont deji bien avance. Ludgero, un Cap verdien qui habite au Portugal, est l'un des fonda- teurs du African Diaspora Youth Network en Europe. Cette association espere, d'apres lui, "resoudre certain problems auxquels nous, Africains, sommes confronts en Europe : l'exclusion, le ch6mage, la dis- crimination. En meme temps, nous sou- haitons contribuer au developpement de notre continent d'origine." Le role de la jeunesse dans la cooperation entire l'Afrique et l'Europe est clairement defini dans la Declaration de Tripoli. Selon Christoffer Gronstad du Forum europeen de la Jeunesse, le document "ne demand pas seulement a nos gouvernements d'agir -ce que la society civil fait gene- ralement tries bien -mais explique aussi comment nous pouvons y contribuer, en tant qu'organisations de jeunesse."Parmi les idees adressees aux leaders africains et europeens, on trouve un programme de microcredit de commerce equitable, la participation de la jeunesse a la surveillance des elections et la sensibilisation commune contre le commerce des armes. Mais il n'est pas toujours evident de se mettre d'accord. Les voix se sont levees et les passions se sont enflammees lorsque le passe colonial risquait de bloquer le debat. "Il y a tant d'energie positive ici, pourquoi parlons-nous toujours du passe ? " s'est demanded Simona de Slovenie. D'autres differences culturelles ont aussi ete mises au grand jour : si l'Europe a envoy un peu plus de femmes que d'hommes, le nombre de delegu&es est rested limited du cote africain. "Les femmes africaines sont timides. Elles ne veulent pas s'impliquer", explique Augustus du Liberia en haus- sant les epaules. Saba d'Erythree estime que ses pairs manquent de confiance en soi, mais elle adresse aussi des reproches aux homes : "Ils ne veulent pas que les femmes prennent les decisions !" Les orga- nisateurs de l'evenement admettent que cela doit s'ameliorer. Tandis que l'Europe devance l'Afrique dans le domaine de l'egalite entire les hommes et les femmes, l'Afrique prend de l'avance avec sa Charte de la jeunesse. Ce document legalement contraignant -qui doit encore etre ratified par de nombreux Etats africains reconnait les besoins, les droits et les responsabilites specifiques des jeunes de 15 a 35 ans. Les organizations de jeunesse europeennes esperent tirer des enseignements de l'experience africaine pour pouvoir faire pression aupres de leurs propres gouvernements. Le travail ne fait que commencer et les organizations de jeunesse competent encore sur le soutien -y compris financier -des gouvernements et des institutions. Le Sommet de Tripoli n'est qu'une tape d'un long processus d'apprentissage sur le tas et de decouverte des meilleures pratiques pour travailler ensemble, ce qui constitute un defi a part entire. Pour l'instant, les discussions animees se poursuivent. Et peut-etre, comme le dit Mannubia de Libye : "Tant que ce dialogue existed, tout le rest suivra facilement." Cu r r i e r TI I iznB Parmi les demandes/propositions soumises aux dirigeants europeens et africians : - Soutenir les projects d'echange de jeu- equitable qui soit gere par les jeunes; nes pour 100.000 Africains et 100.000 - Imposer des quotas aux multinationales Europeens, en tant que contribution a pour I'emploi et la formation de jeunes I'OMD 8 locaux ; - Mettre en place un Fonds fiduciaire - Introduire des systems pour I'emploi Afrique-Europe de la jeunesse pour le temporaire des immigres/demandeurs financement de projects pilots ; d'asile fraichement arrives; - Soutenir un programme de microcre- - Inclure des jeunes dans les delegations dit Afrique-Europe pour le commerce nationals lors de toutes les reunions TIo h rif on La sant6 mental, parent pauvre de I'aide au d6veloppement Le 14 octobre, lors d'une conf&- rence international de la Global Initiative on Psychiatry (GIP, base aux Pays-Bas) au Parlement europeen, il a ete decide d'inte- grer la sante mental dans les programmes d'aide au developpement. Cette conference s'inscrivait dans le cadre d'un project de sensibilisation � cette pro- blematique, finance par l'Union euro- peenne et axe sur les nouveaux Etats membres de l'Union : la Lituanie, la Roumanie et la Bulgarie, ainsi que les Pays-Bas. "L'objectif est d'accorder � la sante mental l'attention qu'elle merite", a explique Robert van Voren, directeur de la GIP. President du GIP, le Dr. Benedetto Saraceno, (deuxieme a droite) s'adresse a la Conference EP CiscaGoedhart Juan Garay, en charge de la sante au sein de la direction generale du developpe- ment de la CE, a epingle l'actuelle insuffi- sance de fonds affects a la sante mental, par rapport au genereux financement don't a beneficie la lutte contre le sida au course de ces dernieres annees. La raison ? Un impact, en terms de vies sauvees, plus aisement quantifiable. Benedetto Saraceno, president de la GIP, a d'ailleurs admis que l'impact de l'aide pour la sante mental etait bien plus difficile a mettre en evidence. Melvyn Freeman, du minister sud- africain de la Sante, a explique : "Aujourd'hui, je ne vois plus les problems de sante mental comme la consequence de determinants sociaux, mais l'inverse." Le project a lance un site web : www. mhcommunity.net. Et la GIP envisage egalement de publier un document met- tant en avant les aspects -notamment de sante mental - privilegier dans les programmes d'aide au developpement (2011-2015). D.P. Observatoire ACP sur les migrations : debut des travaux adja Nin, Khadja Nin, Ambassadeur de bonne volonte au lancement de I'Observatoire ACP sur la migration � Olivier Rocher gL Observatoire ACP (Afrique, Caraibes, Pacifique) sur les migrations a vu officielle- ment le jour le 25 octobre, a Bruxelles. II a pour mission de reunir des donnees et de mener des recherches sur les migrations Sud-Sud dans les pays ACP. La musicienne burundaise Khadja Nin est l'ambassadrice de ce nouvel organism. Grace aux faits et chiffres et aux recherches sur les flux migratoires, les responsables politiques, les membres de la society civil et le grand public pourront se faire une meilleure idee des movements de popu- lations. Toutes les donnees, ainsi que les conclusions des recherches, seront postees sur un site internet consacre qui lancera egalement un dialogue public. Lors de l'inauguration de l'observatoire, Mohamed Ibn Chambas, secretaire gene- ral des ACP, a explique aux journalists que ces donnees "contribueraient a limiter l'impact negatifdes flux migratoires sud- sud et encourageraient au contraire une contribution positive de ces movements au developpement de notre region." L'Observatoire a pour partenaires 15 organismes de recherche des ACP et de l'UE defendant de l'Organisation international sur les migrations (OIM). L'essentiel du budget total de l'organisme -9,4 millions d'euros -est finance par le 9e Fonds europeen de developpement (FED) en faveur des pays ACP. Le gou- vernement suisse a egalement participe financierement a la mise en place de l'observatoire. L'observatoire, pour l'instant base & Bruxelles, sera ulterieurement transfer dans un des pays ACP. Ses premiers tra- vaux de recherche porteront sur 12 pays des differentes regions ACP: L'Angola, le Cameroun, la Republique democratique du Congo, Haiti, le Kenya, le Lesotho, la Namibie, la Papouasie-Nouvelle-Guinee, le Senegal, la Tanzanie, Timor Leste et Trinidad-et-Tobago. Les envois d'argent Sud-Sud, les migra- tions et le changement climatique, les migrations professionnelles, les migra- tions forces, les migrations et la sante competent parmi les themes annonces pour les premieres recherches de l'obser- vatoire. D.P. http://www.acpmigration-obs.org/ N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 L'appel de Zimbabweennes La participation des femmes dans le processus de transition democratique au Zimbabwe a ete au centre de I'audition publique qui s'est tenue au Parlement le 6 octobre 2010 a Bruxelles. Accueillie par Judith Sargentini, membre du group des Verts, cette audition a ete organisee par I'EEPA (Europe External Policy Advisors), un group de consultants specialists dans la politique de developpement de I'UE. S a democratic ne pourra voir le jour au Zimbabwe que si les femmes font active- - ment parties du processus de transition en course et qu'un parte- nariat d'egal a legal avec les hommes est assure." Venue temoigner au Parlement europeen, la journalist zimbabweenne Grace Kwinjeh a ainsi resume la position des autres personnalites zimbabweennes presentes lors de cette audition: la ministry responsible de l'integration et de la recon- ciliation, Sekai Holland, et Betty Makoni, fondatrice et directrice du Reseau pour les femmes et enfants du Zimbabwe, le GCN (Girls and Child Network). Autant de femmes qui, comme beaucoup d'autres au Zimbabwe, ont paye le prix fort pour permettre a leurs pairs d'etre res- pectees et avoir droit au chapitre dans un pays caracterise, selon elles par un regime profondement patriarcal et machiste. Viols, tortures ont ete, et sont encore le lot de bien des femmes. "Depuis 1983 (trois ans apres l'independance du pays, NDLR), le viol a ete utilise comme arme de guerre", a explique Betty Makn, poursuivant : "ce fut le cas en 2000, lors de l'invasion des fermes, en 2002, lors des elections. En mai 2008, les autorites zimbabweennes ont instaure un climate de terreur, visant en particulier les personnel supposees soutenir l'oppo- sition. Les femmes ont ete victims de violence sexuelles, du viol a la torture. Hormis le traumatisme et l'humiliation, cette violence transmet le virus du sida. Et pour beaucoup de filles, il s'agit d'une tragedie grotesque : viol, sida, tomber enceinte et quitter le parcours scolaire." Consultations publiques Au course de l'audition, la senatrice belge Sabine de Bethune a indique que la par- ticipation des femmes dans le maintien et la promotion de la paix et de la security comme le stipule la resolution 1325 du Conseil de security des Nations Unies, etait l'une des priorities de la Belgique, qui assure la Presidence de l'Union euro- peenne jusque fin decembre 2010. L'UE, a-t-elle precise, devrait presenter d'ici la fin de l'annee des indicateurs qui permet- traient de mieux evaluer et controler les mecanismes mis en place dans les pays. L'audition s'est tenue peu de temps avant la tenue, au Zimbabwe, des premieres consul- tations publiques sur le nouveau texte de Constitution, prealable a la tenue de nou- velles elections. Ces dernieres devraient se tenir a la mi-2011, comme convenu entire les deux principaux protagonistes du "gouvernement d'union" former en fevrier 2009, le President Robert Mugabe et son rival, promu Premier ministry, Morgan Tsvangirai. M.M.B. Allegement des sanctions europeennes Le dialogue politique avec le Zimba- bwe a ete relanc6 des le 18 juin 2009, soit quatre mois apres la formation d'un gouvernement d'union national. Lors du r6examen annuel des measures " en fevrier 2010, les measures restrictives en vigueur ont ete alleges pour saluer la mise en place de ce gouvernement. C'etait la premiere fois qu'un allegement de ces measures intervenait depuis f6vrier 2002, date a laquelle elles avaient ete mises en place. Les sanctions europ6en- nes consistent en un embargo sur les armes et les equipements susceptibles de servir a la repression interne. Elles comprennent aussi I'interdiction de vo- yager dans I'UE pour plus d'une centaine de personnel lies au pouvoir en place ainsi que le gel des avoirs financiers de ces memes personnel. Laugmentation de I'aide europeenne au Zimbabwe, passant de 82 millions d'euros en 2008 a 110 millions d'euros en 2009, est destine a soutenir I'action du gouvernement d'union national dans les secteurs sociaux, notamment la s6curit6 alimentaire, la sant6 et 1'education. La Haute Representante, Catherine Ashton, a requ une delegation minis- terielle zimbabweenne dans le cadre du dialogue politique le 2 juillet 2010 et a rappele que I'Union europeenne se tenait prdte a r6pondre positivement a toute avanc6e dans la mise en oeuvre de I'Accord politique global (GPA) du 15 septembre 2008. Noster Dzomba joue dans une piece de theatre sur la mortality infantile a Harare, le 1er d6cembre 2010. Selon un rapport qu'Amnesty International a public le meme jour, le gouvernement du Zimbabwe doit de toute urgence faire face aux menaces sur la sant6 des nouveaux-n6s en mettant imm6diatement en place toutes les measures n6cessaires pour assurer aux femmes enceintes et les jeunesfilles de I'6tablissement d'Hopley, et d'autres 6tablissements de I'Op6ration Garikai, I'acces a des soins maternels et n6onataux. (AP Photo/Tsvangirayi Mukwazhi) Cu r r i e r Tu d hnDriz T d Dn Dialogue transatlantique sur le developpement Les Etats-Unis et I'Union europeenne s'emploient actuellement a renforcer le dialogue et la coordination sur les strategies de security alimentaire dans les pays en developpement, don't certaines nations africaines. Unis assurent 80% de l'aide publique au developpement. Une cooperation plus etroite est essentielle pour promouvoir un "deve- loppement durable sur le long terme, expliquait un haut fonctionnaire de la mission americaine aupres de 1'UE. En 2009, I'UE a affected 70 milliards de dollars (54 milliards d'euros) a l'aide publique au developpement et les Etats- Unis 30 milliards de dollars (23 mil- liards d'euros) revelent les statistiques americaines. De part et d'autre de l'Atlantique, des responsables elaborent conjointe- ment une listed de pays, l'idee etant de coordonner le "developpement multi- donateur, place sous la responsabilite du pays, de politiques, de strategies et de plans d'investissement integres, qui incluent l'acces a la nourriture et d'autres aspects", expliquent des fonc- tionnaires de la mission americaine. Ceux-ci ajoutent que ces activities seront coordonnees avec le processus PDDAA, le Programme detaille de developpement de l'agriculture africaine, elabore par le Nouveau partenariat pour le developpe- ment de l'Afrique (NEPAD). Le 22 septembre 2010, le President americain Barack Obama signait une nouvelle politique sur le developpement mondial, une premiere pour une admi- nistration americaine. D.P. Un Corps volontaire d'aide humanitaire pour I'Europe La Commission europeenne a propose de creer un Corps volontaire europeen d'aide humanitaire, I'idee etant de ren- forcer les programmes paneuropeens de volontariat. Une consultation publique a ce sujet devrait 6tre lancee d'ici la fin de I'annee et les premiers projects pilots de- vraient 6tre operationnels courant 2011, I'Annee europeenne du Volontariat. Une proposition legislative sur la structure finale de ce corps est attendue dans le courant 2012. Voir: ec.europa.eu/echo N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 7f. & s - .' .-. - ..-., - - ."-.-- .. ... .-SB,'. . :_-'a7 j�--- ^ - ".-^ ' " '" ^ ' ,.-. -.li " ' lg Nouvelles negotiations commercials en vue pour 2011 Au course du premier semestre 2011, I'UE rencontrera ses partenaires ACP afin de donner un nouvel elan aux discussions sur les Accords de partenariat economique (APE). Huit ans apres les negociations sur le libre-echange entamees avec sept groupements regionaux de la zone ACP, quelles sont les chances de reussite de ces nouveaux pourparlers ? Debra Percival Lors du sommet Union africaine- Union europeenne qui s'est tenu en Libye en novembre 2010, le resident de la Commission europeenne, M. Jose Manuel Barroso, et le President de l'Union africaine (UA), M. Jean Ping, ont tous deux appel& les parties a faire preuve de flexibility& lors des futures n6gociations commercials. Le Forum des Etats ACP des Caraibes (CARIFORUM) a d6ji sign& un v&ri- table APE avec l'UE (cf. interview ailleurs dans ce numero) couvrant les changes de biens et de services et les investissements. Par ailleurs, les plus grandes nations du Forum des miles du Pacifique, la Papouasie Nouvelle Guin6e et les Fidji, beneficient d'un APE provisoire limits aux biens, tandis que les discussions sur un future APE se poursuivent a l'6chelon regional. Jusqu'a present, les n6gociations les plus delicates concernent le continent africain. Les cinq groupements r6gionaux afri- cains sont: l'Afrique orientale et australe (AOA), la Cooperation d'Afrique de l'Est (CAE), l'Afrique de l'Ouest (membres de la Communaut6e conomique des Etats d'Afrique de l'Ouest et la Mauritanie), l'Afrique central (les six membres de la Communaut6e conomique et mon6- taire d'Afrique central (CEMAC), plus la R6publique D6mocratique du Congo et Sao Tome et Principe), et, enfin, la Communaut6 de d6veloppement d'Afrique australe (SADC). Les pays africains craignent qu'une ouverture de leurs marches nationaux aux importations de l'UE n'entraine C u rrier A c -.ords - de Pr � � - . ..iq(PEj) D un afflux de marchandises a bas prix, ce qui representerait une menace pour la production locale et une perte de recettes fiscales. Selon la SADC, un APE pourrait egalement nuire a l'integration regionale en course au sein de l'Union douaniere d'Afrique australe (UDAA). Chris Stevens, chercheur a l'Overseas Development Institute (ODI), un group de reflexion britannique sur le develop- pement, explique en effet que "si un pays accepted de liberaliser substantiellement les importations europeennes sans que son voisin ne le fasse, ce dernier sera toujours reticent a lever les obstacles aux importations de son voisin, de peur que certaines de ces importations ne concernent en reality des biens euro- peens qui s'introduiraient ainsi chez lui de fagon detournee." Jusqu'd present, seuls 36 des 77 pays ACP ont signed un APE "entier" ou "par- tiel". L'avalanche de signatures observe a la fin de l'annee 2007 s'explique par la suppression des preferences commer- ciales, requise par l'OMC, decoulant de l'Accord de Cotonou (2000-2020). Pour les pays les moins avances (PMA) du group ACP, l'incitation a signer etait moins present, des lors qu'en 2001, tous les PMA se sont vu offrir un access libre et illimite a "tout sauf les armes" (TSA) sans contrepartie, ce qui etait une option plus attrayante qu'un access progressif aux biens de I'UE, comme le prevoient les APE. Manque d'incitants Preoccupations de I'UA con- cernant les APE1 * Rappel de I'importance de la dimension de developpement des accords et de la necessity, pour I'UE, de fournir des res- sources suffisantes pour permettre la mise en oeuvre des APE. * La demand faite par I'UE aux pays afri- cains de liberaliser 80% des changes d'ici 15 ans, avec seulement 20% de marchan- dises considerees comme "sensibles", est trop exigeante. * La clause de la Nation la plus favorisee (NPF) devrait etre exclue des APE, des lors qu'elle contrevient aux regles du GATT/OMC pour la cooperation Sud- Sud. * LUA reclame des"margesde manoeuvre" permettant de lever ou de modifier des taxes ou d'imposer des restrictions quan- titatives sur des biens provenant de I'EU, et ce, afin de soutenir le developpement d'industries naissantes. I'UE s'est "tire une ball dans le pied" en offrant le regime TSA a tous les pays en developpement. I1 explique egalement pourquoi la plu- part des pays africains doivent encore etre convaincus des avantages supplementaires d'un APE en matiere de services, d'inves- tissements et de marches publics : "De nombreuses critiques formulees par la DG Commerce a l'egard des pays ACP Chris Stevens a sa propre explication de sont correctes, notamment a propos de la raison pour laquelle les negociations l'inefficacite des marches publics, qui fait pietinent depuis lors : que les contribuables "Comme partout ail- < NOUS nOUssommes engages patient beaucoup plus leurs, certain pays c fairelemaximumpourtrouver que necessaire, ou sont favorables a un a propos des mau- regime commercial le plusrapidementpossibledes vaises rgles en liberal, et d'autres solutions appropinees a cet 6gard � matiere d'investis- sont sceptiques. Or segment, qui main- l'UE avait tries peu a offrir en change, tiennent les investissements a un bas precisement du fait que le regime com- niveau. Mais l'un des contre-arguments mercial de Cotonou etait tries avanta- est que, comme pour les biens, si un Etat geux en ce qui concern les biens". Et juge necessaire de changer de politique, d'ajouter qu'au plan des negociations, il n'a pas besoin de I'UE pour le faire." * Non-inclusion d'une clause de statu quo, afin de permettre une modification ulte- rieure destarifs douaniers. II pourrait 6tre un jour necessaire d'harmoniser cestarifs en function de I'evolution des programmes d'integration regional. * Mise en place de sauvegardes en cas de prejudice grave inflige aux marches africains par des products de I'UE. * Renegociation des regles d'origine con- venues dans le cadre des accords "pro- visoires" sur les biens. * En matiere de droits d'origine, les pays africains veulent un cumul incondition- nel avec tous les pays ACP, les pays et territoires d'outre-mer (PTOM) de I'UE et les pays voisins que sont le Maroc, la Tunisie et I'Egypte, et ils reclament une reduction du nombre de products exclus en provenance d'Afrique du Sud. SBase sur la declaration de Kigali. Par ailleurs, les choses se presentent plutot bien en matiere de flexibility. Lors du recent sommet UA-UE en Libye, le president de 1'UA, M. Jean Ping, a declare : "Nous allons dans la bonne direction, avec davantage de flexibility de part et d'autre. Nous nous sommes engages a faire le maximum pour trouver le plus rapidement possible des solutions approprices a cet regard " Les ministres de l'UA ont abattu leurs cartes dans une declaration elaboree debut novembre a Kigali (cf. encadre). Le Conseil des ministres ACP y a repondu en presen- tant sa propre resolution de six pages. La declaration de Kigali faisait egale- ment reference a des alternatives aux APE envisagees par certain Etats afri- cains, comme le Systeme de preferences generalisees (SPG) ou l'elargissement des preferences TSA a l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 I...e . Acors - - .. . . oo (AP Afrique occidentale: vers la fin de I'impasse ? Pour Francis Kokutse, journalist bas6 au Ghana, la disinformation est I'un des principaux obstacles a la conclusion d'un Accord de partenariat economique (APE) avec I'Afrique occidentale. Francis Kokutse l'Afrique occidental constitu- erait potentiellement l'accord le plus important en term de volume commercial puisque cette region repr6sente en effet 40% de la totalit& des &changes entire les ACP et l'UE. "Le manque d'interactions, par le passe, avec les 6lecteurs, a about a une d6sin- formation, une representation erronee et une mauvaise image du service essential et vital que nous assurons au nom de la sous-r6gion", a expliqu& Victor Gbeho, president de la Communaute &conom- ique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) lors d'une reunion organis&e recemment a Accra, au Ghana, sur les n6gociations commercials avec l'UE. Alors que le Ghana et la Cote d'Ivoire ont signed des accords interimaires portant exclusivement sur les marchandises, le Nigeria - veritable locomotive &conom- ique de la region -a jusqu'a present refuse de signer un APE. << En mai 2010, les ministres europeens en charge du developpement se sont engages a soutenir le PAPED, le programme de developpement pour I'APE axe sur I'aide commercial en faveur de la region > Selon la quatrieme edition du rapport sur l'int6gration r6gionale en Afrique (Assessing Regional Integration in Africa ARIA) de la Commission &conomique pour l'Afrique (CEA), "les principles de I'APE sont incompatible avec l'actuelle configuration des huit Communautes &conomiques r6gionales (CER) recon- nues par l'UA." Dans la region, d'aucuns esperent cependant encore la signature d'un APE : la CEDEAO l6abore ainsi, pour la fin de l'ann&e, un tarif exterieur commun. Alhaji Mohammed Daramy, commissaire de la CEDEAO en charge du commerce, des droits de douane, de l'industrie et des mines, a declare que ce tarif commun faciliterait l'l6aboration d'une offre APE r6gionale d'acces au mar- che pour les products de l'UE. Le march, Bamako, Mali. Les producteurs ouest africains sont preoccupes par les effects des importations de I'UE sur leurs moyens de subsistence OB Foubert, Photononstop/Reporters be Le point sur les n6gociations Les negotiations sur un APE avec I'Afrique occidentale associent tous les membres de la CEDEAO; le Benin, le Burkina Faso, le Cap Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinee, la Guinee Bissau, la C6te d'lvoire, le Liberia, le Mali, la Mau- ritanie, le Niger, le Nigeria, le Senegal, la Sierra Leone et le Togo. La C6te d'lvoire et le Ghana ont signed des accords portant exclusivement sur les marchandises par crainte de perdre les preferences agricoles accordees par I'Accord de Cotonou, progressivement supprimees a partir de 2007. C'est ce qu'indique un recent rapport du Centre europeen de gestion des politiques de developpement (ECPDM), le think thank, base a Maastricht pour les questions ACP, intitule : "Which wayforward in EPA nego- ciations". Et si la C6te d'lvoire signait des novembre 2008 son APE, le Ghana ne I'a pas encore fait. A I'echelon regional, les negotiations se poursuivent avec d'autres membres de la CEDEAO, en vue d'un APE global. Dans leur derniere offre portant sur les marchandises, presentee au mois de mars, les pays d'Afrique occidentale acceptaient d'ouvrir 70% de leurs mar- ches aux marchandises de I'UE, sur une period de 25 ans et au terme d'une "pe- riode preparatoire" de cinq ans. D'autres questions, comme I'inclusion de clause de la nation la plus favorisee (NPF), les ser- vices et des regles d'origine ameliorees sont egalement en course de negociation. En mai 2010, les ministres europeens en charge du developpement se sont enga- ges a soutenir le PAPED, le programme de developpement pour I'APE axe sur I'aide commercial en faveur de la region. "Les fonds affects pour les cinq prochai- nes annees aux activities PAPED par le biais de I'ensemble de ses instruments de financement s'elevent a au moins 6,5 milliards d'euros, tandis que I'aide com- merciale octroyee par I'ensemble des bai- Ileurs de fonds depassera les 12 milliards de dollars (9,2 milliards d'euros) pour la meme periode, indique un communique de press ministeriel. La region recherche des fonds supplementaires pour realiser ses objectifs APE. Lien : ecpdm.org C u rrier A c -.ords - de ��- -a. . . . iA Dossier Des relations commercials qui permettent le d6veloppement des ACP "Les Accords de partenariats econom- iques (APE) negocies par les pays d'Afrique-Caraibe-Pacifique avec I'Union europeenne sont cruciaux. A condition qu'ils mettent I'accent sur le developpe- ment" a souligne le 10 octobre dernier le Dr Chambas, Secr6taire g6n6ral du Groupe ACP. Mohamed Ibn Chambas s'ex- primait lors de la conference de press qui cl6turait la jour- nee portes ouvertes organisee par le department du Developpement &conomique durable et du commerce du Secretariat, "une initiative lancee afin de promouvoir le travail des ACP aupres de partenaires cles", a explique le Secr&taire general, ajoutant : "Le niveau actuel de pauvrete dans les pays ACP est inaccep- table. Pour le combattre, nous devons ren- Mohamed Ibn Chambas, Secretaire general des ACP, s'exprimant aux JED 2010 a EU forcer les actions sociales et economiques." Tout en reconnaissant dans ce cadre le caractere "crucial" des APE, le Dr Chambas a insisted sur le fait que ces accords ne devaient pas se limiter au seul aspect economique mais s'assurer egalement qu'ils contribuent au developpement des pays. Flexibility S'agissant de l'Afrique, il a reconnu que le scepticisme regnait actuellement sur le bien-fonde de ces accords. "Il existed un blocage psychologique qu'il est necessaire de lever", a-t-il souligne, estimant qu'il appartenait a l'Europe de donner les assu- rances necessaires aux pays africains que ces accords ne se traduiront pas par des avantages excessifs pour les pays de l'UE. "L'UE doit au contraire faire des efforts pour offrir un environnement favorable pour permettre aux products ACP de se developer sur le march europeen". "Cela demandera 1l'UE de faire preuve de flexi- bilite, surtout sur les questions sensibles relatives aux regles d'origine et a la clause de la nation la plus favorisee." Concernant la region Pacifique, le Secretaire general a rappele que peu de pays ont ete en measure de faire des offres en matiere d'acces au march, plaidant pour un soutien en matiere de capacity technique. Les Caraibes quant a elles sont les premieres, et seules, a avoir signed un APE avec l'UE, mais, a joute Mohamed Ibn Chambas, "la mise en oeuvre de cet accord ne se deroule pas de maniere aussi reguliere que souhaite. Si ce defi pouvait etre releve, cela pourrait encourager les autres regions des ACP a signer un APE." Enfin, le Secretaire general a souligne l'importance que revetent dans ces nego- ciations, les regions, en particulier pour l'Afrique (les APE sont des negociations Vers un APE pour tout le Pacifique ? La Papouasie Nouvelle Guinee et les lies Fidji, les plus grandes economies du Fo- rum des fles du Pacifique, beneficient d'un APE provisoire signed en novembre 2007, qui a institute une regle d'origine prefe- rentielle pour les exportations de pois- son transformed et de products de la mer a destination du march europeen. Selon une 6tude intitulee Which way forward in EPA negotiations ?1 publiee par le Centre europeen de gestion des politiques de developpement (ECDPM), un group de reflexion base a Maastricht, le poisson est repute provenir de pays ACP du Pacifique a partir du moment oO il est transformed aux Fidji ou en Papouasie Nouvelle Guinee, de 1'etat frais ou surgele en produit precuit, en conserve ou autrement conditionne. par entities regionales). "L'integration regionale est d'une importance vitale pour resorber la pauvrete, en creant des infrastructures, des flux commerciaux transfrontaliers". Ainsi, ajoute-t-il, "en Afrique occidental le commerce regional est de 15%, contre 70% en Europe, 60% en Asie." M.M.B. Vu le faible niveau des changes entire I'UE et les fles lointaines du Pacifique, I'UE ne s'est pas pressee de conclure des accords avec d'autres nations de la region, m6me si des pourparlers sont en course avec Niue, les Samoa, les lies Cook, les Etats Federes de Micronesie et les Ton- ga. De leur c8te, les Etats du Pacifique se sont montres reticents a engager des discussions a 1'echelon regional en vue de liberaliser les changes avec I'UE avant de conclure les negotiations en course avec I'Australie et la Nouvelle-Zelande, de peur d'etre contraints d'offrir a tout autre pays tiers les m6mes facilities qu'a I'Australie et a la Nouvelle-Zelande sous le regime de la clause de la nation la plus favorisee (NPF). ' Which way forward in EPA negotiations?, Sanoussi Bilal et Isabelle Ramdoo, ECPDM, novembre 2010. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 I..... Acors - - .. . . oo (APE Exploiter le momentum "Nous restons aux cotes des partenaires d'APE qui demeurent engages dans le processus pour poursuivre les negociations et aboutir a des resultats dans un avenir qui n'est pas si lointain", a affirmed le Commissaire europeen au Commerce, Karel De Gucht, dans un entretien au Courrier. U n seul vrai APE a ete signed & cejour, en l'occurrence avec la CARICOM. Comment faire pour donner un nou- vel elan aux ndgociations des APE ? KDG: Sept ans apres leur lancement, les negociations des APE ne progressent pas comme nous le voudrions, en particulier en Afrique. Comme dans toute negociation, vous ne pouvez pas aller au-delh de ce que les deux parties souhaitent. Avec les APE, nous aimerions que les marches des pays ACP s'ouvrent au meme rythme que les changes internationaux -pas unique- ment pour les biens, mais aussi pour les services don't la contribution a la crois- sance economique de par le monde n'est pas toujours suffisamment mise a profit. Parce que l'histoire nous montre qu'aucun pays n'obtient de croissance a long terme sans lever les barriers qui font obstacle aux changes. Nous restons aux c6tes des partenaires d'APE qui demeurent enga- ges dans le processus pour poursuivre les negotiations et aboutir a des resultats dans un avenir qui n'est pas si lointain. En quoi lesAPE menent-ils sur la voie de l'intdgration regionale ? KDG : La plupart des economies et des marches des pays ACP sont de petite envergure, disperses et cloisonnes, ce qui les empeche de realiser des econo- mies d'echelle et de career des synergies a l'echelle regionale. Lorsqu'elle est pos- sible, l'integration regionale peut contri- buer a construire des marches regionaux et a attirer des investisseurs strangers. L'ambition est de conclure un APE avec chacune des regions ACP. Certains nous ont faith part de leur volonte de conclure un APE regional d'ici la fin de l'annee 2010. Ce n'est pas grave sur l'airain, mais ces signes nous montrent qu'il est important de rester mobilises et de tirer parti de ce momentum. D'autres regions ne se mon- trent pas aussi desireuses de progresser. Nous craignons toutefois ne pas etre en measure de prolonger indefiniment cette incertitude. Les pays ACP qui ont ddj& conclu un APE ont-ils accru leurs exportations sur le march europeen ? KDG: Comme example des effects positifs a court terme des APE, citons les APE intermediaires qui ont permis d'eviter toute interruption du commerce de bananes et de cacao en Cote d'Ivoire et au Ghana. Les APE intermediaires ont ouvert la voie a l'exportation de bananes (ce don't des pays comme le Burundi et le Cameroun ont profit) et de sucre (la SADC et le COMESA sont de gros expor- tateurs, et certain pays tels que le Kenya, Maurice, le Mozambique, le Swaziland et la Tanzanie ont gagne des parts de march ces dernieres annees). L'APE UE - CARIFORUM a egalement cree un cadre qui dope la cooperation dans la region, en particulier entire la Republique Dominicaine et les pays de la CARICOM, don't Haiti. Et les produc- teurs des Caraibes seront, une fois de plus, a l'abri de la concurrence en franchise de droits des importations europeennes pendant 10 a 25 ans. Les fleurs coupes du Kenya sont une autre success story. Le thon en conserve, l'un des products expor- tes vers l'UE par la Papouasie Nouvelle Guin&e, continuera d'etre exported vers l'UE en franchise de droits et sans quota, avec des regles d'origine plus simples afin de faciliter l'achat de thons a transformer. Le commissaire europeen au Commerce, Karel De Gucht avec la ministry botswanais du commerce, Dorcas Makgato-Malesu OCE Nous nous employons a rendre les regles d'origine encore plus respectueuses de l'environnement. Quelle est la nature desprojetsfinan- ces dans les pays ACP au titre de l'initiative europeenne 'Aide pour le commerce" ? KDG : Dans les pays ACP, l'aide pour le commerce a augmented a un rythme constant : de 2,2 milliards d'euros en 2007 a 3 milliards en 2008, soit 36% d'augmentation. L'UE finance des projects pour reduire les frais eleves de transport et les delais important en douane. Par example, le project Trade Investissement Facility mene au Lesotho (au titre de l'initiative "Aide pour le commerce") per- met de traiter les demands en 15 minutes et plus en 7 jours, et les exportateurs rem- C u rrier Accrd de-.-RU^ a -u (A.PE).Dossjie plissent un dossier de 2 pages, et plus de 23. De bonnes pratiques, don't les posters de douane a guichet unique, se retrou- vent aussi en Zambie et au Zimbabwe, au poste frontiere de Chirundu, ainsi qu'a la frontiere entire l'Afrique du Sud et le Mozambique. Envisagez-vous d'autres initiatives enfaveur du commerce dans les pays ACP dans le sillage de l'adoption de la strategic "Europe 2020" ? KDG : Au debut du mois de novembre, la Commission europeenne a adopted une communication sur l'avenir de la politique commercial de l'UE. Ce texte fixe nos priorities dans le domaine des changes : conclure une serie d'accords commer- ciaux ambitieux, les uns multilateraux via I'OMC, les autres bilateraux avec divers partenaires commerciaux majeurs, etablir des liens plus etroits en matiere d'echanges et d'investissements avec nos partenaires commerciaux majeurs (les Etats-Unis, la Chine et la Russie) pour ameliorer notre acces a l'energie et aux matieres premieres des pays industrialists et des pays emer- gents -mais nous n'avons pas d'interets commerciaux i.u . ,' dans ce domain ou reste notre toute premiere priority. Y par- dans d'autres domaines dans les pays ACP venir permettrait d'accroitre les echan- -et, enfin, revoir le system europeen ges mondiaux de plus de 300 milliards de preferences gene- d'euros par an et les ralisees pour les pays " J'ai engage I'Union europeenne revenues mondiaux de en developpement. a utilisersa souplesse pour plus de 135 milliards L'annee prochaine, apaiserles craintes c6t6 africain. d'euros. La dimen- nous publierons ega- Les Commissaires De Gucht et sion du developpement element un document du cycle de Doha se d'orientation sur notre Piebalgs sont pr6ts a ouvrir des retrouve dans tous les programme d'echange d6bats concrete, techniques et volets des negocia- et de developpement approfondis avec nos partenaires tions. Dans le cadre pour decrire la fagon pour aboutir a des rdsultats du cycle de Doha, don't nous pouvons uti- les pays en develop- liser nos instruments COncrets o pement beneficieront commerciaux pour soutenir la croissance d'un traitement special et diff&rencie, economique a long terme et prendre le vraiment a part. Les pays les moins deve- meme chemin que les pays qui ont reussi loppes ne sont plus tenus de prendre le a grimper plusieurs echelons sur l'echelle moindre engagement et gagneront des de la pauvrete. acces en franchise de droits et sans quota. L'UE estime que c'est le realisme qui doit Dans quelle measure est-il impor- guidertoutes les parties, lesquelles doivent tant de relancer les ndgociations de etre disposees a travailler tres dur dans les l'Organisation mondiale du commerce mois qui viennent pour trouver les com- (OMC) ? promise indispensables a l'aboutissement des negociations en 2011. Que le G20 ait KDG: Malgre de lents progres, la cloture reconnu cet objectif lors de son recent du cycle de Doha (que l'on appelle aussi sommet de Seoul nous donne un nouvel Programme de Doha pour le developpement) elan que nous utiliserons. D.P. . 1 - Wil DO '2 R Qrl hW SADD ST~ en dehors du siege de I'UE, Bruxelles, Octobre N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 DI i'ooo--. .A oi - (AEsI L'APE CARIFORUM au centre de tous les regards L'Accord de partenariat economique (APE) pass avec les 15 Etats membres du CARIFORUM (Forum des Etats ACP des Caraibes) est, a ce jour, le seul APE complete " signed avec I'Union europeenne (UE). C'est la raison pour laquelle d'autres regions de la zone ACP scrutent avec interit les problems et les avantages de cet accord, qui a ete mis sur les rails il y a deux ans. P our faire le point sur le chemin parcouru, nous avons rencontre Branford Isaacs, directeur de l'Unite de mise en ouvre de 1'APE au Secretariat de la Communaute cari- beenne (CARICOM) base au Guyana et specialist du commerce de marchandises, ainsi que sa college, Allyson Francis, specialiste du commerce de services et d'investissements. Cette unite a &et creee en fevrier 2009, suite a une decision des Chefs d'Etat de la Communaute cari- beenne (CARICOM). Qui est responsible de la mise en euvre de 1'APE ? BI: Les institutions de CARICOM et de CARIFORUM. L'unite aide les Etats mais travaille sous l'autorite de ces institutions. Les ministres savent tries bien ce qui se passe sur le terrain, notamment dans leur propre pays, et ils sont donc au courant des problems, notamment le manque de personnel et de competences. Observe-t-on des ralentissements ? BI: Oui, notamment au sein des petites administrations, qui sont confrontees a un manque de main-d'muvre, mais aussi un manque de maitrise de certaines questions techniques. Nous avons du renforcer les connaissances du CARIFORUM en ce qui concern tant le caractere unique de I'APE que l'appreciation de l'eventail de disciplines qu'il recouvre. Peut-on ddjd epingler certain effects p1 . l... ? BI: En matiere d'echange de biens, l'un des effects positifs imm&diats de l'accord La minisire ees ATTalres eirangeres ae la taroDae, ivlaxlne iviculean (a gaucne) avec ie president au uonsell europeen, Herman Van Rompuy (a droite) lors du Sommet du Cariforum / UE a Madrid, mai 2010 �ChenHatong UPP/Reporters est l'assouplissement des regles sur l'origine velle donne car ils disposent d'un cadre des products. Par example, la Republique reglementaire plus elabore et d'une dominicaine se rejouit "Coalition d'indus- de pouvoir dorenavant < Or, au sein du CARIFORUM, tries de services" les vendre ses vetements la regulation des services en aidant a resoudre des a 1'UE, des lors que est encore a un stade problems d'informa- les regles permettent embryonnaire o tion commercial. d'utiliser des tissus en provenance de pays tiers, sans pour autant perdre l'avantage de preferences commer- ciales sur le march europeen. AF: Au niveau des services, il n'y pas encore eu de grandes avancees en terms de facility d'acces a l'UE, mais 1'APE genere assurement une plus grande certitude. II faut savoir que le march des services est extremement regule. Or, au sein du CARIFORUM, la regulation des services en est encore a un stade embryonnaire. Nous en sommes en train de developper notre propre cadre reglementaire afin d'ameliorer l'acces au march europeen. Certains des plus grands Etats membres, comme la Barbade et Trinite et Tobago, sont mieux places pour profiter de la nou- Qu'en est-il du protocol cultural ? AF: Trinite et Tobago est le centre de gravity cultural des Caraibes, et cet Etat a plusieurs longueurs d'avance dans la mise en place des mecanismes. Les acteurs culturels y satisfont deji aux criteres de classification et d'enregistrement. Pour sa part, la Jamaique a conclu un trait de co-production avec le Royaume-Uni. Tout indique que les opportunities sont Id. Qu'est-ce qui enmpche les contracts d'affluer ? AF: Un manque de flair et de connais- sance des marches. Nous devons mieux vendre nos services a l'etranger. Le proto- C u rrier I Accor� .- - e �i�t - ..i.uD lA oi er cole cultural est une &tape crucial, mais il faut a present trouver le meilleur moyen de d6velopper le secteur dans la region. Nous essayons 6galement de mettre en place une reconnaissance mutuelle des qualifications et des diplomes pour les architects et les ing6nieurs, afin de leur permettre de prati- quer en Europe. L'APE nous a apporte un certain degree de certitude ou de clart&, et nous savons maintenant ce qu'il nous reste a faire pour pouvoir acceder au march europeen. Avez-vous l'intention d'utiliser la clause de revision quinquennale ? BI: Il existe une declaration commune qui permet une revision apres cinq ans. Nous suivons attentivement l'&volution de la mise en ouvre de l'accord dans les diff6rents pays, et nous voulons tirer parti des reunions des organes 6tablis dans le cadre de l'APE. Le Conseil conjoint CARIFORUM-APE s'est r6uni pour la premiere fois le 17 mai 2010, et nous voulons a terme convoquer l'organe de second niveau, a savoir le "Comit6 conjoint Commerce et d6veloppement", qui est charge de r6gler les details pratiques de la mise en ouvre. Notre volont& est de laisser a ces organs le soin d'aplanir les difficulties rencontrees en course de route, et de recourir par ailleurs a la procedure de revision quinquennale pour concretiser les ajustements n&cessaires. L'APEfavorise-t-il l'integration rgio- nale de laregimn cairthi'i'ne,y comprise pour les Pays et territoires d'outre-mer (PTOM)? BI: Pour le commerce de marchandises, l'accord permet aux pays du CARIFORUM d'utiliser un certain nombre de matieres premieres et de products semi-finis en pro- venance des PTOM dans la fabrication des products destines a 1'UE. II appar- tient maintenant au secteur priv&, tant du CARIFORUM que des PTOM, de saisir les opportunities et de profiter des ouvertures creees. L'APE peut-il renforcer le developpe- ment socio-dconomique dans la region ? AF: A long terme, I'APE peut aider les Etats membres du CARIFORUM a &ra- diquer la pauvrete et a mieux integrer la uarnaval de Inrnldad et lobago - les Uaralbes rlcles en services culturelsH Gyssels region dans l'&conomie mondiale. En ce qui concern les services et les questions de r6glementation, nos principaux soucis concernent les transferts de technologies et l'acces aux connaissances necessaires au developpement de nouveaux products. D.P. L'APE CARIFORUM en resume LAPE UE-CARIFORUM a ete signed le 15 octobre 2008, apres plus de quatre ans de negotiations, par la plupart des pays du CARIFORUM :Antigua et Barbuda, les Ba- hamas, la Barbade, Belize, la Dominique, la Republique dominicaine, Grenade, la Ja- maique, Saint Christophe et Nevis, Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines, le Suriname et Trinite et Tobago. Le Guyana a signed I'accord le 20 octobre 2008, apres I'inclusion d'une clause de revision. Enfin, suite aux reserves exprimees par Haiti a I'egard des avantages de I'APE, ce pays n'a signed I'accord que le 11 decembre 2009. L'APE est entree en vigueur le 29 d6cem- N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 I'acces en franchise de droits et sans contingent (DFQF) au march europeen pour tous les products du CARIFORUM, et introduisait egalement une liberalisa- tion par tapes des exportations euro- peennes vers le CARIFORUM. Accord prevoit qu'au bout de 15 ans, 82% des marchandises produites en UE devront pouvoir s'ecouler dans les pays du CA- RICOM, a I'exception de certain products "sensibles", pour lesquels le delai pourrait atteindre 25 ans. Outre I'assouplissement des regles d'origine, des ouvertures de march depassant les engagements de I'OMC s'appliquent au secteur de la cr6a- tion et du divertissement du CARIFORUM, ouvertures consacrees dans un "protocole cultural" r6volutionnaire. bre 2008. II garantissait immediatement le test de longrie, I'alterite Marie-Martine Buckens Sept ans apres son entree dans 1'Union europeenne, la Hongrie s'apprite a en prendre la presi- dence. Le ler janvier 2011, et pour six mois. Une pr6sidence qui ne sera pas de tout repos et devrait s'attaquer a trois questions, jugees prioritaires par Budapest : la s&curit& &nerg&tique, l'6largissement de l'UE a la Croatie et l'int6gration des tsiganes, ou Roms. Sur cette derniere question, la Pr6sidence hongroise aura la delicate tache de tenter d'apporter une r6ponse aux nouvelles vagues de rejets des tsiganes qui se mani- festent tant a l'interieur de ses frontieres qu'a l'exterieur, en France en particulier. Une question test pour l'ensemble de l'Europe, l'Orientale et l'Occidentale. Celle de l'alt6rit6, de l'Autre, qu'il soit Rom, Africain ou d'ailleurs, et de la place qu'elle est prete a lui donner. Mais un autre chantier attend plus que certainement la Hongrie lorsqu'elle pr6sidera l'Union europ6enne : celui de reviser les legislation europ6ennes qui r6gissent les activities des grandes industries minieres. En janvier 2011, trois mois se seront &coules depuis la rupture d'un reservoir de l'usine de bauxite-aluminium d'Ajka, a 160 km a l'ouest de Budapest, d6versant environ 700.000 metres cubes de boue rouge toxique sur les villages alentours, pro- voquant une catastrophe &cologique, la mort d'une dizaine de personnel, des centaines de blesses et de sans-abri. Accident, non-respect des normes euro- peennes ? L'enquete devrait permet- tre de voir si la directive europeenne relative aux industries extractives est suffisamment explicit pour pr&ve- nir de tels accidents. La bauxite -ce mineral tant convoitk pour fabriquer l'aluminium indispensable a bien des products de grande consommation est traitee dans plusieurs points du globe. La Guinee, en Afrique, en possede des reserves importantes. Et l'extraction de l'aluminium y est regulierement ponc- tuee par des d6versements anarchiques de boues rouges. Dans l'indiff&rence la plus total. Ceu rrier Oublier Trianon Venues de I'Oural et de la Volga, sept tribus magyares d6cident de se sedentariser dans le bassin du Danube. Nous sommes en 900. Cent ans plus tard, le royaume de Hongrie voit le jour. Istvan, convert au catholicisme, se fait couronner roi sous le nom de Saint Etienne. Apeine port sur les fonds baptismaux, le royaume de Hongrie devra faire face a l'in- vasion des Tartares. Depuis, l'histoire de la Hongrie est marquee par une suite d'invasions et de dominations etrangeres: les Mongols au 13� siecle, les Turcs aux 160 et 170 siecle -leurs 150 ans d'occupation laisseront des traces durables, notamment dans la langue hongroise - , les Autrichiens ensuite jusqu'en 1918, enfin les Sovietiques de 1945 a 1990. Ces intrusions incessantes expliquent une certain fierte nationalist. Une fierte exacerbee depuis le fameux Traite de Trianon, impose en juin 1920 aux Hongrois au lendemain de la < II reviendra Orbaan de se Hongrois a europe Premiere guerre mondiale, reduisant a un tiers le territoire du pays et rejetant dans les pays voisins plus de trois mil- lions de Magyars (un quart de la popu- lation). restee dans declarait voi Peter Kende demeure gra insurmonte. Adhesion le subconscient hongrois,>, ci un an l'historien hongrois e, et le trait de Trianon ve comme un traumatisme Un traumatisme qui devrait toutefois s'estomper depuis l'entree, en 2004, de la Hongrie dans l'Union europeenne, de meme que deux (Slovenie et Slovaquie) de ses sept voisins, neuf ans apres l'Au- triche et trois ans avant la Roumaine. Ainsi, entire ces pays les frontieres se sont ouvertes, les aussi a Viktor visas abolis, le bilin- guisme acquis dans nsibiliser les les communes otu les la question Hongrois sont majo- 'enne > ritaires, et, dans les departments rou- mains a large majo- rite magyare, ainsi que dans la plaine danubienne de la Slovaquie, la pratique du hongrois est indispensable, y compris pour les roumains ou les slovaques. Il n'est donc pas etonnant que le dossier majeur que la Hongrie entend porter a l'occasion de sa presidence europeenne soit celui de l'elargissement de l'UE aux pays des Balkans. La Hongrie qui n'a sans doute pas oublie l'epoque, avant le < diktat > du Trianon, ou elle avait encore un access a la mer via la Croatie. Le premier semestre de 2011 sera aussi l'occasion pour le Premier ministry Viktor Orbin d'ameliorer son image de 'rebelle' a l'etranger depuis que son parti, le Fidesz, regne en quasi maitre a Budapest. Qualified de < droite conserva- trice >, le Fidesz a largement gagne les elections en avril 2010, releguant dans l'opposition le parti socialist MSZP, au pouvoir depuis 2002. II lui reviendra aussi de sensibiliser les Hongrois a la question europeenne, qui est, estime un journalist hongrois, secondaire dans un pays mine par la crise et la corrup- tion. Mais c'est aussi, pursuit ce meme jour- naliste, oublier l'attachement reel des pres de 10 millions de Hongrois a leur pays. Un pays qui compete a son actifdes grandes lettres, des savants -la Hongrie compete huit prix Nobel-, des huma- nistes comme le Juif Elie Wiesel, des musicians comme Bela Bartok ou Franz Liszt, des photographs de renommee mondiale (lire article sparee, sans computer la nouvelle vague de roman- cier, don't Liszlo Krasznahorkai est un superbe representant. M.M.B. Le roi Saint Etienne, Budapest. Detail a MarieMartne Buckens N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Priorite a I'education au developpement L'education et la sensibilisation aux questions de developpement restent les deux grandes priorities de la vingtaine d'organisations non gouvernementales qui en Hongrie s'occupent de cooperation au developpement. I y a moins de dix ans, les ONG de developpement se comptaient sur les dix doigts de nos mains. En 2003, elles decident de se rassembler et creent la plateforme HAND, l'Association hongroise d'ONG pour le developpement et l'aide humanitaire. Aujourd'hui, HAND compete 26 membres. Cette relative monte en puissance d'ONG de developpement dans un pays qui, il y a peu, etait lui-meme beneficiaire de l'aide europeenne, est a mettre en parallele avec le budget alloue par le gouvernement hongrois a la cooperation. Aide en diminution En 2001, cette aide publique au developpe- ment etait d'environ 14 millions d'euros, soit 0,027% du revenue national brut (RNB) de la Hongrie. Cette meme annee, le gouverne- ment adopted pour la premiere fois une stra- tegie encadrant les activities de cooperation au developpement. En novembre 2002, une nouvelle direction de la cooperation inter- nationale pour le developpement voit le jour au sein du minister hongrois des Affaires etrangeres. Un an plus tard, la direction arrete une liste des quatre pays partenaires privilegies : la Serbie/Montenegro, la Bosnie Herzegovine, le Vietnam et les zones admi- nistrees par les autorites palestiniennes. o Les all6gements de dette envers la Tanzanie et le Y6men ont repr6sentd 50% de I'aide bilat6rale hongroise en 2005 , A cette liste, se sont ajoutes aujourd'hui des pays comme l'Irak, plusieurs pays d'Asie central et, parmi les pays les moins avances (PMA), le Cambodge, le Laos, le Yemen et l'Ethiopie. Le budget alloue a l'aide publique au developpement (APD) a lui aussi aug- mente, passant a 0,16% de son RNB en 2006, resultat plus que satisfaisant puisque pour la Hongrie, de meme que pour les autres pays d'Europe de l'Est membres de l'UE, l'objectif a l'horizon 2010 etait de 0,17% du RNB. Un objectif que vraisemblablement la Hongrie n'atteindra pas puisque son APD en 2008 ne representait plus que 0,08% de son RNB, soit 72 millions d'euros, une APD parmi les plus faibles au sein des 27 de l'UE. Une situation qui s'explique, selon CONCORD, la plateforme des ONG euro- peennes de developpement, par le jeu des annulations de dette accordees aux pays en developpement, sommes venant syste- matiquement gonfler le budget de 1'APD jusqu'en 2007. Ainsi, les allegements de dette envers la Tanzanie et le Yemen ont represented 50% de l'aide bilaterale hon- groise en 2005. "A present, cette pompe s'est ass&chee", note CONCORD dans son rapport sur l'evolution des APD des Etats membres de l'UE. Plus de transparence En mettant l'accent sur la sensibilisation et l'education, les ONG regroupees au sein a". de HAND esperent augmenter leur assise populaire et ainsi influer sur les decisions du gouvernement hongrois. En attendant, les ONG langaient voici deux ans un appel au gouvernement hongrois pour que, d'une part, il augmente son aide bilaterale, et que, d'autre part, il mette en place un systeme de collect de donnees sur les flux d'aide. Ces ONG menent egalement des campagnes de sensibilisation, tant au sein du gouverne- ment qu'aupres du public, sur l'importance de la transparence des types d'aide, qui res- tent trop souvent des aides "liees" a l'achat de products hongrois. M.M.B. txposlIlon aans ie uare "Cafe equitable" a Printa Cafe, Budapest Marie-MartineBuckens C u rrier Un pont entire I'Afrique et la Hongrie Venu etudier la theologie a Budapest en 1997, France Mutombo retourne a Kinshasa, capital de la RD Congo, deux ans plus tard. Confronted a la misere de certain quarters de la ville, il decide de se lancer dans I'humanitaire. Tout en gardant un pied en Hongrie, pour conscientiser la jeunesse. La Fondation pour I'Afrique voit le jour en 2002. France Mutombo et sa temme devant leur ecole a Kinshasa � Marie Marbne Buckens E t c'est a Kinshasa meme, a la veille de l'Assemblee paritaire parlementaire ACP-UE (lire article s6par6) - laquelle il doit participer -que nous rencontrons France Mutamba. Et son spouse, hon- groise, qui depuis six ans l'accompagne dans cette venture. " Des court, France Mutombo est fundamental a pasteur protestant. et de conscien < Apres etre revenue ont 6t6 intr de mon voyage en RDC, j'ai decide le cu en 2002 de monter une mission de prospection avec deux collogues hongrois qui m'ont accom- pagn6 sur fonds propres. Ils etaient les 'ambassadeurs' aupres de la Hongrie >, nous explique-t-il, poursuivant: , nous avons une trouv& une &cole, petite et en mauvais &tat, dans un quarter pauvre de la capital ,>. Restait a la finance. En RDC, l'&ducation reste la parent pauvre du government. Les &coles publi- ques sont en nombre insuffisant, les professeurs, mal ou pas pays, font continuellement appel a l'aide des parents. Les &coles privies, de plus en plus nombreuses, y compris dans les quarters pauvres, tentent de pallier a ce manque. Fondation pour l'Afrique parvient a trouver des financements, en grande parties de donateurs hon- grois. En 2005, elle faith l'aquisition d'un terrain et construit une nouve- lle &cole. En 2008, les deux ecoles recoivent plus de 1.800 6elves, tant du primaire (le matin) que du secondaire (l'apres midi), une pratique g6enralis6e a Kinshasa. Reference � Comme nous sommes une foundation, nous sommes consid6r6s comme une cole privee, bien que l'ecole, a ses debuts, soit gratuite, pursuit France Mutombo. Malgr& cela, les parents ne participaient pas, l'&cole ne fonc- tionnait pas. Nous avons done decide d'introduire des frais de scolarit6, mais abordables, pour garder le caract&re social du project; nous pr&voyons aussi des frais d6gressifs pour des families particulierement vuln&rables >. Cette d'6thique, decision entrai- notre 6poque, nera la defection de isation au sida, nombreux eleves. < )duits dans Mais, depuis 2009, les effectifs remon- SUS 0 tent, lentement mais surement. Nous avons 6galement &t& plus stricts dans le choix des professeurs et depuis, nous sommes devenus une reference >. En outre, la Fondation a decide d'introduire des course d'ethique - < fundamental a notre epoque oiu les jeunes sont sans reperes �- de mime que des course de conscientisation sur le sida. Des volontaires participant a ces seances, tous les samedis. La question du financement reste tou- jours crucial et la Fondation multiple les contacts pour trouver de nouveaux donateurs. Des organizations am&- ricaines, mais aussi congolaises ont r6pondu present pour permettre la construction de toilettes modernes et d'une fosse septique d'une capacity& de plus de 1.800 personnel. Une entre- prise hongroise, Korax, a instal& des panneaux solaires photovoltaiques et une 6olienne qui devraient 6galement permettre d'alimenter la future classes d'informatique. < En contrepartie, nous leur donnons des contacts en RDC >. Et la Fondation compete sur le parrai- nage, essentiellement de la population hongroise, pour finance l'orphelinat qui jouxte l'&cole et oiu vivent une dizaine d'orphelins. M.M.B. Info: www.afrikaert.hu N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 s t r < L'Europe doit tirer les lemons de cette derniere catastrophe miniere , Trois mois apres la deferlante de boues rouges, echappees d'un reservoir de dechets de I'usine de bauxite-aluminium MAL de Ajka, a 160 km a I'ouest de Budapest et 80 km du lac Balaton, le group des Verts du Parlement europeen reclame la mise en place d'une 'task force' afin de tirer les lemons de cette catastrophe. L e 4 octobre, a midi, une digue du plus grand des bassins de retention de boues residuelles de l'usine MAL s'effondre lais- sant s'echapper un flot de 700,000 m3 de boues rouges qui devaste Kolontar, le village le plus proche, en submergeant une dizaine d'hectares, detruisant egale- ment des maisons de deux villages voisins. Ces boues liquides, toxiques et corrosives laissent derriere elles un lourd bilan : 9 morts, plus de 130 blesses et plus de 1.000 hectares de terres agricoles polluees, don't 4 sites du reseau europeen de sites naturels Natura 2000. Deficiences Trois semaines apres la catastrophe, de nombreuses questions restent ouvertes nous explique a Kolontar Benedek Javor, president de la commission du devel- oppement durable au sein du Parlement hongrois, accompagnant &galement sur place Satu Hassi et Ulrike Lunacek, deputies europeennes du group des Verts. A commencer par le manque de control et l'absence, apparemment, de plans d'urgence adequats, sans computer le faith que le reservoir en cause tait en surcharge. Autant de faits qui rappellent la catas- trophe de la mine d'or de Baia Mare en Roumanie qui, en 2000, avait diverse des milliers de tonnes de cyanure dans la tttonarement ae la aigue au reservoir ae Doues rouges � Marie-Martlne Buckens Precipitation La plateforme d'ONG environnementales hongroise Levelog (ou 'clean air action group' - CAAG) qui, depuis des annees a denonce le manque de precautions prises par I'entreprise MAL, et d'autres en Hongrie, denonce la precipitation des autorites hongroises. < II est beaucoup trop t6t pour renvoyer les gens dans leurs villages >, nous confiait fin octobre Gergely Simon, chimiste environnemen- tal du CAAG. < Les gens ont ete renvoyes dans leurs villages alors que les operations de nettoyage sont loin d'&tre terminees. Le risque d'inhaler des metaux toxiques et des poussieres caustiques est encore reel. En outre, les boues sont toujours presentes sur les champs, autour des villages >. Gergely Simon fustige en outre le fait qu'aucune evaluation - du moins connue du public - n'a ete faite sur le contenu en arsenic - metal tries toxique et cancerigene - des poussie- res. De nombreuses questions restent pendantes, pursuit le chimiste : < Le pH (qui sert a mesurer la causticite et/ ou I'acidite, NDLR) des boues et des poussieres a-t-il diminue ? Quelle est la concentration en metaux des poussie- res, sachant que ces dernieres peuvent se disperser a plus de 30 km ? Qu'en est- il de I'etat des rivieres ? >. Pour Gergely Simon, les autorites hongroises auraient dG appliquer en priority le principle de precaution. C u rrier Tisza, le plus grand affluent hongrois du Danube. Une catastrophe qui avait pousse l'Union europeenne a adopter une direc- tive encadrant la gestion des dechets des industries extractives et une directive sur la responsabilite environnementale. Or, suivant les informations recueillies sur place aupres de Zoltan Illes, Secretaire d'etat hongrois a l'environnement, les deux deputies estiment que < la mise en muvre de ces legislation europeennes a ete clairement deficiente en Hongrie >. Dans une lettre ouverte envoy&e le 29 octobre au commissaire europeen S1l'Environnement, Janez Poto nik, le group des Verts du Parlement europ&en estime que cette situation < n'est pas isolee et que des problems similaires existent vraisemblablement dans d'autres pays ,. Inspections Les Verts demandent a la Commission europeenne l'envoi d'une 'task force', comme elle l'avait faith au lendemain de la catastrophe de Baia Mare. Le group par- lementaire s'etonne par ailleurs qu'aucune base legale n'ait encore ete approuvee pour la mise en place d'un corps d'inspecteurs environnementaux europeens. II demand donc au commissaire de presenter une proposition de directive qui permettrait a 1'UE de mener des inspections dans les Etats membres sur des sites don't les activities pourraient avoir des effects trans- frontieres. o La mise en ceuvre des 16gislations europdennes a 6t6 clairement d6ficiente en Hongrie , Pour l'heure, la moitie des habitants de Kolontar, et des deux villages voisins, chassis de leurs maisons detruites par les flots de boue rouge, attendent d'etre relo- ges par l'Etat hongrois. Mais qui paiera in fine ces dommages, sans oublier la pollution des champs agricoles qui, selon un expert de l'Academie hongroise des Sciences, rendra toute culture impropre a la consommation, et pronant donc des cultures industrielles a vocation energe- A Devecser � Marie-Martine Buckens tique ? Alors que le gouvernement a chiffre l'ampleur des degats a 29 millions d'euros, la compagnie a annonce qu'elle etait prete a verser 5,5 millions d'euros aux habitants touches, repartis sur cinq ans... Principe du pollueur-payeur Lors du debat en pleniere au Parlement europeen quinze jours apres la catastro- phe de Ajka, Kristalina Georgieva, la commissaire europeenne a la coopera- tion international, l'aide humanitaire Les boues rouges oubli6es de Guinee La Guinee detiendrait le tiers des re- serves mondiales de bauxite. Premier producteur au monde, son mineral est particulierement prise car tres riche en alumine, le precurseur de I'aluminium. Cette richesse naturelle est sa principal source de revenue: en 2006, le secteur minier lui a rapport 123 millions de do- llars, soit presque autant que I'enveloppe accordee par I'UE au titre de I'aide au d6veloppement. et reaction aux crises, s'etait interrogee sur la portee reelle de la directive sur la responsabilite environnementale, dans la measure otu cette derniere n'impose pas aux entreprises de garantie financiere. II est donc temps, estiment les Verts, que la Commission enforce cette directive. Enfin, les deputies Verts demandent egale- ment la revision de la listed classifiant les dechets, dans la measure oiu cette listed ne tient pas compete du fort taux d'alcalinite des boues rouges. M.M.B. A Fria, a deux heures de route de Co- nakry la capital, I'usine Rusal-Friguia, creee par le Frangais Pechiney en 1957, et actuellement aux mains du group russe Ruski Alumini contr8le par le milliardaire Oleg Deripaska,, est I'une des trois grandes usines d'aluminium du pays. Depuis trois ans, les accidents se succedent. Voici moins d'un an, et mal- gre les travaux de soutenement, le grand barrage de retention de boues rouges de Dote a rompu une nouvelle fois, pro- voquant un desastre ecologique sans precedent. Dans I'indifference total. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Une politique europ6enne pour les Roms Durant sa presidence europeenne, la Hongrie entend mettre I'accent sur I'integration des quelque 10 millions de Roms europeens, trop souvent vic- times de discrimination.A commencer en Hongrie. Question complex Le gouvernement hongrois a depense des sommes importantes -plus de 150 milliards de HUF (0,54 milliards d'euros) au course des deux dernieres decennies mais avec des resultats mitiges, estime une etude publi&e par la Cour des Comptes en 2008. Cette derniere explique l'inefficacite de ces measures par le faith qu'aucun gou- vernement au pouvoir depuis les ann&es 1990 n'a reconnu que la problematique rom etait une question complex. De plus, une I Is sont 400.000 a 600.000 a vivre en grande parties des subventions n'&ait pas Hongrie aujourd'hui. Faisant de la seulement distribute aux Roms, mais aussi Hongrie le quatrieme pays d'Europe a d'autres groups sociaux en difficultY. a abriter le plus grand nombre de Roms, apres la Roumanie, la Bulgarie et Aujourd'hui, en Hongrie, 40% des jeunes l'Espagne. Installees en Inde, lors de la Roms n'auraient pas acheve l'enseignement vague de migration primaire, sans comp- des peuples commen- o La question des Roms ne ter le fait que de nom- cee au IIe millionaire breux enfants roms avant notre ere, les doit pas 6tre instrumentalist sont regroups dans tribus tsiganes quit- a des fins politiciennes o des classes speciales tent l'Inde suite aux pour enfants attardes attaques musulmanes menees contre les et difficiles. Une situation denoncee en territoires qu'elles occupaient. Le term octobre 2010 par les experts du Comite des tsigane apparait a l'epoque. Derive du mot droits de l'homme de l'ONU qui estiment grec-byzantin atsinkanos significant "paria", que les Roms en Hongrie sont globalement "heretique". victims de discriminationn" et de "mau- Une denomination deji lourde de sens et qui au fil des annees a pris une connotation pejorative dans bien des pays d'Europe cen- trale. Aujourd'hui, la communaute pref&re le term de Rom qui signifie "Hommes" en romani et qui repond a leur besoin de reconnaissance. Est-ce le faith d'etre les derniers nomades d'Europe qui explique un tel rejet ? Pourtant, depuis la periode communist, les Roms se sont pour la plu- part, sous la contrainte, sedentarises. Dans des conditions souvent pitoyables. vais traitements". Un rapport concomitant a la levee de bou- cliers du Parlement europeen contre la politique de rapatriement force des Roms d'origine roumaine decidee par le pre- sident francais Sarkozy. Mais attention, "la question des Roms ne doit pas etre instrumentalisee a des fins politicien- nes", declarait en octobre la seule elue d'origine rom du Parlement europeen, la Hongroise du parti conservateur Fidesz, Livia Jiroka, visant ainsi implicitement les Marie-Martine Buckens elus de gauche, liberaux et ecologistes qui ont denonce la politique frangaise. Selon Mme Jiroka, le scandal ne reside pas tant dans le rapatriement de Roms vers leur pays d'origine que dans le faith que "rien n'a ete faith au course des dernieres decennies pour attenuer l'extreme pauvrete" de cette communaute. Les deputies europeens du Fidesz -ainsi que d'autres parlementaires conservateurs -ont souligne la necessity d'une politique europeenne sur la question des Roms. Une question que le gouvernement hon- grois a inscrite en tete de listed de ses prio- rites au course de sa presidence de l'UE. M.M.B. C u rrier Le pere du "nouveau regard" Martin Munkacsi, consider comme I'un des pionniers du photojournal- isme, adule de son vivant, meurt, oublie et miserable, victim d'une crise cardiaque en assistant a un match de football a New York. C'etait en 1963. II avait 67 ans. La Hongrie rend hommage a I'un des siens, pendant un an - d'octobre 2010 a septembre 2011 - au Ludwig Muzeum, le musee d'art contemporain de Budapest. Martin Munkacsi: Enfants courant dans la mer, Liberia, 1930. courtoisle bld Ullstein photographic des studios et la mit en movement. Ce n'est pas un hasard si sa carrier debute par des photos d'une rixe morte- lie. Photos qui permettent d'innocenter l'accuse. Une carriere qui le m&ne d'abord a Berlin ouI le march de la press est alors en plein essor. Les journalists entretenaient des contacts etroits avec la Hongrie. Deux autres photographs hongrois s'y installment egalement, et pas des moindres : Laszlo Moholy-Nagy et Ernd Friedmann, alias Robert Capa. Le beau et tenebreux Capa, qui deviendra dans les annees 40 le plus c&lebre des photographs de guerre, et un des fondateurs de la premiere cooperative independante de photojournalistes, la cele- bre Agence Magnum. "Pensez quand vous appuyez sur le declencheur !" A Berlin, Munkicsi travaille surtout pour l'innovant Berliner Illustrirte Zeitung, ou BIZ, don't le tirage depassait le million d'exemplaires. I1 voyage. En 1930, il ram&ne d'Afrique une photo qui faith sensation: Trois enfants noirs courant dans la mer. Une photo qui marque a jamais le grand photograph francais Henri Cartier-Bresson. "Ce fut cette photo qui provoqua l'etincelle en moi, qui declencha le feu d'artifice. [...] J'ai subi- tement compris que la photographic pouvait atteindre l'eternite par l'instant. C'est la seule photographic qui m'ait influence. I y a dans cette image une telle intensity, une telle joie de vivre, un tel miracle, qu'aujourd'hui encore elle me fascine", ecrivait a Joan, la fille de Munkicsi, le maitre de l'instantane frangais en 1977. o< J'ai subitement compris que la photographic pouvait atteindre 1'6ternit6 par I'instant , Le 21 mars 1933, il photographia la Journee de Potsdam, quand le vieux pre- sident allemand Paul von Hindenburg passe le pouvoir a Adolf Hitler. Le BIZ est control par les nazis. Kurt Korff, redacteur en chef juif, s'exile aux Etats- Unis, tout comme Munkicsi et nombre d'autres collaborateurs du journal. Pour Munkicsi c'est le debut de la gloire et de la richesse. Le celebre Harper's Bazaar et ensuite Life se l'arrachent. Il revolutionne la photographic de mode en la sortant des studios ; il impressionne par ses portraits insolites des grandes stars hollywoodien- nes et une serie sur la vie quotidienne des Americains. M.M.B. L'nigme hongroise Bon nombre d'historiens ont tente, sans succ6s, de comprendre pourquoi I'Europe de I'Est, et singulierement la Hongrie, ont genere tant de photogra- phes talentueux. II y a bien sur ceux qui, comme Munkacsi, mais aussi Andre Kertesz, Robert Capa, Laszl6 Moholy-Nagy qui, dans la period de I'entre-deux-guerres, ont emigre et sont devenus celebres. Mais il y aussi ceux qui, rests en Hongrie, ont su, malgre leur isolement, imposer un style qua- lifie par la critique 6trangere de "style hongrois", inspire du pictorialisme, que pratiquaient Rudolf Balog et Ern6 Va- das dans leur pays. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 -"=---:---'-- - . .,._ - . IR^ ^ te'' .- ..-. - . . _ __ ..^- ', . ;. . *- * '.-- 4 _ - -. - -.''-* .. - . I- *--,f "' ,-, . _"- -- ... �- � ;- .-. "-.- -a -. ..'.2 -_. 7 " .-._. -~-- .a ."-' ,-: ^^a^^ -- ,^ -* -S-;r ^ga'^-'^' ' ^^'-^* L'elevage africain se defend sur echiquier international Le commerce du betail est en pleine croissance en Afrique. Puissant facteur d'integration regionale, il doit egale- ment satisfaire aux normes sanitaires imposees par les pays importateurs, notamment les pays du Golfe. Sur ce nouvel echiquier, un acteur incontournable, le Bureau interafricain des resources animals de I'Union africaine (UA-BIRA) vient en aide aux pays d'Afrique pour defendre leurs interits. Marie-Martine Buckens La demand en viande ne faith que croitre dans les megalopoles. Et l'Afrique n'echappe pas a cette regle. Ainsi, aux anciens circuits Nord-Sud construits entire les zones pasto- rales septentrionales et les zones littorales plus peuplees, s'ajoutent de nouveaux circuits horizontaux nes autour de la forte demand nigeriane ou encore de l'urbani- sation croissante des regions cotieres. Des circuits facilities par la creation de zones de libre-echange au sein d'entites regionales comme 1'UEMOA en Afrique de l'Ouest, la CEMAC en Afrique central, la SADC en Afrique australe et le COMESA en Afrique de l'Est. Cette demand est encore en grande parties remplie par l'apport des cheptels africains mais aussi, et de plus en plus, par l'importation de viande en prove- nance d'Europe, des Etats-Unis, d'Ame- rique latine, etc. Les importations de lait suivent la meme tendance. Une ouverture qui devrait s'accelerer au lendemain des Accords de partenariats economiques (APE) entire l'Union europeenne et les C u rrier pays ACP. Par ailleurs, certain pays africains, profitant de l'internationalisa- tion croissante des marches, parviennent a exporter. C'est le cas surtout de pays de la corne de l'Afrique, qui fournissent une part important des importations d'animaux des pays du Golfe. Ainsi, en 2006, les pays de la Corne de l'Afrique ont represented un tiers des importations en ovins des pays de la Peninsule ara- bique, qui constituent au total un march de plus de 7 millions de tetes. Valeur ajoutee Dans ce march en evolution, les normes sanitaires, de meme qu'une information ad hoc, jouent un role fundamental pour eviter de marginaliser certain eleveurs. C'est dans ce cadre qu'intervient l'UA- BIRA. "Notre role est d'offrir un appui technique aux Etats membres de l'Union africaine, soit directement, soit, et c'est de plus en plus le cas, au travers des com- munautes economiques regionales " nous explique Alban Bellinguez, conseiller technique au sein du Bureau interafricain des resources animals, qui pursuit : "nous travaillons sur le principle de la subsidiaritye'. En aucun cas nous n'agis- sons a la place des Etats. Nous appor- tons une valeur ajoutee en travaillant sur l'harmonisation des politiques nationals et regionales et ceci, pour faciliter le com- merce essentiellement." "En outre, ajoute Simplice Nouala, res- ponsable de l'unite Production Animale au sein de l'UA-BIRA, nous sensibilisons les acteurs, notamment via nos connexions avec la FAO ou 1'OIE. Nous rassemblons les informations et les diffusons". "Le secteur souffre de sous-investissements par rapport au produit interieur brut des pays, souligne Alban Bellinguez, et l'apport prive/Etat est disproportionne par rapport a ce que cela apporte aux popula- tions." Dans certaines regions d'Afrique en proie aux conflicts, le Bureau apport meme son appui pour remettre sur pied les functions de l'Etat. "Dans certain cas, comme en Somalie, nous pallions meme a l'absence d'Etat", indique Alban Bellinguez qui ajoute: "N'oubliez pas, la sante animal est reconnue comme un bien public mondial." Participer a 1'elaboration des qui etablit des normes reconnues par normes l'Organisation mondiale du commerce." Outre ses functions de sensibilisation et Une politique qui permet aux pays afri- d'information, le Bureau joue un role cains de s'approprier enfin le processus cle dans les negociations internationales et de faire valoir leurs prerogatives. "Le mettant en prise les acteurs du commerce. faith de parler d'une seule voix a un poids "Nous aidons les pays de l'Union afri- considerable puisque au sein de 1'OIE caine a participer activement a l'etablisse- c'est la regle d'un pays, une voix. Or ment des normes. Jusqu'd maintenant ils l'Afrique, c'est 52 pays dans une organi- les subissaient, ces normes etant surtout station qui compete 153 membres, pursuit etablies par les pays le conseiller technique du Nord" souligne de l'UA-BIRA. Dans Alban Bellinguez qui o La sant6 animal est certain cas, nous pursuit: "nous nous reconnue comme un bien nous sommes allies reunissons reguliere- avec l'UE, ce qui nous ment, parfois meme public mondial , permettait de rempor- avec les experts euro- ter l'adhesion". Alban peens, ce qui permet aux deux parties Bellinguez voit plus loin : "Notre poli- de mieux comprendre leurs interets et tique pourrait servir d'approche pilote problems respectifs. Nous preparons pour d'autres negociations, notamment les pays de l'UA a parler d'une seule voix celles relatives au march du carbone" au sein des instances internationales, notamment au sein de 1'OIE, l'Organi- sation mondiale pour la sante animal, Info : www.au-ibar.org . -- � ... :. . . . ._: ; *.: .?.** i-,: A "N .t -< - ... ', I * . ..I.. Betail au Niger a MarieMartine Buckens N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 ^^^^^^^^^^^^^ Commerce^^ David Adjaye Un des grands architects internationaux et Ghaneen Hegel Goutier I est en train de r6aliser des projects des plus prestigieux et des plus cr6atifs et innovants, la pharaonique restructu- ration du ceur de la ville de Doha au Qatar, le nouveau Smithsonian National Museum of African American History and Culture a Washington. II vient d'ache- ver l'Ecole de management/Skolkovo de Moscou qui devait, d'apres les exigences du concours, "promouvoir une approche novatrice et pratique du management, en phase avec le context emergent en Russie et ailleurs dans le monde." La maison d'architecture Adjaye Associates a pignon sur rue a Londres, New York et Berlin. En 2000, les pro- fanes l'ont d6couvert a travers le livre de reference de l'&diteur Taschen sur les 40 grands architects anglais. Les experts connaissaient d6ji ce talent pr&coce. En 1993, a 26 ans, il &tait aureole du prestigieux "First prize bronze medal" de la RIBA Royal Institute of British Architecture. Trois ans plus tard, il est nominee au "Stirling". Le Guardian sou- ligne qu'il r6alise ces prouesses a un age ou la plupart des grands architects fai- saient leurs debuts. Adjaye est aussi un artiste. Ses projects architecturaux sont exposes dans des musees prestigieux. Aussi, il d6borde de l'architecture et presente sa vision de territoires entiers a travers la pho- tographie, notamment en 2010, dans Geo-graphics, exposition phare du festival Afrique visionnaire du temple de l'art de Bruxelles, le BOZAR, ou Urban Africa au Design Museum de Londres. Il congoit 6galement des expositions en connivence avec des artistes fameux: Your black hori- zon, installation lumineuse avec Olafur Eliasson ou The Upper Room, installation autour des peintures de Chris Ofili au Tate Britain. Entretien avec Le Courrier HG - Votre carrier a recemment entame un virage. Alors que vous etiez connu comme I'un des plus grands architects au monde, maintenant on vous consider egalement comme un artiste et un conservateur d'ex- positions d'art. Vous n'avez pas eu besoin de beaucoup de temps pour bdtir votre prestigieuse reputation d'architecte. Voyez-vous architecture Ceu rrier comme un language, une forme d'art ou autre chose ? DA -L'architecture est un concept. Elle est un language, une facon de developper des structures qui disent quelque chose sur la soci&et dans laquelle nous vivons. J'ai choisi d'utiliser l'architecture pour parler de mes idees et de la soci&et mais aussi pour edifier la society. Pour moi, l'architecture est un vecteur cultural. Vous avez travaille a la fois pour des personnel et des municipalities. Avec qui avez-vous dialogue lorsque vous avez concu le Stephen Lawrence Centre, par example ? different. Il y a une sorte de language archetypal mais il se deforme toujours selon le context, il subit les distorsions dues aux different types de scenarios. Etes-vous inspire par l'Afrique ? D'aucuns disent que votre architec- ture est multiculturelle. Mon travail s'inspire completement du continent. J'utilise les techniques les plus adaptees. C'est pourquoi j'observe la culture et les evolutions, quel que soit le lieu d'emergence, car des idees qui emanent d'Afrique pourraient trouver leur application en Alaska. Ma source ori- ginelle est toujours le continent africain. Son riche potential Tous mes clients, Doha se site encore a une explique que j'y les plus prestigieux autre 6chelle carj'y concois la reviens constam- comme les plus ment. modestes, s'int- ville pas uniquement comme ressent au develop- un project mais aussi comme un Quandvousendos- pement de nouvelles phenomene sez votre rdle de formes a l'interieur conservateur d'ex- des soci&ets. Le batiment Stephen positions d'art, suivez-vous la mdme Lawrence' est un example de ces formes approche pour organiser une salle novatrices et le Bernie Grant Centre2 d'exposition que lorsque vous conce- en est un autre, et c'est meme le cas du vez un bdtiment ? Smithsonian a Washington. Je suis tries inspire par l'emergence de nouvelles idees Oui. Tous les projects sur lesquels je au sein des soci&ets. A mes yeux, l'archi- travaille reposent entierement sur le tecture est un moyen de rendre concretes concept d'urbanite et, en particulier, des differences. d'urbanite collective. Meme l'exposi- tion Geo-graphics est monte comme Le Stephen Lawrence Centre et le une scenographie de different contextes Bernie Grant Art Centre emanent-ils urbains determines par la geographie du de vos sympathies politiques ? continent. Oui, en ce sens que je m'interesse a un agenda sociopolitique car je consider l'architecture comme un service. Si je devais me definir d'un point de vue poli- tique, je me verrais comme une sorte de mecanisme de enforcement social. Vos bdtiments ne se ressemblentpas. En quoi consist la touche Adjaye ? Vous avez raison. J'ai cette capacity& de l'artiste qui reussit tout ce qu'il entreprend et qui a donc le droit de faire passer ses idees dans ses ouvres. Celles-ci doivent repondre a des id&es et a un context. C'est comme ga que je concois l'architecture. J'ai mon propre cabinet d'architectes, David Adjaye Associates, mais ses ouvres emanent de mes reponses, de mes points de vue et questionnements intellectuals mais aussi des debats et dialogues du moment. II existed un lien entire trois de vos bdti- ments : le Bernie Grant Art Centre, au Royaume-Uni, le Centre du Prix Nobel d Oslo, Norvege, et la Montauk House, a Londres. Oui, c'est exact. Si vous etes vraiment observateur, vous verrez que les systems que je deploie procedent de contextes Que pouvez-vous nous dire de vos projects les plus recent : l'Ecole de management de Moscou, I'Elmina College au Ghana et la restructuration du centre de Doha ? Tous ces projects representent la transition operee par mon entreprise d'architecture, qui est passee de projects a petite echelle a de vastes structures urbaines. Le project a Moscou est le premier de mes grands pro- jets a avoir ete inaugure. L'ecole Elmina, un important centre d'education, sera probablement le second. Ce project au Ghana compete beaucoup pour moi car il marque mon entree sur le continent et voit l'application d'une grande parties de mes connaissances. Doha se situe encore a une autre echelle car j'y congois la ville pas uniquement comme un project mais aussi comme un phenomene. 'Ouvert en fevrier 2008 A Deptford, dans le sud-est londonien, le Centre porte le nom d'un adolescent noir qui a ete poignarde A mort A Londres 1993 pour un motif racial. Le Centre favorite le developpement des jeunes des com- munautes defavorisees. 'Inaugure en 2007 A Tottenham, Londres, le Centre a ete baptise en hommage A la memoire de Bernie Grant, ancien parlementaire britan- nique d'origine guyanaise A qui l'on doit une amelioration des chances offertes aux minorities ethniques de Grande-Bretagne. Project du Musee national d'histoire afro-americaine et de la culture, presented par Freelon Adjaye Bond /SmithGroup � (AP Photo/ Jacquelyn Martn, File) N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 I Zoo Les nations pauvres reprennent espoir a Cancun Demi-victoire pour les pays en deve- loppement a la conference des Nations Unies sur les changements climatiques qui s'est tenue a CancOn, au Mexique, en decembre Sonja van Renssen Pour les pays en developpement, les changements climatiques appellent bien plus qu'un debat theorique sur les objectifs de reduction des emissions a l'horizon 2020 et au-delL. Ces pays ressentent deji l'impact destructeur de ces changements sur leur environnement. Une augmentation de la temperature d'a peine 1,5 degree Celsius alors que tous les indicateurs convergent vers une augmentation de plus du double -reduirait d'un tiers le rendement agricole en Afrique. C'est ce qu'a declare le chef de la delegation africaine, Tosi Mpanu- Mpanu, de la Republique Democratique du Congo (RDC), lors d'un seminaire a Bruxelles en octobre. L'Afrique s'apprete a etre la plus grande victim d'un problem qu'elle a le moins contribute a causer. L'adaptation aux changements climatiques est sa premiere priority. Ce don't elle a avant tout besoin, c'est d'un soutien financier ainsi que d'une assistance technique et d'une aide au ren- forcement des capacities. Au sommet de Copenhague sur le climate, en decembre 2009, les nations riches ont promise de dega- ger 30 milliards de dollars entire 2010 et 2012 et 100 milliards de dollars par an a partir de 2020 pour aider les nations pauvres a s'adapter aux changements cli- matiques et a s'orienter dans la voie d'un developpement a faible emission de car- bone. La derniere conference en date des Nations Unies sur le climate, qui a eu lieu en decembre a Cancin, au Mexique, etait censee concretiser ces engagements. Le "Cadre de travail pour adaptation de Cancuin" Ce sommet a tenu ses promesses, d'une certain facon. Les gouvernements ont presented les premiers fonds de demarrage rapide, ainsi qu'on les a appeles, et ont C u rrier promise une plus grande transparence a leur sujet. Ils ont aussi cr&e le Fonds vert des Nations Unies sur le climate, qui cana- lisera la plus grande parties du financement relatif aux changements climatiques. II sera regi par un conseil d'administration de 24 membres, oit seront represents sur un pied d'egalite pays developpes et pays en developpement. Le "Cadre de travail pour l'adaptation de Canc6n" permettra de mieux planifier et mettre en muvre les projects d'adapta- tion dans les pays en developpement, par example par le biais de la creation d'un processus qui aidera les pays les moins developpes a laborer et appliquer des pro- grammes nationaux d'adaptation. Les pro- gres sur la voie de l'adaptation sont a l'ordre du jour puisque le fonds d'adaptation cree dans le cadre du protocol de Kyoto est finalement tout a faith operationnel : son conseil d'administration a approuve en septembre le financement de deux pre- miers projects, au Senegal et au Honduras, a hauteur de 14 millions de dollars. Canc6n a egalement port ses fruits sur le front de la deforestation, des transferts de technologies et du soutien au developpe- ment des capacities. La deforestation est a l'origine d'un cin- quieme environ des emissions de gaz a effet de serre et la reduction des emissions resultant du deboisement et de la degrada- tion des forgets (REDD) suscite beaucoup d'interet dans les pays developpes, qui pourraient en profiter pour reporter de cofteuses reductions d'emission sur leur territoire. L'idee du mecanisme REDD est assez original puisqu'il s'agit de finan- cer la deforestation evitee. Une certain some d'argent sera attribute a ceux qui protegeront les forgets, proportionnellement aux quantities de C02 qui auraient ete liberees dans l'atmosphere si elles avaient ete detruites. Les debats de Canc6n " Toutefois, n'ont pas about sur la accomplissen question de l'inclusion est peut-6tre c de la foresterie dans les marches du dioxyde de le sentiment carbon, certes, mais ils Unies consti ont permis d'avancer au ad hoc pour sujet des principles de changement la reduction des emis- sions dans le secteur. Ces initiatives de reduction doivent etre suivies a l'echelle national, et non infra- nationale, a-t-il par example ete convenu. Une nouvelle fois, ces progress tombent a point nomme, car les fonds commencent a etre liberes : l'initiative Paris-Oslo creee le printemps dernier, a laquelle participent les Etats-Unis, la Norvege, le Royaume-Uni, la France, l'Australie et le Japon, a permis de debloquer a ce jour 4 milliards de dollars pour la REDD, un budget provenant des fonds de demarrage rapid. l q t s s Un nouveau fonds en faveur de la biodiversity On s'accorde de plus en plus a recon- naitre que la perte de biodiversity est une menace fondamentale pour notre mode de vie et que sa preservation est un moyen de faire face aux changements climatiques: les ecosystemes en bonne sante sont des ecosystemes resilients. II est interessant de constater des lors qu'a la Convention des Nations Unies sur la diversity biologique qui s'est tenue a Nagoya, au Japon, a la fin octobre, le Toutefois, le plus grand accomplisse- ment de Canc6n est peut-etre d'avoir faith naitre le sentiment que les Nations Unies constituent le forum ad hoc pour s'attaquer aux changements climatiques. Avant ce sommet, il semblait que des partenariats bilateraux, tels que celui annonce par le Royaume-Uni et l'Inde, pourrait rempla- cer un accord mondial sur le climate, sans toutefois favoriser la conclusion d'un tel accord. "[Sans les Nations Unies,] des pays comme le mien seraient laisses sur le bord de la route", a averti M. Mpanu-Mpanu a Bruxelles. I1 reste que malgre tous ces accomplis- sements encourageants, Canc6n laisse de nombreuses questions sans response, notamment celle de savoir dans quelle measure les fonds de demarrage rapide sont reellement "nouveaux" et "comple- mentaires" des engagements deji pris. II reste aussi a determiner avec precision d'oti viendront les 100 milliards de dollars et plus particulierement quelle part en sera finance par le secteur public et par le secteur prive. Autre problem, la e plus grand plupart des enve- ent de Cancun loppes sur la table 'avoir fait naitre a ce jour sont desti- nees a finance des ue les Nations projects de reduction uent le forum d'emissions et non 'attaquer aux des projects d'adap- climatiques - station. L'Institut international pour l'environnement et le developpement a calcule que moins d'un cinquieme des engagements financiers pris dans le cadre des fonds de demar- rage rapid concern les projects d'adap- tation, alors que le texte principal adopted a Cancun place les deux axes sur un pied d'egalite. Enfin, citons le problem de l'identification des pays en developpement qui sont "particulierement vulnerables" et qui meritent a ce titre le soutien le plus important. Fonds pour I'environnement mondial (qui finance des projects environnementaux dans les pays en developpement), la Banque mondiale et I'Union internatio- nale pour la conservation de la nature ont cree le nouveau fonds "Save Our Species" (SOS), d'ores et deja dote de plus de 10 millions de dollars. Ces instances appellent les entreprises a contribuer a la mise en place du plus grand fonds mondial pour la conserva- tion des especes d'ici 2015. Ce fonds financera des projects de conservation sur le terrain.action. Nouveau trait mondial sur le climate Ces questions sont celles auxquelles il fau- dra trouver une reponse au course des pre- paratifs de la prochaine grande conference des Nations Unies, qui devrait se tenir en decembre 2011 en Afrique du Sud. C'est 1 que le monde entier espere reussir ce qui a echoue a Copenhague : un nouveau trait mondial sur le climate. La possibility d'un nouvel engagement dans le cadre du protocol de Kyoto n'est pas a exclure. Ce ne sont pas seulement des Etats-Unis attentistes ou la conjoncture economique qui ont empeche la conclusion d'un accord jusqu'ici 1'UE a insisted sur le fait qu'elle voulait un accord "equilibre". L'UE l'a dit lors des preparatifs de Canc6n et le redira lors des preparatifs de la conference en Afrique du Sud. Ce qui signifie des progress sur tous les fronts. Les engagements que l'Europe a pris envers le monde en deve- loppement en matiere de financement et de technologies doivent se doubler d'enga- gements de la part de gros producteurs d'emissions tels que la Chine et l'Inde. Des progress ont ete accomplish sur ce front a Canc6n, ainsi qu'en attestent les enga- gements des gros producteurs d'emissions et l'objectif de limiter a deux degres la hausse de la temperature inscrit pour la premiere fois dans un document official des Nations Unies. Les economies emergentes ont egalement ouvert la voie au respect des indicateurs mesurables, notifiables et verifiables. Les choses changent. Cancin a permis d'accomplir des progress, car les negocia- teurs n'y sont pas venus en quete du Graal, un accord mondial. Quelques dossiers ont about, pas tous. En fin de compete, le tris- tement c&lebre "rien n'est decide tant que tout n'est pas decide" reste d'actualite. Les nations en developpement ont repris espoir a Cancun, mais tous les regards se tournent maintenant vers l'Afrique du Sud. Et pendant ce temps, le climate continue de changer. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 I De la Terv < SeCUrite ,, maitre-mot lors de I'Assemblee ACP-UE La security alimentaire, I'insecurite au Sahel et I'insecurite climatique, ont ete au centre des discussions de la 200 session pliniere de I'Assemblee parlementaire paritaire ACP-UE qui s'est deroulee du 2 au 4 decembre a Kinshasa (RD Congo) et rassemblait plus de 450 deputies de 110 pays. Marie-Martine Buckens - comme la liberty de la press, les mineraux, sources de conflicts en RDC, la mor- talite infantile et les elections en Cote d'Ivoire - ont egalement ete discutes par les 78 deputies europeens et 78 deputies des pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique membres de cette Assemblee charge d'assurer le control parlementaire de la politique europeenne de develop- pement. Le choix de la capital de la Republique democratique du Congo pour tenir cette session a ete salute par le Belge Louis Michel, co-president de 1'APP aux c6tes du Zambien David Matongo: < Je pense energies renouvelables. Or, le potential de l'Afrique est enorme et seuls 7% du potential hydraulique et 1% de la geothermie sont actuellement exploits. Security Les deputies de l'Assemblee ACP-UE que la RDC a gagne beaucoup au course de ont par ailleurs < lance un appel a 1'UE cette session, beaucoup en credibility et en et a la communaute international a se image aussi. Les parlementaires europeens mobiliser pour lutter contre l'insecurite et africains ont bien senti que quelque croissante au Sahel suite a la recrudes- chose s'est passe dans ce pays, a la fois cence des activities de la branch maghre- sur le plan economique, bine d'Al-Qaida social, politique et demo-ue c e dans cette zone peu cratique . La lutte cntre e peuplee et propice r6chauffement climatique aux trafics (dro- Climat exige des decisions a la fois gues, armes et etres De son c , le president courageuses et responsables , humans) >. De son cote, le president de RDC, Joseph Kabila, Au sujet de la secu- a tenu r rappeler a l'ouverture de la session rite alimentaire, l'Assemblee a rappele < le que la majority des Etats ACP sont parmi caractere inalienable et universal du droit a les moins contributeurs aux emissions de l'alimentation, mis a mal par la speculation gaz a effet de serre, ajoutant: < le caractere sur les cereales et d'autres denrees alimen- asymetrique de la situation en terms de taires �, et demanded a la Commission, aux responsabilite dans le rechauffement de la Etats europeens et a ceux des pays ACP planet et l'exposition a ses consequences de cooperer < etroitement � et de prendre est moralement unacceptable, politique- des < measures concretes ,. ment et economiquement insoutenable. II exige des decisions a la fois courageuses et Enfin, s'agissant des negociations en course responsables >. sur les Accords de partenariats economiques Un rapport adopted a Kinshasa par les depu- tes de 1'APP estime que le transfer des tech- nologies a faibles emissions de carbon vers les pays les plus vulnerables, et notamment ceux de 1'ACP, est < un element-cle a toute response international , pour lutter contre le changement climatique. Le rapport note que seul 0,2% de l'aide europeenne actuelle est consacree a des investissements vers les (APE), le commissaire europeen au com- merce, le Belge Karel De Gucht, a appele a un partenariat < solid et mature > entire 1'UE et les ACP. < Le partenariat signifie aussi que 1'UE aidera les partenaires ACP Srenforcer leurs capacities institutionnelles et productive �, a-t-il ajoute (lire egalement l'interview du commissaire dans le Dossier sur les APE). Cu r r i e r P~BIWO~ Interacion L'UE appuie le processus democratique en RD Congo L'Union europeenne a decide de mettre en place un programme de soutien par- lementaire en Republique democratique du Congo (RDC). Priority sera donnee a la formation des elus et a I'administration, ainsi qu'a la rehabilitation de batiments, souvent vetustes. L e programme devrait etre lance dans le courant du pre- mier trimestre 2011 �, nous explique Lena Veierskov, responsible egalement des programmes d'appui a la decentralisation et aux elec- tions au sein de la delegation de 1'UE a Kinshasa. Un programme pilot car il se concentrera sur deux des onze provinces que compete le pays: le Nord- Kivu et la province de Kinshasa (la plus petite mais qui concentre plus de 10% de la population estimee a 60 millions d'ames). Formation et rehabilitation Le programme, lance a moins d'un an des elections en RDC, est dote de cinq millions d'euros. Certains aspects devraient etre pris en charge par le pro- gramme d'appui a la decentralisation, lance en parallele, et dote lui de 15 mil- lions d'euros. < Nous prevoyons un volet important pour la rehabilitation des infrastructures, y compris les batiments lies aux Assemblees provinciales >. Ces dernieres ont vu le jour au lendemain A Kinshasa, en face du "Palais du Peuple" (Parlement) OMarie-MartineBuckens des accords de fin de guerre signs a Sun City (Afrique du Sud), debouchant sur la nouvelle Constitution congolaise de 2006. Ils sont le reflet de la decentra- lisation prevus dans ces memes accords, Si un volet 'materiel' est egalement envi- sage - comme la creation d'un cybercafe pour le Senat, ou une salle de formation informatique de l'Assemblee national, construite en 1960 par les Chinois -le cour du programme vise essentielle- ment la formation des elus. Les elus en place actuellement, ainsi que les futurs elus, puisque les elections presiden- tielles et legislative sont prevues en novembre 2011, et devraient etre suivies des elections provinciales et locales. < Nous adapterons le volet formation des elus en function des dates exactes des elections ,, ajoute Lena Veierskov, qui pursuit: d beaucoup des nouveaux deputies seront vraisemblablement sans experience; nous prevoyons des forma- tions leur expliquant leur role, leurs responsabilites vis-vis des electeurs, des seminaires et des contacts avec des parlementaires d'autres pays >. Le programme vise tant les parlementaires (actuellement au nombre de 500, don't 42 femmes) que les senateurs (108 don't cinq femmes). < Nous prevoyons egalement, ajoute-t-elle, la formation du personnel administratif; un volet important car cela permet de creer une memoire institutionnelle >. M.M.B. Un soutien necessaire << Le programme mis en place par 'UE est depute, c'est la formation. Nous ne sommes Jean-Lucien Bussa, 48 ans, compete se necessaire > nous dit d'emblee Jean-Lucien Bussa Tongba, depute national et membre du MLC, parti de I'opposition. << II est necessaire que nous puissions tra- vailler dans des conditions idoines, disposer de sales et d'une logistique suffisante. Et je ne parle pas des Assemblees provinciales, pas tous au m6me niveau. Le programme doit permettre de partager nos experiences avec les autres, et permettre de niveller par le haut la quality des elus >. Dans ce cas la, a nouveau, les besoins les plus criants, estime-t-il, sont au niveau provincial: < bien souvent, les deputies n'ont pas conscience qu'ils ont requ mandate du people et qu'ils representer, en < bonne position > aux prochaines elections. Aujourd'hui, il est vice-president de la commission Econo- mie-Finances du Parlement, qui d'ailleurs est soutenu par I'UE a travers une serie des formations en 2011 qui vise a renforcer la connaissance macro-economique et la ges- tion des finances publiques des membres oCi bien souvent les chaises manquent >. < ne sont pas la pour servir de caisse de du comite et leurs assistants Mais ce qui est plus important, pursuit le resonnance du parti >>. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 R6forme agraire: le cas exemplaire de la Namibie En Namibie, le recourse a des technologies appropriies permet d'accelerer sensi- blement le processus complex de la reforme agraire. L'utilisation combinee de techniques de pointe en matiere d'information et de communication et de systems d'enregistrement foncier innovants a permis d'obtenir des resultats impressionnants. Ces rsultats ont notamment profit aux petits paysans, qui savent qu'ils disposent dorenavant de terres qu'ils peuvent cultiver et sur lesquelles ils peuvent vivre. Julianne Breitenfeld * Lacces a la terre est important Spour la survive de nombreuses personnel dans les pays en developpement. Pour proteger durablement les droits fonciers des popu- lations rurales, il est souvent necessaire de proceder a une reform du regime de pro- priete. Une telle reform peut necessiter une amelioration des regles coutumieres d'acces au foncier dans les zones en ges- tion collective, ou une redistribution des terres d'un group a l'autre dans d'autres zones. Pour proteger les droits aux terres com- munautaires, il faut etablir et tenir a jour Une journee historique: les premiers certificates sont remis aux petits agriculteurs par Alpheus Naruseb, le ministry namibien des Terres et de la reinstallation le 30 Juin 2008. A gauche: le sous-secretaire du minister Shipena Hannu, 3eme a gauche: Dr.Elisabeth Pape, chef de la delegation de I'UE a Namibie �CE un cadastre precis de routes les parcelles, des gens qui les utilisent et des details rela- tifs a ces droits. C'est ce que l'on appelle l'enregistrement foncier, une activity qui se traduit par l'etablissement d'un registre contenant des cartes et des ecrits conser- ves en security et respects en tant que documents legaux. Supprimer les inegalites En Namibie, 52% des terres agricoles sont delimitees, cadastrees et destinies a un usage commercial en pleine propriety, tandis que les 48% restants sont en gestion collective et partages par des individus titulaires de droits fonciers elementaires. Plus de la moitie de la population de la Namibie (2 millions d'habitants) vit de l'agriculture de subsistence et ne dispose que de droits precaires dans ces zones communautaires. De telles inegalites, doublees de disparities dans la reparti- tion des droits fonciers, necessitaient un programme public de reform agraire. Fidele a sa politique de soutien a l'eco- nomie des pays les plus pauvres, I'UE a prevu, dans le cadre de son Programme de reduction de la pauvrete rurale en Namibie (RPRP, dote de 53 millions d'euros), un montant de 3,5 millions d'euros pour sou- tenir la reform agraire entreprise par le gouvernement namibien. Selon Elisabeth Pape, chef de la Delegation de l'UE a Windhoek, deux facteurs important ont joue dans cette decision de l'UE : tout d'abord, la volonte du gouvernement nami- bien de suivre un processus de reform agraire structure et ordonne, et, ensuite, le faith que les representants du secteur agricole commercial reclamaient eux aussi des measures de reform agraire pour les terres en propriety libre. Vers plus de s6curit6 Au fil des decennies, le flou entourant les terres en gestion collective avait about a une insecurity quant a la legitimite de l'acces a la terre et des droits fonciers. Des veuves et des orphelins se retrouvaient ainsi parfois prives des terres laissees par leurs epoux ou parents decades. La Loi Cu r r i e r Interactions ^^^^^^^^ Interacion de reforme des terres communautaires de 2002 a mis fin a cette insecurity en codifiant l'egalite des droit d'acces et la security de la propri&et fonciere dans les zones communautaires. Cette loi a egale- ment servi de base legale pour les progress techniques realises en matiere de cadastre et soutenus par le RPRP des son lance- ment en 2005. Ce travail, realise par le Minist&re des terres et du repeuplement en &troite collaboration avec la cooperation bilaterale allemande, a pu etre accompli a un rythme accelere grace aux technologies de l'information et de la communication. Selon Elisabeth Pape, la mise en muvre du nouveau system d'enregistrement foncier dans les zones communautaires a ete un facteur cle de la reussite du RPRP, un avis partage par Hannu Shipena, vice-secretaire du Minister des terres et du repeuplement : "L'enregistrement foncier est la piece mai- tresse du RPRP. C'est sous ce programme que nous avons enregistre le plus grand nombre d'inscriptions foncieres." Vues du ciel Le processus mis en muvre par le RPRP pour l'enregistrement massif de parcelles utilise la photographic aerienne nume- rique. L'UE a mis 2 millions d'euros a la disposition de la Namibie pour qu'elle puisse acquerir et traiter plus de 30.000 photos aeriennes a haute resolution cou- vrant, dans le nord de la Namibie, un terri- toire plus vaste que le < Une refo Royaume-Uni. est coOteusE pas de r Une fois imprimees, les photos aeriennes investissem sont presentees aux villageois afin qu'ils tracent les contours de leurs parcelles. Selon M. Robert Ridgway, Conseiller du RPRP en reform agraire aupres du Ministere des terres et du repeuplement, "en 2008-2009, cette technique a permis a deux equipes de ter- rain d'etablir les plans de 20.000 parcelles et de delivrer les certificates d'enregistre- ment necessaires." M. Shipena espere pouvoir delivrer 240.000 certificates de propri&et fonciere aux ayants droit. r e Un systeme coherent unified Le RPRP s'est 6galement attache a ame- liorer le registre des actes du Ministere, ou plus d'un demi-million d'actes sur support paper sont conserves dans de pietres conditions. Les informations qu'ils contiennent ont une importance legale mais ont parfois de plus de 100 ans. Le RPRP a donc propose une aide technique au Ministere afin d'informa- tiser ces donnees. A terme, les certificates de propri&et fonciere relatifs aux terres communautaires seront incorpores au 'me agraire registre des actes, qui et ne product devrait constituer la tours sur base d'un system d'information fon- ent rapides , ciere coherent au niveau national. A l'heure otu le RPRP arrive a son term, Hannu Shipena se montre satisfait : "Nous avons atteint les principaux objectifs que nous avions fixes avec le Minister debut 2006." Continuity "Une reform agraire est couteuse et ne produit pas de retours sur investissement rapides", avertit toutefois Robert Ridgway. Un appui technique et des fonds etran- gers resteront necessaires. Mais d'autres sources d'aide sont prevues. C'est ainsi que le Fonds du millionaire pour la Namibie, un programme finance par le gouvernement americain, a lance un project de soutien d'une valeur de 9 millions de dollars axe sur les terres communautaires, tandis que les agencies de d6veloppement GTZ et KfW, ainsi que la cooperation espagnole, ont faith savoir qu'elles conti- nueraient a soutenir la reform agraire. Elisabeth Pape est satisfaite des resul- tats du RPRP : "Nous avons contribute a jeter les bases des futurs programmes de reform agraire en Namibie." De son cote, Hannu Shipena est certain que "de nou- veaux bailleurs de fonds, comme le Fonds du mill6naire, s'inscriront dans le par- fait prolongement de l'action du RPRP." *Julianne Breitenfeld a A son actif 11 ans d'expe- rience en tant que journalist en Allemagne, et compete egalement 11 ans d'experience dans le domaine du developpement international. Elle a aujourd'hui sa propre society de consultance, & Windhoek. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 , . . ' Interactions R6adapter le partenariat entire I'UE et I'Afrique Comment consolider le partenariat IT strat6gique entire I'Union europeenne et I'Afrique? La Commission europeenne s'efforce de repondre a la question dans sa communication, public le 10 novem- bre, sur "La consolidation des relations UE-Afrique- 1,5 milliard d'individus, 80 pays, deux continents, un avenir". Anne-Marie Mouradian Anne-Marie Mouradian de ce partenariat unique, les relations entire les deux conti- nents, selon le document, sont passes d'une approche de simple donateur-beneficiaire a une coop&ra- tion d'egal a legal otu les problems sont affronts ensemble, en tenant compete des interets des deux parties. Mais les nouveaux d6fis mondiaux, tels que la crise economique, les retards dans la rea- lisation des Objectifs du Millenaire pour le d6veloppement, la crise alimentaire, le changement climatique, l'emergence de nouveaux donateurs, et 6galement, le nouveau cadre institutionnel de 1'UE, exigent que ces relations soient readap- tees. La Commission europeenne a, dans le meme temps, lance un livre vert qui ouvre des consultations sur l'avenir de la politique europeenne de developpement. Chef de file sur ces deux dossiers, Andris Piebalgs, le Commissaire charge du developpement, a souligne la necessity de recentrer les efforts. La croissance economique, la creation d'emplois et l'investissement, la paix et la security, la security alimentaire et l'energie seront des domaines plus que jamais priori- taires. "Ilfaut", insisted Andris Piebalgs "faire en sorte que les progres realises en Afrique touchent un plus large eventail de popula- tion". "Chaque famille africaine devrait, dans 20 ans, avoir accds l'electricite." Une aide qui mise sur la crois- sance economique Dans la prochaine decennie, l'objectif sous-jacent de l'aide au d6veloppement sera de servir de moteur pour favori- ser la croissance don't l'impact est plus important en terms de reduction de la pauvrete que l'APD. Autrement dit, si les flux financiers restent indispen- sables, l'Afrique a moins besoin d'aide "classique" - qui ne suffira jamais a elle seule a sortir des millions de personnel de la pauvrete - que d'une aide ciblee visant a renforcer sa capacity a genrer la croissance -, analyse la Commission europeenne A deux conditions: que cette croissance soit equilibr&e, socialement equitable, permette de reduire les inega- lites et d'ameliorer les services de base et qu'elle soit durable, autrement dit qu'elle developpe des economies competitives et respectueuses de l'environnement. Cu r r i e r Interacion I neaire ae aanse rkA I Uh par haymona ularlsse - courrolsle haymona ularlsse Une autre priority est le partenariat pour la paix et la security Le pontArmando Guebuza, nouveau pont sur le fleuve Zambeze au Mozambique construit avec le soutien de I'UE. avec la permission du gouvernement du Mozambique Certains observateurs voient une appa- rente contradiction entire la volonte de l'Europe de renforcer sa cooperation economique avec l'Afrique, face aussi a la presence de plus en plus forte de pays emergents comme la Chine, et l'impasse actuelle des negotiations pour des accords de partenariat economique UE-ACP. La question des APE, qui continent de ren- contrer de fortes reticences de la part de nombreux pays africains, a domine le dernier conseil des ministres ACP. Pour assurer leur developpement econo- mique, les pays africains ont besoin de sta- bilite, d'administrations publiques saines et de gouvernements responsables qui rendent compete de leurs actes, d'ou l'importance des questions relatives a la governance (int&rieure et internationale, insisted la Commission europeenne. Contribuer, par example, a ameliorer l'efficacite du minis- tere de la sante d'un pays peut s'averer plus profitable au niveau global, que finance la construction d'un hospital aux resultats plus tangibles aux yeux du public. Autre dossier prioritaire: le partenariat pour la paix et la security. Europeens et Africains doivent renforcer leurs efforts conjoints face aux nouvelles menaces telles que le terrorism, la piraterie et differentes formes de trafics, note la Commission. Des preoccupations partagees par la Haute Representante pour la Politique exterieure qui a assure, debut novembre, devant la commission du developpement du Parlement europeen, que: "le renforce- ment et l'approfondissement des relations entire l'UE et l'Afrique sont une priority cle de mon mandate. L'Afrique n'est pas seulement un beneficiaire de l'aide euro- peenne mais un important partenaire sur nombre de questions regionales et inter- nationales majeures d'interet commun comme la security regionale". Cooperation au developpement et politique exterieure Pour Catherine Ashton, la Corne de l'Afrique, "la region la plus dangereuse du continent", requiert une attention par- N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 _� _ I ticuliere. Outre ses operations navales novembre. Mais en response aux questions avec l'OTAN, efficaces mais insuffisantes de deputies europeens, Catherine Ashton pour mettre fin a la piraterie qui menace a estime que "il n'y aura pas de conflicts le traffic maritime sur entire nous" et assure le canal de Suez, I'UE qu'Andris Piebalgs y pursuit depuis avril L'Afrique a moins besoin et elle, collaboreront 2010 une mission de d'aide "classique" - qui ne surles objectifs strate- formation des forces suffira jamais a e/le seule giques et la meilleure de security du gou- faaon d'utiliser leurs vernement soma- a sortir des millions de resources. lien de transition en personnel de la pauvret6 - Ouganda. La strat&- que d'une aide ciblee visant Al'issue de sa consul- gie UE-Afrique lie station sur lavenir du cooperation au deve- a renforcer sa capacity a developpement, M. loppement et objec- g6n6rer la croissance Piebalgs entend, de tifs prioritaires de son cote, presenter en politique exterieure, avec une question 2011 les grandes lignes d'une "politique recurrente: comment se repartira le travail europeenne de developpement moder- entre le Commissaire au developpement nisee". Le livre vert lance la reflexion et la Haute Representante? Le Service autour de quatre questions et objectifs europeen pour l'action exterieure (SEAE) principaux : comment garantir la mise en n'etait pas encore operationnel lors de la ceuvre d'une politique de developpement a presentation de la communication du 10 fort impact, apte a garantir notamment que chaque euro defense genre la meilleure valeur ajoutee et le meilleur rapport cout-resultats; comment favoriser une croissance plus forte etplus inclusive dans les pays en developpe- ment; comment promouvoir le developpement durable et comment atteindre des resultats durables dans le domaine de l'agriculture et de la security alimentaire.' La consultation, qui se tiendra du 15 novembre au 17 janvier 2011, est ouverte a toute parties interessee: particuliers, organizations, pays de l'UE et des par- tenaires en developpement. Le degree de participation de la soci&et civil des deux continents representera, a cet regard, un test important. Le livre vert intitule #La politique de developpe- ment de 1'UE en faveur de la croissance inclusive et du developpement durable Accroitre l'impact de la politique de developpement de 1'Union europeennew est public sur le site internet de la Commission (http://ec.europa.eu/yourvoice/). Seychelles: une plateforme Sud-Sud Les Seychelles offrent des pos- tourism, avec ses voisins de l'ocean Indien sibilites d'investissement dans Madagascar, Maurice et la Reunion ses secteurs traditionnels -la et offrir aux investisseurs une base pour peche, le tourism et les services les changes commerciaux avec les pays offshore -mais aussi asiatiques, a explique dans de nouveaux sec- Peter Sinon, ministry teurs comme la ges- Air Seychelles illustre bien de l'Investissement, tion et le recyclage des /a capacity du pays a stimuler des industries et des dechets, I'agriculture la cooperation Sud-Sud resources nature- de pointe, les services lles des Seychelles. medicaux specialists Air Seychelles illus- et l'aide aux investissements. C'est ce tre bien la capacity du pays a stimuler qu'a explique Sherin Renaud, directrice la cooperation Sud-Sud, a affirmed pour generale du Bureau d'investissement sa part David Savy, president executif des Seychelles, lors du premier forum d'Air Seychelles. Air Seychelles est l'un des investissements du pays organism a des cinq transporteurs subsahariens ope- Bruxelles du 20 au 22 octobre. D'ici 2017, rant des vols long courier et desservant cet archipel de l'ocean Indien de 115 iles notamment Paris, Londres, Rome, Milan, espere attirer deux fois plus de touris- Singapour et Chennai. En outre, en parte- tes qu'aujourd'hui. L'objectif : 360.000 nariat avec Air Mozambique (LAM), elle visiteurs par an, depensant chacun 250 opere egalement des vols entire Maputo dollars par jour. et Lisbonne avec ses propres avions et equipages. "De formidable perspecti- Idealement place ves s'offrent ainsi a Air Seychelles, qui pourrait ainsi desservir d'autres pays "Au beau milieu de nulle part" : ce pays est d'Afrique, en partenariat", se rejouit idealement situe pour developper des par- David Savy. D.P. tenariats, notamment dans le secteur du Encore beaucoup de possibilities pour I'investissement touristique aux Seychelles CH Gouber C u rrier Interactions ^^^^^^^^ Interacion Une vision de I'UE pour le Pacifique Le premier pas vers la creation d'un reseau de recherche pour le Pacifique au sein de I'UE, visant a porter un regard frais sur les decisions a prendre en matiere de politique social, d'egalite des sexes, de changement climatique, de security et de stability, a ete franchi en reunissant une assemblee d'universitaires europeens a Bruxelles le 22 novembre. Laleia, E Timor H Goutler SL e Pacifique est important pour nous : avec moins de 10 millions d'habitants, il represent 13 votes aux Nations Unies, qui peuvent s'ajouter aux 27 de l'UE pour former un bloc permet- tant de defendre un agenda commun", a declare Ranieri Sabatucci, responsible de la region Pacifique au sein de la Direction generale du Developpement (DG Dev) de la Commission europeenne. La region dispose aussi d'un tresor de biodiversity, de poisson et de minerals. L'evenement "European Research and External Action: Together in the Pacific" ("Recherche europeenne et action exte- rieure : ensemble dans le Pacifique") a mis en evidence certaines recherches en course dans les institutions univer- sitaires de l'UE et, plus largement, au sein de l'Association europeenne de libre-echange (AELE), qui comprend notamment la Norvege, ou l'Universite de Bergen est l'un des principaux centres de recherche sur le Pacifique en Europe. "Nous sommes enchants de pouvoir renforcer la visibility de notre travail. Nos recherches etaient souvent denuees de tout agenda politique", a declare Sue Farran de l'Universite de Dundee en Ecosse. Plusieurs colleagues universi- taires s'accordent a reconnaitre que les chercheurs europeens peuvent explo- rer leurs idees plus librement que leurs homologues en Australie ou en Nouvelle- Zelande, pays qui dominant la region par leurs politiques etrangeres. Environ 17 institutions universitaires de l'UE travaillent sur le Pacifique actuellement. Les iles independantes du Pacifique adherent a l'Accord de Cotonou entire les pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP) et l'UE1, tandis que d'autres sont soumises a l'accord de cooperation de l'UE avec ses pays et territoires d'outre-mer (PTOM)2. L'UE est represented dans la region par 100 personnel travaillant dans cinq dele- gations. A la maniere du Pacifique "Nous souhaitons career une vision realiste ensemble", a declare Thierry Catteau, un fonctionnaire de l'unite en charge du Pacifique au sein de la DG Dev, aux scientifiques reunis. II a explique que l'UE souhaite forger des politiques qui comprennent et respectent pleinement les modalites de prise de decision specifiques au Pacifique, y compris les traditions cou- tumieres. "Le Pacifique a l'une des eco- nomies de subsistence les plus resistantes du monde. Les resources appartiennent a des membres de la population locale", a faith remarquer Edvard Hviding de l'Uni- versite de Bergen. Le congress a deji apporte de nouveaux points de vue, notamment une approche different en matiere de violence a l'egard des femmes. D'apres une note de discus- sion de l'UE, prepare en vue de l'eve- nement a Bruxelles, routes les nations du Pacifique, sauf le Tonga, adherent a la Convention sur l'elimination de routes les formes de discrimination a l'egard des femmes (CEDAW), mais les taux de violence familiale restent eleves dans toute la region. Sur la base de ses travaux per- sonnels sur la diversity des sexes dans des populations urbaines de Port Moresby en Papouasie Nouvelle Guinee, Tony Crook, de l'Universite de St Andrews en Ecosse, a suggere que les niveaux eleves de violence familiale seraient peut-etre lies a des dis- putes familiales, plutot qu'd des violence entire hommes et femmes. Des fonds seront peut-etre degages par le septieme, puis le huitieme programme- cadre (7e PC : 2007-2013) de l'UE pour la recherche, en vue de finance les recherches universitaires concernant le Pacifique. Des informations a ce sujet devraient etre disponibles bient6t sur un site web dedie au Pacifique, qui heber- gera aussi des documents sur des sujets regionaux, issues de recherches menees dans toute l'Europe. D.P. 'Etats du Pacifique adherant A l'Accord de Cotonou: Etats Federes de Micronesie, Iles Cook, Fidji, Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue, Palau, Papouasie Nouvelle Guinee, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu. PTOM du Pacifique : Nouvelle Caledonie, Polynesie frangaise, Wallis-et-Futuna, Pitcairn. Sur Iile de Manono o D Percival N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Dicouverte et Histoire Mozambique Le temps de la renaissance Reportage de Hegel Goutier Pour un pays qui a connu suc- cessivement deux conflicts interminables don't une guerre civil qui ne s'est achevee que depuis a peine 18 ans, le Mozambique est un miracle. II vit une renaissance surprenante et exerce une seduction de plus en plus forte. Il est meme percu comme un potential future petit dra- gon economique de l'Afrique, dote d'un system politique jug& decent et une governance &conomique en progress par les pays riches et les institutions internationales. De prime abord, la paix au Mozambique semble une constant, l'unit6 et l'unicit6 du pays et de sa population sont procla- mees meme avec outrance. C'est comme si la guerre fratricide qui l'avait dechire etait oubliee, ignore ou niee comme le juge son plus c6lebre romancier, Mia Couto. Le pays connait malgre la per- sistance de la grande pauvret& surtout dans les regions rurales, une croissance &conomique presqu'arrogante avec une moyenne de 8% depuis plusieurs annees, une apparent prosp&rit& avec l'installation de grosses entreprises, une modernisation des infrastructures, une relative opulence avec ses signes exterieurs de richesse surtout dans les grandes villes et une renaissance culturelle s6duisante avec une pleiade d'artistes de haut niveau dans des dis- ciplines diverse. Maputo la plus belle. Symbole du renouveau Un symbol de ce renouveau, la capi- tale Maputo, de plus en plus coquette, propre, avec des vitrines all6chantes, des lieux de culture vivaces, ses belles C u rrier promenades, ses lieux d'amusement hospitaliers, originaux et de bon gout. Elle parait plus sure qu'il y a quelques annees quand la delinquance affectait son image On peut s'y ebaubir devant de majestueuses murales en azulejos ou s'aerer aisement dans ses parcs verdoyants et tranquilles. Maputo est admiree aujourd'hui par les visiteurs come probablement une des plus belles et la plus agreable ville subsa- harienne. HISTOIRE D'UN PAYS MIRACLE Les premiers habitants connus du Mozambique ont ete les Hottentots et les Bochimans don't les descendants sont aujourd'hui peu nombreux, qui ont ete peu a peu refoules vers la fin du 3eme siecle par des migrations successives de peuples de langues bantoues. leur superficie a des companies pri- les offensives contre la nouvelle armee vees dites "majestatiques", les colonies mozambicaine. C'est la guerre civil se sont developpees economiquement avec ses outrances. Parallelement le sous l'impulsion du Mozambique prend regime salazariste ses distances par rap- installe au Portugal " Le plus grand success port au communism. en 1928. La guerre du Mozambique est la paix En 1986 le president, d'independance est installed dans 'esprit de ses Samora Machel est declenchee en 1964 mort suite a la des- des la creation du citoyens o truction de son avion FRELIMO Front de Liberation du Mozambique. Apres la mort de Salazar en 1968, son suc- cesseur Marcello Caetano livra dans les colonies une guerre des plus bru- tales. Jusqu'a la "Revolution des fillets" en 1974 qui amena la democratic au Portugal et sonna le glas de son entre- prise colonial. Victoire d'un people sur la guerre et la division Le 7 septembre 1974, le Portugal laissa L'empire shona de la civilisation dite le pouvoir au FRELIMO. Le regime du Grand Zimbabwe, avec un deve- installed, avec a sa tete le leader Samora loppement relativement sophistiqu - Machel, se veut l'allie de l'Union sovie- jusqu'd l'usage d'un system d'egouts tique. Des opposants, notamment des - a vu le jour vers le Blancs, quitterent XIe siecle. Un autre le pays en masse. empire shona, celui o Le m6tissage entire colons Se forma un mou- des Karangas, centre portugais et femmes africaines vement paramili- sur le Mozambique, se poursuivra tout le temps taire, RENAMO lui a succede durant de la colonies (Resistance natio- le XIVe siecle, avec nale mozambicaine) a sa tete son crea- dirige par Afonso teur NeMbire intronise sous le nom de Dhlakama, le leader de l'opposition Monomotapa (maitre du royaume). II aujourd'hui, qui s'implantera en 1980 restera puissant jusqu'au XVIIe siecle dans l'Afrique du Sud de l'apartheid et ne disparaitra completement qu'en avec le soutien duquel, il declencha 1902 avec la mort du 526 Monomotapa. Un gouverneur portugais "premiere spouse du roi" Des la fin du premier millionaire, arri- verent au Mozambique des commer- cants arabes. A la venue de Vasco de Gama en 1498, une parties important du territoire etait terre musulmane. Celui-ci avait du deguerpir d'Ilha de Mogambique, dans le nord du pays, pris sous le feu des canons. Les Portugais n'ont pu s'installer qu'au XVIIe siecle a la faveur de l'instabilite du regime du Monomotapa don't le pouvoir se reduisit par des traits successifs en peau de chagrin. Un gouverneur portugais a meme alors obtenu le titre de "premiere spouse du roi", peu flatteur pour l'ego mais garantissant nombre de privileges. Le metissage entire colons portugais et femmes africaines qui se poursuivra tout le temps de la colonies, connut alors ses ML beaux jours. I " C'est aussi l'epoque de l'esclavage i > qui ne disparut qu'en 1878. Apres la- W ', periode de concession de la moitie de don't les radars ont ete brouilles par l'armee sud-africaine. En 1990, le pays adopta une nouvelle constitution. Un accord de paix est signed entire les belligerants en 1992 et les premieres elections pluripartites sont organisees en 1994, sous le control des Nations-Unies. Depuis lors, les quatre elections presidentielles ont ete gagnees par le FELIMO : deux fois par Joaquim Chissano et deux par l'actuel president Armando Guebuza. Malgre les accu- sations de fraud faites par le perpe- tuel challenger, Afonso Dhlakama, les observateurs internationaux et la Cour Supreme du Mozambique ont toujours certified que les elections, ont ete demo- cratiques et leurs resultats justes. Actuellement, le pays connait une crois- sance economique forte. Ses success en terms d'education et de sante sont notoires. Les gouvernances politique et economique se sont ameliorees gran- dement. Mais le plus grand success du Mozambique est la paix installee dans l'esprit de ses citoyens. Le vrai vain- queur de la guerre civil est le people de ce pays. C'est cela le grand miracle. Murale a Maputo Hegel Goutler N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Mozambique Repo-rtage *Reot M oza. biq- Entretien avec Armando Emilio GUEBUZA, President du Mozambique Le Mozambique : un pays pauvre qui affected pourtant ses resources a ses citoyens Lorsque Le Courrieravait demanded au President si son pays pouvait devenir un nouveau petit dragon economique, celui-ci avait repondu preferer le terme "lion". Fidele a sa personnalite, le President s'est montre direct et detendu. Notre premi- ere question portait sur I'optimisme qui prevaut actuellement au Mozambique. Ce climate est-il lie aux projections qui font etat d'une croissance a deux chiffres ? A EG -Durant la guerre civil, Meme si le Mozambique est un pays plus de 4,5 millions de citoyens pauvre, il s'emploie a restituer des res- avaient quitter leur region sources a la population, par le biais de d'origine, et plus d'un million measures sociales et d'autres initiatives. A d'entre eux ont meme fui dans les pays l'independance, le pays ne comptait pas voisins. Une fois la guerre terminee, les plus de 20 ecoles secondaires et une seule deplaces et les refugies sont rentres chez university. Aujourd'hui, il y a plus de cent eux. Notre pays a ecoles secondaires et alors connu une ere 38 etablissements uni- de reconstruction "A I'ind6pendance, il n'y versitaires. Des mil- des infrastructures : avait pas plus de 20 6coles lions d'enfants sont il fallait des ecoles, secondaires et une seule a present scolarises. des hopitaux et des Nous avons construit systems d'approvi- university" des h6pitaux, des cli- sionnement en eau niques et des materni- potable pour les habitants. Et comme tes. L'acces a l'eau potable, a l'electricite nous sortions d'une periode de guerre, et aux telecommunications a ete ameliore nous devions aussi ameliorer notre image. Nous sommes neanmoins parvenus a atti- HG - L'opposition critique la domi- rer deux grandes entreprises -MOZAL nation politique et economique du et SASOL Un veritable message pour le FRELIMO, auquel elle reproche 6ga- monde entier et pour les investisseurs, qui element d'avoir incite & la violence ont commence a venir chez nous. Nous policiere, par example pendant les avons aussi faith l'effort de simplifier le mtnifestatiuo.s dumoisde septembre. processus d'octroi des licences afin de career un environnement pacific et propice AEG -Un parti qui a "APE, DO aux affaires. Et nous avons encourage la 190 elus au Parlement, soci&et civil a contribuer au processus alors que le parti de doivent exar et a l'influencer. l'opposition n'en a que s'adapter aux HG- Certaines statistiques epinglent un taux de pauvrete toujours eleve. Allez-vous pouvoir combler cet cart entire la croissance et le niveau de vie des plus demunis ? AEG Cet cart existera toujours. Nous nous efforgons cependant d'y remedier. Ainsi, un Fonds de Developpement de District stimule aujourd'hui la croissance dans les regions rurales. soixante, domine force- ment le paysage politique. Il ne faut pas confondre l'ecoute et la phase de decision. Nous ecoutons ce que l'opposition et la society civil ont a nous dire, mais nous prenons les decisions. Lors des emeutes qui ont eclate en sep- tembre, j'ai pris la parole et ai publi- quement admis que la pauvrete etait un problem preoccupant dans le pays, car le cout de la vie est superieur aux revenues �Hegel Gouter/Gouvernement Mozambique des habitants. Nous avons critique l'usage de la force et l'incendie d'infrastructures. II fallait proteger les habitants et retablir l'ordre public. Malheureusement, il y a eu des morts, ce que je deplore comme je l'ai publiquement HA - les ACP expliqu. Les habi- tants peuvent orga- niner comment niser des groves ou nouveaux d6fis" des manifestations, exprimer leurs points de vue, mais ils doivent le faire de maniere pacifique. HG - Comment se developpe l'inte- gration de la region d'Afrique australe en ce qui concern les changes com- merciaux et la cooperation interna- tionale ? Qu'en est-il des Accords de Partenariat Economique, des nou- veaux partenaires et de l'avenir du group ACP ? Cu r r i e r I.I . :'Y. 4" ,g' S, I . ' LUniversite Eduardo Mondlane, Maputo CHegel Goutier A I'independance, il n'y avait pas plus de 20 ecoles et une seule university. AEG - Nos relations avec notre region, la Communaute de developpement d'Afrique australe (SADC), sont essen- tielles. Nous continuous a consolider notre situation politique en tant que sous-region unie meme si nous avons des problems, par example la situation a Madagascar. Ces problems, nous tentons de les resoudre ensemble. Nous appliquons a present le principle de libre-echange entire nos pays. Cette liberalisation ne se met pas en place aussi bien que prevu mais ce n'est pas surprenant. Nous avons decide de ne pas modifier nos objectifs, mais simplement d'adapter le calendrier. Ainsi, nous aurions voulu introduire une monnaie unique d'ici 2018. Nous savons a present que cela ne sera pas possible pour cette date mais les efforts en ce sens se poursuivent neanmoins. Pour ce qui est des relations du Mozambique avec ses different parte- Lutte centre la pauvret6 : des efforts restent a faire dans les villes Entretien avec Henrique Banze, vice-ministre des Affaires etran- geres et de la cooperation Lors de son entretien avec Le Courrier, M. Banze a insisted sur le r6le cle du Mozam- bique dans le developpement regional. Selon lui, la forte croissance qu'affiche son pays depuis quelques annees s'ex- plique surtout par le developpement de ses resources en eau, rendu possible par d'importants investissements dans les infrastructures industrielles et les transports routiers, ferroviaires, fluviaux et maritimes. Une evolution qui a permis au pays d'assurer son autosuffisance ener- getique et d'approvisionner ses voisins, au benefice du commerce regional. Et de devenir une plateforme regional pour I'integration au march mondial. naires economiques, il est clair que des investissements accrus nous aideront a sortir plus rapidement de la pauvrete. Nous avons une relation privilegiee avec l'UE car elle nous a soutenus dans la reconstruction des infrastructures mais aussi par le biais d'autres measures, comme la facility commercial pour le sucre. En matiere de developpement, I'UE est un partenaire tries proche. Malgre tout, des differends commerciaux subsistent en ce qui concern les APE et les negociations de Doha. Les realites ont evolue et les pays ACP doivent a present trouver com- ment s'adapter aux nouveaux defis. Voila pourquoi nous devons examiner comment negocier. L'UE pense malheureusement que les ACP considerent que la SADC est divisee, ou du moins pas suffisamment unie. La SADC est unie. H.G. Le ministry Henrique Banze cHegel Goutier N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 En matiere de lutte contre la pauvrete, le Mozambique donne la priority a I'edu- cation et a la sante, mais aussi au deve- loppement rural. A cette fin, les petites et moyennes entreprises et associations rurales beneficient d'un soutien approprie et le gouvernement negocie actuellement avec les banques en vue de leur faciliter I'acces au credit. Une initiative a mettre en rapport avec un commentaire du vice-ministre a propos des recentes manifestations contre les hausses de prix, qui tient du mea culpa. "Nous nous sommes attaques a la pau- vrete dans les regions rurales, mais nos efforts ont ete insuffisants et inappropries dans les villes, victims de I'exode rural. Nous avons ete pris de court par le phe- nomene de la pauvrete urbaine." Mozambique Repo-rtage R*p g iM., o ziqs . e- Des relations tendues entire la majority et I'opposition L'histoire en heritage Les relations entire le parti de la majority& et l'opposition sont particulierement tendues au Mozambique. Dans un entretien accord au Courrier, Afonso Dlakama, leader de l'opposition et chef de la RENAMO, declarait ainsi qu'il contes- tait les resultats des quatre elections pre- FRELIMO - sidentielles de 1994, pour I'ind6 alors que les conclu- Moza sions des observateurs internationaux et du system judiciaire mozambicain laissaient entendre que le scrutiny s'etait deroule regulierement. La RENAMO critique egalement la libera- lisation insuffisante de l'economie et les politiques administrative du gouverne- ment qui favorisent ses partisans. Entre- temps, le FRELIMO, le parti majoritaire, est egalement sur ses gardes. Un petit retour en arriere permet assez facilement d'expliquer ces tensions poli- tiques. D'un cote, il y a le FRELIMO qui s'est battu pour l'independance du Mozambique et qui estime avoir consent d'enormes sacrifices durant la guerre et de l'autre, la RENAMO, issue d'un movement armed qui, avec le soutien q p; national, ne d'une scission au sein de la RENAMO en 2009) se montre plus modern. Ses critiques portent en effet sur certain points specifiques, comme la perte de control de la police lors des manifestations centre les hausses de prix qui ont provoque la mort de plusieurs manifestants. Une ui s'est battu bavure que le gou- endance du vernement a fina- nbique element reconnue et qu'il regrette. S'agissant de ses choix economiques, Simango reproche au gouvernement de ne pas soutenir suffisamment les petites et moyennes entreprises. "Toutes ses res- sources sont affectees aux grandes com- pagnies du secteur du gaz, de l'electricite ou du bois ; secteurs qui ne creent pas d'emploi et qui exportent des matieres premieres que le pays est ensuite oblige d'importer a un cout prohibitif sous forme de products finis. Un Observatoire a la fois critique et cooperatif L'Observatoire electoral, l'office mozam- bicain en charge de la surveillance elec- de l'Afrique du Sud, torale, a finalement engagea une guerre RENAMO, engagea une guerre estime que meme si armee centre le jeune armee centre le jeune Etat des irregularities ont Etat independent, ind6pendant, don't elle ne bien ete constatees, don't elle ne parta- partageaitpas 'id6ologie lors des recentes geait pas l'ideologie. elections, dans les dis- tricts administratifs controls par le parti La "Pasionaria" au pouvoir, d'autres ont ete observees dans les districts favorisant l'opposition. Alice Mobote, militant et president L'Observatoire a signaled ces irregularities de la Ligue des droits de l'homme et au Parlement et aux institutions judi- veritable "pasionaria" mozambicaine, ciaires du pays, insistant toutefois sur le condamne sans equivoque l'organisa- faith qu'elles ne modifieraient pas l'issue tion des elections, balayant d'un revers global du scrutiny. de la main les conclusions des observa- teurs internationaux. Elle demand elle aussi que soit resituee dans son context historique la guerre civil lance par la RENAMO. "Tous les crimes n'ont pas ete commis par un seul parti... le FRELIMO ne peut s'absoudre de tout blame." Plus de moderation Davis Simango, maire de Beira et chef du MDM (Mouvement democratique L'Observatoire a egalement appuye le processus electoral en identifiant huit personnalites de la society civil destinies pour singer a la Commission electoral national apres approbation des parle- mentaires membres de cette organisation. Trois d'entre elles ont ete "cooptees" par les deputies. H.G. Afonso Dlakama (RENAMO) Alice Mabote, la Ligue des Uroits de I Homme �HegelGouter Mazula brazao, Ubservatoire electoral �HegelGoutier C u rrier Le Haut commissaire britannique fait I'eloge de la stability et de la paix britannique a Maputo et presi- dent du G19, le group de parte- naires qui mettent en ouvre un programme d'aide budgetaire en faveur du Mozambique, fait l'eloge du taux de croissance eleven du pays, de sa stability, de la paix et du developpement de grandes entreprises d'exportation. Mais comme ces entreprises utilisent peu de main d'ouvre, la pauvrete rest pro- blematique, et il semble meme que les inegalites sociales se renforcent. Autant de problems pour le gouvernement qui ne sait pas comment remedier. Ce dernier se retrouve done dans une situation delicate, estime le diplomat, une situation encore �HegelGouter aggravee par la depreciation du metical notamment par rapport au rand, la devise dans laquelle une grande parties du pays effectue ses transactions. Le gouvernement est bien conscient qu'il doit mette en place un plan global assorti d'une vision a long term pour le Mozambique, mais il n'a pas encore defini une tell vision. "Je ne sais pas quels sont les pays don't le gouvernement entend s'inspirer, le Botswana ou l'Angola par example ?", indique M. Cleary. Et en ce qui concern les souhaits des bailleurs du pays, sa reponse est simple: "Reduire la pauvrete sans augmenter une bureau- cratie inutile. Et il va sans dire que la transparence et la previsibilite sont les maitres-mots." H.G. )Hegel Goutler N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Mozambique Repo-rtage R*epo a Mo . bi-e Glauco Calzuola, Chef de Dl66gation de I'UE au Mozambique : Nous parions sur la volonte de ce pays de prendre en main son destin Au Mozambique, autant dans les milieux politiques que dans ceux des affaires ou de la society civil, y compris le monde universitaire ou artistique, la cooperation avec I'Union europeenne est bien connue. Une visibility particuliere a laquelle la per- sonnalite de I'ambassadeur de I'UE sur place, Glauco Calzuola qui connait bien le Mozambique et que le Mozambique con- nait, n'est pas etrangere. II parie sur le succes de ce pays qui a realise, consid- ere-t-il, beaucoup en peu de temps, les troubles politiques ne s'y etant acheves qu'en 1992 apres une guerre civil postindependance tres traumatisante. Interview de Hegel Goutier G C - Jusqu'd la signature des accords de paix en octobre 1992, nous intervenions dans les zones controlees par le gou- vernement. Apres la guerre, le pays s'est attele a la restauration de ses infrastruc- tures et l'Union europeenne a ete a ses cotes. Nous l'avons egalement accompa- gne dans l'instauration de la democra- tie. En 1994, on a assisted aux premieres elections pluripartites. Et maintenant, la cooperation europeenne accord aussi une priority a la consolidation de l'Etat de droit. L'essentiel de notre aide est accord via l'appui budgetaire general a hauteur de 50% et sectoriel (dans les domaines des infrastructures, de la sante et de l'en- semble agriculture - developpement rural) a pres de 30%. Le rest est attribute a des petits projects d'infrastructures, d'assis- tance technique ou d'appui aux secteurs non etatiques. HG - Qu'implique la consolidation de l'Etat de droit ? GC - Dans ce domaine, nous tra- vaillons de concert " La gestion avec d'autres bail- publiques es leurs de fonds dans mais il fau le group denomme ici G19. Il s'agit de transparency la governance dans d'investis tous ses aspects : l'assistance pour la gestion des finances publiques, le soutien au minister de l'In- terieur a travers notamment une coopera- tion avec le Portugal, l'appui a la soci&et civil, et aussi au secteur prive. Le Mozambique enregistre depuis plu- sieurs annees une croissance econo- mique exceptionnelle. Apres la guerre, t a luauco uaizuoia ,Amoassaaeur ae I Ut HegelGouber les measures fiscales adoptees ont favorise l'entree de capitaux exterieurs et des inves- tissements important dans des domaines comme l'agriculture. Ce qui n'a pas man- que de poser certain problems relatifs notamment aux biens fonciers don't l'Etat est le seul proprietaire. Beaucoup a ete faith, la gestion des finances publiques est transparent mais il faudra plus de trans- parence en matiere d'investissements. La des finances press evoque de la transparent corruption, ceci dit, fra plus de elle le faith librement. Pour le moment, Sen matire l'environnement des ements affaires reste a se consolider avec des regles claires. Les grosses societes ont les moyens de negocier. Mais les petites et moyennes entreprises ont besoin de previsibilite. Le gouvernement est bien organism et a les capacities pour laborer des projects de deve- loppement structures. Le pays s'est engage depuis dix ans dans un "Programme d'ap- C u rrier Moa-i . - R'ep rae pui a la reduction de la pauvrete absolue" de ce pays et nous parions sur sa volonte PARPA, qui en est a sa 2eme phase. Avec de prendre en main son destin. Notre un success relatif. 50% de la population dialogue avec lui s'inscrit dans le temps. est touchee par la grande pauvrete au lieu de 70% auparavant. Mais une evalua- HG - Quels sont les atouts du tion recent de PARPA 2 a montre que Mozambiquepour cetteprise en main malgre une amelioration substantielle en de son destin ? matiere d'acces a l'eau potable, a la sante et a l'education, la pauvrete ne diminue GC - Le Mozambique a d'enormes res- plus. Quelle strategic sources naturelles, a mettre en muvre gaz, carbon, d'autres pour qu'il n'y ait plus " Nous nous alignons sur la resources minires, de dichotomie entire strat6gie de d6veloppement peut-etre du petrole. croissance et situation c long terme du pays , La facilitation fiscal des plus pauvres. La apres l'independance est la question. a permis le develop- pement de grandes industries comme le HG - Le budget de l'Etat depend a 50 % MOZAL (Mozambique Aluminium). A de aide exterieure. Est-ce une situa- part Cahora Bassa, sur le fleuve Zambeze, tion soutenable ? il y a moyen de construire 2 a 4 autres barrages. Le pays a donc de grands GC - Le developpement du secteur prive potentiels et il dispose d'infrastructures et l'elargissement de l'assiette fiscal pour- importantes. Et si de grandes societies raient reduire cette dependance. Nous s'y etablissent autant, c'est qu'il y a de la travaillons dans ce sens avec d'autres stability. Quant a la transparence dans bailleurs. Pourquoi contribuer a ce les contracts, un code existed qui doit se niveau au budget ? Du point de vue de la perfectionner. Les resources naturelles Commission europeenne, nous croyons en n'en restent pas moins comme partout un la capacity de developpement autonome problem difficile a gerer. Centre de telecommunications de Nampula 0HegelGoutier Sous l'angle des resources humaines, le pays dispose de cadres excellent mais pas en nombre suffisant et manque surtout de personnel intermediaires et d'agents d'execution. HG- Quels sontpour vous lesfleurons de cette cooperation UE-Mozambique ? Dans le domaine des infrastructures, je releverais un project comme le pont sur le Zambeze cofinance par 1'UE, 1'Italie et la Suede. Ce project n'est qu'un element d'un ensemble de grande envergure relatif aux infrastructures de transport routier, ferro- viaire et maritime. En ce qui a trait a l'aide budgetaire par secteur, notre appui au minister de l'agriculture s'av&re aussi tres productif. La-dessus, comme les autres bailleurs, conformement a la Declaration de Paris, nous nous alignons sur la stra- tegie de developpement a long terme du pays. Ce n'est pas une revolution, dans les faits il y a longtemps que la Commission a compris que c'est la meilleure forme de cooperation. C'est cela notre muvre principal. IViusee ad istoire Naturelle oe IViaputo Hegel Gouber N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Reotg Mo amb . - Coup d'oeil sur I'aide de I'UE au Mozambique P our la periode 2008-2013 - 10e Fonds europ6en de d6veloppe- ment (FED) : - 622 millions d'euros affects au programme indicatif pour le Mozambique - 12,1 millions d'euros pour les 6v6ne- ments imprevus Ces montants peuvent etre revus par 1'UE sur base de certain criteres, lors de l'6valuation a mi-parcours et a la fin de la periode de programmation. Sur ces 622 millions d'euros : - 3% (19 millions d'euros) : participation du Mozambique a des projects conjoints des six pays lusophones du Groupe ACP - 46% a 50% : aide budg&taire gn&erale - Environ 21% : aide budgetaire sectorielle pour le ler secteur cl& : infrastructure de transport et integration &conomique regionale - De 12% a 15% : aide budg&taire secto- rielle pour le 2e secteur cl& : agriculture et d6veloppement rural - Le reste est affected des secteurs non prioritaires, notamment la sante, a des projects de governance politique non couverts par l'aide budg&taire gene- rale comme les droits de l'homme, la justice et la lutte contre la corruption, le parlement et la soci&t& civil. Un soutien au commerce et aux Accords de partenariat &conomique (APE) est 6galement pr&vu. - Le Mozambique beneficie 6galement de fonds du FED pour son programme indicatif Le Mozambique est 6galement eligible aux fonds du 10e FED par le biais : - du programme indicatif regional de la Communaute de d6veloppement d'Afrique australe - de la facility& d'investissement, un ins- trument g6er par la Banque europeenne d'investissement (BEI) - du soutien du CDE (Centre pour le d6ve- loppement de l'entreprise) et du CTA (Centre technique pour la cooperation agricole et rurale ACP-UE) H.G. Projects UE: une cooperation a grande echelle Draguer et labourer L 4M -,..I t , rn-I L e dragueur qui, 24 heures sur 24 retire les depots de sable sur une superficie de 30 km2 a l'embouchure de la riviere pres de Beira est une machine impressionnante et sophistiquee. Toutes les trois heures, elle charge 3.300 m3 de sable, les traite avant de les rejeter a proximity . Le sable sera ensuite tale et s6ch6 pour servir de base au future terminal d'exportation de carbon. Peter Vroege, administrateur en chef de ce project mis en ouvre par une entreprise neerlandaise, nous livre quelques chiffres : un cout total d'environ 40 millions d'euros don'tt 10 millions du gouvernement des Pays-Bas, 10 autres millions de la CFM* et enfin 20 millions sous la forme d'un pret de la BEI**). Une fois le project termine, en juillet 2011, des navires de gros tonnage pourront facilement acceder au port. Ce project s'inscrit dans le cadre d'une vaste initiative visant a d6velopper les infrastruc- tures de transport dans le pays, finance en parties par l'UE. Dans un tout autre ordre de grandeur, nous avons un petit project, finance par la Facilit& alimentaire de la Commission europeenne et gere par la CESVI (coo- peration et d6veloppement), une ONG italienne . Ce project a demarre en 2007, dans la region de Matutuine, non loin de Maputo. II a consid6rablement change la vie de la communaute en mettant a la disposition d'un group d'entraide local, Machubo, du materiel agricole. Le pre- sident de l'association, Silvestre Petrosse Nhaca, explique : "Si ce project a pu etre realise, c'est grace a la longue tradition de solidarit& qui existe dans notre village. L'aide que nous avons reque nous a permis de mieux nous organiser et maintenant, jour apres jour, nous voyons s'ameliorer les moyens de subsistence de la commu- naute." H.G. * Entreprise des ports et des chemins du fer du Mozambique ** Banque europeenne d'investissement Port de Beira. Dredger @Hegel Goutler C u rrier Une interminable procession de camions dans le port de Beira 0Hegel Goutler Beira, future porte du monde pour le continent africain Beira, second ville du Mozambique, est situee a I'embouchure du fleuve Pungue et non loin de celle du Zambeze. Et elle a tous les atouts pour supplanter les ports sud-africains et ouvrir le continent africain sur I'Asie et le reste du monde. Dans une interview accordee au Courrier, CAndido G. Jone, directeur executif de CFM, les ports et chemins de fer du Mozambique, resume cet espoir en ces terms: "Depuis Beira, on apercoit d ja I'lnde et la Chine." Cette ville est un atout incontestable pour le developpement de I'interieur du pays et I'ouverture aux voi- sins, notamment le Malawi. Noeud de communication routiere, ferroviaire et portuaire, Beira est aussi situee le long d'un ol6oduc. Actrice de la croissance conomique de ces dix dernieres annees, cette ville est la fierte du Mozambique. La renaissance apres le chaos Ce r6seau au depart de Beira remote a 1'&poque colonial. Laiss& a l'abandon a la fin de l'empire portugais et victim des hor- reurs de la guerre civil et d'independance, le r6seau se degrada considerablement. Il est aujourd'hui en course de rehabilita- tion et de modernisation. Et ces travaux progressent rapidement grace a la volont& du pays et au sou- tien de ses bailleurs, o Le Mozaml a commencer par d6cid6 de s'at l'Union europeenne. La CFM (la compa- reconstruct gnie des chemins de resources do fer du Mozambique) est au ceur de ce system et, au-dela de sa denomination, elle gere &galement les ports du pays et travaille en cooperation avec 1'ANE administrationn national du reseau routier). Deux lignes de chemin de fer ont pour point de depart le port de Beira : le "cor- ridor de Beira" qui dessert le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et le Botswana, et la "ligne ferroviaire de Sena" en course de recons- truction, qui long la vall&e du Zambeze, depuis le nord du pays jusqu'au sud, avant de se diriger vers le Malawi. "Le port et les chemins de fer ont &et totalement detruits suite aux 18 annees de guerre civil, mais une fois la guerre terminee, nous nous sommes attaques a leur reconstruction", explique Candido Jone, fier et triste a la fois. L'ol6oduc reliant Beira au Zimbabwe et le reseau routier qui relief le pays a ses cinq voisins -la Tanzanie, le Zimbabwe, le Malawi, la Zambie et l'Afrique du Sud -font &galement parties de ce corridor. "Au travail !" Un organisme charge de d6velopper le corridor de Beira a &et mis en place just apres l'independance du pays, en 1975. La construction du terminal p6trolier com- mengaen 1990. Ilfal- )ique a done lut toutefois attendre la taquer a cette fin de la guerre civil, en 1992, pour que les on avec les travaux commencent t il disposait 0 r6ellement. "Au depart, nous n'avons regu que tres peu d'aide de l'etranger et les n6gociations avec les institutions interna- tionales ont longtemps ete improductives. En 2002, le Mozambique a done decide de s'attaquer a cette reconstruction avec les resources don't il disposait, allant meme jusqu'a mobiliser les &tudiants des &coles d'ing&nieur du pays. Et au final, le FMI et d'autres institutions internationales ont eux-memes pris contact avec nous", indique M. Jone avec satisfaction. 2003 a vu la signature d'un accord avec les bailleurs de fonds et la cooperation a demarr& en 2004, avec, entire autres, la construction de 670 km de routes, don't de grands points, la ligne de chemin de fer "SENA" et l'ouverture vers le port de Beira. Les chantiers n'ont subi pratique- ment aucun retard et une grande parties du reseau est d6ji op&rationnel. H.G. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Mozambique Repo-rtage L'un des points sur le fleuve Zambeze - courtosie de CFM b i[ 1 * De'p t 4." ..e e - Traduit du mozambicain L'art pour entrevoir le coeur du Mozambique L e Mozambique est integr& a son continent et est a la fois si parti- culiere, comme insulaire par le desir pendulaire de s'echapper de son lieu et d'y retourner des qu'on s'en est eloigne. De s'exprimer et de garder des sous-entendus. La pleiade d'artistes et de createurs originaires de cette terre traduisent ses sensibilities unique. Dont les suivants. Jogo Borges Coelho, professeur d'his- toire a l'universite, specialiste des guerres contemporaines, et romancier de talent passe de l'histoire a la fiction pour dire le Mozambique avec une approche et un style rappelant Humberto Eco. Selectionner la m6moire "L'histoire et le roman sont different. Je ne peux toutefois pas les s6parer. Pour les deux, je pars de ma vie. La guerre est le set up de tout le decor. Il est important de voir la fayon don't la politique fait la guerre et don't celle-ci a empoisonne la politique. Celle-ci a permits de lib&rer le pays et de 1l elle a assis son pouvoir. Nous avions eu deux guerres, celle pour l'ind6pendance et la guerre civil. Ce qui est drole est que dans l'esprit des gens, l'une resonne, l'autre est silencieuse alors qu'elle a affected plus de monde. C'est que la guerre d'independance est symbolique de justice et a conduit a la reality de la nation. Pour l'autre, la guerre civil c'est plus complex. Comme si dans la memoire des Mozambicains, il aurait mieux valu qu'elle n'existat pas, elle n'a pas exist&." Mia Couto, romancier prolifique, deten- teur de plusieurs prix litteraires, adapted par divers cineastes et autres createurs est un prophete en son pays. C'est celui qu'on recommande au visiteur stranger, consider comme le passeur par excellence vers l'ame du Mozambique. "Mon pere est Ivialangalana sIualo. A gaucne, sa pelnture. A a[role, une piece ae sa collecTion � Hegel Goutler poete, j'ai grand lh-dedans. La poesie est un mode d'etre, une fagon de regarder le monde, de voir les choses." Ce n'etait pas pour lui, une vocation ou un metier. Il en avait choisi un autre, la medecine qu'il etudia trois ans avant de l'abandonner "pour infiltrer la press" entire les mains des Portugais sur ordre du FRELIMO don't il etait membre durant la guerre d'independance. Il reprendra apres, des etudes de biologie, branch qu'il pratique toujours. Identity mozambicaine, mirage d'une question fant6me Le premier roman de Mia Couto remote a 1992, 'Terra Sonambula' et le dernier est mis en circulation cette annee, 'O olho de Hertzog'. II a public au total 27 Mia Counto, romancier. oHegelGouber II est par excellence le passport pour I'lme du Mozambique C u rrier Moa-i . - R'ep rae if f. , t * "llha de Mogambique". Cinema Hegel Goutler L'unicite du Mozambique, decrite par ses pleiades d'artistes Malangatana CHegelGoutler ouvrages - posies, romans, essais - et est traduit dans de nombreuses langues. Sans contest, l'&crivain mozambicain le plus connu a l'6tranger. Un de ces essais porte sur culture-politique-identit&. "L'identite est un mirage d'une question fant6me. Elle est plurielle, dynamique. On doit s'accepter non comme une personnel mais comme un monde de personnel. Un Mozambicain. Pareil etre n'existe pas. Personne n'est noire ou blanche, homme ou femme. On a toute l'humanit& en soi. Je suis une femme quand je concois le personnage d'une femme. Cela entraine de la souffrance mais aussi du bonheur. Quand j'&tais combattant underground du FRELIMO, ce qui me posait problem est que ce parti encensait la souffrance, plus on a souffert plus on 6tait appr&- cie. Moi je n'avais jamais souffert, pas de discrimination racial, des parents qui m'aimaient, pas dans le besoin. J'&tais un gars heureux qui ne souffrait que d'une chose, la souffrance des autres. L'identite exige une sorte de creation. Nous Africains nous consid&rons sou- vent en souffrance, victims. Combien d'entre nous avions particip& au business de l'esclavage ? Nous sommes toujours en train d'&chafauder une unit& de la nation Mozambique. Une nation n6e de diff6rentes nations, cultures, religions, langues. Les gens ont adopt& une langue europ&enne parfois a cote d'une langue locale r6gionale. Mais quand ils s'adressent a leurs dieux ou quand ils parent de leur etre profound, ils utilisent des langues plus intimes. Ici l'id&e d'un Dieu global est d'ailleurs absent. On venere le dieu de sa famille, plutot du terrain sur lequel on est, son Hossi. Sur toute la c6te mozambi- caine une grande parties de la population est m6tisse d'origine arabe mais on ne parle pas de m6tissage. Chacun cherche la puret&, une purete mozambicaine." Le r6alisateur de cinema Jogo Ribeiro qui est lui aussi un passeur vers le Mozambique, avec ces souffrances d'apres guerres et ses croyances, a adapt& deux romans de Mia Couto. 'A Fogueira' d'ou il a tire 'Fogata', et 'O ultimo voo do Flamingo'. Malangatana, homme repere L'ambassadeur cultural par excellence du Mozambique est probablement le peintre Malangatana. Plus qu'un artiste ou un sage, il est consult&, approach , r&clame et invite non seulement dans son pays mais Sl'6trangerc comme un repere qui balise l'esprit de son pays. Monstre sacr& est l'expression par lequel on le d6signe souvent. Il est d'autant plus aim& que son inspiration et sa facture trouvent leurs racines dans l'art populaire vers lequel il se retourne toujours pour se renouveler meme quand il fait de l'abstrac- tion. On adore son engouement pour la vie, vrai Pantagruel qu'il est, de l'art, de la bonne chere et de la compagnie des autres. A l'image de ses compatriotes. Avec l'age, il semble s'affaisser mais des qu'il parle, on est sur le charm, des paroles bien sur mais aussi de son intonation, un mix des voix de Louis Armstrong et de Martin Luther King. Ecoutons. H.G. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 *R oa M oz a. ebq- L'lle de Mozambique et autres enchantements L'lle de Mozambique, en portugais llha de Mogambique, est une petite ile qui a seduit les sultans arabes, les march- ands indiens et les conquerants portu- gais depuis le Xe siecle, et qui a donned son nom au pays que nous connais- sons aujourd'hui. Cette ile reste un pur enchantement, au point que le visiteur se demand si ce lieu suspend dans le temps existe vraiment. L'ile beneficie de la protection de I'Organisation des Nations Unies pour I'education, la science et la culture (UNESCO), qui I'a classee au patrimoine mondial en 1991. A la source des r&ves de l'Orient Pour se rendre de Maputo a "Ilha", comme l'appellent affectueusement les Mozambicains, il faut parcourir 3.000 km en avion, puis rouler trois heures avant d'emprunter un pont de 3 km reliant l'ile au continent. L'ile elle-meme measure a peine 5 km de long sur 1 km de large et deborde d'exotisme, de charm et de nostalgic. Dans les rues, les jeunes filles et de jeunes hommes -affichent leur elegance, le visage decor de beaux dessins elabores traces a l'aide d'une pommade blanche qui sert a la fois de protection pour la peau et de maquillage. C'est sur l'ile de Mozambique que les Portugais ont concocted leurs projects commerciaux avec l'Inde. Et, avant eux, a partir du Xe siecle, l'ile fut une escale pour les marchands arabes en route vers l'Orient, charges d'or et d'autres products de luxe: parfum, soie et pierres precieuses. Le nord de l'ile abrite la Cidade de piedra e cal, la ville de pierre et de chaux, com- posee de demeures majestueuses quoique marquees par le passage irresistible du temps. Meme la petite ville tries pauvre de Makuti, dans le sud, avec ses maisons en chaume et en bois recupere de maisons abandonnees alors que l'ile perdait gra- duellement de son prestige (perdant dans la foulee son statut de capital national, en 1898, et provincial, en 1935), a garden a ce jour une magie que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Un haut lieu de metissage Les ressortissants de cette petite ile, qui compete 16.000 habitants, ont herite de l'habitude de discuter entire eux. Cette caracteristique resort particulierement lors du festival annuel d'art et de cul- ture, qui a lieu en octobre. La capital regionale, Nampula, est un haut lieu de metissage entire blancs, noirs, Indiens et Arabes. C'est peut-etre meme le lieu ou les Indiens se sont le plus melanges a d'autres populations. Pour rester dans l'ambiance desuete de temps revolus, le visiteur ne manquera pas non plus Inhambane, ville coloni- ale portugaise par excellence, ou chaque batiment semble avoir ete construit en reference au passe. Belle et tranquille, la ville s'anime a la nuit tombante, lorsque les jeunes envahissent les rues. Les belles plages de Bara et Tofo ne sont qu'd un jet de pierre du centre, tandis qu'un peu plus loin, l'archipel de Bazaruto egrene ses iles de reve, avec leurs tons pastels bleus, emeraude et fuchsia sur fond de sable beige et blanc. Et puis, il y a bien sur Maputo, ancienne- ment Lourenco Marques, une ville a la fois moderne et belle, dynamique sans etre accablante, branches mais accueil- lante. Et puis Pemba, l'une des perles de la cote des iles Quirimbas, les plus belles du monde. Et puis, il y aussi Beira, Xai Xai, les paysages, les parcs nationaux, Gorongosa, Niassa, et puis, et puis... H.G. Sur I'lle de Mozambique �HegelGouber Delicat dessin sur le visage a base de "muciro" Cu r r i e r Le Soudan s'apprete a enter dans I'histoire Si tout se deroule comme prevu le 9 janvier 2011, le Soudan organisera deux referendums qui determineront I'avenir de I'Afrique. En cas de scission du pays, il s'agirait de la premiere modification d'une frontiere africaine par scrutiny. Olivia Rutazibwa C onformement a l'Accord de paix global (APG) de 2005, un refe- rendum au Sud-Soudan deci- dera de l'unit6 ou de la scission du plus grand pays d'Afrique. Le deu- xieme referendum sera organism dans la region frontali6re riche en petrole d'Abyei, oiu les habitants devront se prononcer sur un rattachement au Nord ou au Sud- Soudan en cas de partition. Lors d'une recent visit a Bruxelles, Olivia Kallis d'Oxfam International, qui travaille a Nairobi, a souligne que la com- munaute international doit reliever le defi du d6veloppement de l'ensemble du pays. Un defi gigantesque au Sud-Soudan, oiu les infrastructures sont tries peu d6ve- loppees en dehors de Juba, tandis que le Nord-Soudan n'a toujours pas r6solu la crise du Darfour. Malgre l'aide humanitaire apportee par l'UE dans le pays, le faith que le Soudan n'a pas ratified le nouvel Accord de Cotonou entire les pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP) et l'UE faith obs- tacle a l'aide au d6veloppement a plus long terme. Les hauts responsables de l'UE ne peuvent trailer ouvertement avec le President soudanais Omar al-Bashir, sous le coup d'un mandate d'arret de la Cour p6nale international pour crimes de guerre et crimes contre l'humanite au Darfour. A ce jour, I'UE n'a donc pas pu affected les 300 millions d'euros reserves au Soudan au titre du 10e Fonds europeen de d6veloppement (2008-2013). Un engagement financier a hau- teur de 150 millions d'euros Le Docteur Francis Nazario, Chef de Mission de la Representation du Sud- Soudan a Bruxelles, explique que cette situation a retarded l'aide financiere en faveur des populations du Sud-Soudan dans des domaines tels que le financement de la reform du secteur de la security. "Il rest encore de l'argent du 9e FED, mais ces sommes seront epuises d'ici la fin de l'annee prochaine", a indique un haut representant de l'UE. L'UE et ses Etats membres ont r6uni 150 millions d'euros pour l'ensemble du pays, en accordant une attention particuliere aux popula- tions touchees par la guerre au Sud, au Darfour et a l'Est. Suite a une mission a Khartoum et a Juba en octobre 2010, un document de programmation europeen a ete prepare. Il inclut des suggestions relatives a l'affectation des fonds, avec trois domaines prioritaires : le develop- pement agricole (y compris la security alimentaire), les services de base -tels que l'education, la sante et l'hygiene -et la governance d6mocratique. Ces fonds ne seront en aucun cas achemines par l'intermediaire du gouvernement sou- danais, mais plut6t par des ONG ou des organizations internationales. La plupart des observateurs s'attendent a ce que les habitants du Sud-Soudan se prononcent en faveur d'un Etat inde- pendant, une issue que le Nord ne sou- haite pas. Mada Elfatih, porte-parole de l'ambassade soudanaise a Bruxelles, a declare : "L'independance du Sud-Soudan beneficiera uniquement a une tranche specifique de la population sud-souda- naise. La majority ne souhaite pas un pays divise. Mais nous accepterons le resultat du referendum, quel qu'il soit, a condition que celui-ci se soit deroule librement et equitablement." N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 -~l a Rodney Saint-Eloi, ecrivain et editeur "Haiti, kenbe la! 35 seconds et mon pays a reconstruire" H aiti, redresse-toi!...est un livre de plus d'un ecrivain haitien racontant le goudou-goudou, onomatopee creole pour desi- gner le tremblement de terre. Mais un livre different, original, comme chacun public par les ecrivains de 'ile caribeenne pour s'emparer, des les heures qui ont suivi le seisme, de cet episode qui allait constituer, un pan colossal de l'histoire de leur pays. Et qu'ils se devaient, considerent-ils tous, de raconter eux-memes plutot que de lais- ser d'autres parler a leur place. Les deux apophtegmes ouvrant l'muvre, en disent long sur l'intention de Rodney Saint-Eloi et par procuration de ses nombreux compatriotes ecrivains qui ont public sur le cataclysme ou 'ont pris comme decor de fictions. Le premier est de la renommee ecrivaine haitienne en langue anglaise, Edwidge Danticat, "Nous n'avons pas l'habitude de laisser notre cha- grin nous reduire en silence" et le second de la sagesse africaine "Tant que le lion n'aura pas son historien, les histoires de chasse glorifieront toujours le chasseur". "Haiti, Kenbe la... " raconte le seisme du 12 janvier 2010 et l'analyse, ou du moins ses consequences, en parallele avec des problems structures d'Haiti, ce qu'il appelle le seisme plus global qui secoue la soci&et haitienne, rappelant la sagesse premonitoire de son arriere grand-mere. "L'histoire du pays est une succession de seismes. Seismes naturels. Seismes humanss. Celui du 12 janvier a surprise beaucoup d'artistes, d'ecrivains, de createurs hai- tiens mais aussi strangers venus preparer une serie d'evenements culturels et feter les prix litteraires internationaux decro- ches par les romanciers du pays durant l'annee 2009. Saint-Eloi venant d'arriver le jour-meme a Port-au-Prince et le trem- blement de terre a surgi, a peine avait-il receptionne sa clef dans l'un des grands hotels des environs de la capital, hotel qui sera completement detruit. Haiti kenbe la, c'est l'histoire de rencontres dans la douleur de fils d'Haiti participant a ce que l'auteur appelle la "sorte de folie creative" du people haitien. Et un chant de louange a ce people dote d'apres lui d'une resilience particuliere. C'est la fois une analyse des derives du pays, et un hymne a ses heures de gloires. C'est surtout un beau livre, qui, tout en etant un reportage et un essai, a le rythme du style du grand romancier qu'est Rodney St-Eloi, avec une musique, des ellipses, la scenarisa- tion et le reve. Le reve, comme quand l'auteur arrive a somnoler dans la cour de l'hotel detruit a c6te de dizaines d'autres sinistres, touts rangs sociaux confondus, maitres et domestiques, etendus a meme le sol la nuit des 46 repliques du seisme. "Ils se seraient allonges pour faire corps avec cette ville de Port-au-Prince ou le besoin de vivre ensemble se manifest rarement. Eux et leur personnel domes- tique seraient reunis sous les armes de la Republique par respect pour les veux de liberty, egalite, fraternity, la devise national ...". H.G. * preface de Yasmina Khadre, Ed Michel Lafon, France www.michel-lafon.com C u rrier Mode, Musique Le Secretariat ACP, vitrine de creativity Un evenement cultural exception- nel pour clore, le 26 octobre dernier, la reunion de I'Observatoire ACP, sous la pr6sidence d'honneur de son Ambassadrice de bonne volonte, la chanteuse star burundaise, Khadja Nin et de M. Mohammed Ibn Chambas, Secretaire general du Groupe ACP, a metamorphose le hall plutdt austere du siege bruxellois de cette institution. D'abord, un defile de mode impres- sionnant de modernity, de fantaisie, de creativity, et d'entrain. D'autant plus sur- prenant qu'on s'attendait a un travail d'etudiants et de debutants. En effet, il s'agissait de jeunes professionnels africains vivant en Belgique. Mais c'etait des createurs chevronnes, talentueux, petillants. Elfes et oiseaux de paradise D'entree de jeu, Naomie Hamka, d'origine camerounaise, en a mis plein les yeux a l'assistance nombreuse. Avec des vetements sublimes, poesies de den- telles et de voiles blanches portees par des modules legeres comme des elfes. Une maitrise de la matiere s'enrichissant des sensibilities europeennes autant qu'africaines mais s'en affranchissant pour donner vie a des creations origi- nales, modernes mais avec plus qu'un zeste de nostalgic. Faklani Reda, lui, se dit impregne de la folie des oiseaux du paradise. Il realise des projections de couleurs chaudes sur matiere soyeuse noire ou bleu-nuit, qui ont la magie du clair-obscur et conf&rent du myst&re. Contrepoint de rugosite sur la finesse, utilisation de matieres inso- lites, colson ou bobby pins parachevent le charme, donnant l'impression, parole de Reda, qu'"une beauty froide prend place et mystifie la femme dans un decor onirique." Carnaval d'inspirations Marie-Franyoise Komnek, du Cameroun a presented une sorte de defile car- naval d'inspirations, de matieres et d'accessoires, un hymne au metissage des gouts et des couleurs. Passant de creations ae laom e nam Ka Hegel Gouber creations sportives a d'autres raffin&es mais faciles a porter, dans une mise en scene rap. Une mode dedi&e aux jeunes ancres dans leur temps. Et pour finir la sophistication du duo Pauline Bourguignon et Cheika-Sigl, symphonie de noir et de masques. De l'esthetique d'un carnaval de Venise avec les couleurs se r&fugiant sous la soie sombre et la seduction des visages pergant de sous les masques. Cacher pour mieux montrer. Le public aux anges, saoule de beauties apres ce defile, allait etre grise de musi- que d'artistes aussi talentueux que les deux leaders du group de jazz Taam'la, Madeena et Desire, de Cote d'Ivoire. Suivis du Burkinabe, Mbaterna Desire Some et, apres, de la musique tradition- nelle, donc bouillonnante, du group cubain CubaSoy du maestro Adalberto "El Bamba" Martinez, qui laissera la scene au Senegalais Bao Sissoko. Il reve- nait au group Kel Assouf, conduit par le duo de talentueux Touaregs, Anana Harouna et Omar Mokhtar, de clore une soiree don't le Secretariat ACP peut s'enorgueillir comme vitrine de culture de ses pays membres. Que cela se repete. H.G. N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 Craiv Edition 2010 du Concours de jeunes photographs ACP du Courrier Sandra Federici Un group de danseurs dans la ville de Johannesburg ; un jeune gargon qui peche dans les zones rurales du Mozambique; les ruines d'un immeu- ble au Mali : un simple coup d'eil aux trois photos gagnantes de l'edition 2010 du "Concours de jeunes photographs ACP du Courrier" permet de se faire une bonne idee de la vari&et de points de vue represents, de la profondeur des analyses et des realites sociales des pays ACP capturees a travers l'objectif des photographs laureats. Ce concours etait organism par Le Courrier afin de mettre a l'honneur le travail de jeunes photographs des pays ACP, ages de moins de 30 ans. Les photographs desireux de participer avaient ete invites a soumettre leurs photos dans l'une des categories suivantes : commerce, culture, tradition, changement climatique, ou sciences & technologies au service du developpement des pays ACP. Au total, 91 photos prises par une trentaine de photographs satisfaisaient aux criteres d'eligibilite. Le Sud-Africain Chris Saunders a decro- che le premier prix avec Dressed up, une photo qui faisait parties de tout un report- age realise par le photograph sur les danseurs de pantsula, des mauvais gar- gons originaires du township d'Orange Farm a Johannesburg. Cette serie de photos raconte une histoire interessante et positive. Ce photo-reportage ainsi que les photos des autres photographs eli- gibles peuvent etre visualises sur le site internet du Courrier. http://www.acp- eucourier.info/. Toutes ces photos sont accompagnees de legendes redig&es par les photographs eux-memes. The Little Fisherman de Mario Macilau (Mozambique) s'est classee deuxieme, suivie, a la troisieme place par La Demolition, d'Aboubacar Traore (Mali). Saunders termine pour l'instant un stage d'un an a la Fabrica, un prestigieux centre independent de recherche en communi- cation situ&e Trevise, en Italie. Macilau a quant a lui ete former par le photograph mozambicain Ricardo Rangel et Traore "Le Petit Pecheur", 2eme prix dans du concours photo du Courrier 0 Maro Maclau a participe a l'exposition panafricaine lors de la Biennale de Bamako en 2009. Ironie au choix du jury : la quality technique, la capacity narrative de l'image, et la valeur photo-journalistique, ainsi que l'originalite et la valeur artistique. De tries nombreuses photos se voulaient Le laureat a remporte le prix de 1.000 clairement ironiques, par example euros offert par les sponsors du concours, American Dreams du photograph sene- Africa e Mediterraneo (Bologne: www. galais Boubacar D. Coly; la photo du Sud- laimomo.it) et l'agence press & produc- Africain Max Edkins, Airplanes Produce tion Grand Angle (Bruxelles, Belgique Carbon Dioxide, : www.grandangle. qui represent un De tres nombreuses photos se info ).COLEACP, nuage de talc sortant voulaient clairement ironiques un reseau ACP-UE d'un module reduit s'est engage a offrir d'avion, symbol des au gagnant un report- emissions polluantes des avions ; ou age photo dans un pays ACP encore Utuko Import de Georges Senga, de Republique democratique du Congo, Les partenaires media du concours gros plan d'une maison sur laquelle un etaient Jeune Afrique, Africultures, Afri code-barres de lutuku, un alcohol tradi- Photo,African Colours etArterial Network. tionnel, a ete peint. Le jury international etait compose d'experts dans le domaine de la pho- tographie comme Christine Eyene, Giovanni Melillo Kostner et des mem- bres du comite et de l'equipe de redaction du Courrier. Divers criteres ont preside Une selection de 20 photos a ete expose a l'occasion des DevDays, qui ont eu lieu a Bruxelles les 6 et 7 decembre 2010 (voir article a ce sujet dans la section Tour d'horizon). C u rrier Cr~ai Aux plus jeunes B- W MEw * SSommet EU-Afrique ** Evenement parallel -2eme Sommet UE-Afrique Jeunesse N� 20 N.E. - NOVEMBRE-DECEMBRE 2010 La parole aux lecteurs Reportage sur Trinidad et Tobago (Courrier n�18) ... Je souhaiterais que les penseurs et decideurs africains puissent s'impregner de la situation de Trinite- et-Tobago ... Pour moi, Trinite- et-Tobago est un example a suivre par tous les pays ACP parce que ni son statut d'Etat insulaire ni les colonisations a repetition n'ont freine son train de developpement. A propos du supplement sur les OMD, je suis bien reconnaissant de l'opinion qui envisage de mettre 0,7 % de leur RNB a 1'APD. Mais ...nous nous ren- drons compete que c'est une aide destined a une poignee d'individus et non aux pays. ... Les moyens ne signifieront rien s'ils ne sont accompagnes des plans qu'il faut et de la volonte d'aller de l'avant. ... Pour moi la crise de developpement n'est rien d'autre que la crise de lead- ership. Continuez a nous proposer des articles qui nous susciteront des debats. C'est du bon travail pour vous et pour nous. L'un de vos fervents lecteurs en Afrique (extrait de lettre de Patrick ISSA KALENGA) Relations Afrique-UE (Courrier n�19): Evidemment, les relations entire l'Europe et l'Afrique ont passe a une period de plus maturity. Maintenant il ne s'agit pas de savoir deji la quantity d'aide au developpement donnee, mais la quantity de projects que materialisent et que font de l'Afrique autosuffisant. (J A Falcon - IRGEI) Reportage sur Tanzanie (Courrier n�19): Le pays peut se vanter d'une des transitions les plus stables entire ceux qui ont constitute et leur successeurs aujourd'hui, d'ou la continuity qu'on constate aujourd'hui .Les pays africains qui n'ont pas connu autant de changements dans leur gouvernement que les continents de l'ouest, sont souvent stigmatises comme non democratiques. Il est temps de complimenter les developpements qui sont progressifs au lieu de les categoriser, surtout quand on ne vit pas en Afrique. ADRESSE : LE COURIER - 45, RUE DE TREVES 1040 BRUXELLES (BELGIQUE) COURRIEL: INFO@ACP-EUCOURIER.INFO - SITE INTERNET: WWW.ACP-EUCOURIER.INFO Calendrier Janvier-mars 2011 January 1/1/11 Le debut de la presidence hongroise de l'Union Europeenne (a voir: notre dossier a la decouverte d'Europe) 20 -21/1 AGROTEC-EMRC Forum international de commerce Lisboa, Portugal . U:." . , .. . I . , . " , i , - ..-, tec-2011.aspx 30 -31/1 16.'" Sommet de l'Union Africaine, Addis-Abeba, Ethiopie Theme : < Vers une plus grande unite et integration par des valeurs partagees > Centre de conference de la Commission Economique pour l'Afrique des Nations Unies (CEA) www.africa-union.org 31/1 ACP-OIF Symposium Stimuler la cooperation Sud- Sud - Dfis et Opportunites pour le Groupe ACP FHvrier 7-9/2 4".. edition de la conference 'Corporate Africa', coalition des Entreprises, conference des partenariats en faveur de la prevention et des soins de sante en Afrique. Sheraton Hotel, Addis Ababa, Ethiopie www. corporateafricahealthfounda- tion.org A confirmer Conference sur le commerce et investissement entire l'UE- Afrique Theme: La promotion du com- merce et de l'investissement - Mobiliser les capacities et les resources de la diaspora. http://eu-africatradeinvestment- conferencemay2010.yolasite.com/ Mars 14-17/3 Semaine Africaine de l'energie et du bien-etre, Cape Town, Afrique du Sud i. . . ,1 ; ."., , - ..,i ..;-. in - . . T ...,1 ., Mai 9 -13/5 La quatrieme Conference des Nations Unies sur les Pays les moins avances (PMA IV) . , i , . " . . . 1 . ., , - ., ... . , , 1 / ,' , . ,,,t I ; ' l ' ., " , J , ' . Ceurrier SaI :CD a a11 Ia -,* Lla a`~ a~ a a 1 a a s a a _ o r = z8 .o- I -a E u .I c Iii i a.a am a- a-a a- $rQ- a-a oUS a a a- "na a a, a-aG a: a 8 .- a - a0 o E al ia: a. a a a a a E E aa^- aS. 0~~~ m- ^- = $^ g'S �.SS- 58 e t-g a-g aI - a U- Cy- a^S ^ 'i .l i a a a aL a ^ S-^ aX a ) m ~ ~ B ^ 3 ^ ^- s. a-- a aT- . aj - a-- a" a a- CDCZ -t~aa:^_C a a * ia)*I 'L.L.J a- Eaa aa *a a _3 .41| ^ r^r a, a oE 0co .I I � ^ I aE a. a)Q 0-ceL~f: r *4 4/' a- a aa a- aS ~� < a-a a a- a-a- co :aJ aaE, a m ~3mE a- aa E a ~~a~~~ ~8a a ac~~~n a a 4 ______________ a___ AL I V .... |